Chapitre 9
Je penche la tête en avant, trop nerveuse pour soutenir son poids.
Inspires, expires, inspires, expires...
Contrôles tes émotions, aies le coeur d'une pierre et la froideur de la glace, l'impérialité de l'océan en pleine tempête...
Je lève les yeux et redresse le menton.
La dame à l'accent italien pose un baiser sur le front de Maë. L'équivalent d'une poignée de main ou de faire la bise, j'imagine.
— Akeira, je te présente Lady Rossini, la directrice de la plus grande et célèbre Maison de couture des royaumes Astraux, vante Maëlys avec respect.
— Allons, allons! s'exclame la styliste en agitant les bras comme pour faire disparaitre les mots de mon amie. Appelez-moi Ella, comme tout le monde! Je... Attendez une minute! Maëlys, tu as bien appelé ton amie "Akeira"?
La princesse acquiesce avec un petit sourire. Son interlocutrice écarquille les yeux.
— Par tout les dieux! Notre Héritière est ici et nous n'avons rien préparé! Mon enfant, tu aurais dû nous prévenir, ronchonne-t-elle de sa voix haut perchée en saisissant les joues de ma future belle-soeur. Nous serions tous sortis pour vous accueillir, au minimum!
Maëlys éclate de rire tandis que je retiens à grand peine un sourire. On ne peut connaitre l'exubérance et la joie de vivre avant de rencontrer Ella Rossini.
— Bon, bon, déclare la femme en tapant des mains. Vues vos tenues, vous êtes sorties acheter des vêtements et il est hors de question que l'Héritirère principale de notre beau royaume reparte mécontente et mal habillée de chez Rossini. Venez, venez!
Elle se retourne et grimpe l'escalier en colimaçon d'une démarche sautillante.
Maë me fait un clin d'oeil et lui emboite le pas, moi à sa suite.
Miss Rossini s'arrête sur le seuil de chaque étage en marmonnant à propos de couleurs et de silhouettes avant de reprendre son ascension.
Je suis heureuse de constater que toutes les femmes portent le même peignoir-manteau ridicule que nous, exeptées celles qui sortent des rideaux circulaires — qui font office de cabines d'essayage — présents à la fin de chaque allée.
Quant aux hommes... C'est déjà assez pitoyable, alors mieux vaut ne pas enfoncer le clou. De toute façon, l'abomination parle d'elle même, donc nul besoin de mots.
Mais à leur place, je pleurerai à l'idée de devoir porter une chose pareille.
Trop occupée à observer avec horreur les accoutrements masculins, je ne remarque qu'au dernier moment la masse noire qui apparait devant moi.
Trop tard.
BANG!
— Aaaaaaah!
Je bascule en arrière.
Si deux mains surgies de nul part ne m'avaient pas rattrappée, je me serai fracturée le crâne sur les marches ou aurai basculé par dessus la rampe.
Je préfère ne pas imaginer ce qui en aurait résulté: le sang, ce n'est pas trop mon truc. Moins il y en a, mieux c'est.
Mon sauveur me redresse tant bien que mal. J'ai l'impression d'être faite de marshmallows et de compote.
— Merci..., marmonné-je en me rattrappant à la rampe tandis que des points noirs dansent devant mes yeux.
L'armoire à glace responsable de ma presque-chute me fixe, mécontent.
— Vous ne pourriez pas faire attention?! m'aboit-il au visage.
Je plante mon regard dans ses yeux aussi noirs que sa peau.
L'homme ne cille pas un premier temps mais finit par froncer les sourcils et se détourner de moi.
Il s'écarte pour laisser place à un jeune homme dans la vingtaine.
Sa tignasse noire et sa peau blafarde sont les exacts contraires de celles de colosse qui l'accompagne, lui qui possède des cheveux de neige et une peau d'ébène.
Mais son regard de nuit est tout aussi dur et froid. Peut-être plus que le mien, si c'est seulement possible.
Ses lèvres fines esquissent une moue de dégoût semblable à celle que j'ai lorsque je contemple avec hargne des choux de Bruxelles.
Sympa.
Il se redresse après une minute semblable à plusieurs heures d'ennui profond — ou de temps passé à avoir la main sur un rond de poele brûlant.
D'un signal quasi imperceptible du menton, il ordonne à son compagnon qu'il peut y aller.
Son regarde dur se pose à nouveau une fraction de seconde sur moi avant qu'il ne parte lui aussi, sans manquer l'occasion de me bousculer au passage.
— Vivement que Farah nous débarrasse de la vermine dans ton genre, l'entendis-je marmonner haineusement.
Aaah, voilà pourquoi il me déteste! Qui aime ma soeur ne m'aime pas et inversement.
Une voix masculine émet un sifflement sonore derrière moi.
— Ouah! Mon frère te déteste, c'est clair!
Je me retourne, les yeux plissés de curiosité, vers mon sauveur de chute d'escalier.
— Ton frère?
Le grand brun sourit avec malice, dévoilant deux fossettes.
— Et oui! J'ai beau tout faire, ce génialissime frérot qu'est Lucien me mène la vie dure, hélas.
Il pousse un soupir théâtral en levant les yeux au ciel, faussement affligé.
Mais impossible de le prendre au sérieux quand il garde ce sourire sarcastique aux lèvres.
— Oh! Mais je ne me suis pas présenté! Je suis Alexander Waterhome, malchanceux frère cadet du Royal Casse-Pieds, déclare-t-il avec une révérence faussement maladroite.
Je ne peux m'empêcher de lâcher un petit rire.
Après Maëlys, Ella Rossini et — bien que je peine à saisir ses réelles intentions — Jayden, cet Alex est la quatrième personne sympathique dont j'ai pu croiser la route dans ce monde plus qu'étrange.
Peut-être y a-t-il de l'espoir que des gens sensés vivent ici, finalement.
— Et vous, gente dame, quel est votre humble nom? continue le jeune homme, blagueur.
Sans réfléchir, je décide de me prêter au jeu.
— Je suis la princesse Héritière Akeira Ianaé de Luna. Mais je ne puis croire que mon nom soit aussi ordinaire que vous le dites, jeune arrogant.
Alexander parait alors comme frappé par la foudre.
— Ak-keikei-keira? bégaie-t-il, le visage horrifié. La princesse?
— Et oui! s'exclame Maë. En personne! Mais oublies les excuses nécessaires pour ton idiot de comportement parce qu'il est un peu trop tard, espèce de dragon!
Je ne suis pas sûre de comprendre l'expression — ou l'insulte — , mais bon.
Quoi qu'il en soit, Alex semble enfin se ressaisir, car son sourire rusé lui revient.
— Ainsi donc, la princesse est venue se trouver des vêtements, c'est bien cela? Parce que dans ce cas, je vous accompagne. Je sens qu'on pourrait bien s'amuser...
Son aire canaille me fait presque peur.
Aurais-je trouvé pire que les B.G. ?...
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Hello!
Comment ça va? J'espère que vous avez aimé ce chapitre, en tout cas!
Alors, quels sont vos avis sur les nouveaux personnages qui apparaissent ici? Lucien le Royal Casse-Pieds, Alex, Ella Rossini (qu'on découvre un peu)...
Dites-moi tout en commentaire! Je voudrais aussi connaitre votre avis sur la longueur des chapitres et vos préférences.
L'étoile de vote est là si vous voulez me soutenir!
xoxo,
Tianna
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