II. Où l'on apprend qu'on n'est pas là en touriste
Trouver le gymnase s'avéra... Plus compliqué que prévu.
D'un côté, il y avait ceux qui vantaient leurs capacités à se repérer, donc forcément, nous les suivîmes, avant de se rendre compte qu'ils avaient en le sens de l'orientation d'un manche à balai (Gaika, Hayami et Rā ainsi que Mairo comptaient parmi ceux-là), et de l'autre ceux qui savaient réellement se diriger, souvent grâce à leurs talents (Comme Blue, Tomoé, Lisa, Hamami et Tsubasa) et ceux qui suivaient (Donc moi et tous les autres).
Finalement, c'est rouges et essoufflés (Bien sûr, exception faite de Rā qui commençait sérieusement à nous agacer) que nous arrivâmes devant une immense porte.
- Je crois que c'est ici, murmura Blue.
- De toute façon, on a essayé toutes les autres portes, alors... soupira Hayami.
- À qui la faute, d'après toi ? grogna Kiwa.
- Bon, disputez-vous si vous voulez, moi, j'entre, décida Miles avant de pousser prudemment la porte, n'ayant aucune idée de ce qui pouvait bien se trouver derrière....
Mais heureusement, c'était un gymnase de tout ce qu'il y avait de plus banal, avec une estrade au fond, sur laquelle trônait un bureau avec un micro. Sûrement pour les discours...
- Le royaume de Lisa-san et de Tsuyoshi-kun, plaisanta Tsubasa.
- Et donc ? Cette cérémonie d'entrée ? souffla Hibiki qui semblait avoir hâte d'en finir pour refiler sa charge à quelqu'un d'autre.
- BONJ-OURS !! claironna bruyamment la même voix nasillarde que celle d'avant.
Et c'est alors que sous nos yeux écarquillés, quelque chose jaillit de derrière le bureau et y sauta à pieds joints.
Et il s'agissait...
D'un étrange ours en peluche, de petite taille. Un côté de son corps était blanc avec un visage d'ours normal, tandis que l'autre, avec un drôle d'œil rouge, semblait... presque démoniaque.
- ... Qu'est-ce que c'est que ce truc ? lâcha Kiwa.
- Une... peluche... ? continua Mairo.
- Chuis déçu, je m'attendais à quelque chose de plus impressionnant, moi... souffla Hayami, les épaules affaissées.
- Hayami, la ferme, grinça Tsubasa.
- En tout cas, commenta Miles, amusé, la voix va bien avec le personnage...
L'ours sembla contrarié, et sortit alors ses griffes d'une de ses pattes.
- Cessez de me manquer de respect ! Je ne suis pas une peluche ! Je m'appelle Monokuma, et je suis le principal de cette Académie, la Hope's Time Academy !
Monokuma
Hope's Time Academy's Principal
Kiwa lâcha un petit rire nerveux.
- N'importe quoi... Le principal... Un... ours en peluche ? C'est complètement dingue ! Vous allez croire ça ?
- La preuve que c'est la vérité est devant nous, alors oui, répondit Morgane, qui ne semblait pas le moins du monde surprise.
- Il est sûrement robotisé, ça m'étonnerait qu'il soit vivant, leur fis-je remarquer.
- Une intelligence artificielle serait le plus probable, dit Tomoé.
- Écoutez, c'est bien joli tout ça, mais il reste une question. Pourquoi on est ici ? Car c'est toi qui nous a amenés, pas vrai ? lança Hibiki à l'intention de "Monokuma".
L'ours fit un petit tour sur lui-même, l'air satisfait.
- Bien sûr que c'est moi ! Et pour ta première question, j'attendais que l'un de vous soit assez intelligent pour la poser...
Il marqua alors une petite pause qu'il devait juger théâtrale - mais qui fut simplement ridicule - pour ménager son effet, avant d'éclater de rire :
- Pour vous entretuer, voyons ! HA HA HAAAAA !
...
...
.....
Je restai sans voix.
- HEEEEEEEEIN ?! s'écria Tsubasa.
- N-Nous... Nous ent... C-C'est une blague, pas vrai ? s'écria Mairo, l'air paniqué.
- Nous avons été envoyés ici... pour... ça ? murmura Blue, éberlué.
- Cet ours est complètement taré !! cria Kiwa.
- C-Calmez-vous ! s'exclama Lisa, l'air pourtant aussi effrayée que nous. Attendons la suite de ce qu'il a nous dire !
- Elle a raison, pour l'instant, je ne vois pas pourquoi nous nous entretuerions, renchérit Rā.
- Upupu... Pourquoi vous entretuer ? C'est simple, voyons, ricana Monokuma.
- Il ne va donc jamais s'arrêter de ricaner ? souffla Alexeï.
- Vous entretuer est le seul moyen pour vous de sortir d'ici !!
- C-Comment ça ? demanda Ritsu.
- Ouais, abrège ! s'écria Gaika. On n'a pas que ça à foutre !
"Hum... Pour l'instant, si..."
Monokuma secoua la tête, les bras croisés.
- Ah là là, ces jeunes, il faut toujours qu'ils veulent tout, tout de suite... C'est bien malheureux... Mais bon, comme je suis une bonne âme charitable, je vais tout vous expliquer !
Il prit encore une pose théâtrale.
- Je ne suis pas si méchant, vous savez... J'ai des rêves, moi aussi, et-
- ACCOUCHE !! braillèrent Kiwa et Gaika à l'unisson.
- Uuuuuh ! Vous n'avez pas honte d'être aussi méchants avec moi ?! Enfin, bon... Mon rêve, disais-je, c'est que les seize Ultimes ici présents vivent harmonieusement en communauté dans ma magnifique académie, sans aucun contact avec ce monde extérieur corrompu et pourrissant... Seulement, si jamais l'un de vous venait à perturber cette harmonie en tuant quelqu'un, alors, après une enquête, nous ouvrirons un procès de classe dans le tribunal de l'école, où vous débattrez pour trouver l'identité du perpétrateur du meutre ! Vous voterez contre celui que vous pensez être le tueur. Siamais le meurtrier est correctement identifié, il sera puni et vous pourrez reprendre votre vie en communauté ! En revanche, si vous votez contre un élève innocent, tous les innocents seront punis, et le meurtrier sera diplômé !
- Vous parlez sans arrêt de "punition"... Qu'est-ce que ça signifie ? l'interrompit Miles, les dents serrées.
- Oh... Tu es le Juge Ultime, pas vrai ? Je suis sûr qu'au fond de toi, tu connais déjà la réponse...
Il éclata à nouveau de rire.
- La punition signifie la mort, bien sûr ! HA HA HAAAAA !
Personne n'eut de réaction aussi violente qu'à la première révélation, nous nous y attendions tous.
- Et tu dis que le meurtrier sera diplômé... C'est-à-dire ? continua Tomoé.
- Lorsque vous êtes diplômés d'une école, cela signifie que vous pouvez en sortir, non ? répondit Monokuma.
Cette fois, les réactions ne se firent pas attendre.
- Ça veut dire que si on tue quelqu'un sans se faire prendre, on peut sortir ?! s'écria Kiwa, complètement hallucinée.
- Ç-Ça ne peut pas être le seul moyen de nous en aller, ce n'est pas possible ! bégaya Mairo.
- Et pourtant si, upupupupu... ricana Monokuma.
Il épousseta alors sa fourrure en soupirant.
- Bref... Laissez moi vous donner ce dont vous aurez ABSOLUMENT besoin pour votre vie ici !
- On ne compte pas vivre ici, grogna Gaika.
- Parce que tu penses vraiment avoir le choix ?
Il sortit alors un carton de derrière le bureau, duquel il sortit plusieurs enveloppes en papier kraft assez épaisses.
Il les envoya ensuite à chacun de nous, et je me retrouvai avec, dans les mains, une enveloppe avec mon nom dessus.
Je l'ouvris délicatement, et en sortit... Un téléphone portable estampillé d'un blason sur le coque, et une petite clé avec mes initiales gravées dessus.
- Ces appareils s'appellent des MonoPhones ! expliqua Monokuma. Si vous l'allumez, vous trouverez, très important, le règlement de la Hope's Time Academy, plusieurs informations de base sur vos camarades, comme la taille et le poids, ainsi qu'une carte simple de l'établissement. Vous aurez également besoin de le badger pour entrer dans certaines pièces ! Je ne tolère pas l'usurpation d'identité ! Quant à la clé, c'est celle de votre chambre. Elles sont toutes situées dans le même couloir, au premier étage, où vous vous êtes réveillés pour certains, et compte une petite salle de bain pour chacune ! Il y a également un verrou intérieur sur la porte principale et des volets blindés pour la fenêtre, alors vous pouvez dormir tranquille ! Faites bien attention à ne pas perdre la clé de votre chambre... Ou vous risquez de passer la nuit sur la moquette du couloir ! Oh, et, petite précision, seules les salles de bains des filles ont un verrou ! Je tiens à la pudeur de ces dames... Lisez donc le règlement, allez !
Nous allumâmes donc nos MonoPhones à contrecœur...
~ Bienvenue à la Hope's Time Academy ! ~
Nous espérons que vous vivrez tranquillement avec vos camarades dans notre belle académie !
Mais pour ce faire, il faut bien des règles ! Les voici :
Règle 1 :
Les Ultimes rassemblés ici sont supposés vivre en communauté dans l'Académie jusqu'à leur mort.
Règle 2 :
Après une enquête, un tribunal de classe aura lieu. Les élèves peuvent s'y rendre en allant dans la chapelle au fond du jardin. Il est obligatoire de participer au tribunal et d'y voter pour tous les élèves survivants.
Règle 3 :
Si le coupable est bien celui désigné par le vote, il sera puni et les étudiants pourront continuer paisiblement leur vie.
Règle 4 :
Si le coupable n'est pas celui désigné par le vote, tous les élèves innocents seront punis. Le coupable sera alors diplômé de la Hope's Time Academy et pourra sortir définitivement.
Règle 5 :
Tant qu'il reste des survivants, la Tuerie doit continuer jusqu'à ce qu'il ne reste plus que deux étudiants.
Règle 6 :
L'horaire de nuit se trouve entre 22 h et 7 h. Durant cette période, plusieurs lieux sont interdits :
- Le gymnase
- La piscine
- Les vestiaires
- La bibliothèque
Règle 7 :
Toute violence envers Monokuma est prohibée.
Règle 8 :
Monokuma n'est pas autorisé à participer aux meutres.
Règle 9 :
Monokuma préside le tribunal de classe, et de ce fait doit rester impartial et veiller à ce que le procès soit équitable.
Règle 10 :
Lors de la découverte d'un cadavre par trois élèves n'étant pas le tueur, une annonce de découverte du corps retentira.
Règle 11 :
Si le corps n'est pas découvert au bout de 72 heures, Monokuma fera une annonce pour indiquer où est le corps, histoire d'éviter que l'Académie n'empeste.
Règle 12 :
Un nouvel étage de l'Académie se débloquera après chaque procès de classe. Pour l'instant, vous n'avez accès qu'au rez-de-chaussée et au premier étage. Les Laboratoires de Recherche des étudiants se débloquent en même temps que les étages.
Règle 13 :
En cas de décès d'un étudiant, son laboratoire restera fermé définitivement, et il sera alors impossible d'y accéder.
Règle 14 :
Des scanners sont disponibles à côté de certaines portes, signifiant que vous devez y passer votre MonoPhone pour valider votre identité (notamment pour les vestiaires et les toilettes communes, non mixtes). Toute personne ne scannant pas son MonoPhone pour entrer dans une pièce qui le nécessite sera punie.
Règle 15 :
Il est interdit de se promener à l'intérieur en chaussures pendant l'horaire de nuit, vous dérangeriez vos camarades ! Vous pouvez en revanche les mettre dans le jardin pendant ce même horaire.
Règle 16 :
Les lumières sont coupées durant l'horaire de nuit, mais des lampes torches sont disponibles dans le tiroir de votre table de nuit et l'électroménager fonctionne encore également.
Règle 17 :
De nouvelles règles peut être ajoutées à n'importe quel moment, mais seule la règle 12 peut être modifiée directement.
~ Amusez-vous bien pendant votre vie scolaire à la Hope's Time Academy ! ~
Je levai les yeux de mon téléphone en soupirant. Cela faisait beaucoup, beaucoup de règles à retenir et à respecter...
- Bon, bon, bon, maintenant que vous savez tout, je vous laisse réfléchir à votre prochain meutre ! À pluche !
Et Monokuma disparut sans que nous ayons le temps de faire un seul geste.
L'abattement nous gagna, ce fut comme si une chappe de plomb s'abattait sur nos épaules.
Je finis par prendre la parole, d'une voix faible qui ne me ressemblait pas :
- ... Nous devrions aller nous coucher et attendre demain pour explorer cette académie et chercher une éventuelle sortie... Ces dernières heures ont été chargées.
Après quelques secondes de silence, des murmures approbateurs me signifièrent que tous étaient d'accord avec moi.
- Ça tombe bien, je commençais à avoir envie de pisser, ricana Hayami à voix basse, mais assez fort pour que tout le monde l'entende.
- Euh, dites, souffla Hibiki, est-ce que quelqu'un pourrait me relayer, là ? Il pèse quand même son poids, l'autre zigoto...
Kiwa lâcha un soupir excédé et se proposa, ce qui était certainement le premier acte pour le bien de la communauté qu'elle faisait.
Enfin... Elle se contenta de traîner Rā au sol, ce qu'il n'apprécia pas énormément, mais nous étions tous trop épuisés pour porter quoi que ce soit. Le fardeau qui pesait sur nos épaules était déjà énorme. Insoutenable.
Une fois arrivés au couloir du premier étage dans lequel se trouvaient nos antres, je souhaitais un vague bonne nuit à la compagnie et entrai dans ma chambre, la troisième sur la gauche, entre celles de Tsubasa et Hayami et en face de celle de Ritsu.
Sans oublier de fermer la porte à double tour, je me dirigeai jusqu'à mon lit, et m'y couchai toute habillée.
Deux minutes ne s'étaient pas écoulées que je dormais déjà.
Loin de toutes ces questions....
Dont aucune n'avait de vraie réponse.
(Règles de l'établissement inspirées de celle de Speicher59)
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