Chapitre II (13) : What Baking Can Do

TW : Mention de lgbtphobie

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– Waw, c'est génial ! Je m'attendais pas à ce que vous soyiez aussi nombreux !

Nombreux, c'est vite dit quand on est seulement quinze dans tout ce complexe. Et puis surtout je me remets difficilement du fait que j'aie passé une semaine entière à cogiter sur quel truc farfelu Sora pouvait bien préparer, tout ça pour une bête journée cuisine. Voilà pourquoi je déteste les surprises.

Cela dit, c'est vrai qu'il y a des gens que je ne m'attendais pas à voir. Genre Eiji, mais surtout les jumeaux et Shun. Et pourtant, ils sont là. Ils font la gueule mais ils sont là.

– Y a pleeeein de tabliers en stock, servez-vous ! Vous pouvez cuisiner ce que vous voulez, mais je me disais que ça serait chouette si chacun faisait une spécialité de son pays, ou votre plat préféré de quand vous étiez petit.e, Ça me ferait super plaisir !

Je regarde les autres se jeter sur les tabliers en poussant un soupir. Theodosia m'a dit que mon bras n'était pas encore assez solide pour retirer le plâtre, donc je n'ai pas le droit de cuisiner sans sa surveillance. Je vais sûrement finir préposé.e aux ingrédients et battre le record du monde d'allers-retours cuisine-cellier. Et on dirait pas comme ça mais ça fait une petite trotte à force, parce que Monokuma ne sait pas construire des cuisines de taille normales. Achevez-moi maintenant, ça ira plus vite.

Le temps pour Sora de donner quelques instructions et d'aller aider les moins doués, et la machine infernale de la cuisine se met en branle. Tout le monde a l'air concentré sur son plat, même si je crois que Ema a préféré rester près de Sora et que Mao rassemble des ingrédients qui n'ont pas vraiment l'air de servir à faire une spécialité japonaise. 

Comme personne n'a l'air de me demander pour l'instant, je fais un tour des lieux en regardant par dessus l'épaule des gens. Il manque quelques personnes, mais le groupe s'est séparé entre la cuisine principale et le laboratoire de Sora pour éviter d'être tous les uns sur les autres. Heureusement parce que sinon je pourrais pas circuler.

Ema coupe des légumes alors que Sora prépare ce qui semble être un bouillon. Ses appareils auditifs sont allumés, mais son visage est empreint d'une telle concentration que je préfère ne pas trop m'attarder. J'ai peur qu'iel ne se transforme en Gordon Ramsay si je l'interromps maintenant.

Un peu plus loin, Judicaël est en train de malaxer sa pâte à pizza comme si sa vie en dépendait. Ah oui, la pizza, ce plat très typique de la Suisse.

Il porte des gants en plastique, pour éviter de foutre du vernis dans sa préparation j'imagine, et m'adresse un petit sourire avant de retourner à son affaire. Très concentré lui aussi… Enfin jusqu'à ce qu'un énorme clang ne retentisse de l'autre côté de la pièce, nous faisant toustes sursauter.

– D-Désolée !!

Kiseki ramasse la casserole qu'elle a fait tomber par terre avec un rire nerveux. Heureusement, elle était vide. Elle continue de s'excuser profusément à Hibari, son partenaire de cuisine, qui lui sourit juste d'un air fatigué. Il a bien une meilleure mine que la dernière fois et il a retiré le pansement sur sa nuque, mais il a l'air épuisé. M'est avis que c'est pas faire la popote avec Kiseki Ayase qui va arranger les choses. Courage, Hibari. Courage.

Je passe une Michiru en train de faire sa meilleure salade de fruits en chantant à pleins poumons pour passer du labo à la cuisine générale. Eiji, en train de faire frire… des raviolis, je crois ? Bref, Eiji fait frire des trucs dans une poêle et me salue d'un geste lorsque je passe. Elle a un petit sourire en coin aussi, et je détourne vite le regard. Ses sourires sont vraiment rares, et qu'ils soient pour moi ça me déstabilise.

Theodosia est dans le coin cuisine grecque, en train d'étaler de la feta et des épinards devant elle. Elle se retourne, et sourit en croisant mon regard.

– C'est la garniture pour ma Spanakópita. Des sortes de feuilletés, ajoute-t-elle devant mon regard interrogateur. Mes frères et sœurs adorent ça.

Note à moi-même : M'en garder un avant que les plus gros morfales ne se jettent dessus parce que ça me fait super envie.

Juste à côté de son plan de travail trône le plus gros saladier que j'ai jamais vu, avec à ses côtés plusieurs briques de lait de brebis et un énorme ananas. Oula. Je jette un œil à la recette annotée aux quantités modifiées posée sur la plaque de cuisson.

Mais qui prévoit de faire un kilo entier de yaourt grec à l'ananas ??

– Altaïr, soupire Theodosia lorsque je la regarde avec mes yeux écarquillés.

Évidemment. Qui d'autre… 

Sauf qu'il est pas là, donc j'imagine qu'il est allé chercher un truc. Parce que bon, on abandonne pas comme ça un… projet de si grande ampleur.

Shun aussi est absent de son poste, et alors que je me demande ce qu'il veut faire avec une telle quantité de bœuf, Mao débarque à côté de moi avec l'air agacé.

– Il est parti chercher de la farine au cellier pour moi il y a dix minutes, j'attends toujours. 

Allons bon. Ça arrête pas de faire des allers-retours dans cette cuisine donc j'avais pas vraiment remarqué. 

Faudrait peut-être que je me rende utile, un peu.

– Farine de blé classique ? Je peux aller te la chercher.

Toutes les paires d'yeux de la pièce se fixent sur moi d'un seul coup.

Uh oh. J'ai comme l'impression que j'aurais mieux fait de me taire.

Et j'avais bien raison parce que maintenant j'ai une liste d'ingrédients longue comme le SEUL BRAS VALIDE QUE J'AI POUR LES RAMENER. Putain. L'altruisme ça montre très vite ses limites.

Le cellier est absolument immense en plus, on dirait une espèce de supermarché en moins réfrigéré et surtout beaucoup plus sombre. Je sais que le but c'est de garder la plupart des aliments qui se conservent pas au frais mais l'ambiance est quand même vraiment étouffante.

Et y a des bruits chelous. Je vais pas mentir, là je me la pète beaucoup moins.

Ok. Calme. C'est un cellier, pas le château de Dracula. Tu peux le faire.

Tout d'abord, la farine.

Je commence à avancer dans les rayons, le cœur battant un peu trop fort à mon goût. Y a vraiment des bruits bizarres par contre, comme une étagère qui craque. Ça m'a pas l'air très naturel. J'aperçois la farine du coin de l'œil et en attrape un paquet de mon bras valide.

– Y a quelqu'un ?

Les craquements s'arrêtent d'un seul coup, remplacés par quelque chose de plus étouffé. Des… voix ? Des voix et puis des…

Des pas. Quelqu'un vient.

Je me plaque contre une étagère par réflexe, et jette un œil à l'allée.

Shun est en train de sortir du cellier en marchant à grands pas, le visage écarlate et une main posée sur la bouche. Et quelques pas derrière lui, Altaïr. Avec un sourire en coin et des sortes de… bleus… dans le cou ?

Minute. C'est pas des bleus ça.

D'accord. Bon bah je comprends mieux pourquoi Shun mettait autant de temps à trouver la farine. Altaïr tourne son visage vers ma cachette et sourit un peu plus, tout en rattachant son choker pour masquer ses marques. Quand est-ce qu'il m'a repéré ?? On sait jamais trop avec lui. On parle quand même du gars qui vient de se faire labourer le cou par Shun aka tu me touches je te bute. Je sais pas s'il est con ou juste inconscient mais ça m'inspire quand même un peu de respect.

Puis après je me rappelle qu'il va faire un kilo de yaourt et qu'il porte des crocs. Quelle vie.

D'ailleurs, je croyais que Shun était plutôt intéressé par Kiseki ? Est-ce qu'il est comme Lan Yue, ou bien…

– Callaghan.

OH PUTAIN DE- 

C'est Noelle. Noelle fucking Vincent avec un sachet de noix de cajou à la main, qui me fixe de son habituel air neutre alors que je viens de pousser le plus gros hurlement de ma vie. 

– Q-Qu'est-ce que tu fous là ?! Tu participes même pas à la cuisine !!

– J'ai pris de quoi tenir l'après-midi, répond-elle en levant son sachet. Et j'ai croisé Sora.

Oh. C'est vrai qu'iel est parti.e tout à l'heure. Mais ça fait un moment déjà quand même. 

Une seconde, elle vient de l'appeler par son prénom ?

"Croisé" Sora, hm. Quelque chose me dit qu'elles ont pas fait que discuter.

Je déteste le fait que mon estomac se torde à cette pensée. Putain.

– Tu n'as rien à craindre de moi. Sora est polyamoureux. 

Je cligne des yeux. Euh, quoi ?

– Je suis pas amoureux.se de Sora. Et comment tu pourrais savoir ça de sûr, d'abord ? Sora est pas comme ça.

Pas luel. C'est pas possible.

– Tu as eu des mauvaises expériences avec le polyamour. 

Oh non. Encore ce ton. Je me remets à marcher dans le rayon et à chercher le reste de mes ingrédients, mais elle continue de parler. 

– Pas directement, sans doute. Mais par le biais l'un de tes proches. Ce qui explique pourquoi tu te forces à te concentrer sur une seule personne que tu n'aimes pas comme un amant, mais plutôt comme un parent. Comme avec Hagane.

Ma main se stoppe net dans le processus pour attraper un bocal de sauce tomate. Je tremble. Comment est-ce qu'elle est au courant…

– Ce qui m'amène à penser que ta mère était polyamoureuse ou bien t'a montré sa version du polyamour, qui s'est mal finie.

Je veux dire quelque chose. N'importe quoi. Mais rien ne sort.

– Ton mécanisme de défense est plutôt classique. Tu fais des généralités pour éviter d'être à nouveau blessé.e et pars ainsi du principe qu'éviter les personnes polyamoureuses et les repousser t'évitera de revivre un jour le même traumatisme.

Mais écoutez-la. Écoutez-la me parler de ma vie comme si elle savait déjà tout.

– Je ne suis pas traumatisé.e.

– Ton comportement indique le contraire. Mais ce n'est qu'un constat de ma part, je ne t'oblige pas à te justifier ou à me prouver que j'ai tort. Cela t'épuiserait pour rien et je ne souhaite pas t'énerver.

Ah ouais ? Bah putain on dirait pas.

– C'était pas la faute de ma mère ! je grogne. Elle a fait de son mieux pour notre famille, c'est pas sa faute si tout le monde n'y a pas mis les mêmes efforts ! Elle l'a dit elle-même que c'était sa faute, qu'elle avait été bête de croire qu'une relation avec plusieurs personnes n'aurait jamais marché plus longtemps ! 

Tu n'en penses pas un mot.

– Si elle et mes autres parents se sont séparés, c'est parce qu'elle… non, c'est parce qu'eux n'étaient pas prêts à donner ! Ils étaient pas assez investis, ils ont pas pris en compte ses sentiments !

"Je ne peux pas continuer comme ça, Paula. Les enfants non plus. Ce n'est plus juste à propos de moi !"

– C'était… C'était ma faute. Et celle de Blue, de Warren, de Mimi mon autre mère.

"Comment peux-tu prétendre nous aimer alors que tu ne nous respectes même pas ?"

Ce genre de relation se finit forcément mal.

Maman a été trop égoïste. 

Ils ont tous été égoïstes.

Ils s'en foutent. Ils s'en foutent.

– C'est ce que tu as interprété des paroles de ta mère.

… Hein ?

– Une séparation des parents n'est pas de la faute des enfants. Ni d'une seule personne. Surtout dans une relation polyamoureuse.

Je relève les yeux vers Noelle, la bouche entrouverte.

– Le polyamour n'est pas une personne avec plusieurs autres à son service. L'amour ne fonctionne pas de cette manière.

Je ne peux pas empêcher un ricanement de passer mes lèvres.

– Qu'est-ce que tu en sais ?

Son visage reste de marbre, mais son regard se fait… différent.

– Bien plus que tu ne l'imagines.

… Quoi.

– J'ai vu passer de nombreuses formes d'amour, Callaghan. Dans ma vie personnelle, dans mon bureau, dans mon entourage. Ce que tu décris là, ça n'est pas de l'amour. C'est une emprise.

J'ouvre la bouche, mais elle m'interrompt de nouveau.

– Je pense que tu devrais en parler à Sora. Tu verrais qu'elle est bien différente de ta mère. Bonne cuisine.

Et elle se barre. D'accord. 

J'ai l'air d'un con. Un con avec les joues en feu et qui sait pas quoi faire de sa farine et sa sauce tomate. 'Tain.

Tu fais chier, Noelle, à me pousser dans la boue et à me relever ensuite comme si de rien n'était.

Lorsque je retourne enfin dans la cuisine avec tous les ingrédients, Mao m'arrache presque la farine des mains. 

– Si j'avais su que vous mettriez tous les deux autant de temps, j'y serai allé moi-même.

J'ai bien envie de lui dire d'aller se faire mettre, mais à la place mon regard dérive sur Altaïr et Shun, qui cuisinent en se tournant le dos. Si je ne parviens pas à distinguer l'expression du premier, le second est écarlate. Tu m'étonnes.

Je vais donner la sauce tomate à Hibari et le pesto à Judicaël, puis m'approche de Sora. Ema n'est plus à ses côtés. Je lâche mes légumes sur son plan de travail, avec un gros "ooof" de soulagement. C'est que c'est lourd pour un seul bras. Carottes, courgettes, oignons, champignons… 

– Qu'est-ce que tu vas préparer avec tout ça ? 

Iel sursaute violemment. J'ai brisé sa concentration. 

– Oh ! Euh, un bibimbap !

Je suis obligé de lui faire répéter pour être sûr que ce n'est pas juste une onomatopée inventée sur le coup, avant qu'iel ne m'explique :

– C'est un plat typique coréen, un mélange de riz, de légumes et de viande de bœuf. C'est un de mes plats préférés aussi, hehe.

Je regarde un peu sa préparation. C'est d'une précision presque surréaliste, digne de l'ultime Chef cuisinier. 

– T'as appris à cuisiner comme ça tout seul ?

– Nuh-uh, du tout ! J'ai commencé avec mes mamans, et après j'ai fait tout seul. C'est maman Eun qui m'a appris à faire le bibimbap, elle savait pas faire grand-chose d'autre !

Elle commence à couper ses légumes, avec un grand sourire, mais ses yeux semblent perdus dans ses souvenirs. J'ignorais qu'elle avait deux mères….

En fait, j'ignore presque tout sur lui. Pas que j'ai vraiment essayé d'en savoir plus.

– Une fois elle a essayé de faire une choucroute pour faire plaisir à maman Caro. Sauf qu'elle a failli faire cramer le chou, c'est moi qui ai tout rattrapé in extremis en prenant la casserole, et j'ai tout fini seul ! J'crois que c'est là qu'elles se sont rendues compte que j'étais un peu bizarre, haha. Mais bon quand c'est le genre de bizarrerie qui fait que tu sais cuisiner, on s'y fait vite.

– Tu as l'air d'adorer ton ultime.

Je l'envie.

– Mhmh ! C'est mon refuge. Quand je cuisine, je ne suis plus aussi maladroit, ou empoté, et tout me vient presque naturellement ! J'ai un peu de mal à anticiper parfois avec mon TDAH, mais c'est tout. Et puis j'adore quand les gens aiment ce que je cuisine, qu'ils me complimentent ou qu'ils passent un bon moment grâce aux repas que je prépare ! C'est pour ça, ça me dérange vraiment pas de faire la cuisine pour vous tous tu sais.

Oh. C'est… plus profond que ce que je croyais. Mes préjugés sont souvent complètement faux, je devrais le savoir depuis le temps.

– Et puis quand je suis stressé, ça me fait vraiment un bien fou. Je mets toutes mes émotions dans mes plats et comme ça je me sens plus léger…

C'est beau, tant de dévouement à un talent. Je suis bien incapable d'atteindre un tel niveau de mon côté, peu importe à quel point… maman le veut.

– Tu as déjà gagné plein de concours, j'imagine que tu voudrais faire carrière là-dedans ? T'as déjà bien commencé.

Son sourire se change en une expression plus pensive, un peu embarassée. Et merde, j'ai encore dit une connerie.

– Bah… Tout le monde s'attend à ce que j'ouvre mon propre restau un jour. Et je peux parfaitement m'imaginer faire ça. Mais d'un autre côté… j'ai plein d'autres passions. 

– Comme ?

– Le dessin. Je voudrais pouvoir commencer un webcomic, ça fait des années que je développe mon histoire. Et puis j'aimerais continuer la couture aussi, ou devenir make-up artist, mais… j'arrive pas à choisir ce que je veux faire. Rien que l'idée de faire un seul métier pour le reste de ma vie me fout de l'urticaire. J'ai besoin que ça bouge, que ça change, un peu !

Elle soupire, en rassemblant les légumes qu'elle vient de finir de couper.

– Mais tout le monde s'attend à ce que je poursuive la voie où je suis particulièrement doué.e, donc la cuisine. Sauf que à force, j'ai peur que ça me dégoûte, et… j'ai vraiment pas envie que ça soit le cas, tu comprends ? La cuisine ça m'a sauvé la vie, plein de fois. J'ai pas envie de perdre ça.

Wow. Ça a vraiment l'air de beaucoup le tracasser. J'aurais jamais cru qu'il y pensait autant, et pourtant. 

Par contre, son choix de mot m'inquiète un peu. La cuisine lui a sauvé la vie ? Ça a pas l'air d'être exagéré. Sauf qu'avant que j'aie pu lui demander plus de précisions, iel semble d'un seul coup très paniqué.

– Mince ! Désolé j'ai encore beaucoup trop parlé ! Je voulais pas prendre toute la conversation, enfin, pas autant, désolé ! Je sais jamais comment me taire, tu t'en fous sûrement en plus-

– Sora !

J'ai parlé assez fort pour interrompre son flot de paroles, il se stoppe net.

– Ça me dérange pas d'en apprendre plus sur toi. Je te l'aurais dit sinon.

Il rougit jusqu'aux oreilles. Et moi aussi, par extension. Raaaah il rend ça bien plus gênant que ce que ça devrait. Il se remet à parier, en bafouillant.

– E-Euh, tu sais quoi, je crois que plein de  gens ont déjà fini leurs plats ! Je vais chercher les gens qui manquent avant de mettre le mien au four ! C-C'est pas parce qu'ils ont pas cuisiné qu'ils ont pas le droit d'en profiter !

Zioum, elle part en courant et alors que j'essaie de la rattraper, je tombe sur Ema qui revient de dieu sait où.

– Wow, hé, calme-toi le joli cœur, elle va revenir, soupire-t-elle.

– Tu parles beaucoup pour quelqu'un qui était encore à l'infirmerie hier, je réplique. Où est-ce que t'étais passée d'ailleurs ?

Elle se renfrogne, et croise les bras. Son pied est encore entouré d'un bandage. Autour de nous, les bips des fours et autres robots ménagers ont remplacé les bruits de couverts. Certains plats trônent déjà fièrement dans des assiettes.

– En quoi ça te regarde ? Ce que je fais aux chiottes t'intéresse peut-être ?

Je lève les yeux au ciel en soupirant. Décidément, elle est imbuvable.

– Bon bah du coup je sais où t'étais, pas la peine de me le-

Elle lève une main, d'un seul coup. Elle a l'air... alarmée ?

– Attends, y a un truc bizarre, souffle-t-elle.

Je regarde autour de moi. Rien qui sorte de l'ordinaire.

– Qu'est-ce qu'il-

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase.

Parce que le plafond explose au-dessus de nos têtes.

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