- 6 - 16 ans ✔

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Felicia :

Loin de tout ce que je pensais, je ne m'attendais pas à ça. Si Marcus ressurgissait de mon passé, ma vie serait un néant. Je ne peux pas me le permettre encore une fois. J'ai mis tellement longtemps à me remettre de ce qu'il m'a fait.

Ce matin, je n'ai pas le moral. Cette nuit, j'ai réussi à m'endormir qu'à partir de 2h00 du matin. Par manque de sommeil, j'ai à peine entendu mon réveil sonner vers 6h00 ce matin. Je l'ai éteint machinalement et je me suis rendormie. C'est ce qu'on appelle une panne d'oreiller. C'est la première fois de ma vie que je vais sécher les cours, mis à part hier.

La mère de Nash va m'attendre en bas, mais je n'y serai pas. Je sais aussi que c'est un manque de respect, mais Roxane sait que je peux me débrouiller seule. Elle ne va pas m'attendre et elle pensera que je vais prendre le bus. Quant à Nash, il doit être déçu que je ne sois pas là. Après la conversation d'hier, il doit se douter de quelque chose. Pour mes parents, pas de problème, ils sont déjà partis travailler. Mais je sais que je vais passer un sale quart d'heure quand ils rentreront.

Et oui, ma mère ne reste plus à la maison. Elle a monté son Q.G au centre des affaires de Denver. C'est plus facile pour elle puisqu'elle a tout sous la main. Pour l'aider, elle a aussi un associé et aussi toute une équipe. Quand elle a des interviews, c'est mieux de les faire sur son lieu de travail plutôt qu'à la maison. Mais je m'égare. Aujourd'hui, j'ai décidé de sécher. Je ne me sens pas capable d'aller au lycée. Je sais que sinon j'aurai été mal toute la journée. J'aurai eu le droit à plein de questions auxquelles je n'ai pas envie de répondre. Si vous voulez mon avis, le premier réflexe de Nash quand il va rentrer chez lui ce soir, c'est d'aller sonner à la maison pour voir si j'y suis.

Nash :

Felicia n'est pas dans la voiture ce matin. Ça fait un vide, je m'étais habitué à elle. Je m'inquiète pour elle. Pourquoi ne vient-elle pas dans la voiture ? Ma mère me dit qu'elle se débrouillera pour prendre le bus et que je ne dois pas m'inquiéter. Mais c'est dur surtout avec la dernière phrase qu'elle prononcer hier au téléphone. Elle a dit : « À moins que... » et après plus rien. J'ai essayé de la joindre plusieurs fois, mais elle ne répondait pas. Alors je me suis dit qu'elle était en train de dormir. Mais franchement, je trouve cette situation très bizarre. Il y a t-il quelqu'un qui lui veut du mal ?

Je passe la porte du lycée. Je cours rejoindre Estelle, la nouvelle amie de Felicia. Je suis content qu'elle s'intègre. Bref, je rejoins Estelle, celle-ci est un peu boudeuse.

- Que-est-ce qui ne va pas mon casse-croûte ?

Et oui ! Estelle, je l'appelle mon casse croûte ; elle et moi, on se connaît depuis la primaire. Je l'ai toujours appelé comme ça.

- Je suis dégoutté que tu m'aies gâché mon après-midi avec Felicia le couscous, me crache-t-elle au visage.

Ok, couscous c'est horrible. Mais j'ai jamais réussi à la convaincre de trouver autre chose.

- Non, mais ça va, c'est rien en fait. Je m'attendais à pire. En revanche moi je m'inquiète pour Felicia. Elle n'est pas venue dans la voiture ce matin, répond-je en fronçant les sourcils.

- Comment ça, elle n'est pas avec toi ? Mais elle est où alors ? Elle a pris le bus ?

- Je n'en sais rien. C'est ça le problème. En plus, elle ne répond pas au téléphone. Je devrais sûrement prévenir ses parents.

- Nash, pas tout de suite ! Attends de voir si elle n'est pas dans le bus. Et au pire, elle a peut-être oublié de se réveiller, conclue Estelle.

Pendant le cours de sport, j'ai raconté à Estelle, la conversation téléphonique que j'ai eue hier soir avec Felicia. Comme nous sommes ensemble au tennis de table, autant en venir aux faits tout de suite que d'attendre 4 heures d'être à la cantine. Elle en reste bouche bée, je suis pareil de toute façon.

La matinée a été longue. L'heure du repas arrive heureusement, car là, j'ai très faim. Au menu ce midi : steak frites. Merci mon Dieu. Quelques minutes Noah nous rejoint à la table.

- Salut Man, me dit-il en me faisant un check. Elle n'est pas là Felicia ? me questionne-t-il.

- Non. Je ne sais pas ce qu'il se passe. Elle n'est pas montée dans la voiture ce matin. En fait, nous ne l'avons même pas vue de la matinée.

- Ah ! Bah écoute elle a peut-être peur de venir depuis que l'autre nul l'a frappée.

- Ouais, je ne sais pas. Elle était bizarre au téléphone hier soir. Ça m'a un peu déstabilisé.

- Hello les gens ! Je peux ?

Candice n'attend même pas une réponse, elle s'assoit. Je la déteste. En plus, elle est maquillée en mode « pot de peinture ». C'est vraiment dégoûtant. Les garçons préfèrent les filles naturelles de nos jours, mais personne n'a dû lui dire...

- Vous parlez de quoi, guys ? Demande la nouvelle venue en rejetant ses cheveux en arrière.

- De Felicia, elle n'est pas venue en cours aujourd'hui.

- Ah ! La nouvelle... Je ne l'aime pas. Elle fait trop fille à maman. En plus elle s'habille trop mal, pouffe Candice.

Mais poings se serrent soudainement, je bouillonne intérieurement, personne n'a le droit de parler de Felicia de cette façon.

- Elle essaye trop d'être amie avec tout le monde. Si vous voulez mon avis,

mademoiselle se croit sur un piédestal depuis qu'elle est arrivée.

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je me lève et la regarde droit dans le fond des yeux.

- Tu as dit quoi ? Répète un peu voir, m'énerve-je.

- J'ai clamé haut et fort que Felicia est une fille à maman. Et aussi qu'elle s'habille mal et qu'elle essaye d'être amie avec tout le monde.

C'en est trop, je préfère quitter la cantine avant de lui renverser mon plateau sur la tête. Suivi de près par Estelle qui elle lui a renversé son verre sur la tête. Ce qui vaudra sûrement une convocation chez le directeur.

- Bravo Casse-croûte. Je suis fier de toi ! Tu as tenu tête à Mme Populaire. C'est une première, annonçais-je en mettant un bras autour de ses épaules.

Pendant le reste de la journée, Candice reste collée à Noah. Je ne peux même pas profiter de mon ami. Du coup, je me rue à l'arrêt de bus.

Arrivé à ma station, je descends en courant du car, puis je m'arrête devant chez Felicia. Je sonne à la sonnette qui, notez, est en forme de vache. Personne ne répond. Après avoir enjambé le portail, je fais le tour de la propriété. Je m'arrête devant la fenêtre de la chambre à Felicia. Ouf, pensais-je, la lumière est allumée. Je prends les clés et ouvre la porte d'entrée. Vous êtes sûrement en train de vous demander pourquoi j'ai les clés de chez ma voisine. J'ai une explication rationnelle à ça. Quand la famille Lee Wells a emménagé à côté de chez nous, nous nous sommes tellement bien entendus qu'ils nous ont donné la clé de chez eux. Ainsi, en cas de problèmes, nous pouvons entrer et vérifier que tout va bien. Et là, comme il y a un problème, c'est le cas. Je rentre dans la demeure.

Felicia :

J'entends le bruit de la porte d'entrée, ce n'est pas normal. J'éteins vite la lumière de la cuisine, et je me munis d'un couteau. Je sais que ce ne sont pas mes parents, il est encore trop tôt. Il n'est que 18h00. Là, j'ai peur. Je me mets en position au cas où. J'entends des pas qui viennent vers moi. Dans l'ombre, je vois une silhouette se diriger vers moi. La personne a l'air jeune, environ mon âge. Cette personne n'est pas armée. Mais bon sang, que se passe t-il ?

- Felicia, c'est moi, lâche ce couteau.

Nash allume la lumière et je sursaute. Quelle gourde.

Imagines-tu que l'ais tué avec ton couteau. Tu es vraiment nulle.

Chut ma conscience. Tu n'existes même pas.

Nash vient vers moi. Je lui saute dans les bras. Il m'a tellement manqué... J'ai dû regarder une saison entière de Leverage toute seule, dans le noir. J'avais fermé tous les volets, la peur m'imprégnait à cause du message.

- Mon Dieu, Nash, je suis contente de te voir. Je suis désolée pour tout, dis-je dans un souffle.

Je commence à pleurer. Dire que j'aurais pu le blesser ou le tuer. Je ressers mon étreinte. Ça fait du bien. Je me sens protégée à présent.

- Tu n'as pas à t'excuser Felicia. C'est plutôt moi qui n'ai pas été auprès de toi. Maintenant, viens on monte et tu vas tout me raconter.

Je renifle un bon coup et nous montons jusqu'à ma chambre, au passage j'ai pris mon café et des biscuits pour Nash et moi. Nous nous asseyons sur le lit et je commence à tout lui expliquer.

- Hier, je t'ai dit que j'avais peut-être une idée de qui m'avait envoyé le message. Et du coup j'ai raccroché. Après j'ai essayé de dormir mais je n'ai pas réussi. Je me suis endormie très tard. Alors ce matin, à mon réveil, tu comprends, je n'ai pas eu la force de me lever. De toute façon, je n'avais pas envie d'aller au lycée.

- Je comprends, mais tu ne peux pas décider de quand tu vas aller au lycée ou non. Que vont dire tes parents ? Et dis moi Felicia, qui t'a envoyé le message ?

- Je sais, et c'est la dernière fois que je manque les cours, je te le promets. Quant à mes parents, je vais passer un sale quart d'heure. Pour le message, à mon avis, cela ne peut-être que Marcus, conclus-je.

Nash passe son bras sur mes épaules, comme pour me rassurer, et réplique :

- Et qui est ce Marcus ?

Je prends une grande inspiration. Cette histoire n'est pas facile pour moi à raconter. Elle s'est passée à mes 16 ans et j'ai eu du mal à tourner la page. Il m'a fallu plus d'un an pour y arriver et également un an que je n'y pense plus. En venant ici, je pensais aussi fuir ce problème. Je croyais que j'allais enfin reprendre une vraie vie, une vie stable, me refaire de nouveaux amis, partager de nouvelles choses et revivre. En venant ici, j'étais loin d'imaginer que la blessure allait se rouvrir, au pire s'élargir.

- À mes seize ans, le jour de mon anniversaire, j'étais en train de marcher dans la rue. D'un coup, on m'a tiré en arrière, on m'a bandé les yeux et par la suite jetée dans un camion. Plusieurs heures plus tard, on m'a posé sur une chaise et lié mes poignets et mes chevilles. Après les personnes qui m'ont enlevé on retiré le bandana. Ils m'ont donné des coups, dans le visage, dans le ventre, un peu partout. Ces personnes m'ont torturé pour que je leur dise des choses à propos d'une mission confiée par la CIA. Je ne comprenais rien à leurs paroles, je leur répondais toujours que je ne savais pas. Et ils m'envoyaient des coups de jus avec leurs pinces électriques. J'ai connu la pire année de ma vie. Ils m'ont gardé une semaine avant que la police ne les retrouve. J'étais inapte pour aller à l'école pendant un mois. Suite à cette période, je me renfermais, je n'arrivais plus à parler aux autres. J'étais constamment sur mes gardes. Je m'enfermais des heures dans ma chambre, la douleur était insoutenable. J'ai choisi la facilité en me mutilant pendant plusieurs mois, jusqu'à ce que ma mère sans rende compte. Elle m'a emmené voir des médecins qui m'ont soigné. Mes parents m'ont aussi obligé à consulter un psychologue. J'ai arrêté de le voir à mes dix-sept ans, il y a bientôt deux mois. Mais cette histoire laisse toujours des traces. Tu comprends, je n'ai pas envie de refaire la même erreur qu'avant, terminais-je effondrée.

Nash verse une larme. Non, je ne veux pas qu'il pleure pour moi. Tout ce que je lui ai raconté, c'est du passé. Maintenant, tout ceci n'a plus beaucoup d'importance. J'essuie les larmes de Nash et pose ma tête sur son épaule. D'un geste tendre, il retrousse la manche de mon maillot. Son regard devient triste. Il y voit précisément sept traces tout le long de mon bras.

- Mon Dieu ! dit Nash dans un murmure.

Je laisse mes larmes couler. Je ne comptais pas lui dire, mais j'en avais besoin. Je lui confie :

- Tu es important à mes yeux Nash. Je ne pouvais te cacher ceci. En venant ici, j'espérais trouver à nouveau la paix, et surtout quelqu'un en qui j'ai confiance. Je t'ai choisi Nash.

J'espère que j'ai fait le bon choix en lui dévoilant mon passé.

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