Dix ans depuis... (1- AU sans Tuerie)

Disclaimer : Cette nouvelle va être en plusieurs parties, parce qu'ele était vraiment trop longue. C'est un ensemble de pépites d'affection plus précisément, mais qui retrace à peu près l'histoire d'une relation que je dois avouer vraiment beaucoup aimer-

Du coup j'espère que ça vous ira. Moi, en tout cas, je l'aime beaucoup-

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Partie 1 : Rencontres et ajustements

Premier jour à Hope's Peak.

Je suis déjà un peu perdu, ça commence bien. Surtout que Louna n'a pas pu me suivre. Déjà que j'ai dû batailler pour qu'elle m'accompagne au Japon en attendant son titre, je me sens mal de la laisser toute seule à l'appart dans un pays étranger...

Enfin, elle m'a dit qu'elle essaierait de se renseigner sur les élèves, le temps que je fasse ma rentrée. Au moins ça. Cette vilaine fouineuse... Enfin je dis ça mais je l'aime, bon sang.

Enfin bref. On a eu la présentation du directeur, du coup maintenant, c'est les élèves qui nous font leur petit speech. Je reconnais sur l'estrade, cachée derrière une très jolie fille aux courts cheveux bruns, l'actuelle Ultime Scénariste, Wen Xiang Monogatari. Celle avec qui Louna est en compétition pour le titre.

Voyons donc à quoi ressemble la fameuse rivale, tiens... Hmmm, elle est jolie, dans le genre timide. Le visage tout rond, les yeux en amande, on dirait une chérubine. Une chérubine qui semble très peu à l'aise à côté des autres, visiblement. Mais mis à part ça, elle n'a rien de particulier. Et je dis pas ça parce que j'ai la plus belle des Scénaristes à la maison, nooon.

Ils sont environ une dizaine, sur l'estrade. Monogatari, sa copine vu la proximité, mais aussi un gars aux cheveux rouge vif qui excite mon gaydar (et pas seulement, putain quelle beauté) alors que je suis à cinq mètres de l'estrade, accompagné d'une fille magnifique aux cheveux roses. Ils forment un joli couple, tiens. Ça, ça veut dire que je vais sans doute aller les voir, pour... Me renseigner. On me changera pas.

Sinon, y'a un gars qui me ressemble un poil trop pour que je l'apprécie, un gars aux cheveux blancs qui vu les couches de vêtements doit même être albinos, une grande fille noire qui... Eh, une minute. C'est pas Sour Asyna, ça ? La petite copine de Thal ? Oh bah ça alors, le monde est petit. Quand je vais le dire à Louna, tiens.

Et sinon... Les trois autres, ce sont une fille aux cheveux roses qui fixe Sour d'un drôle d'air, une brune avec des couettes et une moue vraiment mignonne, et un gars aux cheveux rouge sombre. Les deux premiers semblent attendre que ça se passe, mais le dernier est installé à côté de la fille qui fait le speech, à savoir, la copine de Monogatari. De temps à autres, il lui jette quelques coups d'œil à droite à gauche, l'air un peu tristoune, mais c'est à peine si elle le regarde.

Je flaire comme qui dirait l'odeur du drama, moi. Et je sais pas, j'ai toujours eu un faible pour les gars avec un côté rock. C'est suffisant pour que je sorte mon téléphone histoire de voir si Louna a pas des infos à me filer. J'en profiterai pour lui dire que Sour est là. D'ailleurs, Thal aussi, peut-être ? Ce serait vraiment cool pour elle...

J'ouvre sa conversation et me met à pianoter, ignorant complètement le speech. J'aurai qu'à suivre la masse, flemme. Et puis au pire, demander de l'aide à ces splendides créatures ne sera jamais qu'un plus.

Louna ma chérie, lumière de mes journées et amour de ma vie, comment vas-tu donc en cette si belle journée ?

La réponse de Louna ne se fait pas attendre. Je pouffe. Les mots doux, ça marche plutôt bien, dis-donc.

Tu veux quelque chose, Emerens ? Je sais que tu veux quelque chose.

Mais je vais très bien, si tu veux savoir.

Femme de peu de foi. Mais je me remets à écrire, pas vexé pour deux sous.

Hmmm peut-être. Tu savais que Sour était à Hope's Peak ? Depuis son ouverture, apparemment.

Oui, je sais. Si tu pensais pouvoir me surprendre... :,) Thal me l'a appris en même temps que son obtention d'Ultime. De cette année, d'ailleurs, apparemment il a été repêché de la Réserve, grâce à Sour, justement.

Oh, zut. Moi qui pensais pouvoir te surprendre... mais que Thal soit là, c'est une super nouvelle, vous allez pouvoir vous voir, peut-être ?

Peut-être. Je verrai avec luiel. Mais j'imagine que ce n'est pas ce pourquoi tu m'envoies des messages ?

Je relève les yeux vers l'estrade, ou l'officiante continue son speech. Des trucs sur une grande famille à Hope's Peak, la nécessité de créer des liens entre Ultimes, et cetera. Je dois dire que ça me change des discours d'élèves de Saint-Cyr. Beaucoup plus hypocrites.

Le gars à côté d'elle est toujours là, même s'il a cessé de lui jeter des regards en coin. Maintenant, il balaie ma promotion du regard, l'air de juste vouloir retenir quelques nouvelles têtes. C'est à peine s'il tique en me voyant, d'ailleurs. Donc, ce n'est pas un fan. Tant mieux. C'est toujours compliqué, les relations avec les fans.

Et si jamais je veux tisser des liens, eh bien, mieux vaut savoir à quoi s'attendre.

Ouaip, j'écris sur mon téléphone. Juste savoir si t'as des infos sur un élève en particulier ?

Genre ? Décris-le, je sais peut-être.

Alors. Cheveux rouges, légèrement bouclés, un peu comme les miens, tenue rock en général, petit air triste, a l'air d'être proche de Monogatari ? Très mignon, soit dit en passant.

Pas de nouveaux messages. Louna doit être en train de réfléchir, ou de chercher dans ses trucs rassemblés. Voire demander à Thal, peut-être, s'il sait des choses. Je me demande comment ça se passe pour les repêchés de la Réserve, d'ailleurs. Quelle promo ils intègrent. Eh, j'aurais peut-être l'un des meilleurs amis de ma copine dans ma classe ? Ce serait cool, en vrai. Je pourrais faire plein de matchmaking avec ces deux-là, eh eh eh.

Au bout d'un certain temps que je passe à m'ennuyer mortellement sur le discours, mon téléphone vibre. Et comme je n'attends rien d'autre, je ne suis pas surpris de voir que c'est Louna.

J'ouvre la conversation en quatrième vitesse. Eh, quoi, faut bien profiter du piston.

Hmmm. Ouais, je vois qui c'est. Thal m'en a un peu parlé.

Senri Kizoku, ultime Trésorier, héritier d'une grosse fortune qui s'est installé à son compte, petit génie des maths d'après Sour. Pile ton type, ouais. Mais après, j'ai pas masse d'infos. Il est très, très isolé dans sa promotion, et d'après Sour, il s'est passé quelque chose entre lui et Raraka qui les a un peu éloignés.

Raraka, c'est Raraka Son, la petite copine milliardaire de Monogatari, au fait.

Ouh là. On dirait que j'ai mis les pieds dans un gros truc, là. Est-ce que je vais chercher à creuser parce que j'adore le drama ? Ouais, totalement. Mais j'avoue que j'ai moyennement envie de me lier d'amitié avec Monogatari. Déjà par respect pour Louna autant que parce que ça veut dire que je vais devoir parler régulièrement à Raraka Son. Et maintenant que je me rappelle qui c'est... Disons que je ne porte pas les riches héritières dans mon cœur.

Donc du coup, ne me reste plus qu'à parler à Senri, pour en savoir plus. On sait jamais, y'a peut-être du potentiel à roman, là-dedans.

Enfin on verra bien. Pas vraiment le moment pour me retrouver en plein cœur d'un drama scolaire, ou gâcher de potentielles relations.

Oh zut, j'écris à Louna après quelques minutes de réflexion, donc finalement Monogatari te bat en termes de fortune de partenaires ? Je suis si déçu, va falloir que j'écrive plus de bouquins pour toi...

Fais pas le con, Emerens. On parle de la plus grosse fortune du Japon, là. Mais j'apprécie l'intention.

Par contre, dernier détail : Si tu comptais dragouiller ta nouvelle cible, évite. Entre le truc avec Raraka et le fait que ce soit un énorme introverti, je crois que c'est un peu mort.

Je pouffe. C'est un défi ?

Rien n'est jamais mort pour Emerens van Heel, ma chérie que j'aime. Mais t'inquiète, je ferai gaffe. Allez, je te laisse, je crois que le discours des élèves est fini...

Et effectivement, Raraka est en train d'annoncer les gens qui feront la visite du campus d'Hope's Peak, côté Ultimes, aux élèves. Dont Monogatari, Veikko Lajunen en personne, le joli couple de tout à l'heure qui répond apparemment aux doux noms d'Aloïs et Neia, et le fameux Senri.

Pas le temps de communiquer davantage avec ma chérie, je crois que j'ai des devoirs de nouvel élève à honorer...

***

Vous savez, j'adore les coïncidences rigolotes.

Et la grosse coïncidence bien rigolote, c'est que devinez qui fait la visite à mon groupe de dix élèves ?

Ouaip, Senri Kizoku en personne.

Entre nous, il a pas l'air très emballé, le pauvre. À côté de l'enthousiasme de Veikko Lajunen, que j'entends un peu plus loin dans les couloirs, il me fait l'effet de Morphée en pleine sieste. En un poil plus mécontent, des fois. Et un poil plus beau, aussi.

Les autres du lot ne sont pas beaucoup mieux. Entre les deux gros tas de muscles à peau sombre qui se regardent mal depuis tout à l'heure, la fille aux cheveux châtain aux épaules toute vêtue de noir qui jette de petits coups d'œil à Senri comme s'il allait lui exploser sous les yeux, la blonde qui nous regarde tous comme si on était des sujets d'expérience et la fille aux cheveux violets coupés en carré qui regarde aux alentours comme si des assassins allaient surgir d'un passage secret dans le mur... Brrrr. Pas très joyeux, tout ça.

Pourtant, le campus est magnifique. Et plein de trucs à explorer, aussi. J'ai l'impression de voir masse passages secrets, et Senri nous fait même emprunter l'un d'entre eux pour passer du couloir des profs aux salles de clubs. De notoriété publique, qu'il a dit, mais quand même.

« Voilà les salles de clubs, il nous annonce alors qu'on arrive. La plupart sont pas occupées, c'est juste en prévision, mais Hope's Peak vous forcera la main pour en intégrer un, sous prétexte de développement personnel et professionnel, tout ça. Ne vous en faites pas, il soupire, ça n'a rien d'obligatoire, et vous pourrez quand même vous y rendre librement. Entre deux cours, par exemple.

— Comme si j'allais passer mon temps en cours, je chuchote, un peu railleur. La phobie scolaire, elle pardonne pas. »

Personne ne m'a entendu, visiblement. À part lui, qui me jette un regard en coin avant de hausser les épaules.

« Pour se cacher des profs ou des pions, il y a les passages secrets, dans le pire des cas. Pour ceux qui les connaissent, du moins, et qui ont davantage la volonté d'échapper à leur travail que de travailler. »

Ah le bâtard. Le pire, c'est que personne d'autre n'a compris que c'était moi qu'il visait. Tout le monde s'entreregarde, l'air un peu perdu. Mais il a de la répartie, dis-donc. Ça m'intéresse, ça.

J'ai un petit sourire un peu railleur.

« Eh, ça demande de l'énergie d'être la déception de la famille. Mis à part ça et sur une note totalement sans rapport, il y a quoi, comme salles de clubs ? »

Senri lève un peu les yeux au ciel. Oh, ça l'a pas fait rire ? Zut, je vais devoir revoir mon répertoire de blagues. Même si à la réflexion, le seul que j'ai jamais fait rire comme ça, c'était Alexis... Et vu sa daronne, y'a peut-être un lien ?

« Alors, commence Senri, l'air déjà fatigué de tout lister. Il y a la salle multimédia, le bureau de réunion du conseil des étudiants... aussi une salle pour les occultistes, pour le club de littérature et d'audiovisuel. Ah, et, une salle de musique, aussi. »

Musique ? Oho, ça m'intéresse, ça. Il faut vraiment que je m'entraîne à la guitare. On dirait que je sais où est-ce que je vais sécher tous les cours, moi.

Enfin, on verra. Y'aura peut-être d'autres activités rigolotes. Avec deux cents élèves sur ce campus, la probabilité que je ne puisse, disons, m'amuser un peu avec aucun d'entre eux est assez limitée...

Senri nous emmène jusqu'aux salles de clubs, avant de nous en montrer une du doigt.

« C'est la salle de réunion du conseil des étudiants. Pour l'instant, il est assez vide et n'organise pas grand-chose, vu que l'école a ouvert l'année dernière. Je vous dirais bien que c'est à vous de le faire évoluer, mais moi, j'y suis pas. Donc bon.

— Dommage, j'allais te demander comment on s'inscrit, je rigole. Tu ne m'aides pas beaucoup, là. »

J'essayais d'animer un peu le groupe, moi... Mais même si j'entends la fille aux cheveux violets légèrement rigoler, les autres restent de marbre. Et Senri se permet même de me jeter un autre regard en coin type « encore celui-là, décidément ». Eh, un peu de respect pour l'ambiance !

Et puis bon, qui a eu l'idée de donner au type isolé la charge de faire visiter le campus... Quelqu'un qui veut que le type isolé tisse des liens ? Bon point, bon point, j'aurais fait la même. Mais du coup, j'espère qu'on ne manquera pas d'infos. Ce serait con.

Senri finit par hausser les épaules.

« Bon, je pense que j'ai fait à peu près le tour. Le reste, vous verrez ça avec votre parrain. Il sera sans doute mieux indiqué que moi, puisque comme quelqu'un l'a si bien signalé, je ne suis pas d'une grande aide. »

Ouch. En plein dans les dents. Eh bien eh bien, on part sur de mauvaises bases, là. J'essaierai de me rattraper plus tard. De toute façon, s'il croit m'échapper, il rêve.

On me met pas sous le nez un type qui en dit rien, avec visiblement un gros bagage émotionnel, et accessoirement très mignon sans que je veuille lâcher le morceau.

***

Les cours ont commencé depuis une semaine, et comme je m'y attendais, je supporte très mal d'être enfermé dans une salle de classe. Je crois que la thérapie par exposition, c'est pas pour tout de suite. Dieu merci, notre cher dirlo, l'Ultime Juge, s'en fout pas mal qu'on sèche, il n'y aura aucune répercussion. Du moment qu'on reste sur le campus et qu'on s'implique un minimum.

Du coup, j'en ai profité pour, un, poser ma candidature au conseil des étudiants, avec une bonne dizaine d'idées pour structurer tout ça, deux, faire une exploration prolongée de l'école pour chercher les autres passages secrets qui mine de rien me fascinent, trois, imposer ma présence suffisamment longtemps à la salle de musique pour avoir mon cul imprimé sur un des canapés.

Profitant du fait que je me suis acheté une guitare électrique toute neuve pour mes dix-sept ans, même si celles du club ont l'air bien qualitatives.

Enfin. Je m'installe petit à petit sur le campus, et en soit c'est pas pour me déplaire, même si pour l'instant, je n'ai pas pu parler à grand-monde. Je me suis joint à un groupe, pour manger, et certaines des personnes ne me déplaisent pas. Comme Seo-jun, l'Ultime Garde du Corps, par exemple, ou Michiru, l'Ultime Toxicologue, qui ont l'air d'être des gens assez sympas. Mais on a pas vraiment tissé de liens, pour l'instant, à vrai dire.

Et puis, j'ai pu retrouver Sharon. Et les mots me manquent pour exprimer à quel point je suis heureux de la revoir.

Par contre, je n'ai pas eu une seule fois l'occasion de reparler à Senri. Le fait qu'on ait trop peu de classes en commun, sans doute. Décevant.

Du coup, j'attendais avec impatience l'heure de réseau. Le fameux truc qu'on me vante, que ce soit les profs ou les anciens, pour être juste le moment que tu ne dois pas sécher sous peine de répercussions, parce que c'est l'heure dédiée à tisser des liens entre Ultimes. Voire des contrats de travail, même si moi, je ne sais pas trop si j'en ai besoin, à ce stade. Disons qu'après ma rupture avec Éléane, je suis pas connu pour tisser des liens efficaces de boulot avec les génies.

En plus, apparemment, c'est aussi là que les parrains vont retrouver leurs filleuls pour la première fois. C'est une excellente occasion de parler avec la promo du dessus, histoire de comprendre un peu leur vision de l'école.

Du coup, je pouvais pas vraiment me permettre de sécher. Et je suis pas déçu. Toute l'heure, je passe de groupe en groupe, discutant à droite, à gauche, avant de faire mon rapport détaillé à Louna qui veut évidemment tout savoir. Par texto.

Je loupe presque les 2016 se pointer dans la pièce, avant que quelqu'un ne prononce mon nom en me pointant du doigt, et que je voie son interlocuteur se diriger vers moi. Avant d'écarquiller les yeux.

De mon côté, j'ai un large sourire.

« Tiens donc, comme on se retrouve ! »

Senri, parce que selon la loi des coïncidences troublantes ça ne pouvait être que lui, pousse un profond soupir.

« Comme tu dis...

— Roh arrête, on dirait que t'es pas content de me voir. J'vais finir par mal le prendre. Tu me voulais quelque chose, ou tu es juste là pour le plaisir de ma compagnie ? »

Je ponctue cette petite attaque d'un léger clin d'œil. Le genre qui fait hurler n'importe quel ado de quinze, seize ans qui a lu tous mes bouquins. Et qui visiblement, semble bien agacer Senri, vu qu'il se contente de lever les yeux au ciel.

« Oui, effectivement, je te voulais quelque chose. Désolé si tu espérais quelqu'un de plus impliqué dans la vie de l'école, n'est-ce pas, mais c'est moi, ton parrain. Et, bon, il faut bien que je vienne te le dire. »

Mais c'est que j'adore ces coïncidences troublantes, décidément.

Une excuse pour avoir son numéro et pouvoir causer sans faire trop lourd, vraiment, la Providence est avec moi sur ce coup-là. Et j'aime bien quand j'ai un bon karma. J'espère que ça va durer.

En attendant, faut pas que j'ai l'air trop enthousiaste. Ou trop déçu. Du coup, je me contente de hausser les épaules.

« T'en fais pas. Je me débrouille pas trop mal tout seul. Mais ça fait toujours plaisir de causer avec un senior. Même s'il n'y a que deux promos dans cette école, pour le moment...

— Si tu le dis. »

Décidément, chez lui, l'enthousiasme, il est pas au rendez-vous, par contre. Et j'ai déjà vu ces cernes là quelque part. à savoir, tous les matins dans la glace. Hm. Je n'aime pas trop ces doux relents de dépression que je sens se dégager de lui...

On dirait que j'ai marché dans un truc un poil plus grave qu'un drama amoureux, moi.

Plutôt que de cacher mes constatations, je fais un pas en avant, le temps de tendre la main.

« On devrait se faire une présentation en bonne et due forme, même si j'imagine que tu as mon nom. »

Inutile de préciser que j'ai le sien aussi parce que je suis un fouineur et que ma copine a des contacts. Et puis, il faut toujours partir sur des bonnes bases avec les gens plus hérissés qu'une étoile du matin.

Senri hoche la tête doucement, avant de tendre la main pour une poignée rapide.

« Senri Kizoku, Ultime Trésorier. Enchanté, je suppose.

— Tout le plaisir est pour moi. Emerens van Heel, Ultime Romancier. »

Nous nous serrons la main rapidement. C'est lui, surtout, qui retire la sienne en premier, trop vite pour que j'aie le temps de compter son nombre de bagues. Il a pas vraiment des mains de matheux, dis-donc. Elles sont un peu calleuses, comme celles d'un... Bah, d'un guitariste.

Ou peut-être que j'ai trop de souvenirs des mains toutes douces de Thibault.

Pas le temps de me perdre dans mes souvenirs du passé. Senri vient de sortir un bout de papier, sur lequel je vois écrit une suite de chiffres. Un numéro de téléphone. Eh bien, ça a été rapide.

« Tiens, il fait en me le tendant. Comme ça, tu as mon contact. Par contre, ne l'utilise pas trop, s'il te plaît. C'est aussi mon tel de boulot.

— Merci, je souris en prenant le bout de papier. Mais je promets rien pour ne pas t'appeler. On sait jamais, j'aurais peut-être besoin de la sagesse des anciens.

— Les anciens, tu exagères un peu, fait Senri, avec un léger sourire. Sauf si tu es plus jeune que tu en as l'air.

— Eh, je suis né en 2000, je suis du même millénaire que toi à tous les coups, un peu de respect. Et tu restes quand même l'ancien. »

Il lève les yeux au ciel. Zut. Bon ben, toujours savourer les petites victoires, qu'ils disaient.

« Enfin bref. Si tu n'as besoin de rien d'autre, je file, moi. En plus, l'heure de réseau est quasi terminée. »

Hélas pour moi il a raison, et doublement hélas pour moi il ne prend pas le temps d'attendre ma réponse. Il se casse après un signe de la main à mon adresse, sans un regard en arrière ou même une salutation pour les autres.

Je dois dire que quand Louna me disait qu'il était méga isolé, je ne m'attendais pas à ça. Il n'a même pas pris mon numéro, en plus. À croire que je suis une corvée. Ou plutôt... Une tâche immense qu'il essaie de réaliser, petit à petit. Puisque je n'ai pas souvenir que le parrainage était obligatoire, surtout que certains 2016 sont déjà partis ou ont rejoint l'équipe éducative...

Je hausse les épaules, avant d'entrer en vitesse son numéro dans mes contacts. S'il voulait quelqu'un qui lui parlerait jamais, il va vite être déçu.

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