Chapitre 2 - Cassandra


Je n'ai encore jamais rencontré cet homme. Disparut depuis quelques mois, tout le personnel sait qu'il est le patron, avec son frère.

Je sais sans l'ombre d'un doute que c'est lui ; Chase Rochester. Dixie, l'employée de la réception qui travaille à l'hôtel depuis des années, m'avait prévenue. Lorsqu'il serait là, il serait inutile qu'on m'avertisse. Je le reconnaîtrais au premier coup d'œil. Et c'est le cas.

Un silence de plomb règne dans la pièce. Je m'écarte de Clayton et me rapproche de Rochester. Je suis comme aimanté, attiré par cet homme qui vient quand même de sauver mes fesses. Sa présence est magnétique, envoûtante.

Beaucoup parle sur lui, et j'avais entendu la rumeur qui parlait du pouvoir de fascination qu'il exerçait. J'ai toujours cru qu'on exagérait. Je me rends compte que ce qui se dit sur lui est vrai.

Il m'attire à lui en m'agrippant le poignet et s'interpose entre les voyous et moi. Comme pour me protéger de son propre corps. Je ne peux empêcher un frisson de s'écouler le long de ma colonne vertébrale.

Clayton gémit toujours de douleur et lentement, il se redresse, tandis que les autres semblent atteints de paralysie, les yeux vitreux rivés sur le couteau à cran d'arrêt.

— Vous allez dès à présent faire profil bas et attendre sagement que le service de sécurité vienne vous chercher pour vous escorter jusqu'à la sortie. Mademoiselle et moi-même allons vous laisser.

— Nous avons payé...

— Vos privilèges de clients sont tombés dès l'instant où vous avez posé les mains sur cette jeune femme, réplique Rochester en me poussant vers la porte. Vous l'avez agressée, et elle a le droit de porter plainte contre vous si ça lui chante.

— Elle n'a pas dit non !

— Vous croyez donc être dans vos droits en maintenant une femme, les bras dans le dos et en l'acculant ?

Tout en leur répondant, il plaque son dos contre mon buste et me garde bien à l'abri. Ses gestes sont lents, mesurés.

Grégory Leroy, le chef de la sécurité, s'engouffre dans la chambre.

— Madame Durand, nous voi...

— Trop tard, coupe Rochester d'un ton sec. Occupez-vous de ces pauvres types, avant que je ne sois obligé de me charger également de ce travail.

— Oui, monsieur.

Rochester m'entraîne dans le corridor. Je mentirais si j'affirmais ne pas être bouleversée. Tant d'émotions se mêlent au plus profond Je me suis vraiment retrouvée dans une situation délicate, comme une imbécile !

Je me tourne vers Rochester.

— J'aimerais vous remercier pour...

— Comment vous sentez-vous ? s'enquit-il avec une légère brusquerie.

— Bien, merci. Grâce à vous.

— Vous êtes complètement folle !

— Pardon ?

— Vous saviez ce que vous faisiez en entrant dans cette chambre seule, non ?

Son ton cinglant me fait l'effet d'une gifle. Je n'aime pas le ton qu'il emploie.

— Cela ne s'est pas passé comme prévu, et je suis payée pour faire ce travail, monsieur. Il est de mon devoir de veiller à ce que tout se passe bien dans l'hôtel.

Il darde sur moi un regard si perçant que ça me met légèrement mal à l'aise. J'en suis tentée de détourner les yeux, mais je n'en fait rien et continue de lui tenir tête.

— Vous n'avez jamais entendu parler du service de sécurité ? demande-t-il sèchement.

— Ils étaient censés me retrouver ici. Plus rapidement, j'en conviens.

— Vous auriez dû les attendre au lieu de vous jeter dans la gueule du loup !

L'air de rien, je passe mes mains derrière la tête et entreprend de refaire ma longue tresse.

— Ce n'est pas mon style.

— Il n'est pas question de style, petite. Mais de bon sens.

Il commence à m'énerver ! J'abandonne ma coiffure et serre les poings.

— Votre ton ne me plaît pas.

— Ce qui ne me plaît pas, à moi, c'est que ma première soirée a été perturbée par votre risque inconsidéré. Il n'est pas question d'être intrépide et d'agir sans réfléchir. Il y a des règles à respecter, elles ne sont pas là pour faire joli-joli. Avez-vous seulement une idée de ce que ces types auraient pu vous faire si je n'étais pas intervenu ?

J'en ai une vague idée... Pour le coup, j'ai été idiote, mais il n'est pas question que je le lui dise.

— Monsieur Rochester...

— Vous savez donc qui je suis.

Son regard est soupçonneux, ses paroles sonnent comme une accusation.

— Effectivement. Nous avions été prévenus de votre arrivé. Nous vous attendions.

— Eh bien, me voici. Le fils prodigue est enfin de retour !

Il se penche vers moi, si près que je peux percevoir son souffle sur ma joue. Mon pouls s'affole.

— Dites-moi, poupée, ça valait le coup d'attendre ?

Je bats des paupières, comme pour me protéger de ces prunelles d'un bleu profond, électrique et si envoûtantes.

Quoi ?

Un sourire narquois apparaît sur son visage. Un sourire qui me donnerait envie de lui donner des claques, mais qui accélère également mon rythme cardiaque.

— D'attendre, répète-t-il. Ça en valait la peine ?

Il me nargue ! Cela se voit dans ses pupilles moqueuses.

Sans me laisser le temps de répondre, ni même de reprendre mon souffle, il me donne une chiquenaude sur le front et s'éloigne à grands pas.

Je me frotte le front tout en le foudroyant. Non mais, quel gougeât !Qu'il est détestable !

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Quand Chase s'en mêle, ça en jette! Mais il se pourrait que Cassandra n'apprécie pas la manière dont il s'adresse à elle... Lequel des deux à le caractère le plus fort?

Des bisous ♥

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