Chapitre II (7) : Des milliards d'étoiles naissent et meurent à chaque instant

(TW : mention de cadavre, de strangulation et de sang)

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Vous savez ce moment où vous vous dites que ça y est, ça peut vraiment pas être pire ?

Eh bah encore une fois, j'avais tort. Ne jamais penser ça, bordel, c'est bien connu que ça porte malheur.

Non seulement je me suis pris un râteau sous-entendu, mais en plus j'ai complètement craqué dans les bras de Sora et j'ai fait un cauchemar malgré sa présence dans mon lit. Vraiment, j'adore la vie, je passe une pure semaine.

Le seul bon point, comme j'ai dit, c'est que Sora a dormi avec moi. Et cette fois, je m'en plains pas. J'avais besoin qu'iel soit là, de ne pas être seul.e à suffoquer dans l'océan de mes draps. Iel se réveille doucement d'ailleurs, j'arrive à l'apercevoir même avec mes yeux embués.

– Mika ?

Son expression se décompose et vire à l'effarement.

– T-Tu pleures !

Bon, bah autant pour essayer de pas l'inquiéter. Même si vu le caca nerveux que j'ai fait hier, c'était déjà un peu foutu. Je me redresse lentement en position assise, et m'essuie les yeux.

– Ouais. Juste un cauchemar, t'inquiète.

– T'as rêvé d'hier ?

Un mal de crâne me saisit d'un coup, mes doigts massent l'arête de mon nez dans une tentative pas très fructueuse pour le soulager. J'ai pas envie de repenser à hier.

– Un peu.

– Tu veux en parler ?

J'ai froid d'un coup, et mes ongles s'enfoncent nerveusement dans ma lèvre, sur ma cicatrice. Les voix de mon cauchemar sifflent dans mes oreilles comme autant d'acouphènes, et ma respiration s'accélère. En parler, ça le rendrait réel. Je peux pas faire ça. Je veux pas.

Les doigts de Sora se referment sur mon poignet et écartent doucement ma main de ma bouche. Je l'ai rarement vu avec une expression plus sérieuse que maintenant.

– C'est pas grave si tu veux pas. T'es pas obligé.e.

Ma respiration se calme. Dire qu'il a peur de passer pour un forceur alors que c'est une des rares personnes à réellement respecter mes limites, et à comprendre mes réticences sans que j'aie besoin de prononcer un seul mot. Iel me sourit, et je me sens plus tranquille comme par magie. C'est franchement bienvenu, j'ai besoin de sérénité un peu.

– Tu sais ce qui te ferait te sentir mieux ? Un énooorme petit-déjeuner !

À ces mots précis, mon ventre laisse échapper un gargouillis sonore. Mais quelle subtilité. Ça fait rire Sora au moins…

– Je prends ça pour un oui !

Le temps que je m'extirpe péniblement de mon lit, que je me débarrasse de ma crasse et que je m'habille, notre petite cuisine est déjà envahie d'odeurs qui me feraient presque baver sur le parquet. Sora a fait des œufs brouillés. J'adore les œufs brouillés. Je roulerais un patin à Shun si ça me permettait d'obtenir des œufs brouillés.

Ahem. Je n'aurais visiblement pas à en arriver là, dieu merci. Urgh, j'ai une image mentale maintenant. Berk.

Sora dépose sur la table deux assiettes d'œufs assortis de haricots blancs et une, plus grande, où s'empilent des pancakes. Devinez qui va se faire allègrement péter la panse ce matin… Je pensais que j'aurais l'estomac noué, mais pas du tout. L'humeur est pas non plus très élevée, mais je me sens quand même un peu plus léger.e. Ça change.

Chaque bouchée est meilleure que la précédente, c'en est presque de la sorcellerie. Je me tape mon meilleur orgasme buccal. Mais en face de moi, Sora chipote dans son assiette, mâche avec un air de concentration intense et ne pipe pas mot. Ce qui pour lui est quand même un exploit inquiétant.

C'est là qu'elle frappe la table du plat de ses mains et manque de faire tomber nos verres de jus. Et de me foutre une crise cardiaque au passage. Elle pourrait prévenir, un peu…

– Chai eu une idéech ! s'exclame-t-elle avec la bouche encore remplie de haricots.

– Avale avant de me la soumettre si tu veux bien.

Elle s'exécute bruyamment, et me regarde avec des étoiles dans les yeux. Aïe aïe aïe, je commence à douter du bien-fondé de son illumination. N'oublions pas que Archimède a couru à poil dans les rues d'Athènes après avoir découvert sa fameuse poussée.

– Ça fait un moment que tu fais des cauchemars, non ? Des fois tu parles dans ton sommeil et tout… Je t'ai déjà entendu en venant te réveiller, c'est vachement inquiétant ! Du coup je me demandais comment t'aider. Et puis là je me suis rappelé d'un truc et je me suis trouvé un peu con.

Iel se penche vers moi, un grand sourire aux lèvres. Ça me touche qu'iel veuille m'aider, vraiment, mais je le sens mal.

– Altaïr ! Son talent c'est littéralement l'étude des rêves ! Peut-être qu'on peut lui demander de t'aider !

– Ah non non non ! C'est mort !!

Merde. C'est sorti de manière un peu plus véhémente que prévu, et Sora me regarde avec incompréhension.

– Bah pourquoi ?

– C'est… Enfin, c'est Calliope quoi, il est…

– Il est ?

– Bizarre ? Il me met mal à l'aise !

Iel fait la moue, les sourcils froncés.

– Pourtant tu lui as pas beaucoup parlé. Faut pas le juger juste sur son apparence, tu sais ! Et puis c'est le seul qui peut t'aider dans le cas présent.

– Sora, j'ai pas besoin d'aide…

Ses sourcils se froncent encore davantage. Devinez qui vient de louper une belle occasion de se taire…

– Bien sûr que si ! C'est pas des rêves ordinaires que tu fais, et visiblement ça te plombe. Après, si tu as pas envie de tomber sur Hibari en allant à son chalet, je peux y aller pour toi, ça me dérange pas.

Je m'enquille une pancake en réfléchissant. Tomber sur Hibari, hm. C'est bizarre, mais j'ai l'impression que ce serait pas si grave. Je suis triste, c'est un fait, mais je pensais que je serais un peu plus terrassé.e que ça. C'est pas le cas, donc je vais pas m'en plaindre. Et puis ça évitera à Sora de se bouger le cul pour rien.

– Non, je vais y aller. T'inquiète.

J'arrive à lui sourire, miraculeusement. C'est peut-être bien la première fois.

– Merci de m'aider, Sora.

Ça m'arrache un peu la bouche, mais faut bien dire ce qui est. Ma résolution de m'attacher à personne n'a pas tenu très longtemps, et vivre en permanence avec une pelote d'énergie lumineuse n'a pas aidé à la consolider. Plus qu'à espérer que rien de mal ne se passe.

Ouais. Rien de mal…

Après techniquement iel m'a rencontré.e ce qui est déjà pas ouf pour luel en soi. Son sourire me dit qu'iel s'en accomode plutôt bien quand même, et l'ambiance est plutôt détendue alors qu'on finit notre petit dej.

Bon. Va bien falloir que je ramène ma fraise chez Altaïr. Rien qu'à l'imaginer me sortir ses délires cryptiques, j'ai déjà envie d'abandonner. Et puis son attitude lors du procès me reste un chouïa en travers de la gorge. Dormir en plein milieu d'une situation de vie ou de mort, sérieux. Avec une preuve décisive en plus… Y repenser me donne envie de lui foutre un pain.

Une fois devant le chalet, je frappe quelques coups à la porte. Pas de réponse. Je retente, toujours rien. Il est peut-être pas là. Mais la porte n'est pas fermée à clé, donc il doit y avoir au moins une personne à l'intérieur.

Le salon est vide, la cuisine aussi. Bon. On tente les chambres. La porte de celle de gauche est entrouverte, alors je me penche pour vérifier. Il y a bien quelqu'un à l'intérieur, mais ce n'est pas Altaïr.

Hibari est allongé sur son lit en position fœtale. Il serre quelque chose contre lui. Un vêtement bleu, je crois. C'est difficile à dire, la pièce est plongée dans une semi-pénombre. Il plonge la tête dans le tissu, ses épaules se soulèvent à intervalles saccadés, et les bruits étouffés qui lui échappent ne laissent pas de doute.

Il pleure. Putain.

Un instant j'oublie tous les événements de la veille. Je veux juste aller le voir, lui dire que tout va bien se passer et le réconforter. C'est pas difficile de deviner à qui appartient ce vêtement, et même si je ne peux pas le remplacer, je peux au moins essayer d'aider Hibari. Je sais ce que ça fait, d'avoir quelqu'un qu'on aime loin de soi.

– Hi-

Une main se plaque sur ma bouche et une autre me tire en arrière. Putain, merde, je peux pas crier ! Je vais-

– Mika. Calme-toi, ce n'est que moi.

Je reconnais cette voix. BORDEL DE MERDE ALTAÏR. Y a pas idée de me foutre une peur pareille, nom d'un chien ! Il y avait d'autres moyens de me faire taire mais noooon, monsieur me fait un vieux prank de kidnapping au calme !! Et dieu sait que j'ai déjà eu ma dose de kidnapping pour le reste de ma vie.

– Shhht, m'intime-t-il alors que j'ouvre la bouche pour lui dire ma façon de penser. Tu pourras me crier dessus dehors. Sortons, je crois qu'il vaut mieux que nous laissions Hibari seul.

Seul ? Dans son état ? Je jette un coup d'œil dubitatif à la porte toujours entrebâillée, et Altaïr me sourit, avant de continuer à voix basse.

– Certaines personnes vivent assez mal le fait d'être vues en position de faiblesse, tu sais. Mieux vaut le laisser pleurer tout son saoul plutôt que de l'interrompre et de le faire se sentir encore plus mal.

Il a pas tout à fait tort, c'est vrai. Mais le savoir comme ça, ça me brise le cœur.

– Ne t'inquiète pas, je lui parlerai après. Allez, viens.

Je laisse Altaïr me guider à l'extérieur, un peu à contrecœur. Il referme doucement la porte derrière nous, et me gratifie d'un sourire plein de dents un peu trop blanches à mon goût.

– Bon ! Le soleil brille, le ciel est bleu, les oiseaux chantent, l'herbe verdoie et le Mika sauvage sort de son terrier ! Que peut-iel bien me vouloir en cette belle journée ?

Eeeet revoilà le Altaïr que je connais. Malheureusement ? Ou pas. On sait jamais trop avec lui.

– … T'es l'ultime Onirologue, donc tu t'y connais en rêves.

– Exact. Tu as besoin de mon expertise ?

– Ça dépend. Comment tu utilises ton savoir en général ?

– C'est assez varié. Je peux aider à comprendre la symbolique des rêves, à chercher en quoi ils sont liés à la réalité, voir pourquoi ils sont récurrents… Ça ressemble un peu à la psychanalyse, sauf que je suis très axé sur les rêves, moins sur les comportements. Mais même si tu ne désires rien de tout ça, je peux quand même essayer de t'aider, très cher.e.

J'ai besoin de savoir ce que tout ça signifie. Ces rêves qui semblent tous liés, la peur, cette impression d'être simple spectateur, et tous les cauchemars à côté… si j'ai pas des réponses rapidement, je vais devenir dingue. Mais Altaïr est tellement imprévisible que lui confier un truc aussi intime ne m'emballe pas des masses. Il n'a même pas l'air perturbé par mon silence et commence à marcher, m'invitant ainsi à le suivre. Je lui emboîte le pas, un peu à contrecœur.

– Tu fais des rêves qui t'interrogent, peut-être ?

– … Ouais, un peu. C'est des rêves vraiment réalistes, j'ai toujours un peu l'impression d'être dans une scène qui s'est réellement passée. Mais je suis… incorporel ? Un peu comme un fantôme ? Les gens dedans ne me voient pas. C'est jamais des moments agréables, et souvent il y a un Monokuma. Ou un truc qui y ressemble.

Altaïr prend son menton entre ses doigts tout en marchant, l'air de réfléchir intensément.

– Hmm. Je vois. Tu en as fait combien, jusqu'ici ? Et quand ?

– Quatre. Le lendemain de notre arrivée, le soir de la rave, après l'exécution d'Hibiki et avant-hier.

– Tu veux bien me les décrire avec plus de détails ?

Malgré mes réticences, je lui raconte. Les personnes coincées sous l'eau, le sang qui goutte du plafond, l'effondrement de la jeune fille aux cheveux gris, le désespoir de Clayton Sanders au fond de cet immense trou. J'ai la gorge qui se serre un peu plus à chaque mot, mais l'urgence de les faire exister ailleurs que dans ma tête est plus forte. À la fin, je suis vidé.e dans tous les sens du terme.

– En effet, cela a de quoi être perturbant. Surtout que la première scène que tu me décris semble venir de Danganronpa.

Je cligne des yeux.

Danganronpa… Attends, tu veux dire le Manuel ?? Mais donc la fille que j'ai vue, c'était-

– Wen Xiang Monogatari, il semblerait. Tu as déjà lu le Manuel, donc ce n'est pas surprenant. Et j'imagine que tu savais déjà avant à quoi ressemblait chaque participant. Ce rêve-là n'est pas le plus surprenant. Les autres, en revanche, m'intriguent.

J'ai l'impression de sentir mon estomac se retourner. Évidemment, ça ne pouvait pas juste être des tours bizarres de mon cerveau.

– Tu m'as dit ne pas connaître les deux jeunes filles que tu as vu dans le deuxième et troisième rêve, or c'est très rare de voir des gens que l'on ne connaît pas de visu dans un rêve. Rare, sinon impossible.

Il laisse échapper un rire, en tournant la tête vers moi. Je ne distingue toujours pas ses yeux sous son épaisse frange.

– Ce que tu me décris là, Mika, ressemble presque à un voyage dans le temps. Dis-moi, tu as déjà entendu parler des médiums ?

– J'y crois pas vraiment.

– À ta guise. Toujours est-il que beaucoup de médiums ont vécu des expériences similaires à la tienne. Et dans ton cas, on dirait bien que tu visites à chaque fois des scènes des tueries passées. Les trois de 2016, et celle de 2017. Si tu n'as pas une forme de médiumnité, tu as au moins une forte connexion psychique avec quelque chose qui nous dépasse.

Ohh bordel. C'est bien ma veine ça.

– Et… t'as pas un truc pour stopper ça ? Un médoc, quelque chose ?

– Non. Et même si je connaissais un moyen, trésor, je ne te le donnerai pas.

Là par contre je tombe des nues. Mais il se fout de ma gueule ?

– Pardon ?? Et je peux savoir pourquoi ?

– Un rêve, ça n'est pas anodin, Mika.

Eeeet voilà, ça va me sortir tout un beau blabla sur l'importance d'écouter son instinct et son inconscient ou que sais-je d'autre… Je savais que c'était pas une bonne idée.

– Je sais ce que tu penses, mais les rêves médiumniques ne sont pas à prendre à la légère. Ils cherchent à t'envoyer un message, que ce soit une simple information ou un avertissement, et pour comprendre ce message tu dois continuer de les rêver. On ne peut pas mettre ces scènes de tuerie sur le compte du stress de la situation. Tu as eu d'autres rêves et cauchemar à côté de ceux-ci, n'est-ce pas ?

– … Possible, je marmonne.

– Avaient-ils quoi que ce soit à voir avec les scènes que tu m'as décrites ?

– Que dalle.

– Eh bien, je pense que tu dois d'autant plus prendre ces quatre chenapans oniriques au sérieux.

Je soupire, de plus en plus agacé.

– Je veux bien, mais je sais pas ce qu'ils essaient de me dire ! Et puis qu'est-ce que tu en sais ?? Si ça se trouve, ils n'ont rien à voir avec ton espèce de bullshit de madame Irma.

Je sais très bien que je suis d'une mauvaise foi crasse, mais bordel qu'est-ce qu'il m'énerve avec son sourire de je-sais-tout et ses mots qui m'apportent plus de questions que de réponses. Et il rigole, ce con. Sans s'énerver.

– Chéri.e, je n'en saurais pas autant si ça ne m'était pas déjà arrivé.

… Pourquoi est-ce que ça me surprend autant ? Vu l'illuminé que c'est, bien sûr qu'il a dû avoir des visions chelous. Surtout s'il fume avant de dormir. Notez à quel point je crois à son blabla.

– Quoi, t'as fait un rêve prémonitoire, un truc du genre ?

– Tout à fait.

Son sourire s'étire de manière inquiétante. D'un coup, il n'a plus rien de léger.

– J'ai rêvé de ma propre mort.

… Putain ça a vite escaladé là.

Sa propre mort ?? J'espère vraiment que c'est juste un illuminé parce que ça me rassure pas du tout.

– T-Tu vas… mourir ici ?

Ma voix sonne comme celle d'un enfant. J'ai peur. Comme un con, j'ai peur de sa réponse.

Altaïr me fixe pendant un instant.

Puis éclate de rire.

– Enfin, Mika, ne fais pas cette tête ! Je te faisais marcher, c'est tout. Tu avais l'air de ne pas y croire, alors je voulais simplement te faire peur.

… MAIS C'EST QUE JE VAIS FAIRE DES POILS DE BALAI AVEC SA PUTAIN DE FRANGE.

ET IL RIGOLE EN PLUS !!

Tu te crois marrant, Calliope ??

– Hé, ne me tue pas tout de suite, je n'ai pas dit que des mensonges ! J'ai réellement fait un rêve prémonitoire en 2015. Un rêve mêlant passé, présent et futur pour être plus exact. Cela ressemblait un peu à ce que tu me décris.

Mouais. N'empêche que s'il recommence, pas de quartier, c'est mon poing dans sa gueule et ses cheveux pour confectionner un tapis de salon. C'est bien parce qu'il peut m'aider à comprendre ces visions à la con que je me retiens.

– Et qu'est-ce qui a rendu ces rêves si semblables aux miens ?

– J'étais spectateur de tout ce qui se jouait sous mes yeux. Sans pouvoir agir.

On est arrivés au bord de la falaise. Altaïr s'assoit au bord, et balance ses jambes dans le vide en tapotant le sol à côté de lui.

– Assieds-toi là, c'est tout sec.

Je déglutis bruyamment.

– C'est que… J'ai… Enfin, c'est vraiment haut…

– N'aie crainte, je te rattraperai si tu glisses.

Son sourire n'appelle pas vraiment au refus, donc je finis par m'asseoir, peu rassuré. Tant que je fixe l'horizon ou Altaïr plutôt que ce qu'il y a en contrebas, ça devrait le faire.

– Alors ? Il t'arrivait quoi dans ces fameux rêves ?

– Dans le premier, j'ai vu une personne… non, il était androgyne mais c'était un garçon, je ne sais pas comment mais j'en suis sûr. Jeune. Il parlait à une autre personne, mais son âge à luel était impossible à déterminer. Dans le second rêve, j'ai vu cette même personne sans âge rentrer dans un asile nommé "Monokuma".

Le nom Monokuma vient donc d'un asile. On en apprend tous les jours, dis donc…

– Et dans le dernier, j'ai vu mon demi-adelphe Alex, l'ultime Arachnologue, découvrir un cadavre.

Ah. Ça calme d'un coup. Mais s'il a vu cette scène après celle de l'asile, alors elle devait représenter le futur post-2015. Un futur infesté par les tueries.

– Le cadavre de qui ? Et où ?

– Où, je n'en ai aucune idée. Je me rappelle juste qu'il faisait très froid. Quant au corps, il était suspendu par des cordes à piano au-dessus d'une scène, comme une marionnette, y compris autour de la gorge. La tête pendait vers l'avant, donc je n'ai pas reconnu son visage, mais je me rappelle de longs cheveux châtains tressés et d'une jupe. Guère plus. Je t'avoue que j'étais plutôt distrait par le sang qui s'écoulait de certains endroits où les fils s'étaient enfoncés un peu trop loin dans la peau. Oh, et il y avait un monocle brisé sur la scène, aussi.

Mon estomac se retourne rien que d'imaginer la scène. C'est typiquement un truc de cauchemar, ça. Pas possible que ce soit réel… Mais c'est tellement précis.

– Et je suis certain d'une chose maintenant, c'est que toutes ces visions de sont réellement passées.

Ah bah autant pour moi. Formidable. Ravi.e d'apprendre qu'il existe en ce monde des gens assez tarés pour mettre en scène un meurtre de cette manière. Wouhoooou.

– Comment tu peux en être aussi sûr, hein ? On te l'a dit ?

Il ne sourit plus du tout cette fois.

– Encore une fois, oui. On me l'a dit.

Fantastique. Mais quelle ambiance. Plus ça va et pire c'est.

– Et ça te met pas mal de rien avoir pu faire pour empêcher la mort de cette fille ??

Il hausse les épaules, en fixant ses pieds. Une de ses crocs glisse et s'écrase en contrebas.

– Oups. Pour te répondre... Pas vraiment. Je n'étais qu'un enfant à l'époque, je n'aurais rien pu faire à part prévenir Alex, ce que j'ai fait. Mais ça n'a pas servi à grand-chose à part lae préparer pour l'inévitable.

– Mais en quoi ça a quelque chose à voir avec tes deux premiers rêves ?? Et les miens ?!

Le sourire de l'Onirologue fait de nouveau son chemin jusqu'à ses lèvres, alors qu'il cueille un brin d'herbe et le fait tourner machinalement entre ses doigts.

– Je l'ignore moi-même. Mais qui sait, peut-être que la clé pour comprendre tes rêves de Tueries, c'est d'en apprendre plus sur celle dans laquelle nous sommes.

– Alors moi je veux bien, mais comment ?

Il frotte le brin d'herbe entre ses mains.

– Eh bien, il y a une personne ici que personne n'a jamais vue en public avant cette histoire. Une personne que moi-même je n'ai aperçue à Hope's peak qu'une dizaine de fois sans connaître ni son nom ni son ultime. Et qui en sait sans doute plus sur la situation que nous toustes réunis.

De qui il peut bien-

Oh. Ça y est, je sais.

Il me dit d'aller parler à Eiji.

Mais je me rappelle encore de son air déçu pendant l'enquête. Et de ce qu'il s'est passé lors du procès. Est-ce que j'en suis vraiment capable ? Et puis comment Altaïr sait-il que Eiji détient des informations sur cette tuerie ? Je pensais pouvoir le comprendre un peu mieux, mais au final j'en suis toujours au même point.

Il se lève, lentement, et me gratifie d'un dernier sourire énigmatique.

– J'espère avoir pu t'être utile, man cher.e. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, un certain technicien de surface a été assez magnanime pour m'accorder un rendez-vous et je m'en voudrais de le faire attendre.

– T'as réussi à avoir un date avec Shun ?

L'Onirologue se met à rire, et cueille un perce-neige au sol. Pour l'offrir à Shun ? Aucun doute, ce gars est complètement timbré.

– Que veux-tu, parfois mes pouvoirs sont au-delà de toute compréhension. Bonne journée, Mika. J'espère que tu trouveras des réponses à tes questions.

Et juste comme ça, Altaïr Calliope s'en va d'un pas léger, flottant presque, et laisse tomber derrière lui son petit bout d'herbe. Celle sur laquelle il s'est assis ne porte déjà plus sa trace, comme s'il n'avait jamais été là.

Me laissant ainsi seul.e avec le chaos dans ma tête, le vide sous mes pieds, les yeux fixés sur le sable de la petite plage, une dizaine de mètres plus bas.

... La croc orpheline a disparu.

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Du lore du lore-
Et des infos cryptiques-

Tout ce qu'on aime :D

Honnêtement j'ai hâte de vous en dire plus, mais si vous avez déjà des théories n'hésitez pas !

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