A table !

— Je vous en supplie... Non !

Les mains tendues devant moi, j'essaie de garder le contrôle sur mon souffle alors que je sens la peur filtrer à travers mes entrailles. Je regarde autour de moi dans l'espoir de trouver une échappatoire à la situation dans laquelle je me trouve.

Les cinq créatures face à moi réduisent, pas après pas, la distance qui nous sépare, en se léchant les babines. Mon cerveau fonctionne à plein régime et je les observe, les uns après les autres, espérant repérer une faille que pourrait receler l'un d'entre eux. Je relève rapidement les points communs physiques entre mes agresseurs : de longues rides zèbrent leurs fronts de haut en bas, donnant à leurs regards un air renfrogné et vicieux. L'une des deux femmes s'approche un petit peu plus que les autres en laissant glisser sa langue sur ses lèvres ; je découvre avec horreur la présence de deux canines de taille anormale. Le haut de sa mâchoire semble tiré vers l'avant, probablement à cause de sa dentition plus développée que la normale.

Je jette un regard désespéré vers la kandisha que je vois s'écarter tranquillement, certainement pour admirer le spectacle.

— Tu avais raison, Aïsha, elle m'a l'air très appétissante ! se délecte déjà un molosse qui surpasse ses camarades d'au moins une tête.

La kandisha minaude et affiche une sorte de sourire si difforme qu'il m'effraie plus qu'il ne me rassure.

— Non... non... croyez-moi.... Je suis franchement dégueulasse... supplié-je, aucun argument suffisamment convaincant à proposer.

— C'est elle ? demande une voix suraiguë.

— Oui, c'est elle, confirme la créature.

— Alors on y va ! A table ! s'écrie la seconde et dernière femme du groupe.

Les vampires s'approchent de moi, les jambes à moitié fléchies, prêtes à se jeter sur leur proie.

— Ne faites pas ça, je vous en supplie, pleuré-je en me précipitant à travers le seul écart que j'ai pu repérer entre les monstres.

Un long bras se tend exactement au moment de mon passage et vient me percuter directement dans l'estomac. Je fais un bond en arrière et me retrouve à nouveau au sol, sur le dos, le souffle coupé. Les chasseurs resserrent leur cercle et me voilà à nouveau piégée, le corps ensanglanté, une douleur fulgurante émanant de chaque parcelle de mon corps.

— Je me demande comment Liam a bien pu s'enticher d'une créature aussi fragile, crache avec dégoût la seconde femme.

Cette dernière n'est guère plus grande que moi, je dois même la dépasser de quelques centimètres dont je me sens fière, à cet instant, sans raison. Peut-être nourris-je l'espoir de lui passer sur le corps et de m'enfuir ?

— Li... Liam ? questionné-je. Vous connaissez Liam ?!

Des rires explosent de toutes parts et en ignorer la raison m'étonne.

— Bien sûr que nous connaissons ce traître ! reprend le molosse en tournant autour de moi, tel un renard prêt à passer à l'assaut.

— Allez, finissons-en, Artabaz !

— Pourquoi ? Pourquoi vous en prenez-vous à moi ? Et toi, Aïsha, pourquoi ne pas me tuer toi-même ?

— Pauvre idiote ! s'étrangle la kandisha. Si j'avais pu le faire, cela aurait été fait depuis longtemps ! Mais je ne peux pas m'en prendre aux femmes, je ne peux que les aider ! J'ai bien essayé de convaincre l'autre... chose mais ça n'a pas marché.

— L'autre ? Qui ça ? Sam ?

— Pauvre aveugle, peste la kandisha. Mais peu importe : le clan – ou plutôt l'ancien clan – de Liam fera très bien le travail, j'en suis sûre ! Allez, finissons-en !

L'étreinte mortelle se resserre autour de moi et je sens venir ma dernière heure. Je couine quelques supplications que je sais vaines mais je lutte pour ma survie alors je tente.

— Liam me vengera ! Il... il... il va vous chasser, vous trouver et vous tuer !

De nouveaux rires résonnent dans le couloir et je frissonne de plus belle. En un éclair, une des deux femmes, la première s'étant adressé à moi, me plaque contre un mur. Je sens les déchirures de mon dos suinter de mon sang.

— J'ai faim ! Arrêtez de parler et laissez-moi la bouffer ! S'écrie un quatrième vampire.

Je lis dans ses yeux un appétit vorace. Son voisin n'en mène pas large non plus : le liquide écarlate qui s'extirpe de mes chairs les attire avec délice.

— Il m'a pris quelqu'un en partant, je lui prends quelqu'un à mon tour, c'est donnant-donnant.

Des larmes dégoulinent sur mes joues ; ma fin est arrivée et je vais mourir seule, pour rien.

Je pousse un dernier hurlement de désespoir, les yeux fermés, espérant que la mort viendra rapidement m'envelopper de ses bras. Mais seul un courant d'air vient effleurer ma peau.

J'entrouvre les yeux, curieuse de voir ce qui se passe autour de moi, et je vois un vent violent soulever la poussière du sol. Tout-à-coup, une légère voix s'élève pour rapidement se transformer en hurlement. La grande vampire s'envole d'un coup et son corps termine son parcours dans un bruit sec contre le mur. Le corps glisse lentement jusqu'au sol.

Une longue lance en bois apparaît sur ma droite et je ne peux qu'observer le regard surpris et sans vie de l'un des garçons, l'impatient je crois. Son corps s'élève à un mètre au-dessus du sol avant de redescendre dans un fracas d'os terrifiant.

A travers mes larmes, je vois les traits flous d'un garçon. J'essuie rapidement mes yeux pour distinguer les traits de Samuel. Du sang de mon assaillant macule son visage et je lis dans son regard la colère. Même pire, de la haine. En dépit de la situation dans laquelle je me trouve, je m'en veux de l'avoir mis dans un état pareil.

Du coin de l'œil, j'aperçois une longue crinière rousse aux prises avec le dénommé Artabaz. Je suis surprise de voir avec quelle agilité Clara esquive les coups rapides de son assaillant. Samuel pose une main sur mon épaule :

— Ça va aller, on est là.

Et sans ajouter un mot, il rejoint Clara. Je regarde à l'extrémité du couloir et repère Liam, aux prises avec la petite femme et le dernier homme qui souhaitait me manger vite. Je distingue à peine leurs mouvements : la rapidité avec laquelle ils se battent me surprend et je vois Liam heurter le sol puis les murs à plusieurs reprises. Du sang s'écoule de sa bouche et de sa tempe. J'aimerais vraiment lui porter secours mais comment ?

Subitement, alors que seuls des ombres rapides se meuvent, je vois une flèche filer vers le trio. Je hurle de peur que Liam ne soit blessé et tourne la tête en direction de l'archer : il s'agit de Clara, portant fièrement un arc et des flèches dans un carcan. Cette fille est définitivement pleine de surprises ! Je lui souris de mon mieux lorsqu'un craquement sonore attire mon attention en direction de Samuel. Ce dernier gît au sol, le corps ensanglanté. Artabaz se trouve sur lui et serre ses grandes mains autour du cou du maudit.

Je remarque alors la présence d'une créature, terrée contre un mur. La kandisha s'adresse à elle et je ne peux distinguer ses paroles. En revanche, je reconnais la petite voix de Gwen qui crie, les bras collés à ses oreilles :

— Non ! Je ne peux pas lui faire de mal ! Elle est ma meilleure amie ! Va-t'en saleté de sorcière.

Je me relève difficilement pour venir au secours de Gwen lorsqu'une bourrasque me plaque contre le sol. Je pose sans attendre mes mains contre mes oreilles, consciente qu'il en va de ma survie. Yasmine place ses mains en rond autour de ses lèvres et hurle si fort que la kandisha s'envole dans les airs. Le cri de Yasmine retentit si fort à travers les murs que vampires, humains et maudit se retrouvent fichés contre les murs ou le sol. Les mains de Yasmine concentrent cependant la majeure partie de son hurlement sur la kandisha qui, après un ultime sourire réjoui, implose en une multitude de petits morceaux semblables à du papier brûlé.

En un éclair, Artabaz se précipite sur la vampire aux jambes infinies et le troisième homme avant de disparaître dans les couloirs.

Liam se relève brusquement et se jette à leur poursuite. En arrivant à mon niveau, son corps se fige et il ne bouge plus. Il ferme alors les yeux et hume l'air autour de lui. L'odeur du sang ! Je dégouline du liquide de vie et lui meurt de faim depuis des jours. Samuel relève la tête, incapable de contrôler son corps et supplie :

— Liam ! Viens manger ! Je t'en supplie, résiste !

Je regarde Clara, stupéfaite par la situation. Cette dernière se précipite vers moi et me relève lentement.

— Il n'a pas bu de vrai sang humain depuis des lustres, il se contente de celui maudit de Sam. Mais il est blessé et... chuchote-t-elle avant que Liam ne l'envoie contre un mur d'un simple geste.

— Liam, ne...ne... ne me bois pas, supplié-je, horrifiée par son front balafré de profondes rides et la partie haute de sa mâchoire particulièrement poussée vers l'avant.

Son regard me fuit et il tourne la tête, en proie à une lutte intestine opposant son être physique et celui que son cœur désire être. Samuel se relève et me rejoint à son tour.

— Gwen, éloigne-la, supplie-t-il.

Cette dernière sort enfin de sa torpeur et s'empresse de me prendre par les épaules pour m'éloigner. Je refuse de quitter la pièce, inquiète de ce qui risque d'advenir de Samuel. Je vois le jeune homme relever son avant-bras au niveau de sa bouche et plonger ses propres dents dans sa chair. Un grondement s'élève de la gorge de Liam qui refuse de s'alimenter.

— Il faut que tu le fasses, supplie Samuel, le sang dégoulinant sur son bras.

— Non ! Tonné-je. Tu es déjà faible, tu pourrais mourir !

Un petit sourire s'affiche sur le coin de la lèvre de Samuel.

— Je ne peux pas, Jaz, tu l'as oublié ?

— Pas devant eux ! supplie Liam, la mâchoire serrée.

Clara et Yasmine traversent rapidement la salle et viennent nous soulever, Gwen et moi, pour nous aider à quitter le sombre couloir. J'accepte sans rechigner de quitter cet horrible endroit.

Après quelques minutes, nous quittons enfin l'égout et reprenons notre souffle.

— Comment m'avez-vous retrouvée ? interrogé-je, curieuse de savoir comment mes sauveurs m'ont pisté.

— En fait, c'est grâce à Gwen, répond Yasmine en posant sur ma meilleure amie un regard affectueux.

— Non, c'est Clara qui a tout déclenché, je n'ai fait que...

— Alors merci à toutes, vous êtes géniales, mais j'ai besoin de plus de précisions.

— Bon, alors prenons dans l'ordre, renchérit Gwen. Clara, tu commences.

— Il semblerait que tu te sois disputé avec Samuel et que tu sois partie seule et malheureuse, ça, c'est ma partie. J'ai senti ta peine depuis le foyer, c'est te dire si je sais que tu as morflé ! En arrivant à la planque, Samuel nous a raconté ce qu'il s'est passé. Il n'y avait rien que nous puissions faire, il avait raison, une histoire d'amour avec lui serait trop risquée, surtout lorsqu'on en connaît les conséquences. Mais pendant la nuit, j'ai capté ta peur et j'ai compris que quelque chose de grave se passait. J'ai demandé à Liam de venir chez toi s'assurer que tout allait bien, mais tu n'étais plus là et une odeur que son nez de vampire ne connaissait pas empestait chez toi. On a appelé Samuel qui a eu l'idée d'appeler Gwen, histoire de s'assurer que tu t'étais réfugiée chez ta meilleure amie. A ton tour Gwen, conclut Clara en déchirant un morceau de son t-shirt pour bander son bras éraflé. Et j'espère que ces griffures disparaîtront vite, j'ai des garçons à séduire, moi !

Gwen secoue la tête, affligée de constater qu'une sérieuse concurrente risquait d'empiéter sur ses plates-bandes.

— Jaz, tu sais que je suis la seule fille de la famille LeBail et par conséquent, l'unique héritière de ma famille. Or cette année, j'ai appris beaucoup de choses sur ma famille, notamment sur le fait que mes ancêtres, après avoir fomenté la chasse aux sorcières, se sont spécialisés dans... disons dans la chasse aux créatures surnaturelles. Je suis désolée mais je ne pouvais pas t'en parler... Je vois la jeune fille se tortiller les mains, gênée par ses aveux.

— Ne t'en fais pas, la rassuré-je. Moi aussi je t'ai caché pas mal de choses...

— Quoi qu'il en soit, j'ai hérité de la boussole familiale, dit-elle en sortant l'objet de sa poche.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Elle permet de repérer les créatures et cette nuit, elle s'est agitée dans tous les sens. Grand-mère m'a aidée à apprendre à la manipuler et je suis maintenant capable de l'orienter vers un type de créatures en particulier. Maintenant, je sais que Liam est celui qui l'a le plus excitée, je t'assure, et il m'a fallu longtemps avant de parvenir à capter la présence d'autre chose : la créature dont il avait senti l'odeur chez toi. Nous avons couplé nos capacités : lui en s'effaçant, moi en me concentrant, et la boussole nous a conduits ici.

— Ta boussole est géniale ! J'en veux une aussi, plaisanté-je entre deux quintes de toux.

— Ah bah ça ne va pas être possible : il n'en existe que quatre, une pour chaque héritier des familles fondatrices. Et toi...

— Bof... Tant que je t'ai toi, c'est déjà ça !

Je me jette dans les bras de ma meilleure amie, ravie de pouvoir enfin renouer avec cette amitié qui m'a tant manqué. Un craquement sonore me fait sursauter et je remarque enfin Liam et Samuel. Je m'étonne de voir les deux garçons marcher sur leurs pieds. Ni l'un ni l'autre ne boîte. S'il n'y avait pas eu les restes de sang sur leurs visages, rien n'aurait indiqué qu'un violent combat avait eu lieu à l'intérieur.

— Liam, m'écrié-je en me jetant dans ses bras.

Ce dernier reste figé, visiblement surpris par ma réaction.

— Jaz... Je... je suis désolé pour ce que tu as vu, bredouille Liam, le regard fuyant.

Je ne trouve pas de mots pour rassurer le jeune homme ; pourtant, en temps normal, je ne taris jamais de paroles. Mais là, ma tête doit assimiler tellement d'informations en les accumulant, sans pouvoir les analyser, que je ne sais pas quoi dire. Alors je reste muette.

— Mais ça va pas non ! le sermonne Anna. On sait tous qui tu es et ce que tu es, alors on connaissait les risques.

Sans introduction, je lance à la volée :

— Ils savaient qui tu es... Je veux dire les autres vampires ! Ils ont prononcé ton nom et ils ont dit que...

J'hésite à poursuivre ma phrase. Tous les regards sont posés sur moi et je ne veux pas mettre Liam dans une situation encore plus inconfortable qu'elle ne l'est déjà. Mais je dois savoir alors je me lance :

— Ils ont dit que tu tenais à moi et que c'est pour ça qu'ils avaient accepté la proposition de la kandisha.

Liam détourne son regard de moi. Il serre ses mâchoires et je vois la gêne s'emparer de tout son corps de vampire. Samuel fait un pas en avant et demande :

— Tu devais te débarrasser d'eux, l'autre jour, pas mettre en danger Jaz !

— De quoi tu parles Samuel ? Questionné-je.

— Lorsque j'ai été absent, c'était parce que j'avais croisé Artabaz en ville et je suis allé à sa rencontre. Nous avons voyagé ensemble pendant quelques années et je suis parti... disons brutalement.

— Dis plutôt que tu les as empêchés de s'en prendre à Marie, une amie sorcière, poursuit Samuel. Elle est très puissante, détrompez-vous, mais elle était affaiblie suite à un sortilège très puissant qu'elle venait de lancer. Artabaz et les autres ont voulu profiter de sa faiblesse pour se débarrasser d'elle et Liam les en a empêché. Et il a tué l'un des membres de son propre clan. Il s'est ensuite enfui avec moi en direction de l'Europe.

— Et lorsque j'ai tenté de les chasser, j'ai par erreur mentionné des gens qui comptent pour moi. Tu en faisais partie. Excuse-moi d'avoir été si con, implore Liam.

Je lui souris lentement, il est évident qu'il n'est pour rien dans la quête de vengeance d'Aïsha la kandisha !

Je rapproche lentement mes mains de mes tempes : ma tête me fait horriblement mal. J'ai le tournis et je vois les silhouettes de mes amis devenir floues et je me sens tanguer. Samuel se précipite vers moi et me rattrape de justesse avant que je ne m'effondre au sol.

— Je suis tellement désolée pour... pour tout ça ! m'excusé-je, honteuse de la pagaille que j'ai semé.

— Tu n'y es absolument pour rien, assure Liam, toujours honteux. Mais il s'est passé tellement de choses... J'aurais dû régler mes problèmes avec le clan d'Artabaz avant d'espérer vivre une vie paisible. Maintenant, vous êtes tous en danger. Il faut que je m'en aille, que je disparaisse.

— Quoi ?! m'écrié-je. Mais... mais non ! Et puis... Si tu pars, les autres voudront s'en aller aussi et si vous partez tous, je vais devenir quoi, moi ?

— Non, juste moi, précise Liam en laissant transparaître sa tristesse dans le son de sa voix.

— Non, on part ensemble, corrige Samuel avec fermeté.

— Non ! S'écrie Clara, dont l'expression du visage se liquéfie à vue d'œil. Yass et moi, on a besoin de vous ! On part avec vous !

— Vous n'allez quand même pas me laisser seule, supplié-je.

— Nous ne partons que tous les deux, insiste Samuel, ses pupilles grises fuyant mon regard. Yasmine et Clara doivent à tout prix terminer leur année scolaire et atteindre leur majorité pour enfin être totalement libre. Elles resteront.

Une chape de plomb tombe sur nous et le silence devient aussi violent qu'une tempête de sable en plein désert. Ils vont tous partir.

— Je dois rentrer chez moi, annonce subitement Gwen dont j'avais oublié la présence. Jaz, je te raccompagne ?

J'hésite un instant, je ne tiens pas à déambuler dans les rues seule à une heure pareille. Samuel me coupe l'herbe sous le pied :

— Artabaz et ses acolytes se sont enfuis : il est hors de question de vous laisser rentrer seules, les filles. Et c'est valable pour toi aussi Gwen. Je vais vous raccompagner toutes.

Liam s'interpose calmement sans se donner la peine de m'accorder le moindre regard :

— Non, je vais m'en charger. Nous partons tous les quatre ensembles et nous déposerons Gwen chez elle avant de rentrer au foyer. Quant à vous deux, je pense que vous avez beaucoup de choses à vous dire.

Je reste muette, incapable de prononcer la moindre parole. Je ne me sens plus la force de me faire chasser à nouveau par Samuel.

— Non, je rentre, renchéris-je. Je n'ai pas la force de...

Samuel se place face à moi et plonge son regard dans le mien. Je me noie dans la grisaille de ses prunelles et n'émets qu'un son ridicule lorsqu'il me dit « reste ». Les autres s'en vont rapidement, se soutenant tous les uns les autres et en un rien de temps, je me retrouve seule avec Samuel.

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