DRK VOLUME 3 - CHAP 1
CORRIGE par Floflosera
L'aube d'une nouvelle ère.
C'est comme ça qu'il l'avait appelé.
Ce qui nous attendait n'était pas simplement la tournure d'une page de calendrier, mais plutôt, la fin d'une ère pour le commencement d'une autre.
7 janvier.
Les vacances d'hiver s'étaient terminées, amenant un nouveau semestre scolaire.
De doux rayons passaient entre les volets, illuminant le visage fatigué de mes camarades. Alors même que la cloche avait déjà sonné, il y avait un air de léthargie dans la classe. Le seul indice de trace de vie était le bruit que faisait la craie sur le tableau.
Un fois la récréation officiellement proclamée, je marchai vers le bâtiment des collégiens.
Le siège de Kyoko Kirigiri était vide.
J'approchai un élève à proximité, qui me confirma son absence.
—Je ne l'avais pas vu depuis ce jour.
Le jour où nous étions sortis vainqueurs de l'enquête de l'hôtel Norman et où nous avons vu ce qu'il y avait derrière les rideaux de cet incident. Cet endroit où nous nous étions enfuies, tremblantes de peur.
En y repensant, nous séparer était une erreur. Je n'aurais jamais du lâcher sa main. Je ne l'ai pas empêché de rentrer chez elle, car je pensais que c'était le meilleur endroit pour elle. Donc après l'avoir accompagné chez elle, je suis rentrée au dortoir.
Les semaines suivantes n'étaient remplies que de jours banals, vide de toute enquête ou de duel noir. Mais, chaque moment où j'étais éveillée—quand je faisais mes devoirs, prenais ma douche, ou étais juste allongée sur mon lit—les images de ceux qui sont morts étaient gravées dans mon esprit. J'étais trop impliquée dans cette affaire. Je ne pouvais m'empêcher de penser que chaque seconde de paix, chaque heure complètement calme était juste un rêve.
Voulant parler avec Kyoko, j'essayais d'appeler sa maison, mais personne ne répondait. Pas elle, ni son grand-père, ni les femmes de ménage. C'était la même chose peu importe le moment de la journée.
Trouvant ça étrange, je voulus la voir en personne. Mais appuyer sur l'interphone n'incita aucune réponse. Les caméras de surveillance me regardaient froidement. De ce que je voyais au delà de la barrière entourant la résidence, personne ne semblait être là.
Quelque chose était-il arrivée à Kyoko?
Quand j'appris qu'elle ne venait plus en cours, j'étais extrêmement inquiète.
C'était comme si Kirigiri Kyoko avait disparu de ce monde.
Était-ce à cause du commité du catharsis des victimes ? Le chef de l'organisation, Mikado Shinsen, était d'une certaine façon connecté à son grand-père. Peut-être était-elle impliquée dans des problèmes entre les deux hommes.
Si elle avait été enlevée, alors ça devrait être un détective de classe[8] —ceux spécialisés dans les enlèvements—qui devrait s'en occuper. Donc cela voulait dire moi même.
Je la sauverai.
—Mais comme ça, je n'avais aucun moyen de savoir si elle avait été réellement kidnappée. Elle ne serait pas tombée dans les mains de l'ennemi aussi facilement. Étant la seule enfant de la lignée Kirigiri, elle possédait de grands talents que j'avais eu l'honneur de voir plusieurs fois.
Donc où était Kyoko ?
———
Traquer une personne disparue était l'une des responsabilités d'un détective.
Pour mon premier stop, je décidai de visiter la bibliothèque des détectives, espérant trouver un indice là bas.
La bibliothèque contenait des fiches sur approximativement 65,500 détectives. La collection était ouverte au public, laissant n'importe qui regarder sans temps limite. Toute personne ayant besoin d'un détective passait par ici.
Je descendis du bus après avoir vu la bibliothèque dans mon champs de vision, et passai à travers la grille vieillotte. La devanture avait une inspiration occidentale, et une fois rentrée, j'étais encore une fois face à une forêt de détective.
J'étais venue ici plusieurs fois dans le passé. Juste quelques jours avant, Kirigiri et moi y étions. Mais, même après tant de fois, se tenir devant tous ses portraits me donnait un sens de mystère, mais aussi d'appréhension face aux ténèbres qui s'abritaient ici.
Cette appréhension venait sans doute du fait que j'avais fait face à deux duels noirs. Je ne pouvais m'empêcher d'imaginer l'ombre du commité du catharsis des victimes sur le bâtiments.
En surface, la bibliothèque des détectives était un lieu neutre, libre de l'influence d'organisation. Mais était-ce vraiment le cas?
Mikado Shinsen, le fondateur du comité du catharsis des victimes, était aussi l'un des fondateurs de cet endroit. Les détectives choisis pour les duels étaient sélectionnés grâce à leur rang de la bibliothèque. De plus, le détective avec le rang le plus élevé, [000], avait rejoint Shinsen.
En prenant en compte ces faits, ça ne serait pas surprenant si l'organisation et la bibliothèque étaient encore plus liées que ça.
Si c'était le cas, j'étais en territoire ennemi, seule.
Mais tout va bien, je n'avais pas peur—
En tout cas, je n'avais pas peur en descendant du bus.
Pour compenser ma terreur, je marchais vers le comptoir avec la tête haute, même si je pense que la peur sur mon visage était toujours visible.
"Y a-t-il des messages pour moi ?" demandais-je, montrant ma carte au vieil homme aux cheveux gris avec un air d'apathie profonde derrière le comptoir. L'idée qu'il pourrait faire parti de l'organisation traversa mon esprit.
Il prit ma carte, n'y jetant qu'un coup d'œil avant de dire. "Il n'y a rien."
"Alors... mettez à jour mon dossier," demandais-je.
Avec des mouvements lents, l'homme mit ma carte dans la machine.
Après un bref moment, il y eut un bip, "Il n'y a aucune mise à jour."
"Attendez, vraiment ?"
L'employé me donna un hochement de tête avant de me rendre ma carte.
Ok, peut-être que je n'étais pas d'une grande aide durant le dernier Duel Noir, mais je m'attendais au moins à une petite augmentation. Hélas, la réalité était cruelle.
Je m'éloignai du comptoir et me dirigeai vers les étagères.
Des centaines de fichiers remplissaient l'espace. La pièce était vide, le silence romput uniquement par le bruit de mes pieds sur le sol luisant. Je parcourus les étagères avant d'arriver à la section [9]—détectives chargés d'homicide.
Je repérai la feuille de Kyoko, la pris, et commençai à la lire.
Rien n'avait changé depuis ma dernière visite. Il n'y avait toujours rien sur l'affaire de l'hôtel Norman. C'était peut-être car elle n'avait pas été convoquée à ce duel noir.
Mais non, l'affaire de l'observatoire Sirius y était reportée, alors même qu'elle n'avait pas été sélectionnée.
Alors, peut-être que l'affaire n'avait pas été rendue public. Il n'y avait eu aucun rapport à la TV ou dans les journaux.
Une idée survint d'un coup dans ma tête. Je me dirigeai vers l'étagère [900] et trouvai le dossier de Suisei Nanamura, le détective [00] invoqué pour l'affaire de l'hôtel.
Son dossier était rempli de ses nombreux accomplissements. Cependant, rien n'était écrit sur son affaire la plus récente. Les détectives étant mort avaient leur dossier mis à jour avec la date de leur mort, mais le dossier de Suisei n'avait rien de tel.
Je n'avais aucun doute sur le fait que Suisei soit mort. Après tout, il s'était tué avec un pistolet, devant mes propres yeux. Son corps, ainsi que l'hôtel, avaient disparu dans l'air.
Mikado Shinsen avait replié son mouchoir, et au même moment, le paysage s'était aussi replié. Ça avait tout d'un rêve.
Mais Kyoko m'avait assuré que ça n'en était pas un.
"Son mouchoir t'a empêché de le voir, mais je peux t'assurer que l'hôtel s'est replié dans le sol." avait-elle dit.
"'Replié dans le sol'?"
Après l'affaire conclue, nous étions revenues pour investiguer là où était auparavant l'hôtel, et nous avions découvert de minuscules trous en dessous des murs qui entouraient l'espace. Selon Kyoko, l'hôtel reposait sur une sorte de base en carton épais qui avait un axe tournant parcourant son centre, formant un mécanisme permettant à l'hôtel de se retourner dans le sol, laissant l'espace vide. Les murs servaient de camouflage, cachant les espaces dans la terre.
Kyoko acquiesça "Tu as théorisé que les murs pouvaient tourner pour que l'on puisse passer entre les pièces. Mais ce n'était pas les murs—mais le bâtiment lui même."
La raison pour laquelle Mikado Shinsen avait utilisé son mouchoir était pour camoufler le mécanisme. Un tour de passe-passe souvent utilisé par les magiciens.
Kyoko continua, "Une construction comme ça devrait être massive pour que le bâtiment puisse faire ça sans bruit. Peut-être que tous les endroits prévus pour les Duel noir ont le même mécanisme laissant les bâtiments disparaître en un clin d'œil. Ils sont normalement gardés hors de vue, et font surface seulement quand un duel est prévu."
"Mais alors qu'est-il arrivé au paysage autour ?"
"Il s'est plié et a disparu. Le paysage a sans doute été conçu pour pouvoir disparaître n'importe quand, comme ce qu'on utilisait dans les théâtres avant. Si on pense au Duel noir comme une sorte de film, il ne serait pas étrange que tout soit fabriqué."
Kyoko était confiante de sa théorie, mais je ne pouvais me débarrasser de mon scepticisme. Le commité du catharsis des victimes organisaient des duels dans plusieurs lieux différents. Pouvaient-ils vraiment faire ce genre de chose dans tous ces endroits ? Tout l'argent du monde ne pourrait pas faire ça.
Et l'argent n'était pas le seul facteur qui posait problème. Une telle construction demanderait un trop grand nombre d'employés acceptant de coopérer. Et même s'ils pouvaient se procurer ce genre de main d'œuvre, plus il y avait de personnes impliquées dans la construction, plus ils étaient vulnérables et facilement découvrables.
Mais même, les Duel Noirs étaient toujours mis en place sans aucune suspicion du public. Qui sait combien de duels avaient été organisés ? Même si l'organisation était énorme, elle devait être extrêmement prudente dans toutes ces actions.
Combien de personnes étaient dans cette organisation en vérité ? Étais-je trop aveugle pour ne pas me rendre compte que je marchais parmi eux chaque jour ?
Cette pensée me mettait la chair de poule.
Quand à Shinsen et les autres membres du comité, il m'ont bien fait comprendre qu'ils avaient beaucoup d'argent et une grande puissance politique. Et ce qui est peut-être encore plus terrorisant, c'est leur habilité de tourner le plus ridicule des cauchemars en une réalité...
Si j'avais mieux cherché avant, j'aurais peut-être pu trouver le corps de Suisei. Tant que son corps et celui des autres victimes étaient sous terre, l'affaire sera toujours ouverte.
Je poussais un grand soupir et remis le dossier de Suisei dans l'étagère.
Peut-être qu'une majorité des détectives listés dans cette bibliothèque faisait partie de ce complot.
Si c'est le cas, combien reste-t-il de vrais détectives ? Même les détectives triple-zéro, qui étaient respectés de tous, étaient dans le camp ennemi.
Je ne pouvais pas baisser ma garde. Tout ce qui m'entourait pourrait très bien être une illusion.
Sans Kyoko, il n'y avait personne en qui je pouvais croire. Donc comment discerner la vérité de la fiction ?
Au final, la bibliothèque ne m'avait rien appris sur la position de Kyoko.
Comme elle allait bientôt fermer, je commençai à avancer vers la sortie. Mes yeux me jouaient peut-être des tours, mais la pièce semblait être illuminée d'une faible lueur. Les lampes au dessus de moi clignotaient.
Dans la faible lumière, je m'apprêtais à enjamber la porte, quand tout à coup—
Une silhouette apparut, m'évita agilement et rentra dans la pièce.
Une odeur agréable resta une minute dans l'air. Ce n'était pas artificielle comme un parfum; c'était plus plaisant et nostalgique, quelque chose qui me rappelait l'éclosion des fleurs à l'aube.
La personne qui était passé était un jeune garçon avec des cheveux colorés.
Il portait un gilet que porterait un adulte, avec une veste de costume sur son bras droit. Sans faire de bruit, il continua à marcher. Je ne pus que l'apercevoir légèrement, mais ce que je vus me fis déglutir.
Je l'avais déjà vu avant.
Il n'était pas une connaissance de mon passé. Plutôt, il me faisait penser à ces anges que l'on voit dans les peintures de la renaissance, ou un esprit de compte de fée se gambadant dans la forêt. C'était un joli garçon qui me semblait familier, mais en même temps ne semblait pas être de ce monde.
Je me retournai pour avoir un autre coup d'œil, mais il n'était déjà plus là. L'arôme dans l'air m'indiqua où il était allé.
J'avais l'impression d'avoir vu un fantôme.
Ce garçon était-il un détective ?
Quelque chose à son propos avait retenu mon attention, mais je décidai de ne pas trop m'attarder sur ce genre de chose et sortis de la bibliothèque les mains vides. Pour moi, Kyoko était beaucoup plus importante qu'un garçon que je ne connaissais pas.
Kyoko était absente le jour suivant.
Je fis part de mes inquiétudes au professeur et aux nones de l'établissement, mais aucun d'eux ne me pris au sérieux. Ils ne réalisaient pas la sévérité de la situation.
Si Kyoko reste disparue, que devrais-je faire ? Étais-je capable d'affronter le comité seule ? Ou peut-être devrais-je juste revenir à une vie normale, ignorant les ténèbres prêtes à bondir ?
La deuxième option n'était pas envisageable.
Ignorer la présence du mal était comme si j'étais leur complice. Jusqu'à ce que Kyoko revienne, je devais continuer à me battre, même si j'étais seule. Si elle ne revenait pas, et bien...
———
Le jour d'après, je m'arrêtai à la bibliothèque encore une fois.
Je voulais voir s'il y avait de nouveaux messages pour moi. Même si mes attentes étaient basses, je voulais croire que mes efforts me permettaient de faire quelque chose. Une fois le bus arrêté devant la bibliothèque, je sortis pour être accueillie par de la neige.
Je pouvais toujours sentir le souffle froid de l'air sur ma peau même après être rentrée. Les alentours étaient plus froids et calmes que d'habitude, peut-être à cause de la neige. Le manque de parapluie dans le porte-parapluie m'indiqua que la bibliothèque devait être vide.
Je demandai mes messages à l'accueil, mais je n'avais rien.
Peut-être devrais-je demander l'aide d'un détective se spécialisant dans les enlèvements ? Peut-être, mais il pourrait travailler pour l'ennemi. Et la police ? Ils ne seraient pas d'une grande d'aide, si j'en crois mes dernières expériences.
Je me sentais seule.
Je n'avais personne sur qui m'appuyer.
Ce n'était pas une exagération de dire que mon point de vue du monde avait grandement changé depuis quelques mois. Ma vie avait été si simple avant ces Duel noir, mais maintenant, je ne pouvais pas me débarrasser du sentiment que les ténèbres me suivaient partout. La vue de l'ombre d'un grand bâtiment suffisait à me faire peur.
J'aimerais que Kyoko soit là dans des temps comme ça pour m'apporter de la force...
Kyoko, où es-tu ? Tu m'as laissé —
Alors que je parcourais les étagères, une ombre se faufila dans un rayon à côté de moi.
—Qu'est-ce que c'était que ça?
Curieuse, je tournai au coin pour poursuivre la personne. J'aperçus alors un garçon maigre à 20 mètres de moi.
Le doux arôme venait de lui.
Avec sa veste toujours sur le bras droit, il me faisait face, comme s'il m'attendait.
Il avait l'air un peu plus petit que Kyoko. Et même si je n'avais pas une estimation exacte de son âge, je pouvais dire qu'il était jeune.
Nos yeux se rencontrèrent, et un sourire s'étendit sur son visage. Derrière ce sourire il y avait la lueur joueur d'un jeune garçon, et l'aspect charmant d'une jeune fille.
Si je devais deviner, j'aurais dit qu'il était la fée de la bibliothèque.
Une peau blanche comme la neige et de longs cils. Une stature fine et délicate. Est-ce que cet enfant était en vérité une fille ? Ou juste, androgyne ? Dans l'instant présent, ce n'était ni une fille ni un garçon, ce qui renforçait mon idée de fée. Ses cheveux bleus mi-longs en rajoutaient à son image.
Sans prévenir, il se faufila entre deux étagères. Je le poursuivis dans le rayon suivant.
Le garçon était quelques mètres devant, encore une fois il s'était arrêté comme pour m'attendre. Le moment d'après il se remit à courir.
"Hey, attends " criais-je, lui courant après.
Et au tournant—
Il n'était plus là.
À la place, il y a avait une porte en fer au bout du couloir. Le garçon avait du passer par là.
Y avait-il toujours eu une porte ici ? Me demandais-je à moi même.
La porte ressemblait à l'entrée du pays des merveilles. Je m'en approchai lentement et attrapai la poignée de porte surprenamment froide.
Je l'ouvris lentement. Un courant d'air soudain me frappa, amenant des flocons dans mes cheveux.
La porte menait à l'extérieur. Un chemin étroit de pierre continua jusqu'à une arche de buisson. Cela devait-être la porte arrière du bâtiment. Je n'étais même pas au courant qu'il y en avait une.
Le garçon n'était nul part, donc j'assumai qu'il devait être près des buissons. Je marchai à travers la semi tempête de neige et traversai l'arche.
De l'autre côté se tenait un parking. C'était entouré par une grande haie, laissant la place pour seulement deux voitures. Une longue limousine noire était là, créant un grand contraste avec la neige.
Le garçon de tout à l'heure était contre la voiture. Comme s'il m'invitait à entrer, il ouvrit la porte.
"Que veux-tu... ?" demandais-je. "Me dis-tu de rentrer ?"
Le garçon hocha de la tête.
"Ne sois pas ridicule," dis-je, me mettant dans une position défensive. "Où est-ce que tu vas m'emmener ? Je paris que si je monte dans cette voiture, personne ne me reverra plus jamais."
Aucune réponse. Était-il muet, ou ne pouvait-il pas comprendre ce que je disais ? Il tenait la porte grande ouverte comme un majordome, attendant ma décision.
Où voulait-il m'emmener et pourquoi ? J'étais sois face au kidnappeur le plus poli de la Terre, soit face à l'invitation la plus suspicieuse du monde.
Comme si j'étais aussi stupide pour tomber dans un piège aussi évident.
Mais il y avait une raison pour laquelle je n'étais pas encore partie en courant.
Cette personne était peut-être la même qui avait enlevé Kyoko. Cela voulait dire que ça valait peut-être le coup de le suivre pour le moment. S'il avait emmené Kyoko quelque part, il m'emmènera sans doute au même endroit.
"D'accord, je viens," dis-je fermement, faignant le courage.
Le garçon avec la veste sourit, m'offrant sa main pour m'aider à monter. C'était étrange de voir un si jeune garçon me traiter avec tant de politesse.
Je pris sa main et baissai la tête pour rentrer dans le véhicule.
Le bruit de la porte se fermant immédiatement derrière moi me fit sursauter.
La lumière du plafond illuminait le visage de l'homme en face de moi.
Il m'a l'air très familier—
À la seconde où je réalisai qui il était, je criai. Mon corps se tendant pour agripper la poignée par instinct.
Je dois sortir d'ici !
"Je ne vous veux aucun mal," dit une voix masculine rauque. "Si j'avais le désir de vous faire disparaître de ce monde, vous le seriez déjà. Vous comprenez ?"
Je baissai les yeux et acquiesçai.
L'homme en face de moi avait une longue barbe et des cheveux en pagaille. La lueur dans ses yeux me disait qu'il était un homme de passion, mais en direct contraste, sa peau presque translucide m'indiquait qu'il ne devait pas sortir souvent, et ses joues creuses étaient le symbole d'une mauvaise santé. Il avait une attitude très calme et mature.
"J'imagine que vous me connaissez?"
Tout en toussant, il prit une carte d'une poche de sa veste et me la montra, me la collant presque au visage, c'était une carte de bibliothèque.
Gekka Ryuuzouji: [000]
Le premier détective triple zéro que j'avais vu, une personne spéciale au sein des détectives.
Il était l'un des détectives régnant suprême de la bibliothèque—le "Comte de bureau," Gekka Ryuuzouji.
Je lui redonnai sa carte avec précaution, qu'il accepta avec des mains tremblantes. Le bout de ses doigts était blanc et granuleux, me rappelant une branche morte.
Après une autre quinte de toux, il tendit le bras pour prendre un verre de whisky. Comme si c'était un élixir de vie, il le but en une gorgée.
Tout d'un coup, le véhicule se mit en route.
Pourquoi était-il là, juste pour moi ?
Alors que la voiture accélérait, mes questions se multiplièrent.
Ryuuzouji et moi étions assis face à face, confinés dans un endroit restreint. Le garçon de tout à l'heure était dans le côté passager, derrière l'écran séparant les deux parties du véhicules. Mon siège était doux et confortable, permettant au moins à mes muscles tendus de se détendre.
Dans n'importe quelle autre situation, être assise face à Gekka Ryuuzouji serait un des plus grands honneurs. Mais en vue de la situation, je ne pouvais m'empêcher de penser que j'étais dans un gros pétrin.
"Quel âge as-tu?" il demanda.
"...Seize ans."
"Un bon chiffre. La lune sur son seizième jour représente l'hésitation et l'espoir..." Ryuuzouji baissa son regard vers le verre qu'il avait dans la main et murmura quelque chose que je ne pus discerner. Sa voix était très jolie et calmante. "Vous avez l'air perplexe, je peux répondre à vos questions."
"Où va-t-on ?"
"À un endroit où les agneaux perdus cherchent le pardon."
"Agneaux... ?"
"Ceux qui ont été détournés par le mal sont venus jusqu'à moi pour que je les guide vers la lumière."
Il parlait en devinette.
« Vous parlez de votre agence ?"
"Bien jouée. Nous allons vite arriver à mes quartiers. Je vous y accueille avec les bras grands ouverts."
De tous les détectives triples zéro, Ryuuzouji était le seul qui avait un vrai bureau qui était ouvert au grand public. Il était dit qu'il réglait des centaines de cas par jour, mais sans bouger de sa chaise, d'où son surnom le "Comte de bureau." "Bureau" venant du terme « détective de bureau », et « Comte » semblait être inspiré de son apparence.
"Pourquoi m'inviter ?" demandais-je.
"J'ai regardé les Duel Noir que vous avez affronté. Il y a des rumeurs sur votre inaptitude en tant que détective, mais je ne veux pas me moquer de vous. Savez-vous pourquoi ?"
Ryuuzouji ferma sa bouche, attendant ma réponse. Je n'en trouvai aucune, donc après quelques secondes de silence, il continua.
"Car j'ai été un jour comme vous. En vérité, votre détermination devrait être complimentée, pas ridiculisée."
Il disait des choses très étranges. Et je ne pouvais pas juste prendre le semi-compliment comme ça, plutôt, je devenais suspicieuse de son attitude condescendante.
"...Qu'est-ce que vous voulez dire ?" demandais-je légèrement sur la défensive.
"Cela veut dire que je ne peux pas vous perdre."
"Me perdre ?"
"Je me demande, avez-vous déjà pensé à votre propre mort ? Ou même peut-être fait votre testament ?"
"Huh ? Quoi... ?" Je penchai ma tête sur le côté, incapable de décerner ses intentions. Plus j'y pensais, plus sa question semblait de mauvais goût. "Um... Qu'essayez-vous de dire... ?"
"Excusez moi, mais nous serons bientôt arrivés."
Ryuuzouji leva une main pour me couper, sortit son téléphone, et tapa un numéro.
Alors que le téléphone se connectait, il se tourna vers le conducteur, "Garde la vitesse légal. Ne la dépasse même pas d'un kilomètres par heure."
Qu'est-ce qu'il allait m'arriver ?
Ryuuzouji commença à délivrer des ordres dans son téléphone. "Dans précisément 60 secondes, changez tous les feux de la route 4 entre les point A et C au rouge."
Il sortit ensuite un second téléphone et dit "La prise de contrôle du bus n'est pas un acte de terrorisme; c'est une tentative de vol d'objet précieux. Un vieil homme avec une mallette contenant 50 millions yen et une vieille femme ayant 200 millions yen en accessoire sont à bord. Non, ce n'est pas juste une coïncidence; cela fait partie du plan des voleurs. Le chaos détournera l'attention des passagers de leurs biens; en vérité, les vraies valises ont été dérobées et ont été remplacées par des fausses. Les vraies seront données à un complice conduisant une décapotable avec le toit ouvert, étrange durant l'hiver. Le plan est de faire le transfère quand il arriveront à l'intersection."
J'étais à peu près capable de comprendre la situation —il était en train d'aider les forces de l'ordre à régler un détournement de bus.
"Arrêtez la voiture au milieu de la prochaine intersection," Ryuuzouji ordonna au conducteur.
Je regardai à travers la fenêtre. Nous étions proche de l'intersection, mais le feu était rouge et aucune voiture en vue. Pas d'autre voiture de l'autre côté non plus.
"Deux... Un... Zéro."
À la seconde où le dé-conte de Ryuuzouji se termina, le feu tourna au vert, et la voiture continua son avancée sans ralentir.
Une fois passée, une voiture apparut au loin. Comme Ryuuzouji l'avait dit, même dans ce jour froid et neigeux, le toit de la voiture était totalement ouvert. Au même moment, un bus apparut juste à côté.
C'était là qu'il comptait faire l'échange !
Les deux véhicules fonçaient à toute vitesse, même après que le feu se soit tourné au rouge. Mais la limousine fit un dérapage et bloqua la voiture et le bus.
La voiture et le bus fonçèrent sur la limousine des deux côtés, à ce train là...
"On va être écrasé !" je fermai les yeux et me préparai à l'impact.
Le bruit strident d'un freinage d'urgence me perça les tympans. Pendant une seconde, j'avais été prête à mourir. Pourquoi n'avais-je pas écrit un testament ?
Mais il n'y eut aucun impact.
En ouvrant mes yeux, je vis que le bus et la voiture s'étaient tous deux arrêtés extrêmement proche de la limousine.
Un bruit de sirène se répendit alors que la police nous entourait. Dans une tentative de fuite, le bus et la voiture tentèrent de reculer, mais furent vite encerclés.. La gendarmerie prit vite le contrôle de la situation, et mit en sécurité les otages. La scène que je voyais de mes propres yeux avait l'air d'être tout droit sortit d'un film d'action.
"W-Wow..." dis-je, impressionnée par ce que je voyais.
Juste un petit moment après avoir compris ce qu'il faisait, Ryuuzouji avait déjà fini. Bien qu'il n'était pas rare pour les détectives de haut de rang de pouvoir contrôler les gens normaux comme ils le veulent, Gekka Ryuuzouji était une tout autre bête.
Un fois la scène de crime réglée, les gendarmes tapèrent à la fenêtre pour exprimer leur gratitude. Une fois que tout était fait, la limousine reprit son chemin.
"J'ai cru que j'allais mourir..."
"Ne vous inquiétez pas. Personne ne meurt quand je m'occupe de tout," dit Ryuuzouji en combattant une mauvaise toux. Il retourna son attention vers son téléphone. "Pardon, je parlais à quelqu'un d'autre. Le criminel est sans doute en train de déplacer sa victime vers un autre endroit. Il compte la tuer là bas, avant de revenir à..."
Il était déjà à sa prochaine affaire. C'était donc ça le pouvoir de Gekka Ryuuzouji, le comte de bureau...
Un génie sans équivalent capable de tous faire en même temps. De tous les détectives enregistrés à la bibliothèque, il avait le plus grand nombre d'affaire résolu.
"Bien, avez-vous toujours des questions ?" demanda Ryuuzouji, mettant ses mains sur ses genoux. Il avait rangé son téléphone en un clin d'œil.
"Êtes-vous derrière la disparition de Kyoko ? Où est-elle ?"
"J'ai le regret de vous informer que nous ne savons rien sur ce qu'elle fait maintenant. Et je dis la vérité. Normalement, nous ne perdons jamais la trace d'un individu comme ça, mais comme nous sommes incapables de la retrouver, cela veut dire qu'elle utilise ses habilités pour ne pas être repérée."
"C'est intentionnel...?"
"N'as-tu pas une idée de où elle pourrait être ? Si oui, prévenez la qu'il est inutile de courir ou de se cacher."
Le comité du catharsis des victimes était aussi à la recherche de Kyoko. Savoir qu'elle n'avait pas été capturée par eux valait les risques que j'ai pris pour en arriver là.
Mais tout de même, je ne voulais pas rester dans cette voiture plus longtemps que nécessaire. Mes épaules s'affaissèrent et je m'enfonçai dans le siège.
"Vous n'avez pas besoin d'avoir peur," dit Ryuuzouji avec une sourire calme. "Comme je l'ai dit plus tôt, je ne vous veux aucun mal. Je vous escorte seulement, comme une princesse de conte de fée, et je vous ferai rentrer chez vous de la même façon."
"Pourquoi faire ça ?"
"Juste un désir personnel."
"Un désir personnel...?"
"En effet. Le commité n'a rien à voir avec votre présence dans ce véhicule. J'agis sans qu'ils ne le sachent."
Une expression confuse apparut sur mon visage. Ça ne faisait aucun sens.
"C'est une information confidentielle," il continua, "Mais le comité a déjà préparé un troisième Duel Noir, avec vous comme détective."
"Huh...?"
Entendre ces mots auraient du me choquer, mais le sentiment de surprise ne vint jamais. Tant de choses étaient déjà arrivées depuis mon entrée dans cette voiture que je ne pouvais plus réfléchir.
"Le prochain challenge est en ma possession. Cela serait facile de vous le donner, mais en tant que personne intéressée par vous, je ne voudrais pas vous perdre." sa voix apaisante était soudainement devenue plus sérieuse.
Même si la dernière partie était flattante, j'aurais préféré que n'importe qui d'autre me le dise.
"Donc, j'ai décidé de faire autre chose," il continua. "Même si je me suis abstenu de parier toute ma vie, je ressens une inclination à le faire pour avoir une réponse du destin." Pendant un moment, Ryuuzouji regarda la neige tomber lentement derrière la fenêtre, avant de se tourner et de me regarder droit dans les yeux. "Yui Samidare—voulez-vous jouer à un jeu ?"
—Un jeu ?
J'en avais plus que marre de ces jeux d'adulte. Allait-il vraiment me refaire jouer aussi tôt après le deuxième duel noir ?
"Les règles sont simples. Deux fois, je vous présenterai un choix. Tout ce que vous avez à faire c'est prendre un choix selon vos propres convictions. Cependant, je vous demanderai deux fois la même chose."
"Tout ce que j'ai à faire est de choisir?"
"Si c'est comme ça que vous le comprenez. Acceptez-vous ?"
J'acquiesçai, sans une idée claire de ce en quoi je m'engageais. Ça avait l'air simple, mais...
"Alors, permettez-moi de vous demandez—" Ryuuzouji sortit une enveloppe de son manteau. Cette fameuse enveloppe. Le signe du comité semblait y avoir fraîchement été pausé il y a peu de temps.
Il sortit ensuite une seconde enveloppe différente de la première. Celle la était complètement blanche, mais le signe du comité y était aussi présent.
Il me proposait les deux enveloppes—la noir dans sa main gauche, la blanche dans sa main droite.
"L'enveloppe noire contient les informations d'un Duel, comme les autres que vous avez déjà rencontré. Elle a été préparée par les membres du comité. Le détective convoqué est vous, Yui Samidare, et au moment où vous ouvrirez cette enveloppe, un duel noir va commencer."
Ne prenant pas du tout en compte mon expression incrédule, Ryuuzouji continua. "La blanche contient une lettre vous invitant au comité du catharsis des victimes. Une invitation comme celle-ci est uniquement donnée par un membre du comité supérieur. Je l'ai signé pour vous."
Ryuuzouji me toisa, attendant ma réponse.
Je comprenais enfin le principe de ce jeu. Blanc ou Noir— les rejoindre ou résister?
"Je dois aussi mentionner que vous avez l'option de ne choisir aucun des deux. Cependant, vous connaissant, ce n'est pas une option envisageable. Maintenant faites votre décision."
Alors que la voiture s'arrêtait à un feu rouge, le temps semblait arrêté. Mon corps resta gelé jusqu'au départ du véhicule.
"Pas besoin d'être aussi anxieuse. Comme je l'ai déjà dit, je vous reposerais la question une deuxième fois. Vous avez le droit de changer d'avis."
"Alors pourquoi faire le choix maintenant ?"
Ryuuzouji ne répondit pas. Il avança les enveloppes vers moi, comme s'il y a avait un minuteur invisible.
La choix était facile.
Mais quand même, j'étais choquée que Ryuuzouji m'invite à rejoindre le comité. À quoi pourrais-je servir dans les cercles de super-génie, moi qui étais très médiocre ?
"Avez-vous décidé ?"
"Oui."
—La réponse ne pouvait être plus évidente.
Sans hésitation, je pointai l'enveloppe noir.
Quel saint d'esprit voudrait rejoindre une telle organisation ?
"Très bien." Ryuuzouji sourit hautainement alors qu'il remettait les enveloppes dans sa poche. "Relaxez vous s'il vous plaît."
"Est-ce la fin de cette charade ?"
"Le jeu continuera plus tard. Nous serons arriver à mon bureau sous peu. Il y a quelque chose que j'aimerais vous montrer. Allez-vous venir ?"
"...D'accord."
Ma peur me criait de partir, mais après un moment de considération, je réalisai que c'était l'occasion parfaite de voir la base de l'ennemi. Je ne voulais pas laisser passer l'opportunité d'obtenir des informations.
Le paysage dehors se transforma de bâtiments urbains en forêt.
"Il y a six ans, j'ai rejoint le comité du catharsis des victimes." Ryuuzouji se lança dans un monologue d'un coup. "Depuis ce jour, je n'arrête pas de préparer des Duel noir. Dans la plupart des cas, le Duel est organisé par plusieurs coordinateurs, puis exécuté et mis en place par Mikado Shinsen."
Ryuuzouji me parlait d'informations à propos du comité comme si c'était du potin. Il semblait confiant que le dire ne l'infectera pas du tout.
La dépravation des détectives qui se tenait auprès des dieux—
C'était un choc d'entendre sa confirmation.
«Je présume que vous pensez que le Comité du catharsis des victimes n'est pas différent du syndicat criminel moyen, une organisation vile qui propose des spectacles meurtriers aux gens qui prennent plaisir à ce genre de choses.»
"Est-ce faux ?"
«Ce que vous savez, c'est simplement le mécanisme par lequel l'organisation obtient le financement nécessaire. Mais, ce n'est pas là que se trouvent les principes du Comité. Si le Comité était une organisation aussi modeste, je n'aurais jamais proposé de coopérer avec eux en premier lieu. »
Des principes... hein.
Il semblait suggérer qu'ils avaient leur propre conception de la justice.
La voiture passa sous une voûte en brique et continua sur un boulevard d'arbres desséchés.
"À partir d'ici, c'est mon domaine privé.", déclara Ryuuzouji, regardant le paysage à l'extérieur. "Pouvez-vous les entendre ? Les voix appelant un détective pour les sauver."
J'ai regardé par la fenêtre. Même si nous étions bien au-delà des limites de la ville, un nombre surprenant de personnes déambulaient sur le boulevard. Des familles entières, des couples et plus encore. Les enfants nous ont fait signe à notre fenêtre et ont pourchassé notre voiture pour jouer, mais étant incapables de suivre, ils traînaient de plus en plus loin derrière jusqu'à disparaître hors de mon champ de vision.
Alors que nous continuions sur la route, je vus de plus en plus de gens. À un moment donné, la foule s'était transformée en une seule ligne ordonnée.
"Pourquoi font-ils la queue ?" me demandais-je.
La voiture atteignit le bout du boulevard et traversa une autre arcade en brique. Nous avons émergé dans une allée circulaire avec une fontaine et une roseraie, une vue splendide qui avait conservé sa magnificence malgré le sombre fond hivernal. Notre voiture a pénétré plus profondément dans la propriété, suivant la ligne de personnes postées devant.
Enfin, le quartier général de Ryuuzouji apparu.
Le bâtiment n'était pas différent d'un château. Le périmètre fortifié était entouré d'un fossé profond, à travers lequel enjambait un pont de pierre à l'ancienne qui menait à la porte d'entrée. Des tours rondes avec des fenêtres en spirales vers le haut et des créneaux bordant le sommet du château complétaient l'apparence d'une forteresse médiévale européenne. J'avais perdu tout sens de la réalité depuis mon entrée dans ce domaine.
La limousine s'arrêta devant l'entrée en marbre et peu de temps après, le garçon en veste ouvrit la porte arrière de l'extérieur. Je pris sa main tendue et descendis du véhicule.
La ligne qui continuait même après l'entrée s'est soudainement dissipée, alors que tout le monde se rassemblait. Jeunes et vieux, hommes et femmes, des gens de tout horizon se sont rassemblés, regardant la voiture avec des expressions pleines d'espoir.
Après un bref instant, une rampe sortie de la limousine et Ryuuzouji descendit dans son fauteuil roulant motorisé. Dès qu'il fut en vue, les voix excitées de la foule remplirent l'air.
"Monsieur Ryuuzouji, bon retour ! »
«Bravo pour une autre dure journée de travail, M. Ryuuzouji !»
"Merci pour votre aide l'autre jour !"
Tout le monde l'accueillit avec des acclamations optimistes, le traitant comme une idole ou une star de cinéma. Ryuuzouji leva une main et, sans prononcer un mot, fit signe à la foule de se calmer.
Le garçon en gilet fit un tour pour arriver derrière lui et commença à pousser son fauteuil roulant vers l'entrée du bâtiment. Je me dépêchai de les rejoindre, me remettant toujours d'un état d'incrédulité.
La porte d'entrée s'est ouverte automatiquement.
Le rez-de-chaussée du château ressemblait à un hall d'hôtel, et avait même un bureau de réception où était posté des enfants en tenue de réceptionniste. Un tapis moelleux et un canapé dans une salle d'attente sur le côté ont contribué à l'atmosphère chaleureuse.
Je fus surprise de voir qu'un certain nombre d'enfants en uniforme d'employé avaient formé une ligne entre l'entrée et l'ascenseur, le tout en préparation du retour de Ryuuzouji.
"Tous ensemble maintenant..."
«Maître Ryuuzouji, bienvenue à la maison.»
Les enfants s'inclinèrent en groupe. Leurs salutations n'étaient pas synchronisées, ce qui, à mon avis, les rendaient d'autant plus adorables.
La file d'attente des gens continuait à travers le hall et se terminait à une porte. Ceux qui attendaient étaient probablement les «agneaux perdus» qui cherchaient les services de Ryuuzouji, et la pièce au-delà de cette porte était probablement l'endroit où ils présenteraient leurs problème et évacueraient leurs tensions.
Une fois arrivé à l'ascenseur, le garçon en gilet appuya sur le bouton d'appel. Au bout d'un moment, les portes se sont ouvertes et il aida à faire reculer le fauteuil roulant de Ryuuzouji dans l'ascenseur.
"Entrez aussi."
J'obeis aux instructions de Ryuuzouji.
Quelques instants avant la fermeture des portes de l'ascenseur, deux garçons en tenue de concierge tenant des serpillières et des seaux se sont précipités vers nous.
«Oh, Maître Ryuuzouji. Bienvenue à la maison."
"Bienvenue à la maison."
Les deux enfants dirent à l'unisson.
Les portes se fermèrent et nous commencions notre ascension.
«Avez-vous terminé vos tâches ?» Demanda Ryuuzouji aux enfants.
"Oui. Nous avons rendu les fenêtres et les sols étincelants. »
"Comme s'ils étaient neufs."
"Très bien."
Les enfants semblaient ravis de recevoir un compliment de Ryuuzouji.
Ils restèrent avec nous pendant un petit moment, avant de descendre au troisième étage. L'ascenseur continua jusqu'à ce que nous atteignions le cinquième étage.
Les portes s'ouvrirent pour révéler un couloir recouvert de moquette rouge qui s'étendait jusqu'au bout. Le garçon à la veste commença à pousser prudemment le fauteuil roulant de Ryuuzouji dans le couloir.
«Vous devez vous demander à quel genre de spectacle vous allez assister,» dit Ryuuzouji. «Ou peut-être, vous pensez être tombée dans le repaire d'une secte. Cependant, je vous assure que c'est ma vie de tous les jours, sans embellissements d'aucune sorte.
Tous ces gens en ligne qui vénéraient Ryuuzouji et lui demandaient son aide. Tous ces enfants confiants qui travaillaient sous sa direction. C'était la vie quotidienne d'un héros - celui qui a sauvé plus de gens que quiconque.
Était-ce ce qu'il voulait me montrer ?
Le monde vu de la chaise d'un détective à succès. Et le paradis tranquille qu'il a construit.
Au bout du long couloir, il y avait un ensemble de doubles portes, qui s'ouvraient automatiquement à notre approche.
Ce qui se trouvait au-delà de ces portes contrastait avec le paradis extérieur - le champ de bataille solitaire d'un héros.
Des tours de dossiers et de documents empilés. Des matériaux de référence dispersés au hasard. Des photographies et des notes griffonnées collées ici et là. La pièce mesurait environ 20 mètres carrés, mais les montagnes de livres empilés partout et les océans de liasses de papiers éparpillés sur le sol donnaient l'impression que l'espace était une représentation miniature de la nature, ou peut-être une récréation visuelle du monde dans l'esprit de Ryuuzouji.
Une fois entré dans la pièce, Ryuuzouji pris le contrôle de son fauteuil roulant motorisé et se manœuvra dans une position près d'un coin de son bureau.
Le garçon en gilet s'inclina avant de sortir de la pièce.
Ryuuzouji et moi étions seuls.
Suite à une quinte de toux douloureuse, Ryuuzouji jeta un comprimé dans sa bouche et l'avala avec un verre de whisky.
«J'embauche des orphelins pour travailler pour moi, ils sont tous formés pour devenir détectives. Au besoin, je les envoie sur des enquêtes. Ils sont mes yeux et mes oreilles, ainsi que mes bras et mes jambes. Considérez ça comme Sherlock Holmes et ses disciples . Il y a toujours des choses que vous pouvez apprendre de vos prédécesseurs. »
Alors que Ryuuzouji expliquait le rôle des enfants, il parcourut quelques papiers et nota quelque chose, avant de porter son attention sur un ensemble de documents complètement différents. Même maintenant, il résolvait des cas les uns après les autres.
«Est-ce que vous forcez ces enfants à vous aider à commettre vos crimes ?» J'ai demandé.
Ryuuzouji lança un large sourire avant de secouer la tête. «Leur travail est uniquement d'être des détectives.»
«Alors ils ne sont pas conscients de ce que vous faites dans les coulisses,» crachai-je avec dégoût. «Vous avez obtenu la plus haute distinction en tant que détective, et même aujourd'hui, vous continuez à consacrer vos efforts pour résoudre des affaires. Pourquoi conspirer avec une organisation criminelle ? Je ne peux pas du tout comprendre cela. Comment quelqu'un comme vous peut-il se qualifier de détective tout en agissant en tant qu'associé du Comité sans se sentir mal ? »
«Ahaha... je suppose. » Pendant une seconde, il arrêta de feuilleter ses fichiers pour me regarder.
«Cependant, ne vous méprenez pas. Nous méprisons le crime et nous luttons contre ceux qui agissent illégalement. Dîtes-moi. Comparez – quelqu'un qui n'a jamais vraiment était en plein milieu d'un champ de bataille- à nous, vétérans aguerris qui ont baigné sous plusieurs pluies de sang au cœur du champ de bataille. Qui pouvez-vous prétendre être? »
«Euh... Mais...» J'avais du mal à trouver les mots pour le contrer. En tant que personne avec seulement quelques années d'expérience dans le travail de détective, je n'avais aucune chance de gagner un débat contre un détective dont l'illustre carrière s'étalait sur plusieurs décennies.
«En tant que détective depuis de nombreuses années... vous vous trouvez dans des situations où l'adhésion à des méthodes « décentes » ne parvient pas à sauver une seule âme. Tout au long de ma vie, j'ai été du genre à observer strictement les lois, l'éthique, pratiquement tout ce qui peut être considéré comme un ensemble de règles, et je me suis jugé d'après cette norme. Cependant, à cause de cela, je me suis retrouvé frustré à plusieurs reprises. J'ai prié Dieu d'innombrables fois, souhaitant avoir l'opportunité de sauver de plus en plus de personnes.
Ce monde était peut-être trop petit pour apprécier pleinement son génie.
«Est-ce pour cela que vous avez rejoint le comité du catharsis des victimes ?»
«Oui, pour le dire simplement. Les Duel Noirs, à leur base, se déroulent conformément à un ensemble de règles équitables. J'ai senti une belle aura spirituelle émanant de Mikado Shinsen. S'il était simplement un terroriste dépourvu de code moral, je ne me serais jamais associé à lui.
"Donc, impliquer des spectateurs complètement innocents pour une simple vengeance est 'juste' pour vous?"
«Le sacrifice est inévitable dans la recherche du salut pur - c'est la conclusion à laquelle je suis arrivé.»
"P-pas moyen ... Vous avez complètement tort !"
Par rapport à lui, j'étais une totale débutante en termes d'expérience et d'expertise, mais j'étais certaine de ma conviction. Accepter le meurtre et ne pas remettre en question sa légitimité c'est descendre dans le monde du péché.
"Vous ne serez jamais comme moi - c'est ce que vous croyez." Ryuuzouji fit lentement le tour du bureau et s'approcha de moi. «Nous sommes le même genre de personne. Je ne pourrais jamais pardonner le mal non plus. C'est pourquoi, pour vaincre ce mal, j'ai juré d'obtenir une arme bien plus puissante qu'elle."
"Non ... je ne suis pas comme vous."
"Vous n'avez simplement pas encore pris l'engagement."
"Vous vous trompez !"
Avait-il vraiment tort?
"JE..."
J'ai toujours voulu être un allié de la justice. J'ai toujours voulu sauver ceux qui avaient besoin d'aide. C'est pourquoi j'ai commencé à marcher sur le chemin pour devenir détective.
Après m'être rappelée cela, j'ai soudainement eu peur de moi-même.
Mon image du détective idéal n'était autre que Gekka Ryuuzouji lui-même.
«Vous avez toutes les raisons d'hésiter. C'est précisément la partie de vous qui m'a fasciné. Vous êtes exactement comme le moi du passé.»
Non... je ne suis pas comme lui.
«Vous appréciez l'honneur qui découle d'être un détective. Je vois cela comme la seule condition nécessaire pour continuer dans cette ligne de travail.
Avant que je ne m'en rende compte, Ryuuzouji s'était frayé un chemin juste devant moi. Son regard vif et scintillant transperça mon âme.
«Maintenant, concentrez vous sur vos oreilles. Vous devriez pouvoir les entendre - les voix qui vous interpellent... "
Grande sœur...
... Yui.
Ah... j'entendais une voix qui m'appelait à l'aide.
C'était ma petite sœur... et Kyoko aussi.
Kyoko.
Pourquoi me battais-je?
«Je vous comprends», dit Ryuuzouji. «Vous êtes l'un de nous. Vous êtes quelqu'un qui est prêt et disposé à vous salir les mains pour ceux qui recherchent le salut. »
Quel était le sens de la justice pour un détective ?
Qu'est-ce que je voulais accomplir en premier lieu ?
"Maintenant, que le jeu continue." dit Ryuuzouji, interrompant mes pensées.
Prise de court par sa remarque, je suis retournée à la réalité.
«Vous souvenez-vous des règles ?» M'avait-il demandé. «Tout ce que vous avez à faire est de faire un choix. Cependant, ce choix ne doit pas être fait à la légère - quelle que soit votre décision, le résultat aura un impact sur votre vie."
Alors que je me tenais là dans un silence stupéfait, Ryuuzouji sortit les deux enveloppes de la poche intérieure de son manteau.
L'une était noire. L'autre était blanche.
«Quand vous aurez pris une de ces enveloppes, retournez-vous et quittez la pièce.», ordonna Ryuuzouji, en désignant les portes fermées par lesquelles nous étions entrés. «À ce moment-là, le nouveau monde que vous avez choisi pour vous-même se manifestera au-delà de ces portes.»
Blanc ou noir.
Quelle serait la voie pour sauver réellement des personnes innocentes ?
Je ne savais pas.
Quel choix devais-je faire ?
Je n'avais aucune idée.
La seule chose qui m'avait semblé claire -
C'était le son de sa voix.
C'était peut-être là que je devais chercher la réponse.
J'allais m'aventurer -
J'attrapai l'une des enveloppes de sa main.
- Sur le chemin que j'avais choisi.
Avec un sourire suffisant sur son visage, Ryuuzouji fit pivoter son fauteuil roulant, me tournant le dos.
«Il semble que j'ai gagné ce pari», avait-t-il déclaré. «Je trouve votre décision honorable.»
Mon corps se retourna et commença à marcher vers la sortie.
J'ouvris la porte et laissai le champ de bataille derrière moi.
Le garçon en gilet m'attendait au bout du tapis rouge devant l'ascenseur. Il avait les bras croisés, avec sa veste de costume drapée sur l'un d'eux comme auparavant. Alors que je m'approchais, il ouvrit la bouche.
"C'est donc la décision que vous avez prise ?"
«Quoi, tu peux parler ?» Haletai-je. «Je croyais que vous étiez une sorte de marionnette mécanique.»
Alors que je commençais à comprendre la situation, il agrippa mon poignet droit, m'attira plus près et pressa ma main contre sa poitrine. En dessous de la laine de sa veste, il y avait un battement doux et rythmé. Je dégageai ma main par embarras.
Il me regarda avec curiosité, attendant apparemment ma réponse.
«Très bien,» soupirai-je. "Cela suffit pour me prouver que tu n'es pas une marionnette."
Un sourire joyeux se répandit sur son visage. Il se tourna pour appuyer sur le bouton d'appel de l'ascenseur, et une fois les portes ouvertes un instant plus tard, il me conduisit à l'intérieur. Nous étions tous les deux seuls dans le petit espace clos. Le même doux parfum s'attardait dans l'air autour de lui.
«Peux-tu me dire le raisonnement derrière ta décision ?» demanda le garçon en faisant fonctionner le panneau de commande dans le coin.
«La prochaine fois que je verrai mon amie, je veux pouvoir la saluer la tête haute.»
Une jeune détective comme moi n'avait ni l'expérience ni la sagesse nécessaires pour parler de la philosophie ou de l'éthique de la profession, mais au moins, je compris le sentiment d'avoir quelque chose que je ne pouvais pas supporter de perdre. C'était peut-être ce qu'il appelait «fierté».
Je déplaçai mon regard vers l'objet dans ma main.
L'enveloppe noire du Duel Noir -
Comparées aux enveloppes que j'avais tenues auparavant, celle-ci me paraissait beaucoup plus épaisse. Peut-être que le prochain Duel Noir était une sorte de jeu avec des règles plus folles et plus compliquées, mais ce n'était pas une raison d'abandonner et d'admettre ma défaite.
«Tu es assez courageuse,» dit le garçon d'un ton amusé. «J'ai été chargé de t'assister, quelle que soit l'enveloppe que tu allais choisir. J'ai hâte de travailler avec toi."
"...De même. Quel est ton nom ?"
"Est-ce nécessaire ?"
"Quoi ?"
"Mon nom."
«Bien sûr, comment suis-je censé savoir comment t'appeler si je n'ai pas ton nom?»
«Alors, appelle moi Licorne. C'est comme ça que les autres m'appellent. »
C'était une façon étrange de formuler les choses. Était-il comme un chat errant sans domicile, quelqu'un qui gagnait un nom différent à chaque endroit qu'il visitait ?
"D'accord. Licorne." répétai-je pour confirmer.
«N'hésite pas à le raccourcir en Lico.»
«Bien, je vais le faire alors.»
Nous sommes descendus de l'ascenseur au rez-de-chaussée, où il n'y avait toujours pas de fin en vue pour la file de clients. Les jeunes travailleurs s'occupaient activement de leurs tâches à leurs postes respectifs loin du hall.
Lico et moi sommes partis par l'entrée en marbre.
Après être sortie, je me suis tournée pour lui faire face. «Avant d'aller plus loin, permets-moi de te demander: en fais-tu partie ? Es-tu un membre du comité du catharsis des victimes ? Ryuuzouji m'a dit qu'aucun des enfants ici n'était impliqué, mais tu connais cette enveloppe noire.»
«Je n'ai aucun lien avec le Comité», a-t-il répondu. «J'ai simplement été mis au courant de la situation.»
"D'accord ... Mais tu travailles pour Ryuuzouji, n'est-ce pas ?"
"Oui. Et en plus de cela, je suis là pour t' aider."
Me surveillait-il ? Ou était-il vraiment en train d'accomplir une tâche en m'aidant ? Cela pouvait être la manière de Ryuuzouji de rendre les choses justes.
«Depuis combien de temps travailles-tu pour Ryuuzouji ?»
«Depuis environ... six mois», répondit-il après avoir incliné la tête et réfléchi pendant une seconde. Cette partie de lui semblait plutôt enfantine, mais une aura mystérieuse et mature émanait fortement de lui. Quel gamin particulié.
La limousine était garée devant le bâtiment avec le chauffeur assis à l'intérieur. Je me suis demandé un instant s'il n'aurait pas pu être un enfant aussi, mais un seul coup d'œil suffit à dissiper cette théorie.
Lico ouvrit la porte arrière, prit ma main et m'aida à monter dans le véhicule.
«Où aimerais-tu être déposée ? La bibliothèque des détectives ? Ou ta maison ?»
«Mon dortoir, ça serait génial.»
"Très bien."
Lico se dirigea vers l'avant de la voiture et donna quelques instructions au conducteur, avant de se retourner peu après.
«C'est ici que je te laisse aujourd'hui. Une dernière chose - emporte ceci avec toi.»
Il me tendit une longue boîte mince avec un ruban noué autour. Il était assez petit pour tenir dans mes paumes et assez léger.
«C'est un cadeau de Ryuuzouji. Cependant, ne l'ouvre que lorsque tu le jugeras nécessaire. »
«Seulement quand ça sera nécessaire, hein...»
"Au revoir."
Lico ferma la porte, fit un pas en arrière et s'inclina.
La limousine commença à bouger, accélérant lentement alors qu'elle roulait le long de la file des clients qui tournait autour de la fontaine et de la roseraie. Après un temps, la silhouette de Lico disparut de ma vue.
Nous traversâmes l'arche de brique et continuâmes sur le boulevard des arbres. Le ciel s'était assombri, mais les réverbères sur les côtés de la route éclairaient la neige légèrement tombante.
En cours de route, je repérai deux enfants balayant sous l'un des lampadaires.
«Chauffeur, pouvez-vous vous arrêter un instant ?» Criai-je vers le siège avant. Le conducteur ne pouvait pas voir mon visage à travers la cloison, mais comme le véhicule s'arrêta brusquement, ma voix avait dû l'atteindre.
Les gosses qui balayaient s'arrêtèrent, curieux. J'ouvris la fenêtre et je sortis la tête.
«Salut les gars», avais-je dit pour attirer leur attention. Les deux, qui avaient l'air d'être en primaire, me regardèrent avec des visages intrigués. «Quel genre de personne est Maître Ryuuzouji ?» demandais-je.
Les deux échangèrent un rapide coup d'œil, avant de se retourner vers moi avec de grands sourires.
"C'est une personne très gentille."
"Mais il devient effrayant quand il est en colère."
Les deux répondirent.
«Mon rêve est d'être un détective comme lui !»
«Je veux être comme lui quand je serai grand !»
«Je vois... Merci d'avoir répondu. Bonne chance pour le reste du nettoyage !»
"Au revoir !"
Nous avions fait un adieu rapide alors que la limousine redémarrait.
Aucun d'eux ne semblait mentir, et leurs expressions naturelles et innocentes semblaient exclure la possibilité qu'ils soient extorqués ou soumis à un lavage de cerveau.
Mais en savant de quoi était capable le comité du catharsis des victimes, il n'aurait pas été choquant d'apprendre que tout ce que j'avais vu aujourd'hui était une illusion. Je ne pouvais pas me débarrasser du sentiment que je dérivais sans but dans un rêve.
Alors que je regardais sans réfléchir par la fenêtre, le paysage se transforma lentement en un paysage urbain familier. Je tins l'enveloppe noire vers la lumière extérieure pour essayer d'avoir un aperçu de son contenu, mais en vain.
———
La voiture s'arrêta devant les portes de l'académie. Sans aucun signal du conducteur, j'ouvris la portière et sortis de mon propre chef. Je me retournai pour m'incliner, mais la limousine était déjà revenue sur la route principale et elle disparut rapidement.
Voir les lumières de mon dortoir au loin m'apporta un sentiment de soulagement, car j'avais finalement l'impression d'être retournée à la réalité.
En entrant dans mon dortoir, je remarquai immédiatement un groupe de personnes entassées dans le couloir. Quoi que c'était, cela ne devait être bon.
Une personne faisant partie de mes camarades de dortoir me repéra et m'appela. «Oh, Yui ! Tu ne devinera jamais ce qu'il s'est passé. »
"Que s'est-il passé ?"
«Viens par ici, dépêche toi !»
Elles me tirèrent dans le couloir par le bras. La foule était rassemblée devant ma chambre.
«Un intrus a essayé de crocheter la serrure de ta chambre.»
«Crocheter la serrure ?»
J'écartai mes camarades de dortoir et me dirigeai vers la porte. Là, était assise une fille aux joues blanches pâles et aux cheveux qui brillaient même sous les lampes fluorescentes usées. L'expression mécontente de son visage se transforma en une expression de joie lorsque j'apparus devant elle.
«Yui !»
C'était Kyoko Kirigiri.
Elle se leva et se précipita pour me serrer dans ses bras. Je serrai doucement son petit corps léger, savourant l'instant présent - La première fois qu'elle s'était confié à moi ainsi ses vêtements étaient tachés à quelques endroits et puaient la saleté et la poussière. Je berçai sa tête, craignant que sa fragilité ne la fasse s'effondrer à tout moment.
Aucun des autres étudiants ne pouvait comprendre ce qui se passait devant eux, mais ils ont tous commencé à applaudir pour une raison quelconque. Je suppose que c'était une réunion émotionnelle.
«Alors ça ne te dérange pas de ne pas appeler la police ?» a demandé un de mes camarades de dortoir**.
«Ouais, tout va bien. C'est une amie. Merci.» dis-je en ouvrant la porte de ma chambre et en poussant rapidement Kyoko à l'intérieur. "Bonne nuit tout le monde. Je vais gérer le reste à partir d'ici."
Je me suis glissée dans ma chambre, fermant et verrouillant rapidement la porte derrière moi pour bloquer les regards indiscrets.
Kyoko me regarda avec une expression troublée. «Je me suis faite prendre en train de me faufiler.»
«Tu ne peux pas être parfaite tout le temps», taquinai-je. Après avoir jeté mon sac à dos sur mon lit, j'ai fait asseoir Kyoko sur le matelas. «Mais pourquoi passer par devant ?»
«J'ai d'abord envisagé de casser la vitre, mais je craignais qu'il ne fasse trop froid si je laissais un trou dans la vitre.
«Merci pour ton inquiétude.», je lui frottai la tête, mais elle secoua ma main. Son regard inquiet n'avait pas disparu. Je m'assis sur ma chaise de bureau et je demandai: «Pourquoi as-tu essayé de te faufiler dans ma chambre de toute façon ?»
«C'était le seul endroit qu'il me restait...» Kyoko baissa la tête, regardant ses mains jointes.
Le silence remplit la pièce.
Je m'attendais à ce qu'elle se plonge dans une explication plus détaillée si je lui donnais un peu de temps, mais elle ne montrait aucun signe de vouloir s'ouvrir.
«Eh bien, je suis contente que tu sois en sécurité.» dis-je en prenant ses mains dans les miennes. «Je me suis tellement inquiétée pour toi, Kyoko. Tu n'as pas essayé de me contacter ou quoi que ce soit. Où étais-tu ?"
«... Je ne peux pas encore te dire ça.»
"Que veux-tu dire par là ?" demandai-je, légèrement vexée. «Tu ne me fais pas confiance ? Ou penses-tu que je ne suis pas capable d'aider ?»
«Ce n'est pas ça.» dit Kyoko, légèrement décontenancée par ma remarque. «Je suppose que je n'ai pas tout compris...»
Pour quelqu'un qui était normalement si calme et posée, elle semblait terriblement troublée. L'endroit où elle avait été ne devait pas être plaisant, ou quelque chose était arrivé. C'était une détective de premier ordre, et je ne pouvais penser à une chose qui pourrait la conduire dans cet état.
«C'est eux ?»
Après une longue pause, Kyoko acquiesça.
- Je ne leur pardonnerai pas.
Ces adultes poursuivaient sans pitié une collégienne, tout cela parce qu'elle était née par hasard dans un clan de détectives.
"Je promets que je t'expliquerai tout plus tard." dit Kyoko, en détournant les yeux. «Mais ces derniers jours, je fais de mon mieux pour les éluder et gagner du temps avant le retour de mon grand-père. Ils me ciblent, alors j'ai pensé qu'ils ne pourraient rien faire si je me cachais... »
«Tu es incroyable, tu sais ? Ils ont perdu ta trace et n'ont aucune idée de l'endroit où tu... »
«Yui...» m'interrompit Kyoko, un regard étonné sur le visage. "Comment sais-tu ça ?"
«Ah, eh bien, euh...»
J'avais trébuché sur mes mots. Était-il sage de garder secret ce qu'il s'était passé auparavant ? Devais-je au moins mentionner le nouveau Duel Noir ?
Je ne voulais pas la plonger plus profondément dans le désespoir. Elle ne devait plus avoir à souffrir.
Mais toute cette inquiétude ne servait à rien, Kyoko l'avait vu à travers mon hésitation.
"Tu as été mise en contact avec le Comité, n'est-ce pas ?" Kyoko se mordit la lèvre inférieure, alors que de petites rides d'inquiétude se formaient sur son front. «J'ai pris trop de retard... Les choses se sont déroulées exactement comme je le craignais. J'ai pensé qu'ils pourraient mettre leur attention sur toi durant mon absence et t'utiliser pour m'attirer. C'est pourquoi je suis venue directement ici. »
"Je vois ... mais je ne pense pas que tu sois la seule à qui ils s'intéressent."
"Que veux tu dire ?"
Je racontai tout ce qui s'était passé entre Ryuuzouji et moi plus tôt dans la journée, et en le faisant, Kyoko retrouva progressivement son calme. Le regard du détective calme et stoïque qui était sur son visage lui convenait toujours, mais j'avais aussi pitié d'elle. Son talent était si fort mais éphémère, qu'il pourrait finir par la briser un jour.
"Je me demande si je pouvais réellement les rejoindre en prenant l'enveloppe blanche ..."
«Tu regrettes ta décision ?»
"Pas du tout !" rigolai-je. "Je ne les laisserai pas faire ce qu'ils veulent si facilement."
«Mais... je crains que tout se passe toujours selon leur plan.»
En effet Ryuuzouji semblait penser que je ne choisirais pas l'enveloppe blanche. Cet aspect chez lui était effrayant - la capacité de percevoir le résultat.
«Après avoir parlé avec Ryuuzouji, il semble qu'ils croient vraiment que le droit chemin vers le salut pour les victimes passe par les Duel Noirs. Et ils pourraient voir la famille Kirigiri comme la plus grande menace pour leurs projets... »
«Je me demande...» marmonna Kyoko, plongée dans ses pensées. Quelque chose semblait vraiment la préoccuper.
"Oh, et voici le nouveau défi." Je sortis l'enveloppe noire de mon sac à dos.
"Tu ne l'as pas encore ouvert, n'est-ce pas ?"
"Nan. Le Duel Noir démarre dès que je l'ouvre. Je n'avais pas suffisamment de courage pour le faire sur-le-champ.»
Avec la carte de défi, une enveloppe de Duel Noir contenait toujours une sorte de puce électronique qui informait le Comité et le criminel du moment où elle était descellée. Les 168 heures qui suivirent correspondaient à la durée du jeu Duel Noir, et le but du criminel dans ce délai était de tuer toutes ses cibles tout en évitant d'être détecté par le détective. Cependant, s'ils étaient attrapés ou n'éliminaient pas leurs cibles, ils étaient alors considérés comme perdants et seraient tenus de rembourser l'intégralité du coût du Duel Noir financé par le Comité. Le montant exorbitant étant bien trop élevé pour un individu, le Comité utiliserait une police d'assurance-vie souscrite contre le criminel pour couvrir la dette.
«Que se passerait-il si nous la laissions scellée ?» demandais-je.
«J'imagine qu'un Duel Noir non ouvert finirait par être transmis à un autre détective. Mais cette fois, comme ils te ciblent directement, je parie que même si tu ignores celui-ci, une autre enveloppe arriverait à sa place."
Je tendis l'enveloppe noire à la lumière de la pièce, mais encore une fois, son contenu n'était visible.
«Je suis prête à parier que nous serons à nouveau piégées quelque part. Décidément... »Un soupir s'échappa de mes lèvres. «Est-ce que ce sera une villa de montagne cette fois ? Peut-être une île déserte. Je ne suis même pas une spécialiste des meurtres... »
"Mais la difficulté de l'affaire est proportionnelle à ton grade de détective, donc ça devrait être plus facile cette fois-ci."
"Oh, tu as raison."
Le rang du détective convoqué pour un Duel Noir était déterminé en fonction des armes et des astuces choisies par le criminel. Comme cette fois c'est moi qui avais le rôle de détective, il était possible de prédire le niveau de difficulté général de l'affaire.
«Kyoko, tu vas m'aider, non ? Je ne veux plus repartir seule quelque part. "
"Bien sûr. Après ce que nous avons vécu, je ne pourrai jamais détourner les yeux d'un Duel Noir. Si l'ennemi avance, nous devons agir pour le contrer.", déclara Kyoko avec une lueur inhabituellement grave dans les yeux. Ses yeux froids brûlaient de passion.
"Prévoyons un moment pour ouvrir l'enveloppe qui facilitera le calcul du délai", suggérais-je. «Demain à midi ?»
Kyoko acquiesça.
«Finissons toutes les préparations que nous devons faire avant ce moment là; nous devons couvrir toutes nos bases. Mais d'abord, tu dois prendre un bain. Et ne t'inquiéte pas, je vais brosser tes cheveux. "
Cette nuit-là, Kyoko tomba dans un sommeil profond peu de temps après s'être glissée dans mon lit. J'ignorais totalement les batailles solitaires qu'elle avait livrées, mais la voir enfin capable de se détendre m'a apporté de la joie.
Si seulement cette nuit ne finissait jamais. Si seulement le destin avait la gentillesse de m'accorder ce souhait.
Comme mon lit n'était pas assez grand pour nous deux, je passai la nuit emmitouflée sur le sol. Ce serait probablement la dernière nuit paisible pendant un certain temps.
L'aube éclata le matin du 10 janvier. Kyoko et moi soumîmes une demande à l'académie pour un congé d'une semaine, qui fut rapidement approuvée par la directrice compréhensive.
Au moment où l'horloge sonna midi, j'ouvris l'enveloppe noire.
Les messages dans l'enveloppe : (Pour référence, 100 millions de yens : 790 975 euros, 10 millions :79 097 euros)
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Le bar des au revoir— 20 millions yen
Arme: Couteau — 5 millions yen
Arme: Charybdotoxin — 30 millions yen
Arme: Corde — 3 millions yen
Piège: Pièce fermée — 20 millions yen
Coût total: 78 millions yen
En concordance avec les données-ci dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Musée des technique médiéval de torture — 30 millions yen
Arme: Vierge de fer — 30 millions yen
Piège: Pièce fermée — 80 millions yen
Coût total: 140 millions yen
En concordance avec les données ci-dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Le manoir hanté de Takeda — 30 millions yen
Arme: Katana — 30 millions yen
Piège: Pièce fermée — 100 millions yen
Autre: Élastique— 1 million yen
Coût total: 161 millions yen
En concordance avec les données ci-dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Aquarium Hades — 50 millions yen
Arme: Bloc de givre — 3 millions yen
Piège: Pièce fermée — 100 millions yen
Coût total: 153 millions yen
En concordance avec les données ci-dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Aquarieum Hades — 50 millions yen
Arme: Acide sulfurique — 10 millions yen
Piège: Pièce fermée — 100 millions yen
Autre: Chalumeau — 5 millions yen
Coût total: 165 millions yen
En concordance avec les données ci-dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Académie Kareobana — 30 millions yen
Arme: Bougies — 20 millions yen
Piège: Pièce fermée — 150 millions yen
Coût total: 200 millions yen
En concordance avec les données ci-dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Ile Otohari — 70 millions yen
Arme: Guitare — 10 millions yen
Piège: Pièce fermée — 120 millions yen
Autre : Haut-parleur — 20 millions yen
Coût total: 220 millions yen
En concordance avec les données ci-dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Paquebot S.S. Echidna — 100 millions yen
Arme: Croc — 100 millions yen
Piège: Pièce fermée — 100 millions yen
Coût total: 300 millions yen
En concordance avec les données ci-dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Académie pour fille Libra — 200 millions yen
Arme : Tuyau de fer — 3 millions yen
Piège: Pièce fermée — 150 millions yen
Coût total: 353 millions yen
En concordance avec les données ci-dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Club de la Nature Sawameki — 30 millions yen
Arme: Bûche — 3 millions yen
Piège: Pièce fermée — 100 millions yen
Autre: Parchemin — 50 millions yen
Autre: Joyaux — 200 millions yen
Coût total: 383 millions yen
En concordance avec les données ci-dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Ambition House — 180 millions yen
Arme : Grande cisaille — 5 millions yen
Piège: Pièce fermée — 200 millions yen
Coût total: 385 millions yen
En concordance avec les données ci-dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
Un message au détective
Fais attention aux cris du Duel noir
Location: Twin Abilities Research Center — 50 millions yen
Arme: Couteau— 5 millions yen
Piège: Pièce fermée — 500 millions yen
Autre: Chaînes — 3 millions yen
Autre: Cadenas— 3 millions yen
Coût total: 561 millions yen
En concordance avec les données c-dessus, le détective suivant est appelé :
Yui Samidare
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