•1•

Minuit était passé, quand une ombre se faufila à travers les rues et étroites ruelles de la grande métropole.
Rasant les murs sales et humides, la silhouette semblait marcher vite.
Elle devait savoir où elle allait.
Elle avait un but.

Arrivée en face d'un bâtiment tout à fait commun, elle y pénétra furtivement, telle une souris souhaitant passer inaperçue, craignant le chat qui rôdait non loin de là.
Heureusement pour elle, le calme régnait et elle put rapidement rejoindre la cage d'escaliers aux allures tragiquement vieillotes bien que charmantes.

Soupirant dans son écharpe molletonnée, les mains dans les poches de son gros manteau, elle monta les marches quatre à quatre sans se précipiter pour autant.

Finalement arrivée au quatrième étage, la silhouette ouvrit la porte gauche du palier et s'y engouffra sans aucun bruit.

À peine cinq minutes plus tard, un cri strident retentit à travers tout le bâtiment, réveillant alors tous les habitants.

La porte de gauche du quatrième étage s'ouvrit avec violence, puis plus aucun bruit ne fut.

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- Daniel ! On a du nouveau !

Une jeune femme trentenaire passa la porte en verre qui séparait son bureau à celui de son collègue.
Sur le grand bureau en bois, elle déposa brusquement un dossier jaune trop clair qui laissait apparaître un nombre de feuilles trop important aux yeux de l'homme assit derrière.
Mais quelque chose d'encore plus gros à ses yeux le tourmenta encore plus.

- Carline... Ne me dis pas qu'il a continué...?

La brune se retourna et remarqua l'expression outrée qu'employait son collègue.

- De quoi ?

En l'absence de réponse, elle soupira, las mais exaspérée, et se pencha vers le noiraud qui visiblement, fulminait intérieurement.

- Qu'est ce qu'il se passe encore Dan'? On pourrait croire que de la fumée sort de tes oreilles, crispé comme tu es.

Une voix derrière eux les surpris.

- Ça doit être à cause du nom de l'équipe !

Tandis que la brune se retourna pour faire face au nouvel arrivant, Daniel lui, commença à grogner et maugréer dans son coin, ouvrant le fameux dossier.
La brune chercha alors ce que pouvait signifier ce nom qui mettait son collègue en colère.

- C'est à dire le nom de l'équipe...? Ah ! C'est vrai, ça me revient. Le boss a encore frappé alors ?

L'individu blond lui sourit à pleine dent, trouvant la situation plus amusante qu'autre chose.

- En même temps si j'étais lui...

Daniel, irrité, tappa du poing sur la table. Il fusilla son collègue du regard et riposta méchamment.

- Sauf que tu n'es pas lui, Tom !

- Bien sûr que je ne suis pas lui, bien que j'aurai apprécié occuper son poste-

L'énervé se leva de son siège en cuir pour se diriger vers la machine à café non loin de là.
Ce qui ne l'empêcha pas de marmonner dans sa barbe, toutefois de manière assez audible afin que tous puissent entendre ses râleries.

- Équipe dentifrice....et puis quoi encore... équipe brosse à dents...!? Johnas n'essaie que de nous ridiculiser !

Carline retint un rire qui faillit traverser la barrière de ses lèvres.

- Tu vois le mal partout quand ce n'est pas dans ton intérêt personnel Dan'. Personne n'aura connaissance de notre nom de groupe, mis à part toi, moi, Tom et le boss. D'ailleurs, c'est toi qui a proposé ce nom si je me souviens bien...

- C'était un vendredi soir au bar ! Si Johnas ne peut pas comprendre ce qu'est l'humour, alors il vaudrait mieux qu'il saute par la fenêtre.

Tom prit alors le dossier que Carline avait posé un peu plus tôt sur le bureau en chêne vernis de Daniel.

- Tu t'es levé du mauvais pied ce matin Dan'. Passons. Regardons cette nouvelle affaire... Tu l'as déjà étudiée Carline ?

- Seulement survolée. C'est un meurtre.

Le noireaud se retourna de la machine à café, les yeux presque pétillant.

- Ah ! Enfin autre chose que cette foutue paperasse.

- Daniel... Bon. Carline tu n'aurais pas des exemplaires en plus ?

- Si attends je reviens.

Alors que la brune s'en allait vers son espace de travail personnel, Tom frappa la tête du noireaud avec le dossier qu'il tenait en main.
Quand le regard meurtrier de son collègue se posa sur lui, le blond ne manqua pas de lâcher un rire franc et visiblement moqueur.

- Dan', comment as-tu fait pour te retrouver ici franchement ?

- Le talent binoclard, le talent.

- Au lieu de discuter comme des commères, lisez plutôt le rapport.

Carline déposa alors devant Daniel un dossier pareil à celui que Tom tenait dans sa main gauche, puis tira le fauteuil en cuir noir rangé en dessous du bureau et s'y assit.
Elle commença alors à lire.
Tom fit de même, suivit par Daniel qui n'oublia pas de grogner pour la forme.

Un certain temps fut passé quand Daniel releva son nez de ce dossier rempli de documents et d'images.

- Donc l'autopsie aurait confirmé qu'il s'est fait empoisonner... Mais qui nous dit que ce n'est pas un suicide ?

Écoutant d'une seule oreille son collègue, Tom frotta son menton imberbe.

- Éric Mikler, cinquante trois ans, homme marié sans enfant. On a injecté un poison grâce à une seringue, ce qui aurait causé sa mort. On a des infos sur sa femme ?

- Oui, peu mais on en a. Garence Mikler, quarante sept ans. Elle est infirmière, et c'est elle qui a découvert le corps.

- Infirmière... Bien. Allons la voir. Carline, tu viens avec moi, Daniel, essaie de voir s'il y a d'autres informations qui pourraient être utiles.

Daniel opina.
Tom avait pris le rôle de chef d'équipe dès le départ, au grand soulagement du plus vieux du groupe qui voulait absolument éviter toute la paperasse qui s'en suit, et entraîné par les encouragements de Carline qui pensait qu'il avait le meilleur profil pour ce rôle.

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- Je rentrais de mes heures supplémentaires, avec tout le travail qu'il y a à l'hôpital, vous imaginez bien qu'on ne rentre pas chez nous avant une certaine heure. Si l'on prend les heures supplémentaires bien évidement.

Dans le spacieux salon de l'appartement d'un immeuble, trois personnes échangeaient autour de tasses de thé disposées devant chacun.

- Et vous n'avez aucune idée de qui-

- Monsieur l'enquêteur, cela fait maintenant une vingtaine de minutes que vous me posez la même question sans arrêt. Non, je n'ai aucune idée de qui pourrait lui en vouloir à tel point d'en arriver à ces extrémités.

Soupirant sans faire attention, le blond se frotta le menton, penseur.

- Et sauriez-vous la raison ? Votre mari avait-il vécu des évènements qui pourrait amener d'autres personnes à l'envier ou lui en vouloir? Peut-être que-

De nouveau, Tom fut coupé dans son discours par la bonne femme qui touillait distraitement son thé.

- Non. Je ne sais pas, je ne sais rien.

Le blond arqua un sourcil. Du coin de l'œil, il observa Carline prendre des notes frénétiquement au cours de cette délicate entrevue.

- Madame Mikler, vous ainsi que votre mari n'étiez pas très proches si je ne m'abuse ?

- Effectivement. Notre relation se dégradait au fil du temps. Nous en sommes arrivés à un stade où nous dormions dans des chambres séparées et nous avons pris comme habitude de ne pas se déranger mutuellement. Je n'avais que faire de ses histoires, et lui aussi d'ailleurs.

Un sourire fade se dessina sur le visage de l'enquêteur qui s'enfonça un peu plus dans l'agréable fauteuil sur lequel il était installé.

- Aviez-vous des aventures madame Mikler ? Des amants ?

Les yeux bleu électriques de la rousse s'écarquillèrent.

- Enfin ! Ce ne sont pas des questions qui se posent ! Et vous voulez savoir de quelle couleur est ma petite culotte !?

- Ça l'est dans le cas d'une enquête Madame. Et j'aimerais savoir si votre... défunt mari en avait également.

La veuve essaya de fuir le regard perçant de son interlocuteur, sans succès.
Le regard vert profond était trop sérieux pour qu'elle puisse lui lancer une pique.

- Nous avions tous deux un ou plusieurs amants. Cela poserait-il un problème ?

Ignorant la question, Tom en posa une autre.

- Auriez-vous le souvenir d'une tension entre vous, Éric, ses conquêtes et les vôtres ?

La rousse sembla réfléchir, mais finalement, elle renifla et répondit avec nonchalance.

- Non.

- Pourriez-vous nous donner les noms, prénoms, adresses et peut être numéros de téléphone de toutes ces personnes ?

La rousse hocha la tête.

- Alors il y a...

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Les rues de la métropole étaient bondées, tout comme les cafés et les terrasses au bord des trottoirs.
Assis autour d'une table métallique, Tom ainsi que Carline faisaient le récapitulatif de l'entrevue avec la veuve Mikler.
Sirotant la boisson qu'il avait commandé, le blond semblait perturbé, presque soucieux.

- Elle avait l'air totalement... indifférente par rapport à ça. À croire que le seul moment où elle a réagit, c'est quand elle a découvert le corps la nuit dernière. C'en est presque louche.

- Et quel mariage...

- Ne m'en parle même pas.

- C'est triste d'en finir à cette situation là.

- Qui sommes-nous pour juger ?

La brunette sourit à son collègue avant de reprendre une gorgée de la boisson chaude qu'elle tenait entre ses mains.

- Bon. Cet après-midi, c'est paperasse.

Elle leva les yeux et vit une grimace tirer les traits fatigués de Tom.
Puis il gémit de mécontentement avant de se jeter en arrière sur la chaise sur laquelle il était installé.

- Tu veux pas faire le rapport à ma place Carline ?

- Non. Et n'essaie même pas de demander à Dan' parce que c'est déjà perdu.

- Tu vas rire, mais l'idée ne m'avait même pas effleuré l'esprit.

Carline souffla du nez, amusée.

- C'est plutôt l'inverse qui m'aurait fait rire. On y va, chef ?

Tom ricana et prit son verre de jus en main puis le termina d'une traite.

- On y va.

Se levant des sièges inconfortables de la terrasse-trottoir, les deux enquêteurs s'étirèrent avant de régler l'addition et repartir.

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- Il faisait parti d'un groupe de briques de construction pour jouets.

- Je te demande pardon ?

- Éric Mikler était membre d'un club de Lego de la métropole. C'était un passionné apparemment.

Carline, ayant ouïe de la conversation qui se tenait entre ses deux collègues, se rapprocha.

- Où est-ce que tu as appris ça Daniel?

- Dans les dernières infos du dossier.

- Sensationnel.

- La ferme Tom. Bon du coup. On y va ?

Le blond s'enfonça encore plus dans son siège de bureau, un sourire malin tiré sur son visage.

- Soit tu y vas tout seul comme un grand... Soit on y va demain ensemble-

- Parfait, on ira demain.

Le sourire mesquin du chef s'étira un peu plus alors.
Carline pensa qu'elle n'aimait pas ce qu'il se tramait dans la tête du blond mais ne pipa mot.

- C'est d'accord alors Daniel ! Donc cet après-midi, tu ferais l'étage numéro cinq et sept de l'amoir P.

Le regard scandalisé que lui lançait son collègue le fit presque rire.
Carline repartit à ses affaires sous le regard médusé de Daniel.

- Mais Tom. Ça n'a rien à voir avec la mission...

- Ça l'est plus que tu ne le penses... Tu le verras par toi même !

Daniel se leva pour se diriger vers le seul porte manteau du bureau et enfila sa veste ainsi que son écharpe grise qui ne servait à pas grand chose que d'ajouter un accessoire, au vu de son allure.

- Oh, plus tard Tom enfin. Je dois aller voir ce club après tout.

- Bien ! Tu as bien retenu tout ce qu'on t'a dit de madame Mikler ?

- Oui oui, j'ai même la liste des prénoms que tu m'as donné, allez bye !

Ni une ni deux, Daniel ouvrit la porte et s'engouffra à l'extérieur, claquant la porte derrière lui.
Carline souffla tandis que Tom ricanait.

- Quel homme celui là.

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