Chapitre I (9) : Lightless Dawn
TW : Alcool, drogues, cauchemar
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Un doigt d'honneur à Monokuma. Un doigt d'honneur à Monokuma, qu'ils disaient.
Eh bah c'est le mien de doigt qu'ils vont se prendre, parce qu'il est deux heures du matin et que leur foutue musique est tellement forte que je sens les murs du chalet trembler et les vibrations passer à travers mon corps. Et si moi je les sens, qu'est-ce que ça doit être pour Sora. Même avec ses appareils enlevés, ça ne l'empêche pas de sentir lorsqu'il y a ce genre de son, et je l'entends se retourner derrière la cloison.
Leur soi-disant doigt d'honneur, en fait, c'est juste une foutue rave avec de la musique à fond et probablement beaucoup d'alcool, sans aucune considération pour les gens autour.
Lorsque Hibiki, Lan Yue et Judicaël ont parlé de leur projet au dîner il y a une semaine, les réactions ont été tièdes, sauf pour Altaïr et Michiru qui étaient, évidemment, chaud patate pour faire la bringue. Cela dit, Michiru s'est vite calmée en se rappelant qu'elle était en cloque, et s'est donc rabattue sur les tourtel twist. Heureusement, parce que j'ai bien cru que Theodosia allait nous faire une syncope.
Maintenant, j'ai juste envie de leur coller une beigne. Ils vont m'entendre. Je me lève, fout mon trench-coat sur mes épaules, et mes chaussures à mes pieds, sans prendre la peine de mettre de chaussettes parce que qui a besoin de chaussettes pour botter des culs ?
La voix de Sora s'élève de derrière la cloison, encore ensommeillée. Je l'entends qui s'agite dans ses draps.
– Mika ? Tu vas où…?
Ses mots sont légèrement mâchés. Vu qu'elle n'a pas ses implants, elle a dû capter mes mouvements. Je vais ouvrir la porte de sa chambre, et signe rapidement.
– Je vais leur dire de faire moins de bruit. Rendors-toi.
Elle bâille, et hoche vaguement la tête avant de retomber lourdement sur le matelas. À ce même moment, j'entends Highway to Hell commencer au loin, et Sora pousse un grognement avant de se rouler en boule dans son lit.
Putain, je vous jure que je vais me les faire, et pas dans le bon sens.
Dehors, la musique est encore plus forte, et en prime, le froid pénètre à travers le tissu de mon pyjama. Nickel.
Tiens, je suis pas lae seul.e à vouloir les trucider apparemment. De plus près, je distingue Mao, l'air particulièrement grincheux, et Ema, qui semble plus sur le point de s'endormir debout qu'en colère, pour une fois. Benedikt, en robe de chambre, se tient là avec les bras croisés sur sa poitrine et l'air fort énervé. Shun, à quelques mètres de lui, est engoncé dans une parka beaucoup trop grande pour lui et discute avec une Kiseki qui grelotte dans sa doudoune. Et enfin, Theodosia, ses longues tresses bleues lâchées sur ses épaules, qui semble de loin la plus irritée de tous. Je me rapproche du groupe d'un pas rapide, en essayant de ne pas me mettre à crier. Pas tout de suite, Mika. Plus tard.
– Vous non plus, vous arrivez pas à dormir à cause du bordel ?
– À ton avis, si on est là ? grince Shun, qui tripote agressivement le bord de sa casquette.
– Ils peuvent bien faire toutes les fêtes qu'ils veulent, je m'en moque. Mais là, c'est purement insupportable, s'insurge Benedikt. Pour l'amour de Dieu, il y a des gens qui essaient de dormir !
Mon regard dérive vers Ema, en train de somnoler, la tête sur l'épaule de son frère. Pour une fois, je suis d'accord avec Benedikt.
– Oh, ne vous en faites pas. Je vais m'en occuper, ça sera vite fait.
Note à moi-même : Ne jamais énerver Theodosia. Les flammes de l'enfer brûlent dans ses yeux, et c'est la réincarnation de Perséphone qui cogne à la porte du chalet d'Hibiki alors que nous nous rassemblons tous derrière elle. Clairement, je ne voudrais pas être à la place des cinq débilus à l'intérieur. Après c'est mérité.
La porte s'ouvre en grand, manquant de cogner Theodosia, et Lan Yue apparaît dans l'encadrement de la porte. Il se sert bien plus de celle-ci pour se maintenir debout que de ses jambes, d'ailleurs. Il suffit de prêter attention à l'odeur qui traîne dans l'air et à son attitude : Iel est complètement déchiré.e.
– Waaaaaw… Des nouveaux arrivants ? Venez, entrez, y a d'la place !
– On a l'air de vouloir venir vous rejoindre, Lan Yue ?
Le ton glacial de notre mom friend nationale n'est visiblement pas suffisant pour le faire dessoûler, puisqu'il ne lui rend qu'un sourire incrédule.
– Nan, c'est vrai que t'as plutôt l'air vénère… Dis-moi tout, il se passe quoi ?
– Il se passe que-
Theodosia s'interrompt dans sa phrase, renifle l'air, fronce le nez, et les sourcils par la même occasion.
– Vous fumez autre chose que du tabac là-dedans ?! Lan Yue !! Judicaël n'a que dix-sept ans ! Il n'est même pas censé pouvoir boire, alors la drogue-
– Heeey, relax ! C'est Hibiki qui a sorti un joint, mais Michiru lui a pas laissé le temps de commencer à fumer. Sauf que du coup c'était allumé et ça sent un peu, mais t'inquiète ! Michi est sobre donc elle nous arrêtera avant qu'on fasse des conneries…
Theodosia n'a pas l'air franchement convaincue. Je pense qu'aucun de nous ne l'est.
– Et Tritri ? Je suppose qu'elle ne fait pas la fête avec vous ?
– Euh… Je crois qu'elle campe dans la salle de bain pour la soirée.
Theodosia se masse les tempes, tout en poussant un soupir épuisé. Je ne sais vraiment pas comment elle fait pour gérer tout le monde ici, mais elle le fait.
– Je te fais confiance pour cette fois, mais ça n'empêche que vous devez baisser le son. Vous réveillez tout le monde avec le boucan que vous faites.
– Aw… Bon, d'accord. Je dirai ça aux autres. Mais dis, Dodo….
Tout en s'accrochant au chambranle de la porte, il se penche vers l'avant, jusqu'à presque toucher le front de la Kinésithérapeute avec le sien.
– Tu voudrais pas nous rejoindre ?
Le masque sévère de Theodosia se fendille légèrement, et je la vois réprimer un sourire.
– C'est tentant, j'admets. Mais non, je ne me sens pas trop de me mettre une race. Il faut que je reste opérationnelle, vois-tu.
– Aw… Dommage. Si tu changes d'avis plus tard dans la nuit, n'hésite pas, ok ? Notre porte t'est toujours grande ouverte.
Un énorme fracas de verre brisé nous parvient soudain de l'intérieur, suivi d'un cri venant probablement de Judicaël au vu du timbre exagérément aigu que l'alcool lui confère.
– NAAAAN ALTAÏR, T'AS CASSÉ MA TOUR DE BIÈRES !
– Woups. Theodosia, je regrette mais il semblerait que je doive m'occuper d'un certain blond encore plus bourré que moi, que la nuit vous soit douce !
Et sur ces paroles, iel referme la porte. Évidemment, la musique ne baisse pas d'un chouïa. Parfait.
Theodosia pousse un soupir plus amusé qu'énervé, et se retourne vers nous, l'air démunie.
– Désolée, vous autres, mais j'ai fait ce que j'ai pu. Il n'y a plus qu'à espérer qu'ils se calment dans quelques heures... Vous devriez retourner vous coucher en attendant.
– Avec le capharnaüm qu'ils produisent ? s'exclame Benedikt, outré.
Sérieux, qui utilise encore "capharnaüm" de nos jours ? Je roule des yeux et m'éloigne en traînant des pieds alors que Theodosia tente de calmer les plus énervés du lot. J'ai pas l'énergie de protester, et ça servirait à rien de toute façon. Autant retourner me pieuter.
Le chalet est plongé dans l'obscurité, et je dois mobiliser toutes mes capacités mentales pour empêcher des vieux réflexes d'enfant de refaire surface. Tu as grandi, Mika. Il n'y a pas de monstre dans ce chalet. La preuve, le seul son que je peux distinguer alors que je me glisse sous les draps est celui du souffle régulier de Sora, avec le bruit étouffé d'une musique des Spice Girls dans le fond. C'est supportable, au final. Alors je ferme les yeux, et j'attends que le sommeil vienne me cueillir.
Plic.
Ploc.
Plic.
Ploc.
De nouveau, une musique familière.
Cette fois, pas d'écho, pas d'orchestre, elle ne fait que tomber sèchement, et roule avant de s'écraser sans un bruit au sol. Son seul accompagnement est celui d'un souffle, une respiration erratique, lourde, tellement lourde que l'on pourrait la toucher. Une seule respiration, mais tu sens ta gorge se serrer comme si on t'étranglait.
La pièce est obscure, noir d'encre, tu n'en vois pas le bout. Ce n'est qu'une immense mer de pétrole. Où commencent les murs, où s'arrête le sol, tu ne sais pas. Une immensité épaisse et huileuse, qui t'empêche de distinguer quoi ce soit. La salive dans ta bouche semble prendre la même texture que cette étendue de ténèbres qui t'entoure. Déglutir devient une épreuve. Tu as l'impression d'avaler du gravier.
Ce que tu peux distinguer, en revanche, c'est le plafond. Sombre, mais moins que le reste. Il irradie une faible lumière rouge, semblable à celle des vieilles enseignes de certains magasins. C'est suffisant pour te guider.
Au fur et à mesure que tu marches, la respiration se fait plus proche. Tu accélères. Tu accélères parce que tu ressens soudain, sur tes épaules, le poids d'une angoisse terrible. Comme si quelque chose d'effroyable était en train d'arriver. Comme si tu devais te dépêcher, avant qu'il ne soit trop tard.
Mais il est déjà trop tard, n’est-ce pas ?
Nul ne saura jamais être sauvé.
Elle se tient là, au milieu de l'immensité noire. C'est d'elle que ce souffle saccadé provient. Mais sa poitrine se soulève à peine. Si son œil bleu vibrant d'horreur et sa respiration ne la trahissaient pas, on pourrait la prendre pour une statue. Quoique, avec ses cheveux roses, son cache-oeil et ses fausses oreilles de lapin, on dirait plutôt une poupée. Oui, c'est cela. Une poupée. Une poupée sans plus d’âme qu’un morceau de plastique.
Plic.
Ploc.
Plic.
Ploc.
La musique continue.
D'où vient-elle ?
La réponse est juste devant toi.
Tu t'approches un peu plus de cette fille.
Elle ne te voit pas, elle non plus. Son œil est fixé sur le plafond.
De ce plafond, il y a quelque chose qui tombe.
Qui tombe et s'écrase, à grosses gouttes, sur le visage livide de la jeune fille.
Des gouttes d'un rouge obscène, qui jurent avec sa blancheur.
Tu ne veux pas regarder.
Mais tu sais que tu le dois.
Alors, tu suis son regard.
Tu lèves les yeux.
Là, au plafond, il y a…
Du rouge.
Uniquement
Du
Rouge
Rouge
Rouge
Rouge
Rouge
Rouge
ROUGE
Plic
Ploc
Plic
Ploc…
Fredonne le sang.
On frappe encore à ma porte.
Je sais pas quelle heure il est, mais je sais qu'il est tôt, et ça me les brise déjà sévère.
Ça continue en plus, et ça frappe pas, ça cogne. Je sais pas qui est le con qui me réveille à cette heure-ci mais il va finir par péter le bois et tous les os de sa main s'il continue comme ça.
Bon. Sora n'a pas l'air de bouger, j'imagine que je n'ai pas le choix.
Je me lève, péniblement. En plus j'ai rien dormi à cause de leur foutue soirée de mes deux, et faire un cauchemar pendant mes seules heures de sommeil de la nuit ça aide pas. En plus, il était vénère, celui-là. Je préfère ne pas y repenser.
Ça cogne toujours, et après avoir enfilé un truc au pif pour avoir l'air présentable, je braille un "J'arrive" d'une voix rauque, en traînant les pieds jusqu'à la porte. Je vous jure que si c'est encore Kiseki, je lui éclate la tête dans la neige restante.
….
Devinez qui c'est. Attention, question à plusieurs millions.
Bah c'est elle, hein, évidemment.
Sauf que…
Sauf que quelque chose ne va pas.
Elle me fixe avec de grands yeux larmoyants, le souffle court, en nage. Elle porte quelqu'un sur son dos. Quelqu'un avec une casquette usée enfoncée sur sa tête, dont on ne distingue pas les yeux, mais ça n'est pas nécessaire pour voir qu'il est mal en point.
Shun.
Ah je suis bien plus réveillé.e, d'un seul coup.
– Mi, Mika… À l'aide… Shun… Shun, il…!
La voix de Kiseki est entrecoupée de sanglots, et essoufflée comme elle est, elle est incapable d'articuler une phrase correctement.
Ok, je lui en veux encore, mais je suis pas un connard au point de la laisser dehors avec Shun sur le dos. Il doit peser un âne mort, en plus.
– Ok, entre, tu m'expliqueras quand tu te seras rappelée de comment respirer, je souffle en lui ouvrant la porte en grand.
Elle titube jusqu'au canapé, et dépose précautionneusement Shun dessus avant de s'affaler sur le tapis, en prenant de longues respirations saccadées. Je m'approche du récureur de chiottes, l'angoisse forme une boule dans mon estomac. Je me détends un peu lorsque je constate que sa poitrine se soulève à intervalles réguliers, et qu'il n'a pas l'air blessé. En revanche, il est pâle comme un linge, et visiblement inconscient. Bon. Bah y a plus qu'à le laisser là jusqu'à ce qu'il se réveille, j'imagine.
Je m'agenouille près de Kiseki, qui s'est recroquevillée au sol. Ok, bon, si elle est venue me trouver malgré sa gêne à mon égard et mon agacement pour le sien, c'est que soit j'étais son dernier recours, soit elle était trop en panique pour réfléchir correctement. Je dirais bien qu'elle a pas besoin d'être paniquée pour ne pas réfléchir, mais bon. Dans tous les cas, elle vient de se ramener dans mon chalet à pas d'heure, avec un gars évanoui sur son dos, donc il y a forcément un problème. Et évidemment, c'est sur moi que ça tombe pour le gérer.
– Bon. Ayase, tu peux m'expliquer ce qu'il se passe, maintenant ?
Ses yeux restent fixés sur le bois de la table basse. Elle ouvre la bouche. Mais la seule chose qui en sort, c'est un sanglot. Puis un autre. Et encore un autre. Au final, elle fond carrément en larmes.
Nickel. Putain, la journée commence bien. En plus, ça a l'air sérieux, c'est tout son corps qui est secoué de spasmes, et elle peut à peine respirer comme ça. Que ça me plaise ou non, il faut que je fasse quelque chose. N'importe quoi.
Alors je me lève, j'attrape un mug dans un tiroir, du lait et du cacao dans un placard, je mélange les deux derniers, et je fourre tout au micro-ondes. C'est vite prêt. Bon, je garantis pas la qualité, mais au moins ça va peut-être aider. J'enveloppe le mug dans une serviette et me dirige vers le salon où Kiseki est toujours en train de sangloter, pour lui coller dans les mains. Elle me regarde avec surprise, et ses pleurs s'arrêtent momentanément.
– Bois, ça te fera du bien, je marmonne en m'asseyant à ses côtés.
Elle fixe le mug pendant quelques instants, avant d'obéir, et de boire le chocolat chaud à petites gorgées, lentement. Les minutes défilent, et ses sanglots finissent par s'espacer. Elle cesse de boire, mais garde ses mains serrées autour de son mug vide. Le silence nous enveloppe, seulement interrompu par ses hoquets occasionnels.
– … Ça va mieux ?
Elle aquiesce et s'essuie les yeux dans la manche de son hoodie, en reniflant. L'orage est passé. Bien.
– Ok, maintenant, dis-moi, il est arrivé quoi à Shun ?
Pendant un instant, j'ai l'impression qu'elle va se remettre à pleurer, mais non. Elle ouvre la bouche et commence à parler, dans un filet de voix.
– Je… Je me suis levée pour aller faire mon jogging, comme tous les matins, et puis j'ai entendu Shun crier… Alors je suis, je suis allée voir, et… il était par terre, à côté de...
Elle se met à trembler, et ses yeux dérivent vers Shun. Plus spécifiquement, vers ses chaussures. Je suis son regard, et mon sang se glace.
Les semelles de ses chaussures sont rouges.
Ma respiration s'accélère, et au même moment, Shun pousse un grognement, avant de commencer à ouvrir les yeux. Kiseki bondit sur ses pieds et se penche au-dessus de lui, les yeux teintés d'angoisse.
– Shun ! Shun, tu m'entends ?
Le concerné cligne plusieurs fois des yeux, et pose sa main sur son front, l'air incroyablement confus.
– Kiseki ? … Callaghan ? Qu'est-ce que…
– D-Désolée… J'ai couru au chalet le plus proche, j'ai cru… j'ai cru que tu étais…
Shun se redresse en position assise, et pose les pieds sur le tapis, m'arrachant une grimace. Ça va faire des taches…
– Furusawa, il s'est passé quoi ? Ayase m'a dit qu'elle t'avait trouvé inconscient, mais elle a pas développé.
– Mika ! s'écrie Kiseki. Deux secondes, il vient à peine de se réveiller…
Je la fixe avec des yeux ronds. Ça doit bien être la première fois que la petite Kiseki me crie dessus. Après, elle a pas exactement tort. Shun est encore blanc comme un cachet d'aspirine.
– Ça va, grogne-t-il. Je vais bien. J'ai juste… Je m'y attendais pas.
– Tu t'attendais pas à quoi ?
Shun échange un regard avec Kiseki, et mon angoisse ne fait qu'augmenter. Qu'est-ce qu'ils ont vu, à la fin ?
– C-C'est mieux qu'on lui montre… Non ?
– … Ouais. Iel le verra tôt ou tard de toute façon.
Shun se lève en s'appuyant sur Kiseki. Son visage reste crispé dans une grimace de douleur alors qu'ils se dirigent vers la porte, en me faisant signe de les suivre.
La température à l'extérieur a chuté, il y a de nouveau du verglas partout, un peu de neige est tombée. Un vent sec agite les branches des arbres et se faufile sous mes vêtements. On finit par arriver derrière l'infirmerie, Kiseki et Shun s'arrêtent. Leurs visages sont livides, ils me fixent. Ils m'invitent à avancer, car eux ne bougeront pas plus.
Je ne veux pas voir.
Mais je dois voir.
(TW représentation graphique de sang)
Je garde les yeux baissés. Le soleil qui se lève dessine au sol une scène dont je n'aurais jamais, jamais voulu être témoin. Un tableau que j'ai stupidement cru ne jamais avoir à contempler. Dont je me croyais à l'abri.
Un.
Deux.
Trois.
Quatre.
Cinq.
Cinq trous béants forment une constellation écarlate sur son torse. Le rouge est partout. Sur son visage, ses vêtements, la neige, la souillure sur l'immaculé.
Sa peau, déjà pâle, a pris une teinte grise presque invisible sous le sang et les bleus qui recouvrent son visage.
Le sang sur la neige
Le rouge sur le blanc
Le sang qui goutte sur le visage d'une poupée
Le sang qui tape contre mes tempes, contre mon cou.
Au loin, j'entends trois sons de cloches, comme ceux d'une église, lourds, suivis d'une voix monocorde, comme celle d'un prêtre lors de funérailles trop ennuyeuses.
"Un corps a été découvert. Tous les élèves sont priés de se rassembler derrière l'infirmerie et d'attendre les instructions de Monokuma et son assistant. Je répète…"
Et la voix reprend sa litanie
Alors que mes yeux, mus par une révulsion fascinée
Fixent le rouge
Sur les vêtements sombres
De Benedikt Oliver Emilio Manninger-Semmelweis, l'ultime tailleur de pierre.
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Ha. Ha ha.
PAIN.
AGONY, EVEN.
Ça m'a fait tellement mal de le tuer. :')
Benedikt : ....
Et oui mon grand, tu restes un peu avec moi maintenant. C'est pas si mal tu verras.
Mais bref, je tiens à remercier Corneille pour son aide avec le rêve et Grisou qui va l'illustrer ! (L'illu aurait déjà dû être intégrée maaaais j'ai décidé de publier plus tôt ce chapitre et je pouvais pas demander à Grisou de suivre-)
Sur ce je vais m'enfuir parce que Soupe arrive pour m'étrangler /jk
- Noa
PS : Des théories sur l'identité du coupable ? Faites m'en part, j'adorerai les entendre :3
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