Chapitre 24 - Jonathan Morgenstern

PDV Alec

De douces caresses sur ma peau me sortent du sommeil. Je tente de me retourner, mais je constate que je suis bloqué dans les bras de Magnus qui est blotti dans mon dos, et qui resserre sa prise sur mon torse, tout en enfouissant sa tête dans le creux de mon cou. Pour un peu je pourrais presque l'entendre ronronner, et cette idée me fait sourire tandis que je me love un peu plus dans son étreinte. Nous restons ainsi enlacés durant quelques minutes, à nous caresser et nous papouiller mutuellement avec douceur et tendresse, puis la sonnerie de mon réveil nous ramène brutalement à la réalité. Je me redresse avec un soupir à fendre l'âme, n'ayant aucune envie de vivre la journée à venir. Magnus vient m'enlacer par derrière, logeant sa tête contre la mienne.

— Je n'ai pas le pouvoir d'alléger le fardeau de cette journée mon ange, pourtant crois moi, j'aimerais. Je n'aime pas te voir aussi triste. souffle t'il à mon oreille.

— Ce n'est rien chaton, c'est juste un mauvais moment à passer... Tant que j'ai la certitude de retrouver tes bras à la fin de la journée, je peux tout endurer.

— Seulement mes bras? Je croyais qu'après ce week-end, tu aurais préféré retrouver d'autres parties de mon anatomie... glousse t'il joyeusement.

Je me contorsionne pour me retourner dans ses bras et observer ses yeux rieurs.

— Tu n'es qu'un pervers. répliqué-je en essayant de camoufler mon propre amusement.

Mon compagnon éclate de rire avant de me relâcher pour se lever.

— Je ne parlais pas nécessairement de ces parties là de mon anatomie, mais tu me vois ravi que tu y penses en premier lieu Alexander. D'ailleurs elles sont toute à ta disposition pendant que je vais me doucher si tu le souhaites. lance t'il d'une voix sensuelle en se dirigeant vers la salle de bain en roulant des hanches.

Je l'observe disparaitre dans la pièce avec un regard envieux. Même si nous venons de passer un week-end où nous avons largement assouvi nos pulsions, voir son corps musclé se déhancher devant moi de la sorte réveille brutalement mon désir. Je jette un oeil à l'heure, et constate avec un sourire soulagé que j'ai encore un peu de temps devant moi avant de devoir partir. En effet depuis le jour où je suis arrivé en retard au travail, j'ai fait en sorte d'avancer l'heure de mon réveil pour des cas comme ce matin où je sais que je ne pourrais pas résister à la tentation ambulante qu'est Magnus.

Me mordant la lèvre, je me hâte de retirer mon boxer et de partir en courant dans la salle d'eau où la vision enchanteresse de Magnus le corps dégoulinant d'eau me frappe de plein fouet. Je me glisse à mon tour sous le jet d'eau pour l'enlacer, et très rapidement, la pièce s'emplit de vapeur d'eau mêlée à nos gémissements tandis que nos corps s'enlacent et s'emboitent dans une danse érotique qui me fait oublier la journée qui m'attend.

Magnus me dépose non loin du bureau, que je rejoins en trainant des pieds après l'avoir embrassé chastement. Après un week-end comme nous venons de vivre, il nous a été particulièrement compliqué à tout les deux de nous séparer. Nous avons passé tout le petit déjeuner à nous faire des caresses affectueuses ou des baisers volatiles, on a même eu du mal à nous détacher l'un de l'autre assez longtemps pour nous habiller.

Arrivé devant le cabinet de mon père, je redresse les épaules et souffle un grand coup pour me donner du courage avant d'entrer. Jace qui comme à son habitude se trouve déjà à son bureau se lève pour me saluer d'une rapide étreinte fraternelle, puis il m'indique que mon père est déjà parti pour le tribunal et qu'il nous y attend dans une demi heure.

— Hein? Si tôt? Je croyais que le procès de débutait qu'à 11 heures... fais-je avec étonnement en déposant ma sacoche sur mon bureau.

— Oui c'est le cas, mais ton père tient à ce que nous assistions à la dernière conversation de préparation avec son client. répond Jace en haussant les épaules.

Je retiens un grognement, assister à cette entrevue signifie devoir me retrouver dans la même pièce que ce type accusé de viol sur une jeune femme. Je ne suis pas sur de parvenir à garder mon sang froid si je dois les entendre mettre en place leur défense, usant à coup sur d'arguments on ne peut plus odieux. Face à mon désarroi plus qu'apparent, Jace saisit mon épaule qu'il presse gentiment tout en me faisant un petit sourire.

— Hey ne t'en fais pas mon pote d'accord? Je suis là avec toi. Si tu veux on peut faire semblant d'oublier un document ici comme ça si la conversation devient trop compliquée à endurer pour toi tu auras une excuse pour t'éclipser?

Je lève le regard plein de gratitude sur mon meilleur ami. Il a toujours su sentir quand j'étais au bord de l'implosion à cause du comportement abusif de mon père, tout comme il m'a toujours soutenu et épaulé quand j'en avais le plus besoin. Son amitié est la plus précieuse que je possède, et je remercie l'ange de l'avoir mit sur ma route sans quoi je crois que je ne serais déjà plus de ce monde depuis bien longtemps.

— Merci Jace... soufflé-je la gorge nouée.

— De rien Alec, tu pourras toujours compter sur moi, tu le sais ça?

Je hoche doucement la tête, tâchant de ravaler les quelques larmes qui s'accumulent dans mes yeux sous le coup de l'émotion. Jace me sourit à nouveau, puis il m'attire à lui pour me serrer dans ses bras, comme il le faisait quand nous étions enfants. Nous aimions nous dire que cette étreinte avait le pouvoir de transmettre un peu de notre force à l'autre dans les moments durs. Nous avons même mis un nom sur notre lien indéfectible: Parabatai, deux êtres dont les liens vont au delà de l'amitié ou de la fraternité, deux être prêts à tout l'un pour l'autre. En cet instant, c'est exactement ce dont j'ai besoin, j'ai besoin de toute la force que mon ami peut me donner car j'en manque cruellement face à ce qui m'attend aujourd'hui. Lorsqu'il me relâche, il saisit mon avant bras dans sa main, la mienne se posant sur le sien, puis il plonge son regard vairon si particulier dans le mien.

— Parabatai.

— Parabatai. réponds-je en serrant brièvement son bras.

Nous réunissons toutes nos affaires, puis nous quittons le cabinet après l'avoir fermé à double tour, et nous prenons le chemin vers le tribunal qui se trouve à quelques pâtés de maison de là. Une fois arrivés sur place, un agent de sécurité nous indique la salle où se trouve mon père et son client. Nous nous dirigeons vers la pièce en question, et après que j'ai soufflé un grand coup, Jace frappe à la porte. La voix de mon père raisonne derrière la porte, nous invitant à entrer de son ton froid et indifférent.

A l'intérieur, mon père est déjà installé à une table, face à son client qui a pour le moment le dos tourné vers la porte, dissimulant son visage. Mon père lève le regard vers nous pour nous faire signe de venir nous installer un peu à l'écart de la table, puis il explique brièvement ce que nous faisons là à l'homme assis face à lui qui s'est retourné pour nous saluer d'une bref hochement de tête. Mon regard croise celui de l'accusé, et instantanément un frisson de malaise me parcoure le dos. Ses yeux verts, son visage anguleux et ses cheveux blonds presque blancs lui donnent un air prédateur, et à cet instant, je ne doute absolument pas que cet homme est tout à fait capable d'avoir commis le crime dont il est accusé. Je suis même certain qu'il a effectivement violé cette jeune femme, il en a même retiré un plaisir malsain. Je réprime un second frisson, serrant les mâchoires fermement, puis fuyant le regard de l'homme, je vais m'installer sur la chaise qui m'est attribuée, Jace à mes côtés.

— Reprenons Mr Morgenstern voulez-vous? Donc je vous rappelle que toute votre défense repose sur le fait de prouver que la supposée victime était consentante lors des faits. Pour cela il faudra que vous répétiez les arguments dont nous avons déjà parlé tout à l'heure. Comme fait que vous et Melle Penhallow entreteniez une relation par le passé, que c'est elle qui vous a invité à entrer chez elle...

— Oui je sais. le coupe l'homme aux cheveux blonds. Sans compter qu'elle portait une tenue qui appelait clairement à la luxure et qu'elle a crié de plaisir comme elle le faisait lorsque nous étions encore ensemble. continue t'il avec un sourire carnassier.

Une vague de nausée me submerge tandis que des sueurs froides dévalent ma colonne vertébrale. Oser plaider le consentement dans pareille affaire est à mon sens un immense manque de respect envers cette pauvre jeune femme. En effet en ayant pris connaissance des faits, il n'y a pour moi aucun doute quant au non consentement de la victime.

Cet homme, Jonathan Morgenstern s'est présenté chez la victime Aline Penhallow un soir, prétextant avoir besoin de discuter avec elle suite à leur rupture récente. D'après l'interrogatoire mené auprès de la jeune femme, celle-ci aurait décidé de rompre avec lui car il lui faisait peur, et pouvait parfois se montrer brusque avec elle. Lorsque Melle Penhallow a ouvert la porte, elle ne portait qu'une tenue de nuit légère, type nuisette, compte tenu de l'heure tardive et de la chaleur au moment des faits. Mr Morgenstern a insisté plusieurs fois pour qu'elle accepte de le recevoir chez elle malgré quelques premiers refus, puis le ton du jeune homme montant, elle avait décidé d'accéder à sa requête afin de ne pas alerter le voisinage à une heure tardive. A partir de cet instant, le calvaire a commencé pour la victime. Son ex-compagnon s'est montré très entreprenant, la caressant, la touchant au delà de ce que la décence autorise. Puis alors qu'elle se dirigeait vers sa chambre afin de passer une robe de chambre pour se couvrir, il l'a violemment repoussée sur le lit avant de lui faire des attouchements intimes, puis de la violer.

Tout mon être se révulse quand je les entends parler en détail des divers arguments qu'ils ont mis en place afin de prouver l'innocence de Morgenstern, et il me devient difficile de tenir en place tellement le besoin de hurler ou de me jeter sur ce monstre devient pressante. A mes côtés Jace sent la tension monter dans mon corps, et il tente de me calmer en attrapant ma main sous la table pour la presser de toutes ses forces. Malheureusement si ce geste m'aide un peu au début, peu à peu, il ne devient plus suffisant à contenir l'état de nerf dans lequel je suis.

Alors que je me sens sur le point de complètement craquer, mon père se tourne vers Jace pour lui demander un document qu'il lui avait demandé d'emmener du cabinet. Mon ami saute sur l'occasion pour mettre notre plan en marche, et fait mine de fouiller dans sa serviette, puis je vois du coin de l'œil que son air passe la confusion feinte à un air faussement désolé quand il lève les yeux vers mon père pour lui annoncer qu'il l'a oublié. Je retiens mon souffle quelques instants, priant de tout mon être pour connaitre suffisamment mon paternel pour savoir que c'est forcément moi qu'il enverra chercher le fameux document, comme le bon fils docile pour lequel il me prend.

Comme si l'ange avait entendu ma prière pour influer sur le cours des évènements, le regard de mon père reste froid quelques instants et un petit rictus se dessine sur ses lèvres, puis il se tourne vers moi et m'ordonne de retourner au cabinet pour aller chercher le document manquant. Je hoche doucement la tête, et me lève de ma chaise, tâchant de ne pas quitter la pièce trop précipitamment.

Une fois sorti du tribunal, je m'appuie sur l'une des grandes colonnes qui entourent l'entrée pour enfin lâcher un souffle tremblant, les yeux fermés. Je sors mon téléphone d'une main fébrile, puis tout en allant m'asseoir sur un banc non loin du tribunal, j'appelle Magnus. Je sais que dans l'état dans lequel je me trouve en ce moment, seule sa voix saura me calmer et m'aider à me ressaisir.

— Mon ange, que me vaut le plaisir de ton appel? demande la voix chantante de Magnus quand il décroche.

Je sens immédiatement chaque muscle de mon corps de détendre à l'entente de la voix de mon compagnon.

— Magnus... soufflé-je avec soulagement.

— Alexander? Tout va bien? questionne t'il sa voix se teintant d'inquiétude.

— Ouais... Euh... Non... Enfin si... Je veux dire... Ça va mieux maintenant que je t'entends. réponds-je en secouant la tête pour essayer de me remettre les idées en place afin de pouvoir tenir une conversation convenable avec mon amant.

— Qu'est-ce qu'il se passe? Je ne m'attendais pas à avoir de tes nouvelles avant midi, et tu as l'air... Confus...

— Ouais, je... J'étais au tribunal avec Jace, mon père nous a demandé d'assister aux derniers préparatifs de sa défense avec son client...

— Oh... souffle t'il.

— Par l'ange Magnus si tu avais entendu ce qu'ils s'apprêtent à utiliser comme arguments pour défendre ce sale type... Ils... Ils vont essayer de prouver que la victime était consentante... Que... Qu'elle l'a volontairement aguiché...

Magnus ne répond pas immédiatement, et j'entends comme un courant d'air dans le micro de son téléphone, ainsi que son souffle qui s'est accéléré.

— Mag's? appelé-je, ne comprenant pas son silence.

— Oui, excuses moi mon ange. Où es-tu?

— Je... Sur un banc face au tribunal... Pourquoi?

— Ne bouges pas, j'arrive. dit-il précipitamment avant de raccrocher.

Je regarde bêtement on téléphone durant quelques instants, ne comprenant pas ce qu'il vient de se passer, puis je suis sorti de mon hébétude par la main douce de Magnus sur mon bras. Levant les yeux, je croise son regard ambré empli d'inquiétude mêlée à de la compassion. Je le dévisage quelques instants avant de craquer et de me jeter dans ses bras pour l'étreindre avec force. Ses bras se referment sur moi et il me tient serré contre lui de longues minutes, attendant simplement que je me calme.

— Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu fais là? demandé-je en me détachant de lui pour lui faire face, sans toutefois lâcher ses mains.

—J'étais en train de me rendre chez Clary pour discuter de la mise en scène de la chorégraphie quand j'ai reçu ton appel. Et vu que je n'étais pas loin et que tu avais vraiment l'air mal, je me suis précipité pour venir t'apporter mon soutient. répond-il en caressant le dos de ma main avec son pouce tout en m'offrant un sourire aimant.

— Merci... C'est tout à fait ce dont j'avais besoin... murmuré-je en embrassant chastement ses lèvres.

La vibration de mon téléphone dans ma poche me détourne de Magnus, et alors que je saisis l'objet, je constate qu'un nouveau message de Jace vient d'arriver:

Jace: Où es-tu? Ton père commence à s'impatienter...

Je lâche un soupir, comprenant que je vais devoir retourner dans cet enfer. Je relève le regard vers Magnus qui me lance un regard désolé après avoir lui aussi lu le message de Jace. Je vais me nicher une fois de plus dans ses bras, cherchant par ce contact tout le courage qu'il peut m'apporter. Me détachant de mon amant à regret, je me lève du banc, tenant toujours sa main dans la mienne, l'entrainant dans mon mouvement.

— Courage pour le procès, j'espère de tout mon coeur qu'il trouvera l'issue que tu espères. Appelles-moi si tu as besoin, je garderais mon téléphone avec moi. dit doucement Magnus en caressant ma joue du revers de la main.

Je ferme brièvement les yeux, appréciant la caresse avant de remercier mon amant, puis de lui faire un dernier baiser. Je m'éloigne de lui sans parvenir à le quitter du regard, jusqu'à arriver au bord de la route où enfin je me détourne pour traverser et rentrer dans la grand bâtiment blanc. Arrivé devant la salle que j'ai quitté un peu plus tôt, je sors le document pour lequel j'ai prétexté m'absenter, puis après avoir frappé pour annoncer mon retour, je rentre.

Le regard froid de mon père m'accueille, un regard où j'ai l'habitude de lire de la déception, de la colère, ou de l'indifférence, tout comme en et instant. Toute ma vie j'ai espéré voir autre chose dans les yeux de mon père, de la fierté pour son fils, de l'amour ou au moins un peu de tendresse, pourtant mon vœux ne s'est jamais réalisé, et je comprends qu'il ne le sera probablement jamais. Je baisse le regard, essayant de camoufler au mieux le désarroi qui m'habite, puis après avoir tendu le document à mon paternel, je retourne m'asseoir à côté de Jace.

La fin de l'entrevue se passe comme dans une sorte d'épais brouillard pour moi, je ne fais plus attention à ce qui se dit autours de moi, ce qui est peut être mieux en définitive. Mon esprit passe en revue chaque instant de ma vie durant lesquels mon père s'est montré froid ou odieux avec moi. Bien que j'ai toujours eu conscience de son comportement envers moi, c'est la première fois que je me rends vraiment compte que je ne le mérite pas. Je mérite d'être accepté tel que je suis, je mérite d'être heureux et aimé. Cette révélation me frappe en plein coeur et je me fais la promesse que d'ici la fin de l'été, j'aurais avoué à mon père que j'arrête les études de droit pour tenter ma chance dans la danse, car c'est ce qui me fait me sentir vivant, que j'aime les hommes, et par dessus tout que je suis le plus heureux des hommes auprès de Magnus.

                                                                                   *****

Coucou tout le monde, nous sommes lundi, alors voici le chapitre 24!

Pas hyper joyeux cette fois-ci, j'en suis désolée, et il n'y a pas non plus énormément de choses, mais ça m'a également permis d'aborder la profonde amitié Jalec que j'aime beaucoup. De même que le soutient indéfectible de Magnus pour Alec.

J'espère néanmoins que ce chapitre vous aura plu malgré son ton plus grave. 😕 Je vous dis à lundi prochain pour un nouveau chapitre à la fois plus léger et très riche en émotions!😘

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