Chapitre 15 - Catnor

PDV Magnus

Ce matin je me réveille en joie, nous sommes enfin vendredi, et je vais pouvoir retrouver Alec cet après midi. Il me tarde tellement de pouvoir le serrer contre moi, de l'embrasser, si vous saviez! Cela fait maintenant quatre longs jours que nous ne nous sommes pas vus, et le manque se fait cruellement ressentir. Je ne pensais pas pouvoir être aussi dépendant et accroc à la présence de quelqu'un un jour, pourtant c'est bel et bien ce qui est en train de se passer. C'est un sentiment plutôt étrange mais à la fois tellement plaisant.

Quand mon réveil à poil vient frotter son museau contre moi, c'est avec un large sourire que je lui rends sa cajolerie en glissant ma main dans on pelage soyeux. Après quelques instants câlins avec le "Président Miaou", je me lève pour aller le nourrir, puis tandis que ce petit glouton se jette sur sa pâtée, je vais me doucher non sans lancer une playlist entraînante dans l'enceinte de la salle de bain. Comme d'habitude, le démon de la danse prend possession de mon corps et je me déhanche bientôt sous le jet, chantant les paroles en mimant un micro avec mon flacon de shampoing.

Après une douche énergisante, je m'active dans mon appartement pour faire une grosse session de ménage, chose que j'ai quelque peu laissé de côté depuis une semaine. En effet le manque d'Alec et le fait de savoir qu'il venait cet après-midi afin que nous mettions enfin en commun notre chorégraphie m'a plus poussé à me plonger à corps perdu dans la danse qu'à nettoyer mon logement. Mais maintenant que nous ne sommes qu'à quelques heures de nous retrouver, je me retrouve bien obligé de m'en occuper afin d'accueillir mon compagnon dans un lieu propre et rangé.

C'est donc avec une énergie débordante et une joie rayonnante que je me retrouve à me dandiner au rythme du best of de Queen qui sort de mes enceintes à pleine puissance, tout en passant balais et serpillère sur le sol. Je me laisse peu à peu posséder par l'esprit de Freddy Mercury, chantant dans le manche de mon balais comme lui le faisait avec son pied de micro raccourci.

C'est dans cette position que me retrouve Ragnor quand il pénètre dans mon appartement, et ce sont ses applaudissements qui me sortent de la transe dans laquelle je m'étais enfoncé sans m'en rendre compte. Clignant des yeux, je le regarde sans comprendre ce qu'il fait là, puis dans un raclement de gorge, je reprends contenance et baisse le son de la musique.

— Excuses-moi, j'ai frappé, mais vu le son de ta musique, tu n'as pas du m'entendre, alors je suis rentré. explique t'il.

— Tu as de la chance que j'ai été seul, sinon tu aurais pu tomber sur une scène qui aurait pu faire fondre tes rétines si délicates. répliqué-je avec un sourire taquin.

— Je te vois mal t'envoyer en l'air sur du Queen, et puis Alec doit être au travail, je ne prenais pas grand risque. dit-il en haussant les épaules en venant se vautrer dans mon canapé.

— Que me vaut le plaisir de ta visite inopinée cher frère? demandé-je en m'asseyant à mon tour après avoir rangé mon matériel de ménage.

Ragnor détourne les yeux, ses joues rosissant légèrement tandis qu'un certain malaise semble s'emparer de lui. Intrigué par sa réaction inhabituelle, je hausse un sourcil. En effet, mon frère est plutôt du genre sur de lui et peu de choses peuvent le gêner ainsi , hormis de me surprendre en position sensuelle avec l'un de mes partenaires sexuels, bien entendu.

— Rag', tout va bien? demandé-je d'une voix douce.

— Hem... Ouais, je... En fait ça fait quelques temps que j'ai quelque chose à te dire... répond-il en fuyant mon regard.

De plus en plus inquiet face à son attitude, je quitte mon fauteuil pour venir m'asseoir sur la table basse face à lui et poser mes main sur ses genoux que je presse gentiment.

— Tu sais que tu peux tout me dire hein? soufflé-je tout en cherchant à capter son regard.

Ses yeux verts se lèvent enfin vers moi, j'y lis une réelle inquiétude qui ne fait qu'attiser la mienne. Que peut-il avoir à me dire qui puisse le mettre dans cet état?

— Je... Avant toute chose, je veux que tu saches que ce que je vais te révéler, je ne l'ai pas voulu... Ou en tout cas, je n'ai pas cherché à ce que ça arrive... C'est juste... Arrivé. Sans que je m'y attende. tente de m'expliquer Ragnor me perdant d'avantage encore que je ne l'étais auparavant.

— Rag', accouche, tu commences à me faire vraiment peur là! lâché-je sentant mes nerfs se tendre face à l'attitude de mon frère.

— Promets-moi juste de ne pas t'énerver...

Sa voix tremble, il semble réellement inquiet à l'idée que je puisse lui en vouloir ou bien le rejeter après avoir entendu ce qu'il a à me dire. A t'il fait une faute tellement impardonnable pour que moi son propre frère je puisse réellement songer à lui tourner le dos? Je prends sérieusement le temps de me poser la question: y a t'il quoi que ce soit qu'il puisse avoir fait qui me pousserait en ce sens? Non. La réponse fuse dans ma tête. Je suis clairement et totalement incapable de le renier. Même s'il avait tué quelqu'un, je serais totalement capable de l'aider à cacher le corps sans poser de question. C'est donc avec douceur et conviction que je lui réponds:

— C'est promis.

— Je... commence t'il sa voix s'étranglant dans sa gorge. Puis prenant une grande inspiration, il poursuit d'une traite: Catarina et moi sortons ensemble.

Mon souffle se bloque dans ma gorge quelques instants face à la révélation de mon frère dont les yeux verts semblent me supplier de ne pas m'énerver, puis la tension dans mon corps se relâchant subitement, j'explose de rire sous son regard médusé.

— Ravi de voir que c'est hilarant. grogne mon frère, croisant les bras et s'enfonçant dans le dossier du canapé, une moue renfrognée au visage.

Il me faut quelques instants pour retrouver mon calme, puis constatant que je l'ai blessé, je redeviens sérieux.

— Pardonne-moi Rag', mais vu ce que tu m'as dit avant ça, je m'attendais à devoir t'aider à planquer un cadavre moi! lancé-je avec un sourire moqueur que je ne peux retenir.

Il hausse un sourcil dans ma direction, quittant son masque grognon sous l'effet de la surprise, et se met à son tour à rire.

— Ouais, c'est vrai que j'en ai peut-être un peu trop fait...

— Un peu?! C'est un doux euphémisme! répliqué-je en lâchant un nouveau rire.

— Tu... Tu ne m'en veux pas alors? demande t'il à nouveau embrassé en me regardant avec inquiétude.

— Mh... Oh si, je t'en veux même énormément! Va falloir que tu me racontes tout en détail si tu veux espérer gagner mon pardon! le taquiné-je en lui donnant une tape dans la jambe avant de me lever pour me rendre dans la cuisine. Je te sers à boire? lancé-je d'un ton léger en sortant une bouteille de thé glacé du frigo.

Il accepte ma proposition, puis nous montons nous installer dans les chaises longues sur le toit terrasse de mon appartement.

— Alors raconte! dis-je en me tournant sur le côté, la tête appuyée sur ma main, tout en sirotant ma boisson à l'aide d'une paille.

— Il n'y a pas grand chose à dire. marmonne Ragnor en haussant les épaules, redevenant le frère taciturne et un peu grognon que je connais.

— Tu te fous de moi j'espère? Mon frère sort avec mon amie d'enfance, et il n'y aurait rien à en dire? Crache le morceau Fell!

Lorsque mes parents ont recueilli Ragnor après le décès de ses parents, il était suffisamment grand pour choisir s'il voulait conserver son nom de famille ou s'il préférait adopter le nom de Bane. Il a pris le temps de réfléchir à la question et de nous adopter, puis a finalement choisi de conserver le nom de Fell en souvenir de ses parents décédés. Même s'il ne porte pas le même nom que nous, mes parents et moi savons malgré tout que Ragnor est un Bane dans le fond de son cœur et qu'il ne renierait ça pour rien au monde.

— Je te l'ai dit, ça s'est fait comme ça, sans que l'un ou l'autre ne le cherche vraiment. répond-il finalement.

— Tu sais parfaitement que je ne me contenterais pas de ça, je veux tous les détails! Où? Quand? Comment?

Ragnor lâche un lourd soupir, puis se décide enfin à parler sachant que je ne compte pas le laisser tranquille tant que je n'aurais pas de réponse à mes questions.

— C'était il y a deux semaines...

— Quoi? Deux semaines et tu ne me le dis que maintenant?! m'exclamé-je en me redressant les yeux écarquillés.

— Tu veux savoir la suite ou bien tu comptes m'interrompre toutes les deux secondes? grogne mon frère en me jetant un regard noir.

Je pince les lèvres, mimant une fermeture éclair sur ma bouche ainsi qu'un tour de clef dans une porte que je fais mine de jeter par dessus mon épaule.

— C'était donc il y a deux semaines, j'avais demandé à Cat' de venir m'aider à répéter une scène pour ma pièce, comme on l'a toujours fait depuis que je fais du théâtre. Je l'ai invitée chez moi après sa journée de travail, et on a partagé un repas avant de nous y mettre car il se faisait plutôt tard et elle n'avait pas eu le temps de manger de la journée. La scène en question est celle du premier baiser des deux héros de la pièce. Après un long monologue de mon personnage expliquant ses sentiments, les deux amoureux s'échangent un baiser. J'ai eu du mal avec le monologue, je ne parvenais pas à retenir tout le texte et mes intonations paraissaient vides, ce qui me frustrait, comme tu t'en doutes. Cat' a donc fait de son mieux pour m'aider, elle m'a conseillé de me concentrer sur les sentiments amoureux que j'ai moi même éprouvé dans ma vie passée ou présente, puis elle m'a demandé de recommencer la tirade sans quitter ses yeux. Et puis sans que je comprenne comment ni pourquoi, alors que je me noyais dans le bleu de ses yeux, à mesure que les mots sortaient de ma bouche, je prenais peu à peu conscience que les sentiments de mon personnage étaient en réalité l'exact reflet de mes propres sentiments à l'égard de Catarina. Je suis parvenu au bout de ma réplique sans erreur et nous nous sommes regardés un long moment sans rien dire, puis comme si on avait été attiré par des aimants, on s'est rapprochés l'un de l'autre et on s'est embrassés.

Ragnor interrompt son récit pour lever le regard vers moi, et moi j'ai littéralement des cœurs et des étoiles dans les yeux face au romantisme de la scène qu'il m'a décrite, tellement que ça pourrait complètement faire partie intégrante d'un roman d'amour. C'est officiel, je suis fan de leur couple, aussi improbable soit-il au vu de notre très longue amitié.

— Waw... C'est juste trop beau la façon dont ça s'est fait... Et en même temps, ça vous ressemble tellement. murmuré-je.

Mon frère me fait un sourire en coin avant de reprendre son récit:

— Après ça, on était tout les deux un peu gênés, mais on a pris le temps de discuter et il est vite devenu évident qu'on avait de forts sentiments l'un pour l'autre sans même nous en rendre compte. On a passé la soirée à nous câliner et à nous embrasser, Cat' a passé la nuit chez moi et depuis on est en couple. finit Ragnor.

— Alors quand tout les deux vous êtes venus manger chez moi l'autre fois...

— Oui, on était déjà ensemble. répond mon frère à ma question silencieuse.

— Et quand tu es venu dimanche dernier, tu disais que tu voulais parler avec moi, c'était de ça qu'il s'agissait?

— Oui, mais comme Alec était chez toi, je n'ai pas osé t'en parler, j'avais un peu peur de ta réaction et je préférais t'en parler seul à seul.

— Mais Rag'... Je ne comprends pas... Pourquoi tu avais tellement peur que je le prenne mal?

— Je sais pas trop... dit-il en haussant les épaules. J'imagine que ce qui m'effrayait réellement c'est que tu puisse être contre cette relation, que tu ne la comprenne pas...

— Dans ce cas sois tranquille, je comprends tout à fait ce qui vous a poussé l'un vers l'autre, et bien que ça soit inattendu, je suis vraiment heureux pour vous deux, vous formez un très beau couple, et je suis officiellement le fan numéro 1 du couple Catnor! dis-je avec humour en lui offrant un large sourire au-quel il répond avant de me serrer contre lui avec force.

Nous passons la fin de matinée à parler de tout et de rien, puis quand l'heure du repas arrive, je propose à mon frère de rester manger avec moi avant de rentrer retrouver sa chérie qui comme Alec a son après-midi. Il accepte ma proposition et m'aide à préparer quelques crudités que nous accompagnons de grillades que nous faisons cuire sur le barbecue présent sur ma terrasse.

— Alors et toi avec Alec? demande Ragnor alors que nous nous installons pour manger.Vous avez fini par conclure dimanche dernier? ajoute t'il, précisant sa pensée face à mon sourcil levé.

— Es-tu vraiment sur de vouloir me poser cette question? demandé-je d'une voix moqueuse.

— En parler ne m'ennuie pas, c'est le voir que je veux pas. Et puis vous aviez tellement l'air sur le point de vous sauter dessus en plein milieu de la piste de danse l'autre soir que je me demandais si vous aviez cédé aux sirènes de la luxure. réplique t'il avec un sourire espiègle.

— Eh bien oui, on a succombé, il faut dire qu'après les nombreuses frustrations accumulées dans la journée, il fallait relâcher la pression sans quoi nous aurions risqué l'implosion tout les deux! ris-je en engloutissant une bouchée de mon plat.

— Mh je vois, et je suppose que votre partie de jambes en l'air a été à la hauteur de votre frustration?

— Tu n'as pas idée! m'exclamé-je avec un regard rêveur. Bien qu'à bien y réfléchir, ce n'était pas vraiment une partie de jambes en l'air conventionnelle, puisqu'Alec m'a offert une magnifique cession de branlette handsfree. ajouté-je songeur.

Mon frère me lance un regard interrogateur, un sourcil levé.

— Tu veux dire que tu n'as pas couché avec lui?

— Pas au sens où on l'entend d'habitude non. D'ailleurs on ne l'a pas encore fait. On s'est fait du bien sans pénétration durant le peu de temps que nous avons passé ensemble depuis dimanche soir.

— Eh bien, on peut dire que ça n'est pas habituel pour toi!

En effet mon frère n'a pas tort. Jusqu'à rencontrer Alec, j'étais plutôt du genre à collectionner les coups d'un soir, ne passant que rarement une soirée seul dans mon lit. Sans dire que je suis un accro du sexe, je ne peux nier que j'aime ça et que je n'ai pas pour habitude de me montrer aussi "prude" avec qui que ce soit qui partage ma couche. Mais avec Alec c'est différent, son inexpérience, son innocence me touchent et je ne souhaite qu'une chose, avancer pas à pas avec lui. Lui faire découvrir les joies de la volupté en douceur et surtout rester attentif à ses désirs, dussé-je mettre les miens de côté un certain temps. Bien-sûr jusqu'ici je n'ai absolument pas à me plaindre de quoi que ce soit sexuellement avec Alec. Il s'est révélé particulièrement entreprenant et réceptif lors de nos ébats et je n'ai aucun doute que plus plus le temps passera plus nos échanges charnels gagneront en sensualité.

— Non en effet. réponds-je avec un sourire. Mais comme je l'ai dit à Jace l'autre soir, Alec est infiniment plus qu'un coup d'un soir pour moi, j'ai envie de faire les choses bien avec lui, et d'y aller pas à pas, d'écouter ses désirs, non les miens.

Mon frère me lance un regard énigmatique, mais garde le silence, plongeant le nez dans son assiette.

— Quoi?

— Non rien. fait-il en fuyant mon regard.

— Rag', je connais ce regard, qu'est-ce qu'il y a? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas? insisté-je.

— Non petit frère, au contraire, tu as dit exactement ce que j'espérais t'entendre dire depuis bien des années. souffle t'il en le faisant un sourire tendre.

Je reste sans voix face à son aveu, ne sachant pas comment réagir.

— Tu l'aimes. dit-il en plongeant son regard vert dans le mien.

—Je... Pourquoi tu dis ça? demandé-je soudainement gêné par son regard inquisiteur.

— Parce que c'est la vérité, ça se voit comme le nez au milieu de la figure, tu aimes Alec de tout ton cœur, et crois-moi ça fait plaisir à voir, tu sembles tellement plus épanoui depuis que tu es avec lui.

— Je ne le lui ai pas encore dit... soufflé-je d'émotion.

— Ça viendra. Comme tu l'as dit, pas à pas, un jour après l'autre. Je te fais confiance, tu trouveras le moment parfait pour le lui dire.

Je fais un sourire ému à mon frère avant de l'enlacer fortement. Il est rare que nous prenions le temps de discuter ainsi tout les deux, mais de temps en temps ça nous fait beaucoup de bien, et nous permet de renforcer nos liens fraternels et notre complicité. Ragnor a toujours été là pour me conseiller et m'écouter, je suis heureux qu'une fois de plus il ait été l'oreille attentive dont j'avais besoin. Tout comme pour une fois je suis heureux d'avoir enfin pu lui rendre la pareille.

Nous achevons notre repas en parlant un peu du week-end qui nous attend et de l'organisation que nous avons mis en place au cours de la semaine avec les personnes disponibles, puis il me quitte en me remerciant de l'invitation pour s'empresser de rejoindre sa bien-aimée. Quant à moi, après avoir débarrassé et rangé la vaisselle sale, je m'empresse d'aller préparer ma valise avant que mon amant n'arrive.


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Hello!

Voici le chapitre 15! Encore une fois Malec n'est pas le centre de cette partie, mais il me semblait important de mettre l'accent sur la relation Magnus/Ragnor tout comme sur celle d'Alec avec sa mère la semaine dernière. J'espère que ce chapitre vous aura plu, j'attends vos retours avec impatience, et je vous dis à lundi prochain pour la suite, dans un chapitre 100% Malec intitulé "Chaton".

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