« Je suis tellement heureuse de vous retrouver pour cette nouvelle année ! »

Haru se précipita pour prendre Daiki dans ses bras. La plus petite se plaint, mais le sourire sur son visage ne trompait personne.

« Allez ! Obtenons notre diplôme ! Obtenons la réussite de notre vite ! hurla Gou.

— On pourra organiser une fête, proposa Akio.

— Une fête ? Je suis partant ! approuva Emi avec éclat. »

L'Ultime Mannequin appliquait sur ses ongles un vernis pailleté tout en parlant. Akio n'avait jamais compris comment il en était capable ; il ne regardait même pas ses mains !

« Sinon, vos vacances se sont bien passées ? s'écria l'Ultime Plongeuse.

— Oui ! J'ai pu lire les quarante livres que j'avais mis de côté. J'ai énormément appris sur la couture, vraiment. Enfin, tout cela n'est que théorie. Je demanderais à xxxxxx si elle a le temps de me montrer la pratique. Je...

— J'ai amélioré mes compétences de tir de quinze pourcents, la coupa Daiki.

— C'est pas des vraies vacances ça, remarqua Akio. »

L'Ultime Tireuse d'Elite secoua ses longs cheveux blancs.

« Je n'ai pas le temps pour les futilités. Il faut que je me concentre sur l'amélioration de mon Ultime.

— Je suis sûr que t'adorerais t'amuser si seulement tu essayais, chérie, intervint Emi. J'ai une idée ! Et si on allait se baigner tous ensemble, un de ses quatre ?

— Emi, parviendras-tu toujours à esquiver l'amélioration de ton Ultime pour aller gambader n'importe où ?

— Je n'esquive pas... ! »

Emi se redressa subitement. Son vernis se renversa sur sa table, mais il s'en fichait. Il quitta la salle avec une fureur non contenue, serrant rageusement sa robe entre ses doigts. Haru lâcha Daiki pour lui lancer un regard désapprobateur.

« Pourquoi me regardes-tu comme ça ?

— Daiki, tu sais très bien qu'Emi déteste son Ultime. Tu aurais pu éviter le sujet...

— Je ne vois pas pourquoi.

— Essaye de te mettre à sa place ! Tu l'as blessé...

— Je vais voir comment il va, décida Akio. »

Le garçon trouva rapidement l'Ultime Mannequin. Ce dernier s'était effondré dans la salle de science ; son maquillage coulait en même temps que ses larmes. L'Ultime Étudiant s'assit à ses côtés.

« Je...J'ai pas mis du maquillage waterproof, parce que...J'pensais que je pleurerais que le deuxième jour... »

Emi renifla bruyamment.

« Tes shootings ne se sont pas bien passés ?

— Rien ne s'est jamais bien passé ! »

Le roux enfouit son visage dans ses bras, désespéré. Akio ne savait plus quoi faire pour aider son ami, à part le convaincre de ne plus être mannequin.

« Je serais jamais assez bien..., murmura-t-il piteusement. Je serais toujours trop gros, trop moche, trop féminin, trop masculin...Trop tout...

— Emi, tu n'as pas à changer pour répondre aux critères de mode.

— Mais j'ai pas le choix.

— Tu auras toujours le choix. Parce que tu n'es pas juste un mannequin ordinaire. Tu es l'Ultime Mannequin. C'est le monde qui devrait se plier à toi, et pas l'inverse.

— Quelqu'un d'aussi nul que moi peut pas faire plier le monde...

— Arrête de te dénigrer. Tu es un garçon formidable.

— Se dénigrer...C'est presque le synonyme du mot mannequin. Si je veux pas perdre mon titre, je peux pas arrêter.

— Tu te fais juste du mal pour rien Emi...

— Pour rien ? »

Il releva soudainement la tête, ses yeux sépia noyés de douleur.

« Pour rien ? Ce n'est pas pour rien que je fais ça. Rien...C'est grâce à rien que je me suis retrouvé dans la Hope Peak Academie ? C'est grâce à rien que je suis enfin aimé ?

— Tu es aimé parce que tu es Emi, pas juste l'Ultime Mannequin.

— J'arrive même pas à savoir si tu le penses vraiment, ou si tu dis ça pour me réconforter...

— A ton avis ? »

Les larmes d'Emi se ternirent. Après plusieurs minutes, sa respiration se stabilisa, et il put envoyer un pâle sourire à Akio.

« Merci, chéri. Est-ce que tu pourrais aller chercher ma...

— Trousse à maquillage ? Je l'ai prise en partant. »

L'Ultime Mannequin laissa un rire étranglé lui échapper, avant de la prendre et de nettoyer son visage.

« Je n'ai jamais vu quelqu'un comme toi.

— Dans quel sens ?

— Tu es la personne qui porte le mieux son Ultime dans ce monde. »

Emi finit par ranger son maquillage. Il se releva et invita Akio à faire de même.

« Merci, Akio. Merci pour tout.

— C'est normal. Et si on retournait voir les autres pour planifier la baignade ?

— Oh oui ! On peut y'aller vendredi soir, après les cours ! J'ai repéré un coin de la plage géniale. Personne n'y va jamais parce qu'il y a trop de rochers, mais ça pourrait être amusant ! Qu'est-ce que t'en dis ?

— C'est une super bonne idée, Emi. »

Le sourire d'Emi s'était accroché à son visage jusqu'à la fin de journée ; rien n'avait pu gâcher son bonheur.