Chapitre 3 - Alexander
PDV Alec
Je suis réveillé par les rayons du soleil qui filtrent à travers mes rideaux, annonçant une journée magnifique. Je m'étire de tout mon long, faisant craquer quelques unes de mes articulations, puis je me lève pour aller ouvrir les rideaux et la fenêtre. Une légère brise vient caresser mon visage, et je me délecte des rayons du soleil qui réchauffent ma peau, l'air encore frais de l'extérieur chassant les dernières brumes de sommeil. Me détournant de la fenêtre, je saisis au vol quelques vêtements dans mon armoire et me rends dans la salle de bain, où comme à mon habitude je lance ma playlist de musique avant de rentrer dans la cabine de douche.
Descendant au rez de chaussée après être m'être lavé et habillé, je rentre dans la cuisine où se trouvent mes parents en train de partager un petit déjeuner. Je les salue avec un sourire et m'installe avec eux après m'être servi une tasse de café. Mon père, Robert Lightwood a le regard plongé dans son journal et répond à mon bonjour par un marmonnement sans pour autant lever le nez. Ma mère, Maryse quant à elle m'adresse un sourire radieux, tout en glissant vers moi l'assiette de viennoiseries. Je ne me formalise pas du peu de réaction de mon paternel, je l'ai toujours connu ainsi, taciturne et peu affectueux. En revanche, j'entretiens de très bons rapports avec ma mère, qui après qu'Isabelle se soit détachée d'eux a reporté toute son affection de mère sur moi, comme si elle avait un trop plein d'amour à donner.
— Comment était ta soirée hier? questionne t'elle en buvant une gorgée de son café.
— Bien. réponds-je.
Je ne développe pas davantage, je ne souhaite pas peiner ma mère en lui disant que j'étais avec Isabelle hier soir. Je sais que le départ de ma soeur a été un crève cœur pour elle, et que si cela n'avait tenu qu'à elle, Izzy aurait pu choisir n'importe quelles études de son choix pour peu qu'elle puisse garder sa fille auprès d'elle. Malheureusement mon père en avait décidé autrement, ne laissant le choix ni à ma mère, ni à ma soeur en lui disant qu'elle ne devrait plus compter sur eux si elle choisissait des études d'arts de la scène. Isabelle ne s'était pas laissée démonter et avait poursuivi son rêve en réussissant son concours d'entrée à Juilliard, et de ce fait s'était retrouvée à la porte du jour au lendemain. Heureusement pour elle, étant majeure, elle avait pu louer un appartement grâce à ses comptes bancaires richement remplis sans que mon père ne puisse rien y faire, et avait admirablement bien rebondi en obtenant une bourse d'études grâce à son exceptionnel don pour les arts de la scène. J'admire beaucoup ma soeur pour le courage qu'elle a démontré lors de cette épreuve, et je me dis parfois que moi même je ne pourrais jamais avoir le quart de son courage.
— Alors mon chéri comment vas-tu occuper tes vacances? questionne une nouvelle fois ma mère me sortant de mes pensées.
Je détache un morceau de mon croissant avant de le porter à ma bouche tout en haussant les épaules.
— Profiter de mon temps libre, revoir mes amis, faire du sport...
— Non. m’interrompt la voix tranchante de mon père.
Ce dernier a relevé la tête de son journal et m'observe avec son regard bleu glacial. J'ouvre la bouche, et la referme aussitôt, les mots ne veulent pas sortir, et restent coincés dans ma gorge.
Flashback
J'ai 10 ans, et je rentre tout heureux à la maison après l'école. La maitresse m'a choisi pour être le premier danseur dans le spectacle de fin d'année! Je crois bien n'avoir jamais été aussi joyeux de ma vie, cela fait des mois que j'en rêve et enfin je vais pouvoir laisser libre cours à ma passion! A la maison je ne peux pas danser autant que je le voudrais car Papa ne me laisse pas faire, il dit que la danse c'est pour les filles, et que je devrais avoir honte de vouloir faire une activité de fille... Alors je me cache, je danse dans ma chambre quand mes parents ne sont pas à la maison, ou bien la nuit quand ils dorment...
Quand je rentre dans la maison avec un grand sourire sur le visage, Maman me demande ce qui me rend si heureux. Je lui explique que j'ai obtenu la place de premier danseur dans le spectacle de fin d'année de mon école, tout en sautillant d'excitation sur place. Maman me félicite et me fait un câlin en me murmurant qu'elle est fière de moi. Izzy qui est déjà installée à la table de la cuisine pour manger son goûter raconte à Maman que je lui ai cassé les oreilles avec ça tout le long du trajet pour rentrer à la maison, ce qui la fait rire, tandis que je lui tire la langue avant de faire quelques pas de danse improvisés pour extérioriser ma joie. Alors que je tournoie sur moi même, je me heurte brutalement contre quelque chose de dur qui se dresse dans mon passage. Levant les yeux, je croise le regard de Papa qui me toise sévèrement.
— Puis-je savoir à quoi sont dus tous ces cris que j'entends depuis que je suis rentré et pourquoi tu gesticules comme ça Alexander?
— La maitresse a dit que c'est moi qui aurait la place de premier danseur pour le spectacle de fin d'année! dis-je tout excité avec un grand sourire.
— Et tu en es fier? A ta place j'aurais honte! Il est hors de question que mon fils se montre en spectacle de la sorte, tu es un homme fils, pas une tafiole qui danse comme une fillette! Dès demain tu iras dire à ton institutrice que tu ne veux pas de ce rôle. répond Papa d'une voix glaciale avant de tourner les talons et d'aller s'enfermer dans son bureau.
Les larmes me montent aux yeux et je cligne frénétiquement mes paupières pour les chasser. Je ne dois pas montrer ma peine, je dois me montrer fort, sinon Papa aura encore honte de moi. Je sens la main de Maman se poser délicatement sur mon épaule, mais je me dégage brusquement et m'enfuis dans ma chambre où je me jette sur mon lit pour laisser libre court à mes pleurs.
Quelques minutes plus tard, j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir et se refermer doucement. Le lit s'affaisse dans mon dos, puis les petits bras de ma soeur viennent m'encercler avec tendresse tandis qu'elle appuie sa tête dans mon cou. Je ne peux retenir un nouveau sanglot de franchir mes lèvres, ce qui fait resserrer sa prise à Izzy. Elle me garde contre elle, me laissant pleurer durant de longues minutes. Quand mes larmes sont enfin taries, Isabelle me retourne vers elle et plonge son beau regard noir dans le mien.
— N'écoutes pas ce que dit Papa Alec, tu as le droit d'aimer danser, et tu n'as pas à en avoir honte.
— Mais Papa...
— Papa est bête! Il est bête de ne pas voir à quel point tu es doué pour danser. Ne renonces pas à tes rêves à cause de ce qu'il te dit.
— Merci Izzy. soufflé-je en la serrant contre moi.
Malgré les paroles de ma soeur ce jour-là, j'ai suivi les ordres de mon père, et n'ai pas interprété le rôle qui m'avait tant fait rêver. Par la suite, je n'ai jamais réussi à tenir tête à mon père, que ça soit quand il m'imposait mes activités et loisirs ou quand il m'a inscrit à Harvard contre mon gré. Je ne suis pas courageux comme Izzy, les conflits m'effraient, si bien que je cherche constamment à les fuir, me retrouvant souvent à subir des situations que je ne souhaite pas, comme en cet instant. Et par dessus tout, j'ai peur. Peur de ce que mon père pourrait me faire si je lui imposais mes propres choix de vie, ou s'il apprenait mon secret... Il ne doit jamais l'apprendre, sinon je crois bien qu'il serait capable du pire... Je suis et serais toujours incapable d'affronter mon père qui semble avoir un plan tout désigné pour occuper mon été ainsi que le reste de ma vie.
— Tu vas venir travailler au cabinet, ça te donnera un coup de pouce pour ta dernière année, et ainsi tu ne passera pas ton temps à glander. Il est temps de te prendre en mains Alexander, tu vas entrer en dernière année de fac l'an prochain et il est hors de question que tu rates ton examen du barreau, tu m'as bien compris?
Je baisse le regard sur mes mains qui se tordent entre elles sur mes genoux et hoche doucement la tête, une boule se formant dans ma gorge.
— Bien, je t'attendrais au cabinet lundi matin à 9h précise, ne sois pas en retard. déclare t'il avant de se lever et de quitter la cuisine, me laissant avec cette horrible sensation de n'être qu'un pion dans la vie de mon père.
Je garde le regard baissé, me mordant l'intérieur de la joue pour ne pas laisser échapper les larmes que je sens s'accumuler dans mes yeux. Je n'ai pas envie d'aller travailler avec mon père, tout comme je n'ai pas envie de réussir ces études qui m'ont été imposées. J'ai l'impression que toute ma vie m'a été dictée par mon père, que je n'ai pour ainsi dire jamais eu le choix de quoi que ce soit. Je me sens comme étranger à ma propre vie, comme un imposteur. Cette vie n'est pas la mienne, je ne suis et n'ai jamais été le Alec que je présente chaque jour à la face du monde, pourtant je sais que jamais je ne pourrais me libérer de cette vie imposée...
Une main douce vient se poser sur mon avant bras, relevant le regard, je vois ma mère m'adresser un petit sourire compatissant. Elle me comprend, elle aussi a vécu cela avec son mari, il lui a toujours imposé ses choix comme il le faisait avec chaque membre de sa famille. Elle m'avait raconté un jour que lorsqu'ils se sont rencontrés il n'était pas comme ça, au contraire, il était doux et à l'écoute de ses désirs. Et puis quelques années après leur mariage, quand il a repris la direction du cabinet d'avocat de son père, il est peu à peu devenu l'homme froid et dominateur que j'ai toujours connu. Elle n'a jamais pu se résoudre à le quitter bien qu'elle ne soit plus pleinement heureuse avec lui. Elle l'aime toujours comme au premier jour, même s'il se montre parfois odieux avec elle, et malheureusement pour elle, cet amour l'enchaine à lui.
— Vas prendre l'air, profites de ta journée mon chéri. dit-elle en me caressant la joue.
J'adresse un petit sourire à ma mère, puis me lève après l'avoir embrassé sur la joue et je remonte dans ma chambre. Je prends un sac à dos dans lequel je range quelques affaires, je prends mon équipement de tir à l'arc, puis je redescends et quitte la maison après avoir signalé mon départ à ma mère. L'air extérieur est encore frais malgré l'heure quelque peu avancée. Je me dirige vers Central Park où je vais directement jusqu'à l'aire aménagée pour le tir à l'arc.
Une chance pour moi, en cette heure matinale, le lieu est désert et calme, me laissant le loisir de profiter pleinement de la sérénité de la nature qui m'entoure. Je sors mon arc et mes flèches rangées dans leur carquois que j'accroche dans mon dos, puis me positionne face à ma cible. J'attrape une flèche, puis bande mon arc, les yeux rivés sur le point central de la cible. J'expire lentement en faisant le vide dans ma tête, me concentrant entièrement sur mon objectif, puis coupant mon souffle, je relâche ma flèche qui va se planter en plein centre de la cible. J'esquisse un sourire fier, puis j'enchaine quelques flèches supplémentaires à un rythme plus soutenu. Toutes atteignent la zone centrale de la cible que je vise, c'est presque trop simple... Je vais donc jusqu'à l'espace de cibles mouvantes, et une nouvelle fois, je vise et tire chacune des flèches à ma disposition. Je fais mouche à chaque tir, j'en regretterai presque que personne ne soit là pour me voir tirer...
C'est alors que les beaux yeux ambrés de Magnus s'impriment dans mon esprit. Oui, j'aurais aimé qu'il me voie tirer à l'arc. Étrangement, cet homme que je n'ai rencontré que deux fois occupe déjà mon esprit bien plus qu'il ne le devrait. C'est le premier à s'être réellement et sincèrement intéressé à moi, et étonnamment j'ai envie qu'il connaisse tout de moi, même ce que je m'efforce de dissimuler à la face du monde, de peur d'être rejeté. J'espère que j'aurais l'occasion de le revoir bientôt, car j'ai passé de bons moments en sa compagnie, bien que troublants parfois. Je me surprends à vouloir prendre de ses nouvelles, et sans réfléchir, je sors mon téléphone pour prendre une photo de mes cibles touchées en plein cœur et la lui envoie accompagnée d'un petit mot:
Alec: Bonjour Magnus, j'espère que tu es bien rentré hier soir, encore merci pour m'avoir raccompagné. Quel est ton programme pour cette fin de week-end? Ici c'est tir à l'arc comme tu peux le voir.
Je fixe mon téléphone, attendant la réponse de Magnus qui arrive quelques instants plus tard:
Magnus: Bonjour Alexander, je te manque déjà? 😏Oui je suis bien rentré, merci, et c'était un plaisir de te raccompagner. Je constate que l'archer qui a tiré sur cette cible est particulièrement doué, mais qui me prouve qu'il s'agit de toi? 😁 Je compte occuper ma journée à travailler sur mon projet de danse. 😊
Le message de Magnus est accompagné d'une photo en plongée où il apparaît torse nu et où l'on aperçoit une partie de sa salle de danse. Je reste bloqué quelques minutes sur la photo qu'il a envoyé, le point de vue de l'image met parfaitement en valeur la musculature de son torse qui luit légèrement de transpiration, ses yeux pétillent de joie et son sourire est à tomber par terre. Il n'y a pas à dire, cette photo me fait beaucoup d'effet. Je relis son message, rougissant à sa première question et souriant à la seconde. Je m'empresse de lui renvoyer une réponse qui après relecture se révèle plus audacieuse que ce que j'avais imaginé en l'écrivant:
Alec: Je pensais à toi, c'est tout. La seule façon pour que je te prouve que je suis l'auteur de ce tir serait que tu viennes vérifier de tes propres yeux.😉
Magnus: Tu pensais à moi? Je serais venu avec plaisir, malheureusement mon projet de danse me bouffe tout mon temps aujourd'hui😕, mais je te promets que je viendrais te voir tirer dès que possible.
Je ne peux m'empêcher d'être un peu déçu quand je lis sa réponse, car oui j'aurais aimé le voir, j'aurais aimé lui montrer de quoi je suis capable avec un arc. Malgré tout je ne peux pas le lui dire, déjà que je lui envoie un message sans raison un dimanche matin alors que l'on se connait à peine, il va me prendre pour un fou si je lui dis ça. Alors que je suis en train de me perdre dans ma réflexion, un nouveau message arrive:
Magnus: Au fait, il n'est pas un peu tôt pour aller tirer à l'arc?🤔
Alec: J'avais besoin de me détendre et surtout de prendre l'air.
Magnus: Pourquoi ça? Quelque chose ne va pas?
Alec: Oh rien de grave, si ce n'est que ce matin au petit déjeuner mon père a décrété que j'irais bosser dans son cabinet dès demain. 😓 Tu t'en doutes j'en ai pas très envie, alors je suis venu profiter du beau temps et de l'extérieur avant de devoir passer mon temps enfermé dans un bureau...
Magnus: Arf oui je vois... 😕 Je regrette encore plus de ne pas pouvoir me libérer pour venir te changer les esprits...
Mon cœur a un petit sursaut quand je lis le message de Magnus, savoir qu'il aurait voulu venir me voir même s'il ne le peut pas me touche. Je songe un instant à lui proposer de venir le voir, puis me ravise en me rappelant qu'il a du travail sur son projet de danse et que je ne peux me permettre de m'imposer ainsi.
Alec: Ce n'est rien, ne t'en fais pas pour moi, je compte bien profiter au maximum de ma journée! En tout cas je te souhaite bon courage pour ton projet, j'espère que je pourrais le voir une fois finalisé?
Magnus: Avec plaisir. Profites bien de ta journée, j'espère également que nous aurons l'occasion de nous revoir un de ces jours.
Alec: Oh je n'en doute pas, Izzy trouvera bien le temps de nous réorganiser une soirée un de ces quatre! 😅 Bonne journée Magnus, à bientôt.
Magnus: A bientôt Alexander. 😘
Alexander. Je prends soudain conscience qu'il est le seul en dehors de mes parents que je laisse m'appeler ainsi. Rien qu'en lisant son message, j'ai l'impression de l'entendre prononcer mon prénom à côté de mon oreille, chaque syllabe roulant sur sa langue comme une caresse... Je me met à sourire comme un idiot en voyant le petit smiley accompagnant son message, heureusement à cette heure matinale je suis seul, et personne ne peut me voir. Je fais défiler la conversation pour relire ses messages et reste bloqué quelques minutes sur la photo qu'il m'a envoyé, il n'y a pas à dire, Magnus est un homme magnifique, même vêtu d'un simple jogging il est à tomber par terre! Une douce chaleur se propage dans mes joues tandis que des images quelques peu déplacées me traversent l'esprit. Je reviens à moi quand deux jeunes apparaissent sur l'aire de tir, leur arc à la main. Je jette un dernier regard à la photo de Magnus, comme pour l'imprimer dans mon esprit, puis je range mon téléphone dans ma poche. Je souris en constatant que j'ai réussi à oublier mon père le temps d'un instant, et ce grâce à Magnus. Un large sourire toujours accroché aux lèvres, je range mon équipement et envoie un message à Jace et Isabelle pour leur proposer de se rejoindre pour aller bruncher.
*****
Coucou ici!
Je sais que j'avais dit 1 chapitre par semaine mais étant passée en chômage partiel depuis hier suite à la fermeture de mon magasin, et après vos supers commentaires sur le chapitre précédent, j'ai par résisté à l'envie de vous poster ce nouveau chapitre! 😃
J'avoue aussi faire une tentative pour soudoyer AUmalec et SandraJuju8 pour avoir leur nouveaux chapitres rapidement ! 😅🤞
Attention notez que ça reste exceptionnel, je veux vraiment faire en sorte de vous poster un nouveau chapitre par semaine jusqu'à la fin plutôt que de vous faire patienter une durée indéterminée par manque d'avance.
Bref. Bonne lecture et comme toujours j'attends vos commentaires avec impatience! 😘
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top