Chapitre 81 - Moche
Deux jours.
Deux jours ont passés depuis l'annonce des salles et toujours pas de nouveau mobile. Ça ne ressemble pas à Monokuma, de nous laisser tant de temps. Et je sens que, encore une fois, il attend simplement le pire moment pour nous en donner un. Mais qu'est ce qu'il pourrait bien nous donner, hein ? Nous avons déjà eu de tout... Notre travail, nos famille, notre santé, nos amis... Il ne lui reste rien à exploiter, en apparences. Mais si on sait quoi que se soit sur les rémanents du Désespoir et Monokuma, c'est qu'ils ne sont jamais à court d'idées.
Ces deux derniers jours ont eu droit à relativement peu de turbulences. Kikenna-san a failli faire exploser quelque chose dans la salle des machines apparemment, mais Yoshio l'y a trouvée et sauvée d'une mort certaine par rouages géants. Taiwa-san soupçonne que ça ne soit pas réellement un accident, mais nous n'avons pas vraiment de quoi blâmer Kikenna-san. N'importe qui venant de perdre une amie proche penserait au suicide, le mangaka est bien placé pour le savoir, je suppose.
Ce dernier a prévenu qu'il allait travailler toute la journée sur la fresque. Inutile de le déranger, donc. Jin et Yoshio... Sont partis de leur côté. Depuis leur petit, comment dire... "Complot" de la dernière fois, je ne peux m'empêcher de stresser dès que je ne les vois que tous les deux. Et pourtant je ne vais pas vers eux pour autant, bien hypocrite que je suis. J'ignore où est Kikenna-san, sans doute enfermée dans sa chambre. Ça lui arrive de plus en plus, et encore une fois je ne peux la blâmer. Chacun vit le deuil différemment... Ikaku m'a prévenue qu'il allait s'occuper de quelque chose de son côté, qu'il n'allait donc pas être présent pour parler. Je ne sais pas pourquoi il a ressenti le besoin de me prévenir, mais j'apprécie.
Ne reste donc que Nadeshiko-san avec qui je peux espérer peut-être passer un peu de temps. Si seulement je savais où elle se trouve. Je ne l'ai même pas vue ce matin, lors du repas. D'après Ikaku, elle était déjà partie à ce moment... Elle n'est pas dans la bibliothèque, pas dans le salon de tir, pas dans sa chambre, pas dans la salle de musique...
Je salue Taiwa-san en le passant, il est trop concentré sur sa peinture pour même remarquer ma présence et j'accélère un peu le pas. Je ne veux pas le déranger plus que cela. Mais je me dois de remarquer qu'il a l'air plus épuisé que d'habitude... Tout le monde a l'air de subir le contrecoup, après des semaines de torture et de morts. Moi aussi, je peux le sentir, mais je préfère ne pas me concentrer dessus.
Je passe devant les armureries, enfin, et voit Nadeshiko-san remonter les escaliers menant au dernier étage du navire. Elle semble surprise de me voir et au moins aussi fatiguée que Taiwa-san, pour dire. Mais elle me sourit malgré tout et remonte sur sa tête ses éternelles lunettes. Je n'ai pas le temps de lui proposer quoi que se soit qu'elle m'invite à vérifier avec elle les armes des deux pièces face à moi. Je n'ai pas vraiment d'autre chose à faire, malgré le fait que ces pièces... Ne m'inspirent rien de bon.
Nous entrons donc et elle m'explique qu'elle fait cela de temps en temps, s'assurer que quelque chose comme les morts de Shoyo-san et Fupu-san ne se reproduisent pas. Ce que je comprends entièrement... Ma propre incompétence est ce qui a provoqué la mort de ce dernier, après tout. Si seulement nous avions regardé dans l'autre armureries ou dans les fusils...
Nous cataloguons et vérifions que les armes n'ont pas été touchées. Enfin, je dis "nous", mais Nadeshiko-san fait la majorité du travail. Son expérience militaire est encore et toujours présente, dans sa manière de tenir une arme et de les étudier. Je l'entends marmonner des choses dans une langue que je devienne être une forme d'arabe en vérifiant quelques armes et munitions.
«Eeet je crois qu'on en a fini avec les armes à feu ! Ça va, pas trop ennuyée choupette ?
- Non, ne vous en faites pas. Merci de me faire confiance pour vous aider.
- C'est normal, je dirai. J'veux dire, tu as un peu le mérite d'essayer le plus de résoudre ces affaires... Si bien que j'ai l'impression que les gens se reposent trop sur toi parfois.
- Et vous ? Vous vous reposez sur moi ?
- ... Je n'espère pas. Mais ça peut arriver.» et pour la première fois, je vois son sourire plein d'énergie se fissurer, sa main tremble légèrement à ses côtés et j'ai l'impression que quelque chose est sur le point d'exploser. «... Pouvons nous aller autre part ? Ma chambre, si tu veux ?»
Je hoche la tête, n'osant rien dire. Nous ne parlons pas le long du chemin et l'air est électrique. Taiwa-san est endormi en plein milieu du couloir, un coussin posé sous sa tête. Nous le contournons simplement.
Nous arrivons finalement dans la chambre de Nadeshiko-san. Elle est sobre, aussi peu décorée que la mienne. Sa couverture est pliée soigneusement sur le rebord de son lit. Le bureau n'a absolument rien dessus, pas même le carnet qui ornait mon propre bureau avant que je ne déménage dans la chambre de Jin. Nadeshiko-san s'asseoit sur la chaise et tend le bras vers son lit, m'invitant à m'y asseoir. J'hésite un peu et préfère rester debout, une désagréable impression d'être observée s'empare de moi.
«... Masayoshi. Je... Je me doute que ce n'est pas facile, d'être celle qui mène autant les investigations. Et... Et c'est pour ça que j'aimerai que tu me le dise, si je me repose trop sur toi.
- Non, non, ce... Ce n'est pas ce que je voulais dire, avec cette question.
- Je vois...» elle hoche la tête et soupire en passant ses mains sur son visage «Je... Peux te confier quelque chose ? Aucune obligation. Évidemment.
- ... Bien sûr. Je suis toute ouïe, Nadeshiko-san.
- Merci.» elle sourit de nouveau, enfin, mais pas de son sourire habituel. Elle a l'air plus... Soulagée ? «J'ai... Peur de mourir. Comme tout le monde, tu me diras, mais... J'ai peur de mourir des mains de la personne qui nous a enfermés là surtout.
- ... Pourquoi... Particulièrement ici ?
- J'ai vu à quoi ressemble le Désespoir, Masayoshi. Ce n'est pas une chose aussi belle et qui mérite la guerre qu'ils désirent. C'est... Sale. Sombre. Et je ne veux pas que ma petite soeur apprenne que sa grande soeur, son "héroïne" soit morte à cause de ça.» son sourire se tord en une grimace et des larmes perlent aux bord de ses yeux «Je ne veux pas que ma petite soeur apprenne que je suis morte ici, que je ne suis plus là car j'ai fini par laisser le Désespoir gagner, tu comprends ? Je... Je ne suis pas parfaite, je n'étais pas aussi incroyable qu'elle a l'air de le penser, mais je ne veux pas que la dernière impression qu'elle ait de moi est que je sois décédée ici à cause de ce que j'ai passé ma vie à combattre.
- ... Vous la reverrez.» je ne sais pas pourquoi c'est la première chose que j'ai dis. Mais je ne voyais rien d'autre à répondre face à cette confession. L'impression d'être observée disparaît. «Vous pourrez lui dire tout cela. Vous pourrez la serrer dans vos bras, et vous n'allez pas mourir ici. J'en suis persuadée.
- ... Merci, Masa-chan.» elle rigole un peu, et se lève avant d'ouvrir les bras. Je hoche la tête et me retrouve prise dans un câlin un peu étouffant contre une femme bien trop grande. Je la sens toujours trembler contre moi, mais je la laisse faire. Je fini même par passer mes propres bras autour de sa figure. «J'espère que tu as raison.»
J'espère également.
***
Nadeshiko est un personnage que j'adore mais aussi très dure a écrire. Elle a énormément évoluée depuis le début de Disrupt dans mon esprit, je ne suis pas sur.e que se soit visible cependant :')
Hiroko : Elle a une classe certaine.
Mmh, vrai. J'aimerai la mette plus en avant, mais c'est complexe malheureusement... La fin se rapproche, après tout :')
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