Chapitre 8
— Comment ça, "ils ne savent pas tout"? demandé-je, fronçant intérieurement les sourcils.
— Ta mère n'était pas idiote. Sir Loïc et sa femme sont — ou plutôt étaient — certes loyaux à cette dernière, mais l'avenir de Luna reste et restera toujours leur priorité. Même Tante Raphaella et moi ne pouvons assembler toutes les pièces du puzzle. Je crois que seul ton père en serait capable.
— Et mon père est...? la pressé-je avec impatience.
J'espère que Farah ne tient pas de lui son mauvais caractère! J'ai bien besoin qu'une personne de ma famille — vivante de préférence! — soit un minimum sympathique.
Ça me fait d'ailleurs penser que je n'ai pas encore pu rencontrer Ivanie. Elle n'était pas au Conseil, si?
J'espère avoir la chance de la croiser bientôt.
— Aucune idée, répond Maë.
— Je te demande pardon? dis-je, incrédule.
Non mais c'est pas croyable, ça! Une seule petite réponse, c'est trop demandé?
— Je ne sais pas qui est ton père. Ça peut être n'importe qui, tant qu'il est puissant, ouvert aux humains, intelligent, perspicace et obstiné. Ces quatres dernières choses sont parties intégrantes des qualités que Léïka recherchait. Oh, et il faut ajouter « juste », aussi.
Maëlys pivote alors, marchant allègrement vers l'escalier de sortie.
— Eum... Tu fais quoi, là?
— Je t'ai dit qu'on va visiter Vanesse, non? Alors allons-y!
Je la suis dans ma chambre.
Amy nous y attend, un sourire aux lèvres. Dans ses mains tendues, deux sortes de... "peignoirs manteaux" nous attendent visiblement.
Maëlys attrape le sien — d'un splendide ivoire —, me laissant celui couleur charbon.
Ma dame de chambre m'explique qu'il est courant de porter ce genre de tenue lorsque l'on sort en ville pour acheter des vêtements.
Mouais. Je trouve tout de même bizarre de s'habiller avec un peignoir à fourrure pour faire les boutiques. Au moins, le mien est confortable.
Amy m'enfile des bottines noires à talons hauts tandis que je noue la ceinture de mon « manteau ».
Mon deuxième pied a à peine le temps d'être correctement placé dans mes talons que Maëlys m'agrippe le bras et m'entraîne vers la porte de ma chambre.
Ma dame de chambre camoufle un éclat de rire derrière sa main en m'entendant pousser un petit cri de surprise.
Grrr... Elles sont de mèches, ces deux-là, c'est sûr.
La sœur cadette de mon fiancé me guide dans le dédale de couloirs, évitant les gardes comme si elle sait toujours où se trouvent les patrouilles qui risqueraient de nous arrêter.
On atteint rapidement la grande porte, mais au lieu de sortir par là, Maë préfère bifurquer à gauche et prendre la sortie des chambrières. Nous nous glissons parmi elles, même si le manteau ivoire de ma nouvelle amie détonne fortement dans les jupes et corsets foncées des domestiques.
Maëlys alors m'attrape par le bras et me fait sortir du troupeau. Nous sommes maintenant dehors, mais toujours dans l'enceinte du palais.
— Par là! me chuchote ma future belle-sœur en tendant un doigt élégant vers une porte grillagée, avant de m'emmener avec elle.
Elle ouvre le passage d'un coup en tirant fortement sur la grille.
Derrière, ce n'est qu'un amas de végétation luxuriante mais indisciplinée. Pourtant, mon accompagnatrice ne rechigne pas et s'aventure à quatre pattes dans les hautes herbes, avec moi à sa suite.
Une douleur fugace me prend soudain à l'épaule.
J'écarquille les yeux en y jetant un coup d'œil. Je saigne! Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas que des plantes sauvages, de l'herbe et des feuilles mortes ici: d'énormes ronciers ont également élus domicile de chaque côté!
Je me tasse sur moi même et continue ma route au travers des fougères. Tant pis pour ma blessure.
De toute façon, on va en ville, alors il y aura sûrement une pharmacie ou quelque chose du genre là-bas.
Je grimace tout de même. Les ronces ne m'ont pas manquée! La plaie est sûrement plus profonde que je le croyais au départ. Tant pis.
On verra ça plus tard, car on est arrivées au bout du tunnel végétal.
Maë se redresse et je l'imite quelque instant plus tard. Ce que je vois alors me sidère.
Oh mon dieu...
— Bienvenue chez toi..., me murmure la princesse à l'oreille.
Ce.. C'est... Pas possible!
La ville est entièrement en diamants translucides. Des diamants! Ça passe encore pour un palais royal, mais pour une ville entière?!
De toute façon, ce n'est pas le plus étonnant: il suffit de voir les tenues des passants pour le comprendre!
Les femmes portent des robes bustier courtes à peu près normales ou des jupes cloches aux épaisseurs légères mais monstrueusement multiples et des bottines à talons, semblables aux miennes. Leurs hauts se composent de chemisiers et de corsets apparents qui, de mon point de vue, sont vraiment bizarres.
Et que dire des redingotes accompagnées de pantalons — encore heureux! — normaux des hommes? Des redingotes! Franchement, les gens vivent à quelle époque, ici?
— J'ai tant de chose à te faire découvrir! s'exclame Maëlys, surexcitée. Mais tout d'abord, tu dois savoir que la ville est divisée en cercles concentriques et que les chemins sont comme les fils d'une toile d'araignée. Ah!, et à propos d'animaux, ne t'inquiètes pas si tu vois des panthères, léopards, guépards, tigres, requins ou d'autres animaux que les Humains considèrent comme potentiellement dangereux en liberté. Les Astraux ont une grande estime de la faune, surtout que nous somme métamorphes.
— Attends..., la coupé-je précipitamment. Tu as bien dit métamorphes? Serait-il possible que la Veuve Noire qui a mordu Hans Rodge soit un Lunaire?
Maë éclate d'un rire sans joie.
— Seuls les membres féminins de la Royauté Lunaire peuvent se transformer en Veuve Noire. Et par Royauté, je parle de la famille royale et des Conseillères. Mais ces dernières perdent ce pouvoir si elles sont déchues leur poste. Et avant que tu ne poses la question, cette aptitude est acquise automatiquement. Mais seule la Reine — ou l'Héritière principale si la Reine lui confère cette décision ou meure — peut nommer des Conseillers.
— Autrement dit...
— Tu peux chasser ceux en place, et oui! Mais passons. On a toujours une ville à visiter, et je ne compte pas faire les choses à moitié. Viens!
Je n'ai pas d'autre choix que de la suivre si je ne veux pas me perdre dans cet endroit en tentant vainement de la retrouver.
L'exubérance de Maëlys me tape un peu sur les nerfs, mais sans elle, je doute de retrouver une aussi belle chance de visiter la ville.
Ma future belle-sœur ne m'a même pas attendue pour continuer son monologue descriptif.
— ... les sentiers d'eau ont été aménagés pour les animaux marins. Ça a l'air complexe à première vue, mais on s'y habitue très facilement. En tant que Solaire, je n'ai pas le pouvoir de métamorphose en créature marine, et je vous envie tellement! Je suis sûre que toi, tu en es capable. Oh, et tu pourras sûrement devenir un oiseau! Tu pourras apprendre comment dans les Akhamē de la ville. Ce mot signifie « école » ou « académie ». J'y suis déjà allée lors de l'un des rares programmes d'échange scolaire entre nos royaumes. Tu vas voir, l'Akham Principal est carrément génial! Les gens sont sympas et les profs se fichent carrément des règles draconiennes de Farah — une chance! — . Les armes sont interdites dans les Akhamē, alors Willow ne peut pas rentrer, avec tous les poignards et dagues qu'elle porte en tout temps. D'ailleurs, il y a des rumeurs qui disent qu'elle les garderait même sous la douche ou pour dormir... Alors c'est Lady Amanda qui vient.
Je hausse les sourcils sans enthousiasme.
— D'accord... , déclaré-je, un peu désintéressée du sujet.
Maë se claque le front.
— Ah!, mais quelle idiote je fais! J'avais oublié que tu ne les connais pas. Alors en gros, Willow, c'est l'exécutrice de ta sœur. Elle tue de sang froid, applique les lois draconiennes à la lettre et sans poser de questions, enferme n'importe qui au moindre prétexte... Bref, méfies-toi. Elle se fiche carrément de la morale, de l'honneur et je ne sais même pas si compassion fait parti de son vocabulaire. Quant à Amanda...
Mon amie soupire.
— C'est la meilleure amie de Farah. Et la fille du Duc d'Anarack — une ville célèbre de Luna — et de la Conseillère Rya. En fait, c'est un peu ta cousine éloignée.
— Euh... Pardon?! Tu la tiens d'où cette info-là? demandé-je, incrédule.
— Ben, c'est simple. Ton arrière-arrière-grand-mère est la soeur ainée du frère de son arrière-arrière-grand-mère paternelle. Donc vous avez les mêmes arrières-arrières arrières-grands-parents. C'est ce qui fait la renommée du Duc d'Anarack, ce lien avec la famille royale.
— D'accord... On va oublier les arbres généalogiques, OK?
Maëlys éclate de rire.
— J'avoue qu'on s'y perd facilement, dans tous ces « arrières » quelque chose. Et encore, je n'ai pas utilisé de noms! Mais ça vaut mieux. Aller, on est presque arrivées à la maison de couture la plus renommée de la ville. Donc, je reprends. Willow étant interdite d'entrée, c'est ta cousine éloignée qui nous visite. Ce sont vraiment des antonymes, toutes les deux: Willow est froide et antipathique tandis qu'Amanda est plutôt sympa et réfléchie. Comme elle est née dans une famille importante de la Haute Aristocratie, son éducation a été très bien prise en charge et elle sait se comporter en société. Elle est digne et respectueuse. Amanda pourrait même être une fille sympa, si elle n'était pas amie avec Farah.
— Y a-t-il une chance qu'elle se retourne contre ma sœur?
— Oh, je vois ce que tu veux dire! Tu veux qu'elle devienne une de tes alliées, pas vrai? C'est sûr que ce serait pratique, car elle a beaucoup de relations. Hum... Je ne suis pas sûre. Amanda est loyale, mais moins à Farah qu'à son royaume. Elle est le petit ange sur l'épaule de ton abominable cadette, comme dirait les Humains. Alors il y a peut-être une chance. Oh!, regardes! On est arrivées chez Miss Rossini!
Je détourne le regard de Maë et avise un panneau de bois suspendu sur lequel il est inscrit "Chez Rossini — prêt à porter • sur mesure" d'une élégante calligraphie à l'encre violette. La bâtisse — en diamant, bien sûr — est tout simplement gigantesque, avec ses quatres étages.
Maëlys m'agrippe de nouveau le bras avec force et pousse les grandes portes de l'endroit.
— Ta-dam!
J'hésite entre pleurer et éclater de rire.
Cette rotonde est tout simplement hallucinante! Qui donc peut faire construire un truc pareil?
Mais je suis effrayée face à toutes ses tenues. Je suis incollable en tout ce qui a trait à la mode dans chez les humains, mais ici, c'est le trou noir côté expérience.
— Maëlys de Solaris, tu es venue! s'exclame une voix féminine haut perchée à l'accent italien.
C'est parti...
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Saluuuuuuuuuut!
Je l'avoue, j'ai complètement perdue la notion du temps! Je ne sais même plus quand est-ce que j'ai publié le chapitre 7. J'ai l'impression que ça fait une éternité, mais j'avais besoin du temps qui s'est écoulé.
Je ne sais pas si vous voyez de différence, mais le prologue et les deux premiers chapitres ont été écrit avant mes premières publications a sur Wattpad. Ce qui signifie que j'ai pris mon temps, je les ai travaillé longtemps, et le résultat est forcément un minimum différent. Les autres ont dû être fait un peu à la va-vite parce que je n'ai pas énormément de temps en semaine pour écrire. Celui-ci devrait être meilleur que les autres chapitres « Wattpadiens » puisque j'ai eu plus de temps.
Enfin bref, j'espère qu'il vous a plu! Si c'est le cas, n'oubliez pas de voter, c'est toujours agréable de savoir que vous avez aimé. Mettez en commentaire vos impressions!
xoxo,
Tianna
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