Chapitre F : Trois disparitions
« Emi, tu viens pas te baigner ? hurla Gou. »
L'Ultime Mannequin s'était placé à une distance raisonnable de la piscine. Juste assez proche pour mater, juste assez loin pour ne pas se faire éclabousser. Mon génie n'a pas de limite, songea-t-il avant de rire intérieurement.
« Certainement pas. Je déteste l'eau.
— C'est toi qui a organisé cette journée piscine pourtant, lui rappela Eita.
— Je croyais que vous saviez que j'étais venu juste pour...Enfin bref ! »
Il reposa son regard sur la cuisine extérieure, juste en face de lui. Un soupir agacé s'échappa de ses lèvres.
« Yukiko avait dit qu'elle venait...
— Emi, intervint Mai, je pense qu'elle ne viendra pas. Après tout, cela fait plus d'une heure qu'on l'attend.
— Masaru et Moe en a font aussi qu'à leur tête, grogna-t-il. Qu'est-ce qu'ils m'énervent ces trois-là ! Ils pouvaient pas prévenir au moins ? »
Personne ne put lui répondre. Akio échangea un regard avec Mai ; l'absence des trois Ultimes l'inquiétaient. Après tout, ils avaient reçu leur premier mobile la veille...Étaient-ils déjà... ? Non, il ne pouvait pas y penser.
« Yukiko et Moe doivent juste être dans la salle de sport, le rassura la fille à la tresse. Et Masaru doit être dans le laboratoire de science...En train de profiter de l'absence d'Emi et d'Eita.
— Comment ça, profiter de mon absence ?
— Emi, tu ne laisses personne entrer dans le laboratoire à part Eita.
— Gna gna gna, j'écoute pas les rageuses. »
Il s'étendit sur le sol, épuisé par l'attente.
« Quand est-ce qu'ils arrivent bordel ?
— Je ne pense pas qu'ils...
— Yukiko arrivera.
— Comment peux-tu en être sûr ? »
Emi éclata d'un rire machiavélique et pointa du doigt la cuisine. Mai se retourna pour l'observer, les sourcils froncés.
« J'ai posé un paquet de biscuits sur la table. Impossible qu'elle résiste à cette tentation. Je suis un génie !
— Je ne pense pas que ça marche comme ça, Emi, intervint Akio.
— Quoi ? Toi non plus, tu me fais pas confiance ?
— J'ai jamais dit que...
— Eita ! chouina Emi. Je me fais martyriser ! »
Celui-ci sortit aussitôt de la piscine pour lancer un regard noir à Akio et Mai. Il attrapa sa serviette pour essuyer les gouttes qui perlaient sur ses épaules.
« Qu'est-ce que vous lui dites encore ?
— Que Yukiko, Masaru et Moe ne viendront pas.
— Hmm...C'est quand même étrange qu'ils nous lâchent au dernier moment, vous ne trouvez pas ?
— Oui, acquiesça Mai. Je ne comprends pas pourquoi ils changeraient d'avis aussi subitement... »
Aimi, la moitié du corps encore dans la piscine, épiait leur conversation depuis quelques minutes. Mine de rien, elle s'inquiétait de l'absence de Moe. Cette dernière était la seule qui lui parlait réellement...
« Et s'ils avaient vu le mobile, et qu'ils avaient décidé de planifier un meurtre ? »
Tous les regards se tournèrent vers Aimi quand le mot meurtre fut prononcé. Non, c'était impossible...
« Tu penses vraiment qu'en à peine un jour...
— Plus de 32 heures, en fait. J'ai confiance en Moe et Yukiko mais...Masaru est trop bizarre...Et s'il avait décidé de... ?
— Stop. Ça sert à rien de rester là à inventer un milliard de scénarios. On va chercher les réponses par nous-mêmes, conclut Eita. Qui vient avec moi ?
— Moi ! hurla Emi. »
Il foudroya du regard tous les autres, l'air de dire : ''Essayez de venir et vous êtes morts''. Mais Akio était incapable d'atteindre une seconde de plus sans rien faire.
« Je viens aussi.
— Akio, murmura discrètement l'Ultime Mannequin, on va avoir une petite discussion tous les deux...
— Je préfère rester ici, lança Mai. Si jamais Moe, Masaru et Yukiko arrivèrent, je viendrais vous chercher. »
Après un dernier hochement de tête, les trois garçons retournèrent dans la villa. Un silence de mort régnait dans le salon – en fait, il régnait dans tout le bâtiment. Pourtant, il y avait six personnes à l'intérieur...N'est-ce pas ?
Leur premier réflexe fut d'aller jeter un œil à la bibliothèque. Un livre vola dans l'air ; il s'explosa contre le sublime visage d'Emi, qui se cogna la tête contre le mur.
« Emi ! cria Eita. Tu vas bien ?
— J'ai toujours dit que les bouquins c'était meurtrier...
— Oh mon dieu ! Emi, je suis désolée, vraiment ! »
Affolée, Haru descendit de l'escabeau sur lequel elle se tenait, les bras chargés de livres. Elle les jetaient presque par terre pour se précipiter vers Emi.
« Je...Je l'ai fait tomber et...J'avais pas vu que t'étais pas loin de moi...Oh, je suis désolée Emi ! Pardonne-moi, je t'en supplie !
— Euh...Si tu veux ?
— Merci, merci, merci, vraiment ! »
Elle enlaça l'Ultime Mannequin avec force avant de le lâcher pour se tourner vers les deux autres.
« Eita, tu es en train de mettre de l'eau partout...
— C'est pas grave. En fait, on a pas de nouvelles de Moe, Yukiko et Masaru alors on se disait que tu les avais peut-être... »
Haru écarta minutieusement tous les livres de l'Ultime Scientifique ; son regard avait quelque chose de terrifiant.
« Vu, acheva Eita d'une petite voix.
— Le sol de la bibliothèque est en parquet. Tu veux qu'il moisisse, c'est ça ? Tu veux faire pourrir tous ces précieux livres. Espèce de vil... »
Ses yeux croisèrent les flammes ardentes qui brillaient dans ceux d'Emi.
« Vil gentil. Vous pouvez circuler. Bonne journée. »
Elle s'enfuit comme un rat affolé, ses livres plaqués contre son torse. Eita soupira lourdement : l'enquête allait être longue.
« Je vais fouiller la bibliothèque, d'accord ? Je vous rejoindrais plus tard.
— Mais...Eita...
— A tout à l'heure. »
Emi, le cœur brisé, lui fit un petit signe de la main pendant qu'il s'enfonçait parmi les innombrables rangées de livres. Les deux garçons restants se dirigèrent vers le laboratoire de sciences. L'un d'un pas trainant, l'autre avec plus d'entrain.
« Bonjour, Emi Kanzen, Akio Kirameku. Qu'est-ce qu'il vous amène ici ?
— Salut Daiki, lui répondit Akio. On cherche Moe, Yukiko et Masaru. Tu les as vu ?
— Masaru était avec moi vers 14h, puis il est parti. Je n'ai pas vu les autres.
— Merci pour ton aide.
— Même si t'as pas servi à grand-chose.
— C'est normal, Akio. À plus tard. »
L'étage était occupée par un vide abyssal. Ils eurent beau toquer à plusieurs reprises à la porte de Yukiko et de Moe, ils n'eurent aucune réponse. De plus, elles étaient fermées à clé. Emi tambourina à la porte de Masaru avec un agacement non-dissimulé.
« Masaru ! C'est Emi ! Je suis venu te su...Te demander pourquoi t'es pas à la piscine avec tout le monde ! »
Un silence assourdissant lui répondit. L'Ultime Mannequin haussa les épaules : cela ne servait à rien de rester ici. Les deux garçons rejoignirent donc Eita dans les escaliers pour partager leur rapport.
« Himari est dans la bibliothèque, mais aucune trace des trois autres.
— L'étage est complétement vide, ajouta Akio.
— Mais c'est pas possible, ils ont tous disparu ou quoi ? »
Mais dès qu'ils entrèrent dans le salon, ils se rendirent compte que Moe, Yukiko et Masaru ne s'étaient pas volatilisés. En effet, la première était en train de passer la porte pour aller à la piscine.
« Moe ?
— Eita, Emi, Akio ! Excusez-moi de ne pas être venue plus tôt...A vrai dire, je n'avais pas vu le temps passer !
— Mais...On vient de fouiller toute la villa est...
— Comment s'est possible qu'on ne t'est pas vu ? lança Emi, les yeux plissés.
— Je n'en sais rien mais...Ce n'est pas très grave, si ?
— Non, conclut Eita. Allons rejoindre les autres. »
Mai eut l'air ravie de voir Moe se diriger vers les vestiaires. Malgré tout, sa mine se fit inquiète lorsque les trois garçons lui annoncèrent qu'ils n'avaient pas vu Yukiko et Masaru. Mai joua avec sa tresse.
« C'est vraiment étrange...J'en viens à me dire que...
— Que ? s'impatienta Emi.
— Et si Aimi avait raison ? Et si l'un d'entre eux était réellement mort ? »
La peur brillait dans ses yeux brumeux ; personne ne pouvait rien faire pour l'arrêter. Un hurlement déchira l'air. Gou se précipita vers les vestiaires, bientôt suivie par Isamu et Ren. Trois autres cris retentirent.
Ding dong bing bong !
Un corps a été découvert ! A la fin du délai accordé à l'investigation se tiendra le procès de classe !
« Un...Un..., répéta Akemi, les mains soudainement moites.
— Non ! cria Akio. C'est impossible ! »
Il s'élança à sa tour vers les vestiaires, talonné par une Mai encore sous le choc. Ils forcèrent Moe, Ren, Isamu et Gou à se dégager afin de voir l'horrible spectacle.
Au fond d'une cabine du vestiaire des filles, un corps était adossé contre le mur. Les cheveux ébouriffés, les yeux vitreux. Pourtant, sans l'annonce, Akio aurait pu jurer que cette personne était toujours en vie.
Il aurait pu jurer que Yukiko allait se relever pour leur sourire.
Nombre de survivants : 15
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