C h a p i t r e 1 1

- Mais pourquoi tu as fait ça, demandé-je à Lux désemparée.

Nous sommes à l'extérieur du Tartare et je suis encore couverte de sang. Je ne peux pas croire que mon amie est décidée de se ramener ici avec l'humain. Surtout sans m'en avoir parlé au préalable.

- Il a insisté. Il n'arrêtait pas de parler. Tu sais comment il est, il était en train de me donner mal à la tête. J'ai essayé de te prévenir par télépathie. Pourquoi tu ne m'as pas répondu?

- Je ne t'ai jamais entendu.

Elle me dévisage comme si j'avais un troisième œil. Elle ne m'avait certainement pas appelé télépathiquement. C'est impossible, je le saurais. Est-ce que je suis en train de perdre mes pouvoirs? Est-ce vraiment dû à de la fatigue?

- Étrange... Et l'autre jour, tu avais dit qu'il faudrait qu'il sache.

Je sais à quel point elle a raison, mais ça ne justifie rien. Je ne voulais plus qu'il vienne. Sa réaction était à mille lieux de tout ce que je pouvais m'imaginer. Tu t'attendais toujours bien pas qu'il te dise : « Oh wow Lucy, je rêve de te ressembler? » Le gars, dans une autre vie, vivait dans un monde rempli de licornes. Il faut être réaliste. Je veux dire je m'attendais à ce qu'il ne réagisse pas bien, mais de là à me péter un câble? Non jamais. C'était exactement ce à quoi je m'attendais. C'est sur toi, tu es tellement parfaite!

- J'ai changé d'idée.

- Eh bien il est trop tard, grogne-t-elle. On se revoit plus tard, j'ai du travail.

Et elle part sans donner plus d'explication. Je donne un coup de pied dans une roche en soupirant. J'essaie de réfléchir à une façon de faire. Pas question de m'abaisser à m'excuser. De toute façon, qu'est-ce que ça donnerait? C'est mon travail, mon identité. Je ne changerai pas pour la sensibilité d'un pauvre humain trop bête pour accepter les autres.

Je me dirige vers ma maison pour aller me détendre. J'en ai grandement besoin. Surtout je dois réfléchir à tout ce qui venait de se passer et reprendre le contrôle.

*****

Une semaine que Louis m'ignore. Sept jours que je ressens un creux dans l'estomac. Il ne fait plus mon thé, il se sert et s'en va sans me dire un mot. C'est surprenant à dire mais de l'entendre parler sans arrêt me manque. Je lui souhaite parfois de passer une belle journée, mais il ne me répond pas. L'ignorance fait mal bébé. Même ma conscience ne réussit plus à me divertir. Je ne sais pas pourquoi je me sens autant minable. Je me demande comment il se sent.

Bien sûr je pourrais le coincer dans sa chambre ou quand il prend sa douche pour savoir à quoi il pense. L'obliger à tout me révéler, mais à quoi bon? Il me déteste déjà et que pourrais-je dire de plus de toute façon? Je ne peux pas m'excuser pour ce que je suis. Oui on sait tu es Lucifer, pas Dieu. Je n'allais même pas le dire! Mais bien sûr.

Autre fait surprenant, il a commencé à travailler avec Abriel, au plus grand plaisir de Lux. Il alterne une journée sur deux. Moi qui croyais qu'ils se détestaient. Selon le gardien des Champs Élysées, ils se sont découverts pleins de point en commun. L'humain s'adapte quand même très bien. Et il fait ce qu'il sait faire de mieux : s'occuper des gens et les divertir en leur parlant. Il est très apprécié. Il rentre surtout très tard et ça ne déplait. Pas moi! Nous avons la paix. Je te l'avais dit, tu aurais dû le tuer alors que c'était le temps. Il le voulait en plus.

Je n'ai pas remis les pieds au Tartare depuis une semaine. Juste y penser me donne mal au cœur. Je me lève de mon lit, ça fait deux jours que je n'en suis pas sortie. Il doit être aux environs de 16 h. Je commence à avoir faim. Et je pense qu'après avoir mangé, je vais essayer de trouver Louis pour m'expliquer. On ne peut pas s'éviter indéfiniment. C'est un comportement de faible. Ne lui cours pas après, il n'en vaut pas la peine. Toi non plus tu n'en vaux pas la peine et ce n'est pas pour autant que je te chasse. C'est parce que tu n'as pas le choix, tu t'ennuierais beaucoup trop de moi. Je t'ai déjà dit de ne pas me mettre au défi.

Je descends les escaliers et me rends à la cuisine. La maison est vide et silencieuse. Qu'est-ce que je donnerais pour entendre Louis papoter de tout et de rien comme avant. Je me sers un verre d'eau quand quelqu'un se râcle la gorge. Surprise, j'échappe le contenu par terre et me tourne vers le bruit. C'est Alexander, mais que fait-il encore dans ma cuisine! Il est vêtu d'un costume d'un blanc aussi éclatant que son sourire. Sourire que j'aimerais lui faire ravaler.

- Oh Lucifer, regarde tout le dégât que tu as fait. Depuis quand es-tu aussi nerveuse?, Me dit-il avec un sourire malicieux.

- Que fais-tu ici Alexander?

Il se lève et vient se mettre devant moi. Il me tourne autour et tente de me toucher le visage. Je frappe sa main et m'éloigne, en allant me mettre de l'autre côté de l'ilot. Je me devais de garder une distance raisonnable entre nous. Ma première pensée va à Louis. Où peut-il bien être? J'espère qu'il est en sécurité et que mon frère ne le trouvera pas.

- Tu sais je passais ici par hasard, me dit-il d'une voix doucereuse. J'ai l'impression que tu ne vas pas bien Lucifer. Tu sais que tu peux tout me dire. Je ne suis pas ici pour te juger et nous avons toujours été là l'un pour l'autre pas vrai.

Je lui ne dirai certainement pas ce qu'il se passe. Il était où pendant toutes ses années? Il était tellement jaloux de moi qu'il n'a même pas levé le petit doigt pour empêcher Dieu de m'expulser.

- Tu rabâches encore et toujours la même histoire Lucifer? Où était-il pendant toutes ses années? Il n'était jaloux de ma place auprès de Dieu et de moi. Bla bla bla, m'imite-t-il excédé. Tu n'en as pas marre de vivre dans le passé?

Depuis quand il entend ce que je pense? J'ai toujours été capable de bloquer mes pensées aux restes du monde. Pourquoi maintenant? La peur commence à m'envahir. Qu'est-ce qui est en train de m'arriver? Je ressens une douleur vive à mes poignets. Une marque rouge y apparait. Je ne suis pas la seule qui le remarque.

- Oh! C'est encore plus génial que je pensais!, s'excite mon frère, les yeux brillants.

Je bloque mes pensées pour qu'il ne puisse plus y accéder. Ça me prend beaucoup plus d'énergie. Je sens sa puissance d'ici. Je ne comprends pas pourquoi il est aussi épaté que ça. Que se passe-t-il?

Je n'aime pas la tournure que ça prend. J'entends mon nom faiblement au fond de mon esprit. Mon cœur s'accélère. Je reconnaîtrais cette voix entre mille. Louis essaie de communiquer avec moi. Que lui est-il arrivé? S'il lui arrive quoi que se soit, je serais prête à tuer tout le monde sur mon passage.

- Mais dis-moi Lucifer...

Je déteste cette façon qu'il a de prononcer mon nom. On dirait que venant de sa bouche ça sonne comme une blague.

- ... il est où ton protégé?, poursuit-il.

Je ne lui répondrai pas. Je prends un air déterminé et je lui dis :

- Je ne te le dirai pas.

Il éclate de rire. Il ne m'a pas cru. Il prend un air hautain et me balance.

- C'est sûr que tu ne me le diras pas. Tu ne le sais même pas toi-même. Moi je sais où il se trouve.

Mon visage se décompose. Je ne me sens vraiment pas bien et j'ai toujours cette douleur qui ne veut pas disparaître.

- Ne me dis pas que tu tiens à lui?, rigole-t-il. Il prend le temps de m'observer avant de poursuivre. Eh ben! Voyez-vous cela! Père serait bien découragé de voir ça. Lucifer, le diable en personne, qui déteste toute forme d'humanisme, qui a elle-même foutu une sacrée pagaille au paradis pour ne pas devoir veiller sur des êtres humains, tient à un humain insignifiant qui est arrivé « par hasard » en Enfer. Non mais est-ce que tu saisis l'ironie de la situation?

Il... Si tu oses me dire qu'il a raison, je te détruis de mes mains. Je te réduis en poussière. Pas de panique, j'allais seulement dire qu'il allait trop loin. Je ferme les yeux. Est-ce que tu l'entends toi aussi, me chuchote-t-elle. Je crois qu'ils lui font du mal. J'ai mal. J'acquiesce. J'essaie de rester calme. S'il sait où se trouve Louis, il pourra me conduire à lui.

- Amène-moi jusqu'à Louis, demandé-je à Alexander.

- Ce n'est pas trop tôt je pensais que tu ne me le demanderais jamais, me dit-il enjoué.

Il est trop de bonne humeur. Il se passe quelque chose. Il me demande de le suivre. Nous nous rendons jusqu'au Tartare. Une boule se forme dans mon estomac. J'ai un mauvais pressentiment. Nous entrons à l'intérieur, il n'y a pas de lumière d'allumée. C'est sombre. Une vague de panique m'envahit. J'ai chaud, de la difficulté à respirer. Une lumière s'allume sur un homme attaché par des chaines sur chaque poignet. Il est replié sur lui-même et semble souffrir.

Je m'arrête net. Je ne veux plus avancer. Mes yeux se sont écarquillés d'horreur quand je reconnais l'homme qui est prisonnier de ses chaines.

Louis est enchaîné comme un animal que l'on conduit à l'abattoir. Je deviens blême et mes jambes deviennent aussi molles que du coton quand j'entends mon frère prononcer cette phrase :

- Alors Lucy, prête pour ta nouvelle victime?

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C'est tout pour le chapitre 11! 

J'espère qu'il vous a plu!!

Avez-vous hâte à la suite?

Que pensez-vous qu'il va arriver à Louis? Lucy aura-t-elle la force de le tuer?

À lundi pour le prochain chapitre!

Love!💙

Dédé 🎀

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