Dix ans depuis... (4- AU sans Tuerie)
Partie 4 : Derniers secrets et intimité
Quatre ans et six mois après la rentrée.
Je lui ai tout dit. À l'instant.
Enfin, tout, pas vraiment. À mots couverts. Il y a des Tragédies dont il est bon de ne pas parler. Mais maintenant, il sait. La dépression. Le PTSD. Les cicatrices. Surtout les cicatrices.
Et il m'a un peu parlé des siennes, derrière. De la dépression chronique. De sa vie qui paraissait être tellement belle, dans laquelle il ne devrait pas y avoir de problème. Alors pourquoi est-ce qu'il y a vu un problème ? Quel problème son cerveau avait vu ?
Je comprends et ne comprends pas à la fois. Mais il sait. Je ne lui ai pas laissé retirer mes manchons, mais ma description a été suffisante. Il a suffi de trois mots.
« Tout comme toi. »
Il n'a rien dit de plus. On a parlé. On a parlé de ça, on a parlé d'autre chose. Le temps a filé, sans que je m'en aperçoive.
Et puis, avant que je ne rentre chez moi, il m'a pris dans ses bras.
Je lui ai rendu son étreinte.
Il sent bon.
Ça fait du bien.
***
Six ans et quelques après la rentrée.
Ils sont là. Ils sont dans l'école.
Je comprends pas pourquoi... Je comprends pas comment... Juge les a pas encore bannis. Je comprends pas pourquoi ils viennent. Pourquoi ils viennent maintenant.
Pourquoi ils s'intéressent à moi, l'enfant déchu, la déception de la famille. Celui qu'ils ont renié en même temps que je les ai reniés. C'est à cause de ce qu'il s'est passé cet été, pas vrai ? C'est à cause de... c'est à cause d'Elvira.
Leur présence en elle-même est une menace bien suffisante pour que ce soit inutile d'en rajouter.
Ils veulent me dire qu'ils savent où me trouver. Moi, Mareva. Elvira. Tous ceux qu'on aime et qui nous aiment, qu'ils veulent tenir dans leur main avant de la refermer, pour nous briser de nouveau, nous changer en poupée de nouveau.
Je suis enfermé dans la salle de musique depuis ce matin. Mareva n'est pas au courant. Mareva ne sait pas qu'ils ont choisi de revenir après la réunion parents-profs habituelle. Je suis presque sûr que c'est parce qu'ils ne m'ont pas vu. Ou l'incident Lan Yue les a convaincus que l'école n'était pas adaptée, voire que nous n'étions pas adaptés à l'école.
En tout cas, aucune hypothèse n'expliquera le fait hélas bien réel que j'ai vu une voiture se garer devant l'école ce matin, et en sortir deux silhouettes que je n'oublierai jamais.
Du coup, je fuis. Moi qui avais enfin réussi à revenir, de temps à autres, en cours, j'ai séché la matinée entière, par peur de ne pouvoir m'enfuir. Même si la salle de musique n'est pas vraiment la meilleure pour s'enfuir. Au moins, avec les box, c'est la meilleure pour se cacher.
Je suis caché dans l'un d'entre eux. Mes écouteurs dans les oreilles, une musique qui y tourne en boucle, à fond. Qu'il m'arrive de fredonner, de temps à autres. Les quelques paroles que j'entends le mieux. Qui résonnent le plus.
Un coup retentit sur la porte de mon box. Quelqu'un toque à la porte. Un moment, mon cœur s'accélère, et puis, je reconnais la voix derrière la porte, et c'est le soulagement qui m'envahit.
« T'es là, Emerens ?
— Ouais, ouais. Rentre, Senri. »
Je ne m'attendais pas à le voir, mais d'un autre côté, c'est vrai que c'est là qu'on se croise le plus souvent. J'imagine qu'à force, il me connait bien, le Senri.
Ce dernier passe la porte, son sac négligemment pendu sur une seule épaule, avec un petit air inquiet à mon égard. Qui s'accompagne d'un léger sourire en voyant que je suis juste sur mon fauteuil, écouteurs dans les oreilles. Que j'enlève, d'ailleurs. Je suis trop poli pour les garder.
« Salut, mec.
— Yo. Venu me rejoindre dans ma tanière ? Trop sympa de ta part. »
Il pouffe.
« J'ai même fait encore mieux que ça. Regarde, je te rapporte le ravitaillement. »
Et sur ces mots, il fait passer son sac par-dessus son épaule avant d'en tirer... Oh mon dieu vous qui n'existez pas mais je le vénère en fait.
Je tends les bras en avant, soudainement en train de saliver plus que de raison.
« Des cookies ! Viens un peu par ici que je t'embrasse !
— Mollo, il rigole. C'est les cookies que je veux avoir dans la bouche, pas ta langue.
— Dommage, mais priorité aux cookies. Allez, file ça. Je suis coincé ici pour un bon moment, de toute façon. »
Je le vois se rembrunir un peu. Avant qu'il ne ferme la porte et ne vienne s'installer à côté de moi, boîte de cookies en main. En plus, c'est ceux de Louna, je les reconnais. Avec le bonus praline. Je vais vraiment lui construire un autel, un jour.
Savourant la délicieuse odeur des biscuits, j'en gobe un d'un seul coup, et Senri éclate de rire.
« Peu importe à quel point je le vois, je serai toujours surpris par ton absence de réflexe vomitif.
— Le talent, Senri, le talent. Dépêche-toi de te servir avant que je bouffe tout ! »
Il prend heureusement pour lui mon avertissement tout à fait légitime au sérieux, et mord dans un autre cookie. Qui semble visiblement lui plaire. Après c'est les cookies de Louna, jusqu'ici ça a été unanime chez nos potes, même les moins fan...
On passe quelques temps à faire un sort aux cookies, avant qu'il ne s'interrompe, un air un poil plus sérieux sur le visage.
« Alors. Visite des parents, hein ?
— Ouaip. Et pas des meilleures. J'ai peur de savoir ce qu'ils foutent ici, surtout après ce qui est arrivé à Elvira. On a commencé les démarches, tu sais, pour le procès. Mais c'est long. Très long. »
Il fait la moue. C'est vrai, je lui ai tout raconté après mon retour des Pays-Bas. En même temps que le fait que j'avais parlé à Lan Yue de mon... Petit problème de Saint-Cyr. Il m'a félicité pour avoir réussi à passer mon mutisme psychologique, mais l'état d'Elvira l'avait beaucoup inquiété. Même alors qu'il avait très peu vu ma sœur.
« Hope's Peak les a peut-être convoqués pour un avertissement en bonne et due forme.
— Probablement pas. Hope's Peak ne règle jamais ses problèmes de la sorte. Je suis bien placé pour le savoir. Du coup, ça m'inquiète. J'ai même pas eu le temps de prévenir Reva. J'ai trop la trouille. »
Il pose une main sur mon épaule, avant de doucement la serrer.
« Ça se comprend très bien, t'inquiète. Mais avec un peu de chance, ce sera leur dernière visite quand même. Hope's Peak ne peut pas laisser passer ça. Surtout après le renvoi de Yuàn Shan.
— Ah, m'en parle pas... Je meurs d'envie de lui enfoncer mon poing dans la figure, à ce petit enculé, je grommelle. Mais Juge l'a mis dehors très, très vite. J'étais encore en Espagne quand j'ai appris ce qu'il s'était passé, et quand je suis rentré, plus d'Ultime Huissier. Qui est resté jusqu'à sa huitième année avant de se faire dégager, quand même, ce fils de pute. Aha le noob. »
... Nan, même me moquer de Yuàn ne m'aide absolument pas à relativiser. Certes, je me dis qu'on est en sécurité relative, ici, que je peux faire confiance au Juge pour veiller sur ses élèves, ceux qui ne blessent pas les autres. Mais quand même.
J'ai peur. J'aurai toujours peur. Rien ne me permettra d'arrêter d'avoir peur.
Senri resserre sa main sur mon épaule. Encore.
« T'en fais pas. Ça va aller. »
Et j'aimerais le croire. Plus que jamais j'aimerais le croire.
Mais le bruit des pas que j'entends dans le couloir ne me rassure pas.
Plus encore quand ils se rapprochent.
Se rapprochent même un peu trop.
... Un peu beaucoup trop...
Je me crispe net. Il y a des gens dans la salle de musique. Et ces gens... Je le sens mal, tellement mal, tellement, tellement mal...
« Senri, je chuchote d'une toute petite voix, quelqu'un t'a suivi ? »
Il grimace.
« Non. Je te promets, j'ai bien fait gaffe. Personne n'est censé m'avoir suivi. Personne... »
... Je te crois. Je te crois. Je te fais confiance.
Alors pourquoi il y a des bruits de pas, nom de Dieu ?!?
Je me recroqueville de plus en plus sur mon siège. Incapable de bouger. Incapable de faire autre chose que fixer la poignée qui descend.
C'est Lan Yue, hein ? C'est forcément Lan Yue. Je sais qu'il vient souvent me voir quand je suis planqué comme ça. L'habitude. On a fini par se planquer ensemble, mais maintenant que les Yuàn ne viennent plus, lui n'en a plus besoin. Sauf que les van Heel sont toujours dans le tableau. Du coup, il vient quand même. Me tenir compagnie. Me tenir compagnie... Me tenir compagnie...
Me...
Tenir...
« Ah, tu es là. Je dois bien avouer que c'est un piètre endroit pour se cacher, Emerens. »
...
Compagnie...
...
...
Ce n'est pas Lan Yue.
Non.
C'est la silhouette austère, revêtue d'un costard noir tirée à quatre épingles, de mon père.
Qui me fixe avec un regard désapprobateur de derrière ses cheveux blonds recouverts de gel. Blonds comme les miens, striés de gris, à la fois si différents et si proches.
Et derrière lui...
Derrière lui...
Elle me regarde, avec son petit air déçu qu'elle me réservait quand j'avais un zéro. Impeccable dans son tailleur bleu pastel, une couleur qui s'accorde si bien à son, à notre teint. Les yeux pleins d'une douceur à laquelle j'ai cessé de croire, sa petite moue de déception qui fait tellement, tellement plus mal que le regard désapprobateur de mon père. Celle que j'avais un jour été ravi d'appeler maman avant de comprendre que je n'avais rien de ce qu'elle voulait pour être son enfant.
Damian et Adelheid van Heel, qui se tiennent à l'entrée de mon sanctuaire, de mon ultime sécurité. Les monstres de mon enfance, pourtant si humains dans leur manière de me regarder comme si c'était moi, l'abomination.
La déception de la famille.
« Désolée d'avoir pris tant de temps, elle sourit, de son petit sourire faux auquel je ne crois plus du tout. Il faut dire que tu es très doué pour jouer à cache-cache...
— Je... Comment vous m'avez trouvé ? »
Du calme. Du calme. Ignore-la. Ignore-la. Ce n'est que du matériel supplémentaire pour le procès, pour les dégager de ma vie pour de bon. Ils ne devraient plus m'affecter autant. Ils ne devraient plus avoir d'effet sur moi. Ils ne devraient pas.
Elle a un petit rire.
« Un charmant garçon s'est proposé pour nous indiquer les endroits où tu pouvais potentiellement te trouver. Il faudra que nous pensions à le remercier, tu ne crois pas ? »
Un charmant... Une minute. Je plisse les yeux, discernant une ombre qui s'éloigne vers la porte de la salle de musique. Et une pierre me tombe dans l'estomac au moment où je reconnais la charmante tignasse brune de Nicomaque Papoulos.
... Putain. Il va me le payer, ce salopard. Même si je dois l'étriper, premier degré.
Qu'il sache ou non le problème n'a aucune importance après ça.
Senri, à côté de moi, a plus l'air choqué qu'autre chose. Je crois qu'il ne s'attendait pas à se retrouver au cœur de ce putain de drame familial. Je peux le comprendre.
Je ne voulais pas être impliqué là-dedans, moi non plus.
Je voulais pas.
Devant moi, l'austère figure se renfrogne.
« Ta mère et moi souhaitions te parler, il commence avec une grimace. Au sujet d'un incident cet été que nous n'approuvons pas. Et visiblement tu n'as toujours pas appris à faire face à tes problèmes comme un adulte, vu la manière dont tu te caches. »
L'incident de cet été... Vous voulez dire, la foi où on a dû faire une intervention commando avec Hope's Peak derrière nous pour libérer Elvira de sa séquestration, et où j'ai bien cru que j'allais y laisser ce que j'ai regagné de santé mentale ? Alors que Noël me la malmenait déjà assez et que je n'y vais vraiment que pour Willy et Annie ?
Je serre les dents. Je ne répondrai même pas à cette provocation. De toute façon, je ne sus déjà pour eux rien de plus qu'un adolescent attardé.
« Il faudrait aussi que vous cessiez de me traiter comme un enfant, je finis par soupirer, puisant mon calme dans mes doigts contractés autour du bras de Senri. J'ai, aux dernières nouvelles, bien plus de la majorité, que je sache. Et je ne vois pas ce qui mérite qu'on le règle ici, devant témoins.
— Et pourtant, toujours à l'école, grince mon foutu interlocuteur avec un mouvement de dégoût. Et à s'entourer de personnes peu recommandables. »
Il fait un mouvement de menton en direction de Senri, qui plisse les yeux. Et c'est à cet instant précis que je vois rouge.
Je bondis sur mes pieds, la mâchoire assez contractée pour me péter deux dents. Dans mon esprit, une froideur de glace.
« Laissez Senri en dehors de ça.
— Je me préoccupe de tes fréquentations, Emerens, gronde l'autre. Aies au moins un peu de respect pour ça. »
— Chéri, elle soupire à côté de lui. Ce jeune homme est trésorier d'État. Cesse donc de juger sur les apparences, tu veux bien ? Au contraire, il me paraît très bien. »
Elle fait un de ses petits sourires faussement amicaux à Senri qui hausse un sourcil, l'air de ne pas s'y laisser prendre. Remercions sans doute toutes les histoires que j'ai raconté sur la mégère et son petit air de menteuse professionnelle.
Air qui se craquelle doucement lorsqu'elle se tourne vers moi, et que je sente un courant d'air glacial me caresser les tempes.
« La question que je devrais me poser, plutôt, c'est pourquoi quelqu'un comme lui perd-il son temps avec une personne dans ton genre. »
...
...
...
Qu'est-ce que...
Qu'est-ce que vous voulez... Répondre à ça ?
Rien.
Rien du tout.
Rien du tout, parce que je me pose la question tous les jours.
Pourquoi est-ce que les gens perdent leur temps avec moi ? Pourquoi est-ce que je suis suffisamment intéressant pour qu'on veuille me passer la bague au doigt ? Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi je n'arrive même pas à trouver un moyen de lui répondre, alors qu'elle ne peut plus me faire de mal depuis plus de dix ans ?
Est-ce que j'ai vraiment changé, est-ce que j'ai vraiment évolué, ou est-ce que je suis toujours quelque part cet ado de treize ans qui pleurait l'amour de sa mère même alors qu'il avait les bras en sang ?
Je ne sais pas.
Je ne sais pas.
Senri se redresse. Je vois ma marque de mes doigts sur son poignet, mais il ne montre même pas la moindre douleur. Il se contente de soupirer.
« Si vous voulez bien m'excuser, je crois que ce n'est pas le lieu pour régler vos comptes. Et je ne suis pas sûr que vous puissiez rester trop longtemps sur le campus, alors soyez un peu civils.
— Il parle bien, elle sourit. J'apprécie. »
Et elle le regarde avec un certain amusement. Comme si Senri était son sujet d'observation. Comme si c'était une créature d'intérêt. Est-ce que j'ai été une créature d'intérêt, aussi ?
Senri serre les lèvres. Je le vois se retenir de répliquer, mais au même moment, une petite tête passe par la porte, et les jupons de l'Impératrice Ultime la précèdent en même temps que son petit caquètement.
« Oh bah ça alors, madame monsieur van Heel, pile les gens que je cherchais ! Monsieur Juge a des consignes particulières pour vous, si vous voulez bien me suivre ?
— Mais certainement, elle répond, d'une voix presque trop complaisante. De toute façon, nous en avions très certainement fini.
— On reparlera de tout ça à la maison, Emerens, il ajoute alors qu'ils se tournent vers la porte. À tête reposée. »
Les deux monstres sortent. Impératrice les suit, non sans m'avoir adressé un clin d'œil complice. Et finalement, la porte se referme, ne laissant dans la pièce que Senri et moi.
Ce dernier pousse un profond soupir. Avant de porter son poignet à son torse, pressant doucement les marques que je lui ai laissées du bout des doigts.
« Ouille. Je comprends la raison, mec, mais la prochaine fois, évite de me casser le poignet, d'accord ? »
Ça devrait me faire rire. J'aurais dû rire. Mais je n'y arrive pas. Je n'y arrive pas. Je suis au bord des larmes alors que je ne devrais pas. Ça fait dix ans. Ça fait dix ans. Ça ne devrait pas se passer comme ça.
Ça ne devrait pas se passer comme ça.
Il remarque sans doute que je ne suis pas vraiment en forme. No shit, Sherlock. Et au lieu de me balancer une autre blague, il prend visiblement la décision de se rapprocher de moi, et de me prendre par les épaules, doucement, presque trop.
« Eh. Ça va aller ? »
Il ne m'en faut pas plus pour éclater en sanglots.
Et à lui, pas plus pour m'attirer à lui.
Je suis coincé dans ses bras, et en temps normal je ne m'en serais pas préoccupé, ça m'aurait même ravi. Mais là, tout ce que j'arrive à penser, c'est que je chiale sur son épaule pour une putain de raison stupide. Tout ça parce que mes vieux se repointent pour un petit commentaire salé sur qui je m'entoure et qui choisit de rester à côté de moi. Parce que je ne voulais pas mêler quelqu'un et surtout pas Senri à une histoire aussi stupide. Parce que j'ai tellement peur de le voir, de les voir, se détourner. Senri. Louna. Sharon. Thibault. Lan Yue. Seo-jun. Reina. Elvira. Mareva. Willy. Tous les autres.
Pourquoi je suis comme ça ?
Pourquoi je suis comme ça ?
« Ça va aller, soupire Senri dans mon oreille. Ça va aller. Hey. S'il le faut, j'irai parler à Juge moi-même pour les bannir du campus. Ils ne pourront plus t'atteindre. Ni toi, ni tes sœurs. »
Je l'étreins de toutes mes forces au milieu de mes larmes, et il me rend le câlin en douceur, en me berçant doucement contre mon épaule. Alors que je continue de pleurer comme un con.
J'aimerais te croire. Vraiment.
Mais la vérité, c'est sans doute qu'ils ne cesseront jamais de m'atteindre.
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