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Felicia :

Aujourd'hui, j'ai un entraînement à l'agence. Il est plus de midi passé, et nous commençons la mise en situation. Cela fait maintenant quelques semaines que les mises en situation sont de plus en plus difficiles et importantes. Maintenant nous devons tuer des mannequins comme lors d'une vraie mission. C'est dur de devoir faire ça. Même si ce n'est que des marionnettes, le résultat est identique.

Il faut faire preuve de sang-froid. Nous avons tous un peu de mal, sauf Laura. J'ai constaté que son comportement a beaucoup changé depuis le début de notre arrivée dans cette agence. Elle est devenue froide, et rien ne semble l'atteindre. Elle est méchante et dit sans cesse que plus tard, elle tuera tout ceux qui le mériteront. Elle fait peur à la moitié du groupe maintenant. Elle est sans pitié.

La mise en situation d'aujourd'hui consiste à sortir d'un labyrinthe. Plein d'obstacles ont apparemment été mis en place pour nous ralentir.

Le but est de réussir à faire confiance à son partenaire pour pouvoir sortir. Et comment dire... Faire confiance à Eldon est plutôt une chose compliquée. En plus, il me déconcentre dans notre progression.

- Felicia arrête de m'éviter ! Je te rappelle que tu ne peux pas avancer sans moi, râle-t-il.

- Et alors, moi, j'essaie de trouver une sortie.

Il m'agace tellement, que je ne prête plus attention à l'environnement autour de moi. Un sifflement me fait sortir de mes pensées. Je me retourne et vois des couteaux volants foncer droit sur nous.

- Alors ce n'était pas une blague, m'écrié-je, Eldon baisse-toi !

Sans attendre qu'il s'exécute, je plonge à terre. Il était moins une. Au-dessus de mon dos, les couteaux continuent leur chemin. Je me relève rapidement suivie de mon coéquipier.

- Nous devons changer de secteur, sinon une deuxième volée ne va pas tarder à nous transformer en charcuterie, remarque-t-il.

Pour une fois, je suis d'accord avec lui. Il attrape ma main, et nous nous mettons alors à courir dans le labyrinthe. Je ne sais même pas où l'on va, mais on fuit le danger.

- Regarde là-haut, on n'y est pas encore allés, dit Eldon en pointant du doigt la direction désignée.

- Effectivement, on peut toujours essayer.

Je suis complètement essoufflée, mais je m'en fiche, il faut que je continue à courir pour pouvoir sortir. L'espoir fait vivre.

Quelques minutes plus-tard, nous arrivons dans un nouveau secteur. Le labyrinthe n'est pas très grand, mais il faut quand même prendre le temps pour l'explorer. Ce secteur est le dernier que nous n'avons pas encore visité.

Il fait sombre. C'est tellement silencieux que ça en devient irréel. A côté de moi, Eldon semble tendu même s'il ne veut rien laisser paraître.

- On devrait commencer à chercher. D'après ma montre, il nous reste 30 minutes, c'est le dernier secteur. Si ce n'est pas ici, il faudra tout retraverser, déclare Eldon.

Nous commençons alors à chercher une sortie. Il vaut mieux ne pas traîner. Je n'ai guère envie de savoir ce qu'il va se passer une fois le temps écoulé. Je fouille dans le feuillage, quand soudain une douleur se répand dans ma main. Je la retire rapidement pour regarder qu'elle est la cause de cette piqûre que je viens de ressentir. Mes yeux s'arrêtent sur une énorme épine. Ça ressemble plutôt à une seringue...

- Eldon, j'ai un problème.

Mon partenaire de mission s'approche de moi, et je lui montre le dos de ma main. Une fois qu'il a vu, je lui désigne le buisson. Il ne met pas longtemps à comprendre.

- J'ai super mal, annoncé-je les larmes au bord des yeux.

Eldon me regarde longuement puis finit par dire que je vais devoir supporter la douleur. Nous devons absolument trouver la sortie. Il commence à marcher quand une énorme pluie s'abat sur nous.

- Mais d'où sort la pluie ? m'enquis-je les larmes se déversant sur mes joues.

D'abord les couteaux, l'épine et maintenant une pluie abondante ? Je dois être suivie par une divinité qui me déteste si elle me traite ainsi. Je craque, laissant mes larmes s'exprimer. Depuis que je suis revenue à l'agence, je n'y trouve plus ma place, j'ai l'impression d'être inutile et bonne à rien...

- Je ne sais pas, mais il faut que l'on se dépêche, répond-il le regard inquiet.

Mes chaussures qui ne sont pas étanches, elles prennent l'eau en quelques minutes. Cette sensation de pieds mouillés est très désagréable.

Comme la chance n'est pas avec nous, des coups de feu commencent à retentir. Guidés par notre instinct de survie, nous plongeons une nouvelle fois au sol. Alors que je crois que ma vie est sur le point de se terminer. Eldon me tend la main et me fait signe d'avancer. Nous rampons dans la terre qui n'est que boue et avec, en prime, des balles qui risquent de mettre fin à notre vie à tout moment.

Au début, je ne saisis pas pourquoi Eldon me demande d'avancer. C'est seulement quand j'aperçois une porte couverte de lierre que je comprends qu'il y a de grande probabilités pour que ce soit la sortie.

Fort heureusement, le travail acharné paye toujours. Ensemble, nous réussissons à atteindre la porte. En gentleman, Eldon l'ouvre à ma place. Il faut dire qu'en vue de mon état, je ne suis pas en mesure de le faire.

Après l'épreuve, je me fais soigner à l'infirmerie. Une fois le bandage posé, je me rends dans la salle où Marc va faire son debriefing. Dès que j'arrive dans la salle, je vais m'asseoir près d'Estelle.

- Très bien ! Tout le monde est présent, alors nous allons pouvoir commencer, clame Marc.

- Monsieur où est Laura ?

Je me tourne vers la personne qui a crié. Puis du regard, je fais le tour des personnes assises. Je ne trouve pas non plus Laura. Marc se décide à nous répondre :

- Ne vous en faites pas pour l'instant. Nous allons y venir. Tout d'abord, nous allons analyser les performances de chaque duo. On commence avec Estelle et Garance.

Mes deux amies ont réussi à trouver la sortie avant la fin du temps. Garance a été égratignée par un couteau et Estelle emprisonnée dans un filet.

Après, vient le tour d'Owen et un garçon à qui je n'ai jamais adressé la parole. Ils s'en sont bien sortis aussi. Ils ont trouvé la sortie après le temps imposé. Ils ont eu le droit à une canicule accompagnée d'un bon petit brouillard.

- Eldon et Felicia. Vous êtes aussi sortis après la fin du temps, vous avez écopé d'une pluie incessante ainsi que de coups de feu. La difficulté était un peu au-dessus. Felicia s'est fait piquer par une aiguille et Eldon n'a rien. Bravo.

D'autres groupes passent avec des scores quasiment identiques au nôtre. Puis vient le tour de Laura et son coéquipier.

- J'ai une bien triste nouvelle à vous faire part les enfants.

Des chuchotements commencent à s'élever dans la salle.

- S'il vous plaît, j'aimerais ne pas être interrompu. Merci. Laura s'est comportée comme une héroïne durant cette épreuve. Mais, j'ai le malheur de vous annoncer qu'elle est morte. Son camarade a dit qu'elle devenait très bizarre durant la mission. Elle a manifesté des problèmes mentaux ainsi que des envies meurtrières. Elle est morte d'une balle dans la rate. Je suis désolé pour vous.

Je ne m'attendais clairement pas à ça. Certes, elle avait changé, mais à ce point ?

Je me lève et sort de la salle. Je me dirige vers le bureau d'Andrew. Après une bonne inspiration, je toque. On me répond que je peux entrer.

J'avance les jambes tremblantes vers le bureau d'Andrew, et je m'assois sur le siège. Depuis ma chaise, je peux distinguer nettement les moindres traits de mon patron.

- Que me vaut l'honneur de ta visite Felicia ? me sonde-t-il, plantant ses yeux dans les miens.

- Je viens de terminer la mise en situation du labyrinthe. J'ai quelques questions qui restent sans réponse. Pouvez-vous m'aider ?

- Bien sûr, que veux-tu me demander ?

- Tout d'abord, j'aimerais savoir ce que contenait l'aiguille pour me faire autant souffrir ?

- C'est un simple mélange qui a été élaboré par nos laboratoires. Il produit une vive douleur pendant trente minutes. Après, il faut quelques heures pour laisser le temps au produit de s'évacuer. Rien de bien méchant. D'ici ce soir, tu ne sentiras plus rien, tout sera parti. C'est inoffensif.

- Hum, je voulais aussi vous poser des questions par rapport à Marcus.

- Je t'écoute, m'assure-t-il tout en rapprochant son siège de la table.

- A-t-il été capturé ?

- Non, pas encore. Nous y travaillons toujours. Je ne peux pas non plus t'offrir plus de protection. Tu as déjà deux gardes du corps il semblerait, et un de mes agents te surveille de près.

- Oui effectivement. Pourquoi un de vos agents m'a sauvé plusieurs fois la vie ?

- Nous te surveillons voilà tout.

Je soupire, consciente que je n'arriverais probablement jamais à lui faire cracher le morceau.

- Et pourquoi vous envoyez toujours le même agent ? C'est toujours mon inconnu... remarqué-je.

- Tout simplement car c'est lui qui est chargé de te protéger. Je ne vais pas prendre le risque de te montrer plein d'agents. Ça peut être dangereux, affirme-t-il, me laissant sans le moindre indice.

- D'accord monsieur. Mais pourquoi il ne veut pas me dire qui il est ? Depuis qu'il m'a sauvé la vie, je n'arrête pas de penser à lui.

- Je sais Felicia, dit McLaringhton, mais je respecte son choix. Il ne veut pas que tu aies connaissance de son identité. Ce sera à lui de dévoiler, quand il en aura envie.

Je hoche la tête tristement. J'aimerais vraiment savoir qui est mon inconnu. Même si ce n'est pas pour aujourd'hui, je n'ai pas envie de lâcher prise.

1 Nouveau message.

Comment vas-tu ? C 'est Kyle. Je crois que j'ai trouvé la fille qui m' aime. Tu t'en rappelles ? Je pense savoir qui c'est.

Je souris à la vue de son message. Il a réellement cherché ! Je déverrouille mon téléphone afin de rédiger une réponse.

Dis-moi tout !

1 Nouveau message.

C'est Estelle ?

Je lui réponds : « Bravo Kyle, tu as trouvé ». Il me dit alors qu'il va l'inviter au restaurant car lui aussi à un petit faible pour elle. Je suis contente pour eux.

Je m'apprête à ranger mon téléphone quand celui-ci se met à sonner, quelqu'un m'appelle.

- Hey, Felicia, c'est Nash. J'ai un gros problème. Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais quelqu'un n'arrête pas de me suivre depuis tout à l'heure. Il est vêtu tout de noir, il est baraqué. Je ne sais pas ce qu'il me veut. Je crois qu'il a une arme. Je t'en supplie aide-moi !

- Nash, où es-tu ? m'enquis-je.

Je me lève immédiatement de ma chaise et je cours chercher mon manteau.

- A deux pâtés de maisons de chez toi. J'ai peur de...

Bip... Bip... Bip...

- Nash ? Nash !