La haine des autres n'est que le reflet de la haine de soi (AU sans Tuerie)
(TW : grosse crise d'angoisse et mention de comportement auto-agressifs, et puis y'a aussi un peu de violence verbale et de self-hate assez violent)
Ah, ça fait du bien d'être un peu seule au Manoir des fois ! Nan mais parce que tous ces gens qui sont en constant bisouillage et mamours, bah, ça va cinq minutes. Et je vais pas non plus dégager tout le temps de ma propre maison, hein, y'a des limites à ce que je peux encaisser.
Surtout qu'on est nombreux. On est seulement en 2021 et je crois qu'il y a déjà cinquante personnes dans cet immense bâtiment. Heureusement que deux d'entre elles sont Raraka Son et Reina Satou, parce que sinon bonjour le bordel pour avoir la thune et les permis de construire... Moi ? On va dire qu'avec mon passif avec la loi, même mon flouze n'est pas vraiment un allié. Pas que je me préoccupe de ces stupides lois humaines, mais quand il s'agit de rajouter une chambre parce que la petite amie du mec de mon mec a décidé de ramener une nouvelle polyamoureuse qui en traîne au moins deux autres derrière...
Bref. Toujours est-il que je suis seule à la maison, Thibault est en train de se faire un bowling avec Seo-jun, Lan Yue et Louna, et même Sukina et Royale sont je ne sais où. À tous les coups elles sont parties se trouver un hôtel... Ew, les bassesses de la condition humaine, je suis bien contente de ne pas y être soumise. En même temps c'est normal, je suis Dieu.
Je crois il reste plus grand monde, en plus. Reina bosse encore, à cette heure-ci, la p'tite Haruko est en mission, Sora doit s'être enfermé dans sa chambre, et franchement si je vois Wen Xiang ailleurs qu'entre les bras de Raraka ou d'Anjali dans une chambre quelconque je veux bien faire un câlin à Van Heel. Quant à l'énorme groupe que nous a ramené Sharon... Bah, elles doivent se faire des trucs random dans une des chambres, parce que je les ai pas vues de la soirée. Après y'a Neia et les siens et... Franchement j'veux pas savoir. Et Héloïse and co doivent dormir, il est 22h. Quoi ? Iels considèrent peu leur santé physique et leur rythme de sommeil ? M'en fous, iels sont pas dans le salon, donc iels sont pas là. Surtout que cette connasse de Louna, bah je sais où elle est, ah ah ah.
Bref. Qui dit Sachiko seule au manoir dit gros bordel. Mais j'avoue que je sais pas trop quoi faire pour profiter. J'ai pas envie de jouer contre moi-même, c'est pas drôle, et je vois le ptit Hibari qu'au casino, c'est nul qu'il veuille pas jouer en dehors du boulot...
J'vais ptêtre aller piquer des photos compromettantes aux gens et les suspendre dans le salon. Si Neia et Aloïs étaient pas sûrement dans leur chambre j'aurais commencé par eux d'ailleurs, c'est les pires. Quoique... Neia est ptêtre aussi avec Kagari. C'est sa relation principale si j'ai bien compris le principe... bref, je vais pas tenter. De toute façon, y'a déjà quelqu'un à qui je peux piquer des photos à coup sûr, fufufufufufu. Et ce quelqu'un, c'est le seul mec que j'arrive toujours pas à supporter de ce manoir à la con, alors franchement, si je peux pas profiter de son absence...
Eh, si ça se trouve, il a des jouets chelous qu'il veut pas que les enfants voient ? Sachant que Neia et Kagari ont des gosses, ça pourrait être rigolo de ruiner sa réputation... Allez, go fouiller sa chambre. De toute façon, c'est forcément une mine d'or. Comparé à son âme, en tout cas.
J'arrive dans le couloir que Titi et Louna se réservent et... Merde, y'a de la lumière dans sa chambre. Il est là, ce con. Tant pis pour ma blague. Fin si j'arrive à prendre une photo compromettante, ce serait tout bénef, vu le bruit qui émane de sa chambre... Une minute. C'est pas des respirations ça. C'est des sanglots.
Bordel, il se passe quoi encore ? En plus j'ai l'impression d'entendre des problèmes dans sa respiration... Il manque d'air ? Super, Thibault ne va jamais me le pardonner s'il me claque entre les pattes... Faut que j'aille chercher quelqu'un... Putain, Louna est au bowling avec lui ! Et Sharon, vu qu'il y a zéro lumière dans sa chambre, je crois que je vais pas la trouver. Pourquoi il fait des crises d'angoisse toujours dans les pires moments lui ?
Oh et puis merde, tant pis, je vais voir. De toute façon, Dieu ou pas, je peux quand même être punie pour non-assistance à personne en danger.
J'entrouvre la porte, pour le trouver prostré sur son lit, la tête entre les mains. D'ici, je peux voir que ses ongles sont pleins de sang. Ça dit rien de bon. Près de lui, une télécommande. La télévision sur le mur est encore allumée. Apparemment, la chaîne qu'il regarde est reliée au câble d'Amsterdam ou je ne sais trop quelle connerie télévisuelle, parce que ça parle en néerlandais. J'en connais quelques mots, à force d'écouter Thibault parler. Et de toute façon j'en ai pas besoin pour lire le nom inscrit sur la bande en dessous des deux visages blonds qui apparaissent à l'écran.
Putain.
Je pousse un profond soupir.
« Eh, Van Heel, tu veux bien te calmer ? »
C'est tout juste s'il réagit. La vache, c'est violent aujourd'hui. Je jette un coup d'œil à la télé, et surprends quelques mots dans la conversation et les sous-titres. Quelques mots comme « Japon » et « Hope's Peak ». Ouais, une avalanche de problèmes, en somme.
Je lève les yeux au ciel. Foutue famille à la con.
En attendant, Van Heel junior est toujours prostré sur son lit. M'approcher encore me permet d'ailleurs de voir que ses ongles pleins de sang sont dus au fait que son visage est griffé de partout. La joie et le bonheur, parce que j'imagine que ça s'est pas fait tout seul. Depuis combien de temps il est en crise ?
Il marmonne un truc. Je tends l'oreille en silence, avant de me pencher sur son visage. Il a pas l'air d'être au mieux de ses capacités vocales, vu à quel point sa voix est rauque est faible. À force de chialer, peut-être ? Merde, j'arrive même plus à être en colère contre lui, ça va pas.
Il continue à parler. Toujours les mêmes mots.
« Ils viennent pour moi. C'est moi qu'ils veulent. Ils vont m'emmener, m'enfermer, me forcer à faire ce qu'ils veulent. Je ne veux pas y retourner. Je ne veux pas y retourner. Tout ce que vous voulez. Je ne veux pas y retourner. Par pitié. Je ne veux pas y retourner. »
Je grommelle. Pas beaucoup, parce que bizarrement, j'ai comme un écho.
« Personne n'emmène personne, la peste blonde. T'es littéralement majeur et sans parents du point de vue de la loi, du con. »
Visiblement, il ne m'entend pas. Donc il est bien profond dans son espèce de délire traumatique. Tant pis, ça veut dire qu'il est temps d'employer la manière forte. Et noooon, ce n'est pas du tout un moyen de ma part d'en profiter, je ne vois pas ce qui vous fait dire ça.
Je me place devant lui sur le lit, avant de lui coincer les deux poignets d'un mouvement de bras et de lui envoyer la gifle de sa vie. Si ses innombrables ex lui ont pas filé pire, du moins, je suis sûr qu'il mériterait.
« Oh ! On se réveille, Van Heel, c'est fini l'épisode traumatique ! »
Cette fois, ça a le mérite de le faire réagir. Comme s'il surgissait d'un rêve, ce qui est peut-être bien le cas vu la puissance de sa crise, il me sursaute entre les doigts avant de m'adresser un œil plus surpris que je n'en ai jamais vu. Oh ça va, pas la peine de faire comme si j'étais le démon ! Je suis Dieu, je te rappelle, pauvre humain.
Bon. Il est toujours pas tiré d'affaire. Il essaie encore de se dégager sans doute pour aller griffer ses doigts, et maintenant que je l'ai tiré de son espèce de transe, c'est à peine s'il me parle. Mais j'ai le bon réflexe de couper la télé et de mettre la télécommande hors de sa portée, et maintenant qu'il n'y a plus aucun stimulus externe, sa respiration reprend un rythme à peu près convenable.
Cela prend au moins un quart d'heure, un quart d'heure pendant lequel je fixe cette pitoyable créature avec une certaine répulsion. Puis, il cesse de se débattre franchement, et ses yeux reprennent un peu d'éclat. Un peu plus sûre qu'il ne tentera plus de s'écorcher la peau du visage, ce qui au demeurant aurait été très satisfaisant, je libère son poignet, et le regarde s'emparer d'un paquet de compresses qui traîne sur sa table de nuit. Vu comment il est vide, c'est une situation récurrente, ces derniers temps, le visage griffé. Ou alors il s'en sert pour autre ch- je veux pas savoir.
Bon. Ça, c'est fait. Mais je ne sais pas pourquoi, j'ai moyennement envie de le laisser sans surveillance. Le risque qu'il rallume la télé, peut-être. Nan mais revoir ces deux fils de consanguins parader sur leur prochain voyage au Japon, ça a de quoi provoquer une rechute directe. Et disons que j'aime le travail bien fait. Alors je reste là. Mais sans manquer de témoigner de mon agacement à ma soirée gâchée. Tu pouvais pas faire ta crise demain quand il y aurait du monde pour la gérer comme un gentil connard ?
Il finit d'essuyer le sang qui a coulé sur son visage avant de se tourner vers moi. Son expression est complètement vide, mais au moins il a pas sa tronche de désespéré de tout à l'heure. On va considérer ça comme un progrès.
« ............. Qu'est ce que ... Tu... Tu fais ici... Kimura ?
— J'ai vu de la lumière et je suis entrée, je grommelle en levant les yeux au ciel. À ton avis, blondasse ? »
Le coin de sa bouche se relève un peu, mais pas assez pour que ce soit considéré comme un sourire. De toute façon je le vois mal sourire. Pas dans ce genre de moment.
« ... Je vois... »
Mouais, je me demande bien ce que tu vois, je me dis en mettant la télécommande hors de portée. Va pas t'imaginer que je t'apprécie toujours. Certes, t'as encore rien fait de louche, mais ça veut pas dire que t'es innocent. Je grommelle.
« T'as fini ton caca nerveux, c'est bon, je peux me casser ? »
Il tourne ses yeux toujours aussi vides vers moi.
« ... Je crois que c'est bon... Mais avant, si ça... Ne te dérange pas, j'aimerais que tu répondes... à ... à une question. »
Ben voyons. Monsieur se fait demandeur ! Je le trouve bien présomptueux, ce soir, ça doit être la crise. Mais bon, si je me casse maintenant, il va me faire chier avec sa question à la con jusqu'à la fin des temps, même pire, en parler à Thibault qui s'y mettra avec lui. Donc autant régler ça en vitesse et foutre le camp pour des activités bien plus productives que baby-sitter un sale petit enculé.
« Mais vas-y, je t'en prie, je siffle, parce que j'ai toute ma soirée ! Même, la journée de demain entière, rien que pour toi ! Allez, Van Heel, pose ta question, qu'on en finisse... »
Il a une espèce de petit rire, avant de soupirer.
« ... ça fait plusieurs années... Que ça me trotte dans la tête, mais... Je n'ai toujours pas compris pourquoi... Tu me détestes autant. »
Je lève les yeux au ciel.
« J'pourrais te retourner le compliment, p'tit con. Et puis t'es sûr que c'est le moment, tiens ? Tu trembles encore comme une feuille, on dirait un papi de quatre-vingts ans qui se demande si son Parkinson peut avoir des effets positifs sur sa libido. »
De nouveau, le petit rire. Il se moque de moi en plus ?
« Vrai... Disons que j'ai tendance à rendre les coups. Et je pense... Au contraire... Que c'est le bon moment. Et puis, rien ne t'empêche de te barrer, je me trompe... ? »
Ah bah super, il ne reconnaît pas mes merveilleux efforts pour me tenir en sa présence ! Rien que pour lui prouver le contraire je vais rester là, tiens. Et je vais même répondre à ma question. De toute façon, faut bien le faire redescendre dans son orgueil, il faudrait qu'il arrête de croire qu'il est sorti de la cuisse de Jupiter, parce qu'il est issu du trou du cul de Satan.
« C'que j'aime pas chez toi ? La liste est longue. T'es un manipulateur, chasseur, tu sais pas considérer les émotions des autres, tu t'autodétruis pour une connerie, t'es con, capable de beaucoup de coups de pute rien que pour tes intérêts personnels, et puis tu es insupportable à sourire tout le temps et derrière te complaire dans tes traumas et ta dépression. T'es un vrai poison pour le monde et le pire c'est que tu te prends pour l'envoyé de Dieu, et ça, ça me fout la haine, tu piges ? »
Il me fixe quelques secondes avec ses yeux toujours vides. Et puis, je vois ses épaules s'agiter, alors que sur ses lèvres se forment un léger sourire ironique. Il se moque de moi ce con ? Bordel de merde, ça me met plus en rogne que jamais.
« Tu pourrais essayer de te défendre au lieu de rire comme un enculé ?!?
— ... Pourquoi faire ? T'as bien raison, je suis quand même une belle saloperie. »
Je lève les yeux au ciel.
« Ça tu l'as dit. Trop con pour savoir quand t'arrêter.
— Ouaip.
— Incapable de réagir correctement quand quelqu'un a des sentiments pour toi.
— En effet.
— Incapable de juste parler d'un truc qui te bouffe à l'intérieur.
— Hmm hmm.
— Issus de parents tellement pourris que j'suis sûre que t'as hérité de toutes leurs souches de moisissures.
— Tu as quelque chose à dire que je ne sais pas déjà ? »
Il m'agace de plus en plus. Je suis à deux doigts de le baffer de nouveau. Il le mérite. Il le mérite, putain.
J'en ai marre, j'ai juste envie de le balancer aux piranhas. Ou d'empoisonner son repas de demain. Un truc. Mais visiblement il n'a pas l'air de sentir mon hostilité, puisque loin de me foutre dehors ou même de s'excuser pour être une telle pourriture, il se contente de s'allonger sur son lit.
« Si t'as repéré des trucs sur moi que je sais pas, tu peux les dire, Kimura. Franchement, ça me fera juste une idée de pourquoi j'aurais mieux fait de ne pas survivre.
— Mais bordel de merde tu peux pas te défendre, putain ?!? Va pas me dire qu'avec ton orgueil à la con, je m'exclame, tu penses tout ce que tu viens de me dire ?
— Et pourquoi pas ? Ricane-t-il. Je suis le mouton noir depuis que je suis gosse, le Van Heel raté, la déception de la famille. Franchement, j'avais pas besoin de toi pour le savoir. Bravo pour avoir tout discerné, au fait. J'en attendais pas moins de toi. »
Il pousse un profond soupir. Ses yeux fixent le plafond sans le voir.
« Tout ce que tu viens de me balancer, c'est ce que je lis dans les yeux des journalistes qui m'interviewent lorsque je leur annonce ma énième rupture, ou ma relation avec plusieurs personnes. C'est ce que je vois dans les yeux de mon psy lorsque je passe une séance entière à garder le silence. C'est ce que je vois sur les visages des gens que j'ai fait souffrir lorsqu'ils croisent mon regard. C'est ce que ceux que j'aime refusent de me dire quand j'ignore le fait qu'ils m'aiment bien plus fort que moi. C'est ce que mes parents me répètent à longueur de temps. Alors ouais, on va dire que c'est pas nouveau. La question c'est surtout pourquoi tu me supportes alors que tu es loin d'être aveugle ? Tu fais garde-fou pour Thibault ? Remarque, ça ne m'étonnerait même pas. »
... En toute honnêteté, je ne sais plus quoi dire.
Je m'attendais à tout. Qu'il nie, qu'il me regarde avec son insupportable air arrogant et me balance que je suis une idiote, qu'il se contente de m'ignorer ou juste qu'il balaie tout ça d'un revers de la main. Pas qu'il admette tout comme ça.
Je jette un œil à ses ongles pleins de sang. À ses manchons. Aux griffures qui marbrent son visage. À ses yeux vides. À la télévision qui ne fait plus le moindre bruit.
« Qu'est-ce que t'es au juste ?
— Je trouve que tu m'as plutôt bien défini tout à l'heure.
— Arrête de te foutre de moi. T'es un survivant de quelque chose. Et même plusieurs choses, je dirais.
— Survivant, hein... »
Il soupire.
« Miraculé, presque. On va dire ça comme ça.
— Ouais, c'est ce qu'il me semblait. »
Je viens m'asseoir à côté de lui, les yeux toujours fixés sur ses manchons. Je sais ce qu'il y en dessous. Je me doute qu'il sait que je sais. Il n'est pas très discret. Et puis, je suis Dieu, tout de même. Il y a des limites à ce qu'un mortel peut me cacher.
Surtout quand le mortel est déjà à moitié mort.
Il me fixe avec une pointe de surprise, mais ne dit rien. Nickel, j'ai pas envie de le regarder. C'est le temps des contes, de toute façon. Vu sa tête, il dirait probablement pas non à une histoire, et ce n'est pas le premier gosse apeuré que je borde au lit.
« Quand j'étais gosse, je commence, j'étais le trésor de mes parents. Ils allaient très, très loin pour moi. Aux extrêmes, même. J'étais promise à un grand avenir, j'allais dominer le monde. Et puis j'ai cessé de répondre à leurs attentes, et du jour au lendemain, de trésor je suis passée à fond de poubelle. Ils ne voulaient même plus me voir. Je n'étais plus la petite fille qu'ils avaient rêvé avoir, alors... ils ont décidé que je n'étais plus digne de l'être. Pourquoi cet air étonné ? Je ricane en lui jetant un coup d'œil. Ça te dit quelque chose, hein ? »
Il hoche doucement la tête. Je crois que je l'ai soufflé. Bon, j'ai omis pas mal de détails, mais le but c'est pas de lui raconter ma vie, c'est de le secouer un peu.
« Je me suis occupée de ça quand je me suis rendue compte que les gens ne devaient pas aimer de cette manière. Inutile de me regarder comme ça, je te dirai pas comment. En tout cas, ils ne m'emmerderont plus, et je les laisse plus définir ma vie. Alors j'ai du mal à voir pourquoi toi, tu le fais. »
Un léger ricanement s'échappe de ses lèvres, et il m'adresse un sourire en coin.
« Sachiko Kimura qui me fait de la psychanalyse. Ça alors. Et j'aimerais bien que tu te rendes compte d'un truc. Tes vieux, ils ne cherchent pas à s'insérer dans ta vie à toutes les occasions pour t'expliquer à quel point elle pue la merde. Pourquoi tu crois qu'ils viennent au Japon ? Ils vont encore dire que je ne suis pas digne d'Hope's Peak, que mon talent ne devrait pas être reconnu. Ils font toujours ça. Et quand c'est tes parents... Les gens qui t'ont élevé... Qui te le disent... »
Il n'achève pas sa phrase. Je lève les yeux au ciel. Décidément, il me fait beaucoup regarder le plafond, Van Heel, et pas dans un bon sens.
« Sauf que derrière, t'es avec des gens que t'es en train d'assassiner parce que t'es incapable de leur dire que tu ne vas pas bien. Des gens bien, hein, même si pour Louna la fouineuse chouchoute des profs, j'ai des doutes. Et visiblement pour ces gens-là, t'es un mec bien. Pourquoi tu peux pas juste essayer de coller à leur vision des choses ?
— Je veux bien, moi. Mais si visiblement tu penses ça de moi, c'est que j'y arrives pas.
— Je pense toujours que t'es un petit con vantard et trop joueur avec les émotions des gens. Mais là maintenant, je siffle, j'ai surtout l'impression que t'es un énorme lâche doublé d'un flemmard. Tu pourrais pas un peu lâcher les mécanismes de protection ? Arrêter de te complaire dans ta connerie et te percevoir comme un gars bien de temps en temps, un gars bien qui agit comme un gars bien ? Y paraît que c'est une technique de thérapie reconnue.
— Et tu me suggères quoi, ricane-t-il, ô reine de la thérapie et des tréfonds de la pensée ? »
Je me redresse.
« Commence par dire à Thibault que tes vieux se pointent au Japon. Et puis pour l'évènement de la Saint-Valentin qui a lieu dans quelques jours, anonymise les dons de roses, je suis sûre que beaucoup plus de monde serait motivé à déclarer leur flamme si la rose donnée en public ne portait pas leur nom... Juste des trucs comme ça. »
J'ai du mal à croire ce que je fais. Moi, donner des conseils à Emerens Van Heel. Mais bon honnêtement, vu sa gueule, je pense qu'il en avait bien besoin. Et puis, si ça permet de le distraire de ses parents qui se ramènent, c'est tout bénef.
Au moins, il aura causé un peu. C'est déjà ça. Personne ne devrait traverser ce qu'il vit tout seul. Même s'il aura fallu l'engueuler pour qu'il se mette à tout déballer.
Faudra sans doute du temps pour qu'il progresse un peu, le con. Mais visiblement derrière ses dehors de peste, y'a juste un pauvre gosse traumatisé qui a jamais su grandir. Disons qu'au moins, je sais qu'il peut progresser.
Qui sait, Thibault a peut-être pas été si aveugle que ça, quand il a décidé que ce mec était quelqu'un qui en valait la peine.
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Un peu de angst et de backstory pour la peine !
Ouais parce qu'il fallait bien que je vous montre comment Sachiko et Emerens ont fini par s'apprivoiser dans l'AU sans Tuerie, parce que croyez-moi ça a pris du temps-
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