Villages de vacances et secousses en perspectives, partie 1 (AU sans Tuerie)
Salut la compagnie-
Vous savez j'aime énormément commenter mes vacances en version AU sans Tuerie.
Du coup je n'allais pas laisser passer cette occase quand on s'est décidés, avec la famille, pour un Center Parks en juin...
Vous l'aurez compris, c'est reparti pour un agenda spécial Louna Asin-Orduña qui a des choses à raconter cette fois, et qui va commenter environ quatre ou cinq jours de vacances bien secouées-
C'est comme d'habitude inspiré de faits réels, sauf évidemment le fait qu'Emerens et Thibault se pointent. Avec la "visite" de Sharon et Senri qu'on aura réussi à traîner jusqu'en France...
Enjoy~
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Vous savez dans la vie y'a deux manières de partir en vacances.
Y'a la méthode « tranquille même si je vais un peu m'ennuyer comparé à Eva qui a ramené une de ses amies d'enfance et moi je peux pas faire pareil parce que mes chéri.e.s sont trop loin et le seul truc intéressant dans les villages de vacances Center Parks c'est la piscine et je pense à la dysphorie ».
... Ouais, c'est un peu long comme titre là.
Ou bien y'a la méthode « Emerens a entendu mes parents parler de Center Parks et a encore réussi à s'incruster en ramenant cette fois Thibault, Sharon et Senri sur son propre pécule, le combo du siècle moi je vous dis ». Ce qui est sans doute, objectivement, la meilleure méthode.
Booooon. Cette méthode, elle voulait aussi dire que j'étais bonne pour conduire trois heures parce qu'évidemment il nous fallait deux voitures et devinez qui a eu son permis récemment ? Eh oui, c'est bibi. Et ça voulait aussi dire supporter dans la voiture Emerens sur la place du milieu qui draguait Thibault et Sharon d'un même mouvement alors qu'un Senri qui se demande sans doute encore ce qu'il fait là fait gentiment mon copilote.
Merci Senri, t'es un as. Au retour, promis, tu pourras le taper.
Enfin, le seul avantage de conduire c'est que tu choisis la musique. Et mes parents ont été assez sympa pour me laisser le GPS et le télépéage, du coup ça a été une petite conduite tranquille...
Et Dieu merci le truc est à Bordeaux, donc j'en ai bien eu pour trois heures de voiture. Quelques pauses à droite à gauche parce que je suis pas mon père et j'ai pu endurer sans trop de problème...
Du coup nous voici à Center Parks, bien arrivés vers midi matez moi la précision, et j'ai au moins cinq estomacs qui grognent dont le mien sur les bras. Oui parce que Thibault et Sharon ont zappé de manger ce matin, moi j'ai juste pris un thé, Senri a pas mangé grand-chose non plus et Emerens... Emerens a toujours faim et des fois c'est de nous.
Du coup je croyais pouvoir aller direct au McDo en descendant de la voiture.
C'était sans compter sans mon père.
« Bon, on y va ? On va faire le tour, puis on s'occupe de la locomotion, des valises, tout ça, puis on va manger ?
— Le cottage ouvre à treize heures, lui a gentiment répondu ma maman. Et Eva et Louane ont faim. »
Sans compter la troupe générale de Louna. Mais bon ça, c'est un détail, surtout que la moitié sont trop polis pour le signaler à mes parents et le reste trop râleurs pour que ce soit inhabituel.
Mais bon quand même, on part sur une bonne moitié d'affamés.
« Moi je dis, on trouve le McDo fissa, j'ai envie d'un bon hamburger, j'interviens, essayant de contrôler la troupe derrière moi. On va vers le dôme et on voit ce qu'il y a ? »
Le dôme, pour info, c'est la structure de base du Center Parks. Là où il y a la piscine, la plupart des restaus, des jeux, tout ça tout ça. Enfin, de ce que j'ai vu de loin, il ressemble pas trop, trop à un dôme, cette fois. Perturbant, surtout pour les habitués comme moi, mais un peu de renouveau ça peut pas faire trop, trop de mal.
« Les vélos sont là-bas de toute façon, tranche mon père. On se rapproche, on les prend et après on va bouffer.
— Une minute, coupe Emerens. Les vélos ? »
... Ah, c'est vrai que j'avais oublié de lui parler de ça.
« Ouaip. On circule à vélo, à Center Parks, Emerens, je soupire. Pas de voiture sur les chemins, tout ça.
— ... Louna, ma chérie que j'aime, dis-moi que tu te fous de ma gueule. »
Je grimace.
« Eh, doucement ! J'ai oublié de t'en parler certes mais ça peut pas te faire de mal, un peu de sport, si ? »
Il lève les yeux au ciel. Avant de relever sa jambe de pantalon droite.
« Regarde mieux ma jambe, Asin-Orduña. »
.......
AH OUI PUTAIN DE MERDE J'AVAIS ZAPPÉ !
... Bonjour, les awards de la meilleure petite amie de tous les temps, c'est par ici, oui oui, merci, merci, je sais je sais je les mérite.
Mais en attendant j'ai un gros problème sur les bras parce qu'à tous les coups papa non plus n'a pas pensé à ce détail, et visiblement il vient de s'en rappeler aussi vu son air un peu embêté...
Sauf que bon trop tard, on a loué les vélos en avance comme des génies.
C'est Thibault qui finalement tranche le débat en s'avançant pour lui foutre un coup de pied. Dans la prothèse, hein, pas au cul...
« Mec, tu plies le genou et tu sais courir, du vélo ça va pas te tuer. Surtout pour une semaine.
— J'apprécie ta considération, Thibs, marmonne Emerens. Et puisque visiblement je n'ai pas le choix, allons chercher cet authentique instrument de torture.
— Je sais que ça va être compliqué pour toi mais tu dramatises pas un peu là ? Intervient Senri. Pour des trajets de cinq minutes à peine... »
Emerens fait la moue.
« Senri, je t'aime énormément, mais rien que courir me fait surcompenser sur ma jambe gauche. Le mouvement de pédalier, ça va être dur.
— Comme ma b- pardon, se coupe Thibault en voyant les regards blasés d'Eva et de Louane. On peut aller les chercher, ces vélos, ou bien ? »
... Bonne idée, allons-y avant que ce soit un prétexte à une autre blague de cul qui cette fois ne pourra pas être retenue. Principalement parce que c'est Emerens qui les fait. Et ne laissons surtout pas Sharon se débiner, elle a besoin d'exercice... Et n'a aucune excuse, elle.
Vu qu'on a déjà loué les vélos, pas besoin de s'enregistrer ou quoi que ce soit du même genre à l'entrée. Le mec nous fait directement choisir nos bécanes, avec ceux qui restent au fond. Eh bé, y'en a pas beaucoup, dis donc. On voit que le truc vient d'ouvrir. Et dix vélos d'adultes d'un coup, ça doit bien réduire leurs stocks. Enfin. Heureusement pour les tailles que Sharon, Thibault, Eva, Louane, maman et moi faisons la même taille... Et Emerens et papa la même. Y'a que Senri et son mètre soixante dix qui est paumé entre deux et hésite entre les deux tailles de vélos... Avant de finalement prendre la même taille que nous les petits et rehausser sa selle.
Bon, on va dire que c'est bon. À part Sharon un peu chafouine et Emerens qui, bien évidemment, râle.
« Fais pas la tête, se moque Thibault. Trente secondes de sport, c'est plus que ce que t'as fait la dernière fois...
— Si ça se transforme en innuendo je vous empaille tous les deux, je gronde avant qu'Emerens ait eu le temps de répliquer. J'ai faim et pas le temps pour vos conneries. Et Emerens, je te prierais de ne pas me faire une Eva. Merci. »
Ouais, parce qu'Eva est autant dégoûtée par le vélo qu'Emerens, pour le coup. Comme la côte de chez nous exige au moins un vélo électrique pour la grimper en tant que crevettes que nous sommes, Eva n'en a pas refait depuis son dernier Center Parks... Qui était avant même 2019.
Donc disons que ça date et qu'elle a une bonne excuse. Mais pas une aussi bonne excuse que la littérale jambe artificielle de mon petit ami, pour le coup.
Papa nous laisse scanner les vélos et aussitôt nous voilà partis au dôme, que je vais continuer à appeler le dôme plutôt que « structure prismatique bizarroïde sur le toit d'un pavé » c'est trop long. Évidemment, je prends la tête avec ma maman qui supporte pas de rouler lentement, et Thibault et Senri nous suivent, commentant de temps à autres sur la structure du village de vacances. C'est vrai que Thibault y va, des fois, même si c'est juste les belges et qu'il y en a pas des masses...
Ce qui fait que dans le cortège final se trouvent Eva et Louane qui bavardent comme jamais le temps qu'Eva reprenne la bécane en main, Sharon qui a aussi peu de force dans les jambes qu'n béluga, et Emerens qui semble plus fatiguer sa langue et ses cordes vocales que ses quadriceps. Plus papa qui a eu la gentillesse de rester en arrière surveiller ces grands enfants.
« J'en ai marre du vélo bordel, râle, entre autres, mon chéri de toute la puissance de sa voix. Je vous jure, la prochaine fois je loue une voiturette !
— Où est passé l'amour du vélo des néerlandais ? Rigole papa de derrière. C'est pas vous où il y a plus de vélos sur les routes que de voitures ?
— Karim, j'ai une foutue jambe en moins !!! »
Bon ben au moins papa la ramène plus trop. Et derrière Eva semble enfin maîtriser le truc puisqu'elle double Emerens avant de nous rejoindre de manière déjà un poil plus rapide, suivie par Louane. Ne reste en fond que Sharon, Emerens et papa qui les surveille toujours un peu.
Par contre mauvaise surprise au dôme... Parce que le McDo tant attendu n'existe hélas pas en ces lieux. À la place, une baraque à hot-dogs qui certes sentent très bons et me paraissent bien intéressant... Sauf que je n'aime pas les saucisses plus que ça. Et qu'ils ne vendent que ça, bien évidemment... Paye ton burger tant attendu, même le fast-food te déçoit...
« Y'a pas de McDo ? Grommelle Thibault. Elles sont où mes McNuggets ?
— C'est déjà pas mal, des hot-dogs, non ? Enfin, moi, je vais sûrement pas en manger, intervient Sharon d'une toute petite voix, mais quand même...
— Y'a des saucisses végétales, Sharon, répond Senri. T'inquiète, ça devrait aller. »
Finalement, on dirait bien qu'il n'y a plus que moi qui ne suis pas franchement d'accord avec ce plan. Même Thibault se rend en voyant l'enthousiasme d'Eva, on voit bien qui a un petit frère... Ce qui fait qu'il ne me reste plus qu'à me rendre, et on commande nos hot-dogs en silence avant qu'Emerens ne paye –sugar daddy sur vingt– et qu'on ne se trouve un petit coin tranquille pour attendre les serveurs. À savoir, papa, maman, Thibault, Eva et Louane, délégués au retour de la bouffe.
Ne reste qu'Emerens, Sharon, Senri et moi pour se trouver une place tranquille. Emerens qui ne perd évidemment pas de temps pour s'étaler sur les chaises. Et Senri, RIP, sert visiblement de repose pieds et vu sa tête, ça lui plaît moyen...
« T'es sérieux, mec ? Depuis quand je suis aussi exploitable ?
— Confortable, nuance, ricane Emerens. Quoi, tu préfères que je monte sur tes genoux ?
— On va éviter, tu pèses lourd.
— Eh, ça, ça s'est pas encore démontré, eh eh... Roh ça va, Sharon, tu peux m'épargner le horny bonk mental s'il te plaît ? Je me tais, je me tais... »
Oui parce que Sharon le regarde avec sa petite moue type « tu es très mignon et tout le monde à cette table le sait mais en abuse pas s'il te plaît ». Notez que moi, je préparais le bonk physique. Avec ma banane pleine de trucs essentiels type lunettes de soleil et portefeuille. Heureusement qu'il ne m'a pas remarquée, vous me direz. Parce que niveau blagues de cul, je suis pas la dernière et j'aurais très bien pu me prendre un sale retour de bâton.
« C'est quoi le plan après ? Demande Sharon une fois Emerens réinstallé un poil plus correctement pour Senri. On va direct aux cottages ?
— Désolé de vous l'annoncer comme ça mais y'en a qu'un, je soupire. Papa a pris le dix places. Enfin, ça devrait pas trop poser de problèmes pour la répartition, Eva dort avec Louane, et Emerens, Thibault, toi et moi on va probablement faire des roulements entre deux chambres, ça en laissera une pour Senri...
— Ah mais je vais pas pouvoir dormir avec Senri alors ? Zut, boude Emerens en croisant les bras. Moi qui attendais ça avec tant d'impatience... »
Le pire c'est qu'il est presque convaincant, pour nous en tout cas. Sa petite moue est adorable, plus encore alors qu'il sort l'arme diabolique des yeux de petit chiot. Mais Senri a le super pouvoir d'être totalement immunisé à ce genre de trucs et dieu que je l'envie. Parce qu'il se contente de hausser les épaules.
« Un peu d'intimité, surtout avec cet animal-là, ça peut pas faire de mal. Donc cottages, installation directe, tout ça. Et après ? »
Emerens s'affale sur la table comme la pire des drama queen avec un râle de désespoir, mais je choisis de l'ignorer.
« Après... Probablement la piscine. Profiter du fait qu'il y ait personne et qu'on soit pas en haute saison française, tout ça. On va voir combien de temps on y reste, mais sans doute pas longtemps, pas plus de deux heures... après, tour des lieux et dodo.
— Ouh là. Y'a une piscine ? »
... La tête de Senri ne me plaît pas trop. Surtout que la mention de la piscine vient de réveiller Emerens de son état de rejet intersidéral visiblement, vu qu'il vient de relever la tête avec un petit sourire railleur.
« T'étais pas au courant ? Enfin voyons Senri, tu peux pas rater ça, la piscine des Center Parks c'est genre LE truc qui fait qu'on y vient... Me dis pas que tu vas louper ça...
— Avoue que tu veux surtout me voir en maillot, mon vieux, fait Senri avec un rictus ironique. Parce que là tu te caches pas trop.
— Totalement, ouais. Et donc ? »
Il ne s'en cache même plus, le bougre. Et je reconnais ce sourire en coin entre mille, il attend que ça. Bon, au moins, il laisse Sharon un peu tranquille là-dessus, mais à force on la connaît, Sharon, ça la gêne, elle ne se montre jamais en maillot de bain et c'est trèèèès souvent des combinaisons de plage ou autres trucs du genre...
Mais du coup, devinez sur qui ça se reporte ? Eh bah ouais, Senri. Tout ça parce que j'ai jamais eu de problèmes avec mon corps et que Thibault assume enfin de se montrer en bermuda après des mois de thérapie –et aussi de thérapie spéciale gros beusous d'Emerens mais ça c'est un détail...
Ledit Senri qui est juste complètement blasé. Il se contente de se pincer l'arête du nez avec un profond soupir.
« Emerens, mon ami, mon cher, je suis prêt à faire ce que tu veux cette semaine, mais pas. De. Piscine. Compris ?
— Voui... Roh là là t'es rabat-joie... »
Sa moue boudeuse se fait encore plus prononcée. Et puis visiblement il capte un truc dans les paroles de Senri. Un truc qui lui fait avoir un large sourire.
« ... Minute. Tout ce que je veux ? »
.... J'ai comme un frisson, là.
Senri, qui visiblement n'a pas compris ce qui est en train de lui passer par la tête, et pitié j'espère qu'il comprendra assez vite pour m'éviter de devoir lui expliquer ou de voir Emerens lui expliquer –seigneur, d'ailleurs ça c'est pire– hoche la tête, concentré sur son téléphone qu'il vient de sortir.
« Oui, oui, tout ce que tu veux... »
... Putain il a pas compris. Ou alors il s'en fout et je sais pas ce qui est le pire.
« Chéri, je le coupe avant qu'il n'ait pu en rajouter, je signalerais à ton attention que les murs des cottages sont faits de bois. Et que c'est donc tout sauf isolé. Tu vois où je veux en venir, Emerens ? »
Ledit Emerens ricane, mais dieu merci cette fois Senri saisit le message. Et de nouveau, il se pince l'arête du nez, sans dire le moindre mot. Je sais pas ce que ça veut dire mais ça me plaît pas. Et visiblement, ça ne semble pas du tout déstabiliser Emerens, qui lui passe nonchalamment un bras autour des épaules.
« J'aurais qu'à rentrer plus tôt pendant que vous autres êtes à la piscine, si je suis discret je vois pas où est le mal... Et je ferai gaffe aux draps, bien évidemment...
— Je viens de me couler tout seul, c'est ça ? » Soupire Senri sans faire attention à l'insupportable Écrivain collé à son bras.
Je hoche doucement la tête, une expression grave sur le visage.
« Eh ouais mon vieux. En espérant quand même que tu te sentes pas forcé. »
Il hausse les épaules.
« Oh, t'inquiète pas pour ça.
— Dites, intervient Sharon la voix de la raison, Thibault et compagnie arrivent avec les hot-dogs, est-ce qu'on pourrait cesser la conversation horny pour l'instant ?
— Ouais s'te plaît Emerens, pas devant les gamines de quatorze ans, je soupire. Tes affaires horizontales ne regardent que toi. »
Emerens pouffe. Mais dieu merci il se la ferme. Je vais peut-être pouvoir bouffer tranquille moi maintenant...
Repas fini, nous arrivons au cottage valises en main, avec plus ou moins de bonne volonté puisqu'il a refallu passer par un épisode vélo et que Thibault et moi avons eu l'occasion d'allègrement nous moquer d'Emerens. Même Senri a joint, bien qu'un poil plus gentiment dans son cas, mais il faut dire que c'était hilarant de l'entendre plus mettre de l'énergie à râler qu'à appuyer sur les pédales...
Tant et si bien que quand on arrive à notre cottage, il est d'humeur extrêmement ronchonne et lorsque descendre maladroitement du vélo provoque un nouvel éclat de rire de Thibault, il le fait taire immédiatement en montrant les dents. Non sans un « La prochaine fois, je vais vraiment prendre une voiturette » assez suffisant pour qu'on se sente coupable.
« On y est, chéri, je soupire. Les prochaines fois, tu pourras toujours tenter d'y aller à pied...
— Pour me faire traiter de larve ? Merci mais non merci, bougonne Emerens en me tapotant néanmoins la tête. Pas envie non plus de marcher tout le séjour.
— Mais mon amour tu es une larve, je rigole. La plus belle larve de tous les temps, certes, mais une larve quand même. »
Eva, on pourrait se passer de tes « ew » en fond, laisse-moi complimenter mon copain en paix tu veux ? C'est pas parce que toi t'en veux pas que moi je dois me cacher d'à quel point je l'aime.
Emerens, lui, ça le fait juste détourner le regard. Mow, il est tout rouge, c'est choupi. On dirait moi quand Héloïse me complimente.
« C'est ça, essaie de me détourner de tes remarques validistes, gredine...
— Je m'excuse solennellement pour le validisme, je pouffe en lui pinçant la joue, mais je trouve toujours que tu es une néanmoins superbe larve. Allez, je suis sûre que ça peut aider à ta motricité de faire ce genre d'exercices.
— ça, je demanderai à beau-papa, et beau-papa n'est pas encore arrivé. »
Vrai. Papa est encore en train de ramener les valises, dont celles d'Eva, d'Emerens et de Thibault, qui sont un peu restées derrière. Mais on a quand même les clés du cottage, en attendant. Les bracelets verts au comble de la classe qui ornent nos poignets depuis notre arrivée. Et Thibault ne s'est pas gêné pour déverrouiller le truc avant de se précipiter dans le couloir sans doute pour être le premier à choisir sa chambre.
Dans un cottage de 10 comme ça, des chambres, il y en a 5. Deux aux lits jumeaux, et trois lits doubles. Dont une particulièrement spacieuse, avec la totale, écran plat, accès au hammam et aux bains à remous, super belle, et tout et tout... La seule chambre comme ça de tout le cottage et évidemment, qui c'est qui se jette dessus ? Eva, suivie de Louane qui la pauvre doit être un peu gênée.
Sauf qu'elle est interrompue dans son élan par Emerens qui visiblement a bien récupéré de sa sortie vélo vu qu'il se jette immédiatement sur le lit.
« Hop-là. Du vent les gamines, c'est moi d'abord !
— Eh mais c'est pas juste ! Proteste Eva. On la voulait aussi !
— C'est moi qui paye, c'est moi qui décide. Allez, pour moi le lit double !
— Karim paye aussi, ricane Thibault en posant ses affaires. Fais pas comme si tu pétais de la thune de partout non plus. »
Tu dis ça, Thibs, mais t'as posé tes affaires dans la même chambre... Enfin bref. DE toute façon, ça vaut mieux qu'Emerens ait un lit double, et les filles les lits jumeaux. Quoique, les chambres sont quand même assez petites...
— Je peux vous laisser le troisième lit double, intervient Senri alors qu'Eva commençait à protester. Il a une salle de bain privée aussi, vous devriez être pas trop mal...
— Trop aimable, Senri, je rigole alors que Sharon pose nos affaires dans la deuxième chambre à lits jumeaux. Tu fais quand même un sacré sacrifice. »
Il hausse les épaules.
« Il en faut bien un qui soit un minimum sympa, nan ? N'est-ce pas, Emerens, le tortionnaire de petites filles...
— Je suis pas petite, » râle Eva alors qu'Emerens lui tire la langue.
J'ignore les deux gamins avant de me tourner vers Senri.
« On va pas trop tarder à y aller je pense. On te laisse là, du coup, tu nous attends où tu veux faire un truc à côté ?
— Je lirai, t'inquiète. T'occupes pas de moi. »
Mouais enfin, j'ai pas envie de t'abandonner tout seul, moi. Enfin, au vu du clin d'œil qu'Emerens vient de lui faire, il va pas l'être longtemps, tout seul. Quelque chose me dit que je n'ai pas intérêt à être déçue de la piscine au risque de rentrer sur quelque chose de... Comment dire. Surprenant ?
Quelques passages de maillot de bain plus tard et nous voici à la piscine. Pour une piscine de Center Parks elle a une ambiance bien cozy, je dois l'avouer ; et c'est vraiment sympa de voir que même le savon est fourni, pour moi qui l'oublie tous les quatre matins. Une occasion en or pour bien me laver même avant de rentrer dans la piscine.
Et évidemment j'ai droit à mon bonbon pour les yeux vu qu'Emerens nous a finalement suivis. Toujours un amateur de piscines, même si je ne pense pas qu'il reste très longtemps... Et aussi et surtout un amateur pour se mettre en valeur.
Visiblement, il s'est changé avec Thibault pour le camouflage de l'hétéronormativité, vu que quand ils finissent par ressortir de leur cabine, Thibault est en train de se ronger un ongle, assez rouge et détournant bien évidemment ses yeux d'Emerens, et lui remet négligemment ses cheveux en place. C'est ça, faites genre, je sais très bien que ça s'est dragouillé dans les cabines, tu profites toujours de l'occasion, n'est-ce pas –remets tes cheveux devant tes oreilles tout de suite je ne suis pas là pour baver.
Et évidemment, devinez qui se pose à côté de moi ?
Eh ouais, même pas besoin de deviner.
« T'apprécies la vue, mon amour ?
— Grandement, je soupire, avant de le ramener sous un autre pommeau de douche que le mien. N'en fais pas trop non plus, on va fondre. »
Pauvre Sharon qui a l'air de ne pas savoir quoi penser, rouge tomate comme elle est. Et Thibault qui évite bien soigneusement notre position du regard. Je crois il va faire une surcharge avant la fin de cette journée.
Sauf qu'Emerens, les surcharges, c'est son objectif. Et il le montre bien en prenant tooout son temps pour prendre sa douche avec un maximum de poses bien aguicheuses. Dans les limites de la bonne conduite, évidemment, mais putain, même qu'il se passe les doigts dans les cheveux et on explose...
Pourquoi t'es beau déjà ? C'est vraiment pas juste...
On arrive dans les bassins avec un peu de retard sur maman, papa et compagnie, qui sont déjà en train d'aller vers les toboggans de la piscine. Sharon, elle, n'a pas l'air spécialement tentée, et se contente de rejoindre les vagues ; mais Emerens nous suit jusqu'aux toboggans, avec un petit air un peu moins assuré maintenant qu'il voit à quoi ressemble les trucs. Bon, il nous lâche pas d'une semelle et c'est sans doute parce qu'il cherche par tous les moyens à nous maintenir sous ses bras, mais c'est rien, c'est Emerens.
Eva et Louane se sont déjà cassées dans le toboggan à bouées, du coup, moi, je désigne d'un mouvement de tête le double chronométré, celui qui sert à faire la course. Y'a maman et papa dans la file, en plus.
« On va à celui-ci, les gens ?
— Brrrr, grommelle Emerens. On peut pas plutôt se trouver un bon transat ?
— Certainement pas. On va faire la course parce qu'on est pas des flippettes, le dernier arrivé doit un tour de vaisselle à l'autre ! Allez, viens, Emerens, insiste Thibault avec un sourire railleur, me dis pas que t'as peur ?
— Pfeuh, marmonne ce dernier. Peur pour ma prothèse, oui. Sao Mai va me tuer si elle me voit là-dedans...
— Sao Mai t'en a construite une exprès pour la piscine, je le coupe, elle va surtout être ravie que tu la testes. Allez, zou ! »
Et c'est un Emerens sans plus d'arguments que l'on traîne dans les toboggans avec une petite moue railleuse. Et me voilà à faire la course contre maman, qui me bat à quelques millièmes de seconde près, et Emerens affronte finalement Thibault, qui l'écrase de deux dixièmes de seconde...
Nan, personne a voulu affronter papa, tu peux pas affronter papa, c'est un boulet de canon dans ce genre de trucs.
Et oui, on prend très au sérieux une course de toboggans, je vois pas de quoi vous parlez.
« HA ! lance Thibault au moment où il se relève du toboggan en voyant son chronomètre. Mon tour de vaisselle dans ta face !
— Je te le négocie contre autre chose quand tu veux, marmonne un Emerens déçu. Je suis sûr j'ai de quoi échanger...
— On en reparlera plus tard, tous les deux, y'a des bouées de dispo. On va pouvoir faire le grand toboggan à côté... »
... La mention de bouées semble bien avoir fait pâlir notre pauvre Emerens. Mauvais souvenirs, mon amour ? Sauf que trop tard, Thibault a bondi sur la bouée en simple, et il est obligé de venir avec moi pour la double... Et au vu de sa tête, ça ne semble pas le réjouir.
Même pas du tout, je dirais.
S'il avait pas une âme et beaucoup d'affection pour moi, je suis presque sûr qu'il aurait ditch la sortie piscine pour retrouver Senri en moins de deux avec grand plaisir, mais bon, au lieu de ça, il se contente de bougonner dans la queue parce qu'en plus, moi par contre, je n'ai pas d'âme et je lui ai donné la bouée à transporter.
Et en plus Thibault se moque de lui dans la queue.
« Mais c'est qu'il a peur... T'as peur, chou d'amour ? Tu veux un bisou pour te réconforter ?
— On va voir qui a peur quand je t'aurai fait tâter de mes dents à certains endroits de ton anatomie, » gronde Emerens en levant la bouée de manière extrêmement menaçante –c'est faux. « En attendant, je te conseille de la fermer si tu veux pas aggraver ton cas.
— Essaie seulement, ricane Thibault. En plus regarde moi ça, il est tout gentil le toboggan, y'a même pas de super descentes ! »
Ça... Ne semble pas beaucoup le rassurer. Mais bon, comme il n'y a pas grand monde, cette charmante discussion est coupée par le départ imminent de Thibault, qui s'installe dans a bouée avec empressement avant de s'agripper aux barres du début du toboggan pour s'empêcher de partir trop tôt.
« Je te retrouve en bas, chéri, essaie de pas trop te changer en linge... t'es déjà un vampire, plus de blanc ne t'irai pas au teint ! »
Putain quel troll. Et il évite une fois encore le coup de bouée qu'Emerens lui lance en se laissant filer fort opportunément dans le toboggan dont le feu vert vient de s'allumer. Ce qui fait que c'est à notre tour de nous installer. Et visiblement, ça n'a pas l'air de lui faire très plaisir. Lol.
« Roh allez, fais pas cette tête, je souris, tu les aimes quand même, les toboggans... Monte derrière, je m'installe après toi.
— je les aime que quand vous êtes là, bougonne-t-il avec sa petite moue enfantine. Et vu comment vous êtes méchants, je commence à regretter de pas être resté avec Sharon. Elle au moins, elle se moque pas de moi. »
Je souris, avant de poser mon cul dans le trou de la bouée.
« Allez, après ça, on ira faire la rivière sauvage, ça te détendra. Un petit toboggan de temps en temps, ça peut faire de mal à personne... »
Il lève les yeux au ciel, mais de toute façon c'est trop tard, on est partis dans les profondeurs des ténèbres.
Ah oui parce que çe toboggan est dans le noir en plus.
Assez escarpé, en plus. Bon, il est assez bas dans mes standards de toboggans, mais avec notre poids combiné, on va quand même plutôt vite, y compris dans les petites bosses qu'on croise de temps à autres et... Et on a failli se retourner. Si Emerens pouvait arrêter de gigoter aussi...
Oh par contre la partie entonnoir est trop cool ! On arrive même à monter à soixante degrés sur la paroi, franchement j'approuve. Et puis surtout Emerens qui a ses jambes à côté de moi (enfin, sa jambe) est complètement crispé, et le fait que je le pat-pat pour le rassurer... Le fait encore plus couiner. Quoi ? Je vais pas me cramponner à ma bouée dans un truc pareil ?
Si bien que quand on sort du truc... Il est complètement blanc, le pauvre, la prophétie de Thibault s'est réalisée... Et il n'hésite pas à se coller à moi, tout tremblant quand on rend enfin la bouée. C'est vraiment trop mignon. Et j'avoue j'adore l'embêter. Mais là je pense qu'il faut pas aller trop loin...
« Ça va mon amour ?
— Comment vous faites pour aimer des trucs pareils, marmonne Emerens à voix basse. J'ai cru que j'allais y passer quand la bouée s'est retournée...
— Elle a failli se retourner, mon amour, je le corrige doucement. Allez, t'as-tu ta dose d'émotions fortes pour aujourd'hui. On va aller se bagarrer dans la rivière sauvage avec Thib et après tu feras ce que tu veux, y compris rejoindre Sharon ou Senri, ça te va ? »
Il hoche la tête, toujours collé à mon dos. Thibault, qui a pris de l'avance, agite la main, nous faisant signe de venir. Ce à quoi j'obéis immédiatement, Emerens sur mes talons, qui refuse obstinément de lâcher ma main.
Quelque chose me dit que ces vacances vont être mouvementées, tiens...
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