Chapitre 5 : Nostalgie quand tu nous tiens!

Chapitre 5 : Nostalgie quand tu nous tiens!

Les cours continuaient et le mois de septembre s'écoulait rapidement. Pourtant, j'avais l'impression que le temps était lent, presque figé dans l'espace.

À Paris, le froid n'était pas encore là, mais l'automne avait déjà pris place peu à peu. Les arbres des parcs commençaient à perdre leurs feuilles et à prendre leur couleur rougeâtre. Je me rattachais à cette image pour me repérer et me dire que nous n'étions pas hors du monde.

En effet, j'avais l'impression que Paris était en quelque sorte une ville sortie de nulle part. Je me perdais souvent dans ses allées gigantesques, ses avenues interminables et leurs noms improbables. Tout n'était que grandeur et superficialité. Cette facette de Paris me déplaisait d'ailleurs beaucoup et j'avais du mal à me sentir chez moi dans cette ville. Tout était trop grand, trop spacieux, trop "tout". J'avais de mal à m'y adapter pleinement et ma petite vie dans le Sud me manquait.

Sophie, elle, s'était complément faite à l'idée de vivre en ville, à la capitale. Je pouvais même dire qu'elle adorait ça. Elle aimait justement cet espace que je détestais. Elle aimait le fait de ne connaître personne et de se balader sans croiser une connaissance. "On peut faire ce que l'on veut ici, avait-elle clamé l'autre jour." C'était presque vrai, sachant que nos proches étaient à des centaines de kilomètres de la ville et que dans chaque rue, il était presque impossible de repérer quelqu'un à travers la foule.
Elle aimait aussi le romantisme qui planait sur la ville, les boutiques luxueuses et l'excentricité de certains parisiens.
Lilian, lui, ressentait beaucoup plus la nostalgie de la campagne, mais il était avec Sophie ce qui permettait de combler tout son manque.

Assise sur un banc près de l'école, j'observais sans cesse ce monde qui n'était pas le mien. Je n'arrivais pas à m'y faire. Je ne voyais pas le romantisme de Paris dont me parlait Sophie. Je ne voyais pas le côté positif de cette immensité, et il ne me tardait qu'une chose : retourner chez moi pour les vacances.

À côté de moi, Diem, Sophie, Mathéa et Ivy avaient une discussion très animé.

"Et toi, Camille, tu sais déjà ce que tu vas faire? M'interpella-Mathéa, en souriant.

- Quand ça? Demandai-je, n'ayant pas suivi un mot de la conversation.

- Pendant les vacances de la Toussaint, pardi! S'enquit-Sophie, toute souriante. Ça fait au moins vingt minutes qu'on parle de ça, Mille...

- Désolé, j'étais perdue dans mes pensées, dis-je, rapidement. À vrai dire, je ne sais pas trop encore, Mathéa. Je pense que je vais profiter de ma famille et revoir un peu du monde dans le Sud.

- Moi, je préfère partir que rentrer chez moi! S'exclama-Diem, toute excitée. Je pars avec ma soeur à Munich. C'est prévu depuis cet été.

- Waouh, sympa! Mais je pense comme toi Camille, j'ai vraiment hâte de rentrer en Corse pour les vacances. Avoua-Mathéa, ça va me faire du bien de me ressourcer.

- Oh oui! Puis, rentrer chez soi, c'est toujours très agréable! S'enquit-Ivy, un grand sourire aux lèvres. "

Sophie me regarda un instant, un petit sourire attristé au coin des lèvres. Je savais qu'elle le sentait. Elle sentait que je ne me sentais pas totalement comme chez moi dans cette ville. Elle le savait car elle me connaissait trop bien pour ne pas le voir.

Diem, Mathéa et Ivy étaient devenus d'assez bonnes amies à nous au fil des semaines. Nous nous entendions assez bien, et il nous était facile de discuter ensemble. On ne partageait pourtant pas forcément les même points de vues mais c'était ce qui faisait notre force de cohésion en quelque sorte.

Quelques minutes plus tard, nous étions de retour en cours. Cette après-midi, nous avions deux heures de cours d'anatomie. Bizarrement, j'aimais bien cette matière. Elle nous permettait d'en apprendre beaucoup sur notre corps, comme par exemple sur nos muscles et nos articulations. C'était essentiel, selon notre professeur madame Lee de bien connaître le corps humain pour pouvoir danser correctement. Pour moi, elle avait raison. Ce cours m'avait déjà appris pas mal de choses et j'aimais ça.

Pourtant, à cet instant là, mon esprit n'était pas très concentré et mes pensées tournaient autour de mes souvenirs du Sud.
Le lycée me manquait, énormément. Je ne pouvais que l'admettre. Jérémy et sa gueule d'ange me manquait. Même Eva et ses acolytes Tara et Lola, les pestes du lycée me manquaient parfois! C'était pour dire!

"Ça sera tout pour aujourd'hui, lança-Madame Lee, assez énervée. Vous n'étiez pas concentré aujourd'hui. J'espère que vous le serez plus demain. D'ailleurs, attendez vous à une petite interrogation sur le cours d'aujourd'hui! Finit-elle, en rangeant ses affaires."

Je fis de même alors que Sophie soufflait d'énervement à côté de moi. On sortit ensuite dans le couloir pour aller en cours de danse classique.

"La prof d'anatomie est vraiment pénible! Lança-Sophie, exaspérée. Elle fait des interrogations à tout bout de champs et après, elle n'arrête pas de dire qu'elle déteste corriger des copies!

- Oui, ça me fait bien rire à moi aussi! Ronchonnai-je, irritée. Mais je trouve son cours intéressant quand même...

- Je ne sais pas comment tu fais! Lâcha-Sophie, il n'y a pas un de ses cours où je ne m'ennuie pas!

- Je trouve que c'est plutôt intéressant... Riai-je, devant sa mine dépitée.

- Tu m'impressionneras toujours Camille, avec ta façon d'aimer les cours théoriques! S'exclama-Sophie, en riant à son tour."

Nous arrivâmes devant la salle de danse classique et y entrâmes sans ménagement. Certaines personnes étaient déjà présentes, Mathéa, Diem et Ivy arrivèrent ensuite avec le reste de la classe.

"Tous à l'échauffement! Cria-Madame Cryon, en tapant des mains. Je veux vous voir en action!"

Je commençai à étirer mes jambes sur la barre, à tourner ma tête dans tous les sens et à faire travailler mes bras.
Le cours se poursuivit par un enchaînement de sauts et de pas avant que madame Cryon ne lance le début des hostilités. Elle nous laissa une quinzaine de minutes pour créer une petite chorégraphie à présenter aux autres.

Chacun s'entraîna de son côté, cherchant les pas les plus judicieux à présenter et à créer l'originalité.

Diem se proposa pour passer la première devant tout le monde. Elle avait une sorte de grandeur en elle qui la poussait à agir à chaque fois. Elle effectua des pas qui me paraissaient élaborés et un saut très audacieux. Malgré cela, madame Cryon ne sembla pas satisfaite de son travail et lui expliqua quelques problèmes qu'elle avait vu dans la séquence. Diem écouta les conseils de notre professeur avant de retourner humblement à sa place.

Ce fut ensuite un défilé rapide, avec des critiques plus ou moins mauvaises de notre professeur.

Quand vint mon tour, juste après Sophie, j'inspirai profondément et m'installai devant les autres. Le silence emplit la salle à nouveau comme au début de chaque présentation.

"Quand tu veux Camille! Lança-Madame Cryon, sans sourire."

Lentement, je commençai par faire un déboulé, suivi de plusieurs pas glissé.
J'effectuai ensuite un grand jeté avant de réaliser une série de pas de battements et de biches. À la fin de l'enchaînement, je glissai au sol et finis en grand écart.

Avec agilité, je me levai gracieusement, pour faire un saut de biche et trois sauts de Basques. Je marquai la fin de ma chorégraphie par une nouvelle descente au sol sur demi-pointe.

Après avoir marquer un temps d'arrêt au sol, je me relevai et attendis les remarques de madame Cryon.

"Plutôt bien, en tout cas, il y a des bonnes choses. Bon choix de pas même si quelques enchaînements ne sont pas forcément judicieux. Tes pieds doivent toujours être pointée au maximum dans les jetés... Au suivant! S'écria-t-elle ensuite, comme à son habitude."

Je rejoignis alors les filles et remarquai en même temps la présence d'un garçon dans la pièce.

Un grand blond aux yeux bruns se tenait effectivement à côté de la porte et regardai d'un œil aguerri nos présentations. Je l'avais déjà croisé quelques fois dans les couloirs de l'école auparavant mais je n'y avais pas réellement fait attention. Sa carrure était colossale, ses membres fins et ses muscles saillants. Il dégageait une sorte de charisme que je n'avais jamais vu auparavant et qui, je dois l'avouer, m'intriguait un peu.

Quand je rejoignis ma place à côté de Sophie, mon regard croisa celui du jeune homme. Impuissante, je le laissai me relooker de haut en bas tandis qu'un sourire ravageur venait animé son visage.

Une vrai tête d'ange, pensai-je, en détournant les yeux, du bel inconnu.

Je portai alors mon attention sur Sophie qui me félicitait discrètement, en tentant d'oublier le fait que j'étais encore observé.


Lexique :
Déboulé : enchaînement de tours rapides sur demi-pointe.
Pas de glissé : une jambe s'écarte de l'autre tout en faisant glisser le pied à terre.
Pas de battements : lancement de jambes en arrière ou en avant.
Saut de biche : jeté avec une jambe plié sous la cuisse.
Saut de basque : saut rotatif en déplacement .

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