Galas, dramas et serments de vie (AU sans Tuerie)
Les costumes de gala, ça a toujours été ma plus grande hantise. Et ce n'est pas faute d'être habituée à en porter pourtant. Mais il n'y a rien à faire : Dès que je dois passer une robe, ou un smoking, je deviens automatiquement incapable de mettre ma tenue de manière un tant soit peu décente. Et par là je dis robe bien en place sur la poitrine sans pendre lamentablement ou serrer trop fort, cravate de travers ou chaussures trop serrées...
Cette fois, pour éviter de trop me ridiculiser, j'ai opté pour une simple robe fuschia sans décolleté, qui se referme autour de mon cou et atteint mes genoux. Elle est fendue jusqu'aux hanches, du coup j'imagine que je vais attirer à cet endroit les regards d'une certaine judoka tendancieuse, mais ce n'est pas comme si je n'étais pas habituée. Et puis c'est sympathique, de temps en temps, de la voir éblouie par moi un peu.
« Haruko, je lance en réajustant mon col, tu penses que je prends un collier avec ça ? »
Ma chérie, occupée à ajuster ses gants, me jette un œil, avant de hausser les épaules.
« Quelque chose de discret, peut-être. Avec le fuschia, une simple chaîne d'argent devrait suffire, inutile de sortir les pierres précieuses... Par contre, je vais te prêter un bracelet ou deux supplémentaires. Et prends de quoi te couvrir, tu vas avoir froid aux bras... »
Je hoche la tête en souriant. Heureusement qu'elle est là, et qu'en plus d'être bon conseil elle est époustouflante. Elle a opté pour une jupe lui arrivant à la mi-cuisse, dans laquelle est rentrée un chemisier à jabot recouvert d'une veste de smoking. Son nœud papillon, contrairement à tous ceux que j'ai pu porter, est superbement ajusté autour de son cou, et ses cheveux habituellement retenus en deux couettes lâches sont relevés en chignon.
Sans doute a-t-elle surpris mon regard, puisqu'elle me lance un clin d'œil avant de venir elle-même m'accrocher un collier supplémentaire. Je sens ses doigts caresser mon cou et ne peux m'empêcher de déglutir, ce qui lui arrache un petit rire amusé ; seigneur, je ne m'attendais pas à autant de gay panic si tôt dans la soirée. Habituellement, mon cerveau attend au moins de voir les autres pour se décider à fondre...
« J'adorerais t'embrasser, pouffe Haruko devant mon visage rouge, mais je pense que Michi et Sora se poseraient des questions en nous voyant arriver pleines de rouge à lèvres. Ça attendra plus tard dans la soirée. Je crois que nous sommes prêtes toutes les deux, tu viens ? Il ne faudrait pas arriver en retard...
— On emmène pas Sora ?
— Il est avec Soma, en train de se préparer psychologiquement pour une soirée de plus de cinq cents personnes, avec bonus Réserve qui a droit à la première partie de soirée. Je lui ai dit de prendre son temps. »
Elle a bien fait. C'est vrai que je ne pense pas trop aux conséquences d'une soirée pareille sur mon auteur introverti préféré... J'espère qu'il a investi dans des boules Quiès, cette fois. Une fois, il nous a fait un arrêt système en plein milieu de la cérémonie de remise des diplômes... ce qui était bien dommage, puisque Wen Xiang était à ce moment dans les diplômés et qu'en tant qu'Ultime basé sur l'écriture il faisait partie du groupe qui lui avait offert un cadeau de félicitations. Il en avait fait une maladie pendant des jours, le pauvre...
Je hausse les épaules. Si on a pas à aller le chercher, j'imagine qu'effectivement, Haruko et moi pouvons y aller. Cette soirée est un évènement qui n'arrive qu'une fois tous les ans à Hope's Peak, puisque tous les anciens élèves sont invités, et je sais que la plupart du temps ils font au moins une apparition. Ce sera l'occasion de revoir mes anciens camarades de classe qui ont quitté l'école au bout d'un an ou deux... Je sens déjà la nostalgie m'envahir.
***
J'suis en retard, j'suis en retard, j'suis en retard !
Comme je suis le président du conseil des étudiants, oui je sais on dirait pas, c'est à moi qu'est revenu le rôle de la préparation des activités... Comme le spectacle de fin d'année par exemple. Oh, par tous les esprits de la Sainte Accession, Ryo va me tuer si quoi que ce soit se passe mal pendant le spectacle... Et j'ai à peine eu le temps d'enfiler une chemise et un pantalon de smoking sous mes attributs de prêtre ! j'vais tellement avoir des problèmes !
Heureusement que Scott s'est dévoué pour me conduire. Il est vraiment cool ce gars, dommage qu'il soit avec Daisuke sinon j'aurai bien tenté ma chance. Quoique, il est peut-être polyA. A voir, mais à voir plus tard, pour l'instant je dois me précipiter finir les préparatifs ! Vite, vite, vite...
Seigneur, c'est pas lui qui m'attend juste devant la porte là ? ah bé si. Et avec le reste du groupe en plus, et quelques membres du conseil des étudiants... Kichiro me regarde d'ailleurs super mal. Je crois qu'il a toujours pas digéré ma victoire aux élections. Mais pour être franc, le regard furieux que je crains le plus, c'est celui de mon chéri d'amour que j'aime, qui a vraiment l'air de mauvaise humeur.
« Pas trop tôt ! On t'attend depuis une plombe !
— Un quart d'heure, Ryo. Un quart d'heure, soupire Senri, qui par chance est un peu plus calme. La fête n'a même pas commencé, on a large le temps de se préparer, tu crois pas ?
— Parti comme c'est, je suis certain que cet abruti n'a même pas préparé son programme, alors excuse moi de râler, mais oui, ça fait une plombe ! »
ALORS CA ! Là, là tu vois, chéri, j'ai un truc à répondre. Et foi de Taichi, j'veux bien reconnaître mon incompétence, mais alors si on m'accuse d'avoir raté un truc que j'ai prévu !
Je fourre ma main au fond de ma poche et.... Vous y avez cru hein ? Eh non, j'ai bien la fi-fiche, sur mon téléphone dont comme tout jeune adulte qui se respecte je ne me sépare jamais ! j'vous ai bien eus !
« Alors sans vouloir te faire passer pour un idiot, Ryo, j'ai tout le programme juste là ! On commence la première partie de soirée avec les artistes un peu plus tranquilles ! C'est Ambre qui commence avec un ptit numéro d'orgue, et je te raconte pas la galère pour aménager la salle des fêtes avec... Heureusement qu'on avait Kagari, tiens. On enchaînera avec Clemente et une chanson ou deux, après c'est Charlotte qui attaque, puis Veikko nous passe une ou deux chansons, et après c'est à vous ! »
Senri échange un regard avec Ryo, qui grommelle, l'air bien mécontent de s'être fait coincer. C'est pas grave, je lui ferai plein de bisous après pour le consoler.
« On termine avec les danseurs et les acrobates, dans l'ordre Min-ho, Aloïs, Houshang, Nathan, Anjali, et Lan Yue ! D'ailleurs tant que j'y pense, vous avez bien organisé le placement comme je vous l'ai demandé hein ? »
Emerens me fait un clin d'œil complice, un large sourire de troll aux lèvres.
« T'inquiète pas pour ça, Taichi. Tout est arrangé pile comme tu voulais, et je me suis permis quelques ajouts supplémentaires... Certains de nos joyeux lurons sont devant, histoire de bien... Profiter. »
Je jette un œil à la feuille qu'il me tend, et mon visage se fend du même sourire de troll que lui. Mon dieu mon dieu, j'adore ce gars. On est tellement sur la même longueur d'onde.
« Parfait ! Bon, je rajoute aussi qu'après Lan Yue et sa performance, Akimune va nous faire un petit spectacle d'artifices dehors... Je crois qu'Ahn, sa prédécésseure, l'a préparé avec lui, je pense donc que ce sera très rigolo !
— Merci pour le programme, Taichi, grommelle mon grognon préféré, mais en attendant, on est toujours dehors.
— Eh bien tiens ! Chope ! Les clés des coulisses ! Moi je dois aller vérifier dans la salle de bal que toutes les décos ont bien été mises comme il le fallait ! Bonne préparation ! »
Ryo chope les clés, et se tourne vers moi, sans doute dans le but de me remercier... mais il ne s'attendait sans doute pas à ce que je lui bondisse dessus pour lui faire un énorme bisou en plein sur les lèvres. Ce qui le fait rougir comme un feu d'arrêt en plus de hurler de rage.
« TAICHI ! Mon maquillage !
— Emerens se fera un plaisir de te le refaire, mon chou ! Moi je file, saluuuuuut ! »
Et avant qu'il ne puisse me jeter de trucs passant à sa portée je m'enfuis, riant comme un bossu et le stress du retard relégué dans mon subconscient pour un bon moment.
***
Je sens que cette première partie de soirée va être longue, très longue.
En tant que vice-président du conseil des étudiants, je peux affirmer sans vergogne que j'ai sur les épaules bon nombre de responsabilités. Tout particulièrement au jugé du fait que les professeurs ne nous aident absolument pas à mettre ça au point. Sans doute dans le but de développer nos capacités d'Ultimes, du moins officiellement ; vu la tête du staff de cette école, je penche plutôt pour une profonde paresse.
Mais je ne suis que vice-président, et je suis donc tenu de me plier aux exigences de mes supérieurs. Et quand ton supérieur est Taichi Okumura, qui n'a j'en suis sûr obtenu la place que par son exceptionnelle popularité, il y a de quoi le garder en travers de la gorge. D'ailleurs il n'y a pas que lui, dans le conseil ; En termes de sacrés numéros, Emerens Van Heel, le responsable de l'évènementiel, remporte la palme de l'embêtement. Alannah Hayes n'est pas mal non plus, dans le genre, mais au moins elle est compétente à la trésorerie, et laisse du temps à Raraka en cas de besoin. Une chance que je ne sois pas le seul responsable du lot ; quelle malchance, cependant, que je sois celui avec le plus de responsabilités variées, et donc obligé d'accompagner les pires du comité dans l'organisation d'un évènement comme le gala de Hope's Peak Academy.
Et en plus, cette fois, je suis seul.
Et certains ne manquent d'ailleurs pas de me le faire remarquer.
N'est-ce pas, Van Heel, qui vient de passer un bras beaucoup trop familier autour de mon épaule.
« Dis-donc, tu en fais une tête, Kichiro. C'est l'absence de ton protecteur sur pattes qui te rend aussi morose ?
— Je compterais surtout sur ta présence beaucoup trop rapprochée à mon goût, je grogne, sans donner la moindre barrière à mon mécontentement. Seo-jun a dû rentrer en Corée avant-hier pour une urgence familiale, je ne vois pas pourquoi ça me rendrait morose. Tout au plus inquiet de me prendre une balle dans la tête en plein milieu du gala, vu la quantité de tueurs Ultimes qui s'y planquent.
— Franchement, je doute que même la Faucheuse n'ose te sniper au milieu de plusieurs centaines de génies dans leur domaine, pouffe ce sinistre crétin, qui en plus n'a pas saisi mon très clair message d'inconfort. Iel se ferait attraper tout de suite et pour un tueur à gages, ce n'est vraiment pas l'idéal niveau réputation. Et puis quant à Seo-jun... j'm'en ferais pas trop, si j'étais toi. »
Il sait quelque chose, l'animal ? Au vu de son sourire, plus que probablement. Dois-je m'inquiéter encore plus pour l'agitation de la soirée ? S'il sourit comme ça, sachant sa proximité avec mon garde du corps... Très probablement.
Je crois que je vais avoir besoin d'un verre de rosé. Et vite.
***
Eheheheheheh, je suis en avance ! Pour une fois dans ma vie que je fais l'effort de ne pas arriver en retard à une fête comme ça... Bon, faut bien l'avouer, c'est le gala d'Hope's Peak, et je sais qu'Ansgar a pris une invitation. Je l'ai pas vue depuis sa remise de diplômes, vu qu'iel est repartie en Suède tout de suite après... on s'appelle tous les jours, mais c'est plus pareil, hein. Et j'ai pas envie de demander à Titi de déménager. Surtout qu'on a pas fini les cours, ni lui ni moi...
Enfin bref, la soirée a pas encore officiellement commencé, mais bon sang y'a déjà plein de monde ! J'suis sûre qu'il y a au moins... Bah le conseil des étudiants, ça c'est sûr, et les participants au spectacle de fin d'année doivent être en train de stresser leurs grands morts dans les coulisses. Ce qui veut dire que je verrai pas Emerens de sitôt, vu qu'il est de corvée guitare, ce ptit con. Après j'imagine que les cons qu'ont l'habitude de venir en avance sont là aussi. Genre Ade, ou Louna. Et puis y'a aussi la Réserve et les anciens qui causent ! Bon, Ansgar est pas là, mais y'a sa ptite sœur là-bas, ça veut sûrement dire qu'iel va pas tarder ! D'ailleurs, j'vais aller lui faire un coucou, à Teodora.
Je me dirige vers la blondinette, qui a opté pour un costume sombre et un haut-de-forme, et... Hmmm, tiens, j'vais lui faire peur. Je lui chope les épaules par derrière avec un grand rire, et la ptite sursaute avec un petit cri apeuré avant de se tourner vers moi et soupirer. Elle est choupi en vrai, la Teodora. Je me demande si elle veut aller à Hope's Peak ? Je sens qu'elle a un sacré potentiel, mais j'imagine qu'Ansgar lui a pas trop laissé l'occasion de le montrer... Dommage.
Je lui fais un large sourire, histoire de montrer que je ne suis pas hostile. Ça vaut mieux, vu comment elle est tendue quand je suis là.
« Coucou, Teodora ! Comment ça va en cette si belle soirée ? Tu sais ou est tan adelphe, ma poulette ?
— Euh... Je vais bien, merci Sachiko. Ansgar n'est pas encore arrivée, iel voulait parler de quelque chose avec Raraka Son, alors iel m'a dit d'être son porte-parole au cas où la soirée commencerait sans luel...
— Oooooh ! Iel te laisse faire des trucs ! C'est cool ! P't'être qu'un jour iel te donnera un petit pays à gouverner dans la Fédération ? En attendant l'héritage, eheheheheh...
— Tu veux bien.... Éviter de parler d'héritage ? Ce n'est vraiment pas très rassurant quand c'est toi qui le dis. »
Je lui fais un large sourire énigmatique.
« Moi non plus, t'inquiète ! Mais niveau négociations, je pense que le temps que le discours arrive on va plutôt partir sur un truc plus gentil, tiens regarde ! OUH OUH, NOAAAAA, TU VIENS VOIR UN PEU PAR ICI ? Y'A TEODORA QUI VEUT TE PARLER ! »
Parce qu'iel croit que je l'ai pas vu.e, lae petit.e auteur.e de nouvelles avec un talent à en faire pâlir Yamasaki, collé à un pilier en fixant la jolie Kasjasdottir du regard ? D'ailleurs, ma manœuvre a visiblement aussi eu un effet sur Teodora, puisque cette dernière vient de rougir dans l'instant. Même si elle n'atteindra jamais le niveau de tomate de son simp attitré. Bah, je le comprends, elles sont à tomber par terre, les Kasjasdottir. C'est les gènes suédois ou bien ?
En tout cas il a eu le courage de m'écouter et de se ramener, puisque le voilà à côté de nous maintenant. C'est bien. Je lui fais un clin d'œil, avant de me tourner fort opportunément vers la scène et de lancer :
« Oh bah mince, Taichi va faire son discours d'ouverture ! Je file, faut que je trouve un moyen de le ruiner ! Bonne discussion, votre Majesté Teodora Kasjasdottir, on se voit plus tard ! »
Et avant même qu'elle n'ait eu le temps de protester ou de rougir davantage, hop, me voilà partie loin du mignon petit couple. Ça crève les yeux qu'ils s'aiment bon sang, quel dommage qu'ils soient aussi oblivious. Et timides. Enfin je devrais pas parler d'obliviousness, parce que BON. Disons que je vis avec un sacré numéro dans le domaine.
Mais en plus c'est vrai, Taichi va vraiment faire son discours d'ouverture. J'ai trente secondes pour trouver un moyen de tout gâcher, foi de Kimura... Et, minute, c'est pas Karasu, là-bas ? Avec des corbeaux et un micro portable ?
Je crois bien que j'ai une idée de génie.
***
Shit, je suis en retard ! Le discours va commencer, y'a Okumura sur la piste... Bon sang, quelle idée a eu Khalil aussi de me donner à garder Aïsha et Natsu en plein milieu de la journée alors que je l'avais bien PREVENU que je devais me préparer pour le gala !
Ca a bien été galère d'aller chercher mon costume et me maquiller correctement en gérant ces deux petites terreurs, qui en plus d'être jumeaux et donc super proches sont encore plus chaotiques que Sachiko, Sukina et Akimune réunis... Ah, et je rajouterais bien Royale Flush dans le tas, mais ce serait pas du jeu de compter les alumni. Elle a quitté l'école l'année avant la rentrée d'Hagane, logique vous me direz vu leurs Ultimes, et pour savoir si on va la revoir... C'est une très bonne question.
Au moins j'arrive avant qu'il ne cause ! Okumura est super doué en discours, j'ai moyen envie de louper ça. Et en plus, Reina est là-bas avec Haruko, du coup je l'ai pas loupée ! Au moins pas trop de conséquences à mon retard...
Je me précipite vers elles, essayant de ne pas froisser mon costume, et me jette au cou de Reina avant de l'embrasser sur la nuque. Pas pu résister. Faut dire aussi qu'elle est super belle dans sa robe fuschia. Cette couleur lui va tellement bien au teint, c'est pas humain d'être aussi magnifique... Et c'est ma chérie en plus. Je suis vraiment la femme la plus chanceuse de l'univers. Fin, avec Haruko, Wen Xiang et Sora, vu que je dois partager. Pas que ça me dérange, soit dit en passant.
Elle rougit, mais doit être habituée à mes démonstrations d'affection puisqu'elle se laisse aller contre moi avec un soupir. J'ai donc droit à mon premier câlin de waifu dans la journée, et franchement je suis plus que ravie. Surtout quand elle m'embrasse à son tour sur le front.
« Bonsoir, Michi. Ça a été, avec les jumeaux ?
— Ah, ne m'en parle pas ! Un vrai enfer. J'ai l'impression d'avoir dû gérer deux Tricksters miniatures, ils m'ont pas laissé un instant de répit. J'ai jamais été aussi contente que de voir maman rentrer pour pouvoir enfin me maquiller sans risquer de finir en clown...
— Tu as l'air d'y avoir échappé, en tout cas, sourit Haruko. Très beau costume.
— Je te retourne le compliment, ma belle ! J'aime beaucoup ta tenue, elle te met superbement en valeur !
— Dites, sourit Reina, pas que je n'apprécie pas la conversation, mais ce n'est pas moi avec qui vous êtes censées flirter, toutes les deux ? »
J'éclate de rire, avant de la serrer dans mes bras.
« Enfin ma puce ! Ne me dis pas que j'ai à te reconfirmer que tu es la plus belle de toutes ! »
Et c'est une victoire pour Michi Sasaki ! Reina est rouge tomate et n'arrive plus à dire le moindre mot, c'est trop mignon. Haruko, d'ailleurs, semble retenir à grand-peine ses rires devant la déconvenue de notre chérie commune, ce qui est assez normal vu la situation. Mais il n'est plus temps de flirter, le micro vient de nous sortir un petit effet Larsen, je crois qu'Okumura va causer...
« Ahem, ahem ! Ultimes, membres de la Réserve, et vous, nos très chers anciens, je vous remercie d'être venus ce soir... »
Tiens ? j'ai l'impression d'avoir vu passer deux ombres dans mon champ de vision, juste derrière Okumura... Et c'est moi ou une plume de corbeau vient de tomber sur la scène ?
« Je pense que beaucoup d'entre vous détestent les discours barbants, continue Okumura, mais je ne pourrai pas commencer une cérémonie de fin d'année sans rappeler ce que cette école a fait pour nous, anciens comme nouveaux, vétérans comme novices ! Même si la liste portera plutôt sur ce qu'on a fait pour cette école... C'est une relation symbiotique assez particulière, Hope's Peak et ses élèves, vous ne trouvez pas ? »
.... Naaaaan, j'ai pas rêvé, il y a bien deux ombres sur la scène. Deux ombres, enfin, deux filles aux longs cheveux noirs, les uns touffus, les autres lisses, dont je n'arrive pas à voir le visage de loin mais qui arborent sans le moindre doute le même sourire jusqu'aux oreilles... Mince.
« Enfin, après les barbantes mais si importantes félicitations d'ouverture, nous pourrons passer au moment que vous attendez tous, la fête en elle-même ! Cette année encore, de très nombreux talents sont là pour vous divertir et faire de Hope's Peak Academy le must du must en matière de cultivation de génies, et... MAIS C'EST QUOI CA ???? »
Eh bien, « ça », Okumura, c'est la horde de corbeaux favorite de Karasu, qui est en train d'essayer de se fourrer dans ta bouche pendant que ladite Karasu hurle derrière dans son micro, qui donne un sacré effet metal à sa voix. Je la vois en train de rigoler pendant qu'elle excite les corbeaux, mais ce n'est rien à côté de l'euphorie qu'affiche Kimura alors qu'elle arrache à Okumura son propre micro avant de se planter sur le devant de la scène.
« Salut les nazes ! Alors, je vous ai manqué ? »
Je crois que là, même moi, je suis blasée. Vraiment, vous deux ? Et puis d'abord, qui a eu la très, très mauvaise idée de laisser ensemble Sachiko Kimura et Sukina Karasu sans surveillance ?
Reina soupire et sort son téléphone. Je crois qu'elle va appeler Thibault. Qu'il fasse vite, bon sang, parce que si ça continue, on va se payer une révolte de professeurs. D'ailleurs, c'est pas le vieux Pontife, qui se rapproche, là ?
« Pas trop déçus de pas avoir votre petite fête sans histoires ? Rigole Kimura dans le micro. Fallait y penser avant de m'inviter, les crétins ! j'peux vous garantir que je vais mettre de l'ambiance, moi !
— KIMURA ET KARASU ! Descendez tout de suite de cette tribune ou je vous exclus d'office ! »
Bon beh, le vieux Pontife est arrivé avant Thibault. Tant pis. Les deux trouble-fête échangent un regard rapide, et Karasu crie un ordre à ses corbeaux, avant de suivre Kimura dans les coulisses. Je trouve qu'elles cèdent bien vite, c'est... ah, non, j'ai rien dit. Les corbeaux viennent de quitter les cheveux et les orifices d'Okumura pour venir croasser autour du vieux Pontife avec une telle ardeur que notre bon vieux prof se retrouve bientôt recouvert de plumages noirs. De quoi le distraire suffisamment longtemps pour qu'Okumura reprenne son micro.
« Ahem ! Bon, après la petite intervention rituelle des trouble-fêtes, je vais peut-être pouvoir reprendre mon speech ? »
Rien d'autre n'a l'air de le ruiner, en tout cas. Tant mieux pour lui. Et pour nous. On aura peut-être la chance d'avoir une fête normale ?
***
Veikko est en train d'allumer complètement la salle avec ce qui je crois est sa dernière chanson, et je suis dans le stress le plus total. Même si c'est loin d'être mon premier concert, jouer devant un public aussi critique que celui de Hope's Peak est super stressant, et quand je stresse, je fais des fausses notes. Si on peut parler de notes à la batterie. Une chance que cette année, je n'aie pas à chanter : Emerens s'en charge avec grand plaisir. Et je crois que ce maudit Écrivain est bien content d'être sur le devant de la scène, vu comment il a l'air pressé de prendre la place de Veikko. Impossible de le calmer.
« Dis-donc, soupire Senri, sans vouloir te faire chier, t'as pas bientôt fini de bouger dans tous les sens ? Tu nous mets le stress à t'agiter comme ça...
— Roh, parce que vous êtes stressés vous ? C'est le même public chaque année ! Enfin presque...
— Et c'est déjà arrivé au public de nous balancer des tomates, je te rappelle, je grogne. Certes, c'est Sachiko qui a commencé et c'était surtout parce qu'elle t'aimait pas, mais on y a eu droit, à la douche de jus. »
Il hausse les épaules, avant de réajuster sa guitare. Et ses cheveux. Je crois que le geste est calculé pour tous nous rendre gay, mais pas de chance, ça marche ni sur Senri ni sur moi ! Moi j'suis en couple, et Senri... Bah, Senri, c'est compliqué en fait. J'lui ai pas trop demandé son statut relationnel actuel et j'ai moyen envie de le faire, on va dire. D'ailleurs, il vient de lever les yeux au ciel, avec son habituel sourire amusé, le Senri.
« Garde tes mimiques pour le concert, Emerens, ça limitera peut-être les éventuels lancers d'objets sur nous.
— T'inquiète pas, mon cher, je suis une source inépuisable d'envoûtement ! Et puis si je les séduis pas avec mon exceptionnel charisme, ce sera avec mon talent à la guitare... Il a bientôt fini, Veikko ? J'ai hâte de mettre le feu à la salle !
— je trouve qu'elle est déjà bien assez enflammée comme ça, je soupire. C'est l'Ultime DJ, mec, et le seul Ultime du groupe ici c'est moi. Ça donne une idée.
— Sois pas élitiste, pouffe notre guitariste avec un large sourire. Pas besoin d'être Ultime pour être suffisamment doués dans quelque chose au point d'enflammer une salle. Sinon, le monde serait vachement triste, quand même. »
Mouaif. Je sais pas trop quoi répondre à ça. De toute façon, les applaudissements que j'entends dans la salle me prouvent que Veikko a fini. Le silence se fait dans les coulisses. Notre partie du concert dure une demi-heure, ensuite on enchaîne avec les Ultimes du spectacle. Nous sommes donc les derniers à pouvoir briller avec nos sons, et passer en dernier, c'est toujours un truc dont j'ai horreur.
L'Ultime DJ rentre dans les coulisses, en sueur avec un large sourire, et fait un high five à Emerens, puis Senri, finissant par moi. Il a l'air complètement crevé, mais heureux. Emerens ricane, un sourire en coin aux lèvres.
« La vache, tu t'es donné à ton public ou quoi ?
— Pourquoi je sens le tendancieux dans ta phrase, » grommelle Senri alors que Veikko pouffe. Emerens sourit.
« Parce que je suis moi-même et que je sais que vous m'aimez comme ça. Ça donne quoi, dehors, Veikko ?
— Ils sont chauds bouillants, vous aurez pas trop de mal à les garder dans cet état, pouffe le DJ en s'essuyant le front. Par contre, pas de fausses notes, hein. Je viendrai vous voir après, je dois me changer et retrouver Wen Xiang d'abord ! Je suis complètement crevé et je suis presque sûr que je pue la sueur...
— J'vais pas m'approcher pour vérifier, pouffe Emerens. Allez la compagnie, on a une salle à chauffer ! »
Il échange un nouvel high five avec Veikko et les deux se dirigent dans des directions opposées, Veikko vers les vestiaires et Emerens sur scène. Senri et moi échangeons un regard, et le suivons en silence, non sans avoir bien récupéré nos instruments.
La salle est immense. Les chaises déposées pour les premiers spectacles sont repliées et collées au mur, il est prévu que pendant l'entracte la Réserve et le reste du conseil des étudiants les remettent en place. Comme il y a un placement, que Taichi et Emerens ont visiblement mis beaucoup de temps à élaborer, ça prendra plus de temps que d'habitude. En attendant, les spectateurs sont debout, et comme Veikko nous l'avait prédit, absolument chauds bouillants. Puisqu'il suffit d'un accord d'Emerens sur sa guitare pour provoquer un hurlement général venant de la salle.
Ce dernier a l'air dans son élément, d'ailleurs. Les néons lui font des reflets étranges dans les cheveux, et son costume noir et rouge, assorti au nôtre, rend plutôt bien sous la lumière. Le fait qu'il se tienne droit n'arrange pas le fait qu'il attire tous les regards. Senri et moi en sommes presque relégués derrière. Pas que ça semble le déranger, d'ailleurs, Senri. Il n'a eu aucun problème à prendre la basse quand on lui a demandé, j'imagine qu'il se fiche pas mal d'être la star du groupe... Et moi, bah, les batteurs sont rarement leaders. Je suis habitué.
Je jette un coup d'œil à la salle. Devant, une touffe de cheveux roses se démarque sous les néons, alors que son propriétaire me fait un large sourire. Je sens son regard plein de fierté posé sur moi, et uniquement sur moi. Et ça me suffit à dissiper tout mon stress.
Les premiers accords retentissent. J'enchaîne sur mon accompagnement à la perfection. Je me sens bien. Je suis de retour dans mon élément.
***
Je suis en retard, le concert a commencé... A ma défense, j'avais un joyau un peu tenace qui refusait de s'encastrer dans sa base, et il m'a fallu bien plus longtemps que prévu pour le dompter... Et je ne pouvais pas le laisser inachevé, c'est ma surprise pour Thibault.
Je ne sais pas où on en est du programme, mais comme le concert arrive toujours en dernier sur la liste des musiciens, j'en déduis que je suis extrêmement en retard. Emerens, fidèle à lui-même, prend encore toute la place sur la scène, en train de chanter à pleins poumons du Everyone Loves a Villain. Son assurance me rend toujours aussi jaloux, même si à force, j'ai appris à surpasser ce sentiment. Le fait d'être aimé aide beaucoup dans ce travail sur soi...
Ma main se porte dans ma poche, ou se trouve ma fameuse surprise. Bientôt, je me dis. D'abord, je dois le trouver.
Je ne mets pas longtemps à le dénicher. Il est à gauche de la salle, assez près de la scène pour pouvoir détailler le groupe du regard, avec Sachiko à ses côtés. On dirait qu'il est moins ronchon que d'habitude. J'aime bien le voir râler, mais c'est aussi bien de le voir sourire... En fait, je crois que j'aime tout chez lui.
Je me dirige vers lui, essayant tant bien que mal de ne pas faire tomber ma surprise de mes poches peu pratiques, et le salue d'un léger hochement de tête. Ça fait du bien de ne pas avoir besoin de plus avec lui. Et puis ça me laisse plus de temps pour le détailler. Bon sang, il est superbe dans sa chemise avec les manches retroussées... Et son pantalon de smoking lui va tellement bien. Je suis beaucoup trop gay pour cet homme, c'est effarant.
Il me sourit. Eh bah bonjour le niveau au-dessus de la gay panic.
« Salut, Ruben. Pas trop eu de mal à venir ?
— Un peu que si, pouffe Sachiko. Il a loupé ma superbe entrée en scène d'il y a deux heures.
— Ta superbe entrée en scène a manqué de te valoir une exclusion, Sachi, grogne Thibault avec son habituel air agacé avant de se tourner vers moi. Attends un peu que je te raconte. Taichi Okumura faisait son discours d'ouverture, comme d'habitude, tu vois... »
Je l'écoute tranquillement me raconter la dernière déboire de sa petite amie, accompagnée, bizarrement, d'un deuxième chaos incarné en la présence de Sukina Karasu. Pourquoi ne suis-je pas surpris qu'elle ait encore interrompu le discours d'ouverture ? Parce que je vis avec elle ? C'est un bon argument. Mais j'avoue que je n'écoute Thibault qu'à moitié, parce que ma petite boîte pèse dans ma poche de gilet, et que je n'arrive pas à me détacher de son visage.
« Enfin bref, termine mon amoureux en haussant les épaules, c'est Sachiko, quoi. Crois-moi, tu n'as rien loupé, vu la colère du prof de religion il valait surtout mieux pas être là. D'ailleurs, pourquoi t'es en retard ? »
Bon. Eh bien Ruben, c'est maintenant ou jamais.
Ce n'est pas vraiment le cadre que je voudrais. Ni le poids que j'aimerais mettre dans cette demande au vu de notre situation. D'ailleurs, Sachiko est un public qu'en d'autres temps j'aurais trouvé insurmontable. Mais bon, c'est aussi pour elle que j'ai fait ça, alors je prends sur moi, et je relègue mes rêves d'enfant dans le subconscient où ils se doivent de rester avant de sortir de ma poche la fameuse boîte.
Il y a au moins quelque chose qui ne changera pas par rapport à mes illusions les plus chères. Ce sont les yeux écarquillés de Thibault alors que j'ouvre la boîte à bijoux bordée de velours, dévoilant les sept bagues que j'ai fini de fabriquer aujourd'hui. Je ne veux pas avoir l'air d'être trop fier de mon travail mais elles sont sans conteste superbes, pas trop grosses mais ornées de pierres précieuses adaptées aux couleurs de chacun d'entre nous, en or blanc parmi les plus purs. Il y en a une pour Sachiko, une pour Emerens, une pour Alannah, une pour Reina, une pour Ibrahim, et une pour moi. Et bien sûr, une pour Thibault, parce que c'est pour lui que j'ai passé tant de temps à forger toutes ces bagues de fiançailles...
Je souris, presque content de constater que son regard ne peut se détacher des joyaux.
« Je sais qu'on est pas trop autorisés à se marier à plusieurs... Et que c'était peut-être pas le meilleur cadre ou celui que t'avais imaginé... Mais j'allais avoir du mal à garder la surprise, alors tiens. Comme ça, même si on est pas mariés, on pourra faire comme si... Ça compte, pas vrai ? »
Thibault, comme Sachiko, sont silencieux comme des tombes, les yeux gros comme des soucoupes. Ils me laissent tout le loisir de leur prendre les mains pour leur passer la bague au doigt. Elle va, c'est un véritable soulagement. Et elle met tellement bien en valeurs leurs mains.
Je range les autres bagues, toujours souriant. J'essaie de cacher que j'ai un pincement au cœur devant ce cadre très loin du conte de fées que je m'étais imaginé. Mais je suis amoureux, et pour lui je suis bien capable de faire quelques sacrifices. Son sourire vaut toutes les fins heureuses de Grimm et d'Andersen.
La boîte se glisse dans ma poche, délestée de deux bagues, mais je n'ai pas le temps d'en retirer ma main. Celle de Thibault vient de se refermer autour de mon poignet. Son expression est indéchiffrable, mais la rougeur de son visage me donne quelques informations sur son état d'esprit.
« Ruben, donne-moi ta bague.
— Euh... Quoi ?
— Donne-la moi, je te dis ! »
Je ne peux faire autrement que de ressortir la boîte et prendre entre mes doigts la bague qui m'était destinée, la plus simple, ornée d'améthystes. Il me la prend des mains et me regarde ranger la boîte pour de bon avant de m'attraper la main gauche. Je sens aussitôt mon visage s'embraser.
« Bien sûr que ça compte, espèce d'idiot. Et j'ai bien le droit de passer la bague au doigt de mon mari, oui ou non ? »
Oh bon sang. Je... Je vais m'évanouir. Résiste, esprit, résiste ! Je peux encore tenir le temps que la bague soit glissée à mon doigt... « Mari » ... je suis le mari de quelqu'un. Et je suis le mari de l'homme le plus extraordinaire possible. Qui a tout de suite su comment me faire oublier ce pincement au cœur.
La bague est à mon doigt. Pourtant, il ne me lâche pas. Quelques secondes dans cette espèce de statu quo s'écoulent, et puis je sens une traction sur mon poignet, et un bras s'enroule autour de ma nuque alors que Thibault m'embrasse avec une passion dont je n'aurai jamais rêvé en cet instant. Mon corps suit aussitôt le mouvement en l'attirant contre moi, et ses lèvres se dessinent en un sourire béat sous les miennes.
Je l'aime tellement.
C'est tellement plus agréable de sentir que c'est réciproque.
***
Thibault et Ruben ne se rendent pas compte qu'ils sont plutôt voyants, même dans ce coin de la salle... Enfin, j'imagine que je ne peux pas leur en vouloir. En essayant d'oublier le son trop fort du concert, j'ai préféré me concentrer sur une conversation au hasard, et la leur a attiré mon attention. Je ne m'attendais pas à une demande en mariage dans ces conditions, surtout de Ruben Andersen, le plus gros romantique qu'il m'ait été donné de voir... Mais bon, c'est vrai que le cas de Thibault est un peu particulier.
Je souris. Je ne pense pas trop au mariage, de mon côté ; ça fait longtemps que je me dis que en tant que polyamoureux, je n'y ai pas vraiment droit de la même manière que les couples plus traditionnels. Ruben ne se rend même pas compte qu'il m'a donné un secret espoir de vivre ce genre de cérémonie, ou même simplement d'avoir la bague au doigt, avec Haruko et Reina. Je devrais peut-être aller le voir, demain, une fois la fête finie... Et lui acheter ses services ? le connaissant, il refuserait de se faire payer, mais j'y tiens. Ses œuvres doivent lui demander un tel travail...
En attendant, je dois cacher mes intentions à mes deux chéries, qui sont juste à côté de moi. Haruko, en plus, a sûrement dû suivre la même conversation que moi. Haruko entend tout, et est très sensible à mon comportement. C'est tellement compliqué de lui cacher des choses...
Il faut que je change de sujet de conversation avant qu'elle ne se rende compte que ça m'a donné des idées. Vite. Tiens ? j'ai l'impression qu'il y a un faux accord avec le solo de guitare de Reapers... Emerens a fait une fausse note ? Je me tourne vers la scène, les yeux fixés sur le leader du groupe : il n'a pas l'air perturbé outre mesure par ses accords, mais une légère grimace déforme son visage, et ses yeux sont fixés sur Thibault. Ah.
Personne d'autre ne semble avoir remarqué ce petit souci de guitare. L'avantage, sans doute, d'être quelqu'un de très présent sur scène et d'autant plus populaire. C'est à en être dégoûté d'être soi-même, je vous jure. C'est fatiguant de penser que ce type se paye en plus un talent indéniable dans le domaine de l'écriture, au point qu'il obtienne un Ultime et une célébrité internationale. Je crois que de toute ma classe, anciens compris, c'est celui dont je suis le plus jaloux. Et être jaloux d'un crétin pareil n'est vraiment pas bon pour mon ego.
Je grogne.
« On dirait que ça paye d'être beau et de le savoir... Ce crétin vient de faire une fausse note et personne ne l'a remarqué.
— Je pense surtout, Sora, sourit Haruko, que tu es le seul à avoir une oreille suffisamment développée et une bonne connaissance des musiques de Muse pour avoir remarqué un souci d'accord. Reina écoute depuis tout à l'heure et tu sais très bien que c'est la dernière à fondre sur lui, pourtant elle n'a pas remarqué le problème.
— Il y avait une fausse note ? Intervient d'ailleurs cette dernière. Je ne l'ai pas entendue... ça ne devait pas être très remarquable. »
Elle me rassure un peu. Je n'avais pas envie de me faire attaquer par une foule de fans en délire. Enfin, je ne sais pas trop s'il y a des fans aussi agressifs à Hope's Peak, du moins si il sont une proportion suffisante pour me mettre en danger ; il y a Ade, mais elle est assez tranquille, et quelques gens de la Réserve, mais la Réserve est très détachée des classes principales... Donc bon.
Je hausse les épaules.
« Peu importe... C'est la dernière chanson ?
— Non, reprend Reina. J'ai le programme juste ici. Une fois qu'ils ont fini avec Reapers, ils vont enchaîner sur Beginning of the End, puis Citizen Erased, Infectious, et leur conclusion, c'est Let it Die. On y est encore pour un moment. Heureusement qu'il chante plutôt bien, parce que le répertoire est assez restreint à un seul genre...
— Bah, intervient Michi. On a eu Veikko avec son propre style juste avant, Ambre et son orgue, et Charlotte nous a joué des morceaux super différents, on peut bien leur laisser le monopole du rock et du metal. »
Sans doute. Surtout que bon, ni Senri ni Emerens ne sont capables de jouer autre chose, et encore heureux. Jamais je ne voudrais voir sur scène un répertoire libre spécialement choisi par Emerens Van Heel. Bon sang, le nombre de chansons tendancieuses qu'il y ficherait. Je soupire.
« Laissons-le-leur, oui.... Reina, tu sais si Wen Xiang va passer ? ça fait longtemps que je ne l'ai pas vue...
— Oh, elle ne devrait pas tarder ! Elle m'a dit qu'elle voulait profiter d'un peu de temps avec Veikko et Raraka avant de passer me voir... l'un comme l'autre étaient débordés, donc ça se comprend !
— C'est pas elle qui arrive d'ailleurs ? Wouah ! Elle est tellement belle ! »
Je tourne la tête à la phrase de Michi, pour voir qu'effectivement, Wen Xiang se faufile entre deux élèves pour se diriger vers nous. Veikko et Raraka la suivent, l'un simplement en chemise nœud papillon, les cheveux encore ébouriffés de sa propre performance, et l'autre dans une superbe robe de soirée bleu nuit, les cheveux accrochés derrière ses oreilles par deux barrettes blanches et dorées ; mais je crois qu'au vu de la tête de Reina, celle qui éclipse absolument toutes les lumières, c'est Wen Xiang, qui porte un kimono superbe, rouge et blanc, agrémenté de bon nombre de bijoux et joyaux qui portent sans doute la patte de Ruben. Ses cheveux sont lâchés et couvrent la peau que le kimono laisse à l'air, mais la simplicité de sa coiffure n'a pas l'air d'être une barrière à la gay panic absolue de cette pauvre Reina, qui est encore plus rouge que le kimono de sa chérie.
J'avoue que je ne suis moi-même pas indifférent. En toute attraction esthétique, évidemment.
« Bonsoir Wen Xiang, lui lance Haruko alors qu'ils arrivent près de nous. Bonsoir aussi, Veikko, Raraka. Tout va bien ?
— Bah, répond Veikko, tranquille, tranquille. Une fin de soirée. Personne n'a entendu la fausse note d'Emerens, ça me sidère ! En plus il en refait !
— Si, pouffe Haruko, Sora a entendu. Mais bon, honnêtement, j'ai l'impression que notre brave écrivain de romance s'est retrouvé distrait par autre chose. »
Elle montre du doigt Thibault, Ruben et Sachiko, qui fixent le concert bras-dessus bras dessous. Je ne sais pas si Veikko a d'assez bons yeux pour voir les bagues à leur doigt, et l'idée que la conversation revienne sur ce sujet ne me rassure pas au vu de mes plans, mais je me décide à leur expliquer la scène que j'ai surpris. Un large sourire se dessine sur le visage de Veikko à la mention de la demande en mariage.
« Ooooooh, c'est adorable ! Il faudra qu'on y pense, hein, Raraka ?
— Si tu parles de la demande en mariage, rigole cette dernière avec douceur, on en parlera quand Wen Xiang ne sera plus à portée d'oreilles, c'est mieux pour la surprise. Mais pourquoi Emerens aurait-il fait des fausses notes à cause de ça ?
— Je crois que je sais... »
Tout le monde se tourne vers Reina, qui semble s'être un peu remise de sa gay panic au vu du bras passé autour des épaules de Wen Xiang. Cette dernière est d'ailleurs rouge aussi, sans doute la mention de demande en mariage... Enfin. Pour l'instant, j'écoute, Reina, qui soupire.
« Je le connais plutôt bien, malheureusement, et je suis presque sûre qu'il est jaloux. Possessif comme il est, j'imagine qu'il avait envie de faire ce genre de démarches en premier... ou au moins d'être là, vous voyez ? »
Je suis assez d'accord. Je vois bien comment Emerens colle Thibault, ou même Sharon et Louna. Je ne suis pas spécialiste de sa psychologie, hein, mais il m'a tout l'air d'être le genre à vouloir garder une place spéciale dans le cœur des gens. Et puis la crainte d'être toujours relégué en second est quand même commune à pas mal d'aromantiques, de ce que Junko me dit...
« Je vois, finit par soupirer Raraka. C'est... Compréhensible, j'imagine.
— Mouaif, on va dire. Enfin ! Tant qu'il arrête avec les fausses notes ! Pas envie qu'il me casse les oreilles ! »
Je pouffe à la remarque de Veikko, et me retourne vers la scène. Près de moi, j'entends Reina parler doucement à Wen Xiang, et le mot « mariage » semble revenir plus d'une fois dans la conversation. C'est bien qu'elles y pensent de leur côté. Ça détournera l'attention d'Haruko de moi pendant que j'irai commander ces fichues bagues.
***
C'est pas vrai, je suis en retard ! Foutu avion qui a dû faire un détour pour éviter une zone de turbulences... Bon, d'accord, je l'ai un peu cherché, à prétexter une urgence familiale pour pouvoir m'éloigner un peu de lui et choper ma surprise... Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il me paye carrément l'aller-retour en avion ! Je suis quoi, bon sang, un sugar baby ?
Bon, j'en plaisante bien volontiers, car j'adore ce genre de petites attentions. Mais quand même, ça gâche un peu mes plans. Du coup, j'ai dû aller chercher ma surprise en Corée, plutôt que de demander à cet artisan japonais que j'avais repéré. Ça va être un peu non-conventionnel, et c'est plutôt con parce que je tenais vraiment à acheter la surprise ici ; mais bon, j'y ai quand même mis le prix. Tout pour mon boss adoré...
Bref. Le concert se termine pile au moment où j'arrive, et je ne peux que remarquer qu'Emerens a l'air vachement plus ronchon que d'habitude. Il ne fait pas un seul rappel. Et c'est tant mieux parce que bah, ça m'arrange. Surtout que je viens de repérer Taichi, et que comme il m'a aidé à organiser ma petite surprise...
Je me dirige vers l'Ultime Prêtre, qui me fait un grand signe.
« Seo-jun ! Pas trop tôt, j'ai cru que tu n'arriverais jamais ! Certains des élèves se sont barrés...
— Kichiro est toujours là ?
— T'as de la chance, c'est le cas. En train de râler parce que soi-disant Sachiko aurait jamais osé interrompre « son » discours d'ouverture. Déjà, il oublie Sukina, et ensuite est-ce qu'il a bien regardé Sachiko Kimura ? »
Je pouffe. Ça ne m'étonne effectivement pas d'elle. Bon, j'avais préparé un petit discours, mais tant pis, on fera ça en petit comité. De toute façon, je crois qu'il préfère.
« Bon ! Annonce Taichi. J'vais faire mon annonce de l'entracte, et puis juste avant que je descende de l'estrade, tu donnes son petit moment à Kichiro. Ça te va ?
— Sûr. Pour une fois qu'il risque de ne pas apprécier de se retrouver sur le devant de la scène...
— Tu vas l'emmerder autant que le transformer en flaque de sucre, hein ? Pur power move. Allez, file, et dis à Senri, Ryo et Emerens de bien ranger les coulisses, steu plait, pendant que je monte sur l'estrade ! »
Bien noté. Je me dirige vers les coulisses, haletant encore d'avoir couru, pour tomber sur un spectacle... Peu surprenant mais cocasse. A savoir, Ryo en train d'engueuler Emerens pour une histoire de fausses notes. Et à grands cris, en plus. Je ne peux m'empêcher de ricaner.
« Alors, Van Heel, on a fait une connerie ? »
L'incriminé, qui a décidément l'air bien ronchon, se tourne vers moi, et son visage s'éclaire d'un léger sourire.
« Le roi de la fête qui arrive en retard ! Qu'est-ce qu'il s'est passé, Seo-jun, tu es resté coincé dans les bouchons ?
— Turbulences dans l'avion, chiant mais au moins je suis à l'heure. Et je voudrais surtout pas interrompre ta petite engueulade mais Taichi veut que vous rangiez les coulisses !
— Ben voyons, grogne Ryo. On allait le faire, de toute façon.
— J'allais le faire, intervient Senri. Toi, tu es trop occupé à cracher sur notre guitariste pour remettre quoi que ce soit en place, sans vouloir t'offenser. »
Ledit guitariste lève les yeux au ciel, accompagné du batteur, mais les deux se mettent à rassembler leur bordel, alors que la voix de Taichi retentit jusque dans les coulisses.
« J'espère que ce petit interlude musical vous a plu, même si à en juger par vos hurlements je pense que oui ! Je vais maintenant laisser la scène au vice-président du conseil des étudiants, qui voudrait vous dire quelques mots... »
C'est mon moment ! Zut, j'ai à peine eu le temps de me recoiffer. Tant pis, go se pointer sur scène juste avec sa chemise et son jean, ça suffira bien à avoir l'air formel. Surtout pour moi.
Caché derrière le rideau, je vois Kichiro monter sur l'estrade avec un regard quelque peu surpris, sans doute par un discours dont on a oublié de le prévenir. Son costume est toujours impeccable, c'est à croire qu'il n'en change pas. Même si c'est faux. Je sais, pour avoir eu à gérer sa lessive et l'avoir vu s'habiller un certain nombre de fois, qu'il a juste quantité de costumes identiques. Kichiro Tamura, mesdames, messieurs, mesautres.
Il n'a pas le temps de prendre le micro. Je suis passé derrière lui avec toute la discrétion dont je suis capable avant de lui prendre des mains, multipliant la quantité de surprise exprimée par son visage par dix. Ou cent, vu qu'il affiche un air stupéfait, et c'est tellement rare chez lui qu'il faut bien que je le souligne.
« En fait, c'est moi qui voudrais dire un mot. Le vice-président du conseil des étudiants ne m'en voudra pas si je lui vole la vedette ? »
De toute façon il n'est pas en mesure de protester, je lui ai déjà pris le micro. Bon. Allez, Seo-jun, c'est ton grand moment, ne le rate surtout pas...
« Je peux savoir ce qu'il se passe, Seo-jun ? Siffle mon patron, assez proche du micro pour être entendu. Je souris.
— Ce qu'il se passe, c'est que je voulais te faire une surprise. En tant qu'amoureux, et pas en tant qu'employé. Même si j'imagine que tu apprécies ton moment de gloire, patron ? »
Il plisse les yeux, incapable de voir où je veux en venir. Parfait, la surprise sera totale. Je fourre ma main dans ma poche de pantalon et en ressors la fameuse surprise, une petite dague ouvragée capable de tenir dans une manche, ornée de rubis et d'opales. Un vrai petit bijou mortel. Mais j'espère, en tout cas, que le cadeau qui va avec lui fera encore plus plaisir...
« Tu te plains souvent du manque de sécurité dans lequel tu te trouves. Non pas que je n'apprécie pas te protéger en permanence, mais je me suis dit que tu serais peut-être plus heureux si tu étais en mesure de te défendre toi-même. Alors voilà, avec cette dague je te confie ma vie. C'est cadeau pour le restant de tes jours, que j'espère très long. »
Il est silencieux. Comme le reste de l'assistance qui regarde, d'ailleurs. Oui, j'aime faire dans le grandiloquent, mais aussi, difficile de ne pas exprimer au monde entier à quel point je suis heureux qu'il m'air remarqué...
Enfin, il ne se passe que quelques secondes avant qu'il ne plisse les yeux.
« C'est une demande en mariage, ça ?
— Quoi d'autre ? »
Il sourit. Incroyable. Je suis béni des dieux. Et accessoirement très, très gay.
« Devant tout le monde. Tu ne prends pas un peu le risque de te prendre un refus interplanétaire ?
— Je ne sais pas. Est-ce que je le prends ? »
Un petit temps s'écoule. Et puis ses doigts se referment sur le manche de la dague, et sur mes cheveux.
« Non. Mais si tu permets, je vais te donner ma réponse officielle dans les coulisses. »
... Je plane, je crois. Est-ce que c'est le sourire béat ou l'air abruti dans mes yeux, mais je réussis l'exploit, que dis-je, le privilège, d'arracher un rire à Kichiro Tamura avant qu'il ne me traîne dans les coulisses et que ses lèvres ne se referment sur les miennes.
Je mets un peu de temps à redescendre, déjà parce que je réalise encore qu'il a dit oui, bordel de merde, ensuite parce qu'il est en train de m'embrasser et que je suis toujours autant un useless gay, enfin parce que j'ai oublié qu'on est pas seul dans les coulisses. Un raclement de gorge d'Emerens est la seule chose qui m'arrache à mon petit nuage rose. J'avais presque oublié sa présence, tiens.
« Félicitations, retardataire. Jusqu'au dernier moment j'ai cru qu'il allait te dire non. »
Kichiro soupire, avant de se détacher de moi et de s'éloigner, la dague bien rangée dans sa poche. J'en profite pour me rapprocher d'Emerens et passer un bras autour de son épaule.
« Fais pas cette tête, ronchon, ton tour va bien finir par venir ! »
Il lève les yeux au ciel alors que je lui fous en désordre sa coiffure déjà bien attaquée par le concert.
« Évite le sujet, s'il te plaît, soupire-t-il en se laissant néanmoins ébouriffer les cheveux. Il s'est passé des trucs pas très folichons ce soir.
— Ooooooh. Moi qui me demandais pourquoi tu n'étais pas très content alors que la soirée transpire les couples et le relationnel. Je dois engueuler qui pour toi ? Sharon, Thibault ou Louna ?
— Personne, sourit-il, mais j'apprécie l'attention. Contente-toi de retrouver ton fiancé avant qu'il ne s'échappe, ce serait bête de louper la nuit de fiançailles...
— Stop les allusions graveleuses, si la nuit de fiançailles est passée à dormir, moi ça me convient très bien. Mais t'as raison, je ferais mieux d'y aller. A plus ! »
Je lui fous une claque dans le dos, qu'il ne se gêne pas pour me rendre, avant de me diriger vers mon fiancé qui a effectivement presque atteint la porte. Fiancé. Ah, ça me fait tellement bizarre de le penser... Et tellement de bien, aussi.
***
Le concert est fini, pas trop tôt ! Enfin je râle pour la forme parce que les musiques passées correspondent plutôt bien à mon répertoire, et que j'ai pu en profiter pour bisouiller un peu Ruben et Sachiko. J'en reviens toujours pas d'avoir cette foutue bague au doigt. Il a bien préparé sa surprise, l'abruti. Et sa tête quand je lui ai mis la sienne... Insurpassable. Ou presque, j'ai quand même trois autres amoureux, et deux partenaires en bonus.
Ruben est parti, après m'avoir confié la boîte. C'est sûr que c'est mieux si c'est moi qui les donne à Ibrahim, Emerens, Alannah et Reina, ça fait un poil plus sens en fait. Surtout que la petite scène de fin m'a remotivé. Jamais j'ai vu Seo-jun aussi gnangnan, c'est fou, mais voir Kichiro sourire est tellement rare que ça valait la peine d'être souligné. Enfin.
Maintenant que le terrible groupe de musique et accessoirement les deux gays ont débarrassé les lieux, c'est Taichi, toujours incroyablement souriant même après le sale coup que lui a fait Sachi, qui monte sur l'estrade et s'empare du micro.
« Quelques instants d'entracte, mesdames et messieurs, du moins instants suffisants pour préparer la salle aux futurs passages d'artistes, comptez donc plutôt une bonne demi-heure ! En attendant que le conseil des étudiants et les escl- pardon, la Réserve finissent de mettre en place les chaises, je vous invite à passer dans la salle de gala juste à côté ! Le champagne et les petits fours sont servis, et puisque c'est notre Ultime Chef qui s'en occupe, soyez certains qu'ils sont à tomber par terre ! »
Sacré Taichi, il ne changera pas question enthousiasme. Sachiko, après l'annonce, me sourit.
« Désolée Titi, je t'aime mais je suis sûre que maintenant Ansgar est arrivée ! Il faut vraiment que j'aille la voir... A plus !
— C'est ça, c'est ça, file, saligaude ! On se revoit au feu d'artifice ?
— Sûr. Allez, à tout à l'heure, mon mari que j'aime ! »
Et elle s'échappe sur cette dernière attaque, sa longue robe noire virevoltant derrière elle. Bon sang ce qu'elle est pas possible cette femme. Mais je l'aime. Je l'aime même beaucoup, puisque maintenant, on a des bagues assorties. Jamais unis par les liens du mariage traditionnels, mais unis quand même, hein ? Merde, j'ai encore un sourire idiot.
Bref. Je me dirige vers la salle de gala en question, tiraillé par une certaine faim. Et j'ai la bonne surprise de tomber sur le chemin sur Sharon et Louna, la première dans un smoking à queue de pie plutôt simple mais qui lui va à merveille, et la deuxième dans une robe à jupons très développés, qui lui donnent un petit air gothique. D'ailleurs, elle s'est maquillée pour une fois. Ça lui va bien.
« Salut les filles, je dis en souriant. Pas trop chiant la soirée ?
— Sans doute moins profitable qu'à toi vu le sourire idiot que tu te payes, pouffe Louna. Alors, alors, fais voir la bague ? »
Mais c'est pas vrai, elle devine toujours tout, celle-là ! C'est chiant à la fin, c'est encore pire que Sachiko. Mais bon, en l'occurrence, je peux bien la lui montrer, la bague en question. Je lève mon poignet non sans fierté, et me permets même une petite remarque au passage :
« Attention à ce que tu dis, Louna, tu parles à un homme marié !
— Aussi marié qu'on peut l'être en étant en ménage avec six, pas vrai Thibault, pouffe cette dernière. La bague est superbe en tout cas, je reconnais bien le travail de Ruben. Emerens a la sienne ?
— Dans ma poche ! Et chhhhht, lui dis pas. J'veux que ce soit une surprise. Et lui faire une petite frayeur après le coup de la sortie au parc.
— Aussi idiot qu'il ait été pendant cette sortie, intervient Sharon, je sais pas si c'est vraiment une bonne idée... »
Elle a l'air un peu crispée, et ses yeux sont fixés sur ma bague. J'ai l'impression qu'elle est... Un peu triste ? Je lui parlerai plus tard, c'est quand même pas le jour où j'ai envie de voir des gens tristes.
« Sans doute, mais bon, j'ai bien le droit d'être un peu cruel dans la vie. De toute façon, il l'aura ce soir, ne vous en faites pas trop là-dessus. Qui c'est qui va chercher le champagne pour fêter mon nouvel engagement ?
— Des serveurs passent, répond Louna. Et pour la bague, je ne m'en fais pas trop, tu restes quand même un énorme simp. »
Ouch, jamais je n'ai été si offensé par quelque chose avec quoi je suis aussi d'accord. Enfin, elle a raison, sur les deux points : Déjà, il ne faut pas s'en faire, et ensuite, des serveurs sont effectivement en train de se rapprocher de nous, des coupes de champagne pleines sur leurs plateaux. J'en prends une, suivi par Louna, tandis que Sharon préfère opter pour quelque chose de non-alcoolisé ; nous nous retrouvons bientôt tous trois boissons en main, et par un choix purement stratégique je me rapproche du buffet, suivi par mes deux meilleures amies.
Sur le chemin, nous croisons Eugène et Fusae, encore en train de discuter de je ne sais quoi. L'immense silhouette de l'ancien Chevalier Ultime surplombe la grande majorité des élèves, et même Fusae qui est pourtant de bonne taille a l'air bien petit à côté de lui. Il a une main protective posée sur l'épaule du Philosophe, et nous fusille du regard alors qu'on s'approche. Je lève les yeux au ciel.
« Du calme, Jouslin de Pisseloup de Noray, on est pas dangereux.
— Toi peut-être, grogne le mastodonte. Et la noire aussi. Mais elle, je me méfie. »
Il désigne Louna d'un geste de sa large main, tandis que celle-ci lève les yeux au ciel, bras passé autour des épaules de Sharon. Qui a l'air très mal à l'aise.
« ''La noire'' a un nom, Eugène. Que je te prierais d'utiliser comme les gens civilisés, plutôt que de prouver encore une fois à ton amoureux que tu n'es rien d'autre qu'un singe. »
Ouch. Je crois qu'elle y est allée un peu fort. Le monstre se ramasse sur lui-même, prêt sans doute à lui dévisser la tête, mais Fusae lui attrape le bras, un air désapprobateur sur le visage.
« Du calme, Eugène. Elle a raison sur un point, tu devrais te montrer plus poli. Et, Louna, dit-il en se tournant vers la Scénariste, on est pas ensemble. On est juste amis, et on restera juste amis.
— Le statut de votre relation n'empêche pas les sentiments, réplique Louna, imperturbable. Crois-moi, je le sais très bien. Mais si ça vous convient, tant mieux pour vous. Je pense que c'est encore la meilleure solution pour vous deux. »
Fusae hausse un sourcil, mais se contente de nous saluer avant de s'éloigner, traînant un peu Eugène par le bras. Ce dernier ne nous accorde pas un regard. Tant mieux.
Une fois les deux partis, je me tourne vers Louna, les sourcils froncés.
« T'as pas fini de dire des trucs aussi bizarres ? Ils vont encore s'imaginer que tu les stalkes...
— Je ne parlais pas que pour eux, Thibault. Et tu ferais mieux d'y penser. »
Elle ne me regarde même pas. Ni Sharon, d'ailleurs. Elle se contente de retirer son bras de ses épaules avant de s'emparer d'une poignée de petits fours.
Nous savourons le champagne et les petits fours, qui comme Taichi l'a prédit sont à tomber par terre, jusqu'à ce qu'une présence se dessine derrière moi, et que je n'ai que le temps d'entendre Louna pouffer avant que des bras n'entourent ma taille et mon cou, et qu'un bisou se dépose dans mon cou. Ça, c'est signé. Mais je n'ai même pas le temps de réagir, puisque le propriétaire de ces bras et de ces lèvres vient me glisser à l'oreille, derrière sa main et suffisamment bas pour ne pas être entendu :
« Eh bien, Thibs, je dois dire que tu es extrêmement sexy dans cette chemise. Et que s'il n'y avait pas autant de monde je me serais occupé de ton cas sur la table... »
JE- Mais tu arrêtes d'être horny cinq minutes, Emerens, j'ai failli recracher mon champagne ! Et pas failli du tout m'étouffer, aussi. Tentant d'échapper à l'étranglement et le visage atteignant des sommets de température, je tousse à en cracher mes poumons, pendant vingt bonnes secondes, tandis que le troll de niveau oméga s'esclaffe juste à côté de mon oreille. Nom de Dieu, j'espère que Sharon et Louna ont pas entendu. Bon, vu leurs têtes, j'ai pas l'impression, mais je pense qu'elles se doutent au moins un tout petit peu que ce que vient de me dire ce crétin à l'oreille n'avait rien d'innocent...
Bon, l'avantage, c'est qu'il se détache de moi pour enlacer, un peu plus rapidement, Sharon et Louna. Les deux ont aussi droit à leur bisou, mais seulement sur le front, je les envie de disposer d'une protection anti-horny... Moi, vu que je suis pas non plus le dernier des prudes, j'ai aucun moyen d'empêcher totalement ce salopard de venir me murmurer des trucs pareils à l'oreille. Parce que le pire c'est que j'aime ça, des fois.
Je soupire, alors qu'il retourne caler son visage dans mes cheveux. Ah, visiblement, c'est mon tour de me faire câliner en continu. Et heureusement pour moi qu'il s'est changé après le concert. Ses cheveux sont tressés, d'ailleurs, où c'est moi ? Enfin peu importe. J'espère juste qu'il n'a pas senti la boîte de bagues dans ma poche, ce serait assez embarrassant de voir ma petite surprise ruinée par une connerie pareille.
Il s'empare d'ailleurs de ma main, celle qui porte le joyau, avant de glisser des doigts dessus.
« Jolie bague.
— Cadeau de Ruben. On est officiellement mariés, maintenant, j'annonce, non sans fierté. Bon, y'a pas de papiers officiels mais c'est tout comme.
— Hmmm. »
Il n'a pas l'air de beaucoup réagir... Et d'ailleurs à la réflexion, je l'ai trouvé bien morose, son grognement. Sharon me fixe avec un certain agacement, est-ce qu'elle a compris quelque chose à côté de quoi je suis passé ? Vu la tête de Louna, oui. Bon. Go l'interrogatoire.
« Eh bien, ça va pas ? Tu es jaloux ou quoi ?
— Hm. Peut-être bien, chaton, que je suis effectivement un peu jaloux de ne pas être celui qui t'a enfilé cette foutue bague au doigt ? Juste une pensée comme ça. »
...... Ooooooooooooooh. Je comprends mieux les airs de Sharon et Louna. J'avoue, j'avais pas pensé à ce léger point de détail. Jésus christ, c'est moi l'alloromantique et c'est lui qui me fait une scène.... Wait. Oh, à la réflexion, je comprends encore mieux.
Je hausse les épaules.
« Tu te rattraperas plus tard, va. J'ai dix doigts, et deux annulaires, y'en a bien assez pour te laisser de la place. Arrête de gâcher la fête et va donc câliner Sharon et Louna, c'est pas juste que je monopolise ton attention, tu sais... »
Peut-être pas la chose à dire mais au moins il fait ce que je lui dis sans rechigner. Après m'avoir ébouriffé les cheveux, le voila dans les bras de Sharon. Il me tourne le dos, alors je n'arrive pas à voir son expression ; mais visiblement, j'ai tout intérêt à trouver Alannah, Reina et Ibrahim en vitesse. Histoire de réparer mes conneries plus tôt.
***
C'est saoulant.
J'ai passé mes trois chansons favorites et celles que je maîtrise le mieux à enchainer les fausses notes, ce pour quoi je n'ai pas manqué de me faire gourmander par Ryo qui ne les supporte pas ; quelle ironie, soit dit en passant, que seuls les musiciens du lot n'en aient repéré ne serait-ce qu'une ou deux. Ensuite, le petit numéro de Seo-jun, que j'ai pourtant aidé à préparer, m'a balancé un sacré blues. Ça, plus ce qu'il s'est passé après, ça n'a pas arrangé. Et qu'est-ce qu'il s'est passé après ? Eh bien c'est simple. En sortant des coulisses après m'être changé, d'ailleurs, sur qui je tombe ? Taichi, qui en se jetant sur Ryo m'a rappelé la raison précise de pourquoi j'ai eu les doigts qui ripaient. Et devinez ce qu'est la raison en question ? La bague au doigt de Thibault, dont je n'arrive pas à ne serait-ce que regarder depuis que je les ai rejoints.
Donc, oui, cette soirée que j'ai attendue avec tellement d'impatience prend un tour pour le moins saoulant. Et ça m'énerve, parce que je sais que je ne devrais pas réagir comme ça. C'est normal que j'ai pas le droit à la bague, j'imagine, on est qu'« amis », ou amis avec bénéfices, ou le terme que vous voulez qui n'est pas « amoureux ». Il fait ce qu'il veut avec ses reconnaissances de relation. C'est juste que... Bon. Ça fait chier, quoi. J'ai encore l'impression d'être relégué en deuxième position, et bon sang ce que je déteste ça.
Je déteste tellement ça que j'ai décidé de le bouder pour le reste de la soirée. Lorsque je suis allé le voir tout à l'heure, j'ai bien eu l'espoir de pouvoir me distraire un peu, et aussi de recevoir cette satanée bague, une pour moi, je sais pas... Et puis, je suis moi-même, et je suis extrêmement faible pour les gars avec les manches de chemise retroussées. Donc bon, pas pu résister à l'appel de l'allumage. Mais au vu de comment la conversation s'est avancée, et malgré toutes mes tentatives pour bien lui faire comprendre que s'il a une bague il ferait mieux de me la donner maintenant, je n'ai rien au doigt. Donc je suis de mauvaise humeur, et donc je le boude. En plus, c'est au tour de Sharon de se faire câliner.
J'ai encore mon visage enfoui dans ses cheveux après la fin du spectacle. Quel dommage que même l'air sidéré de Lan Yue en voyant que j'ai mis son crush au premier rang n'a pas réussi à me distraire de ma morosité, j'attendais ça avec tellement d'impatience... Enfin, c'en aura valu la peine quand même, iel nous a fait une superbe performance, sans doute boosté.e par le désir de briller devant ses amours. Ah, là, là, j'ai l'impression de réécrire un de mes romans, et ça m'aurait bien fait rire s'il n'y avait pas eu cette foutue bague.
Du coup, maintenant, on est en extérieur. Thibault nous a laissés pendant le spectacle, Sharon, Louna, et moi, donc d'un commun accord on ne l'a pas attendu pour s'installer sur la colline où doit avoir lieu le feu d'artifice. C'est le petit Akimune qui s'en charge, enfin qui du moins le ferait s'il n'était pas en train de faire les yeux doux à Nhan. Je sens qu'on peut attendre longtemps pour notre spectacle... et même si ça m'aurait pas dérangé d'habitude, bah, rebelote, j'ai même plus besoin de le dire au bout d'un moment.
Je pousse un soupir rude, ce qui attire l'attention de Louna. Cette dernière a été rejointe par Thal et Héloïse, et les amoureuxes de ces derniers, qui bien que collés à notre propre groupe discutent encore un peu de leur côté. Ça lui permet de se tourner vers moi, et de m'accorder un sourire amusé.
« Toujours grognon à cause de cette histoire de bague ?
— Un peu que je le suis, je grommelle. On en a parlé, pourtant. Il sait très bien que je n'y suis pas opposé, au mariage, à comment il me désigne avec les autres, ce genre de trucs. C'est un peu rageant de savoir que t'es toujours classé en dernier.
— Je sais très bien, chéri, soupire Louna. La peur que l'autre ait trop de sentiments ou celle d'être toujours classé dernier, c'est mon quotidien, à moi aussi. Mais ne t'en fais pas trop pour ça. Amour ou pas amour, tu es très loin d'être le dernier pour lui. »
Si elle savait à quel point je me retiens de faire un caprice... Ou de hurler, au choix. Mais bon, je lui fais confiance, elle sait mieux que moi ce qu'il se passe dans sa tête. Elle a toujours eu l'œil pour analyser les gens. Ou peut-être est-ce une habitude qu'elle a prise. Je sais pas trop.
« Désolé si la question est choquante, intervient Sharon, mais je... j'avoue que je ne pensais pas que ça te mettrait autant sur les nerfs. Du coup j'aimerais bien savoir où est le problème... C'est de la jalousie, ou autre chose ?
— Mouais, nan, c'est pas vraiment ça, je soupire en la rapprochant de moi. D'ailleurs s'il y a quelqu'un qui devrait être jaloux c'est lui, parce qu'il n'a pas le droit de te faire des câlins et il ne sait pas ce qu'il manque. Passer à côté d'opportunités, et en l'occurrence d'une fille aussi mignonne, c'est tout Thibault, ça. »
Elle rougit aussitôt. Eh oui, ma chérie, avec moi, le flirt, c'est constamment. Et c'est toujours agréable de la voir sourire, même si c'est gêné parce qu'on est en public. Elle est belle quand elle sourit. Ça me rend heureux qu'elle ait bien voulu renouer avec moi, même après cinq, six ans de vide. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle.
Louna pouffe et se tourne vers Héloïse et Thal, qui j'entends dans le fond ont aussi quelques perles pour elle. De quoi nous rassurer tous les deux, hein. Et me permettre de me concentrer sur la suite de ma réponse.
« Le problème, c'est surtout ma peur d'être négligé, je reprends. Je ne sais pas si tu peux t'imaginer mais comme je ne suis pas amoureux, j'ai un peu la crainte permanente de ne pas être suffisant et de me retrouver mis de côté. Avec Louna, comme elle est aro aussi, c'est plus simple, car je sais qu'elle éprouve la même chose que moi et que ça ne changera jamais ; mais honnêtement, le coup de la bague, ça m'a fait penser que j'ai moins d'importance qu'un amoureux, même au jugé de la nature de notre relation... C'est complexe.
— Je vois ça... »
Elle se cale plus près de moi, le regard perdu sur l'horizon. J'ai le sentiment qu'elle veut me dire quelque chose, mais le silence finit par tomber. C'est moi qui le brise, après quelques minutes à profiter de sa présence.
« Enfin... j'imagine que je m'en fais pour rien, et que j'ai pas à m'en faire... Dans le sens autorisation. C'est normal de n'épouser que quelqu'un dont tu es amoureux, j'imagine...
— .... Tu me suffiras toujours, tu sais. »
Je me tais. Elle a toujours le regard perdu dans l'immensité du paysage, mais ses poings se sont resserrés sur ma veste, et je la sens crispée. Je crois qu'elle essaye de me dire quelque chose, mais pour le coup, la seule chose à laquelle je peux penser, c'est l'intense émotion qui vient de me prendre à cause de ses paroles, et qui me fait dessiner un sourire attendri sur mes lèvres. Elle est beaucoup trop adorable. Bon sang, mais qu'est-ce que je ferais sans elle.
Je me penche vers elle pour l'embrasser sur le front de nouveau.
« Tu es décidément trop mignonne. Peut-être que c'est à toi que je devrais passer la bague au doigt. »
Je crois qu'elle a bugué assez sévèrement. Inutile dans ce cas de lui dire que c'est prévu. Symboliquement ou pas, elle aura son alliance de ma part, c'est le moins que je puisse faire. Mais bon, autant ne pas gâcher ma surprise... D'ailleurs, le feu d'artifice qui commence l'empêche de répliquer. On se contente de regarder, tous les deux, les explosions de couleurs dans le ciel.
Le feu d'artifice est bien avancé lorsque je sens quelqu'un me taper sur l'épaule. C'est Thibault, avec Sachiko, Alannah, Ibrahim, Reina, Ansgar et une expression particulièrement agacée. Réflexe ou pas, je ne peux m'empêcher de jeter un œil aux mains d'Ibrahim, Alannah et Reina pour voir, et pince les lèvres en voyant qu'ils ont tous des bagues aisément reconnaissables. Même Reina. Soit j'ai loupé un truc, soit je suis vraiment le dernier des pigeons.
« Je te trouve enfin, grommelle cet espèce de crétin en s'installant à côté de moi. T'es vraiment allé te planquer au fond du parc, triple idiot.
— Y'a peut-être une raison à ça, Thibs ? » je grogne, incapable de retenir ma frustration.
Le reste du groupe s'installe un peu plus loin, Sachiko ne manquant évidemment pas de se caler dans les bras d'Ansgar. Super. Je vais encore être de mauvaise humeur.
Je détourne le regard, croisant celui de Sharon qui me jette une œillade d'encouragement. Merci chatchat, je t'aime tu sais. Mais ça ne me permet pas de louper le soupir de Thibault, qui ne semble pas capter le message puisqu'il s'installe vraiment juste à côté de moi.
« C'est bête, ça. Donc tu ne veux pas de mon petit cadeau ? »
Waitwaitwait. Comment ça petit cadeau ? J'ai loupé des trucs ? Il se passe quoi ? Pourquoi j'ai soudainement de l'espoir ?
Sharon rigole. Mais c'est qu'elle sait quelque chose en plus ? J'me sens trahi. J'vais la punir en rentrant. Pas de câlins pendant deux minutes, ça lui apprendra tiens !
Thibault sourit et sort LA boîte de sa poche, celle qui contenait toutes les autres bagues. Et je ne peux que remarquer, quand il l'ouvre, qu'il en reste une à l'intérieur.
« Je voulais garder le meilleur pour la fin mais j'avoue que j'ai pas trop compté sur comment t'allais te sentir. Désolé, chou. Tu me donnes ta main que je répare cette erreur ? »
Euh bah euh je quoi ? Merde, j'ai bugué aussi. Et de manière assez spectaculaire puisque Thibault me prend la main de lui-même avant d'enfin m'enfiler cette foutue bague au doigt. Pourquoi je suis en train de gay panic, nom d'un chien ?!? C'est moi le flirt de nous deux d'habitude, ce n'est pas dans l'ordre des choses ! Il m'a piégé ! Sale traître ! Ah je vais bien m'occuper de son cas vous allez voir... Fin quand j'aurais cessé de balbutier comme un putain d'imbécile !
Son bras s'enroule autour de mon cou alors qu'il éclate de rire.
« Ça alors ! J'ai réussi à clouer le bec à Emerens Van Heel ! Alors, tu en penses quoi de ma petite surprise ?
— .... T'es vraiment qu'un putain de triple idiot.
— C'est moi qui suis censé dire ça d'habitude, fait-il, encore plus hilare. Ne fais pas cette tête, mon cœur, tu sais très bien que tu es ce que j'ai de plus précieux. Contente-toi de me faire des câlins et arrête de bouder, ça te va pas ! »
Okay il m'a eu. Okay je suis faible. Okay je lui en veux toujours de m'avoir fait la surprise, et j'aurai deux mots à dire à Sharon et Louna qui au vu des rires étouffés que j'entends étaient très bien au courant qu'il me préparait un truc pareil, ce petit con. Mais ce sera après que j'ai fini de le bisouiller. Parce qu'il y a des priorités dans la vie, et la mienne là maintenant c'est de profiter de chaque seconde que j'ai avec cet adorable petit crétin.
____
Je sais absolument pas comment ça a fini en multiple demande en mariage mais si telle est la vie que j'ai choisie de mener ainsi soit-il.
Je sais pas si cet OS sera "canon" à l'AU sans Tuerie mais c'était bien drôle à écrire, allez. Avec un ou deux petits easter eggs en bonus, tiens...
J'espère que ça vous a plu, et que c'était pas trop long, car moi j'y ai passé littéralement neuf heures-
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