CHAPITRE QUATORZE - Face à face



18h00

Habillée d'une légère robe blanche et du collier que Morgan m'as glissé autour du cou je m'empresse de le rejoindre. J'ai hâte de le voir, j'ai essayé de me faire aussi belle que les femmes qui m'entourent tous les jours.

Je toc une fois, un moment passe avant que je n'ouvre la porte moi-même.

Les rideaux normalement tirés sont ouverts et laisse apparaître un paysage que je n'ai plus vu depuis des années. Une mer douce, son odeur hyodée vient me chatouiller les narines. Au loin j'aperçois une silhouette, je descends par les escaliers qui s'offrent à moi. Je retire mes chaussures et glisse mes pieds l'un après l'autre dans le sable fin. Quel bonheur !

Je ferme les yeux et respire, j'ai l'impression de renaitre.

- C'est apaisent n'est-ce pas ?

Je rouvre soudainement les yeux.

Une image de Morgan comme je ne l'ai rarement vu, une chemise blanche entre-ouverte épouse à la perfection les muscles de son torse.

- Oui, très.

Je ne sais pas quoi dire, je reste d'ailleurs à bonne distance, les bras croisés. Je sais qu'il faut que j'évite de me renfermer une fois de plus, mais la timidité m'empare.

Il me tend doucement la main et acquiesce un sourire.

- Et bien Eden, je ne vais pas te manger.

Je saisi sa main, et nous entamons une marche au bord de l'eau, les vagues viennes se heurter à mes chevilles.

- Merci.

Il s'arrête et se tourne vers moi.

- Merci pourquoi ?

- Merci d'avoir accepté mes excuses et...

Je lui montre d'un geste le paysage.

- De m'emmener ici.

Ses yeux me transpercent. Oh non pas encore, il m'intimide comme à son habitude et je suis certaine qu'il le fait exprès.

- Merci à toi.

- Merci pourquoi ?

- D'avoir enfin dis ce que je voulais entendre.

- Parce que c'est ce que vous vouliez entendre ?

- Je voulais que tu te livres, alors certes il a fallu que j'emploi de grands moyens, peut-être même excessifs mais je suis arrivé à mes fins.

J'entre-ouvre la bouche quand je comprends que cet enfoiré m'a manipulé depuis le début. Il rit et passe son doigt en dessous de mon menton pour refermer ma bouche.

- Attention tu risques de gober... quoi je ne sais pas...

J'hausse un sourcil. Il a de l'humour apparemment, un humour d'homme.

- Pourquoi ne pas m'avoir tué quand vous le pouviez ?

- Je le voulais. Vraiment, mais Salie, est une femme formidable, j'ai voulu lui

- faire confiance.

- Confiance sur moi ?

- Oui, sur toi.

- Pourquoi ?

Pourquoi ? Pourquoi ? Va-t-il encore s'énerver ?

- Parce qu'elle est très proche de toi et n'aurai pas hésité à te faire tuer si elle te sentait hypocrite.

Rassurant, Salie me faire tuer, c'est donc qu'elle cache bien son jeu. Je n'aurai jamais imaginé Salie comme ça. Bien qu'avec l'ex favorite elle lui aurait bien réglé son compte.

Nous continuons et arrivons à un rocher assez imposant pour que nous, nous y installions face à la mer.

Je perce le silence pesant.

- J'aime beaucoup Salie, j'ai trouvé en elle, une amie. Elle est différente des autres, toutes aussi jalouses.

Il souffle, je le sens très calme.

- Peut-être parce que tu te retrouves en elle et vise vers ça.

- Il est vraie que je peux lui parler sans gêne, comme une sœur, elle me conseille et m'aide à prendre des décisions. Mais pourquoi elle, se retrouverai en moi ?

Il tourne son ténébreux regard vers moi, j'en fais de même.

- Tu sembles oublier qu'elle a été à ta place, qu'elle aussi a du prendre des décisions parfois dures au risque de se retrouver seule.

Il a raison, j'oublie tout ça, j'oublie que ma Salie n'a fait que m'indiquer quel chemin prendre et cela dès le premier jour.

- Comment ça s'est passé pour elle ? Je veux dire, comment elle a fait ?

Encore une fois, je laisse les mots sortir de la bouche comme ils viennent, sans même réfléchir.

Il se redresse.

- Elle a beaucoup pleuré...

- Pourquoi ?

- Pourquoi veux-tu savoir cela ?

Je baisse les yeux, je viens de me faire avoir à mon propre jeu. Je ne vais pas lui répondre bêtement « Eh bien pour savoir comment, moi, je dois m'y prendre ».

- Je ne sais pas... je voulais savoir...

- Tu veux savoir beaucoup de chose.

Il a une voix sévère, tout en gardant la tête baissé, je rougie.

- Pardon...

C'est la première fois et d'ailleurs la dernière que je me soumets comme cela. Je sens son regard pesé sur moi.

- Salie a beaucoup pleuré parce qu'elle a aimé Priam dès le premier jour.

Je me redresse.

- Cela ce peux ? Elle est arrivée longtemps après ? Comment elle a fait ? ça été dur ?

Il grogne. Oups, je pose trop de questions.

- Oui, c'est possible. Elle est arrivée, Priam avait presque déjà choisie la femme avec qui il partagerait sa vie.

- Comment elle a fait ?

- Elle s'est battue pour le cœur de l'homme qu'elle aimait. Mais Eden, Si tu veux me poser des questions, ne tourne pas autour du pot, fait-le.

Touché ! Il a compris que par l'histoire de Salie je cherchais des réponses. Je ne sais pas comment et par où commencer.

Je déglutis et lui fait face.

- Vous avez déjà choisi cette femme ?

- Non, Eden, je n'ai pas choisi.

- Vous avez déjà une idée ?

- J'ai mes favorites, oui.

Je déglutis à nouveau et réfléchis comment en venir à la question qui me trotte depuis un certain temps, sa formulation, ou la placer... . Je hoche la tête sans dire un mot, je suis perdu. Il reste statique, me regardant toujours aussi intensément attendant une réponse, une autre question.

- Eh bien Eden, c'est tous ce que tu voulais savoir ?

Je dis non de la tête.

- Alors pose-moi cette question, qui apparemment a du mal à sortir de ta bouche ?

Courage, autant le savoir tout de suite, être déçue et ne plus avoir à y penser. Etre malheureuse une bonne fois pour toute.

- Est-ce que...

Mon cœur ratte un battement.

- Est-ce que je fais partie de l'une d'entre elles ?

Les larmes me montent naturellement aux yeux. Je connais la réponse mais je veux l'entendre de sa bouche « non Eden, je t'apprécie pour ce que tu as fait pour Minuit et Hope, mais ça ne sera pas possible autrement. » Je m'habitue à cette phrase pour ne pas tomber de trop haut, pour ne pas me faire mal. Le pire dans tout ça c'est que je ne peux empêcher mes larmes de couler.

Je sens son pouce effleurer ma joue pour en essuyer une. J'attends sa réponse qui me fera comme l'effet d'un coup de poing.

- Pourquoi tu pleures ?

Pourquoi je pleure ? Je crois que c'est la question la plus conne que je n'ai jamais entendu de sa bouche et pourtant le voilà attendant une vraie réponse de ma part. Ce qui me dérange le plus, c'est qu'il reste de marbre et ne laisse transparaître aucunes expressions, aucuns sentiments ne se lit sur son visage. Je n'ai plus rien à cacher, moi, je suis déjà quasiment à ses pieds à prier pour qu'il m'aime malgré mon apparence.

- Je pleure parce que...(je renifle), parce que je connais la réponse, je sais que vous choisirez une femme belle et disciplinée. C'est vrai, pourquoi en prendre une défigurée et insoumise (il plisse les yeux et reste très attentif) quand vous avez l'embarra du choix. Elles sont toutes à vos pieds, vous leur diriez de tuer pour vous, elles le feraient sans même hésiter. Elles ont tous à vous donner, leur amour, leur beauté. Moi, j'ai quoi à vous offrir ? A part un amour sincère et éternel qui ne sera jamais réciproque...

J'éclate en sanglot.

- Voilà pourquoi je pleure.

Je le regarde, les yeux larmoyants. Son visage s'attendris.

- Tu doutes de toi Eden.

Je ne peux pas répondre, je pleure beaucoup trop, je dis non de la tête. Il croise les bras sur son torse.

- Si tu doutes de toi, autrement, tu ne réagirais pas comme tu le fais là. Elle est où la Eden que j'ai vu la première fois, prête à me cracher au visage ?

Pas là. Elle ne reviendra pas. Je renifle.

- Ton physique te fais beaucoup souffrir n'est-ce pas ?

Je hoche la tête.

- Qu'est-ce que je peux faire ?

Après des questions toutes aussi idiotes les unes que les autres, je crois que celle-ci est celle que je voulais entendre. Je me redresse.

- Vous pouvez me rendre le visage que j'avais avant tout ça ?

- Tu sais bien que non, sinon je te l'aurai rendu bien avant.

Les larmes me reviennent naturellement. J'écarquille les yeux quand d'un geste, il fait apparaître un masque de diamants des plus somptueux. Je n'en n'ai jamais vu un tel que celui-ci, il brille comme le collier qu'il m'a offert dans la salle de bain. Doucement il vient le placer sur l'endroit de mon visage à cacher. Le masque ne prend qu'une partie de celui-ci.

- J'espère que cela suffira à te redonner confiance en toi.

Je souris légèrement.

- Merci

Il passe tendrement la main sur ma joue non masquée puis dans mes cheveux, je me sens frissonner, il plonge son regard dans le mien et vint à poser un chaste baiser sur mon front.

- Et la réponse est oui Eden.

Je ne suis pas le genre de femme à ce laissé abattre et pourtant je me suis effondrée, comme une enfant qui croit que son prince charmant viendra la délivrer du mal qui la ronge. Il me l'a dit, il m'a dit que je faisais parti de celles qu'il convoitait. Je suis cependant partagée entre deux sentiments celui de l'inquiétude de ne pas être à la hauteur et celui de penser que ses dires n'était que pour me rassurer, me redonner de espoir là où il n'y en as plus.

- j'aimerai que tu fermes les yeux, Éden.

Je m'exécute aussi tôt, je le sens se lever puis plus rien. J'attends un moment avant de les rouvrir. Je SOURIS quand je vois un magnifique LOUP d'un blanc qui se confondrait avec la neige. Est-ce cependant Morgan ? Ou est-il sinon ?

- Morgan ?

Je regarde le loup avec admiration, c'est lui, ça ne peut être que lui, son regard me transperce comme le ferai celui de Morgan, il est aussi beau que lui.

Je m'approche doucement et passe ma main dans son doux poil. Puis comme un chien se met à courir dans tous les sens, je dois avouer que j'ai du mal à me dire que mon maître est transformé en animal de compagnie. Cela me fait rire. Je pars à sa poursuite, dans un élan, je trébuche et tombe nez à nez devant lui.

On s'échange un regard que je n'ai jamais auparavant. Il s'approche, je m'assoie sur le sable et le laisse faire. De ses deux pattes avant, le loup me bascule en arrière, m'allonge sur les grains dorés. Je l'enlace et ferme les yeux. J'en oublie que dans mes bras se tiens en fait mon maître. Si bien que quand j'ouvre les yeux, je me retrouve surprise de voir Morgan en chair et en os. Je sursaute, et retire aussi tôt mes bras. Il hausse un sourcil.

- Alors tu partagerais un moment d'intimité avec le loup que je suis et pas moi ?

Mon cœur s'accélère, c'est vrai, j'aurai été capable d'être zoophile*, c'est totalement dégoûtant mais c'est pourtant vrai. J'écarquille les yeux.

- ni l'un ni l'autre !

Il rit, s'assoie auprès de moi et souffle.

- Tu es incroyable, tu vois, c'est là que tu es différente des autres, elles auraient eu peur dès ma première approche en loup, toi, tu me saute au cou.

Je me redresse.

- j'aime leur compagnie.

- je sais.

Il relève mon menton du bout du doigt, me forçant à le regarder.

- Et ma compagnie à moi ? Tu ne l'apprécie pas ou tu en as peur ?

- je ne sais pas... Je ne me sens pas à l'aise.

Il acquiesce un Legé sourire.

- tu te sens à l'aise avec mon loup ?

- je pense, sinon je n'aurai pas joué et fais ce que j'ai fait.

C'est évident et il le sait. Mais j'ai comme l'impression qui vas aller plus loin dans sa pensé. Il passe ses doigts sur ses lèvres.

- Et, tu penses que tu pourrais avoir une relation plus approfondie avec le loup ?

Je cherche un instant ce qu'il veut dire par "relation approfondie", mon cœur rate un battement quand je comprends qu'il parle de sexe. Putain ça me répugne mais je reste calme.

- ABSOLUMENT PAS ! C'est répugnant je veux dire.... Rien que d'y penser ça me fou la chair de poule.

Il rit.

- Entendu.

Il a quelque chose derrière la tête et ce n'est pas pour me rassurer. Cependant je tiens à me renseigner sur le sujet.

* Zoophile : Une personne humaine qui entretient des relations sexuelles avec des animaux, qui ressent une attirance physique pour eux.

***

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