68 - Mardi 3 septembre

Julie

Cela fait un mois maintenant que j'ai repris une activité et il me semble que je n'ai rien vu passer. L'été s'éloigne, les soirées deviennent plus courtes, et je n'arrive pas à en profiter. Je suis heureuse dans mon nouveau travail et je trouve grisant d'avoir une vie à moi, en dehors de la famille. D'avoir également des anecdotes à raconter le soir pendant le repas, je veux dire, autre chose que la promotion du jour chez le maraicher. Je ne dévalorise pas mes anciennes occupations, qui je dois bien l'avouer, me manque par moment. Mais le fait de ne m'arrêter que sur les aspects positifs de ma nouvelle organisation m'aide à ne pas trop broyer du noir. Parce que ce n'est pas le nirvana, loin de là.

Tim voit de plus en plus son amie, et il semble plus présent pour l'enfant. Pour ce dernier, je suis contente, mais juste pour ce petit bonhomme que je refuse de rencontrer. Par contre, Tim ne m'aide pas plus pour la maison ou le ménage. Tout comme les courses, c'est à moi d'y penser et de remplir le frigo.

Ce qui me manque aussi, c'est de préparer de bons petits plats. Après une journée de travail et quarante minutes dans les bouchons, je n'aspire qu'à me poser, et si les enfants réclament une pizza, j'en suis presque aussi gourmande qu'eux. Une pizza congelée, évidemment.

Avant j'aurais pris le temps de faire la pâte, de l'agrémenter d'ingrédients particuliers pour chacun... là, je fais au plus simple, jambon champignon pour tout le monde. Je sollicite aussi plus d'aide, des enfants et forcément cela ne se fait pas sans ronchonner.

Mais ce qui me manque le plus, c'est de ne plus voir mes amies. La dernière matinée papotage, autour d'une tasse de café date de mai. Et je sens que ces moments de confidences manquent aussi à Charlotte qui ne cesse de m'inviter. Ce matin encore et je profite d'une pause pour l'appeler et fixer un vrai rendez-vous.

— Ah ben quand même. J'ai cru que tu avais bloqué mon numéro, m'accueille-t-elle, avant de s'excuser.

— Je n'y arrive pas, Charlotte. Ce n'est pas contre toi, mais l'organisation peine à se mettre en place, et quand je ne bosse pas ou que je ne m'occupe pas de la maison, je dors. Les trajets m'épuisent et cette formation en accéléré aussi.

— Mais même si c'est à Noël, je veux qu'on fixe une rencontre, Julie. Tu me manques.

Mon visage s'éclaire d'un sourire et je fonds sous cette déclaration si spontanée et sincère.

— Ce soir ?

— Ah, ben, je ne m'y attendais pas. Oui, oui très bien ce soir, s'empresse-t-elle de dire. Tu t'invites pour le repas ?

— En fait, j'aimerais surtout en profiter pour te confier mes enfants pendant une petite heure.

— Je les aime beaucoup, mais c'est toi que je veux voir.

Je rigole et lui explique mes intentions sans entrer dans les détails et je termine en lui proposant d'apporter des glaces pour le dessert. Elle se réjouit tellement, que j'ai l'impression qu'elle applaudit des deux mains. Mais à peine ai-je raccroché que mon téléphone sonne et je reconnais le numéro du collège. Je réponds précipitamment, avant de changer de couleur. 

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