A fitting end (Au sans Tuerie)
Je ne m'attendais vraiment pas à retourner aux Pays-Bas dans ces conditions.
La dernière fois que j'y suis allé, c'était il y a quelque chose comme huit ans. Pour une raison de problèmes parentaux. Par-là, j'entends que les parents étaient le problème.
Depuis, il y a eu le fameux procès, Van Heel versus Van Heel, le plus gros procès de l'histoire des Pays-Bas. Elvira l'a gagné, dieu merci. Depuis, les vieux n'ont même plus le droit de l'approcher à deux cents mètres sans se faire éjecter, ni d'aller quelque part dans le but de la voir. Exemple, au Japon. Dommage cependant que cette première restriction n'ait lieu que sur le territoire néerlandais.
Enfin, dans la situation où nous sommes, ça se vaut, j'imagine. Même si l'ordre de restriction n'est... Plus vraiment nécessaire.
Les couloirs de l'hôpital sont toujours aussi propres. Blancs, presque trop. Enfin, je ne vais pas me plaindre, je me rappelle d'une certaine blague Tumblr sur la théorie des couleurs, et je crois que voir des traces de rouge au sol n'aurait pas vraiment fait de bien à ma santé mentale. Là, maintenant, je suis juste fatigué. Et un peu mélancolique, aussi.
Les médecins m'ont donné rendez-vous dans le bureau du responsable des soins palliatifs. C'est donc là que je me rends. Essayant d'éviter du mieux que je peux la section oncologie et les soins intensifs. Je n'ai pas spécialement envie de croiser un écho du passé.
Le médecin n'est pas devant la porte. Par contre, le couloir n'est pas vide. Elvira et Mareva sont toutes les deux plantées au milieu du passage, les traits tirés. La première a un sourire pâle aux lèvres. C'est à peine si la deuxième me regarde.
On a pas eu de réunions entre fratrie depuis très, très longtemps. Depuis le procès, en fait. Ça fait presque bizarre de se réunir à trois, là, dans cet endroit, cette situation. Non, en fait, ça fait vraiment, complètement bizarre. D'ailleurs, sans doute plus à Elvira et moi qu'à Mareva. Elle, elle n'avait que deux ans quand j'ai fait mon séjour à l'hôpital.
Ma grande sœur me jette un regard en coin en m'entendant arriver. C'est à peine si elle me fait un signe.
Je me dirige vers elle en conservant le même silence.
« Emerens, me salue Mareva. Je pensais pas que tu réussirais à venir.
— J'ai toujours de la place dans mon emploi du temps, je soupire. Il a suffi de dire à l'école que je décalerais ma semaine d'enseignement. Juge a un peu protesté à cause des réunions au conseil d'administration, mais quand il a su pourquoi je partais, il m'a laissé tranquille. Bizarrement. »
Ce dernier mot est peut-être de trop. Ni Mareva, ni Elvira ne savent vraiment à quel point l'école est liée au sujet de notre visite. Mais mon poste au CA en plus de mes capacités à fouiner partout servent. Disons que je sais très bien pourquoi je suis de retour dans cet hôpital.
Mareva et Elvira ne savent pas non plus que je compte bien à ce que ce soit ma dernière visite.
Mais si elles se doutent de quelque chose, elles ne l'expriment pas. Tant mieux. C'est bien assez que l'un d'entre nous avec un pareil objectif.
« Hei n'avait pas l'air très content.e que je parte, sourit Elvira, la voix un peu tremblante. Il m'a fallu beaucoup de persuasion pour qu'iel n'aille pas en parler à Lan Yue. Mais je crois que si iel lui avait dit, je n'aurais pas pu partir.
— C'est compréhensible, Elvira, soupire Mareva. On est pas là pour une visite de politesse. Je ne lui ai rien dit non plus. Et Florian, pareil. Mais j'imagine qu'Ichiko se doute de quelque chose. Il faut dire que vu le père qu'elle a... »
Elle fouine partout. Ouais, j'ai pu m'en rendre compte. J'ai souvent repéré une petite forme blond-roux nous espionner pendant les réunions administratives, du moins celles auxquelles je suis autorisé à participer. Je suis au renseignement et à l'enseignement, pas au saint des saints. Des fois, il a bien fallu que je la mette dehors. Dommage.
En tout cas, je constate que je ne suis pas le seul à ne pas avoir prévenu mes partenaires. Louna me croit en voyage d'affaires, Thibault pense que je suis simplement parti me faire un petit road trip en solitaire, histoire de faire avancer ma thérapie. Et Sharon... Je n'ai pas eu le cœur de lui sortir un prétexte. J'espère qu'elle s'en est fait un. Je ne veux vraiment pas les inquiéter. Vu la situation, dire la vérité n'arrangerait les affaires de personne.
Mareva baisse les yeux.
« Je n'aime pas vraiment l'idée de leur mentir comme ça.
— Et comment ils auraient réagi s'ils savaient la vérité ? Je grommelle, bien que je partage son sentiment. Peut-être qu'ils ne nous auraient pas permis de venir, ce qui dans un sens se comprend, surtout pour toi, Vivi. Et puis, je ne sais pas ce que vous en pensez, les filles, mais je considère que c'est quelque chose qu'on doit régler de notre côté. »
Les deux hochent la tête. Ravi de voir qu'on est sur la même longueur d'onde. C'est quelque peu rassurant.
« Comment va Hope, d'ailleurs ? » Intervient Elvira, sans doute dans le but de détourner le sujet.
Je souris. Un peu.
« Elle se planque toujours dans ma chambre, ou celle de Louna, puisque Livia occupe celle de Thibault. Il va lui falloir du temps pour s'habituer au manoir, mais je pense qu'on est sur la bonne voie. Mika m'a appris un peu de langage des signes pour que je puisse lui apprendre à communiquer, en attendant qu'elle retrouve la voix... ça aide beaucoup.
— Je ne vais sans doute pas lui présenter Hei de suite, rigole ma sœur. Iel est une véritable boule d'énergie, iel passe son temps à embêter Irene et Ashoka. Un vrai gremlin, on dirait toi à son âge.
— Eh là, je te permets pas ! J'étais un enfant très correct !
— Vu certaines anecdotes que je connais, intervient Mareva, un sourire en coin aux lèvres, permets-moi d'en douter, Emerens. »
Mais c'est qu'elles se liguent contre moi ? J'appelle ça de l'injustice, ça, mesdames, et si je n'étais pas très bien éduqué à l'école de la vie je parlerais même de misandrie. Je lève les yeux au ciel, outré par ces attaques ô combien déplacées, mais n'ai pas le temps de répliquer. Le médecin vient de sortir de son bureau. Il a l'air fatigué.
« Mesdames et monsieur Van Heel, c'est ça ? »
Grognement de concert. Le gros inconvénient du mariage polyamoureux, c'est que pour raisons administratives, il ne nous est pas possible de prendre un nom de famille composé. J'ai donc dû garder le mien, à mon grand déplaisir, et Elvira et Mareva n'ont pas pu faire autrement non plus. Je ne sais même pas quel était le nom de famille de... De père, avant qu'il épouse mère.
Quelque chose me dit que c'est un secret bien gardé même au sein de la famille.
Mais on ne peut pas vraiment protester, ni faire autre chose que suivre le médecin dans son bureau. Par chance, il y a assez de chaises pour nous trois. Il y a même de quoi y installer la cousinade entière. Mais bon, à part Leonard venu renifler le doux fumet du fric, je vois pas ce que les autres foutraient là.
Je m'assieds sur une chaise au hasard, et Elvira prend Mareva sur ses genoux. Les deux sont crispées. Je les comprends. Ce rendez-vous n'a rien de facile, et je crois que le médecin comprend très bien pourquoi.
Il ne s'embarrasse d'ailleurs pas de salutations ou de discussion légère avant de sortir les papiers.
« Je suis navré de vous rencontrer dans une situation pareille. Bien sûr, tous les Pays-Bas sont au courant du différend légal entre vous et vos parents... Et j'aurais préféré ne pas vous mêler à ça, mais légalement, j'ai été obligé de vous contacter.
— C'est rien, docteur, soupire Elvira. Fallait bien que ça arrive à un moment, j'imagine. »
Ça fait bizarre d'entendre du néerlandais. Surtout dans sa bouche. On ne le parle plus du tout, tous les trois, sauf devant nos enfants, parce que Thibs y tient, et j'imagine que Mareva et Elvira ne voulaient pas priver leurs gosses d'une part de leurs racines.
D'ailleurs, ça se voit. Même si c'est notre langue natale, l'élocution d'Elvira est hésitante. Ou bien ce sont les tremblements de sa mâchoire. Je ne sais pas.
Le médecin hoche la tête avant de tendre les documents.
« Les dernières volontés de votre père ne vous incluaient pas. Ni personne de votre famille à part son épouse, d'ailleurs, fait le médecin d'un ton égal devant nos grimaces. Ce qui fait que je n'ai pas eu à faire venir un notaire, et que vous n'aurez à vous occuper que de son enterrement. »
Je lève les yeux au ciel. Super. Je suis légalement sans parents, Elvira a levé un ordre de restriction et même si Mareva n'a aucune protection légale, elle n'a que vingt-sept ans. Le fait qu'ils nous demandent à nous de nous occuper de l'enterrement en dit long sur l'état du reste de la famille. Je me demande si mon oncle et ma tante ont finalement divorcé. J'espère qu'Annelies va bien, si c'est le cas.
Après, je ne peux pas trop leur en vouloir. Je me demande s'ils étaient là, pendant l'attentat.
Mareva balaie les documents d'un regard, les lèvres pincées, avant de soupirer.
« Je me chargerai de tout ça plus tard. De toute façon, l'enterrement aura lieu au manoir Van Heel. Pas que j'apprécie respecter leurs souhaits, mais les grands-parents me tomberaient sur le râble s'ils étaient enterrés ailleurs.
— Ils ne sont pas en état de réfléchir à ça, Reva, crache Elvira avec une certaine colère. De toute façon, qu'est-ce qu'ils s'en foutent. »
Mareva lui serre la cuisse avec un regard d'avertissement, et elle soupire avant de baisser le regard. Le médecin ne semble cependant pas tenir compte de cette petite réflexion pleine de sel. Il se contente de tendre les papiers.
« L'hôpital se charge de la sortie, il vous suffira de signer ces papiers. Pour le reste, je peux vous recommander quelques bonnes pompes funèbres... »
Mareva hoche la tête, et parcourt les contrats pendant que le médecin sort une nouvelle liasse de papiers de sa sacoche.
« Parlons à présent de votre mère. »
L'ambiance se fait tout à coup plus froide.
Un long silence s'installe. Silence qui n'est brisé que par la voix blanche de Mareva.
« Il... Il y a quelque chose à voir avec Adelheid ?
— Malheureusement oui, soupire le médecin. Sa paralysie est comme vous le savez irréversible. Cela fait bien deux ans que nous la maintenons en vie à l'hôpital, mais elle commence à développer des symptômes inquiétants depuis que votre père a été débranché. Comme des douleurs fantômes, ou une toux sanglante. Rien ne menace davantage sa vie, mais nous craignons qu'elle ne vive ses derniers instants dans la douleur. »
Quelle ironie, je ne peux m'empêcher de penser, que ce soit la mort de son mari qui ait fait éprouver une émotion suffisante à la vieille bique pour qu'elle souffre à ce point. Comme quoi faut croire qu'elle nous a vraiment eu par amour. On pourrait en douter, vu le palmarès familial.
Si ça n'en tenait qu'à moi, elle pourrait crever dans son sang et ses larmes et je ne m'en porterai pas plus mal. Mais je ne suis pas là pour ça. Je suis là pour mettre un terme à cette histoire.
D'une manière ou d'une autre.
« Et vous voulez qu'on y fasse quoi, grommelle Elvira. À tous les coups, on est pas sur son testament, et la fortune va aller droit entre les pattes de Leonard. Il serait ravi, ce con. Enfin de quoi alimenter ses pulsions homosexuelles...
— Elvira. »
Le regard de Mareva s'est fait plus dur. Cette fois, le médecin hausse un sourcil, avant de soupirer.
« La seule solution humaine ici est de mettre fin à ses jours. La question a été soulevée avec elle, et elle ne semble pas y être opposée. Mais nous avons besoin de sa signature, même virtuelle, sur l'accord écrit pour pouvoir procéder. C'est pour ça, plus que pour l'enterrement de votre père, que je vous ai fait venir. Il va falloir, annonce le médecin en regardant Mareva droit dans les yeux, que vous gériez aussi celui de votre mère. »
Je m'en doutais.
Depuis le début, quand l'hôpital m'a appelé pour m'annoncer que l'état de père s'était dégradé, je me disais bien que ça ne pouvait pas être la seule raison. Mais ici, il ne s'agit pas de simplement débrancher une prise. Ça, on pouvait en décider de loin, vu que les grands-parents ne sont plus vraiment de notre monde et que comme d'habitude, mon oncle s'en lave les mains du moment qu'il a toujours sa thune.
Là, c'est beaucoup plus compliqué, et ça exige notre présence sur place.
Parce que connaissant la vieille bique, elle ne va certainement pas réclamer le suicide assisté.
Je ne sais pas depuis combien de temps les médecins attendent sa signature, mais ça doit sans doute faire très longtemps, quel que soit leur discours à propos de son accord.
Les Pays-Bas ont des lois très souples avec l'euthanasie. C'est d'ailleurs un des premiers pays d'Europe à l'avoir dépénalisée. Pour la culture générale. C'est une chance, un peu. Surtout que depuis leur instauration, elles se sont encore un petit peu assouplies.
Il n'empêche que je ne suis pas vraiment dans la meilleure position qui soit, actuellement.
Mareva a immédiatement grimacé. Et Elvira, de son côté, est blême.
« Vous... Vous voulez qu'on fasse quoi exactement ?
— Lui en parler, sans doute, répond le médecin, avec calme. Et si vous voulez, la voir. Normalement, c'est à mademoiselle de s'occuper de l'administratif, fait-il en désignant Mareva, mais ça vous concerne aussi.
— ça me concerne rien du tout, crache Elvira. Je suis juste là pour aider Reva avec la paperasse. Je n'ai rien à voir avec ces conneries.
— Je veux bien vous croire, mais je suis obligé de vous contacter malgré tout...
— Et si vous croyez que j'irai la voir, vous rêvez ! C'est hors. De. Question ! » Siffle ma sœur avec toute la rage possible dans la voix.
Je crois qu'elle a les larmes aux yeux. Et ses poings se sont serrés sur les accoudoirs du fauteuil.
« Sans vouloir être aussi catégorique qu'Elvira, intervient Mareva, je pense la même chose. Je ne suis pas ici pour les revoir.
— Je vais néanmoins avoir besoin de quelqu'un de la famille pour les démarches, dit le médecin, qui a l'air de plus en plus gêné. Je sais que ce n'est pas facile, mais je suis obligé de...
— C'est bon, j'y vais, j'interviens. De toute façon, au point où on en est. »
Mareva et Elvira se figent. Et de son côté, le médecin a les yeux écarquillés, sans doute ne l'ayant vraiment pas vu venir. Il faut dire que c'est bien la première fois que j'interviens dans cette conversation.
Le médecin, dont je n'ai d'ailleurs toujours pas le nom, cligne des yeux. Une fois. Deux fois.
« Vous... y allez ?
— J'y vais, oui. Donnez-moi juste les papiers, ou l'ordinateur, ou je ne sais pas. Il faut bien que quelqu'un le fasse, non ?
— Emerens, commence Mareva, t'es pas... »
Je la coupe d'un regard. Oui, Reva, je ne suis pas obligé. Je sais. Je sais. Mais c'est aussi pour moi que je fais ça.
J'ai des comptes à régler avec Adelheid van Heel.
Le médecin hausse les épaules, avant de me montrer un ordinateur portable et un lecteur d'empreintes digitales.
« Dans ce cas, allez-y. L'entrevue sera filmée, en cas de besoin de caméra. C'est nécessaire, tout particulièrement en présence de matériel capable de donner la mort. J'imagine que ce n'est pas une situation facile pour vous, mais j'aimerais bien que vous ne l'oubliez pas. Il s'agit tout de même de préparer la fin de la vie de votre mère. »
Oui, sans doute.
Sauf que ce n'est pas ma mère.
Ce n'est plus ma mère.
Je récupère l'ordinateur et le lecteur d'empreintes digitales, et le médecin me donne le numéro de la chambre avec un peu trop d'entrain pour être honnête. Pas que je puisse le blâmer d'avoir hâte de mettre fin à ce léger problème, toutefois. Il se permet même un sourire alors que je charge la sacoche contenant le précieux chargement sur mon épaule.
« Vous souhaitez que je vous accompagne ? L'hôpital est grand, on peut vite se perdre... »
Je ne peux m'empêcher d'avoir un rictus.
« Ne vous en faites pas. Je connais bien les lieux. »
Et je laisse planté là le docteur avant de me diriger vers les chambres.
Je connais bien les lieux. C'est rien de le dire, en effet. Même l'unité des soins palliatifs est bien trop familière à mes yeux. Il faut dire, pour la postérité, que j'étais un enfant bien trop curieux pour son propre bien. J'ai vu des choses qu'un gamin de huit ans n'aurait pas dû voir. C'est étrange de penser que c'est ce qui m'a inspiré à devenir écrivain.
Étrange sensation que celle de parcourir les couloirs de son enfance. Je croise parfois des personnes âgées en fauteuil, des fois un ou deux plus jeunes, voir de mon âge, qui sont reliées à des machines diverses mais pourtant souriantes. De temps à autre, l'une d'entre elle me sourit. Par politesse, j'imagine, parce que ça doit bien faire plus de vingt ans que je n'ai pas remis les pieds ici. Difficile de penser que certains des patients de l'unité auraient survécu assez pour se souvenir d'un gamin blond amputé toujours un carnet à la main.
Il me faut un peu de temps pour me détourner des échos d'une béquille qui claque sur le sol et de rires mêlés de réprimandes.
Finalement, j'arrive devant le numéro que m'a indiqué le docteur. Évidemment, c'est la meilleure chambre. La couverture médicale à Amsterdam n'empêche pas quelques inégalités financières dans le traitement de ses patients, et je me doute bien qu'ils n'allaient pas donner une simple chambre standard à la plus grosse fortune néerlandaise.
Elle est là, derrière cette porte. Sans doute à s'ennuyer royalement, maintenant que son cerveau est coincé derrière la barrière d'un corps incapable de l'exploiter. Ou alors, peut-être qu'elle réfléchit à sa vie. A ce qu'elle a fait.
Enfin, ça, c'est utopique.
Pas besoin de m'annoncer. De toute façon, ce serait idiot qu'elle croie mériter la moindre politesse de ma part.
Je prends une profonde inspiration.
Et j'appuie sur la poignée.
Adelheid Van Heel, actuelle propriétaire d'un groupe comptant parmi les plus prospères des Pays-Bas et ayant acquis bien trop de monopole sur leur économie, est allongée sur son lit, les yeux levés vers le plafond, les membres flasques. Reliée à une bonne dizaine de machines, dont, je le repère immédiatement, le goutte-à-goutte de morphine. Ses cheveux, dans mon souvenir toujours noués en un chignon impeccable, sont détachés et répandus en brins de paille sur son oreiller. Elle a maigri, et pâli, si c'était seulement possible. Loin de toute la prestance qu'il lui tenait à cœur d'afficher, dans l'exercice de son travail de juge ou sa gestion des finances, elle me paraît plus désormais comme une marionnette abandonnée, trop longtemps traînant dans le coin d'un grenier.
Ou d'un hôpital, alors que sa tétraplégie achève de la consumer.
Vivante et en bonne santé, elle planait sur nous telle une ombre, prête à nous priver de tout ce qu'on avait, nous punir pour être sortis du rang, pour ne pas avoir répondus à ses attentes. Aujourd'hui, elle ne peut plus faire quoi que ce soit. Mais elle reste menaçante même maintenant, même alors que sa seule réaction en me voyant rentrer dans sa chambre est un simple regard vide à mon adresse.
Je pose l'ordinateur sur un bureau non loin, et je vois le coin de sa bouche frémir dans ce qui pourrait être une imitation de sourire.
« Je ne m'attendais pas à ta visite. »
Sa voix est rauque. Sans doute que la brisure de sa colonne vertébrale a aussi atteint, d'une manière où d'une autre, ses cordes vocales. Tant mieux. Sa voix hante mes souvenirs. Je ne lui donnerai pas l'occasion de reprendre l'ascendant sur moi.
Je n'ai plus treize ans.
« L'administratif, je me contente de répondre, faisant de mon mieux pour garder un ton égal. Le lot classique de la famille, visiblement, surtout depuis la mort de père. »
J'espère lui arracher une réaction. Mais elle se contente de pouffer. Évidemment. Adelheid Van Heel ne montre jamais ses émotions.
« Je ne vois pas ce que j'ai à voir... Avec l'administratif. Après tout, j'ai déjà fait mon testament. »
Ah, vraiment ? Sa manière vague de le formuler m'inquiète. J'espère sincèrement ne pas y avoir retrouvé ma place dessus. Ça lui ressemblerait bien, à la vieille bique, de me faire hériter de l'intégralité des possessions des Van Heel juste pour me voir galérer avec. Surtout qu'on ne peut pas dire qu'elle ait très envie que ça revienne entre les mains de mon oncle. Ou de Leonard, tiens.
« Et pourtant, je soupire. T'as encore des papiers à signer, de toute évidence. Et il faut que je sois là. »
Je préfère ne pas mentionner la présence de Mareva et d'Elvira. Reva a déjà trop à porter pour que la vieille bique la réclame, et Vivi n'a vraiment pas besoin qu'elle retente de la manipuler. Elle n'a pas autant de force mentale que ce que j'ai pu développer à l'égard de leurs exactions. Et c'est dire.
Heureusement, elle ne relève pas mon choix de mots. Elle se contente de rire. Un rire rauque, amer, plus un grognement avec sa voix détruite. Mais un rire quand même.
« ... Il n'y avait vraiment que ça pour que tu reviennes voir ta vieille mère, pas vrai... »
Tu n'es pas ma mère. Mais je me retiens. J'ouvre l'ordinateur.
« Ça concerne ta fin de vie. J'ai cru comprendre que tu l'avais demandé. »
Le rire s'amplifie.
« Regarde-moi, Emerens. Ai-je vraiment envie de rester dans cet état ? »
Ne prononce pas mon nom.
J'ai envie de l'étrangler. Si elle tient vraiment à ce que ça mette fin à ses souffrances... Mais je me retiens. C'es à peine si je laisse paraître ma rage.
Oui, tu es une ruine, Adelheid Van Heel. Le cerveau des Pays-Bas dont tu étais si fière, réduit à pourrir dans un corps incapable de bouger, de vivre sans aide. Est-ce que tu es nourrie par intraveineuse ou est-ce que les infirmières te donnent la becquée ? A quel point est-ce pitoyable d'être parfaitement consciente de ta propre impuissance.
A treize ans, j'aurais peut-être eu pitié. Mais l'adulte que je suis ne voit qu'un juste retour de karma.
A la place, je me contente d'ouvrir le document sur l'ordinateur et de lancer la lecture d'empreintes digitales. Vu que je suis filmé, ça devrait être facile de montrer au médecin que je ne l'ai pas forcée. De toute façon, ce n'est pas ça qui m'intéresse.
Adelheid fixe mon manège avec intérêt. Sa tête ne se tourne même pas. Eh bien, belle loque que voilà. C'est satisfaisant.
« Encore des papiers à signer...
— Eh oui, toujours plus. La mort, ça se prépare. »
J'ai du mal à me rendre compte de la légèreté de mon ton alors qu'à l'intérieur, je suis un véritable hérisson prêt à lui rouler dessus. Elle se rend sans doute compte que je joue la comédie. Soixante ans de manipulation permettent d'acquérir pareille capacité. Mais elle se contente de fermer les yeux. Comme d'habitude. Sans me montrer ce qu'elle pense. Comme d'habitude.
« C'est vrai. Et je dois admettre que je tiens à préparer ma sortie. La contrôler. »
Vraiment ?
Ça ne me surprend pas venant de toi. Tu cherches à t'accrocher à tes dernières traces de dignité jusqu'au bout, pas vrai ? Même après que père soit mort sans s'en être rendu compte, après que tu ne puisses plus exercer le métier qui t'a rendue trop célèbre, tu cherches encore à garder un certain contrôle sur ta vie.
Je lui tends le lecteur d'empreintes digitales.
« Tu signes ? »
Elle rigole.
« Comme tu peux le constater, Emerens, je ne peux pas vraiment lever mon doigt. »
Ne. Prononce. Pas. Mon. Nom.
Je lui colle le lecteur d'empreintes digitales sous le doigt. Elle ne peut pas appuyer, mais visiblement ça suffit à l'appareil pour appliquer sa signature virtuelle sur le document. L'autorisation officielle de son euthanasie.
Un peu trop pressé pour être honnête, je me dépêche de l'envoyer sur l'adresse mail du docteur, indiquée sur le document. Quelques minutes plus tard, je reçois un texto de Mareva. Laconique.
« Ça a été pris en compte. Le doc est parti après avoir confirmé via la caméra que tu l'avais pas forcée. Je suppose qu'il va préparer l'euthanasie, ou l'annoncer à ses collègues, ou toute activité ne l'obligeant pas à être avec nous, ou toi. »
Eh bien, ce sont des rapides. Il faut croire qu'à l'hôpital, tout le monde serait ravi d'être débarrassé d'Adelheid Van Heel au plus vite. Pas très professionnel, et je suis sûre que Reina ferait une syncope, mais en l'occurrence, ça m'arrange.
Je referme l'ordinateur, avant d'aller m'asseoir au bord de son lit. C'est sans doute la dernière occasion que j'aurai, autant en profiter.
C'est sans doute une scène très bucolique, la mère malade et le fils à son chevet. De loin, on pourrait presque passer pour une famille aimante. Mais de près, l'hostilité, la tension, sont bien trop palpables pour que n'importe qui soit dupe quant à notre relation.
Nous ne sommes pas une mère et son fils vivant la plus normale des relations familiales.
Nous sommes une manipulatrice et son ancienne victime.
Je lève les yeux vers le plafond. Gris. Froid. Comme les restes de ce qui fut un jour la famille Van Heel.
« J'ai beau chercher toutes les explications possibles, je finis par dire après quelques minutes de silence, il y a quelque chose que je ne comprends pas.
— Comme beaucoup de choses, j'imagine. »
Oh, ta gueule. Ne me refais pas ton speech de l'adolescent attardé. Je n'ai jamais pu être un ado. Tu as tout de suite demandé de moi que je sois un adulte.
Ou un pion.
Mais je ne relève pas.
Je me contente de la regarder.
Dans ses yeux qui ne contiennent plus aucune chaleur.
« A commencer par une question d'importance capitale. Qui est, pourquoi tu m'as eu. »
Elle plisse les yeux.
« Sans vouloir rentrer dans les traditions patriarcales, il fallait bien que je puisse avoir un héritier si je ne voulais pas que la fortune familiale revienne dans les mains de ton oncle, tout juste bon qu'il est à courir après les servantes...
— Non, je la coupe. Tu sais très bien que grand-père ni grand-mère n'auraient pu protester si tu avais simplement transféré ta fortune à Elvira. Pas que ce soit souhaitable, entendons-nous, mais c'aurait encore été le choix le plus simple. »
Notre opinion visiblement commune de ce cher tonton n'est pas vraiment le sujet du jour, entendons-nous bien, même si personnellement j'adorerais le voir détruire le groupe dans je ne sais trop quelle excentricité de vieux riche.
Non, ce n'est pas ce qui m'intéresse.
« Non, je veux savoir pourquoi tu m'as eu moi. Et Mareva, tant qu'on y est. Mais surtout moi. Qu'est-ce qui t'as motivé à faire de moi l'héritier de tes possessions, de tout l'héritage de la famille. Pourquoi moi, Adelheid. »
Qu'est-ce que j'avais de plus que les autres pour être le seul à avoir été placé à Saint-Cyr. Qu'est-ce que tu exigeais de moi pour que tu me fasses activement étudier les mathématiques et la finance, bien plus qu'Elvira le droit.
Pourquoi est-ce que c'est moi qui aie le plus souffert de tes objectifs.
Elle me fixe. En silence. Longtemps. Trop longtemps. Avant de fermer les yeux, et de sourire, plus que je ne l'ai jamais vu sourire depuis très longtemps.
« Te rends-tu seulement compte de ton potentiel, en tant qu'être humain et membre de cette famille ? Depuis le début, tu as été celui qui savait comment réagir à l'adversité. Bien plus que Mareva ou Elvira. Tu avais ce qu'il fallait pour aller, pour nous emmener, loin, très loin. Et j'aurais pu être derrière toi, à regarder. »
Je serre les dents. J'ignore ce que je cherchais en répondant à cette question. Mais j'ai le sentiment que quelque soit la réponse, elle ne m'aurait pas plu.
Son regard est plongé dans je ne sais quel passé alors qu'elle continue de parler. Je ne sais même pas si elle est toujours consciente de ma présence à côté d'elle. Si seulement je pouvais tourner ce fichu injecteur de morphine pour la faire taire. Si seulement. Si seulement.
Ce serait si facile.
Mais je ne peux pas.
Pas comme ça.
« Tu me demandes pourquoi une mère a eu des enfants, soupire-t-elle, imperturbable, toujours de cette même voix égale. Je t'avoue que de toutes mes années de vie, je n'ai jamais pu trouver la réponse. En revanche, j'ai su immédiatement ce que je pouvais faire de toi. Et les sommets que tu pouvais atteindre. »
Elle a un petit rire. Amer. Méprisant. Odieux.
« Et aujourd'hui regarde toi... En pleine crise d'adolescence à trente-deux ans, qui se complait dans un choix de vie inutile, incapable de passer plus de trois jours sans attirer l'attention sur toi par je ne sais trop quelle extravagance. Un véritable concentré de gâchis. Tu étais celui le plus proche de l'enfant que j'étais, quelqu'un qui pouvait porter mes réalisations bien plus loin encore, et tu as complètement foutu tous ces cadeaux à la poubelle... »
...
Non, vraiment, je ne sais pas ce que j'espérais.
J'ai bien fait d'y aller. Mareva et Elvira n'auraient sans doute pas supporté. Cela m'étonnerait beaucoup qu'elles aient eu un autre traitement.
Même sur son lit de mort, de toute évidence, la vieille bique n'est même pas capable de donner ne serait-ce qu'un mot d'amour à ses enfants.
Et il y a trop de souvenirs derrière que ces simples mots réduisent en miettes.
Je serre les dents. Pour la première fois, ma colère transparaît dans mon attitude. A peine, juste de quoi alarmer l'imperturbable Adelheid.
« Je ne suis pas ta créature. Et encore moins ta création. Je suis ma propre personne, je siffle, les poings contractés, et je n'ai pas été conçu pour devenir meilleur que toi. »
L'hostilité dans la pièce est d'autant plus palpable. Pourtant, elle continue à sourire. L'insupportable sourire de celle qui sait qu'elle est encore en parfait contrôle de la situation.
Je hais ce sourire. Je le hais. Je le hais.
Je donnerais n'importe quoi pour juste le faire disparaître.
Bientôt. Bientôt la vieille bique va y passer.
Bientôt elle n'existera même plus.
Comme un souvenir.
Un simple souvenir.
Je devrais partir. Maintenant, avant de céder à ma colère. Mais je reste, je reste alors que sur son lit de mort, la loque qui me fait face fait agir avec bonheur son pouvoir sur ce qu'il me reste de lien familial. Sur ce qu'il me reste de cœur.
Son sourire s'élargit encore.
Est-ce qu'elle est satisfaite de me faire souffrir ?
« Pourtant tu n'es pas beaucoup mieux. Qu'as-tu gagné, pour te prétendre un être unique ? Une conscience ? »
Il n'en faut pas plus pour que j'entende un craquement.
Mille éclats de verre qui explosent dans mes veines, déchirant l'intégralité de mon organisme de l'intérieur. J'ignore si elles ont emporté mes dernières traces de lucidité. Je sais simplement que je ne sens plus rien.
Plus rien que la colère et ce sentiment dévorant qui m'a amené ici en premier lieu.
A l'extérieur, pourtant, mes poings se sont desserrés. Et sur mes lèvres se forme le dernier sourire que je n'adresserai jamais à celle qui fut un jour ma mère.
« Non. »
Comme dans un rêve, ma main se tend. Je n'ai pas besoin de savoir où elle va. J'ai longtemps ruminé cette éventualité. Ce sera sans doute la source d'un nouveau cauchemar. Je prouverai très probablement à pas mal de gens que je suis le monstre qu'ils dépeignent. Mais tout cela est occulté. Il n'y a plus que moi, et mes doigts qui se referment sur une molette.
« J'ai acquis une résolution. »
Les yeux d'Adelheid s'écarquillent.
Quelque chose y brille.
Trop tard.
Je tourne le bouton.
.
.
.
La morphine s'écoule.
Adelheid Van Heel est figée dans son lit. J'ignore en combien de temps la morphine prend possession du corps d'une femme, mais au vu de la dose que je viens de régler, il ne se passera pas très longtemps avant qu'elle ne s'y installe sans rien y laisser. Déjà, la parole a quitté la femme qui se prétendait être ma mère. C'est à peine si elle me suit des yeux alors que je me penche vers elle, alors que sur nos lèvres, le sourire a changé de camp.
« Tu disais que tu voulais être en parfait contrôle de ta mort. Je ne te laisserai pas ce plaisir. Ce que tu as signé, c'était ton autorisation pour l'hôpital pour te donner la mort. À partir de là et selon les termes du contrat, cela pouvait se produire n'importe quand, par n'importe qui, suivant la méthode indiquée dans le papier. »
Les yeux d'Adelheid s'écarquillent davantage. Déjà, je vois un voile s'y installer. Bientôt, elle ne pourra même plus me voir.
« Évidemment, je prends quelques chemins détournés, je ne peux m'empêcher de rire de derrière la brume qui m'envahit. Il va peut-être falloir que je fasse jouer de mes connexions dans le domaine légal, car ces braves docteurs ne s'attendaient certainement pas à ce que quelqu'un d'autre profite de l'occasion. Mais ce ne sera rien d'impossible pour un Van Heel. Ce n'est pas toi qui m'as dit, un beau jour, que l'argent pouvait ouvrir même les portes que la moralité tenait fermées ? »
Ses lèvres tremblent. Dans ses yeux se dessinent des larmes. Que voulais tu me dire, Adelheid Van Heel ? Tu as eu ta chance de parler.
Mon sourire s'évanouit. Dans mon esprit, seulement de la douleur et du sang.
« Tu m'as emmené aux portes de la mort. Je te rends la politesse. »
Je me lève. Sa respiration est de plus en plus laborieuse. D'ici peu, il n'y en aura plus.
Je n'ai plus rien à faire ici.
« Au revoir, ma très chère mère. On se revoit en enfer. »
Je fais quelques pas vers la porte. Me stoppe. Me retourne.
Plonge mes yeux dans les siens, vides.
« Bien assez tôt. »
La porte se referme.
Je suis dehors.
Dehors, les mains pleines de sang et la tête vide.
C'est comme dans un rêve que je parcours les quelques mètres qui séparent l'unité des soins palliatifs du bureau du médecin, où Elvira et Mareva m'attendent. Comme dans un rêve, je revois passer des images sur les murs blancs et vides de l'hôpital, qui prennent des couleurs visibles par moi seul. Des rires. Des chants. Des étreintes. Des sourires.
Des larmes. Des cris. Des plaies. Du sang.
Trente-deux ans passés entre confiance absolue et pure trahison, trente-deux ans pour une conclusion si sombre dont je ne pourrai probablement jamais parler en thérapie.
Après tout, quelle personne un tant soit peu saine d'esprit admettrait publiquement qu'elle est responsable du meurtre de sa propre mère ?
Elvira et Mareva sont devant la porte du bureau. Le médecin semble en être parti. Devant mon expression, ma grande sœur me jette un regard inquiet et vient m'étreindre du plus fort qu'elle puisse, mais entre ses bras, je le vois quand même, le regard inquisiteur de Mareva. Elle se doute très probablement de ce qu'il vient de se passer. Elle a toujours été la plus observante de nous trois.
« Elle t'a dit un truc, la vieille pute ? Me chuchote ma grande sœur à l'oreille, pendant que sa prise se referme, de plus en plus fermement, sur ma taille. Je dois aller lui refaire le portrait ?
— Vivi, je soupire, avec moins d'émotions que je ne l'aurai pu, on ne tape pas sur les handicapés. »
Je crois que cette fois, même Elvira se rend compte que quelque chose ne va pas. Le silence s'installe, et je sens sa main se glisser dans mes cheveux pendant qu'elle fait passer, doucement, son poids d'un côté à l'autre de con corps. Le mouvement régulier est tellement agréable qu'un moment, un moment éphémère, je me sens bercé, en sécurité presque.
Et puis je me rappelle ce qui, évolutivement parlant, provoque ce sentiment de sécurité.
Est-ce qu'elle m'a un jour bercé avec tant d'affection ?
C'est bizarre.
Je devrais être heureux.
Elle n'est plus là pour me hanter.
Ou triste.
Ma mère est morte.
Mais je ne ressens rien.
Rien que du vide.
...
Regarde, maman.
Le monstre que tu as créé s'est retourné contre toi.
C'est une fin appropriée, non ?
...
Pour toi comme pour moi.
_____________
Soyons honnêtes, j'hésite fortement à mettre cette nouvelle dans le canon de l'AU sans Tuerie-
Ce serait une fin délicieusement cruelle pour Adelheid (et putain combien sont le nombre de personnes qui rêvent de la voir crever, IRL comme in-univers) mais d'un autre côté, ça risque juste d'envoyer Emerens spiraler.
Et puis on parle quand même d'un meurtre avec préméditation du point de vue moral, est-ce que c'est vraiment là que j'ai envie d'emmener son personnage-
Donc j'hésite, la thérapie ou le drama-
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