Chapitre 6

Je boucle ma valise sous le regard triste d'Hissan. Le jour fatidique est arrivé et rien ne pourra l'empêcher. Je me blottis dans ses bras et respire son odeur de sève et de sciure mélanger. Je sens qu'il va terriblement me manquer comme Liam ne m'a jamais manqué. Je l'ai eu au téléphone il a quelques heures alors qu'il semblait vraiment très heureux de venir me chercher. Je quitte le paradis pour l'enfer.

- Tu pourrais rester.

- Je ne peux pas.

Il s'éloigne de moi. Je sens sa colère mais je ne peux rien y faire.

- Arrête de dire ça, il suffit de l'envoyer chier ! Je ne te comprends pas ! Tu n'es pas heureuse avec moi ?!

- Bien sûr que si mais rien est aussi simple.

- Pourtant ça le devrait !

Je retiens mes larmes qui menacent de s'échapper alors qu'il secoue la tête dans tout les sens. Je ne veux pas me retrouver dans les bras d'un autre que lui mais bien qu'il est mon cœur, je me suis engagée auprès d'un autre et je ne peux pas aller à l'encontre.

Une voiture de luxe, blanche immaculée de la marque Audi, fait son entrée dans le village. Les gens autour sont émerveillés par la classe que dégage le bolide alors que moi je me demande comment elle a pu venir ici sans dommage. Depuis l'entrée de ma case alors qu'Hissan a déguerpi par la fenêtre, je regarde Liam descendre de son horrible voiture avec une tenue décontractée qui moule ses formes, imposant le respect.

Ses lunettes de soleil sur le nez, il s'avance vers moi avec une démarche nonchalante pour venir m'embrasser sans aucune gêne. Ce baiser ne me procure aucun plaisir et me dégoute presque. Même le sourire niait sur son visage me donne envie de vomir. Mais je fais semblant, semblant d'apprécier ses caresses et sa brutalité, sa présence au près de moi.

- C'est ta valise ?

- Oui.

Je me retiens de sortir une pique sarcastique qui l'énerverait pour simplement me taire. Louisa s'avance sous le regard dubitatif de Liam.

- Je t'attends dans la voiture.

J'acquiesce et le regarde partir. Louisa me fait une rapide accolade en regardant derrière moi. Je trouve Hissan au bord de la fenêtre, les larmes aux yeux. Je le serre fort contre moi, les gestes valant plus que les mots et l'embrasse comme si c'était la dernière fois. Je ne l'espère pas.

Je me dirige finalement vers la voiture croisant Mia qui a visiblement pleurée. Je caresse sa joue avec un grand sourire et monte dans la voiture blanche. Liam démarre aussitôt et je regarde défiler le paysage dans le chemin inverse pour retrouver la civilisation.

Je range mes affaires sans grand entrain dans les meubles mis à disposition dans la chambre d'hôtel luxueuse qu'a réservé Liam. Tout est blanc, sans aucun défaut ni trace d'usure, si bien que j'ai l'impression d'être dans un hôpital.

- Tu veux manger quoi ?

- Je n'ai pas très faim.

- Ce n'était pas la question.

Je me mords la lèvre avant de me retourner vers lui. Il regarde le menu de l'hôtel, le téléphone à la main.

- Une salade alors.

- Tu as raison. Ça t'évitera de grossir.

Merci du compliment. Une fois la commande passée, il pose les choses qu'il tenait dans ses mains pour venir vers moi. Je reste appuyée contre le meuble sans bouger, le regard baissé.

- On a beaucoup de chose à rattraper.

Je retiens un haut le cœur avant qu'il n'attrape mon menton pour plonger mes yeux dans les siens.

- Regarde-moi, quand je te parle.

J'hoche la tête sans détourner les yeux pour ne pas avoir de représailles. Il me fait peur. C'est la première fois que je ressens ça en sa présence. Je n'ai jamais eu peur de lui avant. Il vient se coller à moi, me forçant à ouvrir les jambes, pour embrasser mon cou. Un gémissement d'horreur sort de ma bouche, qu'il prend pour du désir. Il plaque mes mains contre le meuble pour que je ne fasse aucun geste et je ne me débats pas. Je sais qu'il aime être en position de force, je ne vais pas faire ma rebelle. Même si j'aimerais être partout sauf ici, dans ses bras, alors qu'il a la furieuse intention de me baiser.

Je suis sauvée par des coups à la porte. Liam retire sa prise sur moi en grognant pour ouvrir au groom service. J'halète pour reprendre le contrôle de mon adrénaline et de ma respiration après la peur panique que je viens d'avoir. Quand il revient vers moi avec le chariot, je m'empare de ma salade et la mange sans un bruit avant de prétexter avoir besoin de me laver.

Sous le jet puissant de la douche, je reprends mes esprits. Mes larmes me viennent toutes seules, se transformant très vite en sanglot étouffés. Je m'affale sur le sol, me recroquevillant dans un coin pour pleurer tous mon soul. Je suis fatiguée de vivre comme ça. Jasmine avait raison, personne n'aime vivre comme ça. En tout cas, pas qu'en on a enfin trouvé une raison de vivre.

Je sors près d'une heure plus tard en peignoir sous le regard satisfait de mon mari. Je le laisse donc faire tout ce qu'il veut de moi si je ne veux pas finir avec de nouveau bleu. La nuit me paru bien longue.

Le lendemain, je demande à Liam si je peux faire du shopping et il accepte, m'encourageant à trouver une robe pour la réception avec les actionnaires de ce soir. Je marche tranquillement dans la rue quand je me fais happer dans une ruelle entre deux bâtiments, une main sur la bouche. Je me débats jusqu'à entendre la voix que je connais si bien maintenant.

- Calme-toi, ce n'est que moi.

Le simple son de sa voix me fait monter les larmes aux yeux. Quand je me retourne, Hissan me regarde déboussolé et inquiet.

- Que t'arrive-t-il ? Je t'ai fait mal ?

- Non. Je suis heureuse de te voir, tu n'imagines pas.

- Et ça te fait pleurer ?

Un sourire amuser se peint sur ses lèvres alors qu'il me prend de nouveau dans ses bras. Mon cœur explose dans ma poitrine quand je plaque mon corps contre le sien, je le serre tellement fort qu'il en rigole. Je dois avoir l'air d'une gamine apeurée mais je ne veux plus le lâcher.

Après un temps qui me parait long dans le silence le plus complet, Hissan remonte mon visage vers le sien et m'embrasse. Mon cœur se met en mode marathon tandis qu'une douce chaleur s'insinue en moi. J'aimerais effacer la nuit précédente en m'abandonnant dans les bras d'Hissan mais je sais qu'il ne voudra pas et ce ne serait pas correct.

- Pourquoi te baladais-tu ?

- Je voulais me changer les idées et je dois me trouver une robe pour ce soir.

- Dans ce cas... (Il pose une casquette sur ma tête et remet mes lunette de soleil à ma vue sur mon nez) on va aller faire du shopping.

Je rigole et le laisse m'emmener à sa suite vers des boutiques de luxe où il n'aurait jamais pu entrer sans moi. Une chance que Liam soit riche. J'essaye plusieurs robes à la suite et me pavane sous les compliments hypocrites de la vendeuse et les remarques utiles de mon « ami ». Je finis par dénicher une sublime robe blanche (Pour continuer dans cette couleur) qui plait énormément à Hissan malgré qu'elle en montre peut être un peu trop. J'attends de voir la tête que fera Liam en la voyant, lui qui est ultra possessif. Je laisse à contre cœur Hissan au pied de l'hôtel pour me diriger vers la suite de monsieur Liam O'Neal.

Vers dix-huit heures, je commence à me préparer et finit au alentour de dix-neuf heures quand Liam rentre de son entretient avec de possible partenaire. Quand il voit la robe, il fronce automatiquement les sourcils.

- Tu m'explique ce que c'est ?

- Une robe.

- Ne joue pas au plus con avec moi, Aurore. Je t'ai demandé d'acheter une robe, pas un sous-vêtement.

Il me prend le bras de façon énergique au point de me faire mal. Je grimace à cause de la douleur et tente de le lui retirer mais il résiste.

- Je suis désolée, d'accord ? Mais il est trop tard.

Liam me lâche, de la fureur dans le regard. Il change de costume sans décolérer alors que je me masse le poignet qui commence à bleuir. Nous partons sans plus tarder au rez-de-chaussée de l'hôtel où ces futurs actionnaires nous attendent. Nos faux sourires collés au visage comme nous savons si bien les faires, nous les invitons au restaurant du palace où une table nous est réservée. Les hommes commencent à discuter entre eux alors que je fais office de potiche pour la soirée.

Je manque de m'étouffer quand je vois Hissan arriver, en tenu de serveur, un calepin à la main pour prendre les commandes. Je fais de gros yeux qu'il évite soigneusement, ne s'adressant qu'aux hommes. Liam commande un apéritif pendant qu'Hissan nous distribue les menus. Je n'arrive pas à détacher mon regard de lui tellement je suis abasourdi de le voir ici.

- Et madame, que désire telle prendre ?

Hissan me regarde enfin dans les yeux, comme toutes les personnes autour de la table. Je m'empourpre, incapable de répondre à une simple question. Liam finit par le faire à ma place. Hissan ne me quitte pourtant pas des yeux.

- Madame O'Neal, que vous est-il arrivé au bras ?

Liam me regarde sévèrement alors qu'Hissan reste impassible même si je vois qu'il s'inquiète.

- J'ai trop serrée un bracelet et avec le soleil de cette après midi, ça m'a valu un beau bleu.

- C'est ce qu'on voit. Ça doit faire mal.

Hissan me transperce du regard, déçu que je mente encore pour protéger la pourriture assise à côté de moi. Je fais des allers-retours entre lui et mon interlocuteur sans savoir quoi donner comme réponse.

- C'est supportable.

Hissan fait tomber l'un des verres qu'il prenait sur la table ce qui lui attire des remontrances de la part de mon mari. Je ne veux pas lui attirer d'ennui et je vois bien que le comportement de Liam l'exaspère, sa mâchoire est contractée. Celui-ci s'en va pour revenir quelques temps plus tard avec nos boissons.

Sa présence me chamboule complètement, si bien que je m'excuse pour aller aux toilettes et reprendre une contenance. Il rentre sitôt après moi dans la pièce et ferme la porte principale à clé. Je le regarde faire, les bras croisés afin qu'il s'explique. Il s'approche et prend mon poignet gauche pour l'examiner et me le placer devant la figure.

- Un bracelet trop serré ?

- Si on imagine que la main de Liam en est un, oui.

- Je ne rigole pas, Aurore.

J'arrête mon petit jeu et enlève ce masque ridicule que je portais à table. Hissan me connait assez bien pour savoir que je joue un rôle.

- Pourquoi t'a-t-il fait du mal ?

- Pour la robe.

Hissan me regarde de haut en bas sans aucune gêne. Mes joues s'échauffent sous son regard inquisiteur qui détaille chaque parcelle de mon minuscule corps. J'aimerais à cet instant qu'on soit tellement plus que des amants innocents qui se cachent de mon mari. J'aimerais qu'il soit à la place de mon mari.

- S'il n'est même pas capable d'avoir confiance en toi pour ne pas aller voir ailleurs, il ne te mérite pas.

- Mais je vais voir ailleurs.

Hissan grimace. Et oui, je n'ai pas du tout tord.

- Tu aurais confiance en moi, toi ?

- Bien sûr. Parce que je sais que tu es avec moi parce que tu souffres avec Liam. Je suis là pour toi, moi. (Il me montre mon poignet) Moi, je ne te ferais jamais ça.

Je lui souris puis l'embrasse légèrement pour ne pas qu'il est la marque du rouge à lèvre et me dirige vers la porte mais il m'arrête.

- Attends. Qu'est ce que tu attends de moi ?

Je fronce les sourcils. Je suis confuse, on dirait un reproche. J'ai peur qu'il pense que je me sers de lui pour oublier Liam. Mais je l'avais déjà oublié en arrivant en Inde.

- Absolument rien. je voudrais que tu m'attendes, le temps qu'il faut pour que je puisse enfin tourner la page.

Il s'approche de moi, soudainement très sérieux.

- Au milieu du repas, prétexte que tu ne te sens pas bien et rejoint moi à ton étage.

Mon visage s'échauffe rien qu'aux pensées les plus extravagantes qui me passe par l'esprit. Je crois que je me fais des idées sur la suite des évènements mais je suis heureuse qu'il propose de me voir. On risque de se faire prendre et s'est encore plus excitant.

Je rejoins la table et comme prévu, je m'excuse en prétextant un mal de tête pour monter à l'étage. Hissan m'attend, nonchalamment appuyé contre le mur en face de l'ascenseur. Il sourit en me voyant et prend ma main droite pour m'emmener jusqu'à la suite. A l'intérieur, il détail chaque parcelle de mur alors que moi je n'y ai prêtée aucune attention.

- Comment t'es-tu retrouvé à me servir ce soir ?

- Je connais bien le chef.

Il ne me regarde pas pour continuer d'inspecter la chambre si impersonnelle.

- Pourquoi n'es-tu pas resté là-bas ?

- Je m'inquiétais pour toi.

Il vient vers moi et me prend les mains pour me faire valser. C'est tellement romantique que j'imagine une salle de balle et une musique d'orchestre pour nous suivre.

- Cette robe est magnifique sur toi, Liam n'a pas les yeux en face des trous.

- Où peut être qu'il ne voit que le mal dans cette robe. Il a peur que tous les hommes me regardent comme de la convoitise.

- Ce soir il n'y en avait qu'un.

Il me regarde dans les yeux. Il semble triste. Il aimerait être à mon bras plutôt que Liam, surement avoir autant d'argent que lui pour m'offrir des palaces comme celui-ci et des cadeaux comme cette robe. Liam n'en a que faire de moi. Je ne sais même pas s'il m'a simplement aimé un jour et s'il s'est marié avec moi que par intérêt. Oui, bénéficié de la sublime héritière d'une grande compagnie anglaise est un bon partie.

- Tu n'as pas à envier Liam. Il a peut être beaucoup d'argent, mais plus personne ne l'aime pour l'homme qu'il est.

- Et pourtant, il a beaucoup de chance. Il la gâche sans s'en rendre compte.

J'arrête les pas de danse pour me contenter de regarder les yeux d'ébène de cet homme tellement beau devant moi. Moi, la chance, elle ne m'a sourit qu'en prenant ce job que j'ai dû lâcher au bout d'un mois.

- Tu es une fille extraordinaire. Liam est un gros con qui ne te mérite pas. Il te force à mentir pour lui.

Il passe son pouce sur ma chaire meurtrie, me provocant un frisson. Hissan ne sourit plus, il se mord les joues pour ne pas déverser sa colère quand il voit ce que j'endure tous les jours depuis trois ans. C'est alors qu'il pose ses doigts sur la bague en or qui entour mon annulaire gauche.

- Est-ce que tu m'épouserais ?

- Quoi ?

- Si tu n'avais jamais rencontré Liam, est ce que tu m'aurais aimé et tu aurais voulu m'épouser ?

- Le destin est imprévisible mais je suis sûr d'une chose, aujourd'hui, je veux faire ma vie avec toi. Je me fou de savoir si tu es riche ou pauvre, entrepreneur ou artisan, Indien ou Anglais. Je t'aime, c'est tout ce qui compte.

Il relève la tête vers moi et retire l'alliance de mon doigt. Il la pose sur la table derrière lui et vient m'embrasser langoureusement. Je m'accroche à sa nuque, désespérément. Il passe ses bras dans mon dos pour approfondir notre étreinte. Sa langue jouant avec la mienne me fait l'effet d'une explosion de sensation dans tout mon être. La caresse de ses mains sur mes bras et mes hanches m'électrise, me rend folle au point d'en vouloir plus.

Je m'accroche à la chemise qu'il porte, je suis prête à la déchirer s'il m'en donne l'autorisation. J'ai l'impression de le mener dans la mauvaise direction mais est ce que je suis la seule fautive, il ne me repousse pas. Je commence à soulever son haut pour le libérer de son pantalon mais il m'arrête d'une main.

Nos bouches s'éloignent alors que je me mords la lèvre inférieure. Je suis allée trop loin et je m'en veux. D'habitude c'est l'homme qui est trop entreprenant. J'ai l'impression de lui voler sa vertu.

- Je suis désolée...

- Ce n'est pas de ta faute, tu n'as pas été élevée comme moi.

- C'est-à-dire ?

Il me sourit en plongeant son regard dans le mien.

- C'est peut être un peu ancestrale, mais ma mère y tenait beaucoup. Elle me disait que si je voulais qu'une femme soit digne de moi, je devais l'épouser d'abord avant de profiter de ce qu'elle a à m'offrir.

Son sourire est contagieux. C'est vrai que ça semble archaïque, mais des gens pensent encore de cette façon. Je pense qu'on devrait tous penser de cette façon, on pourrait éviter tellement de problème. Je trouve que ce qu'il dit est très poétique. C'est assez respectueux envers nous, nous empêchant de devenir des jouets sexuels au service des hommes.

Le silence est interrompu par le clic de la carte magnétique dans le lecteur.

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