Chapitre 18

J'ai passé deux jours à faire tous les guichets de retrait de la ville, prenant le plus d'argent possible dans chacun d'eux. Ça m'énerve parce que ma mère et Hissan organise mon mariage pour qu'il se fasse le plus tôt possible et je ne peux même plus profiter de la présence de mon petit ami puisse que je le fuis comme la peste, ne supportant plus de lui mentir.

Au bout du troisième jour, j'ai enfin les dix mille livres que cette enflure veut m'extorqué. A contre cœur, je lui envoie un message pour lui donner rendez-vous dans notre ruelle habituelle. Je m'y rends à pied, histoire de pouvoir me faire à l'idée de cette rencontre. J'aimerais tellement que ça ne soit jamais produit et qu'il me laisse enfin la paix. Apparemment, ce ne sera pas de sitôt.

Alors que je longe la Tamise pour prendre le Millénium Bridge, je remarque qu'une voiture noire me suit. Mon angoisse monte d'un cran, persuadée que c'est Liam qui me suit à la trace. Je suis sûr qu'il me surveille, pour savoir tous mes faits et gestes, sinon comment il saurait que je n'ai toujours pas appelé la police.

Quand la voiture me dépasse et s'arrête sur mon chemin, je me fige, la main crispée sur la lanière de mon sac remplis d'une quantité inimaginable de fric. La portière s'ouvre et un homme avec des lunettes de soleil et un costume impeccable en sort. Je reconnais très vite l'agent qui était en charge de mon dossier contre Liam.

- Mme Hastings.

- Bonjour.

- Comment allez-vous depuis notre coup de fil ?

Je regarde tout autour de moi en replaçant lance de mon sac sur mon épaule. Je ne peux pas lui parler de Liam, il faut que je protège Hissan. Il sort une tablette de sa voiture et me la tend tout en mettant en marche une vidéo de surveillance. Je reconnais la banque, mais surtout mon corps emprisonné dans l'étreinte de Liam.

- C'est bien Liam O'Neal sur cette vidéo ?

Je serre les dents et plonge mon regard dans celui du policier. J'espère que mon visage sera assez convainquant pour qu'il se rende compte que je mens.

- Non. Je n'ai pas revu Liam depuis son procès.

Il acquiesce avant de sortir une carte de sa poche et d'écrire quelque chose dessus.

- Je vous donne mon numéro, si jamais vous avez des nouvelles de lui. Je vous donne aussi le numéro de mon coéquipier si je ne suis pas disponible.

- Vous savez, j'essaye comme je peux de me pas penser à lui pour préparer mon mariage avec mon nouveau fiancé.

- Félicitation.

Je prends la carte en hochant la tête puis déchiffre son écriture de mouche : « vous avez besoin d'aide ? »

- J'aurais besoin du numéro de votre conjoint si j'ai des questions.

- Ce n'est pas la peine.

Il me lance un regard sûr de lui et je prends une grande inspiration, comprenant qu'il veut que je réponde à sa question.

- Vous auriez un bout de papier et un crayon, je vais vous l'écrire.

Quand je prends le stylo, je tremble comme une feuille. Ce n'est pas très convaincant mais je n'ai rien à prouver. J'écris alors : « Ne vous mêlez pas de cette histoire, il a menacé la vie d'Hissan ». Il me sourit en lisant le papier puis me salut et retourne à sa voiture.

Je continue ma route jusqu'à la ruelle. Liam y ait déjà, les bras croisés, adossé à un mur, le visage impassible. Je tremble encore plus devant lui et il me faut m'y reprendre à deux fois avant de réussir à sortir les billets de mon sac. A peine à l'air libre, il me les arrache des mains et les met dans son propre sac.

- Heureux d'avoir fait affaire avec toi.

- Sérieusement Liam, laisse-moi tranquille. Tu es libre, tu as mon argent, tu peux t'enfuir où tu veux et refaire ta vie. J'ai vraiment besoin de refaire la mienne, loin de toi.

Comme il s'apprêtait à partir, il revient vers moi et me force à reculer de sorte que je me retrouve plaquée contre le mur de brique salle. L'une de ses mains vient heurté violemment la pierre à quelques centimètres de mon visage. Il approche alors le sien à l'opposé pour être sûr que je ne puisse m'échapper, je finis par sentir son souffle dans mon cou, proche de mon oreille.

Mes tremblements s'accentuent et sa proximité me répugne. Des nausées ne prenne soudainement et il me faut beaucoup de force pour ne pas lui vomir dessus.

- Mais je n'ai pas envie de te laisser libre, encore moins aux mains de ce connard.

Quand sa bouche touche la peau de mon cou, je n'arrive plus à me retenir. Je le pousse avec force et me baisse pour vomir sur le sol. Son rire rauque et guttural mélangé à l'odeur de la bile accentue les contractions de mon estomac.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? T'es enceinte de ce miséreux ?

- Non. Lui au moins il a du respect pour moi et il ne me saute pas dessus à la moindre occasion.

Ma réplique ne semble pas lui plaire et le coup de poing que je reçois en pleine poitrine me prouve que j'ai raison. La douleur est atroce, me coupe la respiration. Mes larmes s'échappent de mes yeux et dévalent mes joues tellement j'ai mal.

- Ne me compare plus jamais à cette vermine.

Et il disparait dans l'obscurité.

Il me faut un certain temps avant de pouvoir à nouveau respirer normalement et encore plus pour pouvoir me lever et aller prendre le bus.

Quand j'arrive à l'hôtel, je n'arrive pas à retenir mes larmes et m'effondre complètement dans l'ascenseur. Je pu le vomi, je suis salle de mettre laisser glisser sur le sol recouvert entre autre de poussière et de pisse. Tout ce que je veux c'est de pouvoir enfin être heureuse et ça ne semble pas être possible.

Alors que j'essuie le désastre pour ne pas alerter Hissan, mes yeux s'arrêtent sur les deux grandes lignes le long des mes avants bras, cachées à moitié par ma veste. Comme si l'idée pouvait me traverser l'esprit, je frappe de toutes mes forces dans la paroi pour me punir. Ce n'est plus une option, pas qu'Hissan est besoin de moi pour vivre, mais je ne veux pas faire autant plaisir à Liam.

Quand j'entre dans la chambre, je trouve ma mère, avachie sur la table, triant tout un tas de papier devant elle. La porte claque, lui faisant relever la tête, sourire aux lèvres. Sa joie s'évapore en voyant mon état et elle se précipite vers moi.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Où est Hissan ?

- Il est parti faire des courses. Réponds ma chérie.

Quand mes yeux rencontrent finalement les prunelles foncées de ma mère, mon chagrin revient aussitôt et je la prends dans mes bras, me servant d'elle comme d'une béquille. Une fois assisses toutes les deux dans le canapé, je lui raconte toute la vérité, ne supportant plus de garder tout ça pour moi.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Je croyais que tu ne voulais plus te marier.

- Parce que je pensais pouvoir m'en sortir seule, je pensais qu'il arrêterait une fois qu'il aurait l'argent.

Elle soupir, visiblement déçu de mon comportement. Je me mords les lèvres, honteuse. Jamais je n'aurais cru me faire autant de mal, simplement en cachant la vérité aux personnes auxquelles je tiens le plus. Mon regard tombe sur mes mains et les taches de vomi me ramène à la réalité.

- Il faut que je prenne une douche avant qu'Hissan ne rentre.

- Tu comptes lui dire ?

Je me rassois dans le canapé, la gifle que je viens de prendre est douloureuse. Mon cœur se sert dans ma poitrine. J'ai peur qu'il me déteste pour lui avoir cacher toute cette histoire depuis le début, sachant qu'il s'agit quand même de Liam, mon ex-mari, censé être en prison depuis un bon mois.

- Je ne peux pas, il serrait furieux.

- Il le saura un jour de toute façon, Aurore.

Je prends une grande inspiration. J'espère, jamais, mais c'est beau de rêver. Je me déshabille dans la chambre et jette mes vêtements dans le panier à linge sale et me glisse sous l'eau chaude en attrapant ma brosse à dent.

Je ne sais pas combien de temps j'y reste et si ma mère et toujours là, mais quand je sors, Hissan est sur le lit, le regard visser au plafond et il joue avec ma bague que j'évite de mettre quand je me lave, empoté que je suis, je risquerais de la perdre dans la bonde de douche.

- Ça va ?

Quand il m'entend, il se relève, un sourire empli de mélancolie sur le visage. Il me fait approcher de lui et je m'assoie sur ses genoux, le laissant passer la bague autour de mon annulaire gauche.

- Je m'inquiète pour toi. Je te trouve beaucoup moins...enjouée ces derniers jours.

- C'est le stress. Quand tout ça sera derrière nous, on pourra retourner en Inde et faire ce qu'on aime tous les deux.

Son regard se fait interrogateur mais son sourire se fait plus joyeux.

- Donc tes idées de famille anglaise t'ont passée ?

- Non, mais je t'aime et je suis prête à faire des concessions.

Il ricane avant de poser doucement ses lèvres sur les miennes. La sensation est toujours aussi puissante mais mes pensées divaguent vers la conversation que j'ai eue avec Liam, et je n'arrive pas à apprécier plus que ça le moment qu'on partage tous les deux.

- Habille-toi, je vais faire à manger.

J'attrape mon portable dans mon sac au pied du lit quand il a disparu et lit le message que ma mère m'a laissé pendant que je prenais ma douche.

Message de Maman : DEMAIN, ESSAYAGE DE TA ROBE. J'AI UNE AMIE QUI M'OUVRE LES PORTES DE SA BOUTIQUE, TU N'AS PAS LE DROIT DE REFUSER.

Ça, c'est bien ma mère. Des ordres, jamais de proposition. Au moins, ça évite à mon indécision chronique de devoir peser le pour et le contre, ma mère le sais. Je rejoins ensuite Hissan dans le séjour de la chambre et me colle à son dos tandis qu'il fait le repas. Je sens ses abdos se contracter sous mes mains baladeuses et il les retire pour se tourner vers moi. Il me prend dans ses bras, et je pose mon oreille sur son torse, écoutant les battements réguliers de son cœur.

- Au fait, ta mère est une vraie perle. Elle a tellement de contact, qu'on pourra se marier le 27 décembre.

J'ouvre grand les yeux, me rendant compte que c'est dans trois semaines, à peine. Je comprends mieux maintenant pourquoi elle voulait que je prenne ma robe de marié maintenant.

- C'est dans très peu de temps.

Hissan prend mon visage en coupe l'air suspicieux. Je ne veux pas qu'il doute de mon amour pour lui, je pensais juste que j'aurais plus de temps pour y aller à mon rythme, pouvoir me débarrasser de Liam une bonne fois pour toute.

- Tu ne veux plus te marier ?

- Bien-sûr que si.

- Tu crois qu'on va un peu vite ? ça ne fait que trois mois qu'on se connait.

Peut-être mais moi j'y crois. Je sais qu'Hissan sera différent, il me l'a prouvé bien avant qu'un « nous » soit possible. Je ne regrette en aucun cas mon choix de marie. Beaucoup penserait qu'on ne se connait pas, que dans trois ans on ne se supportera plus, moi je suis persuadée du contraire.

- Je t'aime à un point que tu ne peux pas imaginer. Crois-tu réellement que je laisserais passer ma chance ?

Il secoue la tête et se concentre de nouveau sur sa cuisine. Je le vois sourire et pourtant, je n'arrive pas à en faire de même. Je sais que tout ça va nous faire du mal, à lui ou à moi. Liam est le fardeau que je dois porter, je le porterais toute ma vie. Mais la tristesse qui m'étreint en ce moment en pensant que si jamais tout venait à se savoir, Hissan ne sourirait jamais plus comme ça pour moi et je deviendrais son fardeau.

L'amour nous rend stupide, nous rend aveugle. Je n'ai jamais su qui était vraiment Liam. Il a tellement bien caché son jeu, que je n'ai fait que me mordre les doigts depuis notre mariage. Je ne dis pas que je ne l'ai jamais aimé. Avant de rencontrer Hissan, je pensais être heureuse en amour, bien que j'ai choisi de partir en Inde pour lui échapper un temps. La meilleure décision de toute ma vie.

Mais aujourd'hui j'ai peur de perdre tout ça. Si je parle aux flics, Liam tuera Hissan, parce que jamais il ne me touchera, il tient trop à me voir souffrir comme lui a souffert. Mais si je n'en parle pas, c'est Hissan que je perdrais, il me détestera et s'en ira.

- Hissan ?

- Oui ?

Ma bouche s'ouvre mais aucun son n'en sort. C'est trop dur, cette boule au fond de ma gorge ne me laissera jamais en paix.

- Non, rien.

J'entre dans la petite boutique de marié et entends le rire plus que tonitruant de ma mère à l'autre bout du magasin. Quand elle m'aperçoit, elle se jette sur moi et me présente à son ami qui me mesure presque aussitôt de son regard expert. Je décide de me laisser faire, voulant voir ce qu'elle va me sortir. J'ai une très bonne idée en tête, mais je préfère voir avant de dire.

Quand je sors de la cabine d'essayage et que je me mets devant le miroir, tout ce que je vois, se sont mes cicatrices sur les bras, et au centre de mon dos. La robe est jolie, certes, mais j'ai l'impression de porter les robes cocktails de ma mère pour les grandes occasions.

- Je préfèrerais une robe qui cache mes cicatrices, sans me recouvrir de tissus inutiles. Je ne veux pas ressembler à une princesse.

Passés les rêves de petite fille et les robes de princesse. Ce mariage-là, je l'ai déjà eu et il ne s'est pas très bien terminé. Il faut que je sorte du monde des contes de fée.

La deuxième robe correspond plus à mes attentes mais reste quand même beaucoup trop opaque. Je rêve d'une robe qui ressemblerait à celle de Bella Swan dans Twilight, simple mais magnifique.

La troisième est la bonne. Pour la forme, elle ressemble en tout point à celle de Bella, sauf que les manches sont en dentelle assez resserrées pour qu'on ne voit pas mes cicatrices et celle du dos es bien plus élargie. Un motif de jasmin en strass est dessiné sur la poitrine. Ils sont tellement petits qu'on croirait à de vrai diamant.

Une nouvelle cliente entre dans la boutique, me permettant de souffler un peu. Je m'assoie sur un canapé, toujours habillée de la robe de mes rêves. Ma mère me rejoint, passant mes cheveux d'un côté de ma tête. Je repense à mon premier mariage, à tous les efforts que j'ai mis dedans et qu'aujourd'hui je trouve loin d'être parfait. Pourquoi je n'ai jamais pris une robe comme celle-ci, préférant les robes ultra bouffantes, les réceptions dans un grand château et le maire nous faisant signer les actes de mariage.

- Maman, pourquoi j'ai l'impression qu'on a bâclé mon premier mariage alors que ça nous a pris des mois et que celui-là semble mieux en si peu de temps.

- Peut-être parce qu'on s'avait tous que Liam n'était pas celui qu'il te fallait. La bague, la robe, c'est exactement ce que tu voulais vraiment, et pourtant, jamais tu ne les as réclamés pour Liam. Tu savais au fond de toi que c'était une expérience à vivre, mais que ce n'était pas le mariage de tes rêves.

Elle me tend la main pour m'aider à me relever et me repositionne devant le miroir, mes cheveux sur mon épaule gauche. La fille que je vois dans cette glace, je ne l'avais jamais vu avant. Elle est magnifique, légèrement triste mais déterminé, et surtout, une très belle mariée. Je sais qu'Hissan aimera cette robe car elle ressemble à cette jolie robe blanche fluette qu'il m'a aidé à choisir à New Delhi.

- Ne doute plus jamais de toi, tu es une fille forte avec beaucoup de grâce. Personne ne peut te l'enlever.

J'acquiesce.

- Vous êtes magnifique.

La jeune fille rentrée tout à l'heure, me dévisage, balayant mon corps de son regard admiratif. Je me sens légèrement rougir.

- Penses-tu qu'il va aimer ?

Un sourire vient illuminer mon visage, ce qui ravit ma mère. Elle fait un clin d'œil à son amie alors que la jolie blonde me rend mon sourire.

- Il a beaucoup de chance.

- Non, c'est moi qui en ai.

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Coucou tout le monde !

J'ai une bonne nouvelle : il ne me reste qu'une petite dizaine de chapitre à écrire pour le point de vue d'Hugo dans J'ai le Droit Aussi... et donc, je vais pouvoir me remettre à l'écriture de Damaged Heart.

J'avais arrêté de l'écrire pour une question de syndrome de la plage blanche ou plutôt d'un blanc monumental à combler avant de pouvoir passer au mariage de nos deux tourtereaux.

Je vais me replonger totalement dans l'histoire quand j'aurais enfin mit de côté mon bébé JDA que je ne pouvais décemment pas laisser dans un coin.

J'ai malheureusement le regret de vous dire que le dix-huitième chapitre est le dernier que j'ai écrit donc il se pourrait que l'attente avant le prochain chapitre soit plus longue que deux semaines.

Je ne veux pas vous décevoir, et me décevoir aussi, c'est pour ça que je ne veux pas me précipiter et faire de la merde.

En attendant n'hésitez pas à lire J'ai le Droit Aussi... et Flocon D'Espoir qui sont dans le même thème si vous ne les avez déjà pas lu.

Bref, j'espère que l'histoire vous passionne toujours autant. N'hésitez pas à me laisser des commentaires ou à me poser des questions.

Bonne lecture à tous et on se revoit au chapitre dix-neuf...

Aurore😁❤️

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