Lacia HoldBorg

Une douce lumière dorée se dépose lentement sur mes paupières. Je sens mes esprits me revenir, mon énergie se ravivait et je m'éveille peu à peu, baignée dans ces rayons agréables. J'ai l'impression de me trouver à Iovannen, allongée sur un fauteuil de velours, somnolant au gré de la brise et des mélodies des oiseaux, les harpes et les chants des Elfes s'élevant au loin. Je me prépare à recevoir de nouvelles remontrances du Seigneur Eldaer, encore une fois agacé que je me prélasse au lieu de me pencher sur ses manuscrits anciens. Il me gronderait à la manière d'une petite fille paresseuse, mais son sourire amusé m'inviterait à lui désobéir dès le lendemain. 

Cependant, je ne perçois pas les roucoulements des colombes, mais les battements d'ailes des aigles et leur cri fier, haut dans le ciel, voltigeant au-dessus des montagnes...

Les montagnes ? Tout à coup, la lumière me paraît bien chaude et irritante sur ma peau. Mes paupières peinent à se soulever, mais, quand elles y parviennent, elles se referment aussitôt, la vue dérangée par les forts rayons. Je m'y habitue au bout d'une longue minute d'adaptation et commence à examiner mon environnement. Je suis d'abord frappée par la délicatesse du tissu qui recouvre mon corps, une blanche robe de nuit légère et aérée, ainsi que par le drap immaculé que je repousse en m'efforçant de m'asseoir. Aux grincements de mes membres, j'en déduis que j'ai longtemps été couchée. Je ne me presse pas et observe. Mes pieds nus entrent en contact avec de la pierre froide. 

Je suis dans une chambre des plus normales, typique des appartements de mortels. Des tapisseries aux murs, des meubles en bois, des décorations ci et là et deux fenêtres voûtées donnant vers l'extérieur. Je me lève sans mal et m'en rapproche. Au-dehors, le soleil se répand sur toute la forteresse, offrant à la roche sombre des nuances plus claires, les faisant scintiller. Un paysage de toute beauté. Apparemment, cette chambre est située vers le versant ouest des Montagnes Inexplorées. Je distingue le blanc et le brun de ses pentes sinueuses, le vert ardent de ses arbres, mais pas les sommets qui se perdent dans les nuages et je devrais m'incliner dans le vide pour entrapercevoir leurs pointes. 

Lacia HoldBorg ne sommeille pas, ni ne se repose. J'entends les pas hâtifs des soldats avec les claquements marteleurs de leurs armures, les citadins qui se rassemblent par endroits pour établir les listes de ce dont ils ont besoin. Des poules courent dans tous les sens. Elles se sont échappées de leur poulailler et des chats se mettent à les chasser d'instinct. Quelques-uns tentent de récupérer la volaille et d'empêcher les félins de les dévorer toutes crues. Des hennissements de chevaux se rajoutent, étouffés par la distance. 

Derrière moi, l'on tourne une clé dans la porte, le verrou se décale et elle s'ouvre sur des femmes vêtues simplement, des robes grises en lin sans ornement aucun. Des servantes. Elles s'inclinent avec respect, marquant une pause, tête baissée. Je les imite par politesse, ce qui les contrarie. Elles résistent à l'urgence de se courber à nouveau, plus bas encore, et posent ce qu'elles avaient dans les bras. Un plateau rempli de fruits et de trois œufs accompagnés d'un morceau de pain. Elles détiennent aussi une tenue complète, digne d'une Dame du Sud, un tissu soyeux, d'un bleu royal, qui me fait tiquer et avec lequel je ne m'habillerai certainement pas. Je cherche du coin de l'œil l'ensemble dont les Jours Éternels m'ont fait cadeau et me soulage de le voir impeccablement disposé sur un fauteuil dans le fond de la chambre.  

— Suis-je une prisonnière entre ces murs ?

Ma voix, rauque et éraillée par le sommeil, les surprend. Les deux femmes me regardent dans un premier temps avec incompréhension et l'une d'elles m'informe sur un timbre lent :

— Ma Dame, vous êtes l'invitée du Royaume du Sud...

Et puis, elle note mon regard appuyé sur la clé qu'elle tient toujours. D'un bref rire courtois, elle la place sur le lit.

— Ce verrou, ma Dame, visait à vous protéger d'éventuels intrus. Bien que le siège ait été levé, nous ne pouvons accorder notre confiance à quiconque. Vos compagnons ont insisté sur votre sécurité. C'est pourquoi la clé m'a été confiée. Seules la bonne et moi-même avons obtenu le droit de venir dans votre chambre, pour veiller sur vous.

Tant d'informations en si peu de phrases. La tête me tourne un instant. Je dois mal le cacher, puisque la bonne se dirige vers moi et m'aide à me rasseoir sur le lit. Elle me tend une grappe de raisins, j'en mange un et la repose sur son plateau.

— Vous dites que le siège est levé. Depuis quand ?

— Depuis votre arrivée, ma Dame. Sans le grand secours de vos compagnons et de vous-même, nous essuierions l'humiliation de l'ennemi sans répit. Cela fait quatre jours. Nous ignorons ce qui a causé le vaste incendie, vos compagnons ont refusé de nous livrer les moyens que vous avez utilisés. Quoi qu'il en soit, les sauvages ont fui. Dans l'heure, la plaine était vidée de ces scélérats. D'autres Mages Fous n'ont point voulu continuer le siège, mais des rumeurs affirment que les éclaireurs ont vu des hommes étranges rôdés dans les parages. Il se dit qu'ils nous surveillent, ma Dame, attendant le bon moment pour frapper. La forteresse toute entière se tient sur ses gardes et nous avons tous interdiction de regagner nos cités et nos villages. Si ma Dame n'a guère d'autres questions, vous me permettrez sûrement de vous habiller...

Ils ne savent pas qui je suis. Ou, du moins, le secret ne s'est pas propagé. Au minimum deux gardes et un serviteur ont assisté à une démonstration irréfutable de ma magie, la pétrification. C'est à cet instant que tous mes souvenirs vagues et indistincts affluent d'un coup dans mes pensées. 

— Qu'en est-il de sa Majesté ?

Leur visage se rembrunit.

— Je vois, il n'a pas survécu. Qui assure le commandement du Royaume du Sud, et par extension la gouvernance du Royaume du Roi des Rois, en l'absence d'un monarque établi ?

Je songe à Duran, le digne héritier des Rivières Blanches et du Sud, par son ascendance commune avec feu Brovas. 

— Le conseil du Roi lui succède dans l'attente d'un couronnement. Je ne suis qu'une femme de chambre, ma Dame, mais il se murmure, et je le pense aussi, qu'un régent sera bientôt élu et gouvernera jusqu'à ce que le fils du Roi Brovas ne soit en âge de régner. 

— Pourquoi ne pas couronner le régent légitime, dans ce cas ? Le Seigneur Duran Orilen des Rivières Blanches, ou son cousin...je ne me souviens plus de son nom... L'un d'eux devrait garantir la succession. L'héritier vient de naître. Il faudra une quinzaine d'années avant qu'il ne puisse supposément régner. 

Au plus je m'exprime, au plus leurs lèvres se pincent de désapprobation. Je me tais alors, comprenant que le sujet Duran rebute les gens du Sud. Cela ne m'étonne pas, mais je ne m'attendais pas à de tels airs austères. 

— Ma Dame, si vous me permettez, je vous...

Je ne l'écoute pas, me relève sous leurs regards perplexes, attrape un par-dessus en dentelles et file hors de la chambre. Elles poussent des hoquets troublés et me suivent probablement. Je m'aventure au hasard, rencontre de nombreux serviteurs et gardes qui baissent les yeux à mon passage, certains rougissent de cette tenue nocturne. Je m'en moque. Je dois m'entretenir avec mes compagnons. Tout de suite. J'arrive dans des dédales plus larges, qui débouchent sur une salle de réception. Le grand hall ne devrait pas être très loin. J'y arrive aisément ; des piliers soutiennent le haut plafond et des tapis aux nuances bleu et vert recouvrent toute la surface au sol, quelques courtisans sont assis sur des bancs ou marchent bras dessus bras dessous. Je reconnais la chevelure lisse et brune, le corps élancé et armé d'un arc sans carquois et d'un poignard elfique de Merialeth. Les servantes cessent de me talonner, lorsqu'elles voient la guerrière sylvestre.    

— Par la grâce d'Avarae, vous voilà éveillée...et en pleine forme, paraît-il. 

— Je ne suis pas sûre. Mes jambes me portent et mon esprit fonctionne à peu près correctement, donc je suppose que je suis en pleine forme. Que s'est-il passé, Merialeth ? Où sont les autres ? Il nous faut discuter de...eh bien, de tout. La forteresse n'était pas la conclusion de notre voyage, mais un simple arrêt vers la suite de notre quête. 

Tout comme les servantes, ses lèvres se pincent et elle affiche une mine consternée qui ne me rassure pas. Elle me fait signe d'avancer à ses côtés et nous conduit jusqu'à nos compagnons. 

— Sachez que l'assassin du Roi est mort. Les gardes, après votre intervention inattendue, se sont empressés de lui mettre les fers, mais l'Homme, enfin Duran, a réagi plus vite qu'eux. En tant que Maître des Portails, ces chaînes ne l'auraient pas retenu. Dès son réveil, il se serait enfui et la forteresse ne contient aucune cage, aucune menotte capable d'empêcher l'usage de son pouvoir. Duran l'a donc tué sans procès. Choix que nous avons tous approuvés, y compris les gardes du Roi, sonnés par ce meurtre cruel. Vous êtes devenue plus pâle qu'un cadavre, vous trembliez, des sueurs et des gouttes froides vous ont torturée jour et nuit. Par chance, Maître Torebok a rapidement gagné une certaine réputation auprès des membres du conseil. Il s'est imposé en sauveur de toutes races, et ils ont pris des notes à chacun de ses mots. J'exagère à peine. Il a ordonné à ce que vous soyez soignée à tout prix, que personne n'approche de votre chambre et que des gardes la préservent d'intrusion indésirée constamment. Il a ensuite disparu avec les conseillers. Ne craignez rien. Il va bien. Son Altesse, enfin Laerran, a pu le rejoindre et il s'avère que Maître Torebok s'est muré d'un silence inquiétant. L'arme à ses pieds, le front plissé et l'expression bouleversée. Son Alt-Laerran n'a pas réussi à lui tirer plus d'une syllabe. La nouvelle de votre réveil le réjouira peut-être. 

— Qu'importe ce qu'il a découvert sur l'arme, il ne s'agit pas d'une bonne chose, conclus-je et elle acquiesce tristement. 

Tous les courtisans, et même les domestiques, sont habillés de noir. Merialeth me dépasse à un tournant et m'ouvre une porte menant à un petit salon privé, ce que les Dames appellent un boudoir. Quatre femmes y sont assiégées, pipe à la bouche. Elles ne dérogent pas au code couleur, mais leur deuil est feint. Elles ricanaient à notre arrivée et retournent à un mutisme solennel. Contre toute attente, Laerran leur tient compagnie. Ou plutôt elles l'ont agrippé et en accord avec les règles de gratitude et de courtoisie de sa race, il n'a pas refusé l'invitation forcée. En revanche, il ne leur adresse aucune attention, fixé devant une fenêtre. Rien qu'à son aura, il apparaît évident que le dehors et la nature lui manquent. Il déteste l'enfermement, que ce soit dans une prison, une caverne ou une maison quelconque. L'une lui jette un regard aguicheur, le reluquant sans gêne, deux autres scrutent méchamment Merialeth, la prenant pour une rivale, je dirais, et la dernière m'étudie de haut en bas. Elle réprime tant bien que mal un rictus moqueur, mais ses yeux arborent toute son hilarité. Ma tenue de nuit fait sensation.    

— Votre Altesse, Dame Aeryn s'est réveillée.

Cela suffit pour que Laerran fasse volte-face. Son regard empreint de tourments s'efface au profit d'un sourire enjoué. Cela déplaît fortement aux courtisanes. Éventails en main, elles ne pipent mot quand nous sortons de cette pièce étouffée, l'odeur de feuilles à fumer sur les vêtements. Nous nous réfugions sur la terrasse d'un bureau vide, à l'abri des oreilles indiscrètes. Merialeth s'éclipse promptement, déclarant que Maître Torebok doit être averti à son tour. Nous conversons à voix basses, prudents. 

— Vous nous avez fait très peur, Dame Aeryn. Grâce à vous, la mort du Roi Brovas a été vengée.

— Par Duran. Qui l'aurait cru ? Où est-il ? 

Ce même pincement de lèvres... Vont-ils me dire ce qu'il s'est passé, à la fin ? Laerran est moins enclin que les servantes ou Merialeth à opter pour des chemins détournés. Il ne dévie pas du sujet et m'avoue la vérité, avec la lassitude innée des Elfes en relatant des événements de mortels qu'ils ne comprennent pas. 

— Duran est présentement enfermé dans les prisons de la forteresse. Non, ne vous énervez pas. Je vois à votre...tenue que vous vous êtes déjà précipitée ici, sans prendre de repos au préalable. Ménagez-vous. La magie que vous avez puisée... D'accord, très bien, je ne vous ferai pas de leçon. Vous n'en avez pas besoin, de toute façon. Ils ont enchaîné Duran, car ils le soupçonnent du meurtre du Roi. Ils n'ont pas douté de Torebok, ni de nous, les Elfes, qu'ils estiment inaptes aux mensonges, ni de vous. Mais ils se sont mis en tête que Duran aurait parfaitement pu jouer un double-jeu depuis le début. En plus, il a tué le Maître des Portails. Un réflexe pour un soldat comme lui, j'en suis convaincu, mais qu'ils ont interprété comme une tactique de sa part pour dissimuler ses traces. Ils nous ont suggéré de réfléchir à notre loyauté et amitié envers lui. Le conseil du Roi, en particulier, s'est montré impitoyable avec lui. Torebok et moi avons dû supplier pour qu'ils acceptent de le nourrir. 

À ces mots, une pensée me saute à l'esprit. Il discerne le changement brutal dans mon regard et m'incite à poser la question qui me taraude désormais.

— Quelqu'un d'autre est absent. Où diable ont-ils amené Veseryn ? Que lui ont-ils fait ?

Laerran soupire, presque dramatique.

— La jeune Veseryn... Vous la connaissez bien. 

— Elle a pris la défense de Duran.

— Oui, et elle s'est révélée très dure à faire taire. Ils ont profité d'un repas pour glisser des plantes soporifiques dans son verre. J'en ai senti le parfum, Merialeth également, mais nous nous sommes dit que du repos ne lui ferait pas de mal. Depuis elle boude en refusant de nous parler. En d'autres termes, elle va bien. Le Sud nous a traités avec générosité, et parfois avec grande estime. Seul Duran a souffert de leurs...préjugés. 

Mon interminable et bruyante expiration ne trompe pas ; Laerran considère sans un mot mon exaspération. D'ici, la plaine est visible. Tout le flanc ouest se délimite par une zone noircie, brûlée ; à l'est, l'herbe piétinée ne repoussera pas avant des mois, les pruniers sont carbonisés, les vergers ont été saccagés, les champs dévastés. Hormis des patrouilleurs du Sud, nul n'erre sur cette terre abîmée. Les sauvages ne la souillent plus, mais ils l'ont imprégnée de leurs barbaries. Cet endroit ne redeviendra pas ce qu'il fut, jamais. Lacia HoldBorg se souviendra pour toujours de ce siège. 

— Jusqu'à ce que Torebok daigne nous partager ses découvertes...

Laerran hésite. Il s'avance au bord de la terrasse, s'y appuie en imitant ma position, puis ramène ses bras le long du corps. Nerveux.

— Je me remémore avec précision chaque ligne de cette lettre. Elle me... J'y ai souvent repensé ces jours-ci. 

De sa ceinture, il extirpe le papier plié et replié.

— Je l'ai empruntée. Pour que les domestiques ne tombent pas dessus et s'en débarrassent par mégarde. Et pour la relire. 

— Vous vous êtes adouci à propos de votre père, deviné-je.

— Oui et non. Je saisis ses raisons et son comportement, de ma naissance à aujourd'hui, cela s'explique en partie par ce qui est décrit dans cette lettre. 

Ses yeux s'égarent à l'horizon. Voit-il le Fleuve Agité de cette terrasse ? 

— À vrai dire, je ne l'imaginais pas être un Roi soldat. L'on m'en avait raconté de nombreuses histoires, mais je n'y croyais pas. En deux cents années, le Roi Faerran n'a pas quitté ses bois. Que ce soit pour faire la guerre ou par diplomatie, d'ailleurs. Le retrouver ainsi à Rae Shakhar, après avoir lu cette lettre...

Je suis émue par ses propres émotions. Une profonde désolation émane de nous deux ; lui parce qu'il ressent une confusion écrasante au sujet de son père, et moi, je suis navrée pour ce gâchis familial. Fort heureusement, les Elfes vivent pour l'éternité. L'espoir perdure tant qu'ils respirent. Je parie que, à la fin de cette guerre, ils converseront longuement, s'échangeront leurs vérités et tout ira mieux entre eux. Je l'espère vraiment. 

— Puis-je vous demander la signification de la note complémentaire ? 

Je me doutais que cela le rendrait curieux.

— Gardez la lettre, Laerran. Elle vous sera plus utile à vous qu'à moi. Je peux vous le dire, désormais, parce que je ne compte pas m'exiler de nouveau. À quoi bon ? Figurez-vous que je me terrais dans les terres désolées du Nord. Oui. Oui, je vous assure, j'étais là-bas. Les Huit n'auraient effectué aucune recherche de ce côté-là du monde. Ils ont anéanti les beaux et orgueilleux Royaumes mortels du Nord, ils en ont fait des territoires irrespirables et damnés. En fait, n'importe qui pourrait s'accoutumer à l'air. Vous désirez en savoir plus sur cette note complémentaire ? Faerran ne s'est pas questionné sur le lieu de mon exil. Il a immédiatement anticipé mon but principal après avoir causé le Grand Éboulement de Iovannen, après avoir tant perdu et souffert. Je n'étais animée plus que d'une envie. Sauver le peu de malheureux que je serai en mesure de sauver. Les Huit ont négligé leur travail sur les terres désolées. Ils ont abandonné derrière eux des innocents, des individus à moitié morts, des infirmes. Surtout, des gens qui renonceraient coûte que coûte à la fuite ou à la servitude et préféreraient attendre la mort. J'ai réuni autant de ces personnes que possible. Avec les plus robustes, nous avons prodigué des soins aux blessés, enterré les défunts et reconstruit leurs maisons à partir du néant. Ils m'ont élevée au rang de Reine, d'autres me nomment Dame du Salut... Je ne suis qu'une âme tout aussi désorientée qu'eux. Les survivants se sont remis de toute cette horreur, ils ont érigé des villages à proximité de la Mer du Nord, échappant à la vigilance malveillante des Huit. Ces villages se sont repeuplés. Deux cents ans plus tard, la vie poursuit son cours. La plupart ont oublié le drame qui s'est abattu sur leurs grands-parents et arrière-grands-parents. Dans cette note complémentaire, Faerran me promet d'envoyer des messagers pour prendre soin d'eux, jusqu'à mon retour. Il m'a fallu trois jours pour persuader ces bonnes gens que les Elfes n'attireraient pas le mal sur eux et que mon départ était nécessaire. 

Laerran opine du chef tout du long. Et puis, soudain, il songe à quelque chose et ne peut s'empêcher de sourire. Sa main se pose instinctivement sur ma joue, si intime que j'en sursauterais presque. 

— Vous voyez, l'Obscurité ne l'emporte pas sur vous. Votre âme, peu importe qu'elle soit désorientée ou en peine, ne s'écartera jamais vraiment de la Lumière, même dans les sombres moments de la vie. 


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