Tricks and terrors (AU sans Tuerie)

Ptit content warning pour commencer : Cette nouvelle va mentionner, quelques fois, du seggse et du X. Rien de graphique, toutefois, c'est vraiment des mentions toutes légères, absolument rien de graphique, je préfère juste prévenir parce que c'est assez récurrent (c'est surtout que mon Ultime Acteur X est un personnage phare, vous allez vite comprendre pourquoi).

Bonne lecture-

___

Il y a un truc que j'aime particulièrement, mais alors particulièrement, dans Hope's Peak Academy, c'est que le côté trans-nations de l'école permet d'organiser un maximum de fêtes culturelles de tous les pays. Et pas seulement les fêtes. Le Ramadan est pris en compte tous les ans par le comité de l'évènementiel du conseil des étudiants, et en décembre, il y a tellement de décorations différentes pour Noël, Hanukkah, le Nouvel An occidental, et j'en passe, que parfois l'école pique les yeux.

Et qui dit trans-nations dit Halloween... Même Jour des Morts, pour être plus précis, vu qu'apparemment depuis qu'Humberto Flores est arrivé dans l'école c'est un incontournable. Moi je sais pas, il est de la promo avant moi, mais d'après Louna qui a vu Halloween en 2017 et en 2018, ce n'était pas du tout pareil.

Et l'avantage d'avoir un de ses partenaires à la tête de l'évènementiel au conseil des étudiants ? C'est que du coup je suis au courant à l'avance de TOUT ce qu'il va se passer pour notre fête favorite. C'est-à-dire que la promo 2023, la nouvelle, va avoir la journée banalisée pour faire trick-or-treat dans les classes, qu'il y a un bal ce soir avec le concours du meilleur costume (Flores est évidemment exclu, mais il a tellement de commandes des autres Ultimes que ça veut pas dire grand-chose), que tout le conseil des étudiants sèche pour faire les meilleurs décos ever, et de très, très nombreux artistes s'occupent de maquillage, de tatouages express, etc, etc, etc... pour rentrer dans l'esprit d'Halloween. Ça me fait penser qu'il faut que j'en demande un à Hibiki, tiens.

Ah, et, on est pas à Pâques, mais il y a une littérale chasse aux bonbons dans les couloirs du bâtiment abandonné près de l'école. En mode « test de courage ». Et cette fois, c'est les profs qui organisent. Impératrice, cette loli mécano, a même prêté la moitié de son arsenal de robots inoffensifs pour faire les trucs qui font peur...

Donc ouais, le trente-et-un octobre, je l'attends avec impatience. Pour pas mal de raisons différentes. Et puis je sais qu'Emerens prépare la relève pour son poste, vu qu'il a quand même six ans à son actif et qu'Hope's Peak ne va pas tolérer longtemps qu'il sèche l'examen final... Mais je pense qu'il n'y a pas mieux que lui pour préparer une fête pareille. Il est tellement à fond dans ces cas-là, c'est presque chou.

Enfin. On est le matin, l'école n'est pas encore prête, et Florian panique parce qu'il va devoir aller faire le tour des classes en costume. Je lui ai bien dit de filmer ou de streamer le tout pour se calmer, surtout qu'Hope's Peak est OK pour et que ça serait une vidéo du tonnerre... mais il m'a dit que Nhan était pas trop pour être filmée comme ça et que Seung-Il essaierait de renégocier les rushs. Plus de problèmes en perspective, quoi.

Mais n'empêche il est mignon mon p'tit frère. Il s'est grimé en squelette, avec un costume fait de faux os et des vêtements artistiquement déchirés, sans doute une idée d'Humberto. Des lentilles jaunes à pupilles fendues ornent ses yeux pour faire un p'tit effet monstrueux, la totale. Dommage que d'habitude, les squelettes, ça tremble pas autant.

Je lève les yeux au ciel.

« Cesse de faire claqueter tes os, ça va bien se passer ! C'est pas la première fois que le conseil des étudiants organise un trick-or-treat, on est habitués... et puis il y a genre quarante élèves dans ta promo, on te verra même pas !

— Taichi a dit qu'on serait répartis par groupe de 5 ou 6 pour pas causer trop de bordel, grommelle Florian. Évidemment qu'on va me voir.

— Tu sais avec qui t'es ? Nan ? Bah à tous les coups, tu vas te retrouver avec des gens genre Akimune, ou Yui, ou Seung-Il, et tu vas voir que c'est plus eux qu'on va regarder, poto. Et puis tu seras oubliable quand même, crois-moi. »

Florian lève les yeux au ciel. Eh, j'essaie de te rassurer frère ! Faudrait savoir ! En plus moi, j'ai encore ma journée de cours, comme je suis pas au conseil des étudiants j'ai aucune raison valable de sécher, et ça casse un peu les coucougnettes de voir Alannah parader alors que moi je suis obligé de me taper Fan en cours.

Je grommelle. Et puis, un mouvement attire mon attention, et je tourne la tête pour voir mon blondinet favori courir vers moi. La veste de travers et les cheveux détachés, hmmmm, soit il tente le look faussement négligé soit il a beaucoup de trucs à faire-

Je lui fais un signe sous le regard agacé de Florian, et il se précipite vers moi, remettant en place sa veste... Ah, visiblement, c'est bien la deuxième option. Il a des cernes de malade et plus une tête de gars agacé que de gars qui essaie de se faire un style. Je lui fais un bisou sur la joue, parce que je crois qu'il en a bien besoin, et il pousse un profond soupir dans mes cheveux.

« Pardon Thibs, j'vais devoir me servir de toi comme poste de chargement...

— Hou, là, là. Dure journée ?

— C'est le moins qu'on puisse dire, soupire Emerens. Mon poste de grand patron de l'évènementiel à Hope's Peak, c'est cool dans le concept, mais bonjour le boulot. Je passe mon temps à donner des ordres depuis tout à l'heure, quasi rien n'est fini, Shun vient de me lâcher au dernier moment, faut que je trouve quelqu'un pour surveiller le groupe de Seung-Il parce que ça va être les PIRES... Et en plus, bon. Halloween, le bordel que c'est, et Alexis qui casse les couilles... On va dire que ça fait combo. »

Je grimace. Évidemment, il fallait que Miralles revienne dans la place. Chaque évènement c'est pareil. C'est la guéguerre avec Emerens sur qui en fera le plus, sur n'importe quel plan, et évidemment ils sont incapables de se supporter... Au point que Taichi l'ait viré du conseil des étudiants, au bout d'un moment. Je crois que tout le conseil était bien content quand la tension s'est dissipée.

« Alexis ? Fait Florian, en plissant les yeux. Attends... tu parles de...

— Alexis Miralles, l'Ultime Acteur X, grommelle Emerens. Mon ex. Et je veux pas entendre la moindre question indiscrète, merci. »

Je flanque un coup de coude à Florian au cas où il serait tenté quand même. Oui, parce que ce pauvre Emerens s'en est pris quantité, de questions. Et pas que ça le dérange d'habitude, j'veux dire, il est ami avec Aloïs Sakai. C'est juste que ce mec est un cas un peu particulier. Si on puit dire.

Heureusement, Florian n'est pas un gars trop indiscret. Je vois bien la tronche qu'il fait, et honnêtement je le comprends, hein. Quand on t'annonce être sorti avec un acteur X, c'est normal que ça fasse hausser quelques sourcils. Mais il se contente de hausser les épaules, avant de soupirer.

« Rupture difficile ?

— Ouaip. Longue histoire, ricane Emerens, mais disons que depuis c'est un petit peu la haine intersidérale entre nous. Et comme il s'est fait virer du conseil des étudiants et que je préside une des branches...

— Les fêtes, c'est le bordel, je vois. T'inquiète, rigole Florian, vu comment ce mec est populaire, je pense qu'il va surtout se faire coller par une bonne partie de ma promo. Ça ne m'étonnerait même pas que Seung-Il tente de le filmer. »

Emerens ricane, avant de se décoller de moi, et réajuster sa veste.

« Interdit de me montrer les rushs, et je dis ça parce que quelqu'un a essayé. Au fait, Floflo ! T'es avec Seung-Il pour l'activité, donc fais-lui passer le message ! je file, moi, à plus ! »

Aïe, aïe, aïe, la grimace de Florian était très évocatrice, là. Quelque chose le dit que ça va secouer, cette petite sortie dans les classes d'Hope's Peak. Le pauvre, je le plaindrais presque, si Emerens ne s'était pas chargé en personne de suivre notre groupe pendant mon propre tour des classes... Bon courage, p'tit frère, bon courage.

Après m'avoir fait un bisou sur le front, Emerens s'est cassé, à toute vitesse. Florian me jette un œil peu amène, sans doute parce que je suis en train de ricaner, avant de faire de même, un peu moins vite. Sans doute pour rejoindre sa classe. Il va bien falloir, à un moment.

Je ricane. Bon. Moi, je vais devoir trouver Hibiki en vitesse, avant de me retrouver à sécher. Pas que j'en aie pas envie, entendons-nous, j'ai FAN, bordel de merde. Mais boooon, disons que c'est pas le jour pour se prendre un rendez-vous avec le directeur.

***

« DES BONBONS OU UN SORT !!! »

Michiru et Teiji viennent de sursauter, avec une sur-exagération assez comique. Enfin, je sais pas vraiment si c'était de l'exagération, mais pour calmer mon ego, et aussi parce que Michiru est morte de rire, on va considérer que c'en est.

Il faut dire, quand même, que mon costume est magnifique. Cette année, j'ai décidé d'être une magnifique sorcière sexy. Avec sa robe à jupons toile d'araignée, les manches en dentelle, le chapeau surdimensionné orné de roses noires... Et puis le décolleté assez plongeant, qui arrive à peu près à mon entre-poitrine. Le maquillage est suffisant pour ajouter la touche de terreur, et aussi le fait que je sois une excellente actrice.

J'ai l'objectif non sans ambition de rentrer chez moi avec trois dates au maximum, bien évidemment. Mais bon, pour le moment, je remplis mon objectif secondaire, c'est-à-dire terrifier un maximum de gens sur le chemin. On verra après pour la grande séduction spéciale Mareva Van Heel, ça peut attendre le bal.

« Joli costume, ma jolie, ricane Michiru en me faisant un clin d'œil. Tu comptes passer dans la salle des 2019 dans un futur proche ?

— Mais évidemment, je pouffe en lui rendant son clin d'œil. Je m'en voudrais de rater cette occasion... En plus, Elvira veut des photos de sa gay panic en attendant le gala, donc bon... »

Parce que oui, je sais très bien de qui Michiru parle. Au bout d'un moment, je suis pas aveugle, hein... Quoi ? Florian ? Chhhhhht, je veux pas vous entendre. Et toujours est-il que je veux voir sa tête, à Lan Yue, lorsque j'arriverais dans toute ma splendeur dans la salle de cours des 2019. A peu près autant que j'ai envie de voir Ichiko entre deux murs de cette école...

Michiru pouffe, avant de me faire un clin d'œil et de retourner s'asseoir à sa place. Je récupère quelques bonbons d'Artiste, qui semble peu apprécier cette charmante tradition. Parce que c'est Emerens qui la mène ? Allez savoir, je sais que ce prof déteste mon grand frère, mais j'ai jamais compris pourquoi.

Nhan me jette un regard jugeur. Eh ma puce, c'est pas ma faute si j'ai monopolisé tous les regards, même si ton costume de poupée maléfique est magnifique. Et visiblement suffisant pour attirer les regards tendancieux de monsieur Son junior. Je ne vois pas de quoi elle se plaint, tiens... Enfin, on en reparlera quand j'aurai récupéré mes sucreries.

Je tends mon sac pour faire le partage, et évidemment, Akimune pioche tout de suite dedans, ce sac. Tahel, plus mesurée, s'empare d'une sucette égarée, et Yui dont j'ai eu la malchance d'hériter comme partenaire tente de trouer le sac pour récupérer tout ce qui en tomberait. Bien essayé, mais j'ai reculé le sac. Pas de mauvaise blague de ce genre avec moi, je suis une Van Heel, j'ai l'habitude...

« Bas les pattes, Kawanishi, il en faut pour tout le monde ! »

Yui fait une moue boudeuse, tandis que Stefan, actuellement un magnifique pirate, s'esclaffe.

« Doucement la pioche ! On reparlera plus tard de triche à la répartition...

— Parce que tu connais très bien les affres de la triche, n'est-ce pas Stefan ? Rigole Akimune. Allez, on devrait aller avec les 2020, faut que tu passes à l'abordage du cœur de ton chéri !

— On fait dans l'ordre, bande de gamins, je soupire, amusée, pendant que Stefan flanque une baffe joueuse à Akimune. D'abord, la classe Réserve de 2017, puis 2018, et ainsi de suite ! Sinon, on va se faire tirer les oreilles... Déjà que Judicaël nous a demandé de nous débrouiller tous seuls parce qu'il devait finir de gérer le gala...

— T'es pas drôle, grommelle Yui, sa moue de gamin sur le visage. Moi, j'ai pas envie de suivre l'ordre. »

Je soupire avant de lui pincer la joue.

« C'est pourtant ce qu'on va faire, sale gosse. Allez tout le monde, on se bouge, on a onze classes à visiter ! »

Tout le monde m'emboîte le bas, de manière plus ou moins réticente. Eh, il faut bien que de temps en temps, quelqu'un assume le rôle de chef de famille...

Nous arrivons, non sans peine, à la salle des 2019, le sac de bonbons bien plus plein et dans le cas de certains, le ventre sacrément bombé. Non Stefan, non Yui, ce n'est pas vous que je vise, paaaaas du tout. Visiblement, c'est l'heure de réseau pour eux aussi, puisque quand on rentre, l'intégralité de la promo 2019 est assise sur leurs tables en train de bavarder ; et notre arrivée ne passe pas inaperçue puisque Mashiro, à peine fûmes-nous rentrés dans la salle, laisse échapper un sifflement extrêmement homosexuel. Suivi d'ailleurs d'un commentaire d'autant plus pd.

« Heeeeeeey ! Mais que voilà des charmantes demoiselles, libres pour jeter des sorts avec moi plus tard ?

— Un autre jour, peut-être, Mashiro, » je pouffe pendant que Tahel réajuste son cosplay de Foxy l'air de se demander ce qui plaît tant à miss Sappho là-dedans, et que Nhan rougit, cachée derrière Akimune. « Pour l'instant, j'ai envie de faire jouer de mes très nombreux charmes sur quelqu'un d'autre. »

Thibault, qui a bien évidemment compris qui est le quelqu'un d'autre, éclate de rire, et lui et Louna poussent devant eux un.e Lan Yue écarlate qui n'a visiblement pas eu le temps de se remettre de sa panik. Je laisse se former sur mes lèvres un léger sourire en coin, avant de me diriger non sans une grâce exagérée vers luel. Ce.tte dernier.e a un large sourire à mon approche.

« Salut Reva... Tu as une place de libre pour le poste de familier ?

— Toujours, je rigole en lui soulevant le menton. Mais c'est un job à risques, il faut supporter tous mes essais de charmes en permanence...

— Oh crois-moi, je suis déjà charmé.e rien qu'à ton arrivée ! »

Et iel me fait un petit finger guns, cette espèce de dork. Je pouffe, avant de lui tapoter la joue.

« Avouons-le, tu es fait.e pour le poste. Je te retrouve ce soir pour un exposé de ta... motivation ? »

Ah, je crois qu'iel s'y attendait pas. Lae pauvre est rouge tomate, et visiblement très surprixe de ma dernière phrase. Eh, je sais que je suis la moins horny du lot, très cher, mais quand même, je reste une Van Heel, et quand j'ai envie de mettre le grappin sur quelque chose... J'ai bien envie d'en rajouter mais Nhan vient de se racler la gorge, ce qui rappelle assez brusquement à mon attention que je suis censée collecter des bonbons. Tant pis. On parlera familiers ce soir.

À côté de bien d'autres choses.

***

Fufufufufufu, devinez qui a fait collection de roses ?

En plus, j'ai le costume idéal pour en distribuer, enfin presque. Disons que cette année, j'ai laissé tomber l'éternel vampire... Il faut bien changer de temps en temps, même s'il faut bien avouer qu'avoir une excuse pour tenter de planter mes dents dans le cou des gens était très rigolo. Mais cette fois, avec l'aide d'Humberto toujours ravi de m'aider en termes de costumes, j'ai mis à profit beaucoup de temps et de thunes pour faire un truc particulièrement tape-à-l'œil. Largement de quoi attirer tous les regards.

Ledit Humberto est d'ailleurs en train de porter les dernières touches à mon costume. Lui est déjà habillé, il ne lui manque plus que son maquillage, qu'il n'a sans doute aucune envie de gâcher en transpirant dans sa concentration ; c'est un magnifique squelette en costard, avec des os en relief que même Reina ne pourrait qualifier d'autrement qu'anatomiquement correct. Bon, sans le maquillage, c'est un peu moins impressionnant, mais je lui fais autant confiance pour le sublimer avec que pour ne pas me piquer avec cette aiguille dont il se sert pour ajuster les ourlets de mon manteau...

Quelques points supplémentaires et Humberto finir par enfin couper le fil dont il se sert. Avant de se redresser, un large sourire content aux lèvres.

« Et voilà, tu es prêt à en mettre plein la vue aux autres ! Si avec ça tu gagnes pas le concours de costumes...

— J'espère que tu dis pas ça à tous ceux à qui tu as cousu un truc, Flores, je ricane, parce que j'ai pas envie d'être déçu au moment fatidique.

— Oh mais je suis sincère, très cher, pouffe Humberto en rangeant son matériel. Je me suis sans conteste surpassé sur toi, ton idée était encore plus inspirante encore que ta personne, et ça, c'était plutôt difficile à atteindre... »

Le Costumier me fait un clin d'œil, avant de prendre la rose à sa ceinture et de jouer avec dans un geste très calculé. Je ne peux m'empêcher de pouffer.

« Merci beaucoup, bien évidemment. Qu'est-ce que je ferais sans le grand Humberto Flores pour mettre en valeur ma magnifique beauté ?

— Un plaisir, Emerens, réplique Humberto avant de me faire un nouveau clin d'œil. J'ai adoré te concevoir ce costume. J'espère que j'aurai le même plaisir à te l'enlever... »

Oh je le connais ce sourire en coin. On dirait presque le mien. Pas difficile de deviner le sens qui se cache, de manière peu discrète, derrière cette phrase pourtant si innocente. Enfin, on parle d'Humberto, à peu près tout ce qu'il dit est aussi innocent que ce qui me passe par la tête quand je fais un brainstorming pour mes nouvelles érotiques...

Mais je suis moi-même, et laisser passer une opportunité pareille serait aller contre ma nature profonde. Je lui rends donc son clin d'œil sans oublier de décrocher ma propre rose de ma ceinture, avant d'amorcer un geste suffisant pour que ses pétales lui effleurent le menton.

« Ça, mon cher, il ne tient qu'à toi de le découvrir. On en parlera quand je devrai inévitablement enlever ces accessoires fort encombrants pour mes performances... »

Oui, parce qu'Humberto s'est surpassé sur ce point. Mais ça... Nous verrons plus tard, j'ai des priorités dans qui je dois éblouir en premier.

L'air plutôt ravi de ce potentiel rendez-vous, Humberto me fait une petite révérence, avant de me faire signe de partir. Je me lève, en essayant de m'habituer au nouveau poids que je sens sur mes omoplates, avant de doucement me diriger vers la porte. Il serait dommage que j'accroche quelque chose avant même de sortir.

La salle de réception de l'école est presque noire de monde. Normal, Halloween accueille presque autant de monde que les galas de fin d'année, puisque souvent les élèves utilisent sans compter leur autorisation à ramener des plus un. Partenaires ou autres. Et je peux rien dire, moi, je me suis servi de mes privilèges pour faire rentrer Elvira, qui n'est même pas passée par Hope's Peak...

Je ne vois pas cette dernière, d'ailleurs. Elle a sûrement dû retrouver Lan Yue, vu que je ne suis pas dans la salle. Ou alors elle est avec Mareva. J'espère que personne ne l'emmerde de trop près, je n'ai vraiment pas envie de m'énerver le soir d'Halloween... De quoi je tente de me persuader, là. Je sais que je n'y couperai pas.

Je pousse un profond soupir. Personne ne va tenter de ruiner ma soirée pour le moment. Je dois me calmer, le plus longtemps possible, et profiter de la fête.

Un bruit attire mon attention près de la porte. C'est Fan, dans un kigurumi panda squelette, un crâne pendant à ma ceinture, qui vient de siffler plus que probablement en me voyant. Je me retiens de lever les yeux au ciel. Ce prof frôle les limites de la pédophilie, certes, et si ça n'en tenait qu'à moi il aurait perdu son job et eu un backlash Twitter suffisant pour le faire retourner dans sa grotte ; mais c'est un prof d'Hope's Peak et de par le fait, il est intouchable. Je dois donc me montrer poli.

« Monsieur Fan ! Un problème ?

— Pas du tout, mon petit Emerens ! Je me disais simplement que tu t'es surpassé cette année ! C'est Humberto qui t'a conçu ces accessoires ? »

Je le trouve trop enclin à démarrer une conversation là... Pas envie de causer à un professeur et encore moins celui-ci, mais je peux difficilement me barrer comme ça. Hmmm... Qu'est-ce qui pourrait bien faire fuir le prof ?

Oh tiens là-bas... Mon prétexte favori et les sujets de mon dernier roman, comme par hasard !

« Hmm hmm, c'est lui. Toujours aussi doué dans ce qu'il entreprend. Dites, monsieur Fan, vous aviez vu que messieurs Shérif et Quechua ont l'air d'avoir pris des costumes assortis ? Je me demande si c'est volontaire... D'ailleurs, même monsieur Sherpa a l'air de se poser la question... Regardez, c'est eux, là-bas ! »

Un profond soupir s'échappe des lèvres de Fan.

« Évidemment qu'ils ont fait ça de manière « involontaire »... Nom de Fusae, si j'entends encore une fois le mot « bro » dans une conversation, je les enferme dans le placard dont ils ne veulent pas sortir ! D'ailleurs je ferais mieux d'y aller, s'ils sont là, votre fidèle serviteur a des infos de qualité à collecter ! Tu cherches toujours des idées pour une suite, pas vrai ? »

Je dresse l'oreille. Là, il sait comment me parler.

Devant mon approbation, Fan me salue, avant de se diriger vers le pilier le plus proche des trois imbéciles homosexuels pour se planquer derrière. Bon, je m'expose à un rapport sur combien de fois ils se sont réaffirmés leur « b »romance mutuelle en l'espace de cinq minutes, mas c'est pour la bonne cause, dirons-nous...

Je m'avance dans la salle, non sans attirer de nombreux regards plus ou moins jaloux ou appréciateurs, avant de repérer une... oh, non, même deux de mes cibles préférées accoudées au buffet. À savoir, Louna et Senri, qui sirotent du champagne en discutant sans doute de banalités, vu leurs expressions détendues. Raraka, le plus un de Senri vu que Wen Xiang était celui de Reina, les accompagne, mais ce n'est pas elle qui m'intéresse, je mets un point d'honneur à ne pas draguer les gens mono-amoureux en couple...

Je me dirige vers eux d'un pas peut-être un peu exagéré, et Louna redresse la tête en entendant le son de mes bottes claquer sur le sol. Oui parce que la prothèse, ça n'aide pas à être discret. Et en attendant, c'est son tour de siffler.

« Eh bien ! Tu me fais la totale, mon chéri ! Qu'es-tu, un ange descendu du ciel ? »

Je lui fais une large révérence, alors qu'un mouvement soigneusement calculé des omoplates me permet d'écarter les superbes ailes noires artistiquement abimées qu'Humberto m'a attaché dans le dos.

« Mais naturellement, mon cœur ! Chuté du Paradis juste pour vos beaux yeux ! »

Elle n'a pas tout à fait tort, dans le fond. Mon idée de costume de cette année n'est rien de plus ni de moins qu'un ange déchu. Non, je n'ai pas fait Crowley, dites-le-vous. Même si je suis une personne d'une classe extrême et Humberto rempli d'un talent immense, je serais incapable d'atteindre le niveau de David Tennant. Mais je pense malgré tout être particulièrement remarquable, aujourd'hui, dans mon long manteau noir, mon pantalon de cuir moulant orné de pierres précieuses et surtout ces ailes extrêmement bien conçues qui réagissent presque aussi bien que si je les possédais naturellement...

« T'es sûr que c'est pas plutôt parce que t'es trop provoquant pour les Saintes Écritures de la Bible ? Ricane Senri pendant que je me redresse. Regarde-toi, ta chemise est assez ouverte pour qu'on voie tes pecs ! y'a le dragon qui dépasse, même... »

Raraka lève les yeux au ciel, pendant que je fais un clin d'œil à Senri.

« Il a bien fallu que tu les regardes, mes pectoraux, Senri, pour noter ce détail ! Blâme, enfin non, remercie Humberto, je ne me suis pas habillé tout seul...

— Pas de détails, soupire Raraka. C'est bien la dernière chose dont j'ai envie ce soir.

— t'en fais pas, reine des glaces, je pouffe. Je garde les détails croustillants pour plus tard, et surtout pour ceux qui veulent ! Parce que sinon, Louna va me tirer les oreilles, et je n'ai pas envie de voir ma crédibilité ruinée en cette si belle journée !

— Bon réflexe, Van Heel, pouffe cette dernière en agitant les doigts. Surtout que tes cheveux détachés, c'est une invitation à tirer dessus, et je sais que tu n'aimerais pas ça du tout, pas vrai ? »

Mais c'est qu'elle me menace, la vilaine ! Je suis outré, vexé, blessé... Et vous avez compris le principe, bien évidemment, je ne vais pas en rajouter. Je me contente de pouffer.

« T'en fais pas pour ça, je ne compte pas te laisser d'occasions de ruiner ma coiffure. Ce serait trop bête de ma part, surtout que j'ai un concours à gagner... Je te laisse à tes occupations, ma sorcière préférée, je dois aller vérifier que tout se passe bien avec l'installation du concours de costumes ! »

Mais je ne compte pas la laisser partir sans un dernier acte de ma spécialité.

Eh, je ne m'appelle pas Emerens Van Heel pour rien...

Laissant une Louna incapable de soupçonner quoi que ce soit poser sa coupe de champagne, je détache de nouveau ma rose de ma ceinture avec délicatesse, avant d'utiliser mon autre main pour m'emparer de la sienne et la lever vers mon visage. Et quel plaisir de voir son visage s'embraser alors que je lui fais un baisemain délicat, en refermant ses doigts autour de la tige de la fleur.

Raraka et Senri sont complètement blasés. Mais ce n'est rien à côté de l'expression absolument outrée de Louna, qui ne peut s'empêcher de détourner le regard en grimaçant, le visage plus rouge qu'un piment.

« EMERENS ! Bordel, Héloïse et Thal m'ont fait le coup y'a cinq minutes déjà, j'avais vraiment pas besoin que t'en rajoutes !

— Mais tu sais que je pouvais pas résister à ta beauté, ma chérie, je ricane. Garde la rose, c'est cadeau, elle sera parfaite à ta boutonnière... »

Elle détourne le regard, un faux air outré sur son visage. Je souris. Ma petite tsundere à moi. Et à Héloïse, Thal et Grisou aussi, je partage très volontiers, même si je suis techniquement arrivé le premier. Eh, regardez les dates, je la connais depuis 2015...

En attendant, j'ai effectivement pas mal de choses à faire. Je prends donc congé de Louna, Senri et Raraka après un dernier clin d'œil à ces derniers, et me dirige vers un autre coin du buffet. Tout a l'air d'être bien décoré comme il le faut, tant mieux.

De ce que je vois, la fête bat son plein sans aucune connerie. Un regard au loin m'apprend que Mareva, Elvira et Xiao Wei ont coincé Lan Yue dans un coin. Lae pauvre, je me demande avec combien de traces de rouge à lèvres il va se sortir de là. Il y a aussi El, absolument magnifique dans son costume que je n'arrive pas à reconnaître mais qui a l'air super élaboré, qui fait de l'œil à Héloïse et Shailey sans la moindre gêne. Cette pauvre Héloïse va finir morte sous la gay panic avant la fin de cette soirée... Un peu plus loin, Grisou cause avec Aloïs, conversation à laquelle j'aurais bien ajouté mon grain de sel si j'étais pas de surveillance. Faire gay panic des pds, ma spécialité. Et la musique que fait passer Veikko semble avoir donné envie de danser à Sachiko et Sukina, puisqu'elles se déhanchent sur la piste sans faire la moindre connerie, ce qui est rare. C'est même tellement exceptionnel que je pourrais dire que tout va bien dans le meilleur des mondes.

Mais on est pas à l'abri d'une blague d'Alexis.

Je soupire. Rien que d'y penser, ça me file la gerbe. Au moins, quand il était au conseil des étudiants, il voulait aussi peu que moi ruiner les évènements, même si c'était impossible de travailler avec lui. Là maintenant... Tout ce qui l'intéresse, c'est me gâcher la vie. Rancunier much ? Je veux pas savoir, c'est sa faute.

Nouveau soupir. Pas envie de penser exs maintenant.

C qui est très con parce qu'il y en a une qui se dirige vers moi là maintenant.

Bon. C'est pas la mienne. Et ça m'aurait presque arrangé, parce que j'ai une relation plutôt cordiale avec quiconque m'a date dans un passé lointain et n'est pas ce connard d'Alexis. Mais la personne qui se dirige vers moi, rousse aux yeux bleus presque trop clairs pour que ce ne soient pas des lentilles, ce n'est pas mon ex. C'est celle de Thibault.

Ce qui n'est pas mieux.

Et visiblement, c'est bel et bien moi que Maylis Lenôtre essaie de voir, vu son regard vrillé sur ma certes magnifique mais peu intéressée personne.

Pas moyen de m'échapper de cette situation désespérée. Je me contente d'accepter mon sort et de laisser la Réserviste se diriger vers moi. Allez, Emerens, tu peux bien tenir cinq minutes sans enfoncer la tête de quelqu'un dans le punch...

Maylis se plante devant moi, les bras croisés. Son costume de loup-garou rend bien mine de rien, mais j'ai pas envie de juger de l'attractivité des gens en cet instant précis. Un, parce que je n'aime pas les exs de mes partenaires, surtout quand ça a mal fini. Deux, parce que Maylis était pas vraiment quelqu'un que je pourrais qualifier de sain, même en étant tout à fait objectif.

Elle grommelle en voyant que je n'ai pas l'air d'être prêt à engager la conversation, mais franchement, je ne vois pas à quoi elle s'attendait de moi.

« Chouette costume.

— J'te rends le compliment, je grommelle, à contrecœur. Tu voulais quelque chose, Lenôtre ?

— Oui. Te parler. »

Suuuuupeeeeer. A tous les coups, je vais servir de psy. Et servir de psy à Maylis Lenôtre, c'est vraiment pas mon but dans la vie.

Je lève les yeux au ciel.

« Mais vas-y, j't'en prie, j'ai que ça à faire dans la vie ! Je n'ai pas du tout une fête à superviser ou un concours à préparer, noooon...

— Tu es vraiment double-face, fait Maylis en pinçant les lèvres. Mais t'inquiète, ça prendra pas longtemps. C'est à propos de Thibault...

— Oh si, quand tu me dis ça, je sais que ça va prendre du temps. Qu'est-ce que tu lui veux ?

— Rien. J'essaie juste de trouver la bonne manière de lui parler à tête reposée. Il y a des choses dont je me suis rendue compte dont on doit vraiment discuter... »

De nouveau, mes yeux roulent dans leurs orbites. Mais c'est qu'elle insiste, la madame.

« Puce, on parle pas de juste quelques choses, on parle d'un dossier entier. Que je ne vais pas citer, tu sais très bien de quoi je parle. »

Elle pousse un profond soupir, avant de décroiser les bras.

« Oui, ça je sais. Et je vais pas te faire l'affront de te dire que je cherche à réparer notre relation originelle. Mais j'aimerais bien qu'on soit en bons termes et ça commence par m'excuser et faire amende. Et je peux pas faire ça s'il m'évite en permanence ou si t'as ta langue fourrée dans sa bouche à chaque fois que j'essaie de me ramener. »

... Passons sur le fait qu'elle critique sans aucune gêne ma manière de rouler des pelles à MON partenaire.

S'excuser ?

Faire amende ?

J'ai presque du mal à y croire.

Le pire, c'est qu'elle a l'air vraiment sincère. Je sais plutôt bien détecter quand les gens de son genre me cachent des trucs, et là, elle dit plus ou moins tout ce qu'elle a en tête. Et franchement, franchement, ça me fait presque me détendre. Presque, parce que j'ai toujours du mal avec les exs, mais là c'est mon biais cognitif personnel qui parle.

Je chope une coupe de champagne non loin pour m'aider à faire passer la pilule.

« T'as conscience que je vais pas t'aider à ce que vous vous remettiez ensemble, si c'est ça que t'es venue me demander.

— J'te dis que non, grogne-t-elle, agacée. Je te demande juste d'éviter de servir de distraction surprise. Tu peux bitcher sur moi autant que tu veux dans mon dos, je m'en fous, et je demande pas à ce qu'on s'entende magiquement bien. J'veux juste enterrer la hache de guerre. Tu peux faire ça, Van Heel ? »

... Ouais, dit comme ça, ça paraît quand même assez raisonnable.

Et puis, son petit discours est quand même convaincant. Disons que je vais pas non plus être le dernier des enculés, si ça peut faire en sorte que Thibault cesse de lui casser du sucre sur le dos à longueur de temps.

Je finis par hausser les épaules.

« Ouais, je peux faire un minimum d'efforts. Et puis entre nous, j'ajoute, un peu amer, t'as pas un classeur tout rose, mais j'ai vu pire, en termes d'ex toxiques. Au moins, toi, t'essaies de réparer tes erreurs, au lieu de te comporter comme un gamin.

— Tu vises quelqu'un ?

— j'vois pas de quoi tu parles. »

Elle pouffe, un léger sourire ironique qui se forme sur son visage.

« Roh, arrête. Toute l'école est au courant qu'il y a un énorme fight entre toi et l'Ultime Acteur X. Les paris sur ce qui a causé ça sont assez nombreux, mais je suis belge, je te rappelle, mon gars. J'ai suivi l'actu française pendant un bon moment, je sais que vous étiez ensemble. »

Eh bah bonjour la discrétion ? Enfin je peux pas vraiment dire ça, le nombre de questions que je me suis pris en pleine face... Surtout que je suis pas spécialement l'Ultime le moins connu de l'école, et qu'un acteur X, ça fait parler de lui rien que par son titre. On va dire que je l'ai cherché.

Maylis, devant mon expression agacée, ne peut retenir un petit rire.

« Eh oui, c'est ça la célébrité. Les rares moments où je suis bien contente d'être Réserviste. Et aussi parce que j'ai pas à me payer sa tronche en permanence.

— Ah ça, oui, vous avez de la chance, à la Réserve... Dieu merci, je grogne, et je dis ça en tant que pur athée, il est pas dans ma promo, il est dans celle de Sachiko. Les 2018 sont habitués aux gens chiants...

— Pas que eux si vous voulez mon avis... Eh, d'ailleurs, c'est pas lui là-bas, en train de tenter de draguer Sharon Al-Rashid ? »

En train de faire quoi maintenant ?!?

Je me retiens tout juste de recracher la gorgée de champagne que je venais d'avaler, et me tourne précipitamment vers la direction que Maylis me montre, l'air un peu dégoûtée. Et manque, par la même occasion, de faire exploser mon verre de champagne entre mes doigts.

C'est bien lui, pas de doute possible. Je reconnaîtrais cette touffe brune entre mille, et au cas où c'était pas évident, son costume de démon dévoile l'intégralité de son dos et sûrement aussi de son ventre, et je peux discerner même au loin le tatouage de dragon rouge sang qui s'enroule sur l'intégralité de la peau de son dos. Dire que c'est lui qui m'avait donné l'idée... Erk.

Mais ce n'est pas tant ça qui me fout les nerfs en boule. C'est le fait que Maylis a raison. Il est effectivement juste à côté de Sharon, presque en train de la kabedonner, et je peux voir au loin tous les appels au secours qu'elle tente de transmettre à qui voudrait bien l'aider.

Trop, c'est trop.

Je sais très bien pourquoi il fait ça. En général, Alexis drague surtout les personnes dites conventionnellement attractives, et même si Sharon est un modèle de mignon, elle ne répond pas tellement à son type de personnes. Sauf qu'il sait TRES BIEN qu'elle est avec moi. C'est sa manière de me faire chier le soir d'Halloween.

Et franchement, il n'aurait pas pu trouver de pire méthode.

Je repose doucement ma coupe de champagne, essayant du mieux que je puisse de ne pas laisser transparaître ma rage. Pas le moment. Maylis, me voyant faire, hausse les épaules, mais, et je veux bien lui accorder ce mérite, n'insiste pas une seule seconde et se contente de s'éloigner. De toute façon, ce n'est plus elle qui m'intéresse. C'est la raclée, physique ou mentale je ne sais pas, que je vais coller à cet insupportable enfoiré.

Je ne suis visiblement pas le seul à avoir remarqué la situation compliquée dans laquelle est ma pauvre Sharon. Salimeh se dirige vers elle avec Tomyris et un bâton de kendo que lui a probablement prêté l'Ultime Artiste Martiale. Bonne initiative. Mais avant qu'elle n'ait pu se faire remarquer de mon salopard d'ex-copain, je lui attrape l'épaule.

« Tu veux bien attendre une minute, Salimeh ? »

Cette dernière se tourne vers moi, sans doute prête à protester, mais ses mots meurent dans sa gorge lorsqu'elle voit mon expression. Elle se contente de tousser, avant de jeter un regard vers la situation dangereuse.

« Si tu te rates, j'interviens.

— J'entends. Mais je ne suis pas exactement étranger à cette situation, et j'entends bien réparer mes conneries. Et accessoirement, je veux être le premier à lui foutre le gnon que cet enfoiré mérite. »

Je crois que le message est passé. Ma voix est suffisamment glaciale pour que même Salimeh en ait un frisson, et Tomyris se contente de hocher la tête, avant de me faire signe de me dépêcher. Pas besoin de me le dire deux fois. Je relâche Salimeh avant de me diriger d'un pas lourd vers Alexis et Sharon.

C'est elle qui me remarque en premier. Je vois son visage bien tordu par la panique s'éclairer en voyant que je m'approche en vitesse. Mais si Alexis se rend compte du moindre changement dans son expression, il n'a pas le temps de les enregistrer, ou même de faire action de son instinct de survie en retirant de lui-même sa main de l'épaule de sa victime.

Il n'en a pas le temps, parce que c'est moi qui le fais à sa place. Et je l'éloigne d'elle avec tout le calme et la délicatesse que ma colère noire me laisse exprimer.

« Je peux savoir, je gronde, lentement afin de ne pas me mettre à hurler, ce que tu es en train de faire ? »

Alexis considérait sans doute son but atteint, parce que je vois sur son visage l'ombre d'une expression arrogante alors qu'il se tourne vers moi, sans retirer son poignet de ma prise. Mais son expression se fige net en voyant mon visage. Et l'ombre de terreur que je vois passer sur ses traits fins est on ne peut plus satisfaisante.

Sharon en profite pour se reculer, osant à peine me lancer un regard de remerciement. Je peux comprendre. Toute ma rage est en train de déborder, je montre les dents et tout le self-control que je consacre à ne pas écraser le poigner d'Alexis ne me permet pas d'empêcher mes yeux de lancer des éclairs. Salimeh en profite pour se rapprocher et la prendre dans ses bras, tandis que Tomyris passe en mode goliath pour darder un regard noir sur mon fils de chien d'ex copain.

Qui récupère vite un semblant de contenance.

« Voyez qui voilà ! Emerens Van Heel en personne, quel honneur ! »

Son sourire ironique ne m'a pas échappé. Mais j'ai autre chose à penser que le dégoût que ma présence lui inspire.

« Je t'ai demandé ce que tu étais en train de faire, Miralles. À ce que je sache, Sharon ne t'a jamais dit qu'elle était d'accord avec le fait que tu la dragues aussi éhontément ? »

Il lève les yeux au ciel.

« Loin de moi l'envie de vouloir te piquer une de tes conquêtes, même s'il paraît que tu t'en fous de qui empiète sur ton terrain de chasse... j'essayais juste de discuter avec elle ! Elle m'aurait dit non, je me serais cassé... »

En sachant que Sharon n'avait pas du tout la présence nécessaire pour dire non, timide comme elle est ?

Je sais qu'elle s'est beaucoup affirmée pendant notre scolarité, et c'est tant mieux, mais il n'empêche que face à quelqu'un qui l'empêche d'en placer une, je doute qu'elle ait réussi à exprimer clairement qu'elle n'était pas intéressée. Et toutes ses belles paroles n'empêcheront pas le fait qu'il s'en fout, il voulait juste me faire mal.

Eh bien c'est réussi.

Mais ça va se retourner contre lui.

« Discuter, oui, vous aviez l'air de vachement discuter en effet. Si même Salimeh a fini par intervenir... Enfin je devrais dire surtout Salimeh, je siffle, rictus aux lèvres, puisque sa spécialité c'est de défendre les femmes et les minorités de genre des charognards de ton espèce... »

Salimeh hausse un sourcil, mais me lance un regard de remerciement. Je lui adresse un léger signe de tête pour accuser réception du message, pas beaucoup, je suis trop concentré sur quelque chose de plus important, genre, éviter de péter la gueule à mon ex en plein milieu d'une réception que je ne voudrais surtout pas ruiner.

D'ailleurs, à tous les coups, c'est son plan.

Hors de question de lui donner ce qu'il veut.

Alexis, sans doute essayant de reprendre l'ascendant, tente de dégager son poignet, mais je le retiens trop fort. En désespoir de cause, il lève les yeux au ciel.

« C'est ça, fais le défenseur de la femme et de l'opprimé alors que tout ce qui t'intéresse, c'est son cul... Essaie un peu de me faire peur avec tes grands airs, histoire de cacher ta propre pourriture d'esprit. Dans ce sens-là, t'es pas mieux que moi, mon cher. Surtout que t'es encore plus un salopard vu que tu lui donnes de l'espoir ! Qui se permet de donner des leçons maintenant ? »

...

Il ne vient pas de me sortir ça, pas vrai ?

Je cauchemarde ?

Devant Sharon ?

Alors que ça tape en plein dans une de ses plus grosses craintes ?

...

Je vais le tuer.

Je vais vraiment le tuer.

Au diable la fête.

Mon poing se resserre sur son poignet. Le moindre mouvement bien placé de ma part dans cette position fait péter au moins l'articulation, mais je préfère qu'on ne m'accuse pas de destruction de patrimoine, il paraît que cet infâme salopard est part du trésor national corse. On se demande bien pourquoi, tiens, vu à quel point il est moisi à l'intérieur. A la place, je me contente de l'attirer à moi d'un geste brusque, assez brusque pour qu'il perde l'équilibre, et assez bien placé pour qu'il se retrouve en position très compromettante, son visage à quelques centimètres du mien. Assez près pour comprendre que je n'hésiterai pas à lui arracher son sourire satisfait à grands coups de dents si l'envie s'en fait sentir. De toute façon, rajouter du sang à mon maquillage ne fera que sublimer mon costume.

Nous respirons presque le même air dans cette position, et il s'en rend bien compte puisqu'il est figé comme une statue. Il n'ose d'ailleurs pas ajouter la moindre connerie alors que je le fixe droit dans les yeux avec toute la haine que je suis capable de dégager, c'est-à-dire une certaine quantité.

Ah, tu voulais que je te fasse peur ?

Eh bien je vais être terrifiant.

« Je te conseille de bien m'écouter, si toutefois tes faibles capacités de sourd à la présence du monde sont capables d'enregistrer ce que je vais te dire, je siffle, prenant soin de détacher chaque mot. Insulte-la encore une fois, ose insinuer une seule fois que je ne me préoccupe pas d'elle à sa juste valeur, c'est-à-dire bien plus que tout ce que tu n'as jamais atteint de toute ta vie, et je t'assure que je prendrai soin de ruiner ta carrière jusqu'à ce que même les sites illégaux ne veuillent même plus de ton visage de fuckboy à l'écran. Et tu sais parfaitement que j'en ai les capacités. Je me suis bien fait comprendre ? »

Je le vois bien, sur son visage, qu'il aimerait bien rétorquer quelque chose. C'est dans sa nature, lui et son arophobie notoire sont juste incapables de concevoir le fait que je puisse être aromantique et tenir à quelqu'un. Pourquoi il croit que je l'ai quitté ? Mais visiblement, j'ai produit exactement l'effet que je voulais, puisque chacun de ses débuts de réplique se bloquent dans sa gorge et ne le rendent capable que de produire des petits sons particulièrement pathétiques.

En désespoir de cause, il concentre toute son énergie dans le poignet que je retiens toujours, et finit, avec je l'avoue un peu de complaisance de ma part, par me l'arracher. La terreur que je voyais sur son visage finit par se dissiper, remplacée par un mépris qui n'est que le miroir que celui que j'éprouve pour sa misérable personne. Mais il a l'air d'être assez écrasé comme ça, puisqu'il se contente de renifler.

« C'est ça ! Perds-toi dans tes fantaisies de pouvoir, de toute façon ce n'est pas comme si tu étais capable de mettre vraiment tes menaces à exécution ! »

C'est sur ces mots qu'il s'éloigne, non sans masser son poignet que je vois rougi par ma poigne. Mais je n'en ai pas fini avec lui. Il ne me croit pas capable de ruiner sa réputation ? On va lui refiler un petit avant-goût.

« Au fait ! »

Il se retourne.

« Quoi encore ?!? »

Je souris. Un sourire particulièrement sardonique.

« Pour que ce soit clair entre nous, je lui lance, à voix suffisamment haute pour attirer l'attention des gens autour, t'es un des plus mauvais coups que j'ai jamais eu, hein. La recherche de performance à tout prix, ça satisfait clairement pas son homme ! »

Tomyris se frappe le front, et je vois Salimeh hésiter entre le rire et le horny bonk. Sharon, la pauvre, est rouge tomate, sans doute la mention de fesse, même si je pouvais pas vraiment faire autrement pour un Acteur X. Mais les quelques personnes autour de moi, parmi lesquelles je reconnais Alannah, Stefan, Judicaël et Altaïr, sont mortes de rire et Akimune pointe même du doigt Alexis avec une expression mi incrédule mi hilare.

Ce dernier, l'air de comprendre ce que je viens de déclencher, jure en ce qui me semble être un langage corse et se casse le plus dignement possible, poursuivi par les rires. Et moi, je le regarde partir, encore furax mais savourant ma petite victoire. Ah, tu me crois pas capable de ruiner ta réputation ? Non seulement je vais le faire, mais je vais prendre mon pied, pauvre con.

Ce ne sera jamais qu'une montée en puissance de la guerre qu'on se livre.

Dont je sais très bien qui ressortira victorieux.

Alexis hors de vue, je me permets de prendre une profonde inspiration, le temps de me calmer. Avant de me tourner vers Sharon, Salimeh et Tomyris.

« Désolé pour la scène.

— Pas grave, sourit Salimeh. Franchement, tu m'as étonné.e, sur ce coup-là. Je te croyais pas capable de flanquer autant la trouille à un con de son espèce.

— On va dire qu'il vaut mieux ne pas m'énerver. Ça va, Sharon ? »

Cette dernière pousse un profond soupir. Son air un peu tristoune me fend le cœur.

« Oui, oui... Merci beaucoup. »

Je me penche vers elle, avant de doucement lui pincer la joue.

« Eh, mon cœur, on en reparlera à tête reposée ce soir si tu veux, mais faut pas l'écouter, hein. Je l'ai largué parce qu'il était arophobe, il ne sait pas de quoi il parle. Évidemment que je tiens à toi, et je me fiche pas mal de ce que tu m'accordes sexuellement parlant, si ça peut être un sujet d'inquiétude supplémentaire...

— ... Je compte pas écouter un gars que je connais à peine au-dessus de mon partenaire, soupire Sharon. Ne t'en fais pas pour ça. »

Mais ça te travaille quand même un peu, pas vrai ? Je le vois à ta tête.

Je soupire, avant de l'enlacer doucement, mes ailes suivant naturellement le mouvement. Elle se laisse doucement aller contre moi, et je savoure le câlin quelques minutes. Du moins, avant qu'une main ne me tape sur l'épaule.

C'est Achroma. Et vu comment son pied tapote doucement le sol, on dirait que je vais avoir du boulot.

« Tu veux quelque chose ?

— Emerens, soupire doucement cette dernière. Je voudrais surtout pas déranger, mais on attend plus que toi pour le concours de costumes. Valéry m'envoie te chercher et il m'a dit, je signe, « dis-lui de se magner le cul on a pris trop de retard ». »

Merde ! Avec tout ce bordel j'avais quasiment oublié que j'avais un prix à rafler !

A contrecœur, je relâche Sharon qui retourne immédiatement dans les bras de Salimeh, et je lui fais un clin d'œil.

« Je te laisse derrière à contrecœur, chatchat, mais il semblerait que le président de la faction évènementiel du conseil des étudiants ait comme qui dirait des obligations à remplir... De toute façon, avec Salimeh et Tomyris, tu es entre de bonnes mains ! je te retrouve après avec le prix, d'accord ?

— Non mais écoutez-le, pouffe Salimeh. Persuadé qu'il va remporter le prix de son propre concours.

— Eh que veux-tu, je suis trop exceptionnel pour ce monde. J'arrive, Achroma ! Je lui lance alors qu'elle me refait signe de me dépêcher. Je te rejoins dans les coulisses ! »

Elle hoche la tête, et je lui emboîte le pas vers lesdites coulisses au bout de quelques minutes. Minutes consacrées à glisser une nouvelle rose dans les cheveux de Sharon. Eh, on est un simp ou on ne l'est pas, n'est-ce pas ?

____

Hmmm, Halloween et du drama, quoi de mieux ?

Et ouais, Emerens est du genre farouchement protecteur- Il n'aime pas les ex, il n'aime pas ses ex, il supporte encore moins que l'ex qu'il aime le moins drague sa partenaire...

Si vous voulez d'ailleurs en apprendre plus sur sa relation avec lesdits ex vous savez ce qu'il vous reste à faire-

VOTEZ POUR LES FTE-

Pardon.

Sur ce je vais dormir car il est une heure du mat et hyperfix depuis deux jours sur cette nouvelle c'est pas bon pour ma santé mentale-

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top