Chapitre I (12) : 'Til I see the forest, not just the trees

Bonjour bonsoir, c'est l'heure des interrogatoires !

Ici je vous propose un petit jeu (l'original venant de La_Corneille_Noire) de devinettes.

Chaque personne va répondre aux questions de Mika, mais... Vous ne saurez pas qui. À vous de deviner et de découvrir ce qui pourrait être la clé de ce mystère~

___________

Le laboratoire de Shun ressemble en effet beaucoup au rayon nettoyage de Walmart. Mais ça reste quand même assez cozy pour que je m'y établisse. Devant moi, un bloc-notes, un crayon de papier, mon téléphone prêt à enregistrer.

Rien ne doit m'échapper.

Parce que je commence à réaliser que la vie de tout le monde dépend de cet interrogatoire et de l'enquête. De Noelle et de moi.

Je prends une longue inspiration pour essayer de calmer les maux de ventre qui commencent à se pointer sous mon pantalon un peu trop serré. Allez. C'est juste un mauvais moment à passer.

Voir ça comme un jeu.

Ignorer que l'issue pourrait être mortelle.

La première personne frappe à la porte. Je recoiffe mes cheveux, reprend mon souffle, empoigne mon crayon, pour espérer donner une illusion de calme.

Ma voix, au moins, ne tremble pas lorsque j'ouvre la bouche.

– Entrez.

L'interrogatoire commence.

– Qu'est-ce que tu faisais à quatre heures du matin ?

– Je comatais sur le canap devant une série. J'aurais… dû faire plus gaffe.

– Je faisais une… petite partie de uno avec Lan Yue, fufu~

– Je n'arrivais pas à dormir, alors j'ai lu dans mon lit jusqu'à l'annonce de découverte du corps.

– Bah je me mettais une race, quoi.

– Je dormais… Désolé.e, c'est pas un super alibi, hein ? Hehe.

– Alors je crois que j'étais en train de gerber dans les chiottes d'Hibiki ? Y avait quelqu'un qui me tenait les cheveux mais j'ai oublié qui.

– Je faisais du tri dans l'infirmerie. J'ai entendu du bruit, mais j'ai cru que ça venait de la fête… Si seulement j'avais été plus méfiante, Benedikt… Ah, pardonnez-moi, je disgresse.

– J'étais déchiré, donc je t'avoue que je me souviens plus de tout. Ah, mais j'ai, hum… fait une partie de cartes. Huhu.

– ….

– Je lisais à mon bureau.

– La fête commençait vraiment à me casser la tête donc chuis rentrée et chuis allée me coucher direct.

– J'essayais de dormir. J'essayais, hein. Mais leur musique de mouise à fond là…

– J'étais avec Michiru, on prenait un thé, et on est allées se coucher peu après.

– Je devais dormir. La musique me dérangeait pas spécialement, j'ai le sommeil lourd.

– Euh, je dormais ? Je crois…

Je mâchonne l'extrémité de mon crayon en relisant mes notes. Les alibis sont presque tous poreux, et pourraient facilement être des mensonges. Ça va être emmerdant, ça. Il faut que j'aille plus loin encore. Je vais jamais démasquer le coupable comme ça…

Allez. Respire. Question suivante.

– Qu'est-ce que tu pensais de la victime ?

– Il me faisait un peu peur, mais il a jamais été méchant avec moi, juste… désagréable ? Comme avec tous les autres…

– Un peu coincé du cul, mais franchement il aurait pas fait de mal à une mouche. Il méritait pas ça.

– …. (Haussement d'épaules)

– Honnêtement, jusqu'à aujourd'hui, j'avais oublié qu'il existait.

– Il avait appris à considérer chacun de nous comme un ennemi, l'approcher était une entreprise complexe. Il avait sûrement un certain historique familial traumatisant à son actif, associé avec un développement intellectuel précoce et une maturité émotionnelle sous-développée, qui le plaçait en décalage par rapport à ses pairs. Je ne disposais pas du profil nécessaire pour établir une base relationnelle suffisante. Par conséquent, je n'ai pas eu assez d'interactions avec lui pour me faire une opinion à son sujet.

– On se parlait jamais vraiment. Franchement, il me les brisait plus qu'autre chose, avec son petit air méprisant à la con. Mais maintenant… 'Fin… Je sais pas. 

– Les bourges dans son genre, je peux pas les piffer. J'pense pas qu'il méritait la mort non plus, hein. Mais vraiment, je pouvais pas le saquer.

– On était de la même promo, ça fait un moment que je le connais…  Il pouvait être assez insupportable, mais je pense que dans le fond, c'était juste un gamin comme les autres, et… je… je ne pense pas pouvoir pardonner à son meurtrier.

– Je l'aime. Enfin. Je l'aimais… P-Putain, désolé.e, ça coule tout seul, merde… pardon. J-J'aurais juste voulu… lui dire avant que… pardon, je, je peux pas continuer.

– C'était vraiment un con. Bon après, je voulais pas forcément qu'il meure, mais… je préfère que ce soit lui plutôt qu'un autre, quoi…

– On a été dans le même internat, quand on avait quoi… douze, treize ans ? On s'aimait pas vraiment, mais j'étais content qu'il soit là. Alors, le voir se comporter comme un salopard en arrivant ici, ça m'a… ça m'a vraiment foutu le seum. J'aurais vraiment voulu savoir pourquoi il était devenu comme ça, mais… il est mort. Putain, il est mort. Et j'ai même pas pu avoir une conversation normale avec lui une seule fois…

– Je sais pas… Je le connaissais pas bien. Mais il me disait toujours que ma cuisine était très bonne…

– Je l'ai déjà rencontré dans le cadre de mon travail. En 2020. Il ne m'a pas adressé un mot, mais il s'est passé des choses qui… qui m'ont donné envie de le protéger. J'ai vraiment eu l'impression que lui me détestait… et au final, je n'ai même pas pu empêcher sa mort. Je suis encore un peu sous le choc, pardonne-moi...

– Je ne savais rien de lui. Mais j'aurais voulu pouvoir intervenir.

– Hm… Nous étions camarades de classe, lui, moi et Theodosia. Ça a toujours été quelqu'un d'un peu hautain, mais ce n'était pas un mauvais garçon. C'est regrettable, ce qui lui est arrivé.

J'en apprends de belles, c'est certain, mais ça ne suffira pas à discerner un coupable. Un meurtre ne peut être justifié par une opinion dégradante, tout comme l'innocence ne peut pas être confirmée par de bonnes relations. Je sens l'impatience me gagner, et je dois résister de toutes mes forces pour ne pas regarder l'heure. Si je le fais, je vais paniquer.

Et je dois, absolument, rester concentré.

– Si tu devais tuer quelqu'un, tu t'y prendrais comment ?

– …. (Mime un pistolet avec ses doigts, puis écarte les bras comme si quelque chose explosait)

– P-Putain, laisse-moi deux secondes, tu veux ?… Comment je tuerais… De manière un minimum sophistiquée. Comme dans ces films où la femme fatale propose à sa victime de coucher avec lui avant de le tuer, d'un coup de poignard ou d'une aiguille empoisonnée... tu vois ? C'est comme ça que j'imagine la chose.  Bien sûr, le mettre en application est hors de question, hein... Surtout après ça.

– Vu que je fais beaucoup la cuisine… Par empoisonnement ?

– Je… ne souhaite pas répondre à cette question. Désolée, mais c'est trop pour moi.

– Quelque chose qui donnerait une mort rapide, propre... Sans douleur.

– Je lui couperai les parties pour lui faire bouffer et qu'iel s'étouffe avec. Ou bien je lui referais le portrait à la batte de baseball.

– Ha. Je lui roulerai dessus… Nan, plus sérieusement, un truc un peu spectaculaire. Genre une explosion, ou bien des pièges bien ficelés. Sauf que bon, j'ai ni le cerveau, ni les muscles, ni l'envie meurtrière d'Indiana Jones… Ou du putain de connard qui a buté Benedikt. Lui, si je le croisais, je m'emmerderais pas à faire des pièges.

– Je m'introduirais dans l'esprit de la personne pour la rendre folle.  Mais c'est impossible, malheureusement. Donc si je devais tuer quelqu'un… Je lae ferais disparaître. Tout simplement. Comme si iel n'avait jamais existé.

– Je lui péterais les membres et lui éclaterais la tête contre le béton avant de le balancer dans un canal.

– Euh… Je lui taperais très fort sur la tête ?

– Je ferais d'abord en sorte que la personne me fasse confiance, puis je la tuerai à l'aide de morphine dès que j'aurais réussi à l'isoler. Puis je me débarrasserais du corps. Ce n'est bien sûr que l'un des nombreux scénarios possibles.

– Il est contre mon code moral d'imaginer tuer quelqu'un, même hypothétiquement. J'en suis désolée.

– Écoute, je connais une bonne cinquantaine de drogues qui pourraient provoquer des morts instantanées ou au contraire super lentes et douloureuses. Ça répond à ta question, Mimi ?

– Je sais pas. Si je dois tuer quelqu'un, faudrait vraiment que la personne m'ait foutu en rogne. Donc je lae tabasserai avant de la pousser d'une fenêtre ou un truc du genre. Ou bien je l'étoufferais avec de la javel.

– Je ferais en sorte que ça ait l'air d'un accident, j'imagine ? Comme un effondrement ou une chute.


Là, je peux déjà noter plusieurs réponses intéressantes, mais toujours rien qui puisse me désigner un coupable certain. Surtout que certains raisonnements sont… particuliers. C'est pas grave, ça sera sûrement utile durant le procès… J'espère.
Je dois continuer sur ma lancée. La question suivante est d'une importance capitale.

– Tu sais te servir d'une arme à feu ?

– Nan, j'ai de nombreux talents mais ça n'en est pas un.

– Je sais me servir d'une carabine, oui...

– Non. Mais j'aimerais apprendre. Je pense que je me sentirai plus en sécurité avec une arme sur moi.

– Négatif.

– Je touche pas à ce genre de merde.

– Pfft, si seulement.

– … Ouais, vite fait, mais je veux pas m'en servir.

– L'esprit est plus fort que les balles, l'encre plus forte que l'épée. Je ne vois donc aucune utilité à l'utilisation d'une arme quelconque.

– Oui, en effet.

– … J'ai dû apprendre à en manipuler pour mon travail.

– Le paintball, ça compte ?

– … (Hochement de tête)

– Non, et j'y compte pas. Ça apporte jamais rien de bon ce genre d'arme.

– Oula sûrement pas ! Tu veux pas me coller un fusil dans les bras, je serais capable de me tirer une balle par accident.

– Euh, bah oui, vu que… y a du tir dans le biathlon.

J'ignore si toutes les réponses sont sincères, mais il me semble entrevoir une faible lumière dans la pièce sombre qu'est cette enquête. Il ne reste qu'une seule question. La plus importante, sans doute.

Je rappelle brièvement Noelle, pour demander de me laisser le pistolet de Benedikt. Je le pose sur la table basse devant moi, à bonne distance de tous les interrogés. Regards effrayés, intrigués, perplexes me font face.

– Ceci est l'arme du crime. Libre à vous de la regarder, mais interdiction de la manipuler, compris ? Maintenant... Dernière question. De combien de trous le corps de Benedikt était-il percé ?

– Cinq. C'était écrit dans le Monodossier.

– Euh… Quatre ou cinq…? Beaucoup, en tout cas…

– Je sais plus. J'ai essayé d'arrêter de regarder dès que j'ai vu le sang.

– Cinq, il me semble ?

– J'étais plus concentrée sur ses signes vitaux, je t'avoue ? Mais y avait genre, beaucoup. Il avait tellement de trous dans le torse, on aurait dit une passoire.

– Cinq. Tu parles, j'ai eu le temps de compter.

– Si le chargeur est vide, six ?

– J'ai oublié… C'est tout flou dans ma tête.

– Beaucoup trop.

– Cinq, je m'en souviens bien… Je me demande qui pourrait s'acharner de la sorte.

– Le chargeur était vide. Donc, six ? Même si j'ai un doute.

– Cinq ou six ? Je crois. Eurk, ça me donne la gerbe rien que d'y penser.

– … (lève cinq doigts)

– Euh… Pffff… Six ? Chais plus. Pourquoi c'est important, d'abord ?

– Cinq…? Ou six, peut-être. Maximum six, c'est un vieux modèle qu'on a là…

Je pose mon bloc-note, j'interromps l'enregistrement. Il faudra que j'étudie plus en détail mes notes pendant le procès, mais certaines questions ont eu l'effet escompté. Ça me permettra peut-être de débloquer des situations au procès, si tant est que je les utilise correctement. Mais est-ce que je serai vraiment capable d'exposer un meurtrier ? Ça me donne des sueurs froides. Dans les mots que j'ai griffonnés, il y a forcément des gaffes. Des mensonges, peut-être. Qui pourrait rester de marbre face à son propre crime ?

On ne connaît jamais vraiment les gens.

Et je n'aurais pas le temps de les connaître.

Parce que des hauts-parleurs s'élève la voix de Monokuma.

"Les trois heures sont écoulées. Veuillez tous vous rassembler dans le réfectoire."

Les dés sont jetés.

Et j'ai toujours aucune foutue idée de l'identité du coupable.

______

Alors alors ? De nouvelles théories ou hypothèses ? :3

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