Jour 12 ?

  Haha, alors... par où commencer ?... Nous venons de sortir d'un procès de classe et nous avons perdu trois personnes... Je dois dire que ça commence bien...

  Les jambes entièrement bandées, je me suis réveillé à l'hôpital aujourd'hui sans aucun souvenir des événements qui expliquaient ma présence là-bas... J'étais complètement confus à vrai dire... C'est en réalité durant l'enquête du meurtre que Fuyuhiko m'a brièvement raconté que j'étais tombé malade pendant deux jours d'une maladie créée par Monokuma, du nom de « désespérite » (je suppose que j'écris durant le douzième jour, mais comme il ne s'agit pas là d'une certitude, j'irai quand même vérifier demain matin à la minuterie du parc Jabberwock). Il a semblé si soulagé de me voir sur pieds qu'il s'est moqué des regards extérieurs quand il m'a serré contre lui. Apparemment, je n'ai pas été le seul à souffrir de la maladie ; Komaeda, Mioda-san et Owari-san auraient également été contaminés. De même, aucun d'entre eux ne se souvenait de ce qu'il s'est passé.

  Hinata-kun, Kazuichi, Fuyuhiko et Tsumiki-san seraient restés à l'hôpital pendant l'ensemble de la période durant laquelle, notre santé était altérée afin de soigneusement veiller sur nous. Saionji était aussi supposée rester avec eux car elle était cas contact par ma faute. D'après les dires de tout le monde, j'aurais même essayé de l'étrangler à ce qu'il paraît... Néanmoins, elle a préféré demeurer dans son bungalow pour s'isoler plutôt qu'à l'hôpital. Ça fait bizarre de ne se souvenir de rien...

  En résumé, nous nous aurions été divisés en deux groupes à cause de la désespérite : celui de l'hôpital et celui du motel. Comme les malades et les cas contacts (Saionji, Fuyuhiko, Kazuichi, Hinata-kun et Tsumiki-san) devaient rester à l'hôpital avec les malades pour se confiner, le groupe de Tanaka-san, Nanami-san et Sonia-san ont logé au motel de la troisième île afin de rester à proximité de l'hôpital en cas de problème. En raison du fait que Monokuma interdit le séjour à l'hôpital, hormis pour les malades et Tsumiki-san pour les soigner, Fuyuhiko, Kazuichi, Hinata-kun et Saionji devaient retourner à leur bungalow respectif pour passer chaque nuit.

  Voici à peu près ce que l'on nous a expliqué et ce que j'ai compris.

  C'est durant le troisième matin de notre confinement (aujourd'hui) que Hinata-kun, Fuyuhiko et Kazuichi ont découvert deux corps à leur arrivée à la réception de l'hôpital : celui de Mioda-san, la Musicienne Ultime, pendu, et celui de Saionji, la Danseuse Traditionnelle Ultime, à même le sol avec les membres complètement disloqués ainsi que des traces de strangulation autour du cou. C'était vraiment horrible et terrifiant à voir... Le point en commun que nous avons constaté durant l'enquête et grâce à l'autopsie de Tsumiki-san, c'est que les deux victimes avaient succombé à une forme d'étranglement. Même si le corps de Saionji était démis de partout, la cause de sa mort était uniquement due par suffocation.

  Ensuite, j'ai été incapable d'émettre la moindre hypothèse durant une bonne partie du procès.

  En parlant du procès, la salle avait changé une fois de plus. Les murs et le sol étaient faits de pierres et de galets tandis que l'atmosphère globale de la pièce qui s'en dégageait, manifestait une aura plutôt lugubre et inquiétante. Les murs de pierres s'étendaient sur des tons beige clair jusqu'au vert-jaune sombre à mesure qu'on levait la tête vers le plafond obscurci et invisible à l'œil nu. Cela donnait un effet de hauteur et de profondeur, comme si le plafond aurait pu être en mesure de nous aspirer. Et enfin, le sol en galets quant à lui, se teintait sur des tons rose-violet plutôt sympathiques en comparaison avec ceux des murs moins accueillant.

  Après avoir rejoint nos places attitrées et identiques aux précédentes, le troisième procès de classe a débuté. Même si cet aliéné de Komaeda n'était pas le coupable, celui-ci n'a cessé de nous embrouiller durant la majorité du débat (et cela l'amusait en plus, ce type est un vrai parasite...). Le meurtrier aurait procédé à une sorte de crime par imitation d'un film de Monokuma qui était passé au cinéma de l'île. Bien que l'ordre des meurtres n'avait pas été effectué exactement comme dans le film, la mort de Mioda-san par pendaison coïncidait apparemment avec la mort de l'épouvantail (j'ignore si c'est vrai comme je n'ai pas regardé le film) et la mort de Saionji correspondrait à celle du bûcheron en fer blanc réduit en tas de ferraille. Bien qu'une mort ait été omise en raison d'une nouvelle règle de Monokuma stipulant que le meurtrier a seulement droit à un maximum de deux assassinats ; la mort du lion criblé de flèches à un arbre était l'imitation manquante.

  L'heure des morts n'était pas mentionnée dans le dossier Monokuma mais grâce à l'autopsie de Tsumiki-san, celle-ci nous a indiqué que les meurtres avaient été commis dans la nuit et que la putréfaction de Saionji était en effet un peu plus avancée que celle de Mioda-san. Nous sommes donc arrivés à la conclusion que Saionji avait été tuée avant Mioda-san, ce qui ne correspondait donc pas à l'ordre des meurtres du film et donc pas tout à fait à un meurtre par imitation comme je le pensais.

  Komaeda a ensuite émis l'hypothèse que Mioda-san aurait peut-être pu assassiner Saionji avant de se pendre par culpabilité. Néanmoins, même si Mioda-san était vraiment la coupable, rien n'écartait aussi qu'elle aurait pu être manipulée en raison du fait qu'elle était aussi atteinte de la désespérite (ses symptômes se traduisaient apparemment par un comportement inhabituellement crédule et obéissant). Le cerveau du crime aurait très bien pu couvrir sa présence en se servant de la Musicienne Ultime comme bouc émissaire.

  Alors Sonia-san demanda de débattre sur les alibis de chacun pour déterminer les plus suspects d'entre nous. Komaeda (dont ses mensonges étaient encore plus aggravés par la maladie) et Owari-san (qui pleurait tout le temps) étaient mis de côté en raison de leurs symptômes délirants qui les auraient empêchés de faire quoique ce soit. Fuyuhiko, Kazuichi et Hinata-kun dormaient dans leur bungalow respectif avant l'annonce matinale, de même pour ceux qui dormaient au motel de la troisième île. Tsumiki-san était restée à l'hôpital pour veiller sur Komaeda en particulier qui en avait le plus besoin. Au final, personne n'avait vraiment d'alibi, sachant que comme pour Komaeda et Owari-san, je ne me souvenais d'absolument rien...

  Toutefois, le fait que les corps aient été découverts à l'hôpital rendait Tsumiki-san un peu suspecte. Celle-ci avait tenté de se défendre en affirmant qu'elle avait passé la nuit à s'occuper des malades et qu'elle ne s'était autorisée aucune pause pour s'assurer que notre condition restait correcte. D'après elle, elle n'aurait pas eu le temps ni même la raison de se rendre à la réception. Même si elle disait la vérité, c'était tout de même étrange qu'elle n'ait rien entendu...

  Tanaka-san avait soudainement fait une comparaison entre mon agressivité auprès de Saionji en raison de la désespérite (le fait que j'avais essayé de l'étrangler le premier jour de la contamination), avec la cause similaire de sa mort par étranglement. Et comme j'avais également des propos et des insultes assez crus, j'aurais en effet pu ordonner à Mioda-san d'aller se pendre. Bien que je n'aime pas l'admettre, l'hypothèse de l'Éleveur Ultime pouvait en effet sembler avéré.

  « Eh attends, espèce de trou du cul !!, l'arrêta Fuyuhiko sur les nerfs et frappant sur son pupitre. Qu'est-ce que tu racontes, bordel ?! Kagami ne peut pas être le tueur !! C'est impossible qu'iel ait tué Saionji car Kagami avait les mains et les doigts attachés ! Et la putain de porte de sa chambre était fermée à clé exprès pour pas qu'iel sorte ! En plus, Kagami n'est jamais allé voir ce film de merde puisque qu'iel était toujours à l'hôpital ; soit à cause de sa maladie soit pour m'accompagner ! Alors tu vas bien rentrer ça dans ton crâne vide d'enculé : Kagami ne peut PAS être le tueur ! »

  Alors que tout le monde lui demandait de se calmer, j'ai avoué avec honnêteté que lorsque j'avais repris connaissance par rapport à la désespérite, je n'avais toutefois pas les mains liées et ma porte n'était pas verrouillée. Bien que Fuyuhiko m'ait réprimandé de m'être mis en danger en avouant ces faits avec intégrité, Nanami-san a réalisé que quelque chose clochait.

  « Dîtes..., nous interpella t-elle. Si vous avez convenu que Satoru-san devait rester les mains attachées et la porte verrouillée... Comment se fait-il alors que tout l'inverse se soit produit la nuit du meurtre ?

  - C'est vrai..., a acquiescé Fuyuhiko tout aussi perplexe et inquiet en dirigeant ensuite son regard vers l'Infirmière Ultime. La seule personne qui avait la clé de sa chambre était Tsumiki, cela dit...

  - Hiiiii !, paniqua t-elle en se raidissant. Je m'excuse ! Je me suis bien rendue dans la chambre de Satoru-san pour vérifier sa condition et changer ses bandages pendant son sommeil, c'est vrai ! P-Pardon ! Peut-être que j'ai dû oublier de refermer la porte à clé par inadvertance et par fatigue...! Awawa... Je suis si maladroite...

  - Est-ce que Satoru avait toujours les mains attachées la dernière fois que tu es allée le voir ?, lui demanda Hinata-kun avec sérieux et calme.

  - J-Je n'y ai pas prêté attention... J-Je me suis juste dépêchée de consulter ses jambes au cas où Satoru-san venait à se réveiller... Pour minimiser ça la nuit, je laissais toujours sa chambre éteinte et je me servais d'une petite bougie pour y voir...

  - Encore heureux qu'elle n'ait pas mis le feu à la chambre, vu comment elle est manchot..., commenta Kazuichi.

  - Vous savez..., s'est introduit Komaeda dans la conversation. Si Satoru-san était sorti de sa chambre même avec les mains attachées, iel aurait très bien pu demander à Mioda-san de le libérer avant de lui ordonner de se pendre. Et tout ça, pendant que Tsumiki-san était trop occupée à mes soins. Quel gâchis que tu ne m'aies rien demander de faire pour mettre ton meurtre en œuvre ou même que tu ne m'aies pas étranglé à mort moi aussi... »

  Tous les regards se sont alors tournés dans ma direction. L'inquiétude et la panique de m'imaginer ce qui allait advenir de mon sort, m'envahissait, et était bien plus important que de me soucier de la folie de cet aliéné. Néanmoins, je n'en voulais à personne de me soupçonner ; et le fait que je ne me souvenais de rien n'arrangeait pas les choses non plus...

  C'est alors que Fuyuhiko est de nouveau sorti de ses gonds et est intervenu pour soulever quelques questions qui me servirent en quelque sorte de nouvel alibi.

  « Eh ! Arrêtez de le suspecter comme si c'était une évidence ! Personne ici ne s'est demandé pourquoi Saionji se serait rendue à l'hôpital alors qu'elle avait décidé de s'enfermer dans son putain de bungalow à cause de la maladie ? Et d'ailleurs, je vous vois venir... Kagami n'aurait jamais pu se rendre aussi loin, seul et dans la nuit jusqu'à la première île, et faire parfaitement l'aller-retour sans avoir conscience de prendre une lumière ou un autre truc pour s'orienter dans son état ! Surtout pour spécifiquement aller chercher Saionji, la buter et emmener tout seul son corps à l'hôpital ! D'autant plus que la chambre de cette garce devait certainement être verrouillée ! Alors comment Kagami aurait pu rentrer ?!

  - Par contre, Mioda est capable de casser les serrures, témoigna Hinata-kun avec ennui. Mon verrou... est d'ailleurs hors service à cause d'elle...

  - Vous voyez ?, essayait Fuyuhiko de convaincre tout le monde de mon innocence. C'est impossible que Kagami sache faire ça.

  - Haha, Satoru-san aurait très bien pu apprendre à le faire grâce à son Ultime, qui sait ?, émit Komaeda l'hypothèse à travers un sourire malsain. Finalement... plus on creuse et plus ça nous mène vers lui. Que je savoure d'observer ton espoir se débattre Kuzuryû-kun... Je souhaite sincèrement que tu trouves un moyen de sortir Satoru-san de cette impasse.

  - T-Tu ferais mieux de la fermer, connard !, grommela Fuyuhiko. Combien de fois je dois le répéter, bordel ?! Kagami ne peut PAS être le putain de tueur !

  - Toutefois, le bungalow de Saionji était sens dessus dessous quand je suis allé l'inspecter, affirma Hinata-kun avec sérieux. Comme si elle avait essayé de se défendre de son agresseur ou que le tueur était quelqu'un d'agressif (tout le monde m'a de nouveau fixé avec incrédulité).

  - Vous allez arrêter vos conneries, bordel de merde ?!, ne lâchait rien Fuyuhiko. Quel aurait été l'intérêt de ramener le corps à l'hôpital dans ce cas, bande d'abrutis ?!

  - Et si quelqu'un avait modifié la scène de crime ?, proposa Nanami-san. Peut-être que quelqu'un aurait déplacé le corps de Saionji-san ? Ou alors, il y avait un cerveau qui se serait servi de Satoru-san comme complice malgré son état, ou bien, pour intentionnellement nous mettre sur une fausse piste et cacher d'autres choses que l'on ne verrait pas ?

  - S'il y avait un cerveau et que celui-ci s'était servi de Kagami comme complice... Il aurait au moins fallu être deux personnes pour le maintenir, l'immobiliser et le conduire quelque part, expliqua Fuyuhiko. Il est d'ailleurs recommandé que ces deux personnes soient de corpulence qui ressemble un peu à celle de Sôda, Hinata ou moi dans le meilleur des cas puisque Nidai est toujours absent. Donc, si vous soupçonnez toujours Kagami d'être le tueur, cela fait de Hinata et Sôda forcément des suspects eux aussi pour avoir amener Kagami jusqu'à Saionji. Soit vous prenez en compte cette hypothèse soit on accepte enfin de supposer qu'une autre putain de personne ait pu aller assassiner Saionji.

  - On va continuer à tourner en rond si on prend seulement Satoru comme hypothèse, acquiesça Hinata-kun. Si nous réfléchissons donc à une autre personne capable potentiellement, voire même avec certitude, de casser une serrure, c'est Mioda. Mais là encore, le même problème qui persiste aussi chez Satoru, c'est qu'elle n'aurait pas pu se rendre consciemment là-bas toute seule avec pour but de tuer Saionji.

  - Ouais mais ça aurait été beaucoup plus simple de l'amener elle pour faire la besogne que Kagami s'il y avait un cerveau, réalisa Kazuichi. Comme l'a dit Kuzuryû, il fallait au moins être deux pour le gérer (une expression de surprise apparut soudainement sur son visage). Oh d'ailleurs les gars, je viens d'y penser mais le boucan qu'il aurait fait en gueulant aurait réveillé tout le monde à l'hôtel, en vrai... Donc c'est pas possible que ça puisse être Kagami qui se soit rendu là-bas.

  - Merci, mec. On est d'accord. », soupira Fuyuhiko avec agacement et soulagement à la fois.

  Ce que Kazuichi venait de s'aviser prit sens dans l'esprit de chacun et cela me permit de m'écarter des suspects une bonne fois pour toutes.

  Le débat se poursuivit ensuite sur la détermination de l'identité du cerveau du crime, et donc, du véritable tueur. En considérant qu'il avait en effet utilisé Mioda-san à ses fins avant de lui demander de se pendre suite au meurtre de Saionji, les suspects restants sont tous ceux qui n'avaient pas d'alibi. Si nous excluons l'ensemble des malades et tous ceux qui étaient censés rester au motel en raison de la maladie, il ne restait que Fuyuhiko, Kazuichi, Hinata-kun (qui était d'autant plus au courant des compétences de Mioda-san à casser des serrures) et Tsumiki-san. Néanmoins, comme les meurtres ressemblaient à un crime par imitation avec le film de Monokuma, cela voulait donc dire que le tueur avait forcément regardé le film. En prenant cela en compte, Fuyuhiko et Hinata-kun étaient écartés des suspects à leur tour car ils n'avaient vu le film que seulement durant l'enquête (la date et l'horaire tamponnés sur leur ticket de cinéma le témoignaient, sachant qu'un seul visionnage était apparemment autorisé par personne). Kazuichi et Tsumiki-san devenaient donc les deux suspects restants.

  Hinata-kun s'est alors rendu compte de quelque chose d'étrange : si le coupable avait été Kazuichi (ce que je ne souhaitais pas), comment expliquer le fait que Tsumiki-san n'ait aucunement remarqué l'absence de Mioda-san si elle avait veillé sur les malades toute la nuit comme elle l'avait dit ? Même si la priorité était Komaeda, elle avait bien affirmé qu'elle était également venu dans ma chambre pour vérifier ma condition. À moins que Tsumiki-san était une complice, le fait qu'elle ne s'était aperçue de rien nous rendait tous perplexe. Et même si elle avait été complice du meurtre, qu'est-ce qu'elle y gagnerait au final puisqu'elle serait destinée à mourir avec nous tous si le vrai tueur n'avait pas été démasqué ? (sachant que seul le meurtrier est autorisé à sortir de l'île, peu importe les complices qu'il avait)

  Nos soupçons s'étaient alors tournés vers l'Infirmière Ultime tandis que Hinata-kun ajouta un autre indice important : que Tsumiki-san était la seule personne à qui il avait confié que Mioda-san avait volontairement cassé la serrure de son bungalow et que de ce fait, cela l'ennuyait pour passer les nuits en sécurité. Donc les deux seuls personnes au courant à propos des compétences de Mioda-san, avant le meurtre et le procès, étaient Hinata-kun et Tsumiki-san.

  Cette dernière paniqua devant les accusations de notre camarade. Bien que certains réfutaient le fait qu'elle puisse tuer quelqu'un en raison de son Ultime qui l'en empêchait certainement ou encore le fait que même une mouche pouvait la tuer de façon sarcastique, Hinata-kun insista pour dire qu'ils étaient pourtant les seuls à connaître les compétences de Mioda-san avant le meurtre.

  « C-C'est juste une coïncidence !, a t-elle malgré tout essayé de se défendre. L-Le coupable n-nous a peut-être écouté ou le savait déjà avant nous !

  - Certes, acquiesça Hinata-kun sans pour autant rien lâcher. Mais tu aurais dû remarquer l'absence de Mioda bien plus tôt. De plus, si nous revenons à Satoru et le fait que nous avons prouvé son innocence dans l'affaire, tu es la seule parmi nous qui avait la clé de sa chambre et qui aurait pu finalement nous embrouiller en omettant volontairement de nous dire que tu lui avais libéré les mains. En fait, ton plan était de faire porter le chapeau à Satoru depuis le début, pas vrai ? En lui libérant les mains et lui faisant le terrain, tu voulais nous faire croire que tout était l'œuvre de Satoru à cause de la désespérite. C'est pourquoi tu as ramené le corps de Saionji à l'hôpital car tu savais que Satoru n'aurait pas pu faire le chemin seul jusqu'à son bungalow, tout ça en espérant que nous trouvions une raison à Saionji pour s'être rendue à l'hôpital cette nuit. Sachant que tu ne pouvais non plus amener Satoru là-bas toute seule car il fallait au moins être deux de nous trois qui t'accompagnent pour le maintenir : Kuzuryû, Sôda ou moi, alors tu t'es servie de Mioda, ainsi que ses compétences et sa maladie pour maquiller ton plan. Dis-moi, tout ça ce sont des coïncidences aussi ? »

  L'Infirmière Ultime paniqua de nouveau en refusant d'admettre qu'elle était la coupable et se justifiant avec insistance sur son Ultime qui la rendait incapable de tuer qui que ce soit.

  « Ce n'est pas littéralement impossible... Tu ne voudrais pas te défendre un peu mieux que ça ?, a ricané Komaeda amusé. Peut-être que tu ne peux pas tuer de tes propres mains, mais qu'est-ce qui t'aurait empêché de manipuler Mioda-san en lui demandant de tuer Saionji-san ? Et qu'est-ce qui t'aurait ensuite empêché de demander à Mioda-san de se pendre ? Tu aurais en effet tué personne de tes propres mains, mais cela ressemblerait fortement à l'agissement d'un cerveau de crime, tu ne penses pas ? »

  À ces mots, Tsumiki-san adopta un air sombre avant de soudainement hurler son innocence et nous supplier de la pardonner. De la colère, de l'épuisement, de la saturation s'étaient mélangés dans son regard. La folie s'était emparée d'elle et la rendait méconnaissable. On aurait dit un feu doux et chaleureux au premier abord, sur lequel nous avions jeté de l'huile qui, par conséquent, l'a rendu vif et imposant. Personne ne voulait néanmoins consentir à son absolution puisque toutes les preuves avaient été dévoilées. Kazuichi ajouta même qu'il n'était pas impossible qu'elle soit l'autrice du crime, surtout pour Saionji, car cette dernière n'arrêtait pas de la harceler et mal lui parler. Quoi de plus compréhensif que Tsumiki-san ait fini par ne plus la supporter. Mais de là à l'assassiner... Même moi qui ne supportait pas Saionji, je me voyais mal aller jusqu'à la tuer de mon plein gré...

  Tsumiki-san continua de nier froidement les faits. Je me souviens qu'elle criait de façon très agacée et instable son innocence sans même essayer de se justifier. Finalement, Hinata-kun réussit amèrement à lui faire admettre quelque chose dont nous n'avions jamais mentionné durant le débat jusqu'à maintenant : les membres disloqués de Saionji. En fait, Tsumiki-san avoua sans le vouloir qu'il s'agissait en réalité de fractures (comme le kimono de Saionji recouvrait l'entièreté de son corps, il était difficile de faire la différence). Sachant que Tsumiki-san s'occupait également de l'autopsie des corps, cela prouvait en d'autres termes qu'elle nous avait menti. Ainsi, elle nous a mis au défi de trouver ce qui a provoqué ces fractures chez Saionji puisque tout le monde était plus ou moins d'accord qu'à elle seule avec Mioda-san, elle n'aurait pas eu la force nécessaire de briser à mains nus les os de Saionji (ce qui prouverait en quelque sorte son innocence si nous n'avions rien trouvé).

  Hélas pour elle, je me suis souvenu de quelque chose qui remontait à quelques jours. Dans les matériels médicaux que nous avions découverts ensemble (Tsumiki-san et moi) en inspectant l'hôpital lors de notre première visite de la troisième île, je fis savoir à tout le monde qu'un marteau chirurgical se trouvait parmi le matériel trouvé. Sachant que le marteau chirurgical est couramment utilisé pour la chirurgie orthopédique, Fuyuhiko fit à son tour le lien avec la cause des fractures de Saionji. Peu importe la personne ayant provoqué ces fractures en usant du marteau s'il s'agissait de Tsumiki-san ou bien de Mioda-san (par manipulation), dans les deux cas, seuls Tsumiki-san et moi étions au courant de l'existence de ce marteau dans les matériels médicaux trouvés à l'hôpital.

  L'infirmière Ultime chancela, désormais adossée au pied du mur.

  Ainsi, afin de clôturer ce procès aussi impitoyable que les précédents, Hinata-kun procéda au résumé de l'affaire afin que tout le monde soit d'accord sur le déroulement des événements. Il passa en revue les différentes étapes de la préparation du crime.

  En premier temps, le coupable est allé voir Mioda-san dans sa chambre pour lui parler de son futur crime. Comme Mioda-san contractait la désespérite et que ses symptômes l'obligeaient à croire ou faire tout ce qu'on lui disait, elle se plia facilement à la manipulation du tueur. Ce faisant, le coupable mena Mioda-san jusqu'à l'hôtel de la première île pour tout d'abord y assassiner Saionji. Ayant connaissance par l'intermédiaire de Hinata-kun des compétences de crochetage de Mioda-san, le tueur et sa complice n'eurent aucune difficulté à s'introduire dans la chambre de leur victime. Ainsi, le cerveau du crime ordonna alors à Mioda-san d'étrangler à mort Saionji (probablement dans son sommeil). Cela fait, ils mirent volontairement la chambre sens dessus dessous pour déguiser la scène du crime et faire croire que le désordre avait été causé suite à un rude acharnement de l'agresseur, et me faire porter le chapeau de cette façon. Saionji assassinée, il emmenèrent son corps à la réception de l'hôpital et lui fracturèrent les membres avec un marteau chirurgical, de même, pour me faire passer pour l'agresseur. Ensuite, le tueur demanda à Mioda-san de se pendre ; ce qu'elle a fait. Et enfin, le cerveau du crime alla déverrouiller ma chambre et me libéra les mains en faisant attention de ne pas me réveiller. Sa grande erreur a été d'essayer de nous faire croire jusqu'au bout que j'étais le coupable. La personne ayant donc orchestré ce crime était bel et bien Mikan Tsumiki, l'Infirmière Ultime.

  L'accusée s'est alors enfoncée dans un rire à la fois nerveux et convulsif, exprimant sa descente inquiétante dans la folie et le chaos mental. Elle déclarait même que cette sensation de désespoir l'exaltait. À ce stade, ce n'était réellement plus la Tsumiki-san que nous connaissions.

  Comme les fois précédentes, nous avons procédé au vote et celui-ci s'est également avéré bon. Pour expliquer ses meurtres (puisque Tsumiki-san continuait de rire sans nous donner de réponse) Komaeda émit l'hypothèse qu'elle ait également attrapé la désespérite, ce qui a fait office de mobile dans cette affaire. Pour lui, elle avait agi au nom du désespoir.

  Tsumiki-san reprit enfin la parole, amusée et en totale euphorie, en déclarant qu'elle aurait en réalité agi pour le bien de la personne qu'elle aime. Sa bien-aimée, une personne qui ne l'aurait jamais détestée d'après ses dires. Tout le monde ignorait de qui elle faisait mention, et pour être honnête, dans l'état où elle était, on se demandait davantage si ce n'était pas plutôt le fruit de son imagination. Elle affirma néanmoins que la maladie lui avait permis de se souvenir de cet être affectivement très important pour elle et que les symptômes de sa maladie auraient apparemment été issus de la « souvenirexie ». Cela insinuait donc qu'elle avait agi de sa vraie nature à partir de l'instant même durant lequel, elle avait commencé à contracter la maladie. Sa vraie nature, la véritable elle, avant que nous arrivions sur cette île et que nous perdions la mémoire.

  Elle éclata de nouveau d'un rire remplit de folie avant de nous avouer quelque chose d'intrigant concernant ses souvenirs : que la fameuse organisation dont Monokuma nous avait parlée il y a quelques jours, appelée « Destructeur du Monde », ne serait d'autre que l'organisation portant le nom de « Fondation du Futur ». Cela nous a étrangement rappelé les kanji « mirai 未来 (futur) » inscrits sur les portes des ruines anciennes de la deuxième île. Et d'après les dires de Tsumiki-san, cette organisation aurait pour but de s'approprier le monde afin d'en devenir l'unique souveraine. Ce serait également pour cette raison que cette organisation nous aurait amenés sur l'île Jabberwock afin de mettre son plan à exécution.

  Suite à ses aveux, Tsumiki-san demanda confirmation à Monomi d'un air hostile et malsain. Cela nous fit tout d'abord penser que Monomi et Monokuma faisaient parties de cette inquiétante organisation mais ce dernier en affirma le contraire avant de rire machiavéliquement, suivi par Tsumiki-san qui l'imita étrangement bien. Celle-ci ajouta ensuite que si nous voulions connaître l'identité du traître parmi nous, il nous fallait attendre patiemment la fin du compte à rebours du parc Jabberwock.

  Enfin, en nous laissant tous stupéfaits par ses révélations et ne nous donnant aucune explication à tous ses dires, elle demanda à Monokuma de procéder à son exécution car elle trépignait d'impatience de retrouver sa soi-disant bien-aimée. C'est ainsi que sa punition ne s'est pas faite attendre pour se mettre en place.

  En résumé, d'après ce que l'écran de diffusion de l'exécution en direct nous transmettait et mes souvenirs, Tsumiki-san était tout d'abord allongée sur un lit d'hôpital avant que Monokuma, habillé en infirmière ne surgisse avec une immense seringue. Celui-ci a trébuché en se précipitant vers le lit et planta la seringue dans le sol. Le lit se changea alors en sorte de gigantesque fusée en forme de bras gauche et à l'extrémité au poing fermé, tandis que la seringue de Monokuma était enfoncée dedans. Alors que Tsumiki-san était assise sur le fusée, Monokuma y injectait le contenu de la seringue. La violence de ses mouvements fit jouir Tsumiki-san avant que la fusée ne change de couleur, passant de brun à rouge, avant de décoller abruptement et disparaître dans l'espace avec l'Infirmière Ultime.

  Suite à l'exécution de la coupable, Monokuma nous a expliqué que le traître et Monomi seraient apparemment deux pions de la Fondation du Futur. Mais qui peut être le traître, bon sang... ?

  Après cette information, l'ours nous a donné rendez-vous sur la plage de la première île en guise de « consolation » pour les derniers événements.

  En effet, nous y trouvâmes Nidai-kun qui nous attendait. Cependant... nous avons eu de la peine à le reconnaître parce que Monokuma l'avait transformé en robot pour lui « sauver la vie ». Bien que cela ne semblait le déranger le moins du monde, nous sommes tous restés stupéfaits par ce changement... Pouvions-nous encore dire qu'il est vivant... ? Est-ce que qu'il s'agissait vraiment de lui ou bien d'une autre intelligence artificielle... ? Ce monde est si absurde... mais pourtant vrai...

  Nos retrouvailles terminées, baignant dans le malaise de la situation, tout le monde est finalement retourné à son bungalow. Enfin... tou tle monde sauf moi. J'ai découvert mon bungalow sens dessus dessous tout à l'heure à vrai dire, et il m'est impossible d'y dormir pour le moment. Par chance, j'ai retrouvé mon sac et mon carnet intacts, mais en ce qui concerne le reste... mon lit, mon bureau, mes livres... tout étaient complètement détériorés. J'ai rapidement compris que ma maladie, traduite entre autres par la colère et l'agressivité, ont été la cause de ce désordre. Monokuma est ensuite apparu de nulle part pour me dire de ne pas m'inquiéter et que des réparations seront faites, et que d'ici là, il me conseillait de séjourner chez Fuyuhiko en attendant. Il me l'avait dit sur un ton de malice et de taquinerie qui m'a laissé, toutefois, indifférent.

  J'ai finalement suivi sa suggestion. Le motel de la troisième île est en effet à disposition, mais faire tout le trajet jusque là-bas, seul et dans l'obscurité, pourrait tout aussi bien être dangereux (et puis passer la nuit chez Fuyuhiko ne me déplaît pas en soi). Quand j'ai informé celui-ci de la situation, il n'a pas hésité une seule seconde à me faire entrer chez lui. Soigneusement, avant d'accepter son invitation, j'ai d'abord laissé mon ElectroID dans ma boîte aux lettres afin de ne lever aucun soupçon chez les autres en m'inspirant de la technique qu'avait employée Pekoyama-san pour son meurtre. Je l'ai remerciée en mon for intérieur lorsque j'ai inséré l'appareil dans ma boîte aux lettres, et maintenant encore, je la remercie de là où elle est.

  Fuyuhiko s'efforce depuis tout à l'heure à rester éveillé (attentant volontairement et avec insistance que j'aille me coucher). Il m'a beaucoup aidé dans la remémoration de certains détails du procès, dans lequel, pour être honnête, j'ai souvent été déboussolé...

  Allez, la fatigue me gagne... Je ne vais pas le faire attendre plus longtemps, l'essentiel de cette épuisante journée est écrit.

  Espérons que demain soit un jour meilleur...

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