Contente ?

Qu'est-ce qui est censé me rendre contente dans cette histoire ? Un nouveau prof particulier ? Mais est-ce qu'une seule fois j'ai dit en vouloir un en dehors de Tita ?

Je ne réponds rien à cette question qui me semble très stupide. Ma mère qui jusqu'ici souriait, change de mine comprenant que sa surprise ne me fait en rien plaisir.

— Martha, apporte nous du thé s'il te plaît, dit mon père.

Martha s'exécute au plus vite. Un silence de mort envahit d'un coup la pièce. Je sens un flot de larmes venir a moi à grands pas, mes intestins se nouent, ma gorge s'assèche. J'ai toujours visualisé les adultes comme des personnes fausses, qui ne disent jamais le fond de leurs pensées et je crois que j'avais raison. Mes parents n'aiment pas Tita autant que moi sinon comment la remplacer si vite ? Je suis dégoûtée.

Mon père tente d'engager une discussion mais je me retire et pars dans ma chambre, sans demander leur avis. Je sais que mes parents n'aiment pas que j'agisse de la sorte mais je ne peux faire autrement. Connaissant ma mère, je sais que bientôt elle viendra essayer de me convaincre d'accepter cet homme mais c'est hors de question.

Je m'assois sur mon lit douillet et caresse les draps si doux, qui dégagent un incroyable parfum ; ce doit être Martha qui les a changés, peut-être lorsque je prenais mon bain. Tita aussi s'occupait de ça, quand elle était là. Ce petit souvenir qui s'est glissé dans ma tête à cet instant, me fait fondre en larmes. Sur un coin du mur, mes yeux tombent sur une photo de Tita et moi,  la seule que nous ayons prise hors de cette maison. C'est drôle, j'ai une tête de mort tandis que Tita est au paroxysme de la magnificence.

Ah cette journée comment l'oublier ! Je m'en souviens comme si c'était hier. Mes parents étaient invités à un dîner d'affaires qui devaient se terminer très tard; ils étaient alors partit en avance, nous laissant Martha, Michelle et moi toutes seuls ici; naturellement il y avait aussi les nombreux gardiens d'ici que je ne remarque pas bien jusqu'à aujourd'hui. Michelle occupait le poste qu'occupe Martha aujourd'hui, celui de ménagère mais m'étant attachée à Tita, je ne laissais personne d'autre s'occuper de mes affaires ni de moi.

Je venais de sortir de l'hôpital après six mois d'hospitalisation. J'étais mal, je voulais prendre de l'air mais pas celle de cette énorme maison ; non ! Je voulais être entouré d'autres personnes, me sentir humaine. Profitant donc de l'absence de mes parents, j'avais convaincu Tita avec beaucoup de mal de me faire faire une petite promenade. Nous étions ainsi sorties, et c'était vraiment géniale. Nous avions fait du manège, du vélo bref c'était la joie totale. Malheureusement après avoir éternisé le moment par cette photo, pendant que Tita nous achetait des glaces, je m'étais évanouie à cause du soleil beaucoup trop présent ce jour-là. Après ce fâcheux incident mes parents ne m'ont plus jamais laissé sortir. Ils avaient voulu renvoyer Tita mais j'avais simulé une crise à laquelle ils avaient bêtement cru.

Ma mère fait enfin son apparition, la mine serrée. J'espère pour elle qu'elle ne vient pas me disputer car c'est tout ce dont je n'ai pas besoin.

— Lisa t..

Pas maintenant s'il te plaît maman, j'écourte sèchement

— Quand alors ? Faudra bien qu'un jour on en parle. Écoute chérie ta vie ne tourne pas autour de Tita oui, tu l'aimais beaucoup et nous aussi d'ailleurs mais faut bien te faire une éducation non ?

— L'aimait ? Alors vous ne l'aimez plus ? Demandé-je choquée

— Je me suis méprise désolé. Nous ne t'obligeons à rien si tu ne le sens pas, nous renvoyons ce professeur de suite.

Ses paroles commençaient à me faire plaisir jusqu'à ce qu'elle ajoute en sortant

— Mais saches que si ce n'est pas lui, ce sera un autre ou une autre bref. Nous t'attendrons en bas, réfléchis bien à ce que tu vas faire.

C'est peine perdue. Me confronter à mes parents revient à du suicide involontaire. Pourtant j'ai envie de leur désobéir pour une fois. Je suis fatiguée d'être la petite fille serviable, obéissante, il est peut-être temps que je me rebelle. Perdue dans mes pensées, je ne remarque que plus tard la présence de Martha

— Je t'apporte du thé

— Pas maintenant Martha je t'en prie.

Elle dépose le plateau sur mon chevet et s'assoit près de moi. Elle pose sa main sur mon épaule droite puis me fait un câlin forcé; quel boulet cette Martha

— Lisa tu aimais vraiment Tita ?

Qu'est-ce qu'ils ont tous à parler d'elle au passé ? Je ne réponds rien, je n'ai pas envie d'en parler et encore moins à Martha

— Sais-tu que c'est elle qui a recommandé ce professeur à tes parents ?

Je me retourne, surprise. Tita aurait fait ça ?

— De quoi tu parles ? Et comment tu le sais toi ?

— Je les ai entendu en parler quand j'allais faire une course. Ce jeune homme et Tita ont fait une même classe mais je ne sais laquelle.
Réfléchis-y, si elle l'a recommandé il doit y avoir une raison particulière tu crois pas ? J'y vais, ajoute t-elle en se dirigeant vers la sortie.

— Mais à quoi ça me servirait de continuer ces études alors que je n'ai pas d'avenir ? Dis-je pour la stopper

Elle se retourne, l'air triste

— Lisa ne dis pas ç...

— Et pourquoi pas ? C'est pourtant vrai. Les autres font des études pour obtenir un revenu financier demain et moi pourquoi je les fait ? Emporterais je ces diplômes dans ma tombe ?

Des larmes amères commencent à remplir mes yeux. Martha tente de me prendre dans ses bras mais je la repousse violemment. Assez de cette pitié !

— Tu ne devrais pas penser à tout ça. Tout le monde va mourir un jour Lisa. Même ces élèves que tu envie tant mourront un jour et ..

— Eux au moins ne connaissent pas quand ils mourront contrairement à moi, dis-je désespérée

L'air désolé, elle sort de la pièce. Je reste là à réfléchir, ce que Martha a dit a semé le doute en moi. Si Tita a recommandé cet homme à mes parents c'est qu'il doit être quelqu'un de bien après tout.

**

J'ai longuement réfléchis, je crois être sûre de ce que je compte faire. Je rejoins mes parents au mini salon. Ils sont encore avec ce professeur, celui-ci paraît anxieux. Me voyant arriver, ma mère accoure pour me faire un énorme câlin; mon père lui ne dit rien enfin, je n'en attendais pas mieux de lui.

— Alors tu t'es décidé ? Demande ma mère, très agitée

— Bienvenue monsieur ! Dis-je en me plaçant face à lui, en guise de réponse.

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Bon voilà deuxième chapitre. Je ne le sens pas trop alors des avis sont les bienvenus 😘