Épilogue
Paisiblement, je me réveille de ce qui me semble s'apparenter à un sommeil interminable. L'entièreté de ma mémoire se reconstitue peu à peu par le biais d'images défilants dans mon esprit. Mon passé...Mes souvenirs d'école... Mes crimes... Et enfin, les événements qui se sont déroulés dans le « Programme Neo World » sous la malveillance de l'Alter Ego de Junko Enoshima. Malgré tout cela, un fort sentiment me traverse en ce moment même : celui d'œuvrer désormais pour un avenir plein d'espoir.
En ouvrant les paupières, j'aperçois Fuyuhiko au dessus de moi qui attendait patiemment mon retour, accoudé au rebord de l'appareil lumineux à l'intérieur duquel je suis étendu. D'un geste adroit, je lui retire son chapeau noir orné sur le côté de son remarquable design de dragon et le dépose délicatement sur ma tête tout en me redressant. Il sourit.
« Quelle manie... Je vais finir par te procurer le même si tu continues de me le faucher.
- C'est parce qu'il s'agit justement du tien que je te l'emprunte. », je réplique en sortant nonchalamment de la machine.
Chacun de mes camarades reprennent connaissance à leur tour. Certains vont s'excuser auprès des autres, tout comme Fuyuhiko et Pekoyama-san envers Koizumi-san à l'égard des événements et des meurtres qui se sont produits au sein du programme thérapeutique. Même si ce n'était qu'une simulation virtuelle, les sentiments, les sensations, les traumatismes... cette intégralité nous paraissait réelle.
Tout le monde se réconcilie amicalement. Pendant ce temps, une personne ne s'est toujours pas réanimée : Nagito Komaeda.
Hinata-kun qui n'avait fait qu'un avec sa seconde identité d'Izuru Kamukura lors du dernier procès qui nous opposait à Monokuma (l'Alter Ego de Junko Enoshima, le Désespoir Ultime originel), souhaite extirper le Chanceux Ultime de ses heures de sommeil supplémentaires en s'infiltrant dans son esprit. Personne n'est contre son intervention. Hinata-kun est en capacité désormais d'exécuter n'importe quel talent à sa guise. C'est pourquoi nous le voyons d'une certaine façon comme notre meneur ou notre chef.
Pour être honnête, je le trouve dès lors vraiment charismatique en raison partiellement de ses pupilles vairons (celle de gauche, rouge, faisant écho à sa part d'Izuru Kamukura et celle de droite, verte, évoquant sa part originelle de Hajime Hinata). En fait si je devais donner mon avis, tout le monde dégage un côté charismatique à leur manière même si nous avons été amenés à semer le chaos entant que Rémanents du Désespoir par le passé. J'ai livré ma famille à Junko Enoshima afin qu'elle exerce des expériences mortelles sur eux, violenté et massacré beaucoup d'innocents, décimé des clans yakuza entiers jusqu'au derniers membres ainsi que de nombreux dirigeants de pays... Tout cela en tant qu'allié et membre du Clan Kuzuryû. Je regrette profondément mes actions révolues mais je dois aller de l'avant à présent. Quant à Fuyuhiko, celui-ci a assassiné ses parents puis s'est emparé du leadership du Clan Kuzuryû. Il s'est également retiré l'œil droit afin de le remplacer avec celui du cadavre de Junko Enoshima par dévotion pour cette dernière et ses idéaux. Heureusement, il porte un magnifique cache œil orné d'un dragon doré pour camoufler sa maladresse d'antan menée par notre lavage de cerveau. Pour Pekoyama-san, celle-ci s'est laissée pousser les cheveux qu'elle préférait garder lâchés. La Kendoka Ultime avait pour seul objectif d'obéir aux ordres de Fuyuhiko et de le protéger afin qu'aucun obstacle ne vienne se dresser sur son chemin. Concernant mes autres camarades, j'ignore en détail leurs méfaits d'autrefois car nous avons longtemps été séparés afin de répandre le désespoir à travers le monde.
En effet, nous avons été victimes de lavage de cerveau par Junko Enoshima dans le but de nous liguer dans ses rangs. La Fondation du Futur nous a ensuite récupérés après rudes acharnements et c'est pour cette raison que nous avons été mis dans le Programme Neo World dans l'espoir d'inverser voire annuler les effets de l'endoctrinement du Désespoir Ultime originel. Je dois dire que leurs efforts nous ont bien été bénéfiques et je leur suis pour cela très reconnaissant.
Komaeda vient de se réveiller. Alors que Hinata-kun l'aide à se relever, je remarque que le bras gauche du Chanceux Ultime diffère curieusement de son bras droit. Des doigts plus fins... Du vernis rouge... Ne se serait-il pas greffé lui aussi une partie du corps de Junko Enoshima à tout hasard ?
Une escouade vient soudainement à notre rencontre au cœur de la salle dans laquelle nous nous trouvons. La troupe affirme venir sous les ordres et la direction de Byakuya Togami afin de nous transporter en dehors de l'île et rejoindre le quartier général de la Fondation du Futur. Apparemment, l'organisation serait confrontée en ce moment même à de grandes difficultés internes et d'importants conflits. Plus de détails nous seront fournis lors de l'expédition. Hinata-kun acquiesce et nous faisons de même.
Lors de l'embarquement, Fuyuhiko et Kazuichi observent Komaeda d'un air interrogatif.
« T'es à la bourre !, s'écrie le Yakuza Ultime. Quel genre de rêve t'as fait ?
- Pardon, pardon. Je me suis levé tard, s'excuse jovialement Komaeda.
- Tu rêvais d'adorables gonzesses ? », lança Kazuichi amusé.
La remarque déplacée du Mécano Ultime semble déranger Fuyuhiko qui exprime sa répugnance du coin de l'œil. Tout à coup, Komaeda s'avance pour les enlacer simultanément.
« Q-Qu'est-ce que tu fous ?! Lâche-moi !, grommelle Fuyuhiko tiraillé entre la surprise et le dégoût.
- Remarque... Ce n'était pas un mauvais rêve..., murmure mystérieusement le Chanceux Ultime, le sourire aux lèvres.
- Je sens ta respiration, dégage !, le repousse Kazuichi.
- Bon, on y va ? »
Hinata-kun tend gentiment la main à Komaeda que ce dernier accepte confiant et décidé. « Au nom de l'espoir », ajoute t-il tout haut.
Une fois à bord du navire, l'escouade de Byakuya Togami nous explique la situation. Ce qu'ils appellent le « Final Killing Game » aurait eu lieu dans l'ensemble du quartier général de la Fondation du Futur alors que nous étions encore plongés dans le coma. Cela n'a rien avoir avec « l'excursion mortelle » à laquelle nous avons été confrontés dans le Programme Neo World basée sur des meurtres et des procès. En effet, le « Final Killing Game » impliquait une seule personne qui incarne le traître ou l'attaquant dont son unique objectif était d'assassiner les autres participants. Ces derniers avaient alors pour mission d'identifier le tueur avant que tout le monde ne succombe. Ce « jeu » aurait été mis en place par le créateur de la Fondation du Futur lui-même et l'ancien proviseur de l'Académie Kibôgamine, Kazuo Tengan, avec le soutien de Chisa Yukizome, notre ancienne professeure ayant également subi un lavage de cerveau par Junko Enoshima. Yukizome-sensei aurait été abattue dès le début du « Final Killing Game » qui était principalement destiné à forcer les directeurs et les membres de l'organisation à s'entre-tuer, et pousser Ryôta Mitarai, l'Animateur Ultime et l'un des survivants du « Final Killing Game » à diffuser au monde entier sa vidéo de lavage de cerveau « Hope ». Un groupe de soldats sous ses ordres sèmerait en ce moment même le trouble et servirait d'obstacle au quartier général de la Fondation du Futur pour protéger leur dirigeant. Notre objectif est d'empêcher coûte que coûte que Ryôta Mitarai ne diffuse sa vidéo d'espoir qui annihilerait le désespoir à travers le monde. L'intention est bonne mais la manière est mauvaise. Répondre d'un lavage de cerceau par un autre est tout aussi néfaste que de se noyer dans l'alcool ou les drogues pour oublier ses problèmes.
Suivis de Hinata-kun, tout le monde accepte la mission. L'escouade nous montre du matériel et de l'équipement que nous pourrions être susceptibles d'utiliser (et que nous sommes entièrement libres de choisir) dans la cale et dans certaines salles du navire en vue de la confrontation qui nous attend une fois là-bas.
Pekoyama-san préfère garder son katana en bois et me demande de l'aide pour lui couper les cheveux.
« Ça m'encombre et me gêne, me précise t-elle.
- Où aimerais-tu que je définisse la longueur ?
- Ici, s'il-te-plaît. »
Elle m'indique le milieu du dos. J'acquiesce et attrape le ciseau qu'elle me tend.
J'entame soigneusement la coupe de sa chevelure à la longueur désirée.
« Comment ça s'est passé là-bas durant mon absence ?, me demande t-elle doucement.
- Dans le Programme Neo World ? »
Elle me confirme d'un léger hochement de tête.
« Si je devais résumer... Beaucoup de hauts et de bas, je dirais. On se serrait les coudes comme on le pouvait. Les meurtres et les procès étaient de plus en plus désespérants. Puis, tout s'est bouleversé durant le dernier procès qui nous a opposé à Monokuma, n'étant d'autre que Junko Enoshima sous forme d'intelligence artificielle qui tirait les ficelles des événements et du programme. C'est à partir de ce moment-là qu'elle nous a confirmé la facticité du monde dans lequel nous nous trouvions. Après quoi, elle s'est délectée de la situation en nous évoquant nos véritables identités et méfaits entant que Rémanents du Désespoir dans la réalité. Alors que le débat se poursuivait dans une atmosphère de consternation, trois membres de la Fondation du Futur ainsi qu'anciens élèves de l'Académie Kibôgamine sont intervenus pour nous prêter main-forte en s'infiltrant dans le Programme Neo World : Makoto Naegi, Kyôko Kirigiri et Byakuya Togami. D'après Naegi-san, le programme est également connu sous le nom de « Programme de Restauration de l'Espoir » et le but de Junko Enoshima était de le convertir en « Programme de Restauration du Désespoir » afin de se télécharger elle-même dans les corps de tous ceux dont l'avatar a été retiré du programme suite à leur assassinat ou exécution.
- Elle cherchait certainement un moyen de revenir à la vie dans le monde réel, et pour cela, elle voulait se servir de nos enveloppes charnelles comme hôte, comprend aisément Pekoyama-san.
- C'est exact. (j'acquiesce) Elle aurait pu tous nous éliminer d'un seul coup et s'emparer de nos corps mais les obligations instaurées par Usami la privaient de certaines libertés, comme par exemple l'une d'entre elles qui l'interdisait d'interférer directement avec nous sauf si l'on venait à enfreindre l'une des règles. L'autorité que Junko Enoshima avait obtenue, en dérobant les aptitudes d'Usami concernant la gestion du Programme Neo World après l'avoir changée en Monomi, l'autorisait seulement à ajouter des règles et non d'en supprimer.
- Que s'est-il passé ensuite après l'arrivée de Naegi, Kirigiri et Togami ?
- Togami-san a ordonné d'activer la séquence d'arrêt du programme afin d'éliminer Junko Enoshima une bonne fois pour toutes. Cela comprenait la suppression intégrale de tout ce que le logiciel avait généré ainsi que l'ensemble de nos avatars. Nous nous serions alors retrouvés exactement dans l'état dans lequel nous étions avant d'entrer dans le programme, c'est à dire, sans les souvenirs que nous avons construit à travers celui-ci ni de la « thérapie » en elle-même qu'il devait nous apporter. Néanmoins, bon nombre d'entre nous rencontraient des difficultés vis à vis de cette prise de décision si soudaine. Devant notre hésitation, Junko Enoshima s'est permise de pimenter les choses en dévoilant la véritable identité d'Izuru Kamukura que même les membres de la Fondation du Futur ignorait. Et comme tu t'en doutes, il s'agit en effet de Hinata-kun. Alors que le désespoir commençait à s'installer face à toutes ces révélations, celles-ci qui s'accompagnaient de la lourdeur du choix qui s'imposait à nous en appréhendant les répercutions sur le monde réel, Hinata-kun s'est tout d'un coup éveillé à un nouvel état. Un prélude de ce qu'allait devenir le Hinata-kun actuel. Peu importe ce qui se passerait dans la réalité, Hinata-kun nous invitait à quitter le programme en toute confiance et de créer le futur que nous souhaitons par nous-mêmes. Ses mots de soutien nous ont permis de sélectionner la séquence d'arrêt du programme pour le bien de tous. Cela a miraculeusement fait revivre Usami qui a réussi à vaincre l'Alter Ego de Junko Enoshima. En me remémorant tout ça, je me demande comment nos souvenirs ont pu être sauvegardés ou restaurés si l'on nous avait dit que nos avatars allaient être supprimés lors du processus ? À moins certainement que Hinata-kun y soit pour quelque chose...
- Dommage... J'aurais bien aimé assister à tout ça, ça avait l'air amusant..., intervient soudainement Komaeda en soupirant.
- Dans ce cas, fallait pas te laisser mourir. Quoique en y repensant, cela nous a fait des vacances (je réplique avec indifférence tout en restant concentré sur ce que je fais).
- Hmm rabat-joie... c'est pas gentil de réduire mon chef d'œuvre à une simple affaire ennuyeuse.
- Il s'est laissé mourir ?, fait Pekoyama-san interloquée.
- Oui c'est une longue histoire qui remontait au tout premier procès. Tout ça pour éliminer l'Alter Ego de Nanami-san alors que c'était une précieuse alliée, parce qu'il était persuadé qu'il s'agissait du « traître ».
- Ah c'était Nanami-san alors ?, s'exclame Komaeda, presque étonné par la nouvelle. Après tout, c'est logique. Elle a succombé il y a déjà un moment. N'importe qui qui aurait recouvert ses souvenirs se serait aperçu de l'anomalie.
- Finalement que tu l'aies éliminée ou pas, tout le monde se serait aperçu de sa facticité sans ton intervention, dis-je en m'occupant à présent de la frange de Pekoyama-san.
- Kagami, t'as jeté un œil au stock d'armes ? Ils ont du choix, s'approche Fuyuhiko.
- Non pas encore. Je finis quelques retouches sur Pekoyama-san et j'arrive. Y'a des armes de mêlées ?
- Ouais, y'a des battes en métal comme tu les aimes.
- Chouette. »
J'esquisse un sourire satisfait tout en comblant la requête de Pekoyama-san. Elle me remercie respectueusement tandis qu'elle entame l'attache de ses nattes.
« Je peux venir avec vous ? », nous questionne Komaeda en se pointant candidement du doigt alors que je me relève.
- Tu veux pas plutôt y aller avec Hinata ? Il saura certainement quoi te conseiller, soupire Fuyuhiko ennuyé. La dernière fois que je t'ai vu avec des armes, t'as foutu la merde et la flippe à tout le monde.
- Voyons... Tu sais que c'était pour la bonne cause, Kuzuryû-kun, lui sourit-il avec insolence. Nous avions un traître parmi nous et puis je voulais tester les capacités de ce cher Satoru-san. Tu ne peux pas nier son talent si infiniment exploitable !
- N'utilise pas Kagami comme excuse de ta folie des grandeurs. Hinata a déjà atteint ce genre de fantasme que tu recherchais, non ? Il sollicite pas ta curiosité ?
- Ouais, mais vois-tu... Concernant Izuru Kamukura, il n'y a plus rien à explorer ou expérimenter puisqu'il excelle en tout. Il n'y a plus aucune surprise ou attente à en tirer, tu vois ce que je veux dire ? Bien que je puisse fantasmer sur ses...
- Ben continue de fantasmer sur lui, nous on doit se préparer. Bref à plus tard. », le coupe Fuyuhiko en lui tournant dynamiquement les talons, moi sur ses pas.
Le Yakuza Ultime me mène à l'une des salles du navire dans lesquelles la plupart des armes y sont stockées. Habilement, je lui rends son chapeau que je lui avais emprunté jusqu'ici en le déposant sur sa tête. Un sourire en coin se promène alors sur ses lèvres suivi d'une brusque expiration qui traduit son amusement.
« Tu pouvais le garder. Il t'a toujours bien allé après tout.
- Il n'aura jamais meilleure place que sur son propriétaire qu'il a continuellement revêtu de façon très séduisante. » (Je souris en retour d'un regard complice tout en le caressant et lui tapotant gentiment le haut du dos.)
Sans discontinuité, il garde les lèvres étirées puis ferme sa paupière et émet une nouvelle expiration subite.
« J'sais pas lequel de vous deux remporte le concours d'humilité entre Peko et toi, mais c'est pas encore le moment de te laisser affrioler. On est en mission. »
Il interrompe soudainement sa marche, cherchant quelque chose dans l'une de ses poches puis me tend l'objet en question. Il s'agit d'une clé USB.
« Tiens, avant que j'oublie. Il y a ton journal sous forme numérique à l'intérieur. Avant ton réveil, Hinata a réussi à extraire ses données du programme et a pu le sauvegarder dans un fichier. Comme j'savais pas si tu voulais le garder, il m'a dit de te le remettre et que le choix de ce que tu voudrais en faire te revient entièrement. »
J'acquiesce et accepte silencieusement le petit appareil. Observant celui-ci avec confusion, j'ignore encore le type d'usage que je pourrais lui affecter. Néanmoins, je n'ai aucune intention de le détruire ni l'abandonner car bien que des choses horribles aient été décrites à l'intérieur, de bons souvenirs y ont été également gravées.
Soudain, Nidai-kun qui traverse en ce moment même le couloir similaire au nôtre, s'avance à notre rencontre d'un pas jovial et rieur. Son long manteau blanc au col serré le rend difficilement inaperçu.
« Hey, Satoru et Kuzuryû !, nous salut-il. Vous faîtes quoi ?
- On va se procurer quelques armes pour la mission. », lui répond Fuyuhiko en levant un instant le menton en direction de la porte vers laquelle nous étions en train de nous diriger.
Nidai-kun oriente son regard vers le mien de façon étonnée.
« Tu as besoin d'armes Satoru ? Avec l'enseignement au combat à mains nues que je t'ai donné lorsque nous étions dans nos années de lycée ?
- J'aime bien avoir la possibilité de varier les combats en fonction de mes adversaires, j'affirme en souriant.
- Je vois, acquiesce t-il. Quand tu seras prêt, ça te dit un petit échauffement sur le pont avec Owari avant qu'on arrive à destination ?
- Oui bonne idée, pourquoi pas.
- Nickel, on se retrouve plus tard alors !, déclare t-il en s'éloignant tout en levant la main d'un geste amical.
- Ça, c'était avant que tu te perfectionnes avec les techniques de combat de mon clan, ajoute discrètement Fuyuhiko, d'un sourire en coin, en se penchant dans ma direction.
- Je lui suis tout de même reconnaissant. Il faut bien des bases à tout. », je réplique en levant brièvement un sourcil d'un air complice.
Nous pénétrons finalement dans l'une des salles des armements. Je regarde ce qu'il nous est proposé puis je choisis un Beretta 92FS que j'attache à ma ceinture accompagné de quelques munitions et d'une batte de baseball en aluminium.
De son côté, ayant déjà son poignard personnel orné d'un imprimé de dragon sur son manche et son étui, tous deux noirs, Fuyuhiko opte pour un Colt et un katana. Alors qu'il teste le maniement de ce dernier en effectuant des rotations de poignet, je lui dis indolemment et pensif : « Quand la mission sera terminée, j'aimerais bien aller manger dans un petit bar ou un restaurant.
- C'est vrai que j'te l'avais promis quand on était dans le programme, se remémore t-il en tournant le visage dans ma direction. Mais vu l'état dans lequel on a mis le monde, j'pense pas qu'il reste encore des endroits de ce genre.
- En effet. Néanmoins, on n'a pas pu faire le tour de l'île Jabberwock à notre réveil. Peut-être qu'on peut avoir des surprises puisqu'il s'agit d'un endroit plutôt reculé et privé ?
- Je doute fort qu'il y ait des love hôtels cela dit, sourit-il amusé.
- Haha, je n'ai mentionné ça à aucun moment mais le pire c'est que tu me tentes, je réplique en ricanant.
- J'me souviens très bien que tu l'avais suggéré quand on était dans le programme. Mais rien ne nous empêche de changer la donne. Des endroits tranquilles, on peut en trouver pleins. »
Il range dextrement son sabre dans son fourreau, toujours accompagné de ce même sourire taquin au coin de ses lèvres.
« D'ailleurs rafraîchis-moi la mémoire, c'était quand la dernière fois qu'on l'a fait avant que l'on entre dans le programme ? », je lui demande d'un air interrogatif.
Il réfléchit un instant avant de reprendre la parole.
« Je sais plus si c'était à la station métro près de Kabukichō ou dans l'un des love hôtels de Shibuya. Hmm, je crois que c'était à la station métro... J'sais pas si tu te souviens c'était après avoir fait la peau à ce connard de Kuzuse et sa bande de la famille Kojō.
- Oui il n'y avait plus personne dans les souterrains de la ville puisqu'on avait assassiné tout le monde. D'ailleurs avec le recul de maintenant, je ne suis pas du tout enchanté de l'avoir fait près d'une boucherie. Je le regrette même. Mais quand tu es en plein dans le désespoir, tu ne te rends parfois pas compte de ce que tu fais.
- Ouais c'est vrai... mais si on oublie le décor et le contexte, avoue que c'était pas si mal sur les bancs, me sourit-il à nouveau d'un air taquin.
- Évidement, j'esquisse un sourire en retour. Personne ne fait l'amour mieux que toi, et ce, peu importe le lieu. »
Satisfait de mon compliment, il détourne le regard en se mordant la lèvre inférieure.
« Pour de vrai ?, demande t-il confirmation.
- Oui. Du moins, pour moi tu l'es. », je secoue vivement la tête.
Il inspire alors un bon coup avant d'enfoncer ses mains dans les poches et de changer de sujet.
« Au fait, je me demandais... Tu penses que ce serait possible que tu me fabriques un œil de verre quand t'auras un moment ou l'envie ? J'ai balancé l'œil d'Enoshima dans l'océan tout à l'heure. Pas moyen que je garde un morceau de cette tarée sur moi... Quel con j'ai été d'avoir fait ça, putain.
- Ne sois pas aussi dur envers toi-même. Son lavage de cerveau nous a tous mené à faire des erreurs, dis-je en m'approchant bienveillamment de lui avant de lui tapoter et caresser le haut du dos. Et t'inquiète pas, je t'en fabriquerai un de magnifique après la mission. »
Il acquiesce en hochant la tête et fixant le sol silencieusement. Alors que je glisse avec douceur ma main libre dans la sienne enveloppée de son gant en cuir noir, Fuyuhiko redresse son visage dans ma direction avant de m'embrasser affectueusement. Après quelques instants, notre baiser est stoppé par l'intervention de Kazuichi qui se tient sur le pas de la porte, d'un air ennuyé.
« Ahem, désolé d'interrompre vos ébats amoureux mais j'ai besoin de ton aide Kagami pour bricoler pas mal de robots de combat.
- Là, maintenant ?, lance le Yakuza Ultime un brin agacé par la situation. Tu pouvais pas quémander son aide plus tôt ?
- Ben non puisque ça fait dix minutes que je le cherche.
- Pourquoi tu ne prends pas une des armes qu'il y a ici au lieu de faire chier le monde ? Regarde, t'as le choix, non ?
- Ouais sauf que je ne m'appelle pas Fuyuhiko Kuzuryû qui a vécu toute sa vie entouré d'armes. Moi j'sais pas en utiliser donc j'me crée mon propre matos et mes propres robots qui se battent à ma place, pigé ? C'est pas pour moi les combats de front.
- Pff, t'es qu'une couille molle.
- Qu'est-ce t'as dit ?!, s'énerve Kazuichi en retroussant ses manches.
- C'est bon, c'est bon, du calme. Je te suis. », je l'arrête en le ramenant gentiment vers l'entrée de la pièce.
Je lâche un léger soupir, un peu embêté, avant de tourner la tête vers Fuyuhiko.
« On se voit plus tard, lui dis-je en souriant et lui faisant un petit clin d'œil avant de m'éloigner et emprunter la coursive en compagnie du Mécano Ultime.
- Si tu me cherches, je serai sur le pont. (Je l'entends déclarer derrière moi.)
- Ça marche ! »
Pendant que Kazuichi me conduit vers la salle dans laquelle se trouve tout son matériel et ses outils, je lui demande combien de robots il projette de fabriquer.
« Une bonne cinquantaine, ce sera pas mal. J'ai pas l'intention de me faire toute leur escouade de toute façon. C'est histoire de me frayer un chemin ou de me défendre, tu vois le genre ?
- Oui. (J'acquiesce.) Et tu as déjà une idée de leur design et de leur conception ?
- Oh je ne vais pas me casser la tête à réfléchir à quelque chose de nouveau, tu sais. Je pense que je vais rester sur les bases de Mininidai en y ajoutant un système d'autodestruction. J'ai pu récupérer du matos dans la cale du navire ; ce sera amplement suffisant. »
Leur fabrication nous demande seulement qu'une vingtaine de minutes. Heureusement à deux, cela nous paraît moins long et fastidieux. Nous discutons de tout et de rien. De Sonia-san et de ses agissements à l'échelle du monde, macabres et anciens. Même si la Princesse Ultime plongée dans le désespoir fait désormais partie d'un temps révolu, Kazuichi ne cesse de l'idolâtrer pour sa personne et ce qu'elle était. Même en ce qui concerne ses erreurs, il ne les perçoit guère de cette façon, l'excusant entièrement en rejetant toute la faute sur Junko Enoshima. Si Sonia-san a assassiné ses parents pour s'emparer du trône familial, c'est à cause de Junko Enoshima. Si Sonia-san a régné sur son pays au travers de la dictature et du désespoir, c'est à cause de Junko Enoshima.
Je n'en veux pas à Kazuichi de raisonner ainsi, mais je pense que nous avons tous quelque part une part de responsabilité dans nos méfaits d'autrefois, même si nous étions envoûtés par le lavage de cerveau du Désespoir Ultime originel. Néanmoins, je me suis abstenu de lui dire car je ne veux pas le froisser dans ses sentiments ni même le blesser émotionnellement. Se persuader que le chaos dans lequel le monde est en train de se noyer émane uniquement des vices de Junko Enoshima, je me dis que c'est probablement sa façon à lui de surmonter les événements et de se pardonner, autant pour lui que pour les autres.
Les cinquante Mininidais terminés, je salue Kazuichi et me dirige vers le pont. Owari-san et Nidai-kun ont déjà entamé leur échauffement. Soudain, ce dernier m'aperçoit puis s'arrête un instant pour me faire un signe de la main afin que je les rejoigne.
Fuyuhiko se tient face à l'océan, accoudé contre le bastingage du navire et le visage dirigé vers l'horizon. Il maintient le bord de son chapeau à l'aide de sa main droite tandis que sa longue veste sombre ondule doucement sous l'effet du vent.
Alors que je m'approche d'eux, le Yakuza Ultime finit par se retourner dans ma direction suite aux appels à mon égard et enjoués de Nidai-kun.
« T'es sûr de ne pas vouloir te joindre à nous, Kuzuryû ?, semble t-il lui reproposer.
- Bon OK... (Il soupire en même temps de s'éloigner de la rambarde.) J'viens si t'y tiens tellement. »
Fuyuhiko pose son katana et moi ma batte près de la porte de la coursive.
« Alors ? J'me fais qui ?, lance impatiemment et assurément Owari-sanen frappant sa paume de main avec son poing.
Je vais prendre Satoru, déclare Nidai-kun. Ça fait un moment que je ne l'ai pas supervisé. J'aimerais un peu constater de ses progrès.
- OK, j'me fais le bébé gangster alors !, se tourne t-elle dans sa direction en se mettant en position de combat.
- Je t'ai déjà dit d'arrêter avec ce nom à la con. », grommelle Fuyuhiko en faisant de même.
Nidai-kun esquisse un sourire amusé, désireux de poursuivre son échauffement en ma compagnie.
« Cela doit bien faire sept ans que je n'ai pas vu ce visage flegmatique en tant qu'adversaire. J'ai hâte de voir ce que t'as dans le ventre, mon grand !
- J'espère ne pas te décevoir. » (Je souris de façon amicale en réponse tout en m'échauffant quelques articulations.)
De chaque côté, les combats à mains nues s'engagent. Additionnant les techniques que m'avaient apprises Nidai-kun avec celles du Clan Kuzuryû, je ne laisse entrevoir aucune ouverture à mon adversaire et riposte face à chacune de ses offensives.
Nos échanges durent quelques minutes. De temps en temps, j'entends l'agacement de Fuyuhiko mêlé au divertissement d'Owari-san à travers des cris de joie.
La proue du navire commence à plonger violemment dans les vagues, nous faisant parfois perdre l'équilibre. Lorsque soudain, une pluie torrentielle vient à s'abattre sur nous, nous obligeant à cesser les affrontements.
« Quoi ?! Il pleut ?! Zut, je commençais à bien m'amuser !, s'exclame la Gymnaste Ultime.
- Tu t'es beaucoup amélioré, Satoru !, me félicite l'Entraîneur Ultime. Continue sur cette lancée ! Ça a été un plaisir de faire ce petit échauffement avec toi.
- Le plaisir est partagé. » (Je réponds en inclinant légèrement la tête en signe de respect.)
L'escouade de Byakuya Togami vient à notre rencontre pour signaler notre arrivée. En effet, le navire entame ses manœuvres d'accostage pendant que nos camarades se regroupent sur le pont malgré la pluie. Hinata-kun souhaite nous rappeler notre objectif : celui de retrouver Ryôta Mitarai et de l'empêcher de diffuser sa vidéo « Hope ». Il ajoute également de secourir et d'aider les potentiels survivants si nous en rencontrons en chemin. Tout le monde acquiesce en chœur.
Fuyuhiko se rééquipe de son katana, et moi de ma batte en aluminium, puis nous descendons du bateau en compagnie des autres une fois à destination.
Le ciel est sombre et nuageux, poursuivant l'écoulement de sa pluie torrentielle sur le quartier général de la Fondation du Futur. Plusieurs soldats et Monobêtes bloquent les accès de tous les bâtiments. Sans ménagement, Nidai-kun se précipite vers les machines de combat, accompagné des Mininidais télécommandés par Kazuichi.
Au même moment, Mioda-san (qui avait rapidement installé sur le terrain d'immenses enceintes avec l'aide de l'escouade de Byakuya Togami) se met à jouer et chanter son meilleur heavy metal afin de distraire et évanouir les soldats ennemis ; dans le but de nous ouvrir le chemin vers les bâtiments.
Chacun pénètre alors au sein de ces derniers via les divers accès, à présent libres. Fuyuhiko, Pekoyama-san et moi restons naturellement groupés comme nous le faisions par le passé, ou même, lorsque nous exercions notre emprise sur le monde en tant que membres des Rémanents du Désespoir.
Alors que nous maintenons nos recherches sur la position de Ryôta Mitarai, de nouveaux soldats armés et hypnotisés se dressent sur notre route parmi les nombreux couloirs appartenant à l'agencement du bâtiment. Ni une ni deux, Fuyuhiko sort son revolver et vide son barillet en abattant six d'entre eux avant de se mettre à couvert dans un des couloirs adjacents. Pendant ce temps, Pekoyama-san et moi chargeons sur nos adversaires, nos armes de mêlée en main. Esquivant habilement leurs projectiles, nous atteignons finalement leurs propriétaires afin de violemment les assommer à l'aide de nos techniques de combat.
Fuyuhiko, qui avait rechargé son Colt et nous demandant de faire attention, annihile les derniers survivants encore debout et dangereux.
L'affrontement terminé, il s'approche de nous, esquissant un sourire en coin tout en rangeant son arme à la ceinture de son pantalon.
« Je savais bien qu'un katana en bambou t'irait mieux qu'un katana en bois, déclare t-il à l'égard de Pekoyama-san.
- En effet. », lui sourit-elle respectueusement en retour.
Continuant nos recherches, nous découvrons le cadavre de Seiko Kimura, suspendu à un mur sévèrement endommagé, accompagné d'un couteau planté au niveau du cœur. Elle est presque méconnaissable en raison de son abondante chevelure qui lui recouvre presque l'entièreté de son visage.
« Kimura..., marmonne Fuyuhiko d'un air sombre.
- Seiko Kimura, la Pharmacienne Ultime..., j'ajoute doucement. Je me souviens que j'allais souvent lui rendre visite pour tes soucis de digestion. Avec le temps, nous avons fini par devenir bons amis. J'ignorais néanmoins qu'elle avait rejoint la Fondation du Futur...
- Moi aussi..., acquiesce t-il en serrant les poings et les dents. J'espère que le connard qui lui a infligé ça, pourrit bien en enfer. »
Il retire le couteau du corps maculé de sang séché qu'il jette ensuite violemment au sol. Le bruit métallique de la lame résonne légèrement le long des couloirs vides dans lesquels l'odeur de la mort ne cesse de dominer.
Probablement alertés par le son, de nouveaux soldats font leur apparition. Contrairement aux précédents, et cette fois-ci au nombre de trois, ils possèdent des armes plus sophistiquées. L'un tient un fléau, le deuxième une hast Naginata et la dernière un nunchaku.
« Qui se fait qui ?, nous demande Fuyuhiko, le sourire au coin des lèvres.
- Je peux prendre le costaud au fléau si vous voulez, je propose avec indifférence.
- Prenez celui que vous désirez, Bocchan. Je me chargerai de la personne qui reste, se met Pekoyama-san en position de combat, équipée de son sabre en bambou.
- OK, j'vais me faire la tronche de cake à la lance alors. », sort adroitement Fuyuhiko son katana de son fourreau.
Nos assaillants ne se font pas prier pour se ruer sur nous. Immédiatement, je me défends des premières attaques au fléau de mon adversaire à l'aide de ma batte, tout en usant de mes techniques de combat à mains nues pour tenter de l'affronter de front.
Les combats s'entament à travers divers coups, chocs et sons que nos armes émettent au contact des leurs. Malgré mes tentatives, je ne parviens pas à atteindre mon ennemi avec mes poings ou mes jambes en raison de son arme qui me fait barrage. En effet, l'immense masse de fer, munie de têtes de clous et retenue par sa chaîne, ne cesse de briser la plupart des murs sous chacune de mes esquives causant les grognements enragés de son utilisateur.
Patientant au moyen de quelques feintes que mon opposant se fatigue un peu, je finis par sortir mon Beretta et lui tire une balle dans la main pour lui faire lâcher son arme.
Le retentissement du coup de feu distrait Fuyuhiko. Son adversaire en profite alors pour l'étrangler en se dressant derrière lui, tout en pressant la hast à l'horizontal contre sa gorge. Les gémissements d'agonie du Yakuza Ultime alertent Pekoyama-san et moi, cependant, nous sommes dans l'incapacité de lui venir en aide en raison de nos ennemis qui nous barrent immédiatement la route.
Alors que je m'apprête à viser le front de l'homme hypnotisé (que je ne voulais initialement pas tuer) pour venir au secours de Fuyuhiko, ce dernier hurle difficilement de rester là où nous sommes avant de brandir son poignard et de le planter dans la cuisse de sona ssaillants, puis de le retirer violemment, laissant gicler un filer de sang.
Sous l'effet de la douleur, son ennemi le libère avant de reculer de quelques pas et se laisser tomber sur un genou tout en inspectant brièvement sa blessure. Reprenant sa respiration, Fuyuhiko récupère son chapeau qui avait glissé de sa tête lors de l'étreinte de son opposant, le remet à sa place, puis reprend de nouveau une posture de combat (katana et couteau dans chacune de ses mains).
« Allez, ramène-toi, connard ! J'ai pas fini de te faire la peau ! », lance t-il de vive voix et inclinant un bref instant son visage sur le côté.
Prudemment et au même moment, je range mon revolver à ma ceinture et jette ma batte pour poursuivre le combat avec mon adversaire, cette fois-ci à mains nues. Bien que sa main droite soit blessée par ma balle, l'homme ne retient pas ses coups. Sa carrure me rappelle celle de Nidai-kun, ce qui me permet de l'identifier à celui-ci afin de prendre davantage confiance en moi pour l'affronter.
Finalement, notre duel ne dure que quelques instants car je réussis à lui faire perdre connaissance en mettant toute ma force dans mon poing qui a atteint son estomac via une ouverture que j'ai eu l'occasion de saisir.
Du côté de Pekoyama-san, celle-ci parvient également à vaincre son ennemie à l'aide d'un coup bien porté à l'arrière de la tête, comme elle avait fait dans le Programme Neo World pour se débarrasser de Koizumi-san.
Enfin, l'adversaire de Fuyuhiko ressemble désormais à de la charcuterie baignant dans une marre de son propre sang. D'un air détaché et impassible, il essuie ses lames avec un mouchoir avant de se tourner vers nous pour nous informer qu'il a terminé, et que l'on peut de ce fait, donner suite à nos recherches.
Je ramasse alors ma batte en aluminium puis nous continuons notre chemin à travers les nombreux couloirs du bâtiment. Nous sortons finalement de celui-ci, puis, nous nous regroupons avec nos camarades qui ont également réussi de leur côté à se frayer un chemin en direction du dernier bâtiment qu'il nous reste à inspecter. Sans surprise, Hinata-kun se trouve déjà à l'intérieur en train de converser avec Ryôta Mitarai.
« J'en ai assez de la souffrance et de la tristesse, se lamente ce dernier avec agacement. On sera bientôt dans un monde sans désespoir !
- C'est barbant, répond notre leader tandis que nous pénétrons tous silencieusement dans la salle et que nous nous alignons horizontalement derrière lui. On ne sentirait plus rien à la perte d'un être proche. C'est vraiment ça, l'espoir que tu imagines ?
- Les gens forts comme vous ne peuvent pas comprendre ! Nous autres, nous sommes faibles ! »
Il nous observe chacun notre tour, les poches sous les yeux, avec inquiétude et décontenance.
Après quelques instants, Hinata-kun reprend calmement la parole : « Moi non plus, je ne suis pas fort. Sinon je n'aurais pas de regrets. C'est pareil pour toi, n'est-ce pas ?
- ... Évidemment que je regrette..., baisse l'Animateur Ultime le visage en sanglotant tout en serrant amèrement les poings et les dents. C'est ma faute si Junko Enoshima a créé la vidéo du désespoir ! ... C'est ma faute... si tant de gens sont morts ! ... Aujourd'hui encore, des gens continuent de mourir ! Vous aussi, sans moi, vous auriez pu avoir une scolarité heureuse ! ... Tout ça... (Il presse ses bras contre lui tandis que son expression corporelle repliée sur lui-même traduit de la honte et de l'humilité.) c'est parce que j'ai fui... Tout est de ma faute...
- Si c'est ce que tu veux croire, d'accord. C'est pour ça que tu supprimes le désespoir ? Tu veux réécrire le monde ? Faire comme s'il ne s'était rien passé ? »
Mitarai-kun reste muet, le visage abattu et triste.
« Ne te défile pas, ajoute flegmatiquement Hinata-kun mais compréhensif.
- ... Ça vous convient la situation, à vous ?... À cause de moi et d'Enoshima... vous avez sombré dans le désespoir...
- J'aimerais effacer ce temps-là. Mais elle... (Il regarde intensément la barrette de la Gameuse Ultime au creux de sa main droite.) Nanami... Je ne peux pas faire comme si elle n'avait pas existé. C'est grâce à elle si on est en vie, maintenant. Je ne peux pas faire disparaître ça. »
L'Animateur Ultime redresse doucement le visage, les yeux couverts de larmes.
« On a survécu, alors il nous faut expier nos fautes, sourit Nidai-kun.
- C'est là le destin des survivants, ajoute Tanaka-san l'air mystérieux.
- ... Expier nos fautes ?, répète Mitarai-kun confus et sanglotant. C'est impossible, on ne peut pas... Personne ne nous pardonnera...
- On ne se rachète pas pour se faire pardonner, explique Sonia-san confiante.
- Exactement, acquiesce Kazuichi d'un large sourire révélant ses rangées de dents acérées.
- Je ne comprends plus ce que je dois faire..., réplique Mitarai-kun en pressant de nouveau ses bras contre lui avec anxiété et incertitude.
- Tu avais tort. Mais nous aussi. On a tous eu tort, répond chaleureusement l'Imposteur Ultime en adoptant l'apparence de notre interlocuteur.
- Non, vous n'y êtes pour rien..., recule t-il d'un pas. Tout est uniquement de ma faute ! »
Un silence s'installe un instant, puis, Hinata-kun lui fait une proposition.
« Que dirais-tu de venir avec nous ? »
Les nuages dans le ciel se dispersent laissant entrevoir quelques rayons de soleil.
« ... Venir... avec vous ?
- On va tous rester ensemble, maintenant. », lui sourit amicalement Hinata-kun.
Tout le monde acquiesce, étirant également nos lèvres en signe de bienveillance. Mitarai-kun baisse à nouveau le regard d'un air honteux et triste, les larmes glissantes le long de ses joues.
« Je ne le mérite pas...
- Il n'y a pas besoin de mérite pour être camarade de classe, déclare Hinata-kun avec assurance.
- Regarde, lui, s'approche jovialement Kazuichi en posant la main sur l'épaule de notre leader. Il était aux cours préparatoires à la base. »
La remarque du Mécano Ultime à son égard fait rire Hinata-kun de gêne.
L'Animateur Ultime larmoie puis se retourne et annule le compte à rebours qui avait pour but de déclencher la transmission en direct de sa vidéo « Hope ». Il s'effondre finalement sur les genoux, noyé dans ses pleurs. L'Imposteur Ultime accourt vers lui pour lui prêter soutien ; descend à sa hauteur et le serre affectueusement dans ses bras robustes. Peu à peu, Mitarai-kun se calme et nous remercie de l'accepter parmi nous. Chacun sourit en retour, soulagé que la situation s'achève de cette façon.
Le soleil montre ses dernières lueurs tandis que nous regagnons le navire qui nous avait emmené au quartier général de la Fondation du Futur auparavant. Sous la demande de Hinata-kun, nous diffusons au monde entier une vidéo de faux message de désespoir dans laquelle, en tant que Rémanents du Désespoir, nous nous présentons comme les responsables du jeu meurtrier qu'était le « Final Killing Game » afin de préserver la crédibilité de la Fondation du Futur.
Sur le chemin de retour vers l'île Jabberwock, un vent léger se lève sur le pont, mélangé à l'odeur de grillade que Hanamura-kun est entrain de préparer. Un bras accoudé à la balustrade, la batte posée contre l'autre épaule, je fixe silencieusement l'horizon teinté de rose et d'orange.
Humer l'odeur de l'océan me rappelle les promenades que je faisais parfois le long de certaines côtes de l'île Jabberwock. Bien que cela se produisait dans le programme thérapeutique, nos sens étaient tout aussi réceptifs que si ça avait été la réalité. Lors de cette période difficile et cauchemardesque que nous avions due subir, contempler l'océan et écouter le roulement des vagues permettaient tout de même de décompresser un peu. Je ne sais pas si je peux en quelque sorte dire que nous avons eu de la chance que notre épisode de tuerie organisée se soit déroulé en « extérieur » et à plus forte raison dans une simulation. Même si nous en avons récolté quelques séquelles psychologiques, je me dis que ce n'est rien comparé à la « vie scolaire meurtrière » orchestrée dans l'enceinte de l'Académie Kibôgamine ou encore juste récemment avec le « Final Killing Game » ayant pour terrain « de jeu » l'ensemble du quartier général de la Fondation du Futur. Tenter de survivre dans un lieu confiné pendant plusieurs jours sans moyen d'avoir ne serait-ce qu'une vue sur le monde extérieur, telle une lueur d'espoir sur laquelle s'accrocher tandis que l'on observe ses camarades tomber les uns après les autres avec impuissance... Nous avons eu un échantillon de ce que c'était dans le Palais du Rire, mais je ne peux imaginer la peine et les cicatrices de tous ceux qui ont survécus à ces événements tragiques respectifs... Tout comme devoir aller de l'avant en mémoire de leurs camarades...
Pour nous, la seule perte à devoir surmonter dans notre groupe est celle de Chiaki Nanami, la Gameuse Ultime. Je n'ai que des bribes de souvenir de nos années de lycée. Je ne connais pas beaucoup de choses la concernant mais si je devais me fier à l'IA créée à son image pour le Programme Neo World, je ne peux nier le fait qu'il s'agissait d'une amie précieuse sur qui l'on pouvait compter, c'est certain. Elle faisait de son mieux pour nous guider vers la meilleur direction lorsque nous nous retrouvions dans une impasse, tout comme Yukizome-sensei lorsque nous rencontrions des difficultés même quand ça ne concernait pas le domaine scolaire. Elle savait nous motiver et ses conseils étaient toujours précieux. J'espère qu'elles reposent en paix de là où elles sont.
Mélangés aux légers bruits de fond de mes camarades qui discutent jovialement entre eux et le son paisible de la houle que produit l'océan, je distingue peu à peu derrière moi quelques pas solitaires qui approchent.
« À peine sortis que l'on rentre déjà..., soupire une voix familière.
- Pekoyama-san n'est pas avec toi ?, je demande un peu curieux en tournant le visage dans sa direction, tandis que je le suis du regard jusqu'à ce qu'il atteigne la rambarde du navire sur ma droite sans pour autant s'y appuyer.
- Envie soudaine et pressante. Pourquoi ? T'voulais lui demander quelque chose ?
- Non pas spécialement, je me demandais juste pourquoi tu venais seul. Par contre, j'espère qu'elle n'a pas le mal de mer...
- T'en fais pas, j'pense pas. Mais bon quand elle reviendra je lui demanderai quand même si ça va juste comme ça ou dans le cas où elle prendrait trop de temps.
- Oui. Puis Tsumiki-san devrait peut-être avoir quelque chose pour la soulager le temps du trajet si jamais c'est de quoi il est question.
- T'inquiète pas pour elle. C'est pas une petite courante ou une nausée qui va la mettre mal. C'est rien à côté de tout ce qu'on a vécu ensemble. », sourit-il, les mains plongées profondément dans les poches de sa longue veste sombre.
Nousnous mettons à fixer silencieusement l'océan quelques instants. Alors que Fuyuhiko gonfle ses poumons comme pour relâcher tout le stress qu'il avait accumulé jusqu'à maintenant à travers un long soupir de soulagement, je reprends calmement la parole.
« Maintenant que Hinata-kun nous en donné la possibilité... Est-ce que tu as une vision de ce que pourrait être ton futur, Fuyuhiko ? Et avec les moyens actuels, le penses-tu réalisable ?
- Hmm, j'ai pas encore eu trop le temps de réfléchi à ça. Après tu sais... En dehors du monde de la mafia, j'suis pas du genre à penser ou réfléchir aussi loin dans le futur. J'préfère profiter de l'instant présent autant que possible sans me prendre trop la tête. Tant que le moment me convient et que j'peux m'adapter en fonction de ce qui arrive à moi, le reste je m'en branle un peu pour être honnête. Cependant, si un objectif précis me vient en tête, bien sûr que j'essaierai de faire en sorte de le réaliser peu importe le moyen.
- Dit comme ça, ça me fait penser à l'idée des missions que tu avais l'habitude de remplir dans le milieu des affaires. Mais ici comme le contexte est différent, j'ai l'impression qu'on pourrait appeler ça les « missions de vie ».
- Les missions de vie ?, répète t-il un peu surpris avant d'esquisser un sourire satisfait. J'aime bien comment tu perçois ça. Ça donne un sens un peu plus cool à notre existence.
- Je pense qu'on peut avoir plusieurs ou bien qu'une seule mission de vie, dis-je en ne quittant pas des yeux l'horizon. Comme n'importe quelle mission, on peut la recevoir tôt ou bien plus tard, aussi minime ou importante soit-elle. C'est un peu comme ça que je le vois. Par exemple, celle de Yukizome-sensei et de Nanami-san était de nous guider vers un avenir meilleur pour chacun d'entre nous. Pour Hinata-kun, grâce à l'acquisition de tous les Ultimes, je pense qu'il pourrait s'agir du fait de poursuivre leur mission en libérant le passage des obstacles qui s'y dressaient. Celle de Junko Enoshima était peut-être indirectement de forcer l'humanité à repartir de zéro pour renaître et se renouveler. Je pourrais citer d'autres exemples, mais j'imagine que tu comprends ce que je veux dire.
- C'est vrai que vu sous cet angle, les choses ont l'air d'avoir plus de sens.
- Je pense qu'il est libre à chacun d'y voir du sens ou non. D'en donner ou non. D'y croire ou non. Parce que chacun est seul maître à bord de son navire, sur l'immense océan qu'est la vie. »
~~~~~~ FIN ~~~~~~
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