Victoria Olsson

- Vichy? Bah elle est québlo ou quoi? Vichy!

Je secoua la tête, apercevant Doums qui s'excitait à côté de moi depuis quelques secondes.

- Ah beh enfin tu me captes, s'exclama le dreadeux. Viens faire un câlin à Doumdoums!

Pour agrémenter sa proposition il ouvrit grand ses bras. Je pouffa avant de répondre à son étreinte. Il frotta le sommet de mon crâne, et Moh qui était à côté fit la même chose.

- Bah les pattes toi!

- Ah ouais, Doums il peut mais pas moi? Vasy tu déçois grosse, bouge de là, grogna t-il en m'écartant à coup de pied.

Je pouffa en m'écartant avant de m'asseoir sur le rebord du canapé. Deen parlait avec Hugz et Mekra lui me fixait sans parler.

J'hésita a lui balancer un truc du genre bien cinglant pour savoir ce qu'il avait à me mater comme ça, mais Framal fit son entrée dans la pièce, sa capuche toujours rabattu sur son front.

Il checka Deen avant de se retourner vers moi et me mitrailler du regard.

- Qu'est-ce qu'elle fout là elle?

Deen allait ouvrir la bouche, mais je fus plus rapide que lui.

- Je suis en face de toi. T'as pas besoin de passer par tes potes tu sais. A moins que tu sois un petit gamin trop effrayé pour le demander toi même, dans ce cas Deen te répondra que je l'accompagne juste, je compte pas passer ma nuit avec ta plaisante humeur.

J'entendis des rires, des cris de hyènes, et quelques petites vannes à l'encontre du rappeur, mais je n'y prêta pas spécialement attention, trop concentré à me mener ma bataille de regard avec le mec à capuche.

J'comptais pas lancer les hostilités, dans l'histoire j'étais la fautive. Il avait seulement tenter de m'aider. Mais je pouvais pas être aidé. Personne ne le pouvait et encore moins lui avec ses cheveux long et sa mine d'enfant. Et si au début j'avais opté pour une réconciliation douce, une chose s'était imposée à mon esprit. Je devais le tenir à distance, et si la méchanceté était mon seul atout dans ce combat alors ainsi soit-il.

- Tu disais pas que j'étais un ptit minot quand j'ai du te désapper parce que t'étais trop pété pour le faire Victoria.

Alors c'était ça. Il pensait que je m'étais défoncer la gueule. C'était pas plus mal.

Trop concentré dans mes réflexions, je ne remarqua pas le regard des mecs qui nous entouraient soudainement devenir beaucoup plus attentif à notre dispute.

- T'as la mort parce que j't'ai pété ton coup avec je ne sais quelle meuf, mais scoop mec, t'as pas de compte à me rendre. T'avais qu'à te casser au lieu de me gaver avec ça.

- Et t'laisser dans des chiottes inconsciente? Ouais t'as raison j'aurai du, ça m'éviterait de me retrouver face à ta vieille gueule de droguée.

- Fram, commença Moh

- Ferme la Sneazz c'est entre elle et moi, grogna le principal intéressé.

Moh écarquilla les yeux avant de reculer en levant les mains en l'air. Idriss se reconcentra à nouveau vers moi, et le type sympa du parc ou même le garçon attentionné que j'avais pu apercevoir n'avait rien avoir avec la boule de nerf qui se tenait face à moi.

- J'ai cru qu'tu pouvais être une meuf bien, que Louna avait raison sur toi, que Deen, Moh ou même Nek avait un opinion objectif sur toi. Mais scoop, m'imita t-il, la première impression est la bonne, et tu vaux rien. Tu fais la go sympa, drôle, mais t'es rien de tout ça, et tu devrais te casser d'ici avant que j'te sorte moi même.

- Mec t'y vas fort, se leva Deen en se mettant entre nous.

- Mais gros! Tu vois pas qu'elle vaut rien! J'sais pas ce que vous y trouvez mais c'est un poison cette nana.

- Fram, grogna à nouveau mon ami.

- C'est bon laisse, soufflais-je en posant ma main sur son bras. J'me tire.

Je lui lança un coup d'œil, lui assurant que ça allait, avant de tourner les talons et sortir du studio.

Après tout, c'était ce que j'avais chercher, qu'il me repousse. Mais je m'attendais sûrement pas à ce que ça soit aussi violent. Et je pensais pas non plus que ça me piquetait le coeur.

Le froid de la nuit frappa mon visage alors que je descendais les quelques marches. Pourquoi j'avais l'impression de vivre dans une série drama produite a Hollywood?

- Eh! Attend!

Derrière moi, Moh dévala les quelques marches jusqu'à se retrouver à mon niveau.

- Il aurait pas du te dire ça, il a les nerfs en ce moment. N'y fait pas gaffe. Il peut être con parfois.

- C'est rien, répondis-je. Tu devrais rentrer, j'ai pas envie de créer des histoires entre vous.

- T'inquiètes.

- Vraiment Moh, je veux pas que tu prennes mon parti ou un bail du genre. C'est ton pote, tu devrais être avec lui entrain de me pourrir, lançais-je avec un petit sourire.

- T'es ma pote aussi. J'serai toujours la à assurer ses arrières, mais ça veut pas dire que j'sois ok avec tout ce qu'il dit.

J'hocha la tête en commençant à marcher. Il me suivit en silence pendant plusieurs minutes, avant de briser à nouveau le silence.

- Alors c'est là que vous aviez disparu?

Je lui lança un regard interrogatif.

- Après le showcase. J'pensais que vous vous envoyiez en l'air moi, pas qu't'étais entrain de faire un gros bad.

Je laissa échapper un sourire. Autant maintenir cette version.

- Ouais, j'sais pas trop ce qu'il s'est passé. J'avais rien fumé depuis un moment. Sûrement pour ça. C'est pas glorieux, lâchais-je avec un petit sourire.

- On a connu pire, pouffa t-il.

On continua à parler un petit moment avant que je lui assure que j'allais bien et qu'il pouvait retourner avec les gars. Il me fit promettre qu'on se capte dans la semaine avant de disparaître silencieusement.

Je marcha silencieusement dans Paris. Plus aucun métro ne fonctionnait à cette heure là, ça me laissait plus d'une heure pour me remettre les idées en place. J'avais toujours été du genre solide, grosse carapace, peu de chose m'atteignait réellement, mais ce soir je m'étais prise une claque. Petite certes, mais une claque reste une claque.

Je me demandais si les gars allaient suivre l'opinion de leur pote, si ils allaient me mettre dans la catégorie meuf néfaste qui vaut rien. Après tout c'était leur pote. Ils auraient raison de suivre son avis, et moi ça m'éviterait de devoir mentir à encore plus de monde. Mais d'un autre côté, merde ce que ça me ferait chier de devoir faire une croix sur cette bande dégénérée de rappeur.

Je sentis mon téléphone vibrait contre ma poche plusieurs fois. Je raccrocha sans regarder qui c'était. Aucune envie de parler.

Après une longue marche, plusieurs arrêts à réfléchir au sens de tout ce merdier, et trois remarques cinglantes à des mecs bourrés trop collant, je grimpa deux à deux les escaliers. Et pourquoi ce putain d'ascenseur ne marchait jamais?

Je pesta en trébuchant sur la dernière marche. J'étais morte, et putain que cette soirée était merdique. J'aurai du rester sur mon canapé à manger des pâtes et mater une série.

Je me rattrapa contre le mur dans un mouvement très peu délicat quand mon regard se pose sur une paire de Nike. Des Nikes?

Merde.

Double merde même.

Idriss se tenait droit comme un piquet devant ma porte, les traits encore tirés par son éclat de nerf.

Je pris quelques secondes avant de réellement comprendre qu'il était bien là, sur le palier.

- Qu'est ce tu fous là? demandais-je en m'appuyant contre le mur face à lui.

- Putain mais tu t'es arrêté te prendre une caisse ou quoi? Ça fait une heure que je me casse le cul ici, grogna t-il. Et pourquoi tu me regardes comme ça là?

- J'suis rentré à pied sombre bouffon.

- Du stud?

- Non non de Disneyland, répondis-je avec une voix cinglante.

Il ne répondit rien et me fixa un long moment pendant lequel je soutins son regard. J'étais pas vraiment d'attaque pour un deuxième round, mais si il cherchait la bagarre, il serait reçu.

- Bon qu'est ce tu fous ici? T'es venu pour me pourrir une deuxième fois? Fais gaffe je suis un poison. Et j'vaux rien apparement. Et j'crois même que j'traine avec vous pour vous mettre le grappin dessus aussi.

- Ferme là, grogna t-il en se frottant l'arrête du nez.

Je commençais à m'impatienter, merde, j'avais juste envie de dormir. Dormir et oublier cette soirée de merde.

Je souffla en le voyant toujours planté comme un abruti sur le palier. Je le poussa et inséra les clés dans la serrure. Assez de connerie pour ce soir. J'allais lui fermer la porte au nez quand il la bloqua de son pied. Je souffla en l'entrouvrant.

- Pourquoi t'es là Idriss?

Il décala la porte d'un coup et entra dans l'appartement sans aucune gêne. Il fit quelques pas, toujours en se frottant l'arrête du nez avant de s'arrêter et de relever le visage vers moi.

- J'me suis fait assassiner pas les gars après qu'tu sois sortie. Surtout par Deen. J'comprend pas ce qu'ils te trouvent et je comprend pas non plus pourquoi ils s'accrochent à toi alors que t'es insupportable. Tu caches des trucs, et je déteste ça. T'es pas franche et même si ils ont pas l'air de le capter moi je le vois. Ton image de petite étudiante modèle elle prend pas avec moi, y'a un truc sous tout ça. Et je suis prêt à parier que c'est moche.

Il s'arrêta quelques secondes. Perds pas contenance Vic. Restes impassible.

- Mais apparement ils t'ont choisi, et c'est mes frères. Si ils t'acceptent dans la bande alors je les suis. Mais un faux pas, et je te fais sauter.

J'suis pas si bonne menteuse finalement.

- Retour à la case départ. Tu te méfie de moi, j'te trouve con et arrogant, rétorquais-je.

- Ouais mais ce coup ci je me laisserai pas attendrir, lâcha t-il.