Jour 13

  Ce matin, Fuyuhiko et moi avons pris une douche ensemble. Je crois que je ne pourrai plus m'en passer haha. Ça aide à reposer l'esprit en particulier dans notre situation où le répit est souvent de courte durée. Bien que notre moment en intimité fut un peu torride, nous n'avons toutefois pas fait l'amour. Premièrement, parce que même si je suis stérile, Fuyuhiko refuse de le faire sans préservatif (cela me convient totalement). Et deuxièmement, c'était pour éviter d'arriver en retard au restaurant et faire attendre les autres.

  En sortant préparé de la salle de bain, j'ai remarqué quelques feuilles étalées sur la table basse de Fuyuhiko (je n'y avais pas spécialement prêté d'attention la veille car j'avais rédigé ma journée dans mon journal en prenant son lit comme support).Celles-ci avaient été pliées en deux comme pour faciliter leur rangement dans une poche de veste par exemple. Quand leur propriétaire sortit à son tour de la salle de bain, et vit que mon regard était silencieusement attiré vers les feuilles, il fut tout d'abord hésitant à m'expliquer ce qu'il en était, témoignant que la qualité de son écriture était médiocre et que le contenu laissait donc à désirer, mais changea finalement d'avis quand je lui ai dis que la qualité m'importait peu et que le simple fait de savoir que ces écrits venaient de lui, suffisait à rendre le tout intéressant et appréciable à mes yeux.

  Ainsi, (un peu rougissant) il m'autorisa à les garder. Il m'expliqua qu'il s'agissait de notes qu'il avait prises durant ma période d'absence à cause de la désespérite. Il s'était dit que cela me servirait peut-être pour mon journal et pour moi-même par la même occasion si je voulais en apprendre davantage sur les derniers événements (il est trop mignon d'avoir pensé à ça). Sa première note est composée d'au moins quatre pages, soit deux feuilles resto verso, tandis que sa deuxième note faisait uniquement une page.

  Après avoir rangé les feuilles dans mon journal afin de les lire plus tard, nous sommes sortis de son bungalow (en faisant bien attention que personne ne soit dans les environs pour éviter de nous faire remarquer ensemble). Fuyuhiko est parti en direction du restaurant en premier tandis que je suis discrètement allé récupérer mon ElectroID dans ma boîte aux lettres avant de le rejoindre.

  Durant le déjeuner, le sujet concernant la Fondation du Futur refit surface. La Fondation du Futur... Les Destructeurs du Monde... Cette même organisation qui nous aurait isolés et emprisonnés sur cette île si on en croit les derniers mots de Tsumiki-san, hier soir, avant de se faire exécuter... La mention d'un traître parmi nous fut également l'un des sujets cœur de la conversation et fit à nouveau surgir le doute et le malaise dans le groupe. Komaeda suspecta d'ailleurs Hinata-kun d'être le traître, en raison du fait que celui-ci méconnaissait toujours son talent Ultime depuis notre arrivée sur l'île. Se peut-il qu'il soit réellement le traître ? Après tout, ce n'est qu'une supposition de Komaeda ayant pour simple but de semer le trouble et le doute parmi nous... À chaque fois que ce type ouvre la bouche, il faut rester vigilant et prendre ses hypothèses avec des pincettes.

  Finalement, Monomi est venue nous annoncer qu'elle avait vaincu une autre Monobête et donc, qu'une nouvelle île nous était accessible (j'ai l'impression que c'est devenu une habitude maintenant dès le lendemain d'un procès...). Toutefois, personne n'était motivé à s'y rendre, principalement en raison du fait que cela élargissait les risques qu'un nouveau meurtre ne se produise. Attiré par nos suspicions, Monokuma est alors intervenu, tout émoustillé, en nous déclarant qu'il nous avait préparé des récompenses si nous nous rendions sur la quatrième île. Des récompenses comme par exemple, des informations sur la Fondation du Futur, des pièces permettant de construire un bateau ou encore nos dossiers scolaires datant de nos études à l'Académie Kibôgamine. Évidemment, les plus curieux et les plus insouciants d'entre nous ont mordu à l'hameçon. Les plus réticents à y aller, Fuyuhiko, Nanami-san, Sonia-san et moi, cédâmes à les accompagner tout en conseillant au reste du groupe de demeurer prudent.

  Avant d'explorer la nouvelle île, je suis tout d'abord allé vérifier quel jour nous étions aujourd'hui, et d'après mes calculs, il s'agit bel et bien de notre treizième jour sur l'île Jabberwock (soit huit jours restants indiqués sur la minuterie). Je me demande si ce cauchemar prendra fin lorsque le compte à rebours atteindra zéro... Qu'est-ce que cette minuterie va annoncer...? Nous l'ignorons tous... et honnêtement, au moment-même où je suis en train d'écrire, c'est réellement le cadet de nos soucis...

  Suite à cela, Fuyuhiko et moi avions fait un détour à la pharmacie de la deuxième île. Bien que ses blessures cicatrisaient correctement, il lui fallait tout de même renouveler une dernière fois ses bandages. Pour ma part, c'était pour récupérer une pommade afin de soulager mon eczéma des jambes (nous en avons également profité pour prendre quelques préservatifs par précaution et pour éviter de revenir à la pharmacie pendant un moment).

  Après avoir terminé de l'aider à le bander, j'ai rangé tout ce dont nous avions acheté dans mon sac à dos avant de rejoindre nos camarades sur la nouvelle île. En traversant le pont, la surprise s'est dessinée sur notre visage à la vue d'un gigantesque parc d'attractions s'étendant sur l'ensemble de l'île. J'ai alors sorti mon ElectroID et la carte de la zone s'est peu à peu affichée, tandis que Fuyuhiko penchait sa tête par dessus mon épaule avec curiosité. Quatre principales attractions se présentaient à nous : le Palais du Rire, les Montagnes russes, le Château Nezumi et la Maison Hantée.

  Tout d'abord, nous nous sommes rendus au Palais du Rire pour entamer notre exploration de l'île. La première chose que nous remarquâmes fut une sorte d'immense bâtiment à allure de conte de fées ainsi qu'un petit train au design peu accueillant et inspiré de celui de Monokuma. Komaeda, qui cherchait des indices concernant la Fondation du Futur dans cette zone, nous expliqua que d'après les dires de Monokuma, il fallait que tout le monde monte à bord du petit train si nous voulions nous rendre à l'intérieur du Palais du Rire. Comme cela venait de la bouche de cet aliéné, nous n'étions pas certain de le croire, mais Nanami-san qui se tenait à l'écart, nous confirma néanmoins la véracité de ses propos. Dès cet instant, Fuyuhiko et moi sommes restés réticents à l'idée de monter dans cette attraction.

  Ensuite, nous sommes allés jeter un coup d'œil du côté des Montagnes russes. D'après Owari-san qui se trouvait là-bas, Monokuma lui avait dit que l'attraction était en maintenance pour augmenter la puissance du train et rendre l'expérience plus extrême. L'idée la rendait toute impatiente d'essayer l'attraction, c'est pourquoi elle attendait la première dans la file d'attente car les sensations fortes faisaient apparemment partie de ses préférences. Chacun ses goûts.

  Notre exploration de l'île s'est ensuite poursuivie au Château Nezumi. La décoration était assez enfantine bien que les couleurs vacillaient entre le gris terne des murs et le bleu marine des toits coniques des tourelles. À l'entrée, nous avons croisé Nidai-kun, Tanaka-san et Kazuichi. Avec méfiance et préoccupation, ce dernier nous a indiqué la présence de souris dans l'enceinte de l'attraction et nous a également partagé son inquiétude au sujet de pièges qu'il pouvait potentiellement y avoir. Puis, il a plaisanté sur l'apparence et l'élégance du château qui selon lui, ne valait certainement rien comparé à celui de Sonia-san. Il en parlait avec tellement d'assurance que ça a fini par ennuyer Fuyuhiko.

  Kazuichi a ensuite enchaîné en nous apprenant que Nidai-kun était apparemment capable avec ses nouvelles fonctionnalités de robot, de sortir une horloge de sa poitrine et de nous dire l'heure en direct en cas de besoin. Et d'après ses connaissances en mécanique, il nous expliqua que l'horloge serait synchronisée sur un signal horaire émis par une station usant d'une référence de temps, et que selon lui, l'horloge de Nidai-kun serait extrêmement précise et conçue de manière à ne jamais pouvoir être réajustée. Ça pourrait s'avérer pratique suivant la situation.

  Enfin, nous avons fini le tour du parc par la Maison Hantée. J'ai taquiné Fuyuhiko en lui proposant d'y entrer, mais celui-ci paniqua et se justifia en déclarant qu'il ne voulait pas entrer dans une attraction faite pour les enfants et que personne n'aimerait de toute façon aller dans une maison hantée selon lui. Il est vrai que la présence de cette attraction contrastait pas mal avec l'ambiance globalement festive de l'île.

  Sonia-san a légèrement rigolé à notre arrivée, bien que j'ignore si c'était ma plaisanterie qui lui avait fait de l'effet plutôt qu'à Fuyuhiko ou si c'était la réaction de Fuyuhiko, refusant de se rendre dans l'attraction, qui l'a faite rire.

  Le Yakuza Ultime a finalement soupiré, agacé par l'étrangeté de l'île et la raison de sa présence (surtout si nous sommes à l'origine dans l'obligation de nous entre-tuer). Sa remarque m'avait en effet rendu encore plus perplexe sur les intentions et les agissements de ce vil Monokuma.

  Sur notre droite, je me souviens que Hinata-kun discutait avec Monomi en pleurs devant l'entrée d'une autre maison. La pancarte devant celle-ci affichait « Maison de Usami » barrée par une croix de couleur rouge. J'ignore si ça avait été fait avec de la peinture ou bien du sang (honnêtement, je ne veux pas le savoir).

  Owari-san est ensuite venue voir tout le monde afin de nous prévenir que Monokuma avait fini sa maintenance sur les Montagnes russes et que nous aurions une récompense si on y faisait un tour tous ensemble. Le problème... c'est que je n'avais aucune envie d'en faire(Kazuichi non plus en raison de son mal de transport), mais certains, aussi excités que Owari-san d'essayer l'attraction et d'autres pour récupérer la récompense, nous forcèrent la main. En fait, ce connard de Komaeda a demandé à Nidai-kun de nous mettre Kazuichi et moi de force à bord du train. Malgré nos tentatives désespérées de nous débattre, Nidai-kun nous a mis côte à côte et s'est installé sur les sièges derrière nous pour nous maintenir jusqu'à ce que Monokuma mette le train en marche. Honnêtement, je n'ai faitque hurler et extérioriser mon mal être avec Kazuichi durant l'ensemble du circuit. Bien que ce n'était pas pour les mêmes raisons, lui pour son mal des transports et moi pour ce genre de sensations fortes qui me retournent l'estomac plus qu'autre chose, je m'efforçais de ne pas vomir comme le faisait malheureusement mon ami...

  Ce cauchemar terminé, Monokuma nous a donné comme promis notre récompense. Il s'agissait d'un dossier doté d'une couverture sombre sur laquelle était imprimée en blanc le logo « mirai 未来 (futur) », l'exact même symbole que celui trouvé sur les portes des ruines anciennes de la deuxième île. Nous nous sommes tous rassemblés autour de Komaeda lorsqu'il a commencé à ouvrir le dossier et à tourner les pages avec précaution. Celui-ci montrait des photos d'une autre tuerie organisée appelée « vie scolaire meurtrière » qui se serait déroulée dans l'enceinte de l'Académie Kibôgamine. Parmi ces photos, l'une d'elles attira vivement notre attention. Il s'agissait de l'un des six survivants de la tuerie et dont le visage nous rappelait étrangement celui de Togami-san. À cet instant, d'innombrables questions se sont bousculées dans notre esprit, concernant autant l'identité de ce survivant que sur la similitude inquiétante entre la tuerie dans laquelle nous sommes impliqués et celle ayant eu lieu à l'Académie Kibôgamine... Fuyuhiko s'est alors énervé, ne trouvant aucune logique à la tuerie décrite dans le dossier car il était certain que les professeurs et la police n'auraient jamais pu laisser faire ce genre de chose. Néanmoins, Tanaka-san émit l'hypothèse que la tuerie de l'Académie Kibôgamine aurait également pu être initiée par la Fondation du Futur, comme pour notre situation, ce qui expliquerait pour les deux cas, l'absence jusqu'à maintenant de secours.

  Komaeda a alors demandé à Monokuma quel était le rapport entre la vie scolaire meurtrière ayant eu lieu à l'Académie Kibôgamine et l'île Jabberwock sur laquelle nous nous trouvons. Comme on aurait pu s'y attendre, il lui a répondu avec avarice que toutes les réponses à nos questions se trouveraient dans nos souvenirs qui nous ont été enlevés et que les seuls responsables n'étaient d'autre que la Fondation du Futur. Il ajouta également que les autres récompenses que nous n'avions pas trouvées se cacheraient à l'intérieur du Palais du Rire, et qu'il nous invitait pour cela, à nous y rendre tous ensemble si nous voulions des pièces de bateaux ou nos dossiers scolaires. Il nous menait clairement par le bout du nez... Je savais que ce n'était pas une bonne idée, mais encore une fois, Komaeda demanda à Nidai-kun de nous mettre Kazuichi et moi à l'intérieur du train contre notre gré, mais cette fois-ci à l'intérieur de celui menant au Palais du Rire. Ce fichu Komaeda... je le hais...

  Nanami-san et Tanaka-san partagèrent mon avis au sujet du danger autour de la proposition de Monokuma, mais se sont toutefois soumis à la volonté du groupe, n'y voyant aucune autre alternative. Qu'est-ce que la volonté collective pouvait m'agacer dans ce genre de situation...

  Tout le monde installé dans le petit train par obligation, celui-ci s'est lentement engouffré dans un tunnel sombre. Kazuichi agrippait son siège avec terreur tandis que sur sa droite, j'attendais juste ennuyé que ce manège se termine. Au bout d'un moment, sans aucun avertissement de Monokuma, du gaz nous a rapidement entourés avant de nous faire perdre connaissance.

  À notre réveil, nous avons été emmenés dans un endroit encore plus farfelu et absurde que ceux aperçus jusqu'à maintenant. L'intégralité des murs et du sol étaient animés de bas vers le haut par des motifs amovibles de fraises sur un fond rose bonbon dont la luminosité pourrait je pense, vous détruire la rétine à force de la regarder trop longtemps.

  Komaeda comprit sans difficulté que nous avions été transportés à l'intérieur du Palais du Rire. Monokuma est alors intervenu pour nous présenter l'endroit qu'il appelait la « Maison Fraise ». Il nous a expliqué qu'il s'agissait d'une partie du Palais du Rire et que nous nous trouvions à ce moment-là au « parc intérieur » situé au deuxième étage de la Maison Fraise. Le premier étage est constitué d'un salon ainsi que de cinq chambres de qualités différentes prévues pour nous (ça annonçait déjà la couleur et notre début de séjour ici...). Les « chambres luxueuses » au nombres de deux sont entièrement insonorisées et très bien isolées, la chambre dite « standard » est un peu moins insonorisée et isolée que les luxueuses, et enfin, les deux types de chambres restantes sont les « chambres miteuses » qui laissent apparemment passer beaucoup de courant d'air, et dans lesquelles, l'insonorisation et l'isolation y seraient très médiocres. Pour finir, les toilettes et une pièce appelée « Chambre de la Mort » se situent au rez-de-chaussée accompagnés du « Couloir Fraise » au bout duquel se trouve une immense et mystérieuse tour, qu'il nomme « Tour Fraise » (au moins les noms ne sont pas difficiles à retenir...). D'après Monokuma, la « Chambre de la Mort » est un défi qu'il nous propose. Les vainqueurs de ce « Jeu Mortel » serait en mesure d'atteindre un sanctuaire du nom de « Octogone », et dans lequel, reposerait une mystérieuse « Arme Ultime » (honnêtement, je n'ai aucune envie de me risquer à son jeu absurde...). Au même étage, un ascenseur est également disponible et mène à la deuxième partie du Palais du Rire appelée « Maison Raisin ». La constitution de la Maison Raisin est quasiment identique à celle de la Maison Fraise à l'exception « des archives Monokuma » résidant au deuxième étage (à la place du « parc intérieur » pour la Maison Fraise) ainsi que de l'absence d'une autre « Chambre de la Mort » au rez-de-chaussée. Les murs et le sol sont différents eux aussi. Ils présentent des motifs de grappes de raisins verts amovibles sur fond de couleur lime également pète à l'œil, à la place des motifs de fraises sur fond rose bonbon de la Maison Fraise.

  Suite à ses explications, certains d'entre nous lui ont demandé la raison de notre présence ici. L'ours en peluche nous a répondu avec malice que cela constituait son nouveau mobile de meurtre : « un escape game » en utilisant le Palais du Rire comme espace confiné. L'unique façon de sortir d'ici est évidemment de déclencher un nouveau meurtre... La limite de temps serait notre inanition. En résumé, il désire que nous tuons quelqu'un avant que nous mourons littéralement de faim et de déshydratation sous trois jours... Vivement que la personne qui se cache derrière Monokuma se fasse arrêter... j'en peux sérieusement plus...

  Comme nous refusions de commettre un nouveau meurtre, nous nous sommes mis en quête d'explorer le Palais du Rire en nous divisant en plusieurs groupes afin d'y trouver avec conviction une sortie. Fuyuhiko m'a demandé de le laisser faire équipe avec Owari-san car il devait lui parler de quelque chose d'important. N'y voyant aucun inconvénient, je lui ai répondu que cela ne me posait pas de problème. Devant ce duo inattendu, Kazuichi a pensé par déduction hâtive que Fuyuhiko en pinçait pour Owari-san, mais ce dernier le remballa à sa manière et sur le fait que le Mécano Ultime avait faux sur toute la ligne. Cet idiot de Komaeda ne s'est d'ailleurs pas retenu pour faire une remarque déplacée sur la différence de taille qui séparait Owari-san et Fuyuhiko lorsqu'ils se sont tenus l'un à côté de l'autre (Fuyuhiko étant le plus petit des deux). Ensuite, Kazuichi s'est empressé de faire équipe avec Sonia-san mais fut attristé et dévasté quand il a compris qu'elle était déjà partie avec Tanaka-san. Il me proposa alors de faire équipe avec lui tandis que j'essayais de lui remonter le moral comme je le pouvais. Komaeda partit avec Nanami-san, et Hinata-kun était avec Nidai-kun.

  Chaque groupe entamait les recherches. Dans chacun des salons de la Maison Fraise et de la Maison Raisin, figure un portrait d'un homme âgé accroché au mur. La plaquette attachée à celui-ci, affiche « Fondateur de l'Académie Kibôgamine : Izuru Kamukura ». La présence de ce portrait dans ce genre d'endroit loufoque nous parut, à Kazuichi et moi, très étrange et déplacé (surtout s'il s'agit bel et bien du fondateur de l'Académie Kibôgamine en personne). Chacun des salons du Palais du Rire possède également une horloge murale ainsi qu'un téléphone. Ce téléphone avait d'ailleurs quelque chose de particulier. En effet, hormis leur allure ancienne munie d'un combiné reposant horizontalement sur son support, un étrange et unique bouton se situe à l'endroit où l'on aurait pour habitude d'y trouver à la place un cadran ou des touches numériques. Si vous êtes du côté de la Maison Fraise, le bouton est orné d'un motif d'une grappe de raisin vert, tandis que si vous êtes du côté de la Maison Raisin, le bouton expose celui d'une fraise. Ces deux téléphones servent probablement à communiquer entre les deux maisons.

  La Tour Fraise et la Tour Raisin sont toutes deux de grandes salles circulaires dotées d'un plafond indiscernable en raison de leur hauteur trop importante. La lumière projetée sur les murs à partir du sol donne l'impression de se trouver à l'intérieur d'une boisson gazeuse (de couleur rouge pour la Tour Fraise et verte pour la Tour Raisin). Une très grande porte verrouillée se situe tout au fond de chacune des tours. Celle-ci est ornée d'un motif de raisin si l'on se trouve dans la Tour Fraise, et inversement, un motif de fraise décore la porte du côté de la Tour Raisin.

  Nanami-san a émis l'hypothèse que la Tour Fraise et la Tour Raisin ne formeraient qu'un seul et même bâtiment, et qui permettrait de ce fait, le lien de chaque maison à partir de cette pièce. Ainsi, selon quelle porte l'on emprunte, la tour devient soit la Tour Fraise soit la Tour Raisin. Nanami-san a d'ailleurs fait une expérience pour prouver sa supposition. Pour cela, elle a laissé son ElectroID dans la Tour Raisin puis nous nous sommes tous rendus à la Tour Fraise en empruntant l'ascenseur. Et en effet, son ElectroID était toujours là à notre arrivée à la Tour Fraise. Cela prouvait donc que les Maisons Fraise et Raisin sont bien reliés par une seul et même tour. La Gameuse Ultime a également expliqué que les portes menant aux Tours Fraise et Raisin étaient probablement faites de façon à ce qu'une seule ne s'ouvre à la fois. Elle a en effet réalisé cela lorsque nous nous sommes retrouvés à attendre devant la porte du Couloir Fraise qui prenait du temps à s'ouvrir (comme si la porte du Couloir Fraise attendait que la porte du Couloir Raisin ne se verrouille). Nidai-kun nous avait également averti de la présence de détecteurs de mouvements dans chacune des tours et que ces derniers seraient même assez performants pour repérer nos pulsations cardiaques et artériels. Nanami-san comprit alors que la présence de l'un d'entre nous ou d'un animal (en désignant les hamsters de Tanaka-san) dans une des tours empêcherait automatiquement l'ouverture simultanée des portes. En imageant dans ce cas-ci, si quelqu'un était resté dans la Tour Raisin alors que nous activions pendant ce temps la porte du Couloir Fraise, cette dernière ne se serait pas déverrouillée tant que la présence se trouvant à la Tour Raisin n'aurait pas quitté la salle. Komaeda fut d'ailleurs surpris et amusé que Nanami-san ait résolu l'énigme des Tours Fraise et Raisin aussi rapidement.

  Nous poursuivîmes ensuite nos recherches en retournant à la Maison Raisin. « Les archives Monokuma » au deuxième étage de celle-ci sont comme le nom l'indique, des archives au sujet de Monokuma. Néanmoins, il n'y avait rien d'intéressant ni d'important.

  Avec Kazuichi, nous avons également trouvé une pièce de bateau, mais malheureusement pour nous, il s'agissait en réalité d'une plaisanterie de Monokuma car la pièce servait seulement à fabriquer un jouet télécommandé. Le Mécano Ultime l'a quand même gardée avec lui, frustré et ennuyé. Croire Monokuma n'était qu'une perte de temps... En serait-il donc de même pour nos dossiers scolaires ? Je n'ai jamais voulu me rendre dans ce fichu Palais du Rire de toute façon, peu importe les récompenses proposées...

  Et sans aucune surprise et encore maintenant, nous n'avons toujours pas trouvé d'issue.

  Lorsque nous nous sommes regroupés au rez-de-chaussée de la Maison Raisin, Nidai-kun nous indiqua qu'il était vingt-deux heures passées d'après son horloge interne et trouvait étrange que Monokuma n'ait fait aucune annonce. La peluche robotique s'est alors montrée pour nous donner des explications. En effet, les annonces qui nous indiquaient le matin et le soir sur l'île nous ont été suspendues. Fuyuhiko remédia au problème en nous suggestionnant de nous fier aux horloges accrochées dans chacune des maisons ou bien celle de Nidai-kun. Tout le monde acquiesça à son idée, ce qui fit rire machiavéliquement Monokuma avant que celui-ci ne s'en aille.

  Ce faisant tard, nous avons dû répartir les chambres des Maisons Fraise et Raisin entre nous. Nanami-san proposa de nous diviser entre femmes et hommes : les femmes dans la Maison Raisin et les hommes dans la Maison Fraise. Fuyuhiko posa alors le problème de mon genre dans le choix de Nanami-san, mais je les ai rassurés en affirmant que j'aurais de toute façon pris la dernière chambre de libre par élimination, peu importe la maison.

  Ce point éclairé, les garçons se sont ensuite lancés dans une bataille de shifumi pour s'assigner les différentes types de chambres de la Maison Fraise. Les résultats dans l'ordre furent Komaeda en première place (évidemment, c'est le Chanceux Ultime après tout), Tanaka-san en deuxième, Nidai-kun en troisième, Kazuichi et Fuyuhiko ex æquo en quatrième, et Hinata-kun en cinquième. Suite au classement, Komaeda et Tanaka-kun ont donc chacun obtenu une chambre luxueuse, Nidai-kun, la standard, et Fuyuhiko et Kazuichi, les miteuses.

  Du côté des filles, elle ont discuté pour se mettre d'accord et se sont reparties les chambres de la Maison Raisin comme ceci : Sonia-san et Nanami-san dans les chambres luxueuses et Owari-san voulait l'une des miteuses.

  « Hein ?, fit Fuyuhiko surpris en direction de Owari-san. Pourquoi t'as choisi une chambre miteuse à la place de la standard vacante ?

  - Je n'ai pas besoin de plus, a t-elle déclaré avec indifférence. Peut-être que pour vous tous c'est une chambre merdique, mais comparée à ma maison, c'est un palais. »

  Son passé nous parut inquiétant et difficile au point que personne n'a osé lui en demander davantage.

  Les chambres restantes étaient une chambre standard et une chambre miteuse de la Maison Raisin que Sonia-san nous invitait gentiment, à Hinata-kun et moi, à choisir. Kazuichi manifesta d'ailleurs sa jalousie que nous ayons la possibilité de loger chez les filles (et précisément en raison du fait que nous nous retrouvons à proximité de Sonia-san, son béguin).

  Pour ce qui était du choix des chambres, j'ai laissé Hinata-kun décider en premier en insistant avec bienveillance sur le fait que je prendrais la dernière qui serait vacante, peu importe son choix. Il s'est alors contenté avec gêne de choisir la chambre miteuse, affirmant que prendre la standard le ferait culpabiliser. Je lui ai dit de façon amicale et compréhensive qu'il n'avait pas à l'être car tant que j'avais un endroit où dormir, cela me suffisait. Néanmoins, il a soutenu son choix de manière têtue même s'il me remerciait pour ma concerne à son égard.

  Finalement, le problème de l'attribution des chambres réglé, nous nous sommes tous dirigés vers la nôtre. Hormis Hinata-kun, les hommes sont partis passer la nuit au premier étage de la Maison Fraise, tandis que les femmes, Hinata-kun et moi, au premier étage de la Maison Raisin. Sonia-san a préparé des plaques nominatives de nos chambres respectives accompagnées d'un portrait de chacun, puis nous avons regagné nos chambres. La mienne est plutôt banale. Les seuls points négatifs sont l'absence de salle de bain (évidemment pour nous priver d'eau, provenant de la douche ou du lavabo, que nous aurions pu boire) ainsi que la couleur verte assez présente et flashy qui me donne la migraine...

  N'ayant rien mangé depuis ce matin, mon estomac commence à désagréablement me le faire rappeler...

  J'aimerais bien rester en compagnie de Fuyuhiko pour me changer les idées, mais difficile de rester discret sans nos boîtes aux lettres.

  Imaginer devoir rester dans ces espaces clos sans boire ni manger jusqu'à ce qu'un meurtre ne se produise... La première personne qui va perdre la tête deviendra certainement le tueur... Non, il doit forcément y avoir une sortie si nous avons été emmenés ici. Il faut que l'on trouve cette sortie avant que la tuerie ne recommence... avant que l'on meurt tous de déshydratation...

Enfin... Inutile de réfléchir et de s'angoisser avec ça maintenant... Demain sera un autre jour.



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