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Felicia :

Après l'appel de Nash, je prends peur. Comme je suis encore à l'agence, je décide de retourner dans le bureau d'Andrew. Lui saura m'aider et gérer la situation.

Je toque une fois de plus et entre après en avoir reçu l'ordre. McLarighton n'a point bougé depuis que je l'ai quitté tantôt.

- Felicia, que se passe-t-il cette fois ?

- Mon ami Nash, il semble avoir quelques problèmes. Il vient de m'appeler en proie à la peur. Il disait que quelqu'un armé le suivait dans la rue, raconté-je la voix tremblante.

Je tiens beaucoup à Nash, c'est un de mes seuls amis ; un ami qui connaît toute mon histoire. Je m'inquiète pour lui, constamment. Je suis effrayée par l'idée que Marcus s'en prenne à lui.

- Es-tu sûr de ce que tu me dis ? Si ça se trouve, ce n'est pas grand-chose. Pourquoi viens-tu me trouver ? me questionne-t-il.

Andrew continue de me scruter, cherchant une réponse, soupirant car il perd du temps.

- Je voudrais que vous envoyiez un agent à sa recherche. Imaginez que ce soit Marcus ! Ce type est capable de s'en prendre à n'importe qui tant qu'il ne m'a pas atteinte. Ça seule ambition est de me faire souffrir.

- Non. Je refuse de faire intervenir un agent pour si peu. Marcus est surveillé par moi-même. Où est ton ami ?

- A quelques pâtés de maisons de chez moi, précisé-je.

Andrew tapote sur son clavier puis utilise sa tablette. Je ne sais pas ce qu'il fait. Il s'occupe probablement de localiser Marcus.

- Je regrette Felicia, il n'est pas là-haut. Tu n'as aucun souci à te faire. Ton ami non plus. Mais si cela peut te rassurer, je vais comme même envoyer un agent sur place, cède-t-il.

- Je m'en vais, merci pour votre aide.

Je le salue et je sors de l'agence. Peu convaincue de ce qu'Andrew m'a promis, je décide de me rendre sur place moi-même.

Je prends le bus et m'arrête à proximité de chez moi. Ça ira plus vite si je m'occupe de mon ami au lieu d'attendre qu'Andrew envoie un agent. La nuit n'est pas encore tombée. C'est un point positif. Je me rappelle la chance que j'ai de vivre dans le Colorado à présent. Le soleil se couche tard.

Je marche depuis quelques minutes en ratissant tout le quartier. Je n'ai toujours pas trouvé de signes qui montreraient que Nash est passé par là. Je continue alors mes recherches en allant un peu plus vers la villa. Je vois parfois des personnes promener leur chien, arroser les plantes de leur jardin. Tiens, j'y pense ! Ce serait une bonne chose que, moi aussi, je le fasse. En ce moment, l'état du jardin laisse un peu à désirer surtout que papa et maman sont partis et que Camille ne vient plus le week-end.

Ils me manquent tous, tout comme les repas que l'on prenait en famille et les discussions sur le canapé. Maman avait dit qu'elle m'appellerait, mais elle n'a sans doute pas eu le temps de le faire. J'ai tellement envie d'entendre sa voix...

Alors que je marche, je regarde les alentours et découvre une silhouette qui m'est familière. Je m'approche et la découvre après maintenant vingt minutes de recherche.

- Nash ! Enfin je te trouve. Dis-moi, c'est quoi cette histoire ? Je ne vois personne. Et ton téléphone, pourquoi as-tu raccroché comme ça ? J'ai eu tellement peur ! m'exclamé-je, le prenant dans mes bras.

Il n'a rien, il est là, devant moi. Sain et sauf. Je peux enfin souffler.

- Viens Feli, on ne devrait pas traîner ici. Il a disparu il y a quelques minutes. Mais je suis certain qu'il nous suit toujours. On y va, décide-t-il.

- Mais attends Nash, explique-moi d'abord l'histoire avec ton téléphone.

- Il est juste tombé par terre. J'ai tellement eu peur que je l'ai lâché sans faire exprès. Aller, allons-nous en.

Il m'attrape la main et me tire afin que nous rentrions le plus rapidement possible.

Je ne comprends pas son attitude, je n'ai vu personne. Comme il veut à tout prix rentrer, nous reprenons le chemin de sa villa. Une fois chez Nash, je décide d'appeler ma mère.

- Allô maman, comment vas-tu ? demandé-je, heureuse d'enfin pouvoir la contacter.

- Je vais bien merci, et toi ? Tout se passe bien avec les gardes ?

- Oui bien sûr, mais vous me manquez. Camille aussi me manque. J'en ai marre d'être toute seule à la maison.

- Je comprends ma chérie. Nous serons bientôt de retour, c'est promis.

- Bien. À bientôt, je vous aime.

- Nous aussi, bisous, répond-elle.

Je crois que c'était le coup de fil le plus court de toute ma petite existence. Ma mère semblait pressée, occupée, comme si elle n'avait pas le temps de me répondre. Mon cœur se comprime face à cette pensée. J'ai hâte que tout rentre dans l'ordre.

Je range mon téléphone dans ma poche et regarde Nash. Il est en train d'écarter discrètement les rideaux de son salon pour regarder dehors.

- Que fais-tu ?

- Je regarde s'il ne nous a pas suivis. Imagine qu'il se cache dans le buisson et qu'il décide de passer à l'attaque, s'inquiète-t-il.

Je rejoins mon ami près de la baie vitrée. Je me mets à côté de lui et regarde à travers la vitre.

- Je ne vois personne Nash, dis-je intriguée.

- Je te jure, j'ai vu une silhouette tout à l'heure.

- Tu ne serais pas un peu parano ? ris-je.

- Non Felicia, j'ai vraiment vu quelqu'un, m'affirme-t-il.

Je m'écarte de la fenêtre et pars m'installer dans le canapé. Je ne comprends pas ce qu'il me raconte, je n'ai vu personne moi. Aurait-il des hallucinations ?

Je décide de proposer une activité à Nash pour détendre l'atmosphère. Nous choisissons de jouer aux échecs. J'ai appris à y jouer quand j'étais à l'école. Au début, je n'aimais pas trop, mais maintenant j'ai développé un peu plus de sympathie pour ce jeu.

- Nash ! Par pitié regarde le jeu, laisse la fenêtre tranquille. Échec.

Mon ami acquiesce et se remet à jouer. Il se libère de mon coup bas. Je lui mange un cavalier. Lui se venge en me prenant mon fou. Alors que je pensais avoir le dessus sur la partie, Nash revient à l'attaque.

- Boum ! Échec et mat.

Je fais une moue, déçue, et me prosterne devant mon roi. Mon action le fait alors rire. Et Dieu sait que son rire est contagieux, alors à mon tour, je ris avec lui.

1 Nouveau message.

Des agents vont arriver. Ne bougez pas, n'ouvrez pas les portes, ni les fenêtres. Ne signalez aucune présence. Ne répondez pas à ce message.

Le message provient d'Andrew. Comment suis-je censée réagir ? Comment vais-je expliquer à Nash qui sont ces gens qui vont nous embarquer ? Et surtout qui vont rentrer dans la maison sans rien demander ? Merci patron, je suis super à l'aise. Pour suivre les instructions, je propose à Nash une revanche. Il accepte avec joie pensant sûrement qu'il va à nouveau me battre. En attendant l'arrivée des agents, je n'ai pas dit mon dernier mot.

La porte d'entrée s'ouvre lentement. Deux hommes entrent à l'intérieur. Puis trois autres déboulent dans le salon par la porte du jardin. Encore d'autres personnes arrivent de l'étage. Ma parole mais c'est une vraie invasion ! Je ne pensais pas qu'Andrew avait envoyé autant de monde.

Je prends le temps d'examiner toutes les personnes présentes qui avancent vers nous. Je jette vite fait un coup d'œil à Nash. Il ne comprend rien et a littéralement peur. Je ne l'ai jamais vu comme ça.

Mon regard parcourt les hommes qui sont dans le salon, les uns après les autres, quand soudain mes yeux s'arrêtent sur un agent en particulier. Je plisse les yeux pour mieux le voir. Et là, l'information arrive à mon cerveau. C'est une évidence ! Ses épaules, son corps, ses jambes, ses bras, je le reconnais. Ça ne peut qu'être de mon inconnu !

- Les enfants, vous devez nous suivre. Nous allons vous protéger. Nash, Felicia nous a téléphoné pour nous dire que quelqu'un te suivait. C'est un homme à Marcus.

Nash tourne la tête vers moi, et me questionne du regard. Il n'est pas confiant, il se pose des questions. Je hoche la tête en montrant l'homme qui vient de parler.

- Nous venons avec vous, dis-je. Nash, il va falloir que je te dise quelque chose quand nous arriverons à destination. Fais-moi confiance.

La garde rapprochée nous emmène dans une voiture qui nous conduit dans un refuge. Arrivés à destination, je découvre un bâtiment haut, au milieu de nul part.

Je suis déçue que mon inconnu ne soit pas dans la même voiture que moi. J'aurais tellement voulu lui parler. Peut-être pas pour le découvrir tout de suite, car je respecte son choix de vouloir rester en quelque sorte anonyme. Mais j'ai besoin de savoir qui il est ! Je n'oublie pas qu'il m'a sauvé la vie deux fois, et j'ai besoin de lui. J'ai la ferme impression qu'il peut me comprendre.

Certes, j'ai Nash et Estelle, mais mon inconnu m'intrigue. J'ai envie d'apprendre à le connaître. Je veux rembourser ces dettes que j'ai envers lui.

Nous sommes dans nos chambres. Je ne pensais pas qu'il y avait ça ici. Andrew est venu me parler et m'a annoncé que ma sœur Camille était ici. J'ai hâte d'aller lui faire un coucou. Mais avant, je dois révéler à Nash ce que je lui cache depuis maintenant quelques mois.

- Nash, il va falloir que tu m'écoutes attentivement. C'est important pour moi. J'espère que tu ne m'en voudras pas et que tu me comprendras, annoncé-je.