C h a p i t r e 5
‑ Tu aurais dû le voir! Il était en colère contre moi! Parce qu'il pensait que j'allais être gentille, craché-je avec véhémence à Lux.
L'humain étant parti bouder à la maison peu après le retour de Harry parmi le commun des mortels, j'ai décidé de venir me réfugier au Tartare pour me défouler. Ça me faisait du bien de massacrer des âmes tout en crachant mon venin à Lux.
Elle est la seule personne que je considère comme une amie. Nous sommes très proches et elle me comprend en tout point. C'est elle qui me permet de ne pas me perdre dans toute cette folie.
Je fais tournoyer ma machette au-dessus de ma nouvelle victime. Il s'appelle Nicolas ou un truc du genre. Je suis tellement énervée que je n'ai pas fait attention à la paperasse. Est-ce que c'était si important? Non pas du tout, il va finir comme les autres. Je sais simplement qu'il avait agressé sexuellement une vieille dame pour lui extorquer de l'argent.
Je porte le coup de grâce en abattant mon arme sur son membre reproducteur. Il hurle de douleur et se confond en excuse avant de perdre conscience. Bien fait pour lui. Habituellement, ça me soulage, mais pas cette fois. Torturer cet être aux bas instincts ne m'apporte même pas de bien, tellement j'ai la rage en dedans.
‑ Même en sachant qui tu étais, il a dit ça?, demande mon bras droit.
‑ C'est à croire que j'aurais dû inviter ce pauvre camé à prendre le thé et à manger quelques viennoiseries. Je ne suis pas la mère des enfants pauvres. Je suis Lucifer bordel. Pas Dieu.
Je lève les yeux au ciel. Je suis si en colère. Qui est-il pour me dire ce que je dois faire? Personne. Voilà! Il n'y a pas un être sur terre ou en enfer assez puissant pour me dicter ce que je dois faire.
Ce pauvre humain débarque en enfer et s'attend à ce que je sois gentille. Mais quelle bonne blague, je n'ai pourtant jamais eu cette réputation. Je vais devoir lui montrer coute que coute qui je suis réellement. Il changera surement d'avis par la suite. Il n'aura pas le choix, il verra bien que je ne peux pas être comme... lui. Je réprime un haut le cœur, juste à penser que je pourrais lui ressembler.
D'ailleurs, qui est-il vraiment? D'où vient-il? Je réalise que je ne sais rien ou presque sur le nouveau venu. Est-il envoyé par mon père? L'a-t-on envoyé pour m'espionner?
‑ Tu devrais vraiment lui parler, me dit alors Lux. Il est innocent comme une mouche. Tu crois vraiment que ton père aurait pu l'utiliser contre toi?
Elle a raison, c'est insensé. Je suis en train de devenir parano. Ce mec respire la bonté, la gentillesse et autres trucs qui me lèvent le cœur. Il est comme un chaton, oui c'est ça. Et moi, j'ai recueilli cette pauvre bête, chez moi, dans ma maison. J'ai surement attrapé quelque chose, ça ne me ressemble pas. Cela justifierait en tout point pourquoi mes pouvoirs ont fait défaut à mon réveil.
‑ Ce matin, je n'arrivais même pas à me téléporter dans sa chambre.
Lux me regarde en haussant un sourcil, elle veut en savoir plus. Je lui raconte ce qui s'est passé et la manière dont je me suis échouée sur le sol et que j'ai dû prendre les escaliers comme une pauvre humaine. Elle me regarde en faisant les cent pas devant moi. Elle me donne le tournis et je lui demande d'arrêter.
‑ Tu as réessayé depuis?, me questionne-t-elle. Je fais signe que non. Fais un test.
Je prends une grande respiration, ferme les yeux et me concentre. Et si cela ne fonctionne pas, que vais-je devenir? Que va-t-on penser de moi? Pauvre Lucifer qui commence à perdre ses pouvoirs. Je pourrais dire adieu à ma réputation et perdrais ainsi toute ma crédibilité.
Lux, toujours à mes côtés, m'encourage à me vider l'esprit. Je fais ce qu'elle me dit et focalise toutes mes pensées sur l'endroit où je veux réapparaitre. Comme aspirée par le vide, je sens mon corps se dématérialiser et c'est avec soulagement que je constate que j'ai atterri avec succès de l'autre côté de la pièce.
‑ Tu vois! Tu devais sans doute être fatiguée. Ça arrive à tout le monde d'être exténuée, me dit mon amie.
J'acquiesce d'un hochement de tête. C'est surement pour cela, sinon quelle autre raison il pourrait y avoir? Il possède un pouvoir capable de me contrôler? Je rigole à cette idée, c'est tellement insensé.
Je demande aux gardes du Tartare de ramasser le corps de la victime qui avait fini par mourir d'une hémorragie. Ils allaient le mettre dans le crématorium avant qu'il redevienne poussière, en espérant qu'il allait avoir compris pour ses prochaines vies.
Lux me salue avant de retourner à son poste aux portes de l'enfer. J'ai de la chance de pouvoir compter sur elle.
Je traine un peu dans les rues avant de rentrer à la maison. Je n'ai pas une grande envie de croiser l'être humain, surtout s'il veut me faire encore la morale.
Il commence à faire nuit et la fraicheur s'installe tranquillement. C'est mon moment préféré dans la journée. L'obscurité me rassure, m'apaise. Peut-être à cause de cette d'ombre qu'il y a toujours eu en moi, je ne sais pas. Je sais que ça peut paraitre étrange étant donné que mon prénom signifie porteur de lumière, mais faut s'en prendre à ma mère. Elle avait tant de projets pour moi. Malheureusement pour elle, j'en avais des plus grands.
Quoiqu'il en soit, je me résigne à rentrer et à confronter cet humain. Ce n'est pas en l'évitant que je vais trouver le moyen de le retourner d'où il vient. Je m'approche de ma maison, la devanture en brique noire se dresse devant moi. De la lumière s'échappe des fenêtres, Louis est là. Je pousse un soupir en poussant l'imposante porte rouge et entre à l'intérieur.
And I'd give up forever to touch you
Cause I know that you feel me somehow
You're the closest to heaven that I'll ever be
And I don't want to go home right now
Je prends le temps d'enlever mes chaussures et j'entends quelqu'un fredonner les paroles d'une vieille chanson que j'aimais bien. Je n'arrive plus à me souvenir du titre. Je sais seulement que c'est le prénom d'une femme. Inès? Ivette? ... ou bien Iris peut-être? Oui c'est cela Iris.
En fait, je ne sais même pas pourquoi cette chanson me touche. À l'origine, le texte fait référence aux anges qui veillent sur les humains. C'est plus fort que moi, je ne peux tout simplement pas la détester.
Il faudrait être particulièrement bête pour renoncer à tout pour un être humain. Je ne peux pas concevoir que des gens font cela. Pourquoi tout abandonner pour quelqu'un? C'est quelque chose qui me dépasse totalement.
Et si Louis ne voulait pas retourner chez lui? Et s'il décidait de rester ici pour toujours? Non, il ne le peut pas. Je ne le supporterai pas. Je ne suis pas un accueil pour les sans-abris. Les chiens pas de médailles c'est au refuge qu'ils vont, pas chez moi.
Irritée par la simple idée qu'il puisse ne pas repartir, j'entre dans la cuisine et mon agacement s'évanouit aussitôt, comme par enchantement. Je m'installe au comptoir et je regarde l'humain s'afférer devant les fourneaux. Je me racle la gorge, amusée, pour lui signifier ma présence. Surpris, il lâche un petit cri. Timidement, il pousse une assiette devant moi. Une purée de patate douce est disposée dans un coin et au centre, il y a un steak, cru. Hébétée, je lève les yeux vers lui et l'interroge du regard. Il bafouille :
‑ Je ne savais pas comment tu aimais ta viande. J'ai supposé qu'étant un démon... tu l'aimerais saignante.
J'éclate de rire, je n'en peux plus de ce garçon. C'est officiel, il est aussi innocent qu'un chiot qui vient de naître. Dire que je pensais tout à l'heure qu'il pouvait être un espion envoyé par mon père. J'étais complètement à l'ouest de la vérité. Je prends le temps de reprendre mon souffle avant de lui répondre :
‑ C'est totalement cliché, mais tu sais, je la préfère bien cuite.
Il se confond en excuse, reprend mon assiette et fait cuire la viande pour moi. Je le regarde s'exécuter, un sourire aux lèvres. Cette situation semble naturelle, peut-être même un peu trop. J'essaie de détourner mon attention de lui, rien à faire, il est fascinant. Comment peut-on être aussi gentil? C'est impossible d'avoir autant bienveillance à l'intérieur d'une seule et même personne.
Je souffle de mécontentement, pourquoi je ne peux pas sonder ses pensées? Comme s'il avait lu en moi, il me dit :
‑ Je me questionne sur qui tu es vraiment et pourquoi tu ne m'as pas tué étant donné que cela semble être ton travail.
Il pousse l'assiette vers moi. Il prend sa fourchette et son couteau entre ses doigts. Tiens, il est gaucher. Comme moi. Je prends mes couverts et tente de me concentrer sur ma nourriture.
Je ne me rappelle pas la dernière fois où j'ai mangé avec quelqu'un sous mon toit. À dire vrai, je crois que ça n'était encore jamais arrivé.
‑ Je suis un archange, pas un démon, commencé-je. Et je ne peux pas te tuer, tu n'es pas mort. Malheureusement pour moi, tu n'as pas commis de péchés graves dans ta vie qui mérite un tel sort.
Il hoche gravement la tête et se replonge dans ses pensées. Je me retiens de ne pas lui hurler dessus. Je trouve ça tellement insupportable. Il est agaçant quand il parle trop, mais il l'est encore plus quand il ne dit rien. Je croise les bras et le détaille. Je constate qu'il a les traits tirés et les cernes qui se dessinent sous ses yeux trahissent son manque de sommeil. Je lis de la préoccupation dans ses yeux.
Comme s'il a senti mon regard, ses joues s'empourprent et il me demande s'il y a un problème.
‑ Parle-moi de toi, je veux tout savoir, déclaré-je bien décider à mettre fin à ce silence assourdissant.
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Eh oui! Je suis de retour! Après presque 4 mois d'absence et je suis totalement désolée. Je n'avais pas envie de vous poster n'importe quoi.
En vidéo en début de chapitre, vous avez la chanson Iris que Louis fredonne !
Dans le prochain chapitre, nous en saurons beaucoup plus sur Louis! et les choses risquent de se corser!
Un merci spécial à Capri88 pour ses commentaires et ses précieux conseils tout au long de l'écriture de ce chapitre!
J'espère que vous avez apprécié!
Dédé 🎀
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