Jour 17

  Tout d'abord, j'aimerais m'excuser sur la longueur de mes résumés de journée pouvant parfois manifester un manque de sobriété ou de concision. Je me suis rendu compte récemment que mon Ultime stimulait de plus en plus ma mémoire et que certains détails de la journée, comme le fait de me souvenir mot pour mot d'un dialogue ou d'une situation au millimètre près, me revenaient aisément à l'esprit (pas pour tout évidement, mais cela arrive en majorité pour plusieurs cas). C'est pourquoi, je préfère ajouter dans mes écrits le plus de détails des événements qui se sont déroulés et qui me reviennent en tête au moment où je rédige dans ce journal. J'essaie tout de même de faire du tri pour garder le plus important, mais parfois, je ne vous cache pas que je suis dans l'incapacité de me retenir d'écrire certaines choses ; simplement pour me libérer l'esprit. En effet, il est nécessaire de se rappeler que j'écris en premier lieu dans ce journal pour me soulager mentalement. Ce que l'on vit de macabre et d'abominable ici, sur cette île, n'est pas le fruit de mon imagination ; je tiens à le souligner. Tout est bien réel, la preuve en est que j'ai laissé les notes de Fuyuhiko dans ce journal et que notre écriture est bien différente pour témoigner de notre situation. Certes, j'aurais en effet pu adopter son style d'écriture à l'aide de mon Ultime mais je suis certain qu'avec une analyse D'ADN ou d'empreintes digitales vous arriverez à discerner leur disparité.

  Après notre libération de cet espace clos qu'était le Palais du Rire auquel notre santé physique et mentale étaient rudement mises à l'épreuve, nous sommes rapidement retournés à notre rythme de vie insolite que nous menions il y a de cela quelques jours sur les plages de l'île Jabberwock. Se réveiller aux annonces matinales, déjeuner au restaurant en compagnie du reste de nos camarades dont le nombre s'amoindrissait après chaque tuerie, et mener la journée à notre guise dans la crainte perpétuelle qu'un nouveau meurtre ne se produise et devoir en conséquence affronter un autre procès de classe auquel nos vies sont effroyablement mises en jeu. Monokuma nous a habitués à ce mode de vie cauchemardesque et absurde. Alors que nous étions à l'origine dix-sept, nous ne sommes désormais plus que huit... Ce n'est même pas une vie ce que nous vivons...

  Kazuichi a passé la nuit à fabriquer un « Mininidai » avec les pièces de Nidai-kun pour nous remonter le moral. Le petit robot se distingue par son côté mignon et son air légèrement ressemblant avec ce qu'était Nidai-kun version robot. Il est également doté de parole, d'une horloge radio-pilotée sur son ventre (Kazuichi a certainement dû la récupérer de Nidai-kun) et serait capable de masser les courbatures et les points de pression mais ne possède cependant aucune conscience d'après son créateur ; c'est pourquoi celui-ci le considère plutôt comme un jouet. Ravie, Owari-san a décidé de le monopoliser et prendre soin de Mininidai, et désormais, ils ne se quittent plus. Après tout, elle et Nidai-kun de son vivant étaient tous deux proches, donc cela ne nous dérangeait pas spécialement qu'elle s'est mise en tête de garder avec elle le petit robot à l'effigie de son ancien ami.

  L'absence de Komaeda durant la majeure partie de la matinée nous rendait inquiet. Je me souviens que Hinata-kun nous a expliqué sous la demande de Fuyuhiko, la raison pour laquelle Komaeda avait insinué la veille que Hinata-kun ne représentait pas un « symbole de l'espoir » (je devais avoir l'esprit ailleurs hier soir ou je n'ai simplement pas fait attention à ce que disait cet aliéné de Komaeda sur le moment car le sujet de la conversation ne me disait rien). En mentionnant ce sujet avec plus de précision, cela sous-entendait que si Hinata-kun ne se rappelait toujours pas de son Ultime depuis notre arrivée c'était parce que tout simplement, il n'en possède pas. Son visage manifestait sa réticence sur le sujet et je pouvais le comprendre. En effet, d'après les informations que Komaeda lui aurait partagées (en obtenant un dossier de l'Académie Kibôgamine après que celui-ci ait réussi le jeu de la Chambre de la Mort), Hinata-kun ne fait apparemment pas partie des classes principales du lycée mais serait un étudiant du Département de réserve. Je ne peux imaginer le choc qu'il avait dû subir en apprenant qu'il ne dispose au final d'aucun talent Ultime et que l'Académie le considérait seulement comme un « élève de rechange » ... Mais peu nous importait, nous l'acceptons comme il est. Les Ultimes ne sont que des étiquettes données par l'Académie Kibôgamine et ne définissent pas l'ensemble des qualités d'une personne pour autant.

  Alors que nous terminions notre déjeuner, Monomi est venue nous voir (comme chaque lendemain de procès de classe) pour nous informer avec triomphe que la dernière île de l'archipel était à présent accessible. Fuyuhiko, Owari-san et Sonia-san étaient déterminés à s'y rendre et parvinrent à nous convaincre d'agir de même. Nous savons que nous ne pouvons plus fuir, alors il nous fallait aller de l'avant. Ainsi, nous avons donc quittés le restaurant ensemble afin de rejoindre la nouvelle île. Comme pour les autres, cette île détient une atmosphère qui lui est propre. Je dirais « industriel » si je devais décrire l'île en un mot. En effet, d'innombrables buildings, gratte-ciels et usines s'étendaient sur toute la zone. Cela ressemblait à une gigantesque ville sortant tout droit d'un film de science-fiction dotée d'une aura mélangeant un style steampunk, pour ses usines et machines à vapeurs, à celle d'une métropole cyberpunk recouverte d'écrans affichant des images préenregistrées de Monokuma, comme pour nous rappeler inlassablement que nous sommes sous son emprise peu importe où nous allons.

  En vérifiant le contenu en globalité de l'île à l'aide de la mise à jour de sa carte sur nos ElectroID, nous avons pu distinguer quatre grandes structures : de gigantesques bâtiments nommés « les Industries Sea King », ensuite, une base militaire puis, une usine de peluches et enfin, une rue marchande. Nous nous sommes séparés en plusieurs groupes (Hinata-kun accompagné de Nanami-san, Sonia-san avec Owari-san, et Kazuichi, Fuyuhiko et moi ensemble) pour explorer l'île.

  Avec mon groupe, nous avons entamé notre visite par la rue marchande. Je n'ai rien à dire en particulier concernant cette rue hormis le fait que l'ambiance y était plutôt chaleureuse et festive de par ses couleurs orangées que manifestaient divers lampions traditionnels et décoratifs en papier attachés à chacun des stands de nourriture. Des inscriptions en japonais, chinois et coréens étaient imprimées dessus indiquant le type de menu proposé par chacun des stands (dont les délicieuses odeurs culinaires mélangées ne nous laissaient d'ailleurs pas indifférents). Un sentiment de mélancolie nous avait envahi, nous rappelant l'atmosphère traditionnelle du Natsu Matsuri (festival d'été au Japon) avec nostalgie. Alors que nous sillonnions la rue à la recherche d'indices sur la Fondation du Futur, l'Académie Kibôgamine, nos souvenirs ou encore sur Monokuma, j'ai avoué à Fuyuhiko et Kazuichi que j'aimerais me rendre au Natsu Matsuri avec eux si nous parvenons à quitter l'île Jabberwock tous ensemble. Ils m'ont souri et ont acquiescé avec accord, ce qui les motivait davantage à se serrer les coudes.

  Nous avons ensuite quitté la rue marchande pour rejoindre l'usine de peluches. De la fumée blanche se libérait dans l'air derrière le bâtiment (celui-ci était pourvu d'ailleurs d'une forme démesurée et déconcertante du visage de Monokuma qui effrayait Kazuichi). En entrant à l'intérieur, nos yeux se sont écarquillés d'effroi et d'incompréhension à tel point que sous le choc, le Mécano Ultime en est tombé à la renverse. Devant nous, avec horreur, se manufacturait des cocotiers qui aboutissaient en quantités innombrables de Monokuma transportés sur divers tapis roulants menant à des stocks et des stocks entiers de cette fichue peluche machiavélique. Et ça n'en finissait pas... Essayant de digérer ce que nous venions de voir et après inspections des lieux, nous nous sommes ensuite rendus à l'entrepôt des marchandises se situant sur la gauche à la sortie du bâtiment. Là-bas, beaucoup de cartons étaient entassés les uns sur les autres. Nous les avons examinés mais seulement des produits dérivés et inintéressants de Monokuma s'y trouvaient. C'était une perte de temps.

  Rebroussant chemin, la base militaire fut notre prochaine destination. Des tanks, des hélicoptères et divers véhicules y stationnaient (mais cela nous est inutile puisque aucun d'entre nous ne sait les conduire...). Nous y trouvâmes Sonia-san, Owari-san, Nanami-san et Hinata-kun. Owari-san semblait s'y ennuyer tandis que Sonia-san avait l'air au contraire, toute émoustillée par l'endroit. Celle-ci nous appris d'ailleurs que dans son pays natal, un élève de primaire serait même capable de conduire un tank sans souci grâce à des « cours de guerre moderne » requis dans les école primaires. Son pays ne cessera jamais de me surprendre, et je pense que je ne suis pas le seul à le penser... (Kazuichi en était abasourdi) Hinata-kun remarqua le document mystérieux qu'elle tenait dans ses mains puis cette dernière expliqua qu'elle venait de le découvrir à l'avant d'un des tanks. Le logo de la Fondation du Futur était imprimé sur la couverture et indiquait en dessous, que cela concernait un Plan de Développement de l'île Jabberwock. Elle ouvrit alors le dossier et nous partagea son contenu. Celui-ci mentionnait le fait de mettre l'île Jabberwock sous le contrôle de la Fondation du Futur et de la préparer comme quartier général central. D'après ce que Sonia-san nous lisait, l'agence de voyage qui s'occupait de l'île Jabberwock aurait également fait faillite, ce qui a conduit à la désertion totale de l'île pendant un moment. C'est pourquoi la Fondation du Futur a certainement dû se l'approprier facilement. Le fait que l'île soit toujours bien entretenue et que le supermarché soit constamment approvisionné... est-ce-que ce serait bel et bien l'œuvre de la Fondation du Futur ?

  Laissant un peu Hinata-kun, Sonia-san, Nanami-san et Kazuichi discuter ensemble, je me suis avancé en direction des camions militaires. Beaucoup d'armes à feu étaient disposées dans leur caisse de chargement.

  « Se trimballer avec un fusil ou un lance-grenade ne serait pas très pratique mais on dirait bien que c'est tout ce qu'il y a dans cette base, observait Fuyuhiko, me faisant comprendre qu'il voulait m'accompagner. Difficile d'être discret avec ça. J'ai cherché dans les autres camtars en arrivant, j'ai rien trouvé d'intéressant à part quelques grenades et des couteaux de survie.

  - Tu as l'air de vraiment t'y connaître, ai-je légèrement incliné la tête sur le côté.

  - Ouais, vite fait, a t-il souri à ma remarque. J'en ai vu beaucoup comme ma cousine adore les armes, mais c'est chiant qu'elle ne me laisse jamais les toucher...

  - Hmm... Et toi, tu me laisserais utiliser tes armes si tu en avais ? »

  Il a semblé hésitant durant quelques instants, puis me répondit avec honnêteté : « Ça dépend si tu sais les utiliser. Ça ferait chier si tu finis par te blesser avec. »

  J'ai acquiescé, visualisant ce qu'il voulait me dire.

  N'ayant rien déniché de nouveau, ni intéressant, nous retrouvâmes les autres et Fuyuhiko leur proposa de se regrouper à la rue marchande pour échanger nos informations quand chacun aurait terminé d'inspecter l'île de son côté. Puisque nous étions déjà sur place, il pensait que ce serait plus conviviale de se rassembler là-bas pour discuter avec les stands de nourriture à disposition plutôt que de retourner directement à l'hôtel. Comme personne n'y voyait aucun inconvénient, nous avons convenu le rendez-vous vers midi avant de finalement continuer notre visite de la cinquième l'île avec Kazuichi.

  Pénétrant dans les « Industries Sea King », nous fîmes face à une nouvelle scène de science-fiction. Une multitude de machines ordonnées de part et d'autre, constituaient le complexe ; et celui-ci ressemblait à une sorte de centre de recherche. Kazuichi (bien qu'émerveillé par l'endroit) trouva une brochure près du bureau de la réception et nous a lu son contenu. D'après ce qu'il y était d'écrit, les Industries Sea King serait une entreprise de taille moyenne spécialisée dans la fabrication d'isolation électrique ainsi que d'autres pièces de machine. Il s'agissait également de la plus grosse société de l'île comptant seulement cent employés. Ce qui inquiétait Kazuichi néanmoins, était ce que réellement cet endroit continuait de fabriquer depuis que l'île est inhabitée. L'idée des Monobêtes nous est effroyablement venue à l'esprit .En nous appuyant un peu sur la rambarde métallique pour inspecter de loin ce que les machines construisaient, nous vîmes toutes sortes de robots humanoïdes en fabrication ainsi que des machines qui ressemblaient à des animaux à quatre pattes (confirmant nos soupçons concernant la production de Monobêtes au sein de ce complexe).

  Enfin, nos investigations de la nouvelle île terminées, nous quittâmes les Industries Sea King pour rejoindre les autres à la rue marchande comme convenu plus tôt. Chacun commanda son déjeuner auprès des nombreux choix de nourriture que proposaient les stands automatiques de la ruelle puis nous nous installèrent ensemble pour discuter et partager nos découvertes concernant l'île.

  Sonia-san était persuadée que la Fondation du Futur se cachait derrière tout ce que nous vivons. Toutefois, Fuyuhiko n'en était pas aussi certain.

  « Y'a quelque chose qui m'gêne..., a t-il déclaré d'un air préoccupé. Monomi travaille pour la Fondation du Futur, non ? Elle l'a carrément avoué à ce stade... Mais lorsque Monokuma nous force à nous entre-tuer, Monomi s'y oppose toujours.

  - Tu veux dire... qu'elle fait semblant de s'opposer à lui, non ?, répliqua Kazuichi incrédule après avoir dégluti le contenu de ce qu'il mâchait.

  - Non, je ne pense pas qu'elle fasse semblant, a secoué Nanami-san la tête en signe de négation tandis qu'elle fixait d'un regard vague son shōyu rāmen (nouilles japonaises à la sauce soja) et faisait nonchalamment tourner ses baguettes dans le bouillon. Ils se détestent visiblement.

  - Alors..., murmura Fuyuhiko pensif. Il se peut que l'ennemie de notre ennemi soit notre alliée.

  - Tu penses qu'elle est notre alliée parce qu'elle s'oppose à Monokuma ?, l'interrogea Hinata-kun un peu perplexe.

  - De ce que l'on a vu jusqu'à présent, elle donne plutôt l'air de se ranger de notre côté, répondis-je calmement. Aussi loin que je me souvienne, elle ne s'est jamais montrée agressive ni malveillante envers nous comparée à Monokuma. Peut-être bien qu'elle essaye véritablement de nous venir en aide.

   Pourquoi est-ce que vous vous mettez à défendre la Fondation du Futur tout à coup ?, fit Kazuichi d'un air blasé et suspicieux. Vous dîtes ça, Kuzuryû et toi parce que l'un de vous deux est le traître qui travaille pour eux, c'est ça ?

  - Arrête de dire des conneries, maugréa Fuyuhiko.

  - Vous êtes clairement suspects vous deux !, insista le Mécano Ultime.

  - Kazuichi Sôda, taisez-vous !, lui hurla Sonia-san dessus, ce qui le fit stopper net dans ses accusations. Il n'y a jamais eu de traître ! Ce n'est qu'une fausse entité que Monokuma a créée pour semer la zizanie parmi nous ! Comment pouvez-vous manquer à ce point de confiance envers les autres, après tout ce que nous avons traversé ensemble ?! »

  Alors que Kazuichi allait s'excuser pour son emportement, une voix qui nous était désagréablement familière s'est faite entendre derrière nous.

  « Vous êtes faibles... tellement faibles... »

  Ce n'était d'autre que Komaeda qui s'invitait à la conversation pour nous faire la morale sur notre comportement qu'il qualifiait de « désespérant ». Nos regards se sont endurcis tandis que nous nous sommes tournés face à lui avec méfiance.

  « Komaeda... où étais-tu depuis tout ce temps ?, l'interrogea Hinata-kun.

  - Vous ne faites que tourner en rond, comme d'habitude..., soupira t-il agacé. Vous êtes quoi, des hamsters ? »

  Puis pour répondre à Hinata-kun, il déclara qu'il cherchait apparemment quelqu'un.

  « J'ai cru que cette personne était déjà là..., a t-il ajouté avant d'esquisser un sourire amusé. Mais j'ai eu tort finalement. Ou peut-être que cette personne se cache dans en endroit secret, qui sait ?

  - Hé, de qui tu parles ?..., le questionna Fuyuhiko l'air inquiet. Y'a quelqu'un d'autre sur cette île ?

  - Je parle du survivant de « la vie scolaire meurtrière ». Si c'est le cas, ça expliquerait pas mal de choses, vous ne pensez pas ?

  - Le « survivant »... Tu parles de Togami ? », fit Hinata-kun perplexe.

  Les yeux de Komaeda s'écarquillèrent un instant avant de réadopter une expression hautaine à notre égard.

  « Oh je vois... vous n'en êtes qu'à ce stade... M'enfin... Si vous y réfléchissez bien, vous comprendrez sûrement... Comment Togami-kun, un survivant de la « tuerie étudiante », a t-il pu mourir dès le début ? Vous ne trouvez pas ça étrange ?

  - Il n'est pas mort en vain, veuillez retirer ce que vous venez de dire !, fronçait Sonia-san les sourcils.

  - Ouais ! Écoute Sonia-san !, la soutenait Kazuichi en fixant Komaeda d'un air mauvais.

  - Vous agissez de façon étrange récemment !, ajouta t-elle avec sérieux. Je n'apprécie guère cette version de vous !

  - Moi non plus..., acquiesça Owari-san en tournant son regard ailleurs avec ennui. 'Fin, je t'ai jamais vraiment apprécié d'toute façon.

  - Aaah... On dirait bien que je ne suis pas vraiment le bienvenu ici..., soupira Komaeda embêté avant de sourire à nouveau. Mais bon, c'est compréhensible. Vous ne pouvez pas comprendre ma souffrance... Connaître la vérité peut être assez dure à supporter...

  - Quelle vérité ?, réagit immédiatement Hinata-kun. Qu'est-ce que tu sais ?

  - Curieux ?, continuait-il de sourire avec arrogance. Eh bien, je vous le dirais après avoir découvert qui est le traître. À vrai dire, je ne l'ai toujours pas démasqué, mais ce n'est qu'une question de temps. Ne vous inquiétez pas... Je découvrirai son identité même si ça doit me coûter la vie.

  - Comme je l'ai déjà dit, il n'y a pas de traître !, s'est opposée Sonia-san.

  - Hahaha !, éclata t-il d'un rire dérangé. Je me demande bien... Si j'arrive à éliminer tout le désespoir sur ces îles... Est-ce que je pourrais devenir... l'Espoir Ultime ?

  - De quoi tu causes encore ?, a grimacé Kazuichi avec dégoût. C'est bon, il a pété les plombs...

  - Sur ce, il faut que j'y aille..., se retourna Komaeda d'un air amusé. Si vous tombez sur Monokuma, dîtes-lui... qu'il n'a plus besoin de trouver de mobile. Dîtes-lui de ne pas s'inquiéter, je vais tout donner. Après tout, ça risque sûrement d'être le dernier... »

  À ces mots, je me suis jeté sur lui et lui décocha un coup de poing au visage qui l'a projeté au sol. Je l'ai ensuite attrapé par le col de sa veste sapin d'un air à la fois hostile et effroyablement calme. Il tremblait et sa peau secrétait abondamment de la sueur, mais ce n'était pas par peur... Du moins, ce n'est pas l'impression que j'ai eue. Ce pourrait-il qu'il avait de la fièvre maintenant que j'y pense ?

  « Dis-moi... Provoquer la mort des gens... c'est vraiment ça ton espoir, Komaeda ? », ai-je murmuré en le fixant avec insistance.

  Il ouvrit lentement ses paupières et me toisa de travers avec ennui et désintérêt sans pour autant me répondre.

  « Tu veux viser le traître, c'est ça ? », lança Fuyuhiko inquiet.

  Maintenant toujours fermement Komaeda, j'ai sorti le couteau suisse qu'il m'avait donné de ma poche de pantalon et pointai l'une des lames dans sa direction.

  « Très bien, je vais être clair..., murmurai-je toujours d'un air grave. J'aime pas du tout la façon dont tu te sers de nous pour assouvir tes pulsions morbides. Contrairement à toi, personne ici n'a envie de réanimer de procès de classe pour ton divertissement personnel. Peu importe si un traître se cache parmi nous ou non... commettre un meurtre n'est en aucun cas la solution ultime. »

  Il m'esquissa un sourire amusé tandis qu'une sorte de folie vague se lisait à travers son regard hautain.

  « Est-ce que tu ne serais pas le traître, Satoru-san ? »

  Je l'ai fixé silencieusement et inexpressif.

  « Arrête de débiter de la merde !, s'énerva Fuyuhiko. Kagami ne peut pas être le traître !

  - Il s'amuse juste à vouloir nous déstabiliser, ai-je dit calmement tout en ne quittant pas Komaeda des yeux.

  - Haha... Tu lis dans moi comme dans un livre ouvert... Tu sais... Je t'aime bien, Satoru-san..., continua t-il de me sourire désagréablement tout en serrant peu à peu la lame du couteau dans sa main gauche jusqu'à la faire saigner. Et dire que tu pourrais incarner l'Espoir Ultime lui-même avec tes capacités... Aaaah... Apprendre tous les Ultimes... quel être formidable tu pourrais devenir avec plus de volonté... Mais... quel gâchis que tu n'exploites pas ton potentiel à son maximum...

  - Je ne suis pas comme les gens m'imaginent ou veulent me voir. Ça... c'est ce que toi et les hauts placés de Kibôgamine auraient voulu que je devienne, répondis-je tout en remuant lentement la lame du couteau dans sa main ensanglantée et légèrement trémulante. Mes objectifs sont bien différents des vôtres.

  - Tes objectifs, hein ?... Quels genres d'objectifs ? De traître... peut-être ? Éclaire-moi, je suis tout ouïe...

  - Il n'est pas nécessaire que je me justifie. Parlementer avec toi n'amènera à rien de toute façon... Tu veux nous mener les uns contre les autres comme tu as toujours eu l'habitude de faire, alors pourquoi me livrer à quelqu'un de peu fiable comme toi ? », restais-je calme et froid.

  Son sourire s'est adouci bien qu'il gardait toujours ce petit air arrogant qui m'irritait.

  « Ce que tu peux être magnifique... Satoru-san... Plus je te regarde, plus je sais que je peux te faire confiance..., serrait-il davantage le couteau dans sa main une dernière fois avant de prendre un air sérieux. Tout ce que je veux, c'est mettre fin à ce jeu hypocrite et moralisateur.... à ma façon. »

  Il lâcha finalement le couteau puis il a fixé nonchalamment le ciel, le regard dans le vague.

  « Ce n'est juste que le « début de la fin ». Vous pouvez me ligoter si vous le voulez, ça n'y changera rien...

  - Que veux-tu dire ?, l'interrogea Hinata-kun.

  - Eh bien..., commença t-il en esquissant un large rictus malsain et terrifiant tout en continuant à contempler le ciel. J'ai placé un grand nombre de bombes à un endroit précis parmi ces îles. Elles sont programmées pour exploser dans deux jours à midi si le traître ne me révèle pas son identité d'ici là. Selon mes calculs, elles sont assez puissantes pour détruire un archipel tout entier.

  - Q-Quoi ?! Tu déconnes ?!, s'exclama Fuyuhiko suivi de la surprise de tout le monde (moi y comprit, ce type est vraiment cinglé...).

  - Ligotez-moi si vous le voulez. Je vous donnerai l'emplacement des bombes uniquement si le traître se démasque ! Dans le cas contraire, je crains que personne ne s'en sorte indemne d'ici deux jours.

  - Tu peux pas faire ça !, s'opposa Hinata-kun. Monokuma a ajouté une règle qui interdit un coupable de tuer plus de deux personnes à la fois, tu te souviens ?! »

  Soudain, Monokuma est apparu devant nous.

  « Oh là là... Quel retournement de situation... En effet, Hinata-kun, si un élève brise cette règle, je dois le punir sévèrement !

  - Mais c'est seulement une fois que quelqu'un brise cette règle, n'est-ce pas ?, sourit Komaeda amusé et sûr de lui.

  - Ouaip, c'est pourquoi je ne peux pas le punir pour le moment, ricana l'ours en peluche machiavéliquement.

  - C-C'est une blague ?!, paniqua Hinata-kun.

  - Hahaha ! De toute façon, vous n'avez pas à vous en faire pour ça, ajouta Komaeda en ricanant de folie. Tant que le traître se dévoile, tout peut être réglé paisiblement. Je crois en ma Chance Ultime plus que tout pour y parvenir ! Alors ne vous inquiétez pas, tout se passera bien... Oui... tout se passera bien... »

  Ce type me donne froid dans le dos... Tenir l'île en otage... aller jusqu'à menacer de la faire exploser et sacrifier tout le monde pour obliger le traître à se démasquer ou le faire mourir avec nous...Et si le traître lui-même ne se souvient même pas qu'il est la personne que Komaeda recherche...? Cette situation est absurde...

  Le Chanceux Ultime a été rattaché au chalet du complexe hôtelier puis nous avons passé le reste de la journée à fouiller chacune des îles du mieux que nous le pouvions. Fuyuhiko avait proposé que nous nous dispersions pour disposer davantage de chances de les trouver, puisque nous sommes désormais plus que sept (huit en ajoutant Komaeda). Malgré tout, nous sommes revenus les mains vides à l'hôtel alors que la nuit finissait de tomber. L'archipel est beaucoup trop vaste pour pouvoir espérer déceler des bombes soigneusement dissimulées en une après-midi... J'aimerais agir mais la nuit n'est pas en notre faveur pour poursuivre les recherches... Je vais attendre que Fuyuhiko s'endorme. Puisque tout à l'heure nous avons eu des rapports, ça ne devrait pas lui prendre longtemps, et ensuite, j'irai rendre visite à Komaeda pour lui soutirer des informations sur l'emplacement des bombes.


(plus tard)

  Il a été difficile de lui faire avouer quoique ce soit, comme je le pensais. Un rictus malsain aux coins des lèvres, il a même essayé de me convaincre de le torturer si je voulais le moindre indice. Quel cinglé...

  « Cela ne doit pas te paraître si étranger puisque tu fréquentes un yakuza, n'est-ce pas ? Vos jeux de regards et son comportement vous trahissent. Je sais que tu as certainement dû être accoutumé à ce genre de besogne... Tortionnaire... Assassin... Allez, Satoru-san... montre-moi ce que tu as appris par le passé... »

  Ses effroyables mots résonnent encore dans ma tête... Il est vrai que je ne m'étais jamais vraiment questionné sur le sujet jusqu'à maintenant... Peut-être bien que j'ai fait d'horribles choses par le passé, ou peut-être bien que non... et cet aliéné s'est délecté de mon ignorance.

  Il a même insisté pour que je devienne complice de son plan insensé. Même pas en rêve... Néanmoins, d'autres de ses paroles m'ont donné froid dans le dos.

  « Quoi que vous puissiez faire... je mourrai dans deux jours. L'acteur principal devra quitter la scène pendant le grand final. »

  Il n'a pas voulu m'en dire davantage à ce propos... Encore maintenant, je continue à me demander ce qu'il a bien pu vouloir dire. N'est-il soudainement plus confiant sur le fait que le potentiel traître ne se dévoile ? Mais dans ce cas... il aurait dû nous mentionner avec lui... J'ignore ce qu'il cache ni ce qu'il a derrière la tête, mais j'aime pas ça du tout.

  Sachant que je n'arriverai pas à le persuader de stopper ses desseins, et ne voulant pas partir sans qu'il ne m'ait donné d'informations sur les bombes, j'ai quand même insisté pour obtenir quelques indices. Il a finalement cédé en échange d'une faveur, celle de l'aider à soulager sa vessie. Bien que cela m'ait été pénible et me rebutait, je pouvais néanmoins le comprendre puisqu'il était ligoté. Après, tout j'avais juste à lui apporter un seau, l'aider un peu concernant ses vêtements et on en parle plus. (bien que rentrer rapidement à mon bungalow pour me laver les mains aux moins trois fois me démangeait fortement)

  « Je les ai cachées quelques parts où vous n'êtes pas encore allés. », m'a t-il ensuite partagé avec ce même sourire qui m'irritait.

  S'il en était sûr c'est qu'il doit certainement s'agir des Ruines Anciennes de la seconde île ou bien du Château Nezumi de la quatrième île. Ce sont les deux seuls endroits à l'intérieur desquels nous n'y avons jamais mis les pieds, j'en suis persuadé.

  Il faudra que j'aille vérifier cela demain.

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