Chapitre 64 - Pâtisserie
Les deux jours qui ont suivi mon marché avec Bôkyaku sont restés plutôt calmes.
Je n'ai pas recroisé l'assassin seul. Il était soit en compagnie de Nadeshiko-san qui a enfin pu se débarrasser de son plâtre, soit celle de Kami-san, carnet en main. J'ai moi même passé la majorité de mon temps à la serre avec Yoshio et Jin, qui ont été surpris de me voir avec un bandage à la main qui est maintenant parti, la cicatrisation avançant très bien, ou dans la bibliothèque en compagnie de Kikenna-san et Nise-san. Je croise encore Taiwa-san, travaillant sur son oeuvre murale à s'en faire mal au dos.
La nuit dernière, c'était mon tour de surveiller les couloirs. Jin et Yoshio sont donc restés dormir de leur côté, et je n'ai rien vu de suspect. Personne n'est sorti de sa chambre par la porte, personne n'a rien fait. Pour le moment. La peur de voir un cadavre en ouvrant une porte est toujours présente malheureusement.
Je rejoins le groupe en même temps que Kami-san qui est le dernier a avoir quitté sa chambre. Je vais m'asseoir avec Jin et Yoshio et écoute à moitié leur discussion sur le petit déjeuner de ce matin. J'étouffe un bâillement et mange, je n'ai pas la tête à parler ce matin. Je lève les yeux pour regarder dans le réfectoire. Tout le monde est là, pour une fois, même Bôkyaku. Il me fait d'ailleurs un signe de la tête quand nos regards se croisent... Par politesse, je lui rends et reprends mon repas.
Un claquement sonore me fait sursauter et avaler de travers mon oeuf, je dois boire en vitesse mon verre pour ne pas m'étrangler et voir Kikenna-san, un grand sourire aux lèvres et debout sur sa table. Je peux voir que Nise-san a récupéré dans ses mains son assiette...
«Désolée de vous surprendre ! Eheh... C'est juste que Chie et moi, on a eu une idée !
- Et cette idée faut la peine de faire faire une crise cardiaque à tout le monde...?
- J'ai dis pardon, ça va...» elle soupire avant de redescendre de la table, son manteau volant un peu derrière elle «En gros, ça vous dit de tous faire un peu de cuisine plus tard ? Je sais que la dernière activité en groupe qu'on avait proposé a un peu été tuée dans l'oeuf, mais... Je me dis que ça peut nous faire du bien !
- Quand tu dis "tous", tu...
- Oui, ça veut dire lui aussi !» elle pointe Bôkyaku du doigt, un grand sourire aux lèvres et même lui semble surpris pour une fois. Bien qu'il reprenne vite son air neutre. «On devrait pas laisser quelqu'un de côté ! Et ça peut que nous faire du bien, non ? On a tous besoin de se détendre un peu, et pour ça, rien de tel que de faire des gâteaux.
- J'aime cette idée !» Nadeshiko-san se lève de sa table et va prendre dans ses bras la chanceuse, riant avec elle. «On peut faire ça cet après midi, comme ça on est sûr que ça va arriver ?
- C'est... Vous êtes sérieuses...?
- Pourquoi pas ?» Nise-san joue avec sa fourchette, ses cheveux détachés pour une fois «On est pas beaucoup. Autant profiter un peu.
- Autant faire un vote, non ? La majorité gagne !» Nadeshiko-san lâche Kikenna-san et regarde tout le monde «Que ceux qui veulent qu'on fasse ça, lèvent la main !» rapidement, leur trio lève la main. Suivit par Kami-san, et même Bôkyaku. J'hésite moi même mais... Il est vrai que nous n'avons rien a perdre, de ce genre d'activité. Alors je lève la main aussi, et Yoshio me suit. «Quatre, cinq, six, sept... Bon bah, c'est décidé !
- Pourquoi pas avoir levé la main vous deux ?!
- Ne me parle pas d'un air aussi accusateur Nise-san.» Taiwa-san soupire avant de passer une main dans ses cheveux «J'aurais juste aimé faire ma peinture. Mais tant pis, demain je suppose.
- Et je ne suis simplement pas quelqu'un qui fait beaucoup de pâtisserie. Mais si Yoshio et Atsu en sont, je ne vois pas de problème.
- Parfait alors ! On se dit après manger ?»
Et sur cet accord général, nous nous divisons. Je vois Nadeshiko-san courir vers Bôkyaku, l'air absolument ravie. Est-ce qu'elle essaie de le faire se sociabiliser, comme Yoshio le fait avec moi...?
La matinée est vite passée avec Yoshio et Jin. Nous avons juste profité du soleil sur la scène, Yoshio apprenant les bases de la guitare à Jin et racontant des anecdotes sur les concerts qu'il a fait ou auxquels il a assisté. Jin a lui même raconté des histoire des voyages fait avec sa famille ou parfois seul.
Le repas s'est vite fait aussi, et Kikenna-san n'a laissé à personne l'opportunité de partir du réfectoire avant de pouvoir commencer à faire de la pâtisserie. La chanceuse distribue rapidement des rôles et il est décidé de faire plusieurs gâteaux pour correspondre à tous les goûts.
Kami-san, Bôkyaku et moi sommes désignés pour nous occuper d'une tarte au citron meringuée. Ce n'est pas forcément aisé, quand Bôkyaku semble plus confus qu'autre chose et refuse d'enlever ses gants, mais nous avançons. Yoshio, Kikenna-san et Nise-san sont en train de préparer des cookies et je peux voir Yoshio essayer d'empêcher l'hypnotiseuse de tenter de manger de la pâte. Et enfin, Jin, Taiwa-san et Nadeshiko-san font un fondant au chocolat, et ont l'air d'être le groupe qui se débrouille le mieux.
Nous échangeons des rires et je vois un ou deux ingrédients voler à travers la cuisine du navire, toujours pour être rattrapé par Bôkyaku ou Nadeshiko-san. Je dois me baisser pour esquiver un sachet de levure en poudre qui allait bien trop près de mon nez à mon goût.
Un "pof" se fait entendre derrière moi, et je vois Kikenna-san, le visage complètement blanc farine, face à Yoshio qui semble médusé. Personne n'ose bouger, avant que Nadeshiko-san ne récupère un torchon et ne le donne à la chanceuse qui rigole, s'excusant auprès de Yoshio de l'avoir effrayé. Il s'excuse également et le travail reprend tranquillement. On dirait que nous avons échappé à une bataille d'ingrédients et un nettoyage sans doute forcé par Monokuma.
Nous mettons les diverses pâtisseries dans le four après quelques heures de travail plus ou moins laboureux. Bôkyaku a lancé quelques regards de tueur à Kami-san quand ce dernier faisait des remarques sur sa manière de mélanger et j'ai entendu Taiwa-san marmonner des mots peu encourageant une ou deux fois, mais en tout et pour tout, se fut un bon moment.
Le ménage est commencé une fois des balais ramenés de je ne sais où par Monokuma, et le silence est agréable, léger.
«Je suis heureuse d'avoir pu passer cet aprèm avec tout le monde...» Kikenna-san joue un peu avec une mèche de cheveux noirs, sourire aux lèvres «C'est la première fois que je fais ça. Avec des gens que j'apprécie, je veux dire. Je... Sais qu'on est pas dans une situation facile mais, malgré tout, je suis heureuse de vous avoir rencontrés. Et que vous soyez tous là.
- Je sais c'que tu ressens Chôko-nee...» Nise-san se jette dans les bras de la chanceuse, abandonnant son balais. Pas que qui que se soit ne fasse le ménage dans l'immédiat. «Mes... Mes parents me manquent, mais... J'ai rencontré des gens gentils, ici.» j'ai l'impression qu'elle me regarde, mais impossible d'en être certaine. «D'autres qui font peur, mais... Je suis contente quand même. Parce que j'ai Chôko-nee avec moi !
- ... Nah, ouais, c'est vrai.» Yoshio se pose contre un comptoir de la cuisine, et je crois que nous avons définitivement abandonné l'idée de balayer dans l'immédiat. «Genre, je m'inquiète pour mon père et mon frangin. Je sais pas s'ils vont bien, mais j'me dis que y a des gens auxquels je tiens ici aussi, et que j'aime sincèrement.
- ... Jvous envie un peu.» Taiwa-san est assit sur un plan de travail, visage dirigé vers le sol «Je devrais sans doute pas, je sais. Mais... Vous avez trouvé des gens qui tiennent à vous. Et je le mérite sans doute, de pas avoir ça. Pour l'avoir tuée. Mais ouais... Je... Je vous envie d'avoir des gens ici qui tiennent à vous. Moi ils sont tous les deux morts.» il essuie des larmes, rapidement. Et je ne peux que comprendre cette impression. Ne suis-je pas moi même une meurtrière car j'ai été celle qui a amené la lumière sur les meurtres et ait mené ces gens à leur mort ? Pour la loi, je le suis sans doute. «Et... Et j'aimerai me faire pardonner. Mais je peux pas faire ça. Désolé...
- Hey, Taiwa-kun, Eii...!» Nadeshiko-san prend dans ses bras le mangaka, et même si je ne peux pas voir son visage, je devine qu'elle est triste de le voir ainsi. Comment cette femme peut avoir autant d'empathie...? «Tu es en vie, et c'est le plus important pour le moment. Nous sommes tous en vie. Et mourir... Mourir, c'est pas ça qui vengera ces vies. C'est pas ça qui fera que tu seras pardonné. Qu'on sera pardonnés. Alors on doit vivre !
- ... Vous êtes bizarres.» la voix de Bôkyaku résonne dans le réfectoire, et si son expression est indéchirable, je vois dans ses yeux le même air que quand je l'ai vu, il y a deux jours. «Vous parlez de vous être faits des amis. Mais... N'importe qui pourrait tuer, demain.
- C'est vrai.» Jin avance vers lui avant de poser sa main sur son épaule. «C'est pas possible de savoir à coup sûr qu'il n'y aura plus de meurtres. Mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas trouver des gens pour nous rassurer. Ou nous aider... Toi aussi, tu as ça. Même si tu ne veux pas l'admettre.
- ...» Bôkyaku semble choqué une seconde, et son regard se pose sur Nadeshiko-san et moi même... Moi ? «Vous êtes des simplets.
- Peut-être. Mais soit sincère, pour une fois. C'est agréable, de partager un moment avec tous ?
- ...» j'ai l'impression que Jin a bien plus de facilité à défaire les défenses de l'assassin que moi. Les deux garçons se regardent une seconde dans les yeux, avant que Bôkyaku ne regarde ailleurs, les bras croisés sur son torse «C'était... Pas mal. C'est la première fois que je fais ça.
- On pourrait en refaire, si vous voulez ?» la voix de Kami-san perce la tension naissante, et son sourire aisé aide à me détendre. «Peut-être pas nécessairement nous tous, mais... Par petits groupes, si des personnes en ont envie.
- On peut mettre ça en place oui ! Qui est pour ?» cette fois ci, toutes les mains se lèvent, plus ou moins haut. «Alors parfait !
- Bôkyaku-kun...» Nadeshiko-san approche de l'assassin et le serre dans ses bras, ce qu'il rend d'un air hésitant «Je suis fière de toi.»
Il baisse les yeux, avant de les relever vers moi. Je lui souris d'un air un peu hésitant et j'ai presque l'impression que son regard s'adoucit. Jin et Yoshio me rejoignent et rapidement le ménage est clôturé.
Les gâteaux sont sortis du four, partagés, et nous avons même quelques cookies pour demain matin une fois le repas fini.
Un planeur est installé sur l'encadrement de la porte de la cuisine, où nous pourrons indiquer si nous souhaitons faire quelque chose ce jour là, et d'autres pourront rejoindre aux heures indiquées.
Une fois dans le lit entourée par Jin et Yoshio, la fatigue me rattrape d'un coup et j'ai à peine le temps de leur dire bonne nuit que je sombre dans un sommeil sans rêves.
***
Well, un chapitre plus détente qui m'a été proposé par mon amour de Corneille :]
J'avais un peu peur en entrant dans la rédaction mais au final je me suis bien démerdé.e, c'est cool :D
On a encore quelques chapitres avant un meurtre ou quoi, ne vous en faites pas... :)
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