Prologue (8) : And there's discord in the garden tonight
TW : Imagerie corporelle un peu dégueu sur la fin du chapitre
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Complètement démuni.e, je contemple le désastre laissé par Monokuma et son assistant.
Une tatoueuse à terre, soutenue par la pilote qui la relève tant bien que mal.
Une kinésithérapeute morte d'inquiétude, accroupie au pied du fauteuil roulant de l'activiste.
La mime en larmes dans les bras de son frère, l'imitateur.
Un pole dancer qui ne semble pas avoir réalisé la gravité de la situation et rigole nerveusement.
Un tailleur de pierre qui essaie de camoufler sa pâleur derrière un masque dédaigneux.
Une neuroscientifique au visage de marbre et au regard perdu dans le vague.
Un onirologue dont le sourire s'est effacé, et dont le vrai visage reste inconnu.
Un technicien de surface tremblant de tous ses membres, et derrière lui une biathlète au bord des larmes.
Un croupier au bord de la crise d'angoisse.
Une toxicologue gardant les mains crispées sur son ventre, comme pour essayer de préserver ce qu'il s'y trouve.
Une fille isolée de tous de son propre chef, l'élément en trop, qui semble réfléchir intensément.
Un cuisinier terrorisé, qui tripote le bas de sa jupe pour essayer de trouver un peu de consolation au contact du tissu.
.... Et un.e interprète au bras cassé.
Lequel d'entre nous est responsable de tout ça, je me le demande. Ça pourrait être n'importe qui. Ça pourrait être moi. Je pourrais tout à fait ne pas m'en souvenir, et ça me terrifie. Et si c'était ma faute ? Ou... Pire, si je mourais ici... Je ne veux pas y penser. Mais je suis bien obligé.e d'envisager toutes les issues possibles... Si tant est que "issue" est un mot qui s'applique à notre situation.
- Nous devrions choisir notre colocataire.
Les regards se tournent vers Noelle, toujours aussi stoïque. Je ne sais pas comment elle fait pour rester aussi calme dans une telle situation. Elle a peut-être lu le livre, mais moi aussi je l'ai lu... sauf que je l'ai parcouru sans croire que ça m'arriverait un jour. C'est comme aux infos, les scènes de bâtiments bombardés. On se sent mal, on se dit que c'est une tragédie. Puis on éteint la télé. Sauf que ici, je suis de l'autre côté de l'écran. Éteindre la télé signifierait m'éteindre, moi. Je ne comprends pas comment cette fille peut supporter cette seule pensée.
- Choisir notre... dans un moment pareil ? souffle Theodosia.
- C'est justement le bon moment. C'est ce qu'elle nous a ordonné de faire, et c'est la seule chose que nous pouvons faire. Nous pourrions chercher un moyen de sortir, il est vrai, mais nous sommes tous épuisés. D'autant plus que si vous avez lu "Danganronpa" de Wen Xiang Monogatari, vous savez que les tentatives d'échappatoires se révèlent souvent infructueuses.
Wow, merci, je me sens encore plus motivé.e maintenant. Comme si j'avais besoin de son honnêteté à deux balles.
- Je suis d'accord avec elle, déclare Altaïr. On devrait se concentrer sur autre chose, et puis aller faire une bonne sieste, vous ne croyez pas ?
- Je plussoie, souffle Judicaël, encore blême de la douleur infligée plus tôt.
- ... On choisit nos colocs, donc ? s'exclame Lan Yue qui retrouve son sourire, visiblement ravi.e d'avoir trouvé une distraction.
Peu à peu, chacun retrouve le don de la parole, et commence à bouger. Ema s'est relevée, et Theodosia vient lui offrir un mouchoir pour qu'elle puisse se nettoyer. J'imagine que les jumeaux prendront le même chalet.
Lan Yue vient directement vers Judicaël, et lui demande quelque chose avec un grand sourire. Judicaël n'hésite pas longtemps, et les deux se donnent une tape sur l'épaule. Ok, donc ils prennent le même chalet.
Theodosia s'approche d'une Michiru encore tremblante et prend doucement ses mains dans les siennes, avant de lui dire quelques mots d'un air rassurant, qui semblent arracher un faible sourire à la toxicologue. Ces deux-là en coloc aussi, donc.
Altaïr a déjà saisi le bras d'Hibari, qui a l'air au bout de sa vie mais n'émet aucune protestation. Ces deux-là sont écartés de la liste.
Je réprime un ricanement en voyant Shun et Benedikt se serrer la main avec une répulsion mutuelle. Certains ont donc décidé d'opter pour la stratégie du "plus on est opposés moins on interagira donc mieux c'est". À leurs risques et périls. Kiseki, elle, s'approche de Noelle et lui parle en regardant ses pieds. La neuroscientifique hoche simplement la tête, et le visage de la biathlète s'illumine. Il lui en faut peu, dis donc.
Je suis l'un.e des dernier.e.s restant.e.s, et à part moi il ne reste plus que...
Sora.
Je me tourne vers luel et nos regards se rencontrent au même moment. Mes joues chauffent d'un seul coup. Iel a l'air un peu hésitant, et encore craintif.
- Tu... Tu veux bien qu'on partage un chalet ?
Je hoche la tête, un peu pris de court par sa façon de le dire. Bon sang, c'est pas une demande en mariage. Heureusement, le malaise se dissipe vite car son visage s'éclaire, et il me saisit la main avant de courir à toute vitesse vers l'avion pour récupérer nos valises.
Cela fait, nous nous dirigeons vers le seul chalet qui n'a pas été pris d'assaut. Il est plutôt joli, en bois clair comme l'infirmerie, entouré d'une sorte de terrasse et possédant même une rampe d'accès pour personnes handicapées. La porte étant déverrouillée cette fois, Sora l'ouvre en grand.
L'air du dehors fait bouger un peu de poussière dans la lumière. Il fait bon à l'intérieur, ça doit être chauffé d'une façon ou d'une autre vu que je n'aperçois aucun radiateur. Nos regards parcourent une pièce à vivre de taille moyenne, pourvue d'un canapé, d'une télé, d'une table et même d'un frigo et d'un micro-ondes dans un coin. Elle débouche sur un couloir pourvu de deux portes frontales et de deux autres latérales. En ouvrant ces dernières, je découvre une salle de bain pourvue de tout ce dont on pourrait avoir besoin... Et même ce dont on a pas besoin vu qu'il y a un bidet. La chambre est la pièce la plus spacieuse, décorée symétriquement de deux bureaux, deux armoires et deux lits doubles. Il y a en effet une porte coulissante opaque qui coupe la pièce en deux.
Je pose ma valise sur mon lit, et fait signe à Sora de tirer la cloison. Elle ne proteste pas, visiblement tout aussi épuisée que moi, mais me souhaite quand même une bonne "nuit" avec un petit sourire. Je bégaie quelque chose en retour. Non, je n'ai pas rougi... je crois.
Je fais un tour sur moi-même. Ok. D'abord, ranger mes sacs, vu que je vais probablement rester un moment ici. J'ouvre l'armoire. Elle est remplie de tenues, certaines des répliques de celle que je porte actuellement, d'autres plus variées. Manteaux, chaussures, sous-vêtements... rien que des copies de ce qui m'appartient. Je frissonne et claque les portes. C'est bon, j'ai eu ma dose, je viderai ma valise demain.
Je me débarrasse du trench coat et me laisse tomber sur le lit tout habillé.e, les yeux levés vers le plafond. J'en ai passé, des journées de merde, mais celle-là, c'est de loin la pire.
Je ferme les yeux, et même si je ne suis pas croyant.e, je prie.
Je prie pour me réveiller chez moi, dans un lit aux draps familiers, et que toute cette histoire ne soit qu'un affreux cauchemar.
***
Je suis réveillé.e en sursaut, par le bruit d'un volet qui claque.
Et un courant d'air glacial.
J'ouvre les yeux brusquement. Je me redresse, et grimace en massant mon bras. Toujours en écharpe. C'était pas un cauchemar. Évidemment.
Minute. La fenêtre est ouverte, les volets claquent contre les murs extérieurs, alors que les rideaux sont soulevés par un vent glacé. La nuit est tombée, de l'extérieur je ne distingue que la neige qui brille sous la lune.
J'allume mon portable. Minuit deux.
Le vent aurait pu ouvrir la fenêtre, certes. Mais les volets étaient crochetés, et on n'est pas non plus en pleine tempête. Ça ne laisse qu'une solution, quelqu'un est entré pendant que je dormais. Mon sang se glace dans mes veines, alors que je me lève du lit pour refermer la fenêtre.
C'est là que je les vois, sur mon bureau.
Des photos. Étalées en éventail.
Des photos de ma famille.
Moi, Mimi, Abigail et Emily, à l'aquarium. En 2016. C'est marqué au dos de la photo. Mimi me tient dans ses bras pour que je puisse bien voir les poissons. La photo est prise par Abby, en selfie, et Emily se cache derrière elle. On la voit quand même. Je sens un sourire naître sur mon visage. C'était pour mon anniversaire, cette sortie. J'en ai gardé plein de photos. C'était une journée formidable, même si j'ai le vague souvenir de m'être bien éraflé le genou en tombant dans un escalier. Il est d'ailleurs décoré d'un pansement sur la photo.
Quatre personnes sont présentes sur la deuxième photo. Moi, devant la télé avec Jake qui s'endort sur moi en suçant son pouce, et Darius par terre au pied du canapé, l'air fasciné. Papa s'est affalé sur le dossier, un sourire aux lèvres, et fixe l'écran de la télé avec nous. Les noms de mes frères et celui de papa sont écrits au dos de la photo. L'écran se reflète dans les lunettes de Papa, mais impossible de deviner la nature de l'émission.
Et puis, la troisième. Cette fois, c'est Padre, Blue, et moi. Blue tient dans sa main une lettre, un grand sourire aux lèvres. La lettre d'invitation à Hope's peak. Padre et moi, on sourit aussi. C'est Warren qui a pris la photo, en laissant un pouce en l'air devant l'objectif. Blue était tellement heureuse d'avoir été invitée à rejoindre, si elle avait su...
Mon sourire s'évanouit bien vite.
Ils ne sont pas là. Et je ne peux pas les rejoindre.
Ils me manquent. Ils doivent être morts d'inquiétude. Ou peut-être ne sont-ils pas au courant de ma disparition ? J'irais presque jusqu'à l'espérer. Je préférerais qu'ils me croient arrivé.e au Japon au sécurité, plutôt que coincé.e dans un jeu de la mort.
Je rassemble les photos, et mon regard tombe sur la quatrième, à laquelle je n'avais pas fait attention.
C'est... moi, sur les genoux de Maman. Je ne suis qu'un bébé, et elle est assise dans un fauteuil, sur la terrasse. À côté d'elle, une fillette la tient par la manche, son rire figé dans l'image. Elle a de longs cheveux blonds tirant vers le châtain, et des yeux qui sont une parfaite copie des miens.
Mariella.
Mariella.
Comment est-ce qu'ils ont obtenu une photo de Mariella ? On en a peu. Voire même pas du tout, je croyais qu'on les avait toutes jetées... Qu'elle les avait toutes jetées.
Je le réalise seulement maintenant, mais ces foutues photos, ils viennent de les poser là. On ne me les donne pas en souvenir, ni comme doudou pour dormir, on me les donne pour me narguer. Pour qu'on me rappelle à quel point ils sont loin de moi.
Pour certains, à quel point ils ont toujours été loin de moi.
Une douleur me saisit au ventre. Une douleur familière, celle qui me tord les boyaux et gonfle mes intestins, celle qui crée un goût acide dans ma bouche et m'empêche de respirer.
Je me rue aux toilettes, m'assoit sur la cuvette, et je me vide. De tout. De tout ce que j'ai avalé aujourd'hui, au sens propre comme au figuré. C'est dégueulasse, c'est pas glamour, mais c'est toujours comme ça.
Je tire la chasse. Ouvre le robinet. Me passe de l'eau froide sur le visage. Je bois un coup. Je prends de longues inspirations. Mes intestins se tortillent comme des serpents qui grouillent. Qui attendent un signe de faiblesse de ma part pour me bouffer.
Mes yeux rencontrent ceux de mon reflet. Vides. Creux. Je me suis vidé.e de tout dans ces foutues chiottes. De tous les espoirs que je me suis fait.e pendant la journée.
Il aura suffi d'une putain de photo.
Mika, espèce de crétin fini. À quoi tu penses ? C'est bien joli de te trouver une colocataire sympa, mais à quoi ça sert ?
À quoi ça sert, puisque c'est probable qu'elle meure.
Puisque c'est probable que tu meures.
Je me détourne du miroir, et retourne dans ma chambre sur mes jambes tremblantes. J'essaie de distinguer Sora à travers la cloison, mais je n'entends pas un bruit, et impossible de la voir.
Sora, et tous les autres... je ne devrais pas baisser ma garde. Je ne devrais pas m'attacher. Pas trop.
M'attacher juste ce qu'il faut pour en faire des alliés. Me détacher malgré tout parce qu'ils restent éphémères.
Ils pourraient tous mourir.
Mais ils pourraient tout aussi bien tous vouloir me tuer.
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Allô Wattpad, ici Noa ! :D
Cette partie marque la fin de mon prologue. Merci beaucoup d'avoir lu jusqu'ici, ça veut dire beaucoup pour moi ! D'ailleurs n'hésitez pas si vous avez des remarques, des critiques, ou si vous voulez relever des erreurs. :3
C'est donc le moment que vous attendez tous, j'ai nommé... Les votes des FTE :D
Petites explications vite fait : Les FTE, c'est des moments sans réelle incidence sur le plot qui servent à développer les personnages et leurs relations.
Dans mon cas, j'accorde quatre votes à chaque lecteur.ice ! Libre à vous de les mettre sur les personnages que vous voulez, vous pouvez mettre vos quatre votes sur le même perso si ça vous chante, mais c'est plus rigolo si vous départagez~
Les trois personnages avec le plus de votes auront deux FTE pour le chapitre suivant, ou peut-être un seul pour le dernier, j'irai un peu au feeling parce que j'ai pas vraiment de plan précis des FTE je vous avoue :sueur:
Mais bon, je réglerai tout ça en faisant le plan détaillé du chapitre 1.
Sur ce... À vos votes !
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Sora Seon, Ultime Chef cuisinier
Michiru Uemura, Ultime Toxicologue
Ema Aozora, Ultime Mime
Mao Aozora, Ultime Imitateur
Judicaël Levavi, Ultime Activiste LGBT+
Noelle J. Vincent, Ultime Neuroscientifique
Tritri, Ultime Pilote de Drone (FTE NON DISPONIBLES POUR CE CHAPITRE)
Theodosia Hoyle, Ultime Kinésithérapeute
Kiseki Ayase, Ultime Biathlète
Hibiki Hibikaze, Ultime Tatoueuse
Hibari Hagane, Ultime Croupier
Eiji Maekawa, Ultime ???
Lan Yue, Ultime Pole Dancer
Altaïr Calliope, Ultime Onirologue
Shun Furusawa, Ultime Technicien de surface
Benedikt Oliver Emilio Manninger-Semmelweis, Ultime Tailleur de pierre
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Voilà ! Je précise que presque tous les personnages ont un petit élément de lore à révéler, qui sera dans leurs derniers FTE, certains plus importants que d'autres. Ça n'aura pas d'incidence sur le plot tho vous en faites pas, pas de mauvaises réponses !
Sur ce je vous laisse avec le récapitulatif des personnages, gros cœur sur vous tous.tes et prenez soin de vous <3
- Noa
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