Jour 16
Nous avons enfin été libérés du Palais du Rire, mais au prix pour cela, de deux pertes...
Ce matin, j'ai été réveillé par l'alarme de l'horloge murale de la Maison Fraise. À partir de là... plusieurs explications s'imposent.
En effet, je me suis retrouvé étendu dans le lit de la chambre miteuse de Fuyuhiko sans aucun souvenir de m'y être rendu précisément. La température y était vraiment basse et le propriétaire était absent lorsque l'alarme a retenti violemment et m'a réveillé en sursaut. J'ai dû rassembler le reste de mes forces pour pouvoir me lever et me diriger vers la source du bruit, titubant et m'appuyant sur les murs. En arrivant finalement au salon, j'ai été témoin d'une scène plutôt étrange. Fuyuhiko tenait l'horloge encore assourdissante dans ses mains tandis que Kazuichi et Tanaka-san le cernaient. Alors que je les voyais tous les trois de dos, Kazuichi a hurlé (pour se faire entendre en raison du bruit) sur le Yakuza Ultime de ne pas faire sonner l'horloge sans prévenir. Paniqué, tout en essayant frénétiquement de l'arrêter, Fuyuhiko affirmait que l'appareil s'était mis à sonner d'un coup et qu'il n'en était pas la cause. Alors que Kazuichi le pressait de désactiver l'alarme, Fuyuhiko parvint enfin à le faire avant de remettre l'horloge murale à sa place.
« Ça m'a vraiment foutu la pétoche..., a grommelé Kazuichi. À cause de ce machin, je suis complètement réveillé maintenant...
- Kuzuryû, n'était-ce pas ta faute à l'instant ?!, haussa Tanaka-san la voix.
- P-Pourquoi est-ce que je ferais quelque chose d'aussi puéril...? », a soupiré Fuyuhiko agacé par l'accusation de l'Éleveur Ultime.
C'est alors que les garçons ont remarqué ma présence. Kazuichi m'a immédiatement demandé la raison pour laquelle je me trouvais ici, à la Maison Fraise, surtout de bon matin (puisque j'étais censé coucher à la Maison Raisin avec les filles). Épuisé et utilisant l'un des murs du salon comme soutien, j'ai simplement haussé et baissé les épaules en manifestant mon ignorance au même titre que mon ami. En réfléchissant quelques instants, je me suis brièvement souvenu de m'être rendu à la Maison Fraise durant la nuit, puis... trou noir. Fuyuhiko nous a alors expliqué que Tanaka-san m'avait vu, gisant au sol près de l'ascenseur alors qu'il s'était apparemment rendu aux toilettes. J'étais inconscient. Il en a informé Fuyuhiko (qui avait du mal à dormir) puis m'ont monté à la chambre de ce dernier. Quand j'y pense... Je suis assez surpris d'être toujours en vie malgré ce qu'il s'est passé...
« Eh, Kagami... Pourquoi t'as voulu te rendre à la Maison Fraise en pleine nuit ? Surtout dans ton état, mec..., m'a questionné Kazuichi perplexe et inquiet.
- ... Je sais pas vraiment..., ai-je marmonné faiblement en me frottant les yeux. Je crois... que... je ne me sentais vraiment pas bien... moralement... »
Mon dernier mot était chuchoté et inaudible.
« Ouais, mais bon... Personne n'est bien, tout le monde crève la dalle mais ce n'était pas une raison pour faire une folie pareille, mec, répliqua t-il ennuyé avant de tourner son regard vers Fuyuhiko en fronçant les sourcils. D'ailleurs, pourquoi aller dans sa chambre à lui et pas dans la mienne, d'abord ? C'est moi son meilleur pote ! »
Alors qu'il prononçait ces paroles, un grondement au loin s'est fait entendre. On aurait dit un tremblement de terre bien qu'il n'y ait eu aucune secousse. Apeuré que le bâtiment ne s'écroule, Kazuichi s'est brusquement accroché à Fuyuhiko.
« H-Hé, Sôda ! Lâche-moi...! », secouait-il son bras avec gêne et agacement.
Il nous était impossible de discerner l'origine d'où provenait l'inquiétant fracas, alors, nous sommes simplement restés immobiles au sein du salon durant quelques instants, attendant devoir si quelque chose allait se produire. Néanmoins, rien d'autre ne s'est passé.
Il était cinq heures et demi du matin. Comme nous nous sentions tous très faibles, nous sommes finalement retournés dans nos chambres (celle de Fuyuhiko pour ma part) pour essayer de nous reposer jusqu'à sept heures, en attente du Taiji (se prononce « Thaï dji » avec le son h expiré) quotidien de Monokuma.
Quand il fut l'heure, Fuyuhiko m'a réveillé afin de nous rendre à la Tour Raisin. Il n'avait pas réussi à fermer l'œil en raison de la faim... Le visage pâle et creusé, je me souviens que nous nous sommes regardés durant quelques instants, silencieusement et avec amertume, comme si nous savions pertinemment que nous n'allions pas survivre jusqu'à la fin de la journée si rien ne changeait. Notre sévère condition nous le faisait désagréablement ressentir, et je n'avais même pas la force de dire un mot.
Lorsque Komaeda, Tanaka-san, Kazuichi, Fuyuhiko et moi avons cheminé jusqu'à l'ascenseur du rez-de-chaussée, nous remarquâmes immédiatement que celui-ci était mystérieusement hors-service. Fuyuhiko a alors essayé de pénétrer dans la tour par le Couloir Fraise, mais constata également que le bouton près de la porte avait été détérioré. Kazuichi inspecta l'ascenseur et affirma qu'il pouvait le réparer mais que ça allait s'avérer difficile sans les composants spécifiques qu'il lui fallait.
Nous comprîmes que nous étions bloqués dans la Maison Fraise jusqu'à ce que le Mécano Ultime ne remette l'ascenseur en route. Malgré la fatigue, je me suis quand même proposé pour l'aider afin que le dépannage aille plus vite.
Nidai-kun était également introuvable alors qu'il aurait dû se trouver avec nous.
Finalement, en vérifiant sa position via nos ElectroID, nous l'avons étrangement vu auprès des autres à la Tour Raisin. Comment est-ce qu'il a pu se rendre là-bas avant nous ? Est-ce lui qui nous a joué un mauvais tour en cassant l'ascenseur et le bouton de la porte menant à la Tour Fraise ? Ce sont les questions que nous nous sommes posées sans que leurs réponses ne nous parviennent pour autant.
Bien que nous n'eussions même pas la force de nous soucier, ou de paniquer du fait que nous étions coincés, comme l'aurait fait Kazuichi en temps normal, Fuyuhiko eut tout de même l'idée d'utiliser le téléphone à l'étage pour avertir les autres à la Maison Raisin de notre situation. En chemin vers le salon, l'annonce de découverte d'un corps a soudainement été déclenchée par Monokuma à travers les écrans éparpillés dans la maison. À ce moment-là, nous ignorions complètement l'identité de la victime ; nous en avons simplement déduit que tout se déroulait du côté de la Maison Raisin à laquelle il nous était impossible de nous rendre.
Après un long moment, Hinata-kun finit par répondre à l'appel de Fuyuhiko au bout du fil. Ils se communiquèrent la situation pour chacune des maisons et nous apprîmes que la victime avertie par l'annonce de Monokuma n'était d'autre que Nidai-kun... La nouvelle nous attrista. Comment Nidai-kun pouvait-il déjà nous quitter alors qu'il venait à peine de revenir parmi nous... ?
Hinata-kun nous déclara également que le corps de l'Entraîneur Ultime avait été découvert dans la Tour Raisin. C'est alors que Fuyuhiko comprit que le coupable avait délibérément cassé l'ascenseur et le bouton de la porte du Couloir Fraise afin de nous séparer du groupe de la Maison Raisin et nous empêcher d'enquêter correctement. Il ajouta également que j'étais avec le groupe de la Maison Fraise et que de ce fait, Hinata-kun et les autres n'avaient pas besoin de me chercher.
Alors que Kazuichi et moi allions retournés à l'ascenseur pour commencer les réparations, Monokuma est intervenu pour nous donner le dossier Monokuma ainsi que de quoi étancher un peu notre soif et assouvir notre faim avec du lait et du anpan (du pain aux haricots rouges). En observant les bouteilles de lait que Monokuma nous tendait, j'ai lancé un regard inquiet vers Fuyuhiko, me souvenant que celui-ci est intolérant au lactose d'après ce que m'avait dit Pekoyama-san, et que le anpan est également fait à partir de lait...
Avant que la peluche robotique ne s'éclipse, j'ai demandé à celle-ci s'il était possible d'avoir du lait sans lactose ou simplement un jus de fruit.
« ... Raah... J'imagine que je n'ai pas le choix. Si tu ne peux pas te nourrir, tu ne survivras jamais jusqu'au procès de classe, grommela t-il ennuyé avant de disparaître et réapparaître en quelques instants et me tendre ce que je lui avais demandé. Voici ton jus de fruit et ton anpan sans lactose. »
Par habitude, je l'ai remercié comme lorsqu'on me donne quelque chose puis Monokuma disparut à nouveau en nous souhaitant bonne chance pour l'enquête. Dès cet instant, Kazuichi se jeta goulûment sur la nourriture tandis que j'offrais à Fuyuhiko le petit-déjeuner que Monokuma m'avait accordé.
« ... M-Merci..., marmonna t-il en l'acceptant et rougissant légèrement, les sourcils froncés. Tu n'aurais pas dû...
- Tu n'aurais rien dit. Il faut bien que tu manges toi aussi, répliquai-je avec sérieux en entamant mon déjeuner.
- Tu es intolérant au lactose, Kuzuryû-kun ?, lança Komaeda amusé et de façon indiscrète. Cela expliquerait donc pourquoi tu es court sur pattes.
- Va te faire foutre, maugréa Fuyuhiko.
- Le lait n'influe pas vraiment sur la croissance osseuse, répliquai-je calmement mais néanmoins agacé par sa remarque. La preuve, je consomme souvent du lait mais je ne suis pas plus grand que Fuyuhiko pour autant.
- Hmm, en effet, fit Komaeda un peu surpris avant de poursuivre le dialogue en balayant son regard sur l'ensemble du groupe. Dîtes, est-ce-que je pourrais avoir votre attention le temps que l'on mange ?
- ... Qui y'a t-il ?, enchaîna Tanaka-san avec ennui.
- Eh bien... J'aimerais bien que l'on discute de ce qu'on devrait faire.
- En quoi devrions-nous te faire confiance ?, intervins-je avec méfiance. N'essaye pas de nous embrouiller, je n'ai pas oublié tes pulsions meurtrières depuis notre arrivé sur l'île, tu sais.
- Voyons... Je ne vois pas de quoi tu parles, Satoru-san, prenait-il une expression faussement surprise. Je suis un ordinaire déchet qui vous aime... qui vous aime de tout son cœur ! Je n'ai jamais voulu assassiner des « symboles de l'espoir » tels que vous... excepté une fois au chalet. Maaais c'est parce que je veux que vous étinceliez tous de mille feux et que vous prouviez que l'espoir vaincra toujours le désespoir !
- Kagami a raison, impossible de te faire confiance..., marmonna Kazuichi d'un air blasé.
- Bref, à cause du meurtrier, on n'peut pas aller sur la scène du crime, ramena Fuyuhiko la conversation sur le droit chemin. On va devoir attendre que Sôda et Kagami réparent l'ascenseur.
- C'est sûrement de la faute du tueur, acquiesça Komaeda. Mais je pense qu'il se méprend complètement sur quelque chose. Les « symboles de l'espoir » n'abandonnent pas pour un inconvénient aussi insignifiant. Personne ne va attendre le début du procès de classe les bras croisés. Nous aussi on va faire notre maximum de notre côté, pas vrai ?
- ... O-Ouais. », marmonna le Yakuza Ultime, peu confiant des paroles de Komaeda.
Celui-ci éclata d'un rire terrifiant et extatique que nous avons fini par ignorer.
« Avez-vous une idée de comment Nidai-kun aurait pu se rendre à la Tour Raisin ?, ai-je demandé impassible aux garçons.
- ... Bah, il a dû y aller avant que l'ascenseur ne soit désactivé..., songea Kazuichi.
- Et c'était quand ?, lança Komaeda qui s'était calmé.
- Je l'ai vu descendre au rez-de-chaussée à l'aube. », avoua Fuyuhiko.
Kazuichi lui a alors demandé s'il avait vu l'Entraîneur Ultime avant le grondement étrange vers cinq heures et demi ce matin. Complètement déboussolé, Komaeda semblait ignorer ce qu'il s'était passé à propos du bruit ainsi que du déclenchement de l'alarme de l'horloge murale du salon. Kazuichi prit la patience de tout lui relater avant que le Chanceux Ultime ne reprenne la parole.
« Hmm, ce que tu viens de dire est extrêmement important. Grâce à toi, un suspect m'est venu à l'esprit.
- ... De qui tu parles ?, fit Tanaka-san avec sérieux.
- ... De moi, bien sûr. Je veux dire... Vous ne trouvez pas ça bizarre ? J'étais le seul à ne pas avoir entendu le vacarme de l'alarme alors que vous êtes tous sortis de vos chambres. Pareil pour le grondement que vous avez tous entendu juste après.
- Hé... tu ferais mieux de n'pas essayer de nous embrouiller avec tes conneries, s'énerva Fuyuhiko.
- Bien sûr que non... pour l'instant, ricana t-il. Enfin bref, tu n'avais pas dit que tu avais aperçu Nidai-kun à l'aube ? Pourrais-tu nous en dire plus ?
- J'étais tellement affamé que je n'ai pas pu m'endormir, déclarait Fuyuhiko calmement. À un moment, j'me suis dit qu'il était peut-être le matin alors j'suis allé voir l'heure au salon. Il était aux alentours de cinq heures et c'est là que ça s'est produit. J'ai entendu une porte qui se fermait. En jetant un œil en dehors du salon, j'ai vu Nidai de dos qui s'apprêtait à descendre au rez-de-chaussée... J'ai pensé à lui courir après mais je n'avais ni la force ni la volonté de le faire. Tch... Si j'avais su ce qui allait lui arriver, j'aurais rassemblé mes forces pour le rattraper...
- D'ailleurs, pourquoi Nidai se serait promené à cinq heures du matin ?, a songé Kazuichi.
- J'me suis demandé la même chose, acquiesça Fuyuhiko. Comme je savais que je n'allais pas arriver à dormir, je suis simplement allé m'asseoir dans le salon en attendant qu'il revienne. Et c'est là que l'horloge s'est mise à sonner vers cinq heures et demi. À cause de l'alarme bruyante, ce qu'il s'est passé avec Nidai m'était complètement sorti de la tête.
- Hmm... je vois..., murmura Komaeda. Si je retrace tous les événements dans un ordre chronologique, Kuzuryû-kun a aperçu Nidai-kun vers cinq heures. Ce dernier est supposément descendu au rez-de-chaussée, puis à cinq heures et demi, l'alarme de l'horloge du salon a retenti. À ce moment-là, vous trois, vous êtes sortis de vos chambres et avez rejoint Kuzuryû-kun dans le salon. Ensuite, tout le monde a entendu une sorte de grondement...
- Attends, le coupa Kazuichi. Peut-être que ce bruit voulait dire qu'il est arrivé quelque chose à Nidai... Et si c'était le cas... si Nidai est mort pendant qu'on a entendu le bruit... Ça ne voudrait pas dire qu'on a un alibi ?
- Un alibi ?
- Bah, quand on a entendu le grondement, on était réuni dans le salon, non ? Si le coupable a tué Nidai à ce moment-là, alors on a un alibi en béton armé !
- Ouais, pas faux. », considéra Fuyuhiko ses dires.
Néanmoins à cet instant précis, il était encore trop tôt pour se faire une conclusion.
Kazuichi et moi sommes ensuite descendus pour nous occuper de la réparation de l'ascenseur. Le Mécano Ultime comprit après inspection plus approfondie que l'ascenseur était coincé et avait été désactivé depuis la Maison Raisin, et que ça allait être très difficile de le remettre en route sans les outils adéquats. C'est alors que Komaeda, qui avait entendu notre conversation, s'est avancé vers nous et nous a tendu un couteau suisse. En observant son propriétaire de plus près, j'ai remarqué que celui-ci tremblait de façon étrange et transpirait abondamment. Peut-être un contrecoup du train de vie âpre que Monokuma nous avait forcé à mener.
« Cela devrait vous aider, je me trompe ? Je l'avais sur moi avant même d'arriver sur la quatrième île, expliqua t-il gaiement. Si nous devons explorer une nouvelle île, il est primordial d'avoir ce genre d'équipement, vous ne pensez pas ?
- ... Un mec comme toi... se trimballait depuis tout ce temps... avec un outil aussi dangereux..., marmonna Kazuichi mal à l'aise en direction de Komaeda tandis que je récupérais précautionneusement le couteau.
- Satoru-san, est-ce que tu voudrais bien faire quelque chose pour moi ?
- ... Tout dépend ta demande..., fis-je vigilant.
- Ce couteau suisse a une boussole intégrée. Après avoir réparé l'ascenseur avec Sôda-kun, j'aimerais que tu le gardes et que tu observes la réaction de la boussole, s'il te plaît. »
J'ai davantage froncé les sourcils en songeant plus sérieusement à sa demande.
« Tu veux vérifier le mouvement de l'ascenseur ?
- Pas seulement, acquiesça t-il. J'ai également du mal à distinguer la structure de ce bâtiment. C'est pourquoi j'ai besoin de cette information pour comprendre l'agencement entre le bâtiment et l'ascenseur.
- Et pourrais-je savoir pourquoi tu me le demandes personnellement ? Je veux dire... Comme tu t'es posé la question le premier, pourquoi devrais-je observer la boussole à ta place ?
- Je voudrais bien le faire moi-même... Mais une fois l'ascenseur réparé, il se peut que je ne sois plus parmi vous. C'est pourquoi je veux que tu aies l'information concernant la boussole au moins pour toi, au cas où... Enfin bref... je compte sur toi. »
Suite à ses paroles, je l'ai regardé s'éloigner, en titubant, en direction de la « Chambre de la Mort » du coin de l'œil. C'est à ce moment précis que j'ai compris l'importance de la charge qu'il me confiait et le sens de ses mots : « il se peut que je ne sois plus parmi vous ». En inspectant la « Chambre de la Mort », une incertitude planait et suscitait le fait qu'il ne revienne pas vivant, surtout dans son état... Et pour être honnête...j'ignorais si je devais m'inquiéter de son sort ou non. Mes pensées vacillaient entre m'inquiéter parce qu'il s'agit de l'un de nos camarades, et ne pas m'inquiéter et rester indifférent parce qu'il avait tenté d'assassiner l'un d'entre nous afin d'aviver son étrange fantaisie autour de l'espoir... Une fantaisie dont il est le seul à comprendre. Une fantaisie en décalage avec notre réalité... Une fantaisie lui donnant une raison de vivre, je suppose... puisqu'il ne cessait de quémander son sacrifice auprès de potentiels tueurs... Difficile de le comprendre...
Finalement, je l'ai laissé pénétrer dans la salle macabre sans l'arrêter, tandis que je m'adonnais à nouveau à la réparation de l'ascenseur avec Kazuichi. Cela nous prit quelques temps mais nous avons fini par en voir le bout.
Après avoir averti Tanaka-san et Fuyuhiko que l'ascenseur était de nouveau en marche, nous sommes rentrés dedans sans attendre Komaeda. Gardant précautionneusement le couteau suisse dans la main afin d'y consulter discrètement la boussole durant le trajet, j'ai étrangement remarqué que l'aiguille faisait un cent quatre-vingt degrés. Cela avait en effet de l'importance sur la structure du bâtiment comme le pensait Komaeda.
En arrivant du côté de la Maison Raisin, nous nous sommes ensuite dirigés vers la Tour Raisin afin de poursuivre notre enquête. Là-bas, nous fîmes l'horrible découverte du corps de Nidai-kun, ligoté à l'aide d'un câble, près de la porte au motif d'une fraise celée mystérieusement par des chaînes. Sa tête et ses membres étaient détachés et la cause ressemblait à celui d'un impact violent. Il baignait dans une gigantesque marre d'huile pareil à si ça avait été du sang. Un des piliers de la salle était effondré et brisé près du corps, accompagné d'un énorme marteau couché au sol comme pour nous laisser croire qu'il s'agissait de l'arme du crime.
Après quelques minutes, nous entendîmes la voix de Komaeda derrière nous tandis qu'il arrivait d'un pas décidé et dynamique, malgré le fait qu'il continuait de considérablement transpirer (cela ne semblait pas le gêner).
« Allez allez ! On se dépêche d'enquêter, ce n'est pas le moment de divaguer. Sôda-kun, va désassembler le corps. Comme Tsumiki-san n'est plus parmi nous, c'est toi qui vas t'occuper de l'autopsie.
- V-Vous foutez pas de moi !, s'est opposée Owari-san sur les nerfs en raison des événements. Nidai en a déjà assez vu comme ça !
- Nous devons mener à bien cette enquête si nous voulons démasquer le coupable. Ou peut-être que tu t'en fiches, Owari-san ? Peut-être que tu ne te soucies pas de ce qui est arrivé à Nidai-kun ? »
Elle ne sut répondre devant les provocations déplacées de Komaeda qui avait étrangement adopté du mépris à l'égard de tout le monde ainsi que de l'assurance depuis que nous nous sommes quittés alors qu'il se rendait dans la Chambre de la Mort. Quelque chose s'était passé là-bas.
« Si tu peux pas faire fonctionner tes méninges, t'as intérêt à ne pas trop en rajouter si tu tiens à connaître qui est le coupable, ajouta t-il avec dédain avant de tourner son regard vers Kazuichi. Allez Sôda-kun dépêche-toi, reste pas planté là. »
Le Mécano Ultime s'exécuta avec agacement en raison du fait qu'on lui donne des ordres de cette façon. Cela pouvait se comprendre... Pour qui Komaeda se prenait-il pour leur parler ainsi ? Alors que Hinata-kun et Nanami-san nous rejoignaient, Komaeda m'a demandé si j'avais effectué sa requête concernant la boussole. Je lui ai froidement fait part des résultats tandis que je lui rendais son couteau suisse.
« Garde le, je te le donne, refusa t-il de le reprendre en souriant d'un air amusé et malsain. Hmm... Cent quatre-vingt degrés... C'est exactement comme je le pensais.
- C'est à dire ?, fis-je perplexe tandis que je tendais l'outil à Kazuichi afin qu'il puisse démonter Nidai-kun.
- Je veux tout simplement dire que l'ascenseur s'est tourné de cent quatre-vingt degrés pendant son trajet, souffla t-il comme s'il me prenait pour un imbécile.
Son comportement m'agaçait sérieusement.
« Ce n'est pas ça que je t'ai demandé, répliquai-je sèchement en adoptant subtilement son attitude. Dis-moi qu'est-ce qui te faisait dire que l'ascenseur allait faire un cent-quatre-vingt degrés durant son trajet ?
- Hmm... Est-ce-que j'ai au moins une bonne raison de te le dire maintenant ?, leva t-il un sourcil avec dédain.
- Comme tu l'as dit, nous devons mener à bien cette enquête si nous voulons démasquer le coupable. Ou peut-être tu ne veux plus voir resplendir tes « symboles de l'espoir » ? Peut-être que tu ne nous aimes plus ? Hmm... ce serait donc ça alors... C'est pour cela que tu te montres avides sur tes indices, répliquai-je avec le même mépris qu'il montrait à notre égard. Dans ce cas, tu ne m'es d'aucune utilité. Allez, écarte-toi de mon chemin, tu me fais perdre mon temps. »
Sur ces mots, il serra les dents tandis je l'ai légèrement bousculé avant de m'approcher de Kazuichi et m'accroupir près de la victime (je savais que Komaeda se prononcerait forcément durant le procès si ce n'est pas plus tôt, c'est pourquoi je n'avais pas insisté à lui soutirer des informations). Le Mécano Ultime indiqua à Hinata-kun, Nanami-san et moi que Nidai-kun ne fonctionnait plus en raison du choc violent qu'il avait reçu à la tête. L'horloge thoracique de celui-ci indiquait sept heures et demi et il en valait de même pour son alarme qui était réglée à la même heure.
En balayant plus attentivement mon regard sur la scène du crime, j'ai pu déceler une étrange poignée de porte sous l'un des débris du pilier. Alors que je l'inspectais perplexe en la comparant avec la porte menant au Couloir Fraise, Komaeda souffla une nouvelle fois.
« Franchement, vous êtes vraiment irrécupérables... Laisser un indice aussi flagrant... Le groupe côté Raisin, vous êtes vraiment irrécupérables... C'était sûr en fait, y'a pas moyen de vous laisser faire le boulot.
- Si c'est pour déblatérer ton insatisfaction Komaeda, on se porterait mieux si tu te la fermais, puisque tu refuses de nous partager tes indices, intervins-je d'un ton sec, tout aussi agacé par son comportement exécrable. Ou alors fais quelque chose d'utile au lieu de faire des commentaires négatifs.
- J'allais justement y venir si une certaine personne arrêtait de m'interrompre, me fixa t-il avec mépris. D'où peut provenir cette poignée de porte à ton avis ?
- Si elle ne vient pas de la porte qui mène au Couloir Fraise, alors la seule possibilité est qu'elle provienne de la porte menant sur le Couloir Raisin, par laquelle nous sommes entrés, non ?, proposa Hinata-kun.
- Je ne crois pas t'avoir parlé, toi... Mais effectivement, c'est une conclusion plutôt évidente. »
Ainsi, il suggéra d'entrer par la porte du Couloir Fraise en retournant tous dans l'autre maison afin d'avoir le cœur net sur l'appartenance de la poignée. Pour cela, il demanda à Kazuichi d'y réparer le bouton à l'aide des composants de Nidai-kun (malgré certaines oppositions qu'il ignorait). Une fois cela terminé et malgré les chaînes qui auraient dû bloquer la porte de l'autre côté, celle-ci s'est quand même ouverte sous nos yeux ébahis. Ce n'était pas tout, alors que nous nous attendions à voir la disposition de la tour dans le sens inverse, puisque nous sommes entrés par la porte opposée, nous fûmes tout aussi surpris de découvrir que rien n'avait changé. Nidai-kun était toujours de l'autre côté de la pièce et aucun de ses composants ni l'huile n'avaient bougé. La scène de crime était identique à celle que nous avions vue en quittant la tour par le Couloir Raisin, comme si tout avait tourné de cent quatre-vingt degrés. À ce stade, nous ignorons encore quel était le mystère qui entourait le Palais du Rire. Seuls le tueur et Komaeda qui étaient parvenus à vaincre le « Jeu Mortel » de la Chambre de la Mort, l'avaient résolu. Ce dernier d'ailleurs, avait vu juste pour la poignée manquante sur la porte ornée du motif de raisin. Il se retenait de nous expliquer tout ce qu'il savait, et cela m'irritait...
L'enquête terminée, nous nous sommes ensuite rendus dans la salle du procès depuis une tête de Monokuma Rock qui avait surgie brusquement du sol de la Tour Fraise. La pièce là-bas, attribuée pour le procès de classe, disposait d'une décoration encore plus loufoque et burlesque que le Palais du Rire. En effet, les murs et le sol étaient entièrement parsemés de toutes sortes de motifs de couleurs vives à ne plus savoir où en donner de la tête... Il m'était vraiment difficile d'apprécier l'atmosphère qui s'en dégageait.
Tout d'abord, je me souviens que nous avons brièvement récapitulé le déroulement de l'affaire afin de permettre à tout le monde de comprendre les événements et débattre correctement. Sonia-san entama les explications en déclarant qu'elle avait découvert le cadavre de Nidai-kun peu avant sept heures ce matin alors qu'elle se dirigeait, accompagnée de Hinata-kun et Nanami-san, vers la Tour Raisin pour le Taiji quotidien de Monokuma. Ensuite, Owari-san s'était hâtée pour les rejoindre après avoir entendu l'annonce de découverte d'un corps. Enfin, Fuyuhiko leur expliqua que depuis la Maison Fraise, nous avions également entendu l'annonce mais qu'il nous était néanmoins impossible de nous rendre à la Maison Raisin en raison du fait que l'ascenseur était hors-service. Comme le bouton de la porte du Couloir Fraise était également cassé, Komaeda, Tanaka-san, Kazuichi, Fuyuhiko et moi étions donc coincés à la Maison Fraise.
Les explications globales de l'affaire terminées, nous avons ensuite enchaîné sur la détermination de l'arme du crime. Alors que Kazuichi était persuadé qu'il s'agissait du marteau qui était mis en évidence près du corps de Nidai-kun, Hinata-kun réfuta l'idée en rappelant que l'outil avait un aspect beaucoup trop neuf, et que si cela avait été utilisé pour frapper la victime, le marteau aurait dû être pour cela un minimum taché d'huile. C'est alors que Nanami-san proposa comme « arme du crime », le pilier brisé recouvert d'huile près du corps de Nidai-kun. Sonia-san songea ensuite au fait qu'il était peut-être possible de se servir du pilier comme arme sans pour autant avoir besoin de le bouger ou le soulever.
La question resta toutefois en suspens puisque Komaeda nous suggéra d'abord de lever le mystère entier autour de l'architecture du Palais du Rire. Comme il l'avait résolu en se rendant à « l'Octogone » (une salle secrète d'après lui où regorgerait beaucoup d'armes) après avoir réussi le « Jeu Mortel » (et que depuis peu son comportement laissait de plus en plus à désirer), il nous autorisa un seul indice pour y parvenir : une photo qu'il avait prise d'un paysage depuis une petite fenêtre, dans les profondeurs de la « Chambre de la Mort », qui donnait sur l'extérieur. Celle-ci comportait beaucoup d'éléments qui ne concordaient guère avec nos précédentes hypothèses sur la structure du Palais du Rire.
Au départ, nous pensions que le Palais du Rire se divisait en deux bâtiments : la Maison Fraise et la Maison Raisin (constituées pour chacune d'un rez-de-chaussée et de deux étages) reliées par le centre à partir des Tours Fraise et Raisin. La photo avait été prise par Komaeda à partir du rez-de-chaussée de la Maison Fraise ; elle donnait une vue de l'extérieur sur l'architecture du Palais du Rire. Néanmoins, rien ne se trouvait derrière la tour, alors que d'après ce que nous avions imaginé, il aurait dû y avoir la Maison Raisin de l'autre côté. Enfin, la deuxième incohérence avec ce que nous avions imaginé était que l'angle de vue avec laquelle la photo avait été prise, suggérait que la Maison Fraise se situait en hauteur.
Finalement après réflexion concernant le mystère du Palais du Rire, Hinata-kun est arrivé à la conclusion que la Maison Fraise et la Maison Raisin formaient un seul et même bâtiment, mais à des étages différents ; soit un même bâtiment de cinq étages en tout ayant pour rez-de-chaussée celui de la Maison Raisin. Il comprit également que le sol de la tour (et la tour en elle-même, même si seulement le sol était amovible) adoptait le même mécanisme qu'un ascenseur, expliquant alors la raison pour laquelle le corps de Nidai-kun avait été déplacé d'une maison à une autre (puisqu'elles sont empilées l'une sur l'autre) sans que rien n'ait bougé. Cependant, en suivant ce nouveau schéma de structure du Palais du Rire, Tanaka-san a soulevé une question intéressante : comment expliquer que l'ascenseur qui nous servait à nous déplacer d'une maison à une autre, puisse justement nous conduire d'une maison à une autre ? Pour lui, si l'ascenseur se déplaçait verticalement, une incohérence subsistait : le fait que le chemin à emprunter pour se rendre dans chacune des tour était différent ; car en effet, dos à l'ascenseur dans la Maison Fraise, le Couloir Fraise se situait sur la gauche, tandis que dos à l'ascenseur dans la Maison Raisin, le Couloir Raisin se trouvait sur la droite.
Suite à ce questionnement complexe, j'ai exposé mon témoignage concernant l'aiguille de la boussole ayant mystérieusement fait une rotation de cent-quatre-vingt degrés durant le trajet de l'ascenseur communicant nous menant à la Maison Raisin. Nanami-san proposa alors l'hypothèse que l'ascenseur longeait certainement le périmètre extérieur du bâtiment en pivotant de cent-quatre-vingt degrés jusqu'au côté opposé de l'autre maison à atteindre. Il n'eut aucune objection.
Komaeda avoua ensuite que selon lui, « l'Arme Ultime » dont parlait Monokuma était en fait le Palais du Rire lui-même. En d'autres termes, le tueur s'était servi de la structure du bâtiment comme arme pour exécuter son crime.
L'hypothèse que la mort de Nidai-kun était probablement due à une violente chute vint alors à Hinata-kun. Pour cela, il prit en compte le fait que le tueur aurait pu tirer parti de la hauteur de la tour pour mettre son plan à exécution, en utilisant le câble trouvé autour de Nidai-kun afin de le faire suspendre par les pieds et au dessus du vide depuis la poignée délogée de la porte au motif de raisin de la Tour Fraise (soit le troisième étage du Palais du Rire). Le fait que la poignée était retirée de son emplacement initial et abîmée le confirmait. Nous sommes finalement venus à la conclusion que le coupable avait attaché Nidai-kun avec le câble en métal pendant qu'il était en mode veille afin que les capteurs de la « tour ascenseur » ne le détectent pas. Puis, lorsque la poignée s'est cassée, Nidai-kun a fini par percuter violemment le pilier de la Tour Raisin suite à sa chute. C'est ainsi que la cause de sa mort s'expliquait ; tout comme pour le pilier retrouvé brisé et l'huile répandue sur le sol.
Ensuite, nous avons débattu sur d'autres nombreux sujets jusqu'à la détermination d'un suspect : Gundham Tanaka, l'Éleveur Ultime.
Après récapitulation de certains événements et témoignages, Tanaka-san n'aurait en effet pas dû entendre l'alarme du salon ce matin vers cinq heures et demi puisqu'il occupait une chambre luxueuse, connue pour ses caractéristiques très isolantes et insonorisées. Comme Komaeda résidait dans le même style de chambre, cela expliquait également pourquoi il n'avait rien entendu. En suspectant Tanaka-san d'être le tueur, Komaeda suggéra d'ailleurs que l'incapacité du coupable à retourner dans sa chambre était probablement dû à la présence de Fuyuhiko dans le salon, et ce, à cause du fait que celui-ci l'aurait forcément remarqué à son retour dans le couloir des chambres (Fuyuhiko c'est juste le meilleur, il a détruit le plan du tueur sans même le savoir).
Tanaka-san plaida en prétendant s'être rendu aux toilettes et qu'il aurait entendu l'alarme par coïncidence. Il ajouta également qu'il n'aurait pas pu procéder au meurtre puisque l'ascenseur communicant était bloqué à la Maison Raisin (sous-entendant que s'il avait été le tueur, il n'aurait pas pu revenir à la Maison Fraise). Néanmoins, Hinata-kun réfuta sa défense en mentionnant le fait qu'il existait apparemment un passage secret reliant le rez-de-chaussée de la Maison Fraise au deuxième étage de la Maison Raisin d'après le témoignage de Komaeda qui avait réussi le « Jeu Mortel » de la Chambre de la Mort. Celui-ci renforça d'ailleurs l'existence de ce passage secret en précisant qu'une trappe au sol se trouvait en effet dans « l'Octogone », soit au rez-de-chaussée de la Maison Fraise. Et d'après ses dires, cette trappe l'aurait conduit aux Archives Monokuma, situés au deuxième étage de la Maison Raisin.
Le coupable était désormais coincé au pied du mur.
Après avoir débattu sur certains derniers détails de l'affaire, Hinata-kun procéda à la récapitulation des étapes de la préparation du crime. Dans un premier temps, le tueur m'a trouvé évanoui dans la nuit alors qu'il se rendait au rez-de-chaussée de la Maison Fraise pour entamer ses préparatifs. Pour éviter de prendre le risque que je ne me réveille et que je le prenne la main dans le sac, il m'a conduit jusqu'à la chambre de Fuyuhiko (ayant connaissance de l'affinité qui nous unit suite au procès incriminant Pekoyama-san) en prétendant qu'il m'avait trouvé étendu au sol alors qu'il descendait aux toilettes. Après cela, il recula de deux heures toutes les horloges du Palais du Rire en commençant par celle du salon de la Maison Fraise. De plus, cherchant à se procurer un alibi solide, il régla à cinq heures et demi l'alarme de l'horloge murale de la Maison Fraise. Il redescendit ensuite au rez-de-chaussée et emprunta l'ascenseur pour se rendre à la Maison Raisin. De là-bas, il mit l'ascenseur communicant hors-service afin d'isoler le groupe de la Maison Fraise avec celle de la Maison Raisin. Après coup, il alla également reculer l'horloge du salon de la Maison Raisin de deux heures et revint à la Maison Fraise via le passage secret du Palais du Rire, accessible uniquement à ceux qui ont triomphé de la Chambre de la Mort. Ses préparatifs terminés, le tueur s'est rendu à la Tour Fraise accompagné des outils de son crime qu'il s'était procuré au sein de l'Octogone. Le matin du meurtre, Nidai-kun se dirigea seul à la Tour Raisin pour le Taiji de Monokuma, régi par sa propre horloge interne radio-pilotée. Fuyuhiko qui se trouvait dans le salon car il n'arrivait pas à dormir en raison de la faim, a aperçu Nidai-kun en train de descendre les escaliers menant au rez-de-chaussée. Selon le Yakuza Ultime, il était environ cinq heures du matin, mais en réalité... il était sept heures puisque le tueur avait déjà reculé toutes les horloges du Palais du Rire de deux heures afin de fausser notre perception du temps. Comme l'ascenseur communicant était hors-service, Nidai-kun dut se diriger vers la Tour Fraise puisqu'il ne pouvait pas se rendre à la Tour Raisin. C'était ici que le tueur attendait sa venue. Celui-ci put activer le bouton caché derrière la nuque de Nidai-kun (qui avait pour but de le mettre en mode veille) grâce à l'agilité de ses quatre hamsters de compagnie. C'est également cela qui me permit de m'innocenter car jamais je n'aurais pu enclencher ce bouton seul, surtout dans l'état de légume que j'étais.
Ayant été contraint d'entrer en mode veille, Nidai-kun s'est donc figé. Le coupable en a alors profité pour user de « l'Arme Ultime ». En premier lieu, il régla le réveil de la poitrine de Nidai-kun à sept heures et demi pour but de le tirer de son sommeil, environ trente minutes plus tard. Sur ce, il ligota Nidai-kun à l'aide du câble récupéré précédemment dans l'Octogone puis fit suspendre la victime en accrochant l'autre extrémité du câble à la poignée de la porte ornée du motif de raisin. Le tueur quitta ensuite la Tour Fraise puis détruisit le bouton de la porte menant au Couloir Fraise. Ainsi, il nous a non seulement bloqué l'accès à la Tour Fraise mais nous a également gênés dans la découverte du secret de l'architecture du bâtiment, avec lequel il s'était muni pour son crime. Après quoi, il emprunta le passage secret de l'Octogone pour se rendre à la Tour Raisin. En appuyant sur le bouton, le corps de Nidai-kun, toujours dans la tour, s'est suspendu au dessus du vide à l'aide du câble (puisque le sol amovible de la tour fonctionnait de la même façon qu'un ascenseur). Vérifiant que son plan fonctionnait, le coupable a ensuite posé au sol un marteau afin qu'on le confonde avec l'arme du crime, puis enroula une chaîne autour des poignées de la porte décorée du motif de fraise. L'objectif était de nous convaincre qu'il était impossible d'entrer dans la tour via le Couloir Fraise. Une fois tout cela fait, le tueur essaya de mener son subterfuge à bonne fin en empruntant une dernière fois le passage secret pour regagner sa chambre (ce qui lui aurait permis d'établir un alibi solide quand Nidai-kun mourrait).Néanmoins, le fait que Fuyuhiko se trouvait au salon à son retour l'empêcha de mettre en application la dernière étape de son plan. En conséquence, ne pouvant pas retourner dans sa chambre et n'ayant pas de plan de secours, le tueur dut patienter jusqu'à ce que l'alarme de l'horloge murale du salon ne sonne à cinq heures etdemi, soit en réalité... sept heures et demi. Il fut alors contraint de se joindre à Fuyuhiko et Kazuichi.
Au même moment, Nidai-kun était en train de se réveiller à l'aide de son alarme interne qui avait été programmée par le tueur. Par réflexe puisqu'il était suspendu à l'envers au dessus du vide, il se serait débattu et la poignée qui maintenait tout son poids via le câble a fini par céder. La victime a chuté du troisième étage jusqu'au rez-de-chaussée de la tour en percutant violemment le pilier, causant sa mort sur le coup par décapitation. Le bruit assourdissant que l'impact a provoqué, a résonné dans l'ensemble du Palais du Rire.
Le plan du tueur était voué à l'échec en raison de Fuyuhiko et de la poignée cassée. De plus, le coupable n'aurait pas dû entendre l'alarme surtout s'il résidait dans une chambre luxueuse...
Le véritable tueur était donc bel et bien Gundham Tanaka, l'Éleveur Ultime.
Le vote auquel nous avons procédé étant correct, Komaeda voulait passer rapidement à la suite en demandant immédiatement l'exécution du coupable sans demander son reste, comme si tout, je dis bien TOUT l'ennuyait. Hinata-kun l'arrêta, souhaitant tout d'abord connaître les explications de Tanaka-san afin de définitivement mettre un terme à l'affaire. L'accusé déclara alors que la volonté qui l'avait poussé à tuer venait simplement du fait qu'il refusait de renoncer à la vie en se laissant mourir. Nidai-kun qui aurait partagé le même avis, se serait également battu contre Tanaka-san dans la Tour Fraise alors qu'il avait apparemment la possibilité de s'enfuir ou d'appeler à l'aide.
Enfin, il vint une hypothèse à Hinata-kun : celle que Tanaka-san se serait sacrifié pour nous. Tout d'abord, parce qu'il avait avoué son crime assez vite, et deuxièmement, parce qu'il avait à moment donné l'opportunité de m'entraîner dans la mort avec Nidai-kun, mais au final, ne s'était pas exécuté. Néanmoins, Tanaka-san nia formellement son raisonnement tout en bloc. Était-ce réellement vrai...?
Son exécution a ensuite débuté à travers les écrans de retransmission en direct au sein de la salle du procès. Au cœur d'un désert de sable, une nuée d'animaux dirigée par Monokuma se ruait en hâte, droit sur Tanaka-san. Celui-ci installa gentiment ses quatre hamsters de compagnie à l'écart afin que Monokuma ne les emportent dans l'au-delà avec lui. Il essaya ensuite de tracer un cercle magique avec un bâton mais finit par se faire violemment renverser par la horde. Inquiets et tristes, ses hamsters s'approchèrent de lui alors qu'il était à même le sol, le corps endolori. Enfin dans un ultime souffle, l'Éleveur Ultime réussit à leur esquisser un dernier sourire avant que des anges à l'apparence d'animaux ne descendent des cieux pour le recueillir...
Suite à son départ, Sonia-san ne put s'empêcher d'éclater en sanglot. Il semblerait d'autant plus que Tanaka-san et elle s'étaient récemment rapprochés et faisaient bon ménage. Sa perte doit certainement beaucoup l'impacter, même encore maintenant...
L'ambiance était morose et mélancolique bien que Monokuma nous ait accordé notre retour sur l'île Jabberwock. Il insista d'ailleurs sur le fait que « l'excursion mortelle » se poursuivait. Notre groupe rétrécit dangereusement de plus en plus...
Pendant encore combien de temps allons-nous endurer ce cauchemar et ces tueries...?
Monokuma m'a présenté ma chambre remise à neuf. Bien que je préfère rester avec Fuyuhiko, il n'est pas impossible que nous changions de bungalow de temps en temps en raison du matériel de dessin et d'écriture se trouvant dans le mien et m'étant éventuellement indispensable. Au moins en séjournant ensemble... je suis certain qu'il est sous ma protection. Je peux également veiller sur lui comme me l'a demandé Pekoyama-san. Alors, pourquoi dormir séparés ?
Nous avons longuement fait l'amour dans la salle de bain. Notre séjour au Palais du Rire nous privait désagréablement de faire notre toilette pendant quelques jours, et de ce fait, il me tardait tant de pouvoir me laver comme je suis fréquemment en nage lorsqu'il s'agit d'un surplus d'émotions (ou de température ici puisque nous sommes sur une île tropicale). Je me souviens que notre proximité était si douce et réconfortante. À ma connaissance, je ne me suis jamais senti autant en confiance avec lui, oubliant presque l'horreur et la terreur que nous vivions depuis deux semaines. L'océan Pacifique ne serait même pas en mesure de contenir tout ce flux de sentiment et de passion qui nageaient en nous à ce moment-là. D'ailleurs, il n'a cessé d'être bienveillant dans chacun de nos échanges. En repensant à nos ébats amoureux et ses soupirs lascifs, j'ai juste envie de lui faire l'amour à nouveau ou me lover dans ses bras pour oublier mon anxiété. Le lit aurait été un meilleur endroit pour ce genre de moment en intimité mais la caméra qui pointe précisément cette zone nous refroidit immédiatement lorsque l'idée nous venait de nous chérir.
Le couteau suisse que m'a donné Komaeda m'intrigue... Pourquoi voulait-il que je le garde ? Je refuse davantage de faire confiance à ce type depuis son changement brutal de comportement... Néanmoins, voici là une « chance » inespérée alors que je me questionnais sur mon port d'une arme.
Quiconque tentera de m'agresser ou d'agresser Fuyuhiko, le regrettera amèrement...
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