Jour 20
Fuyuhiko et moi sommes allés au cinéma de la troisième île aujourd'hui pour essayer de nous changer les idées. Même si aucun d'entre nous deux ne voulait l'avouer à l'autre, nous sentions malgré tout une immense paranoïa qui entamait son ascension au sein de notre psyché depuis les derniers événements de la veille. J'ai remarqué toute la journée les regards agités et méfiants du Yakuza Ultime ainsi que ses difficultés à maintenir sa concentration sur la moindre conversation. Je savais ce qui n'allait pas, mais j'étais incapable de le rassurer car moi-même... je suis tout aussi terrorisé que lui qu'un nouveau meurtre ne se produise ou que Monokuma ne prépare quelque chose de pire. C'était d'ailleurs certainement le cas pour bon nombre de nos camarades aussi puisque quelques uns d'entre eux n'étaient même pas sortis de leur bungalow de la journée.
Quand Fuyuhiko et moi sommes arrivés au cinéma, je me souviens qu'il avait été surpris que des films de style yakuza pouvaient être projetés sur cette île tropicale. N'ayant aucun film proposé qui m'intéressait particulièrement, je l'ai laissé choisir celui qu'il voulait. Son choix s'est porté sur le premier « Crows Zero » qu'il souhaitait me faire découvrir. Il a bien fait car cela nous a permis de nous détendre un peu à travers l'humour de l'œuvre.
La présence de l'autre nous aidait à nous apaiser mutuellement malgré nos silences et nos angoisses partagés. Au cours de la journée, sa main serrait régulièrement la mienne avec fermeté, ou bien elle s'agrippait à l'une de mes épaules ou encore mon bassin afin que je me tienne à proximité de lui. Ce n'était pas désagréable puisque je lui rendais instinctivement ses étreintes comme pour me donner la certitude psychologique de sa présence. On s'enlaçait silencieusement durant des heures afin d'essayer de surmonter cette désagréable sensation d'oppression que Monokuma exerçait sur nous. Marcher ne nous divertissait plus et aucun de nous deux ne voulait trop s'éloigner de la première île. Retourner à l'un de nos bungalow était notre meilleur refuge ; à l'intérieur duquel se blottir sous la couverture dans les bras de l'autre nous aidait à oublier l'existence du monde extérieur et de ses démons.
Aucune annonce de Monokuma n'a été donnée de la journée. Cela m'a terriblement rappelé le cauchemar que nous avions vécu lorsque nous étions tous emprisonnés au cœur des murs du Palais du Rire. Cette sensation de malaise et d'inquiétude... Monokuma nous a contraint et conditionné à suivre un rythme qu'il décide de bouleverser du jour au lendemain. Nous sommes tous conscients de cette emprise malsaine qu'il manifeste constamment afin de nous opprimer et celui-ci s'en sert délibérément avec perversité pour tenter d'alimenter notre désespoir.
Pouvons-nous réellement croire que cette fichue « excursion mortelle » soit définitivement terminée ?
Si tel est le cas, alors... faites que ce supplice s'achève demain et qu'enfin, nous puissions tous rentrer chez nous sains et saufs.
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