Chapitre 7

Mes yeux s'ouvrent comme des soucoupes et je pousse sans ménagement Hissan dans la salle de bain en prenant soin de fermer la porte derrière moi. Liam entre dans la pièce et me regarde avec mépris. J'espère que mes moments à deux et mon angoisse ne se lit pas sur mon visage. Liam ne semble pas s'en rendre compte, mais semble remonté pour une chose qui m'échappe.

- Ça va ?

Liam me lance le regard le plus sévère qu'il a en stock mais son animosité ne semble pas venir de ma fuite lors du dîné. Je pose les yeux sur la table pour éviter son regard et finis par tomber sur mon alliance. Je m'élance rapidement mais sans éveiller ses soupçons pour la remettre à mon doigt, cachée dans mon dos.

- Ils n'avaient pas l'air convaincu.

- Je suis désolée.

- Mais bien sûr.

Je me recroqueville sur moi-même. Je n'aime pas quand il rejette ma condescendance. J'essaye d'être aimable envers lui alors que lui ne fait vraiment aucun effort. Je me demande encore pourquoi j'en fais. Je réfléchis à un moyen de faire sortir Hissan de la salle de bain sans que Liam ne le voit. Par chance, c'est lui qui me donne l'idée.

- Je redescends boire quelque chose.

Il me regarde de haut en bas sans vergogne.

- Et change-toi ! Je n'aime vraiment pas cette robe.

Il claque la porte avec force et je sursaute. Je reste figé devant la porte blanche que je bénis d'être encore en un seul morceau. Tellement perdu, je ne remarque pas Hissan déjà sortie de la salle de bain.

- Tu veux de l'aide ?

Je sursaute en mettant ma main sur ma poitrine pour tenter de faire ralentir le rythme effréné de mon pauvre cœur. Il en voit de toutes les couleurs en ce moment.

- M'aider pour quoi ?

- Enlever ta robe.

Son petit sourire en coin ne lui ressemble pas du tout mais je comprends ce qu'il essaye de faire. Je lui souris avant de poser mes deux mains sur son torse pour le pousser en arrière. Je sais qu'il n'oserait jamais mais son amusement réchauffe mon cœur.

- Mais bien sûr. Tu devrais partir avant que Liam ne rentre.

Sa mine boudeuse est très révélatrice de ses sentiments. Moi non plus, je n'ai pas envie qu'il s'en aille mais j'ai peur de ce qui pourrait arriver si Liam revient. Hissan s'approche de moi et me serre fort dans ses bras. Je pose ma tête sur son torse et hume son odeur de bois et de sève. La douceur de sa chemise contraste avec la force qu'il met dans notre étreinte. La chaleur de son corps contre le mien est très réconfortant et j'aimerais ne plus jamais en sortir. Liam est tellement froid qu'être près de lui n'a aucun intérêt.

Quand il me lâche, je me fais violence pour ne pas m'accrocher à son pull comme un petit singe. J'aimerais tellement ne pas avoir à me cacher comme une vulgaire infidèle. Il embrasse amoureusement mon front avec beaucoup de tendresse, me lance un léger sourire avant de déguerpir.

Le temps passe et Liam reste anormalement distant. Je suppose que son échec en affaire le frustre. En tout cas c'est pour mon plus grand plaisir. Ce qui me frustre moi, c'est que je m'ennuie. Plus les jours passent, moins je trouve de façon pour m'occuper. Je regrette mon travaille d'enseignante et même écrire ne me passionne plus autant.

A chaque fois que je regarde par la fenêtre, je pense à Hissan que je n'ai pas vu depuis cette fameuse soirée qui à fait chavirer mon cœur encore plus d'un autre bord. Je ne pense plus qu'à ça, pendant tout ce temps qui défile, à chaque fois que Liam m'emmène dans un restaurant ou me rejoint dans le lit. Je n'écoute même pas ce que ses investisseurs débitent, regardant autour de moi ou bien le fond de mon assiette.

Ce soir, Liam sort avec ses amis présents sur place, pour décompresser avant que certaines des grandes pompes qu'il a tenté de convaincre lui donne son verdict. Quand la porte claque enfin, je me dépêche de retirer le peignoir blanc qui recouvre la petite robe rouge volante que j'ai enfilé sans qu'il ne s'en rende compte. J'attrape mon minuscule sac à main noir, rappelant la couleur de mes bottes et sort sans dissimulation de la chambre. Quand je pose les pieds dans le hall, la réceptionniste m'interpelle.

- Madame O'Neal, vous n'êtes pas autorisée à sortir.

Je lui souris, pose un billet sur le comptoir et continue mon chemin.

- Moi, j'en ais rien à foutre.

Je laisse mes cheveux voler dans mon dos. Une fois sur le trottoir de l'hôtel, je prends la direction de la première boite de nuit qui croisera mon chemin. Il me suffit de montrer ma carte d'identité pour pouvoir entré. Je ne perds pas de temps pour aller me défouler sur la piste de danse, sous une musique trop forte, au milieu de corps en sueur, suintant l'alcool et l'ivresse.

Je me laisse aller, libérant toute ma frustration d'être resté aussi longtemps enfermé comme une vulgaire prisonnière. Et ça fait un bien fou ! Défier le contrôle de Liam est grisant, au point que quand deux mains se posent sur mes hanches, je ne les repousse pas. Même quand l'homme approfondis notre étreinte, je me laisse faire. J'ai besoin de cette échappatoire dans ma vie beaucoup trop banale. Je continue mon petit manège, toute en sensualité, laissant mon corps se frotter sans vergogne contre l'homme derrière moi. A mon grand soulagement, et même après un peu d'hésitation, l'inconnu suit mon jeu en caressant mon ventre et mes bras suivant la position que je prends. Les cours de gymnastique, que j'ai pris petite, me rende souple et gracieuse dans mes mouvements. Quelle ne fus pas ma surprise en voyant Hissan quand je me retourne enfin.

- Qu'est ce que tu fais là ?

- Tu n'es pas discrète, jeune fille. Je t'ai vu partir de l'hôtel dans ta magnifique robe rouge pétante. Je pense que tout le monde t'a vu.

Je plisse les yeux. J'ai l'impression d'être suivit qu'importe où j'aille. Ça ne m'étonnerait même pas que Liam me fasse surveiller. Ne me voyant pas répondre, Hissan me prend de nouveau dans ses bras et nous engageons une sorte de slow sur une musique dix fois plus entrainante. La pression de ses mains sur mes reins, intensifie la chaleur de mon corps. Notre silence se prolonge, ma tête posée sur son épaule, la sienne dans mes cheveux.

- Ça me tue d'être loin de toi.

Je relève la tête vers lui. Mes dents viennent titiller ma lèvre inférieure. Il faut dire que mon propre cœur pense la même chose alors qu'au loin, ma tête me hurle dans un bruit étouffé que je suis toujours, et malheureusement, mariée à Liam. Vingt-cinq ans, et déjà coincée dans une relation toxique qui m'empêche d'être avec la personne qui m'est le plus destiné.

Je regard tout autour de nous avant de prendre sa main et de sortir de cette boite de nuit étouffante. La vague d'air frais qui m'assaille en sortant me fait frissonner mais je ne m'arrête pas sur ma lancée. Hissan me stoppe net quand nous arrivons sur le parvis de l'hôtel. Je tombe littéralement de haut.

- On ne devrait pas entrer tous les deux ensembles.

Je baisse la tête, dégouttée comme une gamine de six ans. Je finis par lâcher sa main.

- On se retrouve en haut alors ?

Il acquiesce et s'engouffre dans la petite ruelle attenante à l'hôtel. Je souffle un bon coup avant d'entrer par la porte de devant où la réceptionniste lâche un profond soupire. Je ne suis pas la seule à avoir peur de Liam. Dans l'ascenseur je regarde l'heure sur mon portable et remarque que je suis partie depuis déjà deux heures. Je ne les ais vraiment pas vu passer. Hissan m'attend devant la porte de la chambre. Je ne prends même pas le temps de le regarder et entre sans ménagement.

- Tu me fais la gueule ?

Je lève les sourcils et jette mon sac sur la table.

- Tu devrais me comprendre...

Je lâche un soupire d'approbation. Ça me rend malade de ne pas pouvoir m'afficher avec lui, tout ça est de plus en plus dur à supporter. Je me retourne vers lui avec une moue d'excuse à laquelle il répond en venant poser ses deux mains de part et d'autre de mon corps sur la table sur laquelle je suis appuyée. La porte se referme d'elle-même, nous plongeant dans la peine ombre, la pièce à peine éclairée par la réverbération des lampadaires, quatre étages plus bas. La lueur orangée vient faire briller ses yeux, lui donnant un air de prédateur que je ne lui connais pas, pour la simple raison qu'il est la personne la plus douce que je n'ai jamais rencontré. Ses lèvres s'approchent à tous petit pas vers les miennes, tandis que ses yeux ne quittent plus les miens.

Nos lèvres se frôlent presque quand la mélodie stridente de mon portable empli entièrement la pièce. Hissan souffle en baissant la tête, tandis que je fais redescendre mon rythme cardiaque. Mon amant se retourne pour trouver l'interrupteur de la petite lampe de chevet pendant que je cherche la source de notre trouble. Quand je lis le prénom de la personne sur l'écran, un sourire vient se peindre sur mon visage.

- Allo ?

- Et bien, tu prends un temps considérable à répondre.

- Tu viens d'interrompre un rêve éveillé.

Louisa rigole à gorge déployée dans le combiné, me forçant à l'éloigner de mon oreille.

- Je me disais que ça faisait un certain temps que je ne l'avais pas vu dans les parages.

C'est à mon tour de rigolé sous l'œil interrogateur de l'indien en face de moi. Louisa déblatère encore dans le téléphone et il faut dire, qu'entre le regard de braise qui me déshabille et les mains qui se baladent sur mon corps, j'ai du mal à la suivre. Jasmine s'en rend compte sans me voir car je l'entends réprimander Lou dans le téléphone.

- Lou ! Je te rappelle demain d'accord ? Bisous.

Je ne la laisse même pas répondre et me retourne pour me jeter littéralement sur la bouche pulpeuse du brun. Il me sert plus contre lui quand notre baiser s'intensifie et que nos langues se touchent. Mon cœur explose littéralement dans ma poitrine alors qu'une chaleur douce et exquise se répand dans tous mon corps. Je viens passer mes bras autour de sa nuque pour coller encore plus nos deux bouches, avide de sentir ses lèvres, comme si je redécouvrais ce que c'est d'aimer, embrasser, ressentir des émotions, comme une adolescente. Je me sens adolescente. J'ai l'impression d'avoir loupé une importante partie de ma vie que je découvre enfin.

Je viens jouer avec ses cheveux, touchant sans le vouloir la bague à mon doigt qui devrait me rappeler à l'ordre. Je descends mes deux paumes et dessinant les courbes de son corps avant de le repousser légèrement. Nos lèvres se séparent, nos paupières se rouvrent et mes doigts viennent tourner autour de la bague. Nos deux regards tombent sur mon trouble. Hissan s'empresse de retirer mes mains de ma vue, ne m'empêchant pas de sentir l'horrible lien invisible qui me relis toujours à Liam.

- On s'en fout. Profite de l'instant présent.

J'acquiesce. Il se penche vers moi et repose ses lèvres si addictives sur les miennes. Je savoure tellement ce baiser que je ne remarque pas le rai de lumière qui nous éclaire. C'est le regard interloqué d'Hissan quand il me repousse qui me ramène à la réalité.

Liam est sur le pas de la porte. La lumière m'empêche de voir son visage mais j'imagine bien ce qu'il ressent. Mon seul réflexe est de me mettre devant Hissan pour le protéger de mon mari. Le plafonnier s'allume brusquement, m'aveuglant un temps, jusqu'à ce que je me retourne vers la haine pure qui sort par tous les pores de la peau de Liam.

- C'est quoi ce bordel ?!

- C'est... ce n'est pas ce que tu crois...

Un rire rauque sort de sa gorge alors qu'il tourne la tête dans tous les sens.

- Ce que crois ?! Sa langue était littéralement dans le fond de ta gorge et ce n'est pas ce que je crois ?!

Je grimace. Ok. Ce n'était pas la meilleure phrase que je pouvais sortir, mais son regard méprisant et menaçant me fait perdre les pédales.

- Toi ! Dégage avant que je perde mon sang froid.

Hissan fait un pas vers la porte avant de dirigé son visage vers moi pour finalement, sortir à contre cœur de la chambre. Liam ferme violement derrière lui, me faisant sursauter. Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il va m'arriver qu'il me prend méchamment le poignet droit et m'envoie contre la table qui cède sous mon poids. Mes larmes sortent automatiquement avec la violente douleur que je ressens dans mon dos. Je me laisse glisser sur ventre afin de tenter de me relever mais un violent coup de pied m'envoie valser deux mètre plus loin, coupant ma respiration et me faisant cracher du sang.

- J'en reviens pas que tu me fasses ça ! Tu ose me tourner en ridicule avec... le serveur ? Après tout ce que je t'ai donné, tu ose me faire ça !

Mes pleurs redoublent avec les sifflements sortant de mes poumons à chaque respiration. Un deuxième coup m'atteint au ventre. Mon ouïe se coupe en même temps que toutes les perceptions de douleur. Liam fait les cents pas, de ce que je vois et s'en va en me laissant pour morte. Je sens un liquide froid entourer mes jambes avant que je ne m'évanouisse pour de bon.

La lumière aveuglante de l'hôpital m'empêche d'ouvrir les yeux pendant quelques minutes. Quand je peux enfin les ouvrir, je remarque qu'une dizaine de lits sont alignés contre un mur et je suis sur l'un d'eux. Hissan est assis par terre contre le même mur, semblant assoupit. Quand je bouge, voulant absolument sortir d'ici, le lit grince et Hissan se relève pour me plaquer contre le lit.

- Reste tranquille, tu as deux côtes cassées.

A l'instant où il me le dit, la douleur se ravive et me plaque contre le lit. Un docteur du sexe féminin arrive la mine renfrognée, ce qui n'augure rien de bon.

- Madame O'Neal... je suis désolée mais le bébé n'a pas survécu.

- Le bébé ?!

J'ouvre de grands yeux, complètement interloquée. Je ne savais même pas que j'étais enceinte. Liam arrive en courant, l'air inquiet, ravivant la colère d'Hissan qui sert les poings dans ses poches.

- Je suis désolé, ma chérie...

Il tente de me prendre la main mais je me dérobe. Revenant enfin à moi, je pose sur lui, le plus haineux des regards. Il a un mouvement de recule, laissant la place au médecin de s'échapper.

- Aurore...

- Non ! J'en ais marre Liam. C'est... la troisième fois que je perds le bébé à cause de toi... c'est la fois de trop ! Je veux le divorce.

- Quoi ?!

Liam se recroqueville dans sa colère alors qu'Hissan à instantanément arrêté de nous écouter dès que j'ai explosé. La présence du natif n'échappe pas à mon mari qui s'énerve aussitôt.

- C'est à cause de lui ?!

- Non ! C'est ton comportement qui me force à faire ça. (il tente d'ajouter quelque chose) Barre-toi, je ne veux plus te voir.

Liam baisse la tête, la main sur le menton avant de replongé ses iris dans les miens.

- Tu ne t'en sortiras pas comme ça.

- DEGAGE !

Un silence s'installe dans l'immense pièce alors que tous les regards convergent vers moi. Liam se mord les joues avant de sortir sans tarder. Je me recouche sans ménagement sur le lit m'arrachant une complainte.

La réalité me frappe de plein fouet, faisant déborder mes larmes qui viennent dévaler mes joues. Hissan, hésitant, vient prendre ma main dans la sienne pour me témoigner son soutient.

- Trois...

- ...Fausses couches. Je sais.

Il fronce les sourcils, toujours sans me regarder pour finalement relever la tête vers moi.

- Tout ça parce qu'il te bat ?!

Je me mords la lèvre, ne sachant pas vraiment quoi répondre. Il a totalement raison et je n'en ai jamais parlée à personne.Pourquoi parler d'une chose qui n'existe pas ? Louisa avait peur que je finisse à l'hôpital, mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que ce n'est pas la première fois.

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