Chapitre 38 : Prendre son temps

Felix resta encore quelques jours à l'hôpital, le temps de reprendre du poil de la bête et repartit en compagnie de Changbin qui le ramena chez lui. Le blond n'avait cessé de lui demander s'il était sûr qu'il ne le dérangerait pas, ce qui avait eu le don d'agacer le noiraud qui, pourtant, l'avait patiemment rassuré. Lorsqu'ils pénétrèrent dans l'appartement, le soir de sa sortie de l'hôpital, ils furent accueillis par Jisung qui sauta littéralement sur Changbin.

« Jisung ! » s'écria-t-il en rattrapant son ami pour le serrer contre lui. « Ils t'ont laissé sortir ?! » demanda-t-il après s'être écarté de lui.

« Ouais, Chan a demandé à ce que je puisse rester chez moi. » soupira-t-il de soulagement. « Salut Felix, comment tu te sens ? »

« Mieux, merci. » sourit timidement le concerné.

Jisung lui rendit son sourire avant de laisser Changbin et Felix rejoindre la chambre de ce dernier. Il fut surpris de voir que toutes ses affaires étaient encore là.

« Tu ne croyais quand même pas que je m'en étais débarrassé ? » demanda Changbin.

« Je... Je ne sais pas. J'avais peur que tu n'arrives pas à me retrouver... »

« Pour être honnête, c'est ce que j'ai cru aussi, jusqu'à ce que tu m'appelles. » avoua le policier.

Felix s'approcha du noiraud et, avec douceur, passa ses bras autour de ses épaules et se colla à lui, cachant son visage dans le creux de son cou. Changbin lâcha le sac qu'il tenait et posa ses mains sur le bas du dos du blond pour le maintenir contre lui.

« Tu m'as manqué. » souffla Changbin, laissant couler ses larmes, soulagé.

Felix ne répondit pas, se contentant simplement de resserrer son étreinte. Il finit par lâcher Changbin, lui souriant gentiment.

« Allez, va voir Jisung. Je vais prendre une douche, si je peux. »

« Bien sûr que tu peux. Prends ton temps et si ça ne va pas, tu m'appelles, d'accord ? »

« Promis. » sourit à nouveau Felix.

Changbin acquiesça et sortit de la pièce pour laisser au blond son espace, qu'il puisse se mettre à l'aise. Le noiraud alla rejoindre Jisung qui, une fois de plus, était occupé dans la cuisine. Il posa une main sur l'épaule du plus petit et l'attira contre lui pour le serrer dans ses bras. Jisung lui rendit son étreinte sans hésiter, soulagé d'avoir son meilleur ami à ses côtés.

« Je suis désolé. » soupira Changbin.

« Faut pas. Felix avait besoin de toi. »

« Toi aussi. »

« Peut-être, mais Chan a raison. Tu ne m'aurais été d'aucune aide, contrairement à Felix. Alors ne t'inquiète pas, s'il te plait. » demanda Jisung en s'écartant de son ami.

Changbin lui sourit piteusement avant de rire doucement lorsque Jisung lui ébouriffa les cheveux avec affection.

« J'imagine que Chan t'a demandé de ne pas parler de l'affaire avec nous en son absence ? »

Jisung acquiesça en laissant échapper un soupire à s'en fendre l'âme. Changbin afficha une expression peinée et posa la main sur l'épaule de son ami pour tenter de le réconforter.

« Ils te laissent voir Hyunjin ? »

« Je ne sais pas. Mais je ne préfère pas le voir. »

« Pourquoi ? » demanda Changbin, surpris.

« Parce qu'ils l'ont déjà forcé à me menotter. Et je ne veux pas le mettre dans une situation embarrassante. »

Changbin attira son ami pour le serrer fort contre lui, dans l'espoir de le réconforter et le rassurer. Jisung se laissa faire, soulagé d'avoir à nouveau son meilleur ami à ses côtés. Lorsqu'ils se séparèrent, ils se sourirent avec une timidité qui ne leur était pas habituelle avant que Jisung ne reprenne la parole.

« Dis, pourquoi tu m'as présenté comme lieutenant quand on est arrivés chez Wolf ? »

« Je... Je comptais te donner une promotion. » avoua Changbin, visiblement déçu. « Je suis désolé. »

« Ne le sois pas. J'aurais refusé. »

« Pourquoi ? » demanda le noiraud, surpris.

« Parce que ça ne m'intéresse pas. Et je ne pense pas le mériter. C'est un poste pour Hyunjin, pas pour moi. » expliqua Jisung avec un doux sourire.

Changbin n'eut pas le temps de répondre car Felix entra dans la pièce, visiblement mal à l'aise. Jisung l'encouragea à approcher, lui servant une assiette de pâtes. Le blond s'assit et dévora l'assiette que le plus petit lui donna. Il en servit également une à Changbin et une pour lui-même et tous mangèrent en silence. Lorsqu'ils eurent terminé, le noiraud alla rapidement prendre une bonne douche à son tour, laissant les deux blonds ensemble. Felix aida à débarrasser malgré les contestations de Jisung et une fois que tout fût rangé, ils allèrent s'installer au salon, le plus grand se sentant fatigué.

« Je suis désolé Jisung... » souffla-t-il, une fois assis.

« Pourquoi ? » s'étonna le concerné, les sourcils haussés.

« C'est de ma faute tout ça. Et aussi que Changbin n'ait pas pu venir te voir. »

« Ce n'est pas vrai. » le rassura Jisung en posant sa main sur la sienne. « J'ai agi de mon propre chef et Changbin n'aurait pas pu m'aider au commissariat. C'est avec toi qu'était sa place, et celle de Chan était à mes côtés. Alors s'il te plait, cesse de t'en vouloir pour quelque chose dont tu es la victime. »

Les yeux de Felix se mirent à briller d'émotion et il finit par acquiescer en remerciant Jisung.

Les trois hommes passèrent la soirée ensemble, Jisung et Changbin partageant le grand canapé tandis que Felix était recroquevillé sur un fauteuil d'une place, pas très loin du noiraud qui lui lançait des regards de temps à autres pour voir comment il se sentait. Lorsque Changbin commença à somnoler, Jisung le secoua doucement et indiqua Felix d'un signe de tête. Le jeune homme serrait la couverture qui le recouvrait autour de ses épaules et tremblait de froid ou de peur, le policier n'aurait pu le dire. Son ami lui souhaita rapidement bonne nuit en l'embrassant sur la joue, fit signe à Felix et rejoignit sa chambre. Changbin, quant à lui, se leva pour s'approcher de Felix et s'agenouiller devant lui. Il posa sa main sur son genou et le caressa doucement de son pouce. Le blond se crispa légèrement avant de se forcer à se détendre tout en tentant de respirer calmement.

« Tu as froid ? » demanda Changbin d'une voix douce en caressant la joue du blond.

Felix frissonna de dégout, ce que le noiraud remarqua. Il ferma les yeux, tentant de ne pas montrer que l'attitude du blond l'avait blessé, et se réinstalla à la place qu'il occupait quelques instants auparavant. Il appuya ses coudes sur ses genoux et baissa la tête, regardant le sol. Felix se rendit compte qu'il lui avait fait de la peine mais ne savait tout de même pas comment agir.

« Pardon je... »

« Non c'est moi. » le coupa le noiraud.

« Tous les soirs, ils me demandaient ça et si j'avais le malheur de dire oui ils... enfin... »

Changbin leva brusquement la tête pour regarder le blond qui avait baissé la tête à son tour, jouant nerveusement avec ses doigts. Le noiraud se retint de se lever et de balancer tout ce qui lui passerait sous la main. Au lieu de ça, il prit la main de Felix et le tira pour qu'il vienne s'assoir à côté de lui. Le blond se laissa faire, tout de même un peu anxieux, même s'il savait que Changbin ne lui ferait aucun mal.

« Je suis désolé, Felix. »

« Tu n'y es pour rien. De toute façon, ça fait des années que c'est comme ça. »

« Tu veux en parler ? »

Felix hésita quelques instants avant d'acquiescer doucement. Il se rapprocha un peu de Changbin, collant son épaule contre la sienne et entrelaça les doigts, comme le noiraud tenait toujours sa petite main dans la sienne.

« Quand j'avais dix ans, mes parents ont décidé de partir en Corée. Ils ne se sont jamais vraiment occupés de moi donc je me débrouillais souvent tout seul mais au moins, j'avais un toit au-dessus de la tête. Sauf qu'un jour, ils ont dû décider que j'étais un boulet parce qu'ils m'ont emmené au festival des lumières et qu'ils m'ont laissé là. J'ai réussi à rentrer chez moi, mais le temps que j'y arrive, ils étaient déjà partis. » commença Felix, la gorge serrée.

« Merde, Felix... »

« Oh, ce n'est encore rien ça. » soupira le blond. « J'ai réussi à me cacher dans la maison en allant voler de temps en temps dans des supérettes mais j'ai fini par me faire chopper. J'ai pu m'échapper mais du coup, je n'avais plus de chez moi. Et après, j'ai enchaîné les mauvaises rencontres, j'ai dû moi aussi vendre de la drogue et quand je n'arrivais pas à vendre assez, ou si je perdais la marchandise, je devais rembourser en nature. Et comme ça arrivait souvent... »

Felix s'arrêta là. A vrai dire, il en avait dit bien assez pour que Changbin comprenne son attitude envers lui quand il essayait de se rapprocher de lui davantage.

« Je suis désolé. » murmura Changbin en lâchant la main de Felix.

« Mais je t'ai dit que tu n'y étais pour rien... »

« Je sais. Mais je suis désolé de t'avoir forcé la main plusieurs fois. »

Felix prit le visage de Changbin dans ses mains et l'obligea à le regarder, plongeant son regard dans le sien.

« C'est faux. Parce qu'à chaque fois que tu as senti que j'étais mal à l'aise, tu m'as laissé de l'espace. Même au début, quand on venait de se rencontrer. J'ai confiance en toi. C'est juste que parfois, je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur... même si je sais que tu ne me feras rien. Je suis désolé Changbin. »

« Tu n'as pas à t'excuser. On prendra tout le temps dont tu as besoin. »

« Pour que tu m'apprennes à t'aimer. »

Changbin sourit et acquiesça, prenant les mains de Felix pour les enlever de son propre visage. Il se pencha pour embrasser le blond sur la joue avec tendresse, faisant sursauter celui-ci. Changbin s'excusa une nouvelle fois mais Felix lui sourit timidement en haussant les épaules.

« Tu devrais aller dormir, tu as encore besoin de repos. »

« Je sais mais... je n'ai pas envie de dormir tout seul. » avoua Felix. « Je sais que c'est contradictoire mais... je dors bien quand je suis près de toi. »

« Allez, viens alors. »

« On peut aller dans ma chambre, s'il te plait ? »

Changbin haussa les sourcils, surpris, mais accepta tout de même. Il suivit Felix qui tremblait toujours – de froid cette fois – faisant soupirer discrètement Changbin qui ôta son hoodie pour le donner au blond. Celui-ci le remercia et l'enfila avant de se réfugier dans son lit. Le noiraud s'y glissa également à distance respectable de Felix, laissant au blond le choix de venir près de lui ou non. Et comme il ne semblait pas bouger, Changbin se tourna sur le côté, dos à lui et ferma les yeux avant d'afficher un petit sourire lorsqu'il sentit le corps du plus jeune se glisser contre le sien, passant son bras autour de sa taille.

« Bonne nuit Changbin. »

« Bonne nuit Felix. »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top