Chapitre 35 - 2 ans plus tard, Magnus

PDV Magnus

— Bien c'est tout pour aujourd'hui, bon travail et merci à tous! dis-je d'une voix forte en frappant dans mes mains pour remercier mes élèves pour leur attention.

Ces derniers applaudissent également, puis se dirigent vers le vestiaire pour se changer. Je prends le temps de ranger mes quelques affaires dans mon sac de sport, puis je quitte la salle en épongeant la sueur qui perle à mon front avec une serviette. Je me rends dans la salle réservée aux professeurs qui par chance est vide à cette heure-ci. Je prends une bouteille d'eau fraiche dans le frigo que je bois directement au goulot à grandes gorgées, appréciant le contact du liquide sur ma langue. Regardant ma montre, je constate qu'il me reste environs une heure avant mon prochain cours, ce qui me laisse le temps de revoir le programme que j'ai prévu pour mes élèves. Je rejoins me prochaine salle où je mets la musique en marche, puis je répète les pas de la chorégraphie que j'ai prévu d'apprendre à mes élèves.

Vous vous demandez probablement ce que je fais dans une école de danse à enseigner? Eh bien je pense que pour que vous compreniez, il faut que je remonte un peu dans le temps. Après avoir vécu la pire nuit de ma vie en brisant le cœur de l'homme que j'aime, je me suis renfermé sur moi même durant de longs jours. J'ai repoussé mes proches, mes amis, ma famille, restant enfermé dans mon appartement, pleurant, criant ma peine et ma douleur, rongé par la culpabilité.

Après cela, je suis resté apathique, comme si je ne pouvais plus rien ressentir. Je ne mangeais plus, ou juste le minimum vital, je n'avais même plus le cœur à m'abandonner à ma passion. Je restais seulement assis ou allongé, le regard perdu dans le vide, mon esprit revivant encore et encore cette soirée où ma vie s'est soudainement arrêtée. Je ressentais encore le contact des mains de Camille sur moi, le contact de a peau qui me faisait frissonner de dégoût. Je revoyais inlassablement le regard brisé d'Alec quand il nous a vus.

Durant les premiers jours, après son départ, j'ai espéré avoir de ses nouvelles, que peut être il m'écrirait pour me demander des explications, ou bien pour me crier dessus, n'importe quoi. Mais il n'en a rien fait, c'était comme s'il avait tout simplement disparu de la ville, et de ma vie, ne me laissant qu'un profond sentiment de vide et une douleur destructrice.

Au bout d'une semaine sans nouvelles de ma part, Ragnor, Catarina et Isabelle ont fini par forcer l'entrée de mon appartement afin de venir voir si j'étais toujours en vie. Ils m'ont trouvé dansant d'un pas titubant, avec "Whatever it takes" (Imagine Dragons) passant à fond dans les enceintes de la salle. Ce jour là javais bu plus que de raison cherchant à étouffer ma peine, ce qui malheureusement pour moi n'a pas réellement fonctionné, puisque ça m'a plongé dans un sentiment de nostalgie, des flashs des moments partagés avec Alec envahissant mon esprit à chaque nouveau verre avalé.

Avec leur aide, j'ai décuvé avant de finalement leur laisser voir mes larmes de détresse quand la réalité m'a rattrapé. Ils ont fait de leur mieux pour me soutenir et être présents pour moi, même si je ne leur ai pas avoué ce qui me mettait dans cet état. Ils se sont douté que cela avait un rapport avec Alec, puisque celui-ci répondait aux abonnés absents depuis une semaine. Même Isabelle n'a pas réussi à avoir une explication ou un contact de sa part, quant à moi, je me suis senti incapable de lui avouer ce que j'avais fait à son frère. J'ai donc attendu qu'elle parte pour me confier à mon frère et mon amie à qui j'ai raconté ce qu'il s'est passé ce soir là avec Camille. J'ai tu le chantage de Robert, ainsi que le rôle qu'il a joué là dedans, craignant qu'il ne décide de s'en prendre également aux miens s'il venait à apprendre que j'ai révélé ses menaces.

Ragnor et Catarina ont d'abord été dans l'incompréhension la plus totale, ne croyant pas que j'ai pu retomber dans les bras de mon ex, et tromper Alec de la sorte, mais après mes aveux, je suis resté muet face à leurs questions, ne leur laissant pas d'autre choix que de croire mes paroles.

Après ça, j'ai mis une certaine distance entre moi et mes amis, n'ayant pas le courage d'affronter leurs questions ou le regard de mon frère et sa compagne. Je sais qu'Izzy et Jace ont fini par comprendre que j'avais fais du mal à leur frère, car ce dernier a soudainement arrêté de me contacter. Isabelle en revanche a longtemps cherché à comprendre et à avoir des réponses, et j'ai compris qu'Alec ne lui avait rien révélé de mes agissements. Je ne lui ai pas non plus donné d'explications, lui demandant seulement de me laisser du temps, et qu'un jour peut-être elle connaitrait la vérité. Ma meilleure amie a accédé à ma demande et a cessé ses interrogatoires. Nous sommes restés en contact, mais notre lien a pris un sacré coup, jetant un peu plus de sel sur mes plaies béantes. En me laissant piéger par le chantage de Robert, j'ai non seulement perdu l'amour de ma vie, mais aussi ma meilleure amie et nombre de personnes chères à mon coeur.

Quand la rentrée est arrivée, j'ai repris les cours et je crois que c'est ce qui m'a permis de survivre à la douleur permanente que je ressens dans mon coeur. Je me suis donné coeur et âme à la danse, redoublant d'efforts pour obtenir les meilleures notes et parvenir à valider mes années d'études. Il y a 1 mois de cela, j'ai enfin eu le grand plaisir d'être diplômé et le directeur de Juilliard connaissant mon parcours sans faille m'a proposé un poste de professeur de danse moderne dans son université. Et c'est ainsi que je suis devenu enseignant pour les cours d'été avant de faire le saut dans le grand bain à la rentrée prochaine.

Aujourd'hui la douleur est toujours présente, mais elle est plus sourde, comme si mon corps et mon esprit s'y étaient habitués avec le temps. Je rêve toujours d'Alec et il m'arrive encore de pleurer sur mon amour perdu lors de moments de faiblesse. Je sais que jamais je ne pourrais complètement me remettre de cette perte, mais je garde espoir qu'un jour je serais assez fort pour sourire à la vie à nouveau et pourquoi pas retrouver quelqu'un pour partager ma vie.

Alors que la musique prend fin, un bruit d'applaudissement me fait tourner la tête vers l'entrée de la salle. Un large sourire s'épanouit sur mes lèvres quand je vois mon frère entrer dans la pièce. Après avoir enchaîné plusieurs pièces de théâtre, Ragnor a finalement choisi la sagesse en acceptant lui aussi un poste de professeur d'art dramatique à Juilliard. Je n'y ai d'abord pas cru lorsqu'il m'a annoncé la nouvelle il y a quelques mois de ça, seulement il m'a donné un argument de choc que je n'ai pas pu contester: je vais devenir tonton dans quelques mois! Eh oui Ragnor et Catarina ont emménagé ensemble seulement quelques mois après s'être mis en couple et les choses se sont rapidement accélérées pour eux, lorsqu'elle est tombée enceinte, les poussant à acheter une petite maison et à régulariser leurs entrées d'argent. Par chance Catarina a fini ses études en même temps que moi, et l'hôpital qui l'a embauché durant ses études et stages a été plus que compréhensif en lui proposant de lui signer une promesse d'embauche pour son retour de grossesse.

Je vais enlacer mon frère chaleureusement qui me rend d'abord mon étreinte avant de me repousser avec une moue de dégoût au visage.

— Ark tu pues!

— Merci frangin ça fait super plaisir de te voir aussi! ironisé-je avec un petit rire.

Je hume néanmoins le débardeur qui couvre mon torse, avant de faire à mon tour une grimace. Il a raison, je pue! Bon en même temps je n'ai pas vraiment eu le temps de prendre une douche depuis ce matin, et j'enchaine les cours, ce qui fait qu'à 16h en effet je refoule autant qu'un putois.

— Tant pis pour ma prochaine classe, ça sera déo, pas le temps d'une douche, ils arrivent dans moins de 10 minutes. dis-je en haussant les épaules.

Ragnor éclate de rire en secouant la tête face à ma désinvolture.

— Bon, je te laisse si tu as un cours. Tu viens manger à la maison ce soir? Cat' a préparé des feuilles de vigne farcie et du tzatziki. lance t'il en captant mon regard.
Mes yeux s'agrandissent d'envie, et mon estomac qui n'a ingéré qu'un pauvre sandwich et de l'eau depuis ce matin crie famine à l'entente de ce menu alléchant. J'adore la cuisine grecque, et même je sais que mon amie a délibérément choisi de préparer ça afin de m'attirer chez eux pour me parler, je ne peux résister à l'envie de régaler mes papilles avec ces plats. C'est donc avec un large sourire que j'acquiesce, confirmant ma présence. Mon frère ma fait une tape sur l'épaule accompagnée d'un sourire avant de prendre congé et de sortir de la salle alors que mes premiers élèves commencent à pointer le bout de leurs nez.
— Entrez, entrez, vous pouvez commencer à vous échauffer en attendant vos camarades! lancé-je avant de retourner à mes affaires pour m'hydrater avant mon cours.

Quelques heures plus tard, je rentre enfin chez moi, exténué par ma journée. Je sais que j'ai volontairement demandé au directeur d'avoir des journées chargées afin d'être tout le temps occupé, me permettant de freiner le cheval qui galope dans mon esprit lorsque je reste inactif, pourtant après quelques semaines, je commence à regretter d'en avoir tant demandé... Peut-être serait-il plus sage de demander à réduire de quelques heures si je tiens à être d'attaque pour la rentrée.
Ne prenant pas le temps de me reposer sur mes lauriers, je vais directement à la douche, poussant un long soupir de bien-être en sentant l'eau chaude laver la sueur accumulée au cours de la journée. Je m'accorde quelques minutes pour profiter de la fonction hydromassante de ma douche afin de délier les muscles de mon dos. Comme à chaque fois que je l'utilise, quelques souvenirs agréables de moments partagés avec Alec dans cette douche remontent à la surface. Fermant les yeux je me laisse porter par les images qui passent derrière mes paupières closes. Mon bas-ventre ne tarde pas à réagir à ces doux souvenirs, mais je l'ignore délibérément, incapable de céder à un plaisir solitaire alors que la douleur s'éveille de nouveau dans mon coeur.
Durant deux ans je ne suis jamais parvenu à me masturber que ça soit en pensant à Alec ou non à moins d'être passablement alcoolisé, étape par laquelle il a fallu que je passe malgré moi quand la pression devenait trop importante pour être ignorée. Allez savoir pourquoi, le sexe qui a toujours été pour moi une chose facile et source de plaisir est désormais devenu cause de nombre de mes tourments. Depuis que j'ai couché avec Camille, je n'ai plus touché ou été touché par personne de façon intime, je n'en ai même à aucun moment ressenti le besoin. Seul mon esprit sadique qui m'envoie régulièrement des flashs de mes instants de passion dans les bras d'Alec a eu raison de ma retenue. Mais à chaque fois que je me suis laissé aller à quelques caresse solitaires, bien vite le dégoût et la rancœur que je m'inspire m'ont coupé dans mon élan, me forçant à boire plus que de raison afin d'engourdir mes sentiments, ne laissant plus que le besoin de me libérer de la pression accumulée.

Malheureusement pour moi, ce soir je n'ai pas le temps de me bourrer la gueule puisque je suis attendu chez mon frère et mon amie pour le repas. Je souffle donc un grand coup, puis je sors de la douche et vais me préparer en vitesse, car je sais que si j'ai le malheur d'arriver en retard, Cat' risque de me couper les burnes pour mes les faire bouffer. Quoi que en y réfléchissant ça pourrait être une solution... Pardonnez-moi je divague!

Une demi heure plus tard, je sonne à la porte de la petite maison de Ragnor et Catarina. C'est cette dernière qui m'ouvre avec un large sourire accroché à son beau visage. Je vais l'enlacer, faisant attention à son ventre, puis elle m'invite à entrer. Je retrouve mon frère déjà installé dans le salon, occupé à préparer quelques cocktails. Cat' me pousse sur le canapé, puis disparait dans la cuisine avant d'en revenir avec un plateau contenant un assortiment de gourmandises d'apéritif: olives, feta marinée, anneaux de calamar en beignet et autres petites spécialités grecques.

— Alors puis-je savoir en quel honneur vous m'avez convié à ce délicieux repas? demandé-je en cours de repas en portant une bouchée à mes lèvres.

— Faut-il une autre raison que le plaisir de nous retrouver? demande innocemment Ragnor en levant les yeux vers moi.

— Eh bien non, mais je vous connais comme si je vous avais fait, alors je me doute que ces merveilleux plats grecs ont été préparés pour m'attirer jusque là, et que donc vous voulez me parler. réponds-je avec un sourire en coin.

Mon frère et Catarina échangent un regard légèrement gêné d'avoir été démasqués aussi vite, puis cette dernière repose sa fourchette pour plonger ses yeux bleus dans les miens. Le genre de regard qui annonce au choix un interrogatoire, ou bien une mauvaise nouvelle. Je tente de faire abstraction de ma mauvaise intuition, espérant me tromper.

— J'ai vu Izzy hier. annonce t'elle sans préambule.

Je fronce légèrement les sourcils. Comment cette information peut-elle éveiller le moindre émoi en ma petite personne? Je croise moi même Isabelle de temps à autre, et nos échanges sont toujours assez agréables, alors que peut-il bien y avoir de si grave pour que tout les deux me fixent comme si j'allais exploser ou pleurer?

— Et donc...? demandé-je perplexe.

Nouveau regard échangé entre mes amis. Mais qu'ont-ils de si effrayant à me révéler?

— Elle... Elle m'a dit que... Qu'Alec était revenu à New York. lâche t'elle enfin en fuyant mon regard.

Ah tiens, j'avais raison, c'était une mauvaise nouvelle. Étrangement cette nouvelle ne me fait pas fondre en larmes ou hurler de détresse comme je m'y serais attendu. Au contraire, j'en suis presque à me réjouir de savoir Alec aussi proche de moi, un peu comme si sa relative proximité pansait la plaie béante de on coeur. Je sais que je ne pourrais jamais lui reparler et encore moins reconstruire quoi que ce soit avec lui, mais savoir que peut-être par hasard je pourrais le revoir me réchauffe le coeur. Un léger sourire nait sur mes lèvres, faisant hausser les sourcils de mes amis qui ne s'attendaient probablement pas à ça de ma part.

— Magnus? Tu... Tu as entendu ce que t'a dis Cat'? Alec est revenu... dit mon frère d'une voix douce en posant sa main sur mon bras comme pour me faire réagir.

— Oui, j'ai entendu.

— Et qu'est-ce que ça te fait? demande Catarina d'une voix incertaine, s'attendant probablement à devoir passer la nuit à me consoler.

— Écoutez... Je sais ce que vous pensez, mais je vous jure que ça va. Après tout je m'y attendais un peu, sa famille vit à New York et il a fini ses études cette année, alors il allait forcément finir par revenir. Pour tout vous dire, je suis même heureux de peut-être pouvoir ne serait-ce que le revoir. expliqué-je en haussant les épaules avec un sourire sincère.

— Attends... Quoi? Tu peux me répéter ça? Tu pourrais vraiment te contenter de seulement le voir de loin sans jamais plus lui adresser la parole alors que tu l'aimes toujours et que tu t'es rendu minable après qu'il soit parti?! Je ne peux pas y croire Magnus, ce n'est pas toi. lance Ragnor.

— Rag'... Je sais par quoi je suis passé, et tu as raison, je l'aime toujours, d'ailleurs je crois que je l'aimerais pour le restant de mes jours, mais crois-moi je me suis fais une raison, je sais depuis un certain temps déjà qu'il ne se passera plus jamais rien entre nous, alors oui j'accepte de le voir sans pouvoir lui parler, je ne veux plus le blesser, il a déjà suffisamment souffert par ma faute.

— Bon dieu Magnus tu t'entends parler?! Comment tu peux espérer que le revoir ne te fasse pas souffrir toi? Tu es encore complétement dans le déni et tu souffres, je le sais et je le vois. Tu crois peut-être avoir réussi à nous duper, mais je vois les éclats de douleur dans ton regard quand tu entends certaines musiques. Je te vois quand tu te perds dans tes pensées en regardant les photos de vous qui ornent toujours ton appartement ou bien ton écran de téléphone. Et par dessus tout, je vois que tu te mens à toi même en prétendant ne rien éprouver en sachant qu'il est revenu en ville, car depuis que tu sais tu n'as pas cessé de tripoter ton bracelet.

Les paroles de mon frère me percutent brutalement, et une digue cède en moi, libérant un flot de sentiments trop longtemps refoulé. Mes mains tremblent, ma mâchoire se serre et je sens mon souffle se raréfier tandis que quelques larmes roulent enfin sur mes joues.

— Que veux-tu que je te dise Rag'? Oui j'ai mal, je souffre à en crever chaque putain de jour depuis qu'Alec est parti, depuis que je lui ai brisé le coeur en couchant avec mon ex, mais je m'en veux tellement si tu savais. Cette culpabilité que je ressens chaque minute de ma putain de vie me ronge. Et tu sais quoi? Je mérite toute cette souffrance, je la mérite pour avoir brisé l'homme de que j'aime le plus au monde. m'écrié-je avant de m'écrouler en pleurs dans les bras de Catarina qui s'était levé en me voyant céder à mes démons.

Elle me guide jusque sur le canapé où elle me fait asseoir avant de me bercer durant de longues minutes, caressant mes cheveux tendrement jusqu'à ce que mes larmes se tarissent. La douleur est toujours présente, ravageant mon être tout entier comme un animal enragé, mais je lutte pour la cloisonner à nouveau. Ragnor et Catarina ont bien trop donné de leur temps et de leur énergie pour me relever par le passé. Désormais ils ont un avenir à vivre avec leur enfant à naitre, je n'ai pas le droit de leur imposer ma peine, c'est quelque chose que désormais je dois vivre seul.

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Coucou ici!
Voici le PDV de Magnus 2 ans plus tard. Chapitre plutôt triste je sais mais j'espère néanmoins qu'il vous à plu.
Je vous embrasse et vous dis à lundi prochain pour la suite 😉😘

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