Chapitre 3 : Celui qui l'avait lâché
Sur la plage rocailleuse, les serviettes étendues sur le sol semblaient cabossées. Pour la plupart, c'était trop inconfortable pour s'assoir dessus. Les Ultimes s'étaient donc presque tous jetés à l'eau sans plus attendre. Emi et Yukiko les observaient en ricanant depuis un large rocher plat.
« C'est bien mieux que dans mes rêves les plus fous..., murmura la blonde.
— Pourquoi des gens croient encore au paradis alors que les sorties plages existent ? »
A quelques mètres d'eux, Akio écoutait leur conversation avec effroi. Ainsi, la folie de ses deux amis était bien plus grande qu'il ne l'imaginait...C'était à lui en glacer le sang. Haru lui envoya un petit sourire compatissant.
« Ils vont arrêter au bout d'un moment.
— Tu penses ?
— Hmm...Non, pas vraiment, rit-elle doucement. »
Elle se replongea dans son livre, amusée par le dépit d'Akio. Eita vint rejoindre le duo de meilleurs amis ; il venait tout juste de sortir de l'eau, et ses cheveux bruns étaient plaqués contre son cou.
Au vu de la tête d'Emi, cette vision le réjouissait et l'effrayait à la fois.
« Tu viens pas te baigner Emi ?
— Ah, euh, quoi ? Euh, non merci, je sais pas nager moi...
— Allez, viens ! Je te lâcherais pas, promis. »
L'Ultime Mannequin se tordit lentement les doigts, hésitant.
« Promis, mais vraiment promis, hein ?
— Je te lâcherais pas, même quand tu auras pieds. Ça te va ?
— Je reste pas plus de dix minutes, c'est clair ? »
Emi glissa sa main dans celle d'Eita, et les deux garçons partirent en direction de l'eau. Le roux mit quelques minutes à accepter de mettre un pied dans la mer ; l'Ultime Scientifique ne put s'empêcher de rire.
« Mais c'est pas qu'ils sont mignons mes choupinets préférés ? hurla Yukiko.
— Ferme-la salope ! répliqua Emi, le rouge aux joues.
— Fait attention, t'as mis trop de blush ! »
Seul le doigt de son meilleur ami lui répondit. La blonde, ravie, se laissa glisser entre Akio et Haru.
« J'ai appelé leur ship le couple des géants.
— Le couple des quoi ? répéta l'Ultime Lectrice sans comprendre.
— Des géants. Emi fait un mètre soixante-quinze et Eita un mètre quatre-vingt donc...Faut bien exprimer l'échelle quelque part.
— C'est tellement stupide..., soupira Akio.
— Quoi ? Tu oses dire que le Emita est stupide ? Shame on you, homophobe des gays ! cria-t-elle en le pointant du doigt. »
Heureusement qu'il n'y avait que leur classe sur la plage, sinon il se serait pris la honte de sa vie.
« J'ai jamais dit que le Emita était stupide.
— Oh...Akio est donc Yaoiste...Intéressant...
— Ça veut dire quoi ?
— Rien ! intervint Haru. Rien, rien. »
Un immense sourire se dessina sur les lèvres de Yukiko.
« Haru, ça te dit qu'on baise ?
— Juste parce que je sais ce que ça veut dire ? paniqua celle-ci.
— Bah ouais. En plus t'es genre trop belle donc... »
Emi interrompit leur discussion en s'affalant à côté d'eux. Il était trempé de la tête au pied et avait les bras croisés fermement sur sa poitrine. A côté de lui, Eita ne semblait plus savoir quoi dire.
« Je suis désolé Emi...
— Tais-toi.
— Vraiment. J'avais oublié que t'étais légèrement plus petit que moi, et...
— Tu m'as lâché.
— C'était pas voulu ! Je t'en supplie Emi, pardonne-moi. Je ferais tout ce que tu veux, mais ne m'en veux pas... »
L'Ultime Mannequin inspira profondément. Yukiko se mit aussitôt à manger du pop-corn imaginaire, persuadée qu'il allait mettre un coup de pied dans l'appareil génital de l'Ultime Scientifique.
« Je veux une glace.
— D'accord ! Tu viens avec moi ?
— Ouais...Hors de question de bouffer une nouvelle fois une glace à la vanille déguelasse parce que la personne qui me l'a acheté ne connaissait pas mes goûts.
— C'était pour rire ! protesta Yukiko, piquée au vif.
— Donc tu vas prendre une glace à la pistache ? devina Eita. »
Une mine ravie se dessina sur le visage d'Emi.
« J'avais oublié que tu me connais bien. »
Il s'en alla en chantonnant joyeusement, ce qui fit – encore – rire l'Ultime Scientifique. Il se tourna rapidement vers les autres.
« Vous en voulez une, vous aussi ?
— Je..., commença Haru.
— Non ! trancha Yukiko. Va rejoindre ton futur mec, on se démerdera.
— Yukiko !
— Combien de fois je vais devoir te dire que tes sentiments sont réciproques et que j'ai pas besoin de chuchoter ? »
Eita secoua la tête, désespéré, avant d'aller rejoindre Emi. L'Ultime Patineuse Artistique laissa échapper un cri.
« J'en ai marre de ces deux-là ! Quand est-ce qu'ils vont se sauter dessus bordel !
— Eh bien...Je pense que comme dans tous les bons Yaoi, il faut attendre une dizaine de chapitres avant que...
— Haru, ça fait presque deux ans qu'on a dépassé les dix premiers chapitres bordel de merde ! Qu'ils baisent à la fin ! »
Akio contempla la mer, cette étendue de bleue qui frôlait l'horizon, sans jamais réussir à la toucher. Devant cette beauté splendide, il ne put s'empêcher de se demander...Pourquoi il faisait partie de cette classe déjà ?
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