2. LA CLÉ
- Je ne sais pas si c'est mon équipe qui est stupide ou si c'est moi qui suis stupide d'avoir choisi des gens aussi précaires intellectuellement. Je vous paye une fortune et vous n'êtes même pas foutus de bien faire votre boulot ?
Il y a une tension dans le sas d'entrée, tout le monde m'observe comme si j'étais une sorte de bombe prête à exploser à tout moment. La plus téméraire d'entre eux tous, c'est-à-dire ma sœur, s'avance. Elle porte une robe rouge tellement longue qu'elle traîne sur le sol en marbre.
- Demon, nous avons fait très attention, je ne comprends pas ce qui s'est passé.
Je m'arrête de tourner en rond avant de lever le doigt puis de serrer le poing. Plus de 10 ans de règne de terreur pour que cette idiote me prenne pour un aliéné ?
- Vraiment, avance un peu ma petite sœur chérie. Je tends ma main gantée dans sa direction en repliant les doigts. Rosalia serre ses mains jointes contre son ventre. Elle s'avance en traînant les pieds avec une lenteur calculée. Je suis d'humeur très généreuse ce soir, sinon je l'aurais saisie par le cou pour enfoncer son visage dans le coffre.
- Mettez-vous en ligne. Tout. De. Suite ! J'ordonne sans elever la voix.
Rosalia s'arrête devant moi, mais quel prénom ridicule, à quoi pensaient mes parents ? Je fais la moue, que puis-je bien attendre de deux personnes dont le QI additionné n'atteignait pas la moyenne ?
- Damon ? Je lève la main pour lui intimer le silence.
- T'ai-je demandé si tu as fait, non, vous avez fait attention ?
- Non...
- Que vous ai-je demandé ? Mes yeux restent braqués sur mes chaussures, j'ai horreur de regarder les gens dans les yeux et je déteste qu'on me regarde. J'ai posé ma question assez fort pour que tous mes employés entendent, ils sont 12 en tout, en plus de ma sœur.
- De garder un œil sur le coffre durant ton absence.
- Excellent Rosalia. Maintenant, ma chère sœur, regarde le coffre, qu'est-ce que tu vois...
- R-rien...
- Oui, ma chère sœur, le coffre est vide. Rosalia, tu es d'une intelligence hors du commun, oh Rosalia, que ferai-je sans ta clairvoyance ? Je soulève le coffre et l'envoie contre le bar, plusieurs bouteilles s'écrasent sur le sol. Je défais ma cravate avant de remonter les manches de ma chemise en veillant à ce que les plis soient parfaits.
- Toi ! Je pointe du doigt la première personne sur la file. Il sursaute et se pointe du doigt. Je garde les yeux au niveau de son torse, les bras croisés sur le dos, je me mets à arpenter la pièce.
- Tu seras le numéro 1. Décale-toi de quelques centimètres et fais face aux autres.
- Parfait, demande à celle qui est derrière toi ce qui s'est passé en mon absence. Il tourne les talons pour faire face à la fille qui le suit.
- Le boss veut savoir ce qui s'est passé.
- En votre absence, mademoiselle Rosalia et son amie, madame Elvira, ont organisé une fête.
- Merci, numéro 1, tue-la. Il sursaute, comme si c'était un truc incroyable, la fille se met à trembler puis, grosse erreur, elle éclate en sanglots.
- Je devrais me répéter ?
- Non. Je ne peux pas faire ça, monsieur... Sans lui laisser le temps de terminer, je fais signe à Duncan, mon bras droit. Sans le moindre soupçon d'hesitation il tire sur le numéro un puis sur la fille.
- Toi, prends la place du numéro un . Un autre type se dépêche de récupérer l'arme du type qui gît sur le sol.
Je fais quelques pas pour m'installer sur mon fauteuil, les jambes légèrement écartées et les mains sur l'accoudoir.
- Bien, en quoi consistait cette fête ?
- Le boss veut savoir en quoi consistait cette fête.
- C'était juste une soirée tranquille ou... Je lève la main pour lui intimer le silence.
- Ce n'était pas la réponse à la question. Tue-la !
La fille qui a été choisie par ma sœur pour travailler avec nous cherche à s'enfuir, mais le nouveau numéro un lui tire une balle dans la jambe et une autre dans la nuque. Elle s'effondre sur le marbre. Je replie mes doigts.
Duncan se dépêche d'éloigner les trois corps de la fille humaine. Cette fois, il n'y a pas de vagues.
- C'était pour nous détendre. Je hoche la tête à l'intention du numéro un, qui abat la personne qui m'a donné cette réponse qui, loin de me contenter, me tape sur le système. Ils ont posé une putain d'épée de Damoclès sur ma tête parce qu'ils voulaient se détendre ?
- Maintenant, ma putain de question est la suivante : Ai-je déjà accepté qu'une fête soit organisée ici ?
- Pourquoi vous ne posez pas la question à votre sœur ? C'est elle la responsable de tout ça. Moi je n'ai rien fait, pourriture.
Je dodeline la tête de gauche à droite avant de lever la main en un ordre explicite d'en finir. Les choses continuent comme ça jusqu'à ce qu'il ne reste plus que trois personnes sur la file, en plus du numéro un. Je regarde brièvement son visage avant de baisser les yeux. Il est dégoulinant de sueur, le visage pâle et les orbites exorbités, comme s'ils allaient s'extraire de sa boîte crânienne.
- Où est ma clé ?
- Où est la clé ? transmet le numéro un d'une voix qui perd en force à mesure qu'ils tombent tous comme des mouches sous ses coups.
- Je ne sais pas, je n'ai jamais entendu parler de cette clé. Je lève la main, je commence à avoir mal aux articulations à force de faire ça.
La blonde s'effondre sur le corps de celui qui était juste devant elle. Parmi eux, il y en a plusieurs qui ne sont pas morts sur le coup. Durant combien de temps vont-ils agoniser ?
Peu importe.
- Elvira Lawyer, l'amie de mademoiselle Rosalia. C'est la seule qui n'avait pas bu, à cause de ses problèmes de santé, elle ne boit pas. Elle a aussi accès à l'étage. C'est sûrement elle qui a fouillé le coffre.
C'est le dernier dans la file qui me donne l'information que j'attendais tant. Ça ne m'avancera peut-être pas à grand-chose, mais au moins, c'est un bon début.
- Bien, très bien. Tu te rends compte que si tu avais eu le courage de parler, tous ces gens ne seraient pas morts. Comment vas-tu vivre avec ça sur la conscience ?
Je mens évidemment. Dès que je suis rentré de voyage et que j'ai découvert que le coffre a été vandalisé, je me suis juré de zigouiller tous ceux qui étaient dans la maison durant le week-end. Mais j'adore jouer avec les sentiments des autres, je trouve que c'est la forme de torture la plus bandante, bien plus que la torture physique.
- Numéro un ! Suite à l'ordre, il serre son flingue. Il est fatigué d'appuyer sur la gâchette ?
- Mais, je vous ai dit tout ce que je savais, je vous en prie, j'ai une famille. Je lève la main pour arrêter le numéro un. Je me lève en faisant craquer mes doigts. Je pose mes mains sur les épaules tremblantes du dernier condamné. Il est plein de bon sens parce qu'il garde ses paupières baissées.
- Tu as une famille ? Une jolie petite femme et des enfants ?
- Non, ma mère et ma petite sœur, pensez à eux, je vous en prie. Il me regarde dans les yeux, quelques secondes de trop, avant de s'en rendre compte et de baisser les yeux. Trop tard !
- Ta mère ? La femme qui a osé mettre au monde un idiot, et comme si ce n'était pas suffisant, elle a eu un autre enfant ? Ah mon pote, tu ne veux pas mourir et les laisser, je comprends tu sais. Je vais te les envoyer, je t'en donne ma parole d'honneur.
Il se décompose, mais avant qu'il n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, le numéro un lui a tiré une balle dans la tempe. Quelques gouttes de son sang tachent ma belle chemise blanche.
Saloperie, je deteste les tâches !
- Maintenant, que vais-je bien pouvoir faire de toi ? Tu vois, je suis un type très sympa. Mais vous m'avez mis dans une position très difficile.
Je recommence à arpenter la chambre, enjambant les corps, dont certains agonisent.
- Mais je vais essayer d'être cool. Voilà ce qu'on va faire. Il ne reste plus que ma sœur et toi. Le premier qui va... Avant que j'aie terminé ma phrase, un couteau se plante dans la gorge du numéro un à la verticale. J'ai à peine eu le temps de décaler ma tête. Sacrée Rosalia, c'est bien ma sœur !
- Damon, je t'en prie, j'ai fait une seule erreur, j'aurais jamais dû organiser cette fête.
- Non, Rosalia, ton erreur c'est d'avoir fait confiance à cette fille. Et maintenant, je vais payer le pot cassé.
Je prends son visage en coupe et la force à me regarder.
- Je vais partir à la recherche de cette Elvira en espérant qu'elle ait ma clé. Pendant que je serai parti, tu vas te suicider, la corde, la noyade, le flingue, je m'en fous. Je te veux magnifique et morte.
- Écoute, ses mains se posent sur mes épaules, elle les glisse dans mes cheveux et attire mon visage vers le sien.
- Je peux encore me rendre utile. Je vais trouver Elvira et ramener ce qu'elle a dérobé, et tout rentrera dans l'ordre.
- Ne t'inquiète pas pour ça. Tu as une heure pour mourir, si passé ce délai tu es encore là, je t'enfermerai dans une chambre et tous les hommes de la Nouvelle-Orléans vont te baiser au sang. Et ton mari sera aux premières loges pour regarder.
Je m'éloigne vers la porte d'un pas conquérant.
- Au cas où tu aurais besoin d'un petit coup de pouce, je pourrais toujours tuer ta fille et te laisser en vie, toi ou elle, peu importe, tant que j'ai le prix du sang.
- Tu es un monstre, Damon. Je te maudis, je te maudis, un jour tu rencontreras quelqu'un qui réussira à toucher ton maudit cœur et elle le piétinera comme un vulgaire objet. Je te maudis, je te maudis Damon, je te maudis...
Je ferme la porte avec un soupir en me massant la tempe. Ma famille est vraiment d'une déception, c'est incroyable !
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